Chapitre 22: Grsobskcqooksgrossbak
Les jours passaient, comme ils font d'habitude. L'ambiance dans l'école n'avait jamais été aussi pesante. L'absence de Dumbledore se ressentait dans chaque coin de couloir, dans chaque fenêtre, dans chaque vol d'oiseau. Les profs étaient distraits et maladroits. Les élèves, de plus en plus angoissés par l'approche des BUSEs. La victoire au Quidditch de Poufsouffle sur Serpentard au mois d'avril passa totalement inaperçue. Les vacances de Pâques arrivaient, et chacun commençait à réaliser qu'il allait devoir les passer à réviser les BUSEs, ou, pour ce qui est des septièmes années, le très difficile ASPIC.
Les cours de Bill étaient passionants mais très durs, et nombreux furent les élèves qui décrochèrent rapidement de ses explications complexes sur les différents niveaux de magie. En métamorphoses, McGonagall était débordée par ses charges de directrice-adjointe, et les élèves ne l'avaient jamais vu aussi distraite de toute leur scolarité. Ce qui nuisait plutôt à leur compréhension des cours.
Les cours de Duel devenaient de plus en plus contraignants, et les Gryffondors récoltèrent pas mal de blessures. Le trajet logique en sortant de la salle de Funestor passait par l'infirmerie. Mme Pomfresh n'en pouvait plus de consternation en voyant arriver les bras cassés, les oreilles arrachées et autres chevelures en feu.
Quant à l'Invocation, les cours de miss Fireflies connaissaient leur heure de gloire. Jusqu'à présent, personne n'avait vu trop d'intérêt à appeler un chien ou un lézard. Mais depuis qu'ils avaient vu la Chimère Pyros surgir de l'Au-Delà au commandement de leur professeur, les élèves étaient complètement motivés. Le pouvoir de miss Fireflies les avait émerveillés.
Le professeur Géranium, enfin, toujours aussi farfelue, donnait à présent des piles de devoirs surhumaines. Heureusement, ses cours étaient bien moins bazardeux que ceux de Rogue, qui avait toujours laissé les Serpentards mettre le souk. Rogue, justement. À force de manque d'informations sur sa mystérieuse mission, il était peu à peu sorti des esprits de Harry, Ron et Hermione. Maintenant que Dumbledore était hors-course, il n'y avait plus personne qui puisse leur révéler des informations à son sujet.
Mais la vie continuait pour les trois Sorciers, chacun à sa façon. Harry passait un maximum de temps avec Cho, dans un endroit secret inconnu des deux autres. Ron voyait de plus en plus fréquemment Ana, ils s'arrangeaient pour avoir du temps libre entre leurs révisions et les entraînements de Quidditch de la Sorcière. Et Hermione s'était plongée jusqu'au cou dans ses études. Elle était résolue à obtenir la totalité des BUSEs, et le monde pouvait bien s'effondrer autour d'elle, elle ne bougerait pas de ses livres.
Un jour, à la fin d'un cours de Soin au Créatures Magiques qui avait été une infâme succession de maladresses et de sales coups de la part des Serpentards, et qui s'était clôt par une course-poursuite dans le parc à la recherche d'un Chartier que Malefoy avait terrorisé (en fait, après que Hagrid l'eût descendu d'un arbre, ils découvrirent qu'il n'était non pas effrayé par les menaces de Malefoy, mais terriblement vexé que le garçon ait présenté une plus grande variété que lui en matière de gros mots), à la fin de ce cours, donc, Hagrid retint Harry, Ron et Hermione pour leur parler.
- Retrouvez-moi dans ma cabane, dit-il, je vais remettre ce Chartier dans sa cage.
- Elle peut rester, Hagrid? demanda Ron en s'approchant aux côtés de Ana.
Le demi-géant étudia un instant leurs expressions à tous les deux, puis celles de Harry et d'Hermione, et décida:
- Si vous lui faites confiance, pas de problème.
Puis il s'éloigna en serrant bien fort dans ses bras le Chartier qui continuait à déverser des flots d'insultes à l'adresse de Malefoy. Harry et Hermione prirent le chemin qui ramenait à la cabane de Hagrid, laissant Ron et Ana cinq mètres derrière eux, mais ça n'empêcha pas le garçon d'entendre le couple discuter:
- Si c'est un truc entre vous, je ne vais pas m'incruster, Ron, disait Ana.
- Mais puisque je te dis qu'il n'y a pas de problème! se défendait ce dernier. Si Hagrid a dit oui, c'est qu'il le pensait sincèrement. Je t'assure!
- Il a dit "si vous lui faites confiance".
- En effet. Et après? Tu crois que je ne te fais pas confiance? s'indigna Ron.
- Toi si, murmura-t-elle. C'est lui
Harry ne se retourna pas, mais il savait très bien qu'elle parlait de lui. Il allait dire quelque chose, quand Hermione s'adressa à lui:
- Comment ça va avec Cho, Harry?
Il observa son visage, mais elle tourna rapidement la tête pour éviter son regard. Il se demandait bien à quoi rimait cette question.
- Pourquoi tu demandes ça? s'enquit-il.
- Euh comme ça, fit-elle. Je suis ton amie, tu te rappelles?
- Mais tu sais très bien où j'en suis avec Cho. Je vous en ai parlé.
Tout en parlant, ils étaient arrivés devant la porte de Hagrid. Elle fit halte et le regarda en face:
- Eh bien, non, justement. Excuse-moi, mais la vérité, c'est que tu ne nous parle plus, Harry. Est-ce que tu t'en rends compte?
- Je ne vois pas ce que tu veux dire, bougonna-t-il.
- Ça me paraît évident. Tu passes tes journées loin de nous, dans un endroit dont tu refuses de nous révéler l'emplacement, et tu ne nous confie plus rien. Comprends qu'on ait envie d'en savoir un peu plus
- Mais quoi! s'énerva-t-il. Tu veux tous les détails cochons? C'est ça?
Hermione détourna les yeux.
- Que tu peux être bête, murmura-t-elle. Je parle de tes rêves, idiot.
Il sentit un poids s'abattre sur sa tête comme une chape de plomb. Il aurait dû s'attendre à ce que cette question survienne. Plus tôt, même. Il avait joué avec le feu en cachant sa relation ambiguë avec Wakewage. Mais il n'avait toujours pas l'intention de tout raconter. Pas ce qui concernait le choix.
- Ok. Qu'est-ce que tu veux savoir?
- Mais tout! s'impatienta Hermione. Est-ce que tu rêves encore de Voldemort?
- Non. Pas depuis la dernière fois. Pas depuis Halloween.
- C'est bien ce que je craignais. Et tu ne t'es pas posé de questions? Ça fait extrêmement longtemps! Tu crois que s'Il est resté inactif tout ce temps, c'est par simple gentillesse? Tu n'as pas réfléchi que cette information pouvait être capitale?
- Écoute! s'énerva Harry. Je rêve de Wakewage toutes les nuits, figure-toi. Ça fait beaucoup à penser pour une seule tête. Si je ne me suis pas inquiété de Voldemort plus tôt, c'est peut-être bien parce que je n'ai pas une minute à moi, qu'en penses-tu?
La vérité, c'est que Wakewage lui en parlait toutes les nuits. De ses points faibles. Des techniques pour l'abattre. Mais ça, il ne devait pas le révéler.
- Donc c'est bien ça murmura pensivement Hermione. Tu rêves encore d'elle.
- Oui, voilà, tu as gagné. C'est toutes les nuits la même histoire.
- Comment ça se passe?
- Mais comme d'habitude! Elle me montre des lieux, des pays, elle lance des monstres difformes à ma poursuite
- Et tu les bats?
Hermione avait l'air très intéressée. Est-ce qu'elle percevait le mensonge dans ce qu'il lui racontait? Est-ce qu'elle avait un moyen de vérifier ses dires? Cette pensée inquiéta Harry, mais il s'efforça de ne rien laisser paraître:
- Oui, dit-il, en général je les bats.
Il entendait Crockdur gratter à la porte et aboyer, mais le Hagrid n'était pas encore là. Hermione s'attarda dans l'étude attentive d'un détail de la serrure. Sa main dorée déposait une légère ombre sur le bois, et Harry voyait les rainures de celui-ci à travers. Des étincelles plus vives traversaient de temps à autres l'étrange main luisante.
Sans détourner son attention de la porte, Hermione posa la question qui devait l'occuper depuis un moment:
- Harry est-ce que, quand tu te réveille, tu as encore des des marques de ton rêve?
- Des marques?
- Comme des blessures, ou quelque chose des trucs qui laissent à penser que ça n'était pas un rêve?
Il n'eut même pas besoin de réfléchir pour connaître la réponse. Et la perspicacité de la question le frappa. Hermione était-elle sur une piste?
- Ouais, dit-il, bien sûr. Les bleus et les coupures. Comme si le rêve était si puissant qu'il s'imprimait sur la réalité.
Hermione avait l'air encore plus inquiète, à présent. Mais qu'est-ce qu'elle comprenait?
- Voilà Hagrid, fit-elle en indiquant du menton la direction par laquelle il arrivait.
L'homme gigantesque passa devant les quatre Gryffondors réunis là et ouvrit la porte de sa cabane. Aussitôt, Crockdur accueillit son maître et ses invités avec son déferlement de joie habituel, qui fit un peu reculer Ana.
- Ne t'inquiète pas, il n'est pas méchant, dit Ron avec empressement.
Il referma la porte et tous firent face à Hagrid, qui était en train de mettre à chauffer la bouilloire pour le thé.
- Qu'est-ce que vous vouliez nous dire, Hagrid? s'enquit Hermione, tandis que les autres s'asseyaient autour de la table en bois massif.
- Oui, oui, voilà, bafouilla l'homme en s'affairant inutilement. Clairement, il cherchait ses mots sans oser se lancer. Harry, Ron et Hermione échangèrent des regards inquiets. Qu'est-ce que Hagrid avait encore fait?
Finalement, il apporta la théière sur la table, manqua la renverser mais réussit à remplir cinq tasses puis à s'assoir lourdement sur un tabouret qui gémit. Les yeux baissés, il s'éclaircit la gorge puis déclara:
- Il y a quelque chose dont je voudrais vous parler
- Allez-y, on vous écoute, fit Ron.
- C'est-à dire ce n'est pas vraiment (une hésitation, puis il se lança:) Dumbledore me l'a formellement interdit, n'est-ce pas, et je ne veux pas lui désobéir, mais d'un autre côté hem.
- Dumbledore est loin, et vous pensez que c'est quelque chose que nous devons savoir, c'est ça Hagrid? l'aida Hermione.
- Voilà, à peu près. Dumbledore n'est plus là pour garder le château et, hem Enfin, bref, je crois que je dois vous mettre au courant.
- De quoi s'agit-il? le pressa Ron, tout excité.
- C'est à propos de d'une mission de ma mission en fait.
- Votre mission chez les géants? demanda Harry, ce qui eût pour effet de faire sursauter Hagrid.
- Shhht! s'affola-t-il en regardant de tous côtés. On va nous entendre!
- Tout va bien, le rassura Hermione. Nous sommes seuls. Allez-y, Hagrid.
- Oui, oui d'accord. Je suis parti avec Olympe, n'est-ce pas, pour les chercher. Et on les a trouvés, je dois dire, plutôt rapidement. C'est-à-dire, en un mois environ, mais j'avais eu plutôt peur que ça dure plus longtemps. Et comme ça j'ai pu être là pour la rentrée, hein, parce que je n'aurais pas voulu la rater
"Donc, les derniers géants vivent dans l'Oural, pour la plupart en Russie et un petit groupe au Kazakhstan. Ils sont solitaires, mais par tradition ils appartiennent tous à une tribu, qu'ils ne retrouvent en général qu'une ou deux fois par an, pour de grandes réunions. Au cours de ces réunions ils discutent de leur situation vis-à-vis des autres tribus, et puis des humains, parce que des humains il n'y en a pas beaucoup mais quand même assez pour leur compliquer la vie. Leur problème, aux géants, c'est qu'ils ont un instinct qui les pousse à tuer tout ce qui les dérange. Mais en même temps, ils se savent en sursis par rapport à la plupart des gouvernements magiques d'Europe, n'est-ce pas, parce qu'ils ont tué trop d'humains par le passé pour qu'on leur pardonne comme ça. C'est pour ça qu'ils ont inventé quelques petits bibelots magiques qui peuvent être intéressants, comme le Grsobskcqooksgrossbak que tu as, Harry
"Alors, c'est chez des géants un peu civilisés qu'on est arrivés, Olympe et moi autant dire qu'on a pas eu un bon accueil, mais enfin, meilleur que la moyenne je pense en fait, ils nous ont simplement rugi dessus un peu pour nous faire peur, et puis ils nous ont aimablement demandé de faire demi-tour et de raconter à tout le monde sur notre chemin que cette partie de la montagne était pleine de méchants ours et qu'il ne fallait pas s'y risquer.
"Une particularité des géants, c'est que sous leur aspect impressionant ils sont quand même des êtres intelligents. Je veux dire par là qu'ils veulent uniquement vivre en paix, démembrer à l'occasion un rival ou deux, mais par-dessus tout qu'on les laisse tranquilles. Et je suis sûr d'une chose, mais alors sûr et certain, c'est que si les humains n'avaient pas déclaré la guerre en premier aucun géant n'aurait jamais participé à des massacres comme il y en a eu. C'est pas leur style, aux géants. À vrai dire, leur occupation préférée, c'est de tailler la pierre. Ils font ça mieux que personne. J'ai vu des uvres d'art, taillées dans la montagne et hautes de cent ou deux cent mètres J'ai vu aussi leurs villages, ou ils se rendent pour les grandes réunions, et les habitations sont creusées dans une falaise, baignées dans la brume, c'était très beau, vraiment très beau
"Mais, je m'écarte du sujet, et vous devez vous demander pourquoi je vous raconte tout ça La suite de l'histoire, c'est donc que après un accueil glacial, ils ont écouté notre requête poliment, puis nous ont demandé d'aller nous faire voir plus loin. Nous avons néanmoins continué, en les flattant, en les amenant progressivement à nous répondre Olympe faisait ça très bien et puis ils ont fini par accepter d'organiser un grand conseil, avec tous les géants de la région.
"Ils les ont appelé avec un genre de corne de brume, modèle gigantesque. Un bruit comme j'en avais jamais entendu. Ça vous résonne dans la tête, et ça dure longtemps en plus parce que toutes les montagnes de toutes les directions elles renvoient le son, et c'est comme ça que ça se propage. En l'entendant, tous les géants du coin ont dû lever la tête, c'est moi qui vous le dis
"Et puis ils ont commencé à arriver. Ils sortaient de la brume, de tous les côtés, un à un. Ils arrivaient tranquillement, sans se presser, on aurait vraiment dit des rochers qui dévalent une pente, vous savez, ils ne vont pas très vite mais rien ne peut les arrêter, rien du tout. C'était le spectacle le plus impressionant que j'ai vu de ma vie, et je ne l'oublierai jamais, ça je vous le garantis. Ils ont continué à arriver lentement, pendant plusieurs jours, ils venaient se tous les coins de la montagne, et vous savez l'Oural c'est vraiment très grand, mais ils s'étaient transmis le message partout avec d'autres cornes de brume, et ils se rassemblaient tous à l'endroit où Olympe et moi étions arrivés, on a compris plus tard que c'était leur capitale en quelque sorte, le lieu où il devaient se rendre au son de la corne, et cette corne justement elle servait à les convoquer pour un sujet vraiment grave, une guerre ou un acte inquiétant des humains ou quelque chose.
"Le grand conseil n'a débuté que une semaine plus tard, c'est la durée consacrée pour laisser à tout le monde le temps d'arriver. Pendant ce temps-là, nous, on s'est entretenus avec cinq des neuf chefs, et puis on a lié connaissance aussi. Il y en a bien un ou deux qui ont essayé de nous défier, mais on était sous la protection des chefs jusqu'à la fin du conseil, en fait jusqu'à ce qu'ils décident tous ensemble s'ils devaient nous écouter ou bien nous décapiter et nous jeter au fond du gouffre.
"Et le conseil a eu lieu. Lui aussi a duré longtemps, neuf jours en tout. Olympe et moi on se relayait pour y assister, parce que c'était fatiguant, les géants ont une patience énorme, ce sont de vrais rocs, mais nous on avait besoin de sommeil et puis c'est épuisant de parler et d'écouter toute la journée une autre langue, surtout quand c'est une langue compliquée comme le Sorgreqoosbegrood. J'aime autant vous dire qu'ils ont de la puissance vocale, ces gens-là, et quand ils parlent on l'entend sonner dans son crâne, c'est pas très agéable et même en un mois qu'on a passé avec eux je me suis toujours pas habitué.
"Il y a bien sûr eu des scissions. Je crois bien qu'un clan a assassiné son chef pour le remplacer par un autre, parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec lui. C'est comme ça qu'on fait, chez eux, c'est comme pour les loups. Un plus jeune prend le pouvoir. Mais on avait l'appui de Qobacqroag, je parle là du chef de la tribu à qui on avait parlé en premier, qui se trouvait aussi être le chef le plus élevé parmi les chefs. Et c'est comme ça que, après neuf jours de délibérations, on a gagné les géants à notre cause.
À cette nouvelle, Harry, Hermione et Ron, qui retenaient leur souffle, soupirèrent de soulagement. Ils n'avaient pas osé y croire, pas avant de l'entendre de la bouche de Hagrid.
Mais celui-ci n'avait pas fini:
- Attendez un peu avant de vous réjouir, je n'ai pas dit qu'on les avait enrôlés dans notre camp. Simplement, ils avaient décidé de ne pas nous tuer, et aussi de se mettre du côté de Dumbledore, qui était allé vers eux en premier, avant Vous-Savez-Qui.
"Mais ils sont toujours aussi en colère contre le Ministère de la Magie de notre pays, qui les a traqué et assassiné sans merci, jusqu'à les retrancher dans l'Oural, loin de ses yeux et de ses oreilles. Et ils en veulent aussi beaucoup au président français, ainsi qu'à beaucoup d'autres gouvernements de pays où ils ont été éradiqués. Voilà pourquoi, si ils nous ont promis de l'aide, c'est à Dumbledore qu'ils l'ont promis, et non pas à Fudge. Et voilà pourquoi cette histoire doit rester secrète, parce qu'il y a déjà suffisament de tensions entre Dumbledore et le Ministère pour ne pas en rajouter encore.
"D'autre part, ils ne sont plus qu'une centaine, et ils sont tous tombés d'accord pour dire que leur survie devait passer avant le combat contre Vous-Savez-Qui. Et c'est pour ça qu'ils ne nous envoient que quelques alliés, une dizaine, et encore, ce sont des mercenaires, et plutôt cher payés. Et Dumbledore a dû leur promettre, en plus de l'argent, qu'il se battrait avec le Ministère pour obliger celui-ci à faire un geste en faveur du peuple des géants.
- Donc nous avons des géants de notre côté! s'exclama Hermione. Hagrid, c'est magnifique!
Mais l'homme ne semblait pas aussi enthousiaste qu'elle:
- Si c'était aussi simple Seulement, il y a une problème.
- Lequel? firent en chur Ron, Hermione et Harry.
- C'est-à-dire s'ils étaient venus ici tout de suite, vous savez, ils enfin, ils n'auraient pas fait long feu. Dumbledore est surveillé, il ne peut pas dissimuler dix géants aux yeux de tous, surtout du Ministère. Alors ils sont venus par leurs propres moyens, un à un, et ils se cachent en ce moment dans les montagnes d'Écosse. Et pour les appeler, Dumbledore avait un objet magique, que Olympe a enchanté elle-même et que j'ai rapporté. Cet objet, il le gardait dans son bureau.
- S'il y a une attaque murmura Harry à mesure que la compréhension le gagnait. Si on a besoin d'eux il n'y aura perosnne pour les appeler!
- Mais, fit Hermione. Dumbledore sera guéri d'ici là, non? Voldemort ne va pas attaquer du jour au lendemain
- Réfléchis, lui lança Ron. Comment a-t-il agi jusqu'à présent? Est-ce qu'il a souvent averti qu'il allait attaquer? Et surtout maintenant que Dumbledore est dans les choux, tu crois qu'il va se gêner?
- Mais McGonagall elle doit savoir comment activer l'objet, n'est-ce pas Hagrid? On peut compter sur elle, Dumbledore lui faisait une entière confiance pour le remplacer en cas de problème.
- McGonagall saurait activer l'objet, dit Hagrid. Moi-même je le saurais, c'est très simple. Seulement, Dumbledore ne lui a pas révélé la cachette, il n'a pas dû y penser, ou alors il n'a pas prévu qu'il serait mis hors course C'est pour ça que je vous ai raconté tout ça.
- Qu'est-ce que vous voulez dire? s'enquit Hermione d'une voix aiguë.
- Je pense que vous devez aller récupérer cet objet. Pour pouvoir l'activer en cas d'attaque.
- Pourquoi McGonagall ne le ferait-elle pas? fit Harry.
- Justement, c'est plus ou moins elle qui m'a incité à vous parler de tout ça. Discrètement. Elle est dans une position instable, elle aussi. En tant que remplaçante de Dumbledore pendant son abscence, il serait mal venu qu'elle aille fouiller son bureau. Et elle a beaucoup d'autres préoccupations.
Les trois Gryffondors échangèrent des regards lourds de sens. Ana était profondément absorbée dans la contemplation de sa tasse de thé à moitié vide.
- Nous aussi, Hagrid, dit Hermione. Il faut qu'on vous parle de quelque chose. Il se passe des choses dans l'école.
Et, sans avoir demandé leur avis à Ron et à Harry, elle déballa toute l'histoire des Passemorts. Harry était partagé sur la question de mettre leur ami au courant, parce qu'il ne voyait pas en quoi Hagrid pouvait leur être utile et qu'il avait peur de sa réaction. Mais finalement, l'homme accueillit toutes ces nouvelles plutôt bien.
- Alors il y a un groupe qui uvre en secret pour Lui, fit-il pensivement. Ça expliquerait les différents phénomènes
- Quels phénomènes? s'exclama Ron.
- Les apparitions dans les couloirs, où des élèves se perdent. Et aussi l'attentat du terrain de Quidditch. Et le grand incendie du château.
- J'y ai pensé aussi, acquiesça Hermione. Même si on n'a aucune preuve le problème, c'est que ça paraît bien trop compliqué pour des élèves de notre âge même en unissant leurs magies, ces enchantements dans les couloirs sont trop puissants. Enfin, je pense
- Ce qui voudrait dire qu'il y a quelqu'un pour les guider, non? fit Ron, avec une rapidité qui surprit Harry. Depuis quand son ami était-il plus rapide à déchifrer les raisonnements d'Hermione que lui-même?
- Mais comment quelqu'un d'étranger à l'école se cacherait-il depuis le début de l'année? interrogea-t-il.
Hermione, sourcils froncés, réfléchissait intensément. Finalement, elle se redressa et recula son tabouret à un mètre de la table. Elle croisa les bras d'un air décidé et déclara:
- Il n'y a qu'une seule façon de le savoir: ce soir, il y aura trois clandestins à la petite réunion de nos amis Passemorts.
- Quatre, dit Ron. Tu oublies Ana.
La discussion était finie. Ils se levèrent pour prendre congé de Hagrid. Mais au moment où Harry franchissait la porte, le demi-géant lui attrapa le bras et se pencha vers lui:
- Harry promets-moi que tu penseras à cette histoire de bureau de Dumbledore. L'objet en question est un cailloux qu'on a trouvé là-bas, un genre de roche sombre avec des cristaux violets sur une face. De la taille de ta main, à peu près. Dumbledore a dû l'enfermer quelque part, dans un coffre ou autre mais à vous trois, vous pouvez bien y arriver, non?
Hagrid avait l'air tellement anxieux que le garçon n'eut pas le cur de refuser. Mais en s'éloignant à la suite des autres, il pensait confusément à la difficulté de trouver un simple cailloux dans un lieu comme le bureau de Dumbledore
Après le déjeuner, comme ils n'avaient pas cours le samedi après-midi, Harry monta directement dans son petit refuge. Sur le chemin, il attrapa Cho qui l'attendait à un coin de couloir.
Il posa ses mains sur les épaules frêles de la jeune fille et l'embrassa sans prononcer un mot. Il n'était pas très grand, mais Cho était toute petite, et même s'il tendait la nuque elle était obligée de se dresser sur la pointe des pieds. Gentiment, il la prit dans ses bras et la souleva à son niveau, sans cesser de l'embrasser.
- Tu es en forme, plaisanta-t-elle. Quelque chose t'as énervé aujourd'hui
- Pas du tout, lui glissa-t-il dans l'oreille. Juste l'impatience de te revoir.
- Viens, murmura-t-elle en se dégageant de son étreinte.
Sans plus parler, elle l'entraîna dans une direction au hasard. Ils ne croisèrent personne, mais Harry ne s'en étonna pas: cette aile du château n'était fréquentée quasiment que par eux deux.
Elle l'emmenait vers un endroit qu'il connaissait bien: il s'agissait d'un petit salon sans fenêtres, dont les canapés offraient un confort mlleux. Il se trouvait à proximité de leur grotte favorite.
Ils entrèrent dans le salon en question, entièrement décoré de velours bordeaux, sombre et intime. Harry s'occupa d'allumer un feu dans la cheminée, pendant que Cho s'étendait sur le canapé le plus confortable et déboutonnait son uniforme à l'insigne de Poudlard.
- Tu as passé une bonne journée? demanda Harry distraitement en se chauffant les mains à la chaleur des flammes.
Il n'entendit pas de réponse, mais tout à coup des mains tièdes se refermèrent sur son torse et il sentit la peau nue de sa petite amie à travers le tissu de son uniforme. Brûlant de désir, il se retourna.
- Il est déjà sept heures! s'exclama Harry en regardant sa montre. Il faut que je retourne à la tour de Gryffondor.
Cho ne dit rien et continua ce qu'elle était en train de faire, à savoir se démêler les cheveux méthodiquement.
- Ça ne te dérange pas? s'inquiéta Harry.
Comme elle ne répondait pas, il se tourna face à elle, mi-intrigué et mi-irrité.
- Tu entends ce que je te dis? fit-il le plus gentiment possible.
Cho secoua la tête pour rejeter ses cheveux en arrière et le regarda droit dans les yeux, se rapprochant tout près de lui. Il sentit son souffle sur ses lèvres, se laissa happer par la flamme féroce dans l'il de la fille.
- Cho dit-il.
- Ne parle pas, murmura-t-elle férocement. Prends-moi.
Il sentait à nouveau la chaleur monter comme une vague dans son corps, mais quelque chose le dérangeait. Quoi? Impossible à dire. Il essaya encore de lutter:
- Je dois partir
À ce moment, elle lui attrapa les cheveux et lui tira la tête en arrière d'un coup sec. Puis elle se jeta sur lui pour embrasser sa gorge mise à nu, mais Harry la repoussa d'une bourrade.
- Arrête, dit-il fermement. Tu es violente.
Toujours silencieuse, elle le regardait bizarrement, dans la position où elle était tombée en arrière, la tête penchée de côté avec un sourire étrange.
- On se revoit demain, dit Harry en marchant vers la porte.
Cho parut déçue. Elle proposa:
- Ce soir?
- Ce soir, je travaille, déclara Harry en secouant la tête.
Puis il ouvrit la porte et quitta la pièce, laissant derrière lui une atmosphère étrange. Sans savoir pourquoi, il eut envie de respirer un grand coup.
Ron, Hermione et Ana étaient en plein travail de préparation quand il les rejoignit dans le dortoir des garçons:
- On aura besoin de la Carte du Maraudeur, disait Hermione. Il y a la cape d'invisibilité de Harry oh, et aussi ce truc que j'ai acheté à Pré-au-Lard, ça va nous permettre d'enregistrer leurs paroles
L'objet en question était un cristal violet, de la taille d'un poing, enchâssé dans de jolies arabesques de métal argenté. Il avait dû coûter plutôt cher, à en voir par la finesse de l'ouvrage ce que fit remarquer Ron.
- Je l'ai payé avec l'argent que mes parents m'ont envoyé pour mon anniversaire, expliqua Hermione.
Elle fourra le cristal dans sa poche. Tandis que les trois autres la regardaient, toujours aussi perplexes, elle poursuivit son inventaire de la valise de Harry:
- Bien sûr, il y a le Grsoksgr le Groksgross la poudre d'hominisme, ça, ça va nous être vraiment utile. Et puis on a nos baguettes magiques Et il y a dit-elle en passant à la valise de Ron. Oh! oui, quelle bonne idée
Lentement, elle sortit un gros sachet de bonbons de chez Honeydukes.
- Eh! fit Ron. Pas touche à ça, c'est ma réserve personnelle!
Mais avec le grand sourire de qui vient de découvrir le sujet du prochain contrôle de math sur le bureau du professeur, Hermione était en train de tirer du sachet un gros cube rose mlleux, saupoudré de sucre glace
- Des Loukoums Liquéfiants murmura-t-elle, aux anges.
- Ouais, eh ben il ne m'en reste plus beaucoup, alors mais attends, quel rapport entre ça et notre mission d'espionnage?
Sans répondre, la jeune Sorcière renversa le contenu du sachet sur le couvre-lit et tria parmi les bonbons, ne remettant dedans que les loukoums. Il y en avait six.
- Ça ira pour faire passer trois personnes la quatrième devra rester dehors et surveilller.
- Tu nous expliques ce que tu as en tête, oui? s'énerva Ron. Mais, attends tu comptes manger ça et
- Passer sous les portes, oui.
Le visage du Sorcier roux s'illumina. Ana ouvrit de grands yeux étonnés. Harry, enfin, s'étonna intérieurement que cet usage des Loukoums ne lui soit jamais venu à l'esprit.
Mais soudain, la porte du dortoir s'ouvrit d'un coup et une Ginny furibarde entra à grands pas:
- Donc c'est bien ce qu'il me semblait! brailla-t-elle en traversant la pièce. Vous préparez une expédition, sans me prévenir!
Harry, Ron et Hermione échangèrent des regards embarassés, tandis que Ana paraissait toujours à côté de la plaque.
- Heu Gin' tenta Ron.
- Il n'y a pas de "Gin'" qui tienne! râla celle-ci. Je vous rappelle que c'est moi qui ai retrouvé la Carte de Harry! J'exige d'être mise au courant de vos plans!
- Ça tombe bien, lança Hermione, parce que justement j'allais te le proposer. Est-ce que tu veux venir avec nous ce soir, Ginny?
- Mais attends, Hermione, murmura Harry, on est beaucoup trop nombreux là!
- Mai c'est pas grave, intervint Ana, je vais céder ma place à Ginny de toute façon je suis pas dans vos histoires, moi, alors
- Quoi! Pas question! s'écria Ron. Ginny, tu viendras la prochaine fois! C'est pas un jeu, ok?
Estomaquée, Ginny s'arrêta net, incapable de répondre. Ses joues étaient rouge pivoine et ses poings tout contractés. Elle balbutia:
- Tu quoi! Ah!
Et au moment où il semblait qu'elle allait soit se jeter sur son frère, soit partir en pleurant, Hermione intervint en parlant fort:
- Stop! Ana, tu ne vas pas céder ta place et Ginny, tu ne seras pas mise à l'écart. On peut tout à fait prendre une guetteuse de plus, au contraire même, ça nous sera utile. Et puis ça fait plus de chances de semer d'éventuels poursuivants si on part dans cinq directions différentes. Tout le monde est satisfait?
Ana semblait toujours partagée, et Ginny toujours en colère, mais personne ne pipa mot. Hermione, qui avait pris la tête des opérations (et Harry se demanda tout à coup pourquoi il n'était plus à cette place, et se promit d'y remédier) enchaîna:
- En cas de danger, il nous faut un signal que nous seuls puissions reconnaître. Quelqu'un a une idée?
- Un hululement, proposa Ana.
- C'est grillé, fit Harry. Les gens qui veulent faire des signaux utilisent toujours le hululement.
- Il faut un bruit qu'on s'attende à entendre dans un couloir, dit Ginny. Pourquoi pas un claquement de porte?
- Et comment tu produis un claquement de porte? grogna Ron. Tu cours jusqu'à la porte la plus proche, tu l'ouvres et tu la referme en la claquant? Pas discret, surtout si justement il y a Rusard ou un prof qui arrive!
- Avec une formule magique, crétin! Tu écoutes en cours, parfois?
- Mieux que toi, en tout cas! Rappelles-moi tes dernières notes en Étude des Runes?
- Silence! cria Hermione. Pas de meilleur idée que le claquement de porte?
Les autres secouèrent la tête, sauf Harry qui en était toujours à se demander pourquoi Hermione prenait le commandement et pas lui.
- Très bien, donc vous allez tous vous entraîner à produire un claquement de porte correct avant d'y aller. Surtout les deux qui seront guetteurs. Ensuite, pour le problème de l'organisation en cas de pépin
- Si on se fait choper, on était tout seul, on se promenait dans les couloirs parce qu'on arrivait pas à dormir et on sait pas qui il y avait d'autre au même moment, dit machinalement Ron.
- Exactement. En cas de fuite, ayez toujours votre baguette à la main, et n'oubliez pas: Rusard ne peut pas faire de magie, mais il connaît tous les passages secrets de l'école.
- C'est bon? On descend dîner? demanda timidement Ana.
- Je crois que oui, on peut y aller, fit Hermione. Plus de question?
- Si, une seule, dit sarcastiquement Harry. Tout cela est bien beau, mais comment savons-nous si la poudre d'hominisme fonctionnera? Tu as pensé à ça?
Un grand silence s'abattit sur l'assemblée. Hermione regardait Harry comme s'il venait de commettre une grave trahison.
- Ça fonctionnera, dit-elle. Il le faut.
Chacun avait emporté une partie du matériel dans ses poches ou sous sa cape en descendant dîner, de manière à ce que tout soit prêt sans qu'ils aient à remonter dans la tour de Gryffondor. Une fois le dîner fini, ils empruntèrent la voie pour leur salle commune mais obliquèrent en route, pour aller se cacher à proximité de la salle de réunion des Passemorts. D'après la Carte du Maraudeur, ceux-ci retournaient tous vers leurs dortoirs respectifs.
Soudain, Harry, qui marchait en tête, tourna à un angle et se cogna dans quelqu'un en pleine poitrine.
Le souffle coupé, il tituba en arrière et aperçut celle qui lui était rentrée dedans:
- Encore toi! râla-t-il à l'attention de Wakewage.
Celle-ci se massait le front, à l'endroit où il était rentré en collision avec le menton de Harry.
- Toujours dans mon chemin, siffla le garçon.
Il n'était pas bien sûr des sentiments qu'il éprouvait à l'égard de la jeune fille, mais une chose était sûre: en présence de ses amis, il la haïssait.
- Tu parles, grogna-t-elle en réponse. C'est vous qui, pour une fois, venez en sens inverse.
- Et, bizarrement, on a choisi de passer par ici juste pour le plaisir de te rentrer dedans! railla Harry, de plus en plus énervé.
Mais Wakewage le déstabilisa: reprenant son chemin en passant entre les autres, elle lança avec un demi-sourire:
- Alors comme ça, ce soir, on espionne quelqu'un d'autre?
La foudre tomba sur Harry, Ron, Hermione et Ginny. Avant qu'aucun d'entre eux n'ait pu réagir, Wakewage avait disparu à l'angle suivant.
- Co depuis combien de temps elle sait? balbutia Ron.
Mais Harry venait de tirer la Carte du Maraudeur de sa poche:
- Plus tard! souffla-t-il. Ça a commencé!
- C'est maintenant qu'on va savoir, chuchota Hermione en sortant la petite boîte contenant la fine poudre grise (c'est elle qui l'avait porté, Harry ayant déjà sous sa robe la Carte et la cape d'invisibilité). Tout d'abord, qui fait le guet?
Ils étaient à proximité de la salle où se étaient entrés tous les Passemorts. La nuit était tombée, et un vent glacé soufflait dans leur couloir. Tous cinq se tenaient derrière le socle d'une vaste statue d'Ernest l'Enhardi.
- Moi, dit Ana. Ça ne me dérange pas.
- D'accord. Qui d'autre?
Il y eut un moment durant lequel tout le monde regarda Ginny, qui ne semblait pas prête à se désigner. Finalement, Ron soupira et dit:
- C'est bon, je resterai avec Ana.
La tension se relâcha légèrement.
- Très bien, fit Hermione, toujours à voix basse. Dès qu'on se sera aspergés de cette poudre, il faudra se précipiter vers la porte, et là manger un Loukoum et se glisser en dessous. Si ça fonctionne, la poudre devrait nous donner une cinquantaine de centimètres, de quoi se cacher derrière un fauteuil et passer inaperçu.
- C'est malin, dit Harry. Même si la poudre marche, comment tu veux qu'on mange un bonbon gros comme notre tête?
Mais elle y avait pensé, apparemment:
- Ron et Ana nous emmèneront à la porte pour aller plus vite. Ils porteront les Loukoums du même coup. Une fois devenus minuscules, je pense qu'une bouchée suffira.
- Et pour repasser la porte en sens inverse? demanda Ginny.
- On se mettre du Loukoum dans les poches. Tout le monde est paré?
- C'est bon, firent Ron et Ginny.
Harry et Ana hochèrent la tête.
- On y va.
Hermione prit une pincée de poudre et en aspergea Ginny, puis Harry et enfin elle-même. Puis elle referma soigneusement la boîte, la confia à Ron et attendit.
La fine poussière grise, en retombant, avait donné une sensation de chaleur à Harry, mais c'est le seul effet qu'elle lui avait fait. Il ne se sentait pas rétrécir, il ne voyait pas le monde autour de lui grandir et il ne voyait pas plus les deux filles changer de quelque manière que ce soit.
- Et voilà, dit-il sombrement, c'est ra
Mais au même moment, il ressentit une vive douleur dans ses os et ses articulations. Il vit Ginny se contracter sous l'effet des mêmes élancements que lui-même ressentait, et soudain il se sentit tomber en avant, mais sans pouvoir se retenir ni bouger un seul muscle. Le sol se précipita sur lui, et il se retrouva la joue contre le dallage froid.
Mais ça n'était pas fini: la vague de douleur se propagea dans sa peau, sur tout le corps et le visage, et il se contracta à nouveau. Puis tout s'arrêta.
- G Ginny? Hermione?
Les quatre autres avaient disparu. Il était tout seul. Il se redressa, ses membres engourdis, et regarda partout autour. Il découvrit Ginny: elle s'était fait projeter à dix mètres et était aussi en train de se relever. Puis il trouva que le décor avait changé: la statue derrière laquelle ils s'étaient cachés avait disparu, tandis qu'un peu partout de larges piliers à la base évasée avaient poussé.
Et soudain, une main monstrueuse descendit de nulle part et s'abattit juste sous son nez. Chaque doigt était presque aussi grand que lui.
Une voix tomba de ce qui semblait être le plafond:
- Monte, Harry.
Commençant à comprendre ce qui lui arrivait, il obéit et escalada la paume de la main de Ron. Plus loin, une autre main, sûrement celle d'Ana, était allée cueillir Ginny.
- C'est incroyable, retentit la voix d'Hermione. J'ai dU trop forcer la dose, vous Etes beaucoup plus petits que ce qu'on avait prévu.
- Pourquoi tu es toujours normale, toi, justement? demanda Harry au visage géant de son amie.
- Quoi? Parle plus fort!
Il se plaqua les mains sur les oreilles, assourdi. Sa capacité auditive avait réduit à la proportion de ses oreilles, tout comme sa puissance vocale.
- POURQUOI TU ES RESTÉE NORMALE? cria-t-il le plus fort possible.
- Je sais pas, répondit Hermione dans ce qui, il s'en aperçut avec surprise, n'était qu'un petit chuchotement. ON VERRA ÇA PLUS TARD, VOUS DEVEZ VOUS DÉPECHER!
Il se sentit aussitôt entraîné à grande vitesse, et bientôt, il fut posé par terre et l'autre main de Ron lui présenta une énorme cube rose et mou, couvert de sucre glace. Sortant son canif multilame de sa poche, Harry s'en découpa une grosse part qu'il enfourna dans sa bouche. À côté de lui, Ginny faisait de même.
Il avait déjà goûté un Loukoum Liquéfiant et avait trouvé la sensation amusante, mais un peu déstabilisante. Cette fois, il allait devoir se déplacer sous l'aspect d'une flaque d'eau, et il n'était pas sûr d'y arriver. Néanmoins, dès les premières sensations de chaleur dans son tube digestif, il se concentra très fort: "Je suis une flaque je suis une flaque je me déplace en tant que flaque". Tout de suite après, il se sentit fondre de l'intérieur et il s'écrasa au sol en milliers de goutelettes luisantes. Alors il entreprit de ramper.
Il avait craint que ça se révèle impossible, mais au contraire il y arriva très facilement. Sa vision était complètement déformée et il ne voyait pas très bien ce qu'il faisait, mais il sentit un frottement dans la région de son dos, signe qu'il passait sous la porte. Puis il pénétra dans une pièce plus chaude, plus sombre aussi, et dans un "floc" discret il reprit forme humaine. Aussitôt il courut à l'abri de l'énorme masse d'un canapé, où il retrouva Ginny.
- Ça s'est bien passé? chuchota-t-il.
Elle hocha la tête et lui désigna l'angle du canapé du doigt. Il acquiesça et ils coururent jusque là. En s'approchant prudemment du coin, ils pouvaient à présent voir la cheminée, le fauteuil dans lequel se tenaient Malefoy et Sylverwood, ainsi que les pieds des Passemorts qui étaient assis dans le canapé au-dessus de leurs têtes.
- Nous en sommes tout à fait capable, déclarait Malefoy d'un ton servile.
- Ici, chuchota Ginny en désignant l'espace entre le canapé et le sol, assez grand pour qu'ils y entrent à quatre pattes.
Mais Harry secoua la tête:
- Si on reprend taille humaine d'un coup, on sera écrasés, expliqua-t-il tout bas. Mieux vaut se faire prendre que de mourir disloqué.
- Une invasion? fit tout à coup Malefoy, comme s'il parlait à un interlocuteur que lui seul entendait. Oui, nous le ferons.
- Mais à qui il parle? chuchota Ginny.
- Quels alliés?
- Je sais pas, murmura Harry, qui se demanda si Malefoy pouvait avoir un téléphone portable. Non, c'était stupide, les appareils moldus ne fonctionnaient pas dans Poudlard. Mais alors, à qui parlait-il?
- Est-ce que les Sorciers ont inventé quelque chose comme le téléphone? demanda-t-il à Ginny.
- C'est impossible, disait Malefoy, notre absence serait immédiatement remarquée. Il faut faire cela en dehors des heures de cours et de repas.
- Le téléphone? fit Ginny. Ce truc que Ron a utilisé pour te parler une fois? Avec un fil, là? Papa est fou de ce truc. Non, ça n'existe pas chez nous.
- Ce sera sans importance, dit servilement Malefoy. Oui, je comprends. Excusez-moi, Mangemort Lestrange.
Entendre ce nom fit à Harry l'effet d'une décharge électrique. Un Mangemort! Ici! Et Lestrange, en plus, un de ceux qui s'étaient enfuis d'Azkaban, libérés par Voldemort! Mais si Malefoy lui parlait, c'est qu'il était là. Est-ce qu'il portait une cape d'invisibilité? Et pourquoi n'entendaient-ils pas sa voix?
- À six heures. Très bien, Mangemort Lestrange. Quelles sont nos missions?
Ginny et Harry écoutaient de toutes leurs oreilles, essayant de percevoir la voix du Mangemort. Mais tout ce qu'ils entendaient, c'était le ronronnement du feu, les souffles des Passemorts et la voix de Malefoy qui répétait en partie les instructions de son supérieur. Pris d'une inspiration subite, Harry se pencha hors de l'abri du canapé pour voir la cheminée dans son ensemble, mais aucune tête de Mangemort ne flottait parmi les flammes.
Il y eut un long silence, et Harry aurait donné cher pour entendre les instructions que l'homme était en train de délivrer. Puis Malefoy reprit:
- Ce sera fait. Est-ce tout? Y a-t-il autre chose que le Maître attende de nous?
Un silence, puis les dix voix scandèrent en chur:
- Les Peulards doivent être éradiqués. Le règne du Seigneur des Ténèbres est proche.
- Bien, dit Malefoy à ses Passemorts. Vous connaissez les règles: chacun son tour, et le plus discrètement possible. Si un professeur découvrait notre organisation maintenant, ce serait une catastrophe pour l'attaque du Seigneur des Ténèbres. Et il serait très fâché après nous.
Des murmures d'assentissement retentirent. Puis le sol trembla sous Ginny et Harry: les Passemorts se levaient un à un.
- Ils vont tomber sur Ron et Hermione! paniqua Ginny. Il faut passer la porte avant eux!
Elle se mit aussitôt à courir en direction de la porte. Pour l'instant, la masse du canapé la cachait aux autres occupants de la pièce, mais dès qu'elle s'en écarterait elle serait visible. Harry se lança à sa poursuite, en espérant que Ron, Hermione et Ana avaient eu la présence d'esprit de se dissimuler.
- Ginny! Attends!
Même s'ils ne faisaient que dix centimètre de hauteur, on pouvait difficilement les confondre avec des souris. Ils étaient entrés pendant que tous les Passemorts regardaient ailleurs, c'était une chose, mais à présent, s'ils sortaient de derrière le canapé, ils coureraient parmi les chaussures de leurs ennemis.
Ginny s'était arrêtée juste avant de quitter l'abri du canapé. Harry la rejoignit. Il restait deux mètres avant la porte, mais à leur échelle çela faisait une vingtaine de foulées. À découvert.
- Ils vont nous voir, Ginny. Attendons qu'ils soient tous sortis, on passera sous la porte après. Ron, Hermione et Ana ont dû se cacher.
- Mais c'est pas ça, chuchota-t-elle à toute vitesse. On a oublié les Loukoums, Harry! On peut plus sortir d'ici!
Le Gryffondor ouvrit de grands yeux horrifiés. Non! Il n'avait quand même pas pu oublier ça? Et par dessus le marché, ils ne savaient pas combien de temps ils allaient encore garder leur taille réduite. À tout moment, ils pouvaient se mettre à pousser comme des tiges de bambou et surgir en plein milieu de la pièce, sous le nez de dix Passemorts armés de leurs baguettes. Il se mit à fouiller dans ses poches. Qu'est-ce qu'il avait emporté? Est-ce que ses affaires avaient rétréci en même temps que lui? Là! Cet éclair argenté!
- Oui, oui, oui!!! exulta-t-il en tirant de sa poche la cape d'invisibilité.
Il fallait se dépêcher, à présent. Il en couvrit Ginny et ils s'engagèrent hors de leur abri. Ils avaient parcouru la moitié du chemin lorsque des pieds géants surgirent de derrière eux et s'abattirent juste sous leur nez. L'élève à qui appartenaient les pieds ouvrit la porte Harry et Ginny se mirent à courir pour arriver à temps il referma la porte derrière lui. Essouflés, les deux Gryffondors s'arrêtèrent devant un gigantesque battant de bois clos. Ils se postèrent juste à côté de l'ouverture.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'un autre Passemort décide qu'il pouvait y aller. Cette fois, les deux élèves sous leur cape d'invisibilité se tenaient prêts.
- Gagné! chuchota Harry en entendant la porte se refermer derrière eux, mettant une barrière entre eux et cette pièce de malheur remplie de serviteurs de Voldemort.
Le Passemort qui leur avait permis de passer disparut dans un couloir, en direction de sa salle commune sans doute. Harry et Ginny se mirent à chercher un signe de leurs trois amis.
- Ils ne doivent pas être bien loin, fit la fille en rejetant la cape d'invisibilité, sous laquelle ils étouffaient.
Harry sortit à son tour de sous la cape et la plia soigneusement. Lui aussi cherchait ses amis des yeux, mais son esprit était tout entier tourné vers ce qu'ils venaient d'apprendre. Ainsi, la grande attaque pour laquelle Voldemort s'était préparé depuis son retour approchait à grands pas Soudain, un sentiment de détresse l'envahit. Il avait reculé, il s'était bandé les yeux pendant trop longtemps, occultant tout de sa haine pour Lui et pour tous ceux qui le harcelaient et voilà que la grande bataille allait avoir lieu, et il ne pourrait pas y échapper, et il n'était pas prêt, il n'était pas prêt du tout
- Il faut que je retourne à la tour de Gryffondor, chuchota-t-il hativement à l'oreille de Ginny.
- Quoi! Mais pourquoi? Tu ne m'aides pas à retrouver les autres?
- Tu leur raconteras toi-même Il est urgent que je rentre.
Mais soudain, il entendit des voix dans le lointain:
- Ginny? Harry?
Ça n'étaient rien de plus que des chuchotements, mais leur ouïe s'était développée avec les effets de la poudre des géants. Il se mit à courir, suivi par Ginny, et bientôt il escaladait la chaussure de Ron en s'époumonant pour se faire entendre.
- Ah, vous êtes là! fit le garçon en les voyant enfin. On s'inquiétait. Hermione disait que les effets de la poudre n'allaient pas tenir très longtemps. Tu vois, Hermione, tu t'es inquiétée pour rien ils sont toujours aussi riquiquis!
- Plus tard, les blagues! cria Harry le plus fort possible. Ramènes-moi au dortoir, s'il-te-plaît.
- Pourquoi? Qu'est-ce que vous avez appris?
- On en parlera en route. Allez!
Finalement, alors qu'ils s'apprêtaient à se creuser la mémoire pour rapporter chaque détail de la réunion à leurs trois amis, Ginny surprit tout le monde en exhibant fièrement de sa poche le cristal enregistreur d'Hermione, dont elle avait eu la charge (était-ce un hasard?). Ainsi, Harry et elle n'eurent pas à raconter par eux-mêmes. Ils espéraient que peut-être, l'enregistrement leur permettrait d'entendre la voix du Mangemort, notament pour apprendre la date fatidique de l'attaque, mais il n'en fut rien.
Quant à Harry, toujours haut de vingt centimètres, prétextant un épuisement total, il se fit déposer dans son lit par Ron et s'enfouit aussitôt tout habillé sous les draps. Il entendit encore les chuchotements de ses quatre amis qui redescendaient dans la Salle Commune, pour repasser l'enregistrement et en débattre, puis il n'y eut plus d'autre bruit que les respirations de ses camarades de chambre. Sous le poids de l'excitation, il avait eu peur de ne pas pouvoir s'endormir, mais à peine fut-il réchauffé et confortablement lové dans les draps, que la torpeur l'envahit.
Il était dans une forêt de cerisiers.
- Morgane! Où es-tu?
Les sons étouffés de la forêt lui répondirent. Au loin, un écureuil détala dans les hautes branches.
- Je ne joue plus, Morgane! C'est important!
- Vas-y, raconte.
Elle était apparue derrière lui, le prenant par surprise. Comme toujours. Elle était vêtue de ce même t-shirt ample, blanc et vert, de ce même short court qui laissait ses jambes nues et lui donnait un air de petite fille égarée. Ses cheveux voletaient dans le vent, de même que son t-shirt trop grand. Elle était très maigre.
- Tu es là, soupira Harry, soulagé. Écoute. Voldemort va attaquer Poudlard. Bientôt, très bientôt.
- Je sais ça.
- Il faut faire quelque chose!
- Oui.
- Maintenant!
- C'est ce qu'on fait.
- Il faut que ça aille plus vite! Dumbledore est malade, on va devoir défendre Poudlard sans lui!
Et, alors même qu'il disait cela, quelque chose lui vint à l'esprit Morgane le fixait attentivement, à guetter on-ne-sait quoi. Comme ni Harry ni elle ne se décidaient à faire quoi que ce soit, il s'écoula un long moment. Harry était perdu dans ses pensées. Finalement, la fille se secoua la première. Elle recula d'un pas et étendit les bras devant elle, paumes vers le ciel.
- Si tu veux t'entraîner, ça n'attend que toi. Tu sais ce qu'il y a à faire.
Harry hésita. Aller dans le bureau de Dumbledore tout de suite? Ron, Hermione, Ginny et Ana étaient sans doute encore réveillés. Ils pourraient organiser la seconde expédition de la nuit. Mais
- Si c'est ça qui te tracasse, dit Morgane comme si elle avait lu ses pensées, il te reste du temps, assez pour ce que tu projettes en tout cas. Ça n'est ni pour demain, ni pour après-demain.
- Tu sais pour quand c'est?
- Pas exactement. Le moment venu, je le saurai. Tu le saura aussi, si tu le veux.
- Comment?
- Je t'expliquerai. Pour l'instant, bats-toi.
Et elle engagea le combat, à l'usuelle, ses coups amplifiés par la magie cent fois plus rapides que la normale. Et Harry y répondit, comme il s'était habitué à le faire depuis ce qui lui semblait maintenant une éternité.
Le combat dura toute la nuit. Le temps n'avait pas de raison d'être dans cet univers fantastique que le rêve avait créé, et ils repoussaient la fatigue, sans cesse, luttant de toutes leurs ressources pour ne pas se laisser ralentir par elle et dominer par l'autre. En même temps, les déluges de magie libérés étaient tels que, par plusieurs fois, ils se transportèrent de lieu en lieu, sans cesser un instant de combattre. Ils se battirent ainsi dans des champs de légumes inconnus qui mûrissaient à toute allure sur leur passage, dans une région désertique où ils firent sortir du sable une verte oasis, sur les pentes d'une montagne caillouteuse et exposée aux vents, dans les méandres d'un labyrinthe de verre aux reflets désorientants, jusqu'aux genoux dans la neige d'une région sauvage qui rappelait le Canada, et dans bien d'autres lieux encore, dont certains n'existaient certainement pas dans la réalité. Ils se battaient encore lorsque l'aube se leva sur le Poudlard du monde concret, lorsque ses rayons tombèrent sur un lit au sommet d'une tour dans lequel un garçon se débattait violement avec ses draps. Finalement, d'un commun accord, ils stoppèrent à l'unisson, sur les pentes arides d'une chaîne de montagnes désertes. Harry, exténué, se laissa tomber sur la pierre tiède et s'endormit là.
– fin du chapitre 22 –
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Ona
