Chapitre 23: Entrave

Le lendemain matin, Harry fut tiré de son sommeil sans avoir trouvé une heure ou deux pour se reposer de son interminable combat. Un rayon de soleil sur ses paupières, et le bazard que faisaient ses camarades de chambre, le forcèrent à émerger.

- Harry est déjà levé? demanda la voix de Neville à Ron.

Le garçon essaya de grogner dans son demi-sommeil pour faire comprendre qu'il était sous les couvertures, mais il avait tout le corps engourdi et qui paraissait ne plus très bien répondre aux ordres. Il tenta de décoller ses paupières lourdes de sommeil et n'y parvint pas.

- Il a dû descendre, dit Ron (Harry l'entendit entrebaîller les rideaux de son lit pour vérifier ses dires. Il ne comprenait pas pourquoi son ami ne le voyait pas, là, dans son lit). Il est matinal.

Mais comme Dean, Neville, Seamus et Alejandro quittaient la chambre pour aller prendre leur petit déjeuner, Harry entendit Ron murmurer:

- Harry! Harry!

- Quuuuoi? grogna-t-il.

- Harry, ouvre les yeux.

"Ça a l'air urgent, songea Harry. Je vais essayer. "

Avec un gros effort, il souleva ses paupières. Le temps que ses yeux fassent le point, et il les referma aussitôt.

- Oh, non, fit-il. Je suis encore dans ce cauchemar.

- Allez, lève-toi, dit Ron qui s'efforçait de ne pas exploser de rire. On va aller voir Hermione, elle saura quoi faire.

Harry ouvrit les yeux à nouveau. Il était perdu dans une mer de tissu blanc à larges mailles. Ses draps.

Un main démesurée se posa à côté de lui. Il y grimpa en grommelant:

- Ça devait durer quelques minutes, qu'elle disait! Ah, je m'en souviendrai, des cadeaux de Hagrid!

Dans la salle commune, ils retrouvèrent Hermione et Ana, qui portait Ginny sur son épaule. La conversation démarra sur l'état des deux enchantés, et ce que les professeurs allaient dire, mais comme Hermione n'avait pas d'idée à part attendre que ça se passe, la conversation s'orienta très vite sur ce qu'ils avaient appris la veille au soir.

Il fallait parler à quelqu'un, et vite. Même si Harry savait par Wakewage que l'attaque n'était pas prévue pour les deux jours à venir, elle pouvait très bien être programmée pour le surlendemain. Et de toute manière, il ne voulait pas révéler cette information aux autres, parce qu'il aurait été obligé de citer ses sources, et qu'il ne voulait surtout pas que Ron et Hermione apprennent la vérité au sujet de Wakewage.

Les cinq Gryffondors se rendirent donc au bureau de McGonagall. Elle était directrice-adjointe, et Dumbledore lui faisait confiance pour le remplacer en cas de catastrophe. Malheureusement, ils eurent beau frapper et frapper à la porte, la directrice de Gryffondor n'était pas là.

- Bill! s'exclama soudain Hermione.

- Quoi, Bill? demanda Ron un peu bêtement.

- On a qu'à aller le voir, lui, expliqua Hermione. Il pourra sûrement nous aider.

- Je vois pas pourquoi plutôt Bill que Flitwick ou Fireflies, bougonna Ron.

- À ton avis? Parce qu'on sait que lui, on peut lui faire confiance. Ce qui n'est pas forcément le cas des autres. Après tout, on ne sait pas grand chose sur la plupart des professeurs.

Hermione qui médisait sur ses idoles, en particulier Flitwick, ça avait de quoi rentrer dans les annales. Mais comme l'atmosphère n'était pas à l'humour, Harry ne le fit pas remarquer. De toute façon, il était bien trop occupé à se raccrocher aux cheveux de Ron et à garder lesyeux ouverts pour ne pas tomber de l'épaule de son ami.

Toujours accompagnés d'Ana qui portait Ginny, ils se rendirent au bureau de l'aîné des Weasley, et leur professeur de Défense contre les Forces du Mal. Si Ron avait autant bougonné avant d'y aller, c'est qu'un certain froid s'était jeté entre lui et son frère depuis que celui-ci était devenu son professeur. Rien de grave, à priori, mais Ron ne pardonnait pas à Bill de ne pas même l'avoir prévenu.

- Qu'est-ce que c'est? demanda une voix endormie lorsqu'ils frappèrent à sa porte.

- C'est nous, Bill, dit Ginny de sa voix minuscule. Tu nous ouvre?

Une ou deux minutes s'écoulèrent avant que la porte s'ouvre lentement, comme si ça demandait un effort surhumain. De l'autre côté, un Bill hagard aux cheveux en bataille les regardait en s'efforçant d'ouvrir les yeux dans la lumière. Il portait des vêtements défraîchis et son crochet de serpent pendait de travers.

- Qu'est-ce que vous faites là à cette heure-ci? grogna-t-il d'une voix ensommeillée.

- Il est huit heures, Bill, dit Ron en forçant le passage. Tu dors dans ton bureau, maintenant?

- Finis un travail hier soir, bailla-t-il. Ai dû m'endormir dessus.

- On a besoin de te parler, dit Hermione. C'est urgent.

- Urgent comme quoi?

- Urgent comme une attaque de Voldemort.

- Là maintenant tout de suite? s'étonna Bill, mi-rieur mi-endormi.

- Bientôt, très bientôt, fit très gravement Hermione. Alors? Tu te réveilles et tu nous aide, ou on va voir Funestor?

Cette simple phrase sembla tirer Bill de son sommeil bien plus efficacement qu'une douche écossaise:

- Entrez, entrez! Faites pas attention au bazard, installez-vous, heu là où il y a de la place. Et racontez-moi.

- Tout d'abord, demanda Ron, est-ce que tu as des nouvelles de Dumbledore?

- Ouaip, fit Bill. Toujours à Ste-Mangouste, et toujours entre la vie et la mort. À croire que le ministère a demandé exprès qu'on ralentisse les recherches pour le garder à l'écart quelques temps.

Tous sursautèrent à cette hypothèse:

- Quoi!

- C'est possible, ça?

- Non! Fudge ne ferait pas ça?

- Il sait parfaitement que Voldemort

- Je sais, je sais! coupa Bill. Je vous fait part d'une hypothèse qui m'a traversé l'esprit, voilà tout. Et maintenant, parlez-moi de cette histoire d'attaque!

- Voilà, dit Ron. Est-ce que tu savais qu'un groupe d'apprentis-Mangemorts faisaient leurs petites réunions secrètes dans l'école, la nuit?

S'ils s'attendaient à voir la surprise sur le visage de Bill, ils furent déçus. Au contraire, une expression de lassitude se peignit sur ses traits:

- On craignait quelque chose dans le genre, dit-il. Mais je n'ai jamais réussi à les coincer. Bravo à vous. Alors, vous les avez fait avouer ce qu'ils savaient?

- Disons qu'on s'est infiltrés dans une de leurs réunions secrètes, expliqua Hermione. Et on a appris mais attend, j'ai encore le cristal sur moi.

Elle sortit de sa poche le cristal enregistreur et le posa sur un coin de bureau couvert de paperasses. Elle le mit en marche, et pendant une dizaine de minutes ils écoutèrent avec attention l'enregistrement. Mais cette fois encore, Harry fut incapable de comprendre ce qui se cachait derrière cette mystérieuse absence d'interlocuteur.

Quand la retransmission fut terminée, Bill se leva d'un coup et marcha vers la porte.

- Où tu vas? demanda Ron.

- Régler un maximum de détails pour être prêt à les recevoir d'un instant à l'autre. Je vais essayer de dénicher McGonagall.

- Qu'est-ce qu'on peut faire? demanda Hermione, à demi levée de son siège, prête à suivre Bill.

- Pour l'instant, aller déjeuner et vous occuper de vos devoirs. Ne vous inquiétez pas. McGonagall saura régler la situation.

- Même si Dumbledore ne revient pas? fit la petite voix de Ginny.

- Même si qui me parle? s'étonna Bill, qui remarquait pour la première fois l'absence de Harry et de Ginny.

Ana et Ron tendirent à bout de bras leurs deux amis magiquement diminués:

- Nos espions en chef au cur de l'adversité, dit Ana en riant. Ils ont accepté de sacrifier leur apparence humaine pour ramener glorieusement ces preuves que nous vous avons fait entendre.

- Hin hin, très drôle, fit Harry de sa voix à peine audible.

Il se sentait très mal à l'idée de "sacrifice" à une cause. Et si c'en était vraiment un? S'ils restaient comme ça pour toujours?

Bill, lui non plus, ne riait pas. En fait, il prenait la chose étonnament trop à la tragique:

- C'est Harry, c'est très grave! Tu ne dois pas rester comme ça! Comment vous vous y êtes pris?

Hermione expliqua elle-même, pour épargner à Harry la peine de s'égosiller. Bill ne fut pas du tout soulagé:

- Et vous vous êtes aspergés d'un produit, comme ça, sans savoir ce que ça faisait sur les humains? Un produit de géants! Vous êtes totalement inconscients, ou quoi?

Comme aucun des jeunes ne répondait, vexés par la remarque de Bill, conscients qu'ils n'avaient pas eu d'alternative et avaient cru bien faire, le jeune homme soupira:

- Bon, maintenant que c'est fait, de toute façon j'espère franchement que Harry va bientôt redevir normal.

- Pourquoi Harry et pas Ginny? s'étonna Ron, suspicieux.

- Pour des raisons évidentes, petit frère, répliqua Bill d'un ton signifiant qu'il n'y aurait pas d'autre explication.

- Et pour l'attaque de Voldemort? s'enquit Hermione. Qu'est-ce qu'on fait?

- Je te l'ai dit, rien. Ce ne sont plus vos affaires. Et, Ginny pour Dumbledore, ne t'inquiète pas. Vous tous, ne vous inquiétez pas. Le vieux qui est fort ne dépérit pas, comme on dit.

- Je te demande pardon? fit Hermione.

- Répète ça? s'étonna Ron.

- Je disais juste que le vieux qui est fort ne dépérit pas. Bon, vous fermerez mon bureau derrière vous. Retournez à votre salle commune et n'en bougez pas. À plus tard.

Et il sortit à grands pas.

L'attente qui précède le combat est toujours pire que le combat lui-même. C'est ce dont Hermione s'efforçait de se convaincre, tout au long de cet après-midi d'attente. Elle s'était avancée dans ses devoirs jusqu'à la semaine suivante, avait relu tous ses livres de cours au moins deux fois et fait et refait des entraînements à des sortilèges qu'elle maîtrisait sur le bout des doigts. Dans la salle commune, une frontière invisible mais presque palpable séparait ceux qui s'angoissaient de l'attaque imminente, de ceux qui ne se doutaient de rien. Ana et Ron étaient plongés jusqu'au cou dans leurs révisions des BUSEs, mais de toute évidence ils n'arrivaient pas à se concentrer. Pas plus que Ginny qui, assise sur les pages de son livre, relisait pour la onzième fois un passage de sa leçon de Potions. Un peu plus loin, Harry s'amusait à faire de minuscules traces de mains à l'encre sur le parchemin de ce qui était sensé être son devoir de Duel à rendre le lendemain. Il avait essayé un peu plus tôt de manipuler une plume plus grande que lui et s'était couvert d'encre.

- J'en ai marre, dit soudain Ron en claquant bruyament son livre et en refermant son encrier. Ça sert à rien. Je n'arrive pas à me concentrer. Et puis d'abord, de quel droit il nous ordonne de rester là? Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas aider?

- Bill sait ce qu'il dit, Ron, fit Ginny. Il faut qu'on reste là au cas où il voudrait nous voir.

- J'espère qu'au moins ils ont pensé à arrêter Malefoy et les autres, bougonna le garçon. Ça, ça embêterait Voldemort.

- Je ne sais pas, fit Hermione en réfléchissant. Peut-être que oui, mais peut-être qu'il a prévu plein d'autres plans de rechange. Tout ce que j'espère, c'est que ce Lestrange n'était pas réellement dans l'enceinte de Poudlard, et que si c'est le cas les professeurs vont trouver un moyen de le démasquer.

- La carte du Maraudeur! s'écria Ron en faisant sursauter tout le monde. Bien sûr!

- Non, dit Harry d'un ton morose. J'ai regardé, tu penses. Pas de Lestrange.

- Alors ça élimine une inconnue, dit Ron. La carte ne peut pas se tromper.

- En effet, fit pensivement Hermione, qu'une idée venait d'effleurer. À moins que

Prise d'une inspiration subite, elle se leva d'un coup, renversant sa chaise dans un grand fracas. Tous les regards se tournèrent vers elle, mais elle n'en avait que faire: une idée l'avait effleurée. Une idée qui

- Je vais à la bibliothèque, annonça-t-elle aux autres.

- Bill nous a dit de rester ici, protesta Ron.

- Si il y a du nouveau, vous viendrez m'avertir.

Et elle se dirigea à grands pas vers la sortie, sans prêter attention aux regards exaspérés que Ron échangeait avec le Harry miniature. Mais soudain, elle entendit un grand raffut et jeta un regard en arrière, un regard qui la fit éclater de rire, et qui la soulagea un peu aussi: avec une synchronisation parfaite, Harry et Ginny venaient de retrouver leurs tailles humaine et étaient à présent assis sur la table, parmi toutes leurs affaires de cours et l'encre renversée sur les parchemins.

- Elle pourrait nous dire ce qu'elle a dans la tête, quand même! rouspéta Ron en voyant Hermione franchir le tableau et disparaître. Franchement, ça la tuerait?

Harry ne répondit rien, trop occupé à compter ses membres et à s'observer sous toutes les coutures. C'est Ana qui répondit:

- Qu'est-ce qu'elle a découvert, à votre avis?

- Sans doute une nouvelle théorie sur comment les Jobarbilles font pour reproduire des bruits de pots d'échappement au moment de leur mort, bougonna Ron, ce qui fit rire Ana.

- Non, sérieusement, dit Ginny (qui avait tenté de réparer les dégâts de sa métamorphose sur ses affaires de cours avec un sortilège et avait enflammé son manuel de Potions). Puisqu'elle est partie, on peut aborder le sujet qui fâche. Qu'est-ce qui s'est passé exactement avec la poudre d'hominisme?

Ron se protégea des jets d'eau que sa petite sur envoyait sur ses cours pour essayer de les éteindre et dit:

- À vrai dire, on ne sait pas tr

Mais il fut interrompu par Ana, qui déclara d'une traite:

- Sa main a repoussé la magie.

- Je te demande pardon? fit Harry en fronçant les sourcils.

- Sa main a repoussé la magie, répéta-t-elle. Elle allait se mettre à rétrécir, comme vous, et tout à coup la lumière de sa main s'est répandue, elle a coulé sur tout son corps, et tout de suite elle a arrêté de rétrécir et elle est revenue à la normale.

- Ana, je suis pas sûr que hésita Ron.

- Mais c'est la vérité! s'exclama la jeune fille. Tu l'as vu comme moi.

- Oui, mais

- Attendez, fit Ginny. Il doit y avoir une explication logique à tout ça. Ana, tu dis que c'est sa main qui est à l'origine? Tu es sûre que ça partait de là?

- Certaine, confirma Ana, ses beaux yeux noirs grands ouverts, arrondis par la conviction.

- Il me semble que sa main, c'est de l'Ancienne Magie, non? fit Ginny en haussant les sourcils. C'est plus ou moins ce qu'elle a expliqué.

- Plus ou moins, oui, je ne pense p commença Harry, mais elle le coupa:

- Attends, laisse-moi finir. La poudre d'hominisme, c'est de la magie de géant. Et la magie de géant, c'est une branche un peu bâtarde, elle n'est même pas reconnue par la plupart des Sorciers. À mon avis, sa main a refusé de se laisser salir par ce truc.

- Mais attends, tu parles de cette main comme si elle était vivante, là, Gin'! s'exclama Ron.

Elle le regarda gravement. Ses cheveux roux lâchés et les tâches d'encre sur ses joues lui donnaient un air farfelu, mais c'est très sérieusement qu'elle affirma:

- Mais c'est bien ce que je crois, Ron.

C'en était trop. Il avait eu du courage à revendre, il avait eu un vrai engagement et s'était obstiné, pour son chef, pour son combat, pour l'avenir. Il avait cru en être capable. Quand Dumbledore avait proposé la mission, il avait accepté bravement, se sachant le seul à en avoir le pouvoir et se croyant invincible

Mais il ne l'était pas, invincible. Il ne l'était pas.

Et il était si fatigué

Sans se soucier de la dernière discussion avec Ginny, ou sans vouloir s'en soucier, Harry se pressait vers son lieu de rendez-vous avec Cho. Il avait tellement besoin de la revoir Il ne pouvait plus attendre, il ne pouvait plus rester enfermé dans la salle commune à parler de sujets vains avec des amis terrorisés par l'imminence d'une guerre inévitable. Lui, Harry, il ne voulait plus en avoir peur, de cette guerre, il ne voulait plus la retarder parce qu'il savait qu'elle devrait arriver un jour ou l'autre. Il n'en pouvait plus de ce fardeau quotidien de l'attente.

Et c'est pourquoi il voulait faire ses adieux à Cho. Au cas, plutôt probable, où

Elle le vit avant qu'il ne la voie. En un instant, elle était là, enroulant ses bras autour de sa taille et embrassant sa poitrine à travers le tissu de l'uniforme de Poudlard. Cho, si belle, avec ses cheveux au noir si profond et ses étranges tatouages sur l'ensemble du corps Cho, aux baisers si féroces, fureur et passion

- Il faut que je te parle, lui chuchota Harry dans l'oreille après qu'ils aient fêté leurs retrouvailles suffisament longtemps.

- Viens ici, dit-elle en l'entraînant vers une pièce au hasard.

Ils se retrouvèrent dans la salle de bain désafectée et partiellement détruite qu'ils avaient déjà visitée, un lointain jour d'hiver. Sans même fermer la porte, elle reprit ses baisers, les rendant plus ardents, et elle commença bientôt à défaire le pantalon de Harry.

- Attends, lui dit celui-ci en arrêtant son geste, sachant qu'il n'en serait plus capable après. J'ai un truc important à te dire.

Mais une flamme féroce, pulsionnelle, dansait dans les yeux de Cho quand elle dit: "Plus tard!" d'une voix altérée par l'excitation. Elle s'agenouilla, et Harry s'aggripa au rebord du lavabo dans son dos.

Soudain, une voix retentit, une voix qu'il honnissait par-dessus tout la voix, LA voix, la voix moqueuse aux accents traînants

- Eh ben, Potter, on attend même plus d'être en privé pour ses petits jeux? On s'exhibe un peu partout? Peut-être que tu a quelque chose à prouver?

Harry écarta Cho d'un geste brutal qui lui arracha un petit rire, et rabattit sa robe de sorcier. Une à une, des personnes aux sourires moqueurs sortaient de l'ombre Dix personnes

- Alors, tu ne réponds pas? insista Malefoy de son ton gouailleur. Oh, on t'a coupé un peu brutalement, peut-être? Excuse-nous de nous introduire dans votre petite réunion privée Enfin, chacun son tour

Il sait! songea Harry dans un éclair. Ses poings se serrèrent convulsivement. Si seulement le cou de Malefoy pouvait se trouver à l'intérieur, il l'étranglerait comme du poisson mort il le

- Enfin, Drago, susurra la fille du nom de Sylverstelle à ses côtés. Tu n'es pas très gentil avec notre ami Potter, pas très gentil Et la pauvre (elle désigna Cho de ses longs ongles pointus) elle ne voit pas que la lune est tombée, que le soleil a chû

- Épargne-moi, ça, Serpentarde, dit Cho d'un ton langoureux, et c'était la plus longue phrase que Harry l'ait entendue prononcer depuis longtemps. Est-ce que ton mec bande aussi bien que le mien?

Choqué et dégoûté, Harry se demanda s'il était dans un rêve: qui était cette fille accrochée à son bras, qui lui caressait le torse et se pressait contre lui?

Mais le cauchemar n'était pas terminé: lentement, comme un spectre, ses robes effleurant le sol en donnant l'impression que ses pieds ne le touchaient pas, Sylverstelle s'approcha de lui. Sur son visage traînait un sourire sensuel, sa tête dodelinait comme si elle était en transe, et ses cheveux longs et blancs quelque chose de surnaturel c'est seulement alors qu'il remarqua comme ses yeux étaient verts, un vert sombre, abyssal, terrifiant Les doigts de Cho se promenaient sous son uniforme, elle déboutonnait sa chemise à nouveau, il ne pouvait pas Elles étaient trop proche, l'une et l'autre et les Passemorts qui riaient à gorge déployée, mais ça n'était pas drôle

En le regardant droit dans les yeux, de son regard glacial, hypnotique, Sylverstelle attrapa son col. Elle avait une poigne d'acier, il ne pouvait pas Elle déchira sa robe d'un geste sec, dévoilant sa chemise que Cho avait défaite et son torse nu. Tout était figé, seuls les yeux hypnotiques bougeaient, il ne pouvait pas s'échapper Les lèvres pâles, glaciales, se rapprochaient encore

Et au moment où le contact allait se faire, tout s'immobilisa et il ressentit une grande brûlure à l'abdomen. Libéré du charme, il baissa les yeux pour voir une longue, profonde entaille sanglante, là où elle l'avait balafré de son ongle. Sylverstelle recula, riant silencieusement, et elle retourna se placer auprès de Malefoy, qui lui passa un bras autour de la taille et l'embrassa langoureusement. Les autres Passemorts faisaient cercle autour de la scène, leurs têtes cachées dans l'ombre, leurs yeux seuls brillants d'une lueur inquiétante.

Mais ça n'était pas fini. Avec un petit rire qui sonnait complètement étranger dans le silence moqueur, Cho se serra contre Harry et, l'emprisonnant de son étreinte mortelle, elle lécha le sang qui s'écoulait de la plaie

- Arrête.

Le ton était froid et dur comme l'acier. Mais Cho n'écoutait pas, elle n'entendait pas. Les Passemorts avaient disparu dans un froissement de capes à l'unisson, et seuls restaient dans les toilettes désafectées la fille folle et le garçon horrifié.

Elle rit à nouveau, de son petit rire qui faisait frissoner Harry, et dans un sursaut de colère il la saisit par le poignet et l'envoya loin de lui.

- Pourquoi tu as fait ça?! hurla-t-il.

Elle tomba sur le carrelage avec un choc dur. Derrière les mèches de cheveux qui lui retombaient sur le visage, il aperçut ses yeux furieux, étincelants.

Mais il était furieux, lui aussi. Il se jeta sur elle et lui attrapa les épaules, et il secoua, secoua. Et tout en secouant, il hurlait:

- Mais qu'est-ce qui te prend? Qu'est-ce qui te prend? Pourquoi tu fais tout ça, pourquoi tu es comme ça? Qu'est-ce que je t'ai fait?

Calme. Il se rejeta en arrière et prit appui sur le bord du lavabo, le souffle court et la cervelle en ébullition. La douleur irradiait de nouveau de son front, la douleur qui ne s'était pas fait sentir depuis si longtemps.

Cho avait la tête baissée. Elle pleurait.

- Je excuse-moi, Cho, fit Harry d'une voix bizarre. Je n'aurais pas dû te frapper. Je veux que tu me dises. Explique-moi, dis quelque chose

- Tu ne sais pas par quoi je suis passée, sanglota-t-elle. Tu ne m'aimes pas, mais moi je t'aime, et tu me fais du mal, et tout le monde me fait du mal, tout le monde en a après moi

Elle était assise par terre, dans la position où elle était tombée. Lui se retenait au lavabo, les jambes flageolantes et la tête en feu. Il ne parlait pas. Il s'efforçait d'écouter ce qu'elle avait à dire, de ne pas exploser à nouveau, d'oublier l'étau chauffé à blanc qui lui enserrait le cerveau.

- C'est faux, dit-il amèrement à la dernière phrase de Cho. Personne n'en a après toi. Tu es passée par des trucs horribles, d'accord, mais on a tous eu notre lot de ça, et je n'ai pas été épargné, tu le sais très bien... Tu n'as pas le droit de dire que je ne t'aime pas

- Le monde entier veut me faire souffrir! hurla-t-elle d'un coup, le faisant sursauter. Regarde-les, tous, regarde ce qu'ils ont en tête, c'est après moi qu'ils en ont! Regarde le plafond! Tu les vois, ces yeux maléfiques? Ces yeux braqués sur moi? Ils m'observent! Il m'oppressent! Ils se moquent de moi! Ils sont toujours là, à m'observer, à ricaner quand ils savent que personne d'autre ne peut les entendre! Ce sont les yeux des élèves de l'école, ils me jugent parce que je sors avec toi alors que Cédric est mort! Ce sont les yeux de mes parents! Ce sont les yeux des Sorciers du monde entier! Et les yeux des Moldus! Et de tous les êtres vivants! Tous les êtres vivants me jugent et ricanent, et ils me frappent dans le noir pour que je n'oublie pas! Ils sont là, ils sont toujours là!

À ces derniers mots, elle s'était repliée sur elle-même, et sanglotait à présent la tête posée sur ses cuisses.

Harry la regarda avec une horreur à présent teinté de pitié. Il avait dû se retenir pour ne pas jeter un coup d'il au plafond, tant la folie de Cho était contagieuse.

- Alors fit-il en essayant de surmonter la douleur qui étouffait son esprit. Depuis tout ce temps tous ces mois où je t'ai consacré tout mon temps Ou je ne voyais que toi, ou j'oubliais mes amis c'était pour de faux? Depuis le début tu joues avec moi?

- NOOOOOOOOOOOON! hurla Cho en levant ses joues inondées de larmes vers lui. Non, ne me touche pas! Arrêtez, arrêtez, arrêtez de me regarder!

- CHO! cria à son tour Harry en se laissant tomber à côté d'elle. Je te parle, Cho! Tu m'entends, oui ou non?

Ses jambes se mirent à trembler violemment et il s'étala sur le sol glacé, mais il se remit à genoux malgré le feu qui lui embrasait la tête. Il saisit les poignets de Cho dans ses mains et la força à les écarter de ses yeux. Mais malgré tous ses efforts, il n'arrivait pas à capter son regard, elle ne le voyait plus, elle ne voyait plus que ces yeux imaginaires qui l'oppressaient. Elle se débattit en gémissant, et Harry s'accrocha tant bien que mal à ses poignets.

- Réponds-moi, Cho! criait-il sans même s'entendre, tant sa tête lui faisait mal à présent. Réponds-moi! Depuis quand tu es comme ça? Pourquoi tu ne m'as jamais dit? Quand tu as perdu la tête comme ça? Pourquoi tu as laissé ces sales Passemorts se moquer de nous? Tu es avec eux? Dis-moi POURQUOI!

- Lâche moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! hurla-t-elle en se débattant. Les yeux, les yeux! Le corps de Cédric! Il m'observe, je le vois qui m'observe! Il a les yeux ouverts! Du fond de sa tombe, et la lune grimace! Elle est complice! Elle me regarde! Tous, ils me regardent!

Et puis, sans que Harry puisse rien y faire, elle se leva d'un bond et s'enfuit en courant hors des toilettes. Il voulut la poursuivre, mais la douleur de sa tête lui arracha un hurlement, et tout devint noir.

C'était un lac, rond et argenté comme un miroir. Dessus, des bateaux aux voiles blanches, triangulaires, gonflées par le vent, tournaient et tournaient et tournaient sans arrêt.

Ses cheveux châtains, mi-longs, flottaient dans la brise tournoyante. Accoudée au parapet qui bordait le lac, ses yeux vert, perçants, suivaient la course en rond des voiliers qui fendaient les flots. Elle portait un débardeur bleu pâle et ce même short défraîchi qu'elle arborait si souvent. Pour la première fois, il remarqua une chaînette argentée à son poignet gauche.

Il s'accouda à ses côtés et se perdit dans la contemplation de la ronde des voiles blanches.

- Malheureux? demanda Morgane sans cesser d'observer le lointain.

- Égaré, répondit tranquillement Harry. Mais comment ça se fait que tu sois là?

- Tu es endormi, dit-elle en se tournant face à lui.

Des mèches folles, embarquées par le vent, lui battaient la figure.

- Évanoui, corrigea Harry. C'est le milieu de l'après-midi.

- Je me tenais prête, dit-elle en haussant les épaules.

Un trimaran avait sorti son spi, la grande voile presque sphérique à l'avant du bateau lui donnait un air élancé. Il fendait les flots, dépassant tous les autres

- Tu n'as pas vraiment besoin de descendre dans ton repaire à chaque fois, si? fit Harry pensivement.

Elle ne répondit rien, mais son petit sourire répondait de lui-même. Elle joua à se mettre devant le soleil pour apercevoir son ombre dans les eaux du lac.

- Je ne suis plus sûr de la suite, Morgane commença Harry en laissant son regard se perdre dans les flots. Je ne suis pas sûr de savoir ce qu'il y aura après

Pour toute réponse, sans que rien ne l'ait laissé prévoir, elle se jeta dans ses bras. Les lèvres trouvèrent ses lèvres, et il se retrouva à l'embrasser, totalement incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Il la repoussa, presque trop doucement, et elle retourna tranquillement s'acouder au parapet en bois.

- Pourquoi tu as fait ça? demanda-t-il, les sourcils froncés.

Ses cheveux qui dansaient dans le vent

- C'était, dit-elle en souriant, la dernière occasion de le faire

Oh, son attitude cette attitude qui lui rappelait qui lui rappelait

- Ne me dis pas que tu es avec Malefoy et les autres, toi aussi? fit-il sombrement.

Les bateaux tournaient, et Morgane éclatait de rire, et ils tournaient sans cesse, et c'était le rêve le plus bizarre qu'elle lui ai jamais donné à vivre elle riait, elle ne cessait plus de rire C'était un rire franc, joyeux, pas du tout le rire de folie de Cho ou le rire moqueur de Sylverstelle C'était un rire de bonheur. Mais quand avait-il vu Morgane rire sincèrement? Était-ce la première fois? En tout cas, c'était aussi intense qu'une première fois. Et pourtant, ce rire, il lui évoquait quelque chose quelque chose d'ancien, de douloureux Et ce goût, le goût de Morgane dans sa bouche, il

Il cracha dans le lac et s'essuya la bouche.

Assise sous une fenêtre, Hermione regardait tomber la pluie avec ce même écurement que dans les premiers mois de l'année, à l'époque où elle désespérait pour sa main.

Elle songeait elle laissait son esprit vagabonder, mais tous les éléments des nombreux mystères s'assemblaient et s'ordonnaient inconsciemment. Elle les laissait faire.

Les recherches à la bibliothèque n'avaient rien donné. Elle avait eu une vague idée sur la présence du Mangemort dans l'école, mais aucun livre ne pouvait lui répondre, et elle se sentait très frustrée.

Le visage de Wakewage flotta devant ses yeux, mais elle le chassa bien vite. Elle ne voulait pas y penser. C'étaient les affaires de Harry.

Et où était-il donc, d'ailleurs, Harry? Il n'était pas descendu dîner et n'avait pas reparu de toute la soirée. Encore avec Cho?

Et Bill? Pourquoi ne se préoccupait-il plus d'eux cinq? Pourquoi les avait-il parqués dans leur salle commune toute la journée? Et pourquoi n'avait-il rien fait pour arrêter les Passemorts? Elle revit dans sa tête l'image de Malefoy et de sa bande, exultants, se conduisant en maîtres à la table des Serpentards pendant le dîner.

Mais soudain, une nouvelle image s'imposa à elle. Celle d'un livre aux pages vierges, d'un index plein de Potter

N'était-elle pas assise à la même fenêtre quand Ginny qu'avait-elle dit ce jour-là?

"Pour ta main.J'ai eu une idée. Je crois que tu devrais demander conseil à Oriane Slight. Elle est dans ma classe, c'est pour ça que bref, elle et ses surs font de la magie à la demande des gens. Elles sont très puissantes, à elles quatre. "

- Oriane Slight murmura Hermione.

Elle consulta sa montre: il était dix heures du soir. Elle bondit à terre, traversa rapidement la Salle Commune et grimpa les escaliers jusqu'au quatrième étage. Une porte de bois lourd, exactement la même que celle de sa chambre elle toqua.

- Qui est-ce? demanda une voix de fille.

- Hermione Granger. Je peux entrer?

La porte s'ouvrit et un visage à la peau mate et aux nombreuses taches de rousseur apparut, encadré de cheveux couleur de cuivre.

- Tu veux voir Ginny? fit la fille, une dénommée Fanny Figg.

- Heu est-ce que Oriane est là?

Fanny jeta un coup d'il dans la chambre.

- Non, elle est sortie. Elle rentre tard en général. Oups! zut, tu es Préfète oublie ce que j'ai dit, d'accord?

- T'inquiète, la rassura Hermione. Je ne fais pas mieux qu'elle. Tu sais où je peux la trouver?

Fanny jeta un nouveau coup d'il dans la chambre, comme pour chercher du renfort, mais il n'y avait qu'elle. Alors elle dit:

- Bon, je suppose que tu le découvriras d'une façon ou d'une autre, alors elle est avec ses surs. Premier sous-sol, le couloir avec une statue de dragon. Il y a un tableau orné d'une jeune dame aux cheveux blonds, mais je ne sais pas si elle ne laisse entrer que ceux qui ont rendez-vous, tu vois

- C'est bon, je vais aller voir. Merci beaucoup.

Hermione ne savait pas exactement ce qu'elle faisait en dévalant les escaliers. Elle n'était plus en état de réfléchir sciemment à la portée de ses actes. Une chose était sûre: elle n'avait rien à faire en attendant que l'attaque se déclare, et la seule piste qu'elle avait pour s'occuper l'esprit et faire avancer ses recherches était ce livre. Quitte à faire appel à des puissances peu avouables.

Elle repéra la statue de dragon, puis le tableau aux teintes jaune et beige sur lequel une jeune dame de cour se prélassait. Elle hésita, un peu, mais sa décision était prise.

- Bonsoir, dit-elle au tableau. Je voudrais parler aux surs Slight, s'il-vous-plaît.

- Les surs Slight n'acceptent de visiteurs que sur rendez-vous, fit la jeune courtisane. Et puis, je ne sais pas du tout de qui vous parlez.

- Ça va, je ne viens pas pour les dénoncer. J'ai besoin de leurs services.

- Oh, dans ce cas c'est différent, dit le tableau en se mettant du vernis à ongles. Votre nom, je vous prie? La personne qualifiée la plus proche de vous vous transmettra une date de rendez-vous et un horaire, dans des délais raisonnables. En ce moment, la liste d'attente n'excède pas trois semaines.

- Non, vous n'y êtes pas, dit Hermione. J'ai besoin de les voirtout de suite.

- C'est impossible, dit tranquillement la courtisane. Elle sortit un formulaire de sous sa robe et demanda: Votre nom, je vous prie?

- Hermione Granger. Mais je n'ai pas envie d'attendre. C'est important.

- Sans doute, sans doute, minauda l'autre. Une histoire de murs, certainement? Il vous a plaquée et vous avez besoin de lui faire manger ses testicules tout de suite, quelque chose de ce goût-là?

Hermione resta interdite devant l'absurdité de la situation.

Heureusement, le tableau choisit ce moment-là pour pivoter de l'intérieur.

- C'est pour quoi? s'enquit une voix grave.

Devant Hermione se tenait l'une des surs Slight.

- Oh, tu es la Préfète de Gryffondor, pas vrai? fit la Sorcière.

Elle devait avoir treize, peut-être quatorze ans. Elle avait la peau noire, des traits d'africaine mais des nattes d'un roux flachant, qui lui dégoulinaient sur les épaules.

- Hmm, fit Hermione. J'ai besoin de vos services.

- C'est qui, Mïlys? demanda une voix depuis les profondeurs de la salle obscure.

- Une Gryffondor, lança la dénommée Mïlys. Alors, tu sais à qui tu t'adresses, au moins? fit-elle à l'intention d'Hermione.

- Oui, dit celle-ci avec une assurance feinte.

- Entre.

Mïlys Slight s'effaça pour la laisser passer.

À peine fut-elle entrée que l'odeur la frappa: ça sentait le renfermé et, surtout, une très forte concentration d'encens. L'air était lourd, chargé de fumeroles, et il faisait sombre. Seules plusieurs dizaines de bougies éclairaient la pièce.

Autour d'un cercle tracé au sol, qu'Hermione reconnut comme le cercle de Maurdre, un symbole puissant, trois Sorcières pratiquement identiques étaient assises. Leurs visages se ressemblaient à s'y confondre, et seules leurs coiffures les différenciaient, ainsi peut-être qu'une différence d'âge sensible.

- Approche, fit une des filles, aux cheveux dorés rassemblés en un chignon sur le côté du crâne. Tu as requis nos services? Tu sais ce que nous demandons en échange?

- Non, je l'ignore, avoua Hermione.

- Premièrement, nous exigeons un silence total de ta part. Même tes meilleurs amis devront tout ignorer de notre rencontre. S'il en allait autrement, tu encourerais de gros risques pour toi ou pour d'autres.

Tout en se demandant dans quoi elle s'était fourrée, Hermione acquiesça de la tête.

- Deuxièmement, poursuivit la plus âgée des quatre surs, nous pouvons te demander un service à ton tour, à n'importe quel moment, et tu devras l'honorer comme nous aurons honoré le tien. Cette dette est valable pour toute la durée de ta scolarité dans cette école.

- De notre côté, poursuivit celle des surs qui portait des nattes d'un blond argenté aux reflets presque verts, nous te garantissons le silence absolu quant à ce que tu es venue nous demander.

- À présent, enchaîna une autre sur, en qui Hermione reconnut la Gryffondor, Oriane. Dis-nous quelle est ta requête.

- Voilà, commença-t-elle en exhibant le livre. Un sort a été posé sur certaines pages de ce livre. Je désire le briser, mais il est particulièrement puissant. Pouvez-vous le faire?

La Sorcière de Serdaigle prit le livre entre ses mains et étudia les pages blanches. Puis elle le posa au centre du cercle, et les quatre filles placèrent leurs mains au-dessus. La lueur des bougie diminua tandis que la magie affluait dans leurs mains. Hermione, émerveillée, assistait à une étrange osmose entre quatre personnes, une forme de magie à quatre extrêmement puissante.

Dans une expiration commune, les Sorcières ouvrirent les yeux et retirèrent leurs mains.

- C'est un sortilège de Dissimulation, non? fit Mïlys.

- Plutôt basique, confirma une autre. Tu en penses quoi, Grenelle?

La dénommée Grenelle, la plus âgée et qui appartenait à la maison de Serdaigle, celle qui portait un chignon de nattes dorées, fronça les sourcils:

- Pas si basique que ça. Il n'a pas été lancé simplement avec une baguette. On va avoir besoin de matériel pour le défaire.

- Des cristaux d'Archénophon? suggéra Oriane. Pour le retour à la base du sortilège.

- Ça pourrait aider à le dissiper, oui, acquiesca Grenelle. Mais il faudra au moins cinq cercles. Un de plus que quand le sortilège a été lancé, et on est obligées de procéder à l'aveuglette.

- Tu proposes de commencer à cinq, alors? fit Mïlys. Celui qui a lancé ce sort tenait vraiment à ce qu'il reste en place.

- Il doit bien y avoir un moyen de déterminer à l'avance le nombre de cercles, je pense, dit la Sorcière qui appartenait à la maison de Serpentard. Ça nous éviterait de perdre du temps à tâtonner. Avec un sort d'Auscultance?

- Essayons, dit Oriane.

Elles se donnèrent les mains pour former une chaîne et effectuèrent le sortilège d'Auscultance le plus rapide auquel Hermione ait jamais assisté. Une seconde plus tard, c'était fini, et la Serpentarde prenait le livre dans ses mains.

- Ok, neuf cercles donc. Celui qui a fait ça n'avait vraiment pas envie qu'on le défasse. Tu as bien fait de faire appel à nous, lança-t-elle à Hermione. Je vois mal comment un Sorcier seul pourrait briser ça, à part peut-être celui qui l'a créé.

La jeune Gryffondor voyait très bien ce que ça signifait. À plus forte raison si c'était Dumbledore qui avait posé ce scellé. C'était un sortilège indestructible. Elle avait mis la main sur quelque chose d'énorme, plus de doute.

Pendant ce temps-là, les quatre surs s'étaient activées à tracer au sol les huit cercles manquants, englobant celui de Maurdre au centre. Hermione connaissait certains de leurs noms magiques: le deuxième était celui de Horchunéros, le troisième celui d'Yz, le quatrième celui de Lotus, le cinquième celui d'Ern Tatel puis cela devenait flou dans sa mémoire. Pratiquement personne n'utilisait au-delà de cinq cercles. Et cette forme de magie n'était pas enseignée à Poudlard. C'était quelque chose de eh bien, ça trempait dans une magie un peu trouble, à mi-chemin entre noire et blanche Elle en ignorait les origines, mais les surs Slight s'étaient à l'évidence inspiré du vaudouisme dans leurs techniques.

Justement, celles-ci étaient en train de mettre en place un nombre de cristaux d'Archénophon comme elle n'en avait jamais vu. De tels cristaux coûtaient une fortune, et ils étaient particulièrement gros un moment, elle songea à la tête de Dumbledore s'il savait ce que tramaient certains de ses élèves après la tombée de la nuit.

Mais peut-être qu'il le savait, après tout.

Les surs s'étaient à nouveau assises en cercle, le livre au centre, et elles récitaient une incantation dans une langue qu'Hermione n'avait jamais entendu nulle part:

- Ai hasg esgarepal ferlat, numilé, numilé. Hasg peresa las gar prelie. Numilé jeal sgareta liuné. Ai, numilé.

Et ainsi de suite, une longue litanie envoûtante qui fit surprit Hermione à cligner des yeux. Bientôt, elle se laissa envahir par la torpeur et flotta sur un nuage d'encens, parmi des flots de lumière dorée loin, très loin de là, à la base du sortilège dans un étrange assemblage de structures difformes, d'armature disloquée le nud du sortilège était là, juste devant elle, un gros amas de lumière la litanie résonnait à ses oreilles: "Numilé. Numilé. Numilé. NUMILÉ." Et, dans un feu d'artifice de magie libérée, le nud céda et le sortilège rendit l'âme.

Aussitôt, Hermione recouvrit ses esprits, pour se retrouver dans la petite pièce qui sentait l'encens, assise tout près des quatre Sorcières noires aux pouvoirs étonnants. Mais cette fois, elles la regardaient d'un même air furieux

- Comment tu as fait ça? s'écria la Serpentarde aux cheveux d'argent. Tu n'as pas pu intervenir! C'était bien trop élevé pour

- Calme, Lysandre, intima Grenelle. Je ne crois pas que ce soit elle qui a fait ça. C'était quelque chose de surpuissant.

- J'ai cru voir une main se jeter sur le nud et le briser, déclara Mïlys. Une main de lumière.

Hermione se pétrifia. Elle n'avait pas eu l'intention d'intervenir. Et elle n'en avait pas eu conscience. Mais qui d'autre?

Lentement, elle releva sa manche. La main magique luisait dans la pénombre.

L'effet fut immédiat: Mïlys poussa un cri et se jeta en arrière, Lysandre ouvrit de grands yeux choqués, Oriane se plaqua les mains sur la bouche et Grenelle tendit le bras pour s'assurer qu'aucune de ses surs n'approchait.

- À quoi tu as joué avec ça? demanda-t-elle d'un air furieux.

- Où est le problème? s'enquit Hermione.

- Quitte cette pièce! ordonna Oriane d'une voix étouffée.

Grenelle lui tendit le livre, mais elle retira sa main très vite pour éviter tout contact. Hermione était vexée et inquiète:

- Vous pourriez m'expliquer, au moins? demanda-t-elle en s'arrêtant à la porte.

- Non! cria Lysandre. Sors et ne remets plus les pieds ici! Ça a assez perturbé notre magie! Sors!

Renonçant à obtenir une explication, la Gryffondor obéit et claqua la porte derrière elle. Ce n'est qu'une fois debout dans le couloir désert qu'elle ouvrit le livre, précautionneusement.

- Oh oui, murmura-t-elle avec excitation.

Elle tourna les pages très rapidement. Ils étaient tous là. Toutes les biographies des Potter de l'histoire étaient lisibles. Hermione les fit défiler dans un sens puis dans l'autre, surexcitée. Elle allait enfin découvrir ce qui se cachait derrière la famille Potter.

Encore incrédule, elle reprit le livre au début et feuilleta à nouveau chaque page. Tous ces noms Tous ces Potter Potter, Aldérick. Potter, Jean-Albert. Potter, Arthuria. Potter, James. Potter, Harry.

Potter, Harry! Il y avait des choses sur Harry! Il fallait qu'elle lui montre ça! Courant à présent, Hermione repartit vers la salle commune, espérant très fort y trouver son ami.

Mais à un carrefour, elle s'arrêta net, car elle venait de trébucher sur quelque chose qui traînait en travers du chemin. Elle se retourna pour découvrir Cho, assise au pied d'un mur, ses jambes en travers du couloir et les mains sur les yeux, immobile.

- Ça ne va pas, Cho? s'enquit Hermione, inquiète.

La jeune Serdaigle donnait l'impression de pleurer, mais elle était dans une fixité de statue. Ses épaules ne se soulevaient même pas, comme si elle ne respirait pas.

Et si paniquée, Hermione se jeta sur elle et écarta les mains de son visage. Cho leva les yeux vers elle.

Ouf. Elle respirait encore.

- Tu as un problème, Cho? demanda Hermione.

- Je ne voulais pas pleurnicha-t-elle. Je ne suis pas complice d'eux, c'est faux C'était plus fort que moi Mais ils me l'ont pris, ils me l'ont pris, exactement comme Cédric avant lui

- Que fit Hermione, tandis qu'une image terrifiante s'imposait à son esprit. "Ils me l'ont pris" cela voulait-il dire que les Mangemorts avaient attaqué, que Cho avait été présente auprès de Harry est-ce que Harry était?

- Je ne voulais pas gémit Cho dans un couloir désert.

Hermione était déjà vingt mètres plus loin.

Harry se réveilla sur le carrelage glacé des toilettes, le goût amer du baiser de Morgane toujours dans la bouche. Il tenta de se relever et constata que ses vertiges s'étaient calmés. Toujours très faible et les jambes tremblantes, il se mit à genoux, puis s'aggripa au lavabo pour se mettre debout.

Son image dans la glace était terrifiante: il avait les yeux injectés de sang, les cheveux collés aux tempes par la sueur abondante qu'avait provoqué son étourdissement, et son front saignait là où il avait cogné le sol, juste à droite de la cicatrice en forme d'éclair. Serrant les poings inconsciemment, il fit un pas, puis deux, et finalement se mit en branle entièrement et sortit des toilettes désafectées.

Son champ de vision était brouillé et occulté de noir sur les côtés, et il vacillait à chaque pas. C'est pourtant ainsi qu'il parvint à regagner la salle commune. Avec stupeur, il s'aperçut que tout le monde était déjà couché. L'horloge annonçait dix heures et demi. Et lui qui n'avait même pas dîné! Le rêve avec Wakewage avait-il duré si longtemps?

Il se dirigea difficilement vers un canapé dans l'espoir de se laisser tomber dedans et de faire cesser les sifflements dans ses oreilles et le brouillard qui dansait devant ses yeux. Mais à peine avait-il pris appui sur le dossier pour le contourner et s'assoir, que quelqu'un pénétra en courant dans la salle commune et se jeta sur lui.

- Harry! cria Hermione en le serrant dans ses bras. J'ai eu si peur!

- Peur de quoi? demanda-t-il d'une voix altérée.

- J'ai cru que j'ai pensé enfin, j'ai vu Cho et

- Tu as cru que c'était moi qui l'avais mise dans cet état, peut-être? fit-il en se renfrognant. Il y a des trucs que je vais devoir t'expliquer avant que tu

- Non, non, je ne pensais pas t'enguirlander! s'exclama-t-elle. J'ai cru que l'attaque avait eu lieu que tu était mo

- Je suis bien là, dit Harry en se laissant tomber dans le canapé. Vivant. Ça va? Tu te calmes?

- Oui, oui soupira Hermione en reprenant son souffle. J'ai des trucs à te montrer, Harry.

Avec un sourire de père Noël, elle sortit de son sac un gros livre à la couverture rouge. Elle l'ouvrit à une page précise, et Harry comprit aussitôt l'importance de la découverte.

Feuilletant lentement les pages, incrédule, il fit défiler tous les Potter plus de vingt-cinq Et tous là, dans un livre que Hermione avait déniché il ne savait comment, tous ceux dont Harry avait toujours voulu tout savoir. Dans ce livre se cachaient toutes les informations que Dumbledore lui avait tenues secrètes. Toutes les biographies de sa famille, depuis des siècles et des siècles. Tout ce qu'on lui avait caché sur l'histoire des Potter. La raison pour laquelle Voldemort en avait eu après ses parents. La raison pour laquelle il avait voulu tuer un petit enfant de un an. La raison pour laquelle Harry avait survécu.

Après un regard d'immense gratitude à Hermione, il posa le livre sur ses genoux et commença à lire.

– fin du chapitre 23 –

Grrr, je me suis complètement loupée Ce chapitre devait raconter beaucoup plus de trucs, et l'attaque de Voldything devait avoir lieu là, maintenant, tout de suite Bon, j'ai mal calculé mon coup, ce qui fait que vous allez avoir droit à un chapitre 24 qui ne sera que la deuxième moitié de celui-ci bah, après tout, pourquoi pas! Voilà qui fera une histoire en un chapitre de plus! Je suis toujours incapable de déterminer quand arrivera la fin, désolée, les faits sont organisés dans ma tête mais pas découpés en chapitres voilà ce qui est à l'origine de ce petit bug

Sinon, le commentaire de l'auteur (complètement dans le trip!) c'est qu'elle a imaginé toutes ces scènes-là un bô soir d'août, dans une couchette à bord d'un voilier où elle n'arrivait pas à s'endormir, dans le port de Lézardrieux (Côtes d'armor) et qu'elle a chopé un crayon et un bout de papier pour noter tout ça à l'aveuglette dans le noir pour ne pas réveiller les autre occupants du bateau voilà, marrant, non?

Quant à la folie de Cho non, je n'ai pas plagié sur Dreamy Lily et oui, je l'avais déjà imaginé en sado-maso bien avant de lire "Les Liaisons dangereuses". Comme quoi il doit y avoir des raisons à ce qu'on la voie comme ça, si deux auteurs sont capables de l'imaginer ainsi chacun de leur côté! C'est bien marrant je trouve.

So, je retourne écrire la suite, là maintenant tout de suite! J'ai réussi à me ménager des petis horaires pour écrire plus souvent malgré les cours, et c'est pour ça que vous avez eu ce chapitre si peu de temps après le 22 (non, c'est pas Noël en septembre!) mais il faut pas perdre le rythme! Bonne attente, bon courage à tous ceux qui, comme moi, ont connu la joie de reprendre le chemin de l'école, et à dans pas trop longtemps j'espère!

Ona

ps: et, bien sûr, mention spéciale pour Cyngathi qui a relevé pas mal d'incohérences dans mon chapitre 22. Quand je dis que la Terminale S a des effets néfastes sur le cerveau! Je ferai plus attention la prochaine fois, promis!