Chapitre 24: Outre-tombe

- Dents de vampire, chuchota Harry à la gargouille.

Elle pivota sans un bruit, et il poussa un soupir de soulagement. C'était son vingt-troisième essai.

La première épreuve était franchie. Il jeta son sac sur son dos et entra.

L'escalier pivotant ne tournait plus, comme si tout était mort en l'absence de Dumbledore. Harry le grimpa à la force des mollets. Il arriva en haut et colla son oreille à la porte de bois massif.

Pas un bruit.

Plongeant la main dans son sac, il en tira le canif multilame offert par Sirius. Il sortit la lame "forçage de serrures" et l'introduisit en douceur dans la fente. Il y eut un déclic et la porte s'entrouvrit dans un grincement discret. Harry entra, referma la porte très vite et s'y adossa.

Il était dans la place.

Il tendit l'oreille plusieurs minutes durant, mais le bureau de Dumbledore était plus silencieux qu'un tombeau. Il tira sa baguette de sa manche et murmura "Lumos! ". La petite lueur souligna les meubles et les objets sans toutefois éclairer.

Marchant jusqu'au grand bureau en bois verni du directeur, Harry jeta un il sur les papiers en tous genres qui s'y étalaient. Rien qui ressemblât à ce qu'il cherchait. Son regard se porta ensuite sur les étagères présentant des objets étranges et à l'utilité inconnue, mais la lumière de sa baguette le ralentissait. Il la leva donc vers le plafond, aperçut ce qu'il cherchait et chuchota: "Incendio! ". Le lustre surchargé de bougies s'illumina d'un coup.

Satisafait par l'éclairage, Harry posa ses affaires sur la chaise qui faisait face au bureau du directeur et se débarassa de sa cape d'invisibilité. Il respirait beaucoup mieux comme ça.

Maintenant qu'il était à l'aise, il allait pouvoir chercher ce pour quoi il était venu. Il s'intéressa aux tiroirs du bureau: ils étaient au nombre de six, du même format et remplis de paperasse. Harry les parcourut rapidement des yeux, puis plongea sa main au fond de chaque tiroir pour essayer de sentir un relief ou un double-fond. Rien de tel n'était caché, du moins pas avec des moyens moldus.

"C'est là que j'aurais besoin d'Hermione, songea le garçon. Avec sa main, elle saurait tout de suite où il y a de la magie."

En effet, elle lui avait raconté comment elle avait deviné que le livre qu'elle avait trouvé avait quelque chose de dissimulé. C'était sa main magique qui avait senti le sortilège.

Mais même si cela n'avait pas la même efficacité que la main de son amie, Harry possédait quelque chose d'utile, lui aussi: une petite loupe, apparemment toute banale, que Ginny lui avait offert pour son anniversaire: le Sortilographe.

Il la balada le long des étagères et des armoires, cherchant dans chaque recoin l'empreinte d'un sortilège quelconque. Il trouva plusieurs sorts d'agrandissement, une isolation sonore et magique, des enchantements de protection et finalement, dans le mur du fond, un coffre magique dont la porte n'était autre qu'une brique ensorcelée. Le Sortilographe montrait que la brique avait subi un sortilège qui permettait de l'ouvrir avec un mot de passe, mais Harry n'avait plus de temps à perdre. Attrapant son canif multilame, il l'introduisit dans l'interstice entre deux briques et poussa.

Soit le sortilège de protection était particulièrement mauvais, soit la canif avait des propriétés magiques plus développées que ce qu'il pensait en tout cas, la brique pivota sans difficulté, présentant un coffre-fort assez vaste dans lequel Harry plongea la main.

Tout d'abord, il ne rencontra que des papiers. Il les tira à lui et les présenta à la lumière du lustre. C'étaient des parchemins blancs, absolument vierges.

Harry n'était pas assez dupe pour penser que ces parchemins étaient réellement vierges, mais il n'avait pas de temps à perdre, et un minimum de respect pour les affaires privées de Dumbledore. Il replonga la main dans le coffre et, après plusieurs tâtonnements, il put ramener à lui une pierre de la taille de son poing. Il l'étudia à la lumière des bougies: elle était sombre, avec une face incrustée de cristaux violets. Victoire.

Il remit les papiers dans le coffre-fort et en rabattit la porte, qui reprit son apparence de brique innocente. Tranquillement, mais son cur battant la chamade, il revint au centre de la pièce et mit la pierre des Géants dans son sac.

Il allait enfin pouvoir faire ce pour quoi il était venu.

"Aldérick Potter (10??-1087). Le plus ancien Potter dont le souvenir ait été gardé; il enseigna dans la toute jeune école de Poudlard et fut particulièrement proche de la célèbre Rowena Serdaigle dans sa jeunesse, comme le racontent les textes rédigés par la fille de celle-ci ("Mémoires d'une Sorcière"de Ernestina Serdaigle, aux éditions Petitpas). Selon cette même source, Aldérick montra une excellente maîtrise des pratiques magiques de l'époque et fut l'un des fondateurs de ce qu'on appelerait plus tard "magie blanche", ou magie commune."

Harry ouvrit la porte de l'armoire à l'aide de son canif. Là encore, la serrure céda sans la moindre résistance. Tout en s'efforçant de ne pas penser à la tête que ferait Hermione quand il lui avouerait ce qu'il était réellement venu faire dans le bureau de Dumbledore, il ouvrit en grand les deux battants de l'armoire.

"Ayswania Potter (1135-1185). Selon les écrits de l'époque, un grand Sorcier du nom de Strygalldwir était monté à la tête du pays grâce à une armée surentraînée. Ayswania Potter aurait rassemblé tous les groupuscules de Sorciers désorganisés et les aurait unis pour faire reculer l'envahisseur. Les affirmations des historiens selon lesquelles Strygalldwir utilisait une forme primitive de magie noire restent controversées. "

Il n'avait pas besoin de réfléchir. Il se souvenait parfaitement. Elle était là.

Un éclair argenté. Il avança les mains et saisit précautionneusement la bassine de pierre. C'était le moment décisif, le moment où il allait être fixé.

Il présenta la pensine à la lumière. Elle était pleine des pensées de Dumbledore.

"Bingo!", songea Harry.

"William Potter, se souvint-il,dit William le Brave (1161-1227). Fils d'Ayswania Potter et de son frère, Martus Potter, il fut renié par sa famille pour être né d'amours incestueux. Il s'exila dans les terres du Nord, et l'on raconte dans la tradition orale de ces pays qu'il voyageait à dos d'Hippogriffe, vêtu d'une peau de Manticore, et que son épée de feu terrifiait les ennemis et terrassait les dragons les plus féroces. On lui doit sans doute la disparition des Argentés de Basse-Celte, dragons dont l'existence s'est perpétuée dans les légendes mais dont aucun spécimen n'a à ce jour été découvert. William Potter n'eut pas d'enfant, et cette branche de la famille s'étéignit avec lui. Mais les légendes affirment que déjà dans son sang était ce pouvoir qui, plus tard, fit grandir la renommée des Potter. "

"La renommée des Potter", songea Harry en tournant et en retournant cette phrase dans sa tête. "Et maintenant, il n'en reste plus qu'un, de Potter, et il porte cette renommée sur ses épaules. Sera-t-il à la hauteur de ses illustres ancêtres?". Il haussa les sourcils avec une pointe d'ironie. Puis il ramena ses pensées à la Pensine dans ses mains. Si belle si froide si pleine de promesses

Il s'assit en tailleur à même le sol et la posa devant lui.

"Encéllius Potter, se souvint-il encore, (1408-1492). Le premier Sorcier chez qui le Pouvoir fut réellement détecté. Le moine Anselme, de l'abbaye de Birmingham, écrivit de longues études à son sujet. En voici un extrait: "Il était devant moi, tout à fait détendu, sa baguette posée sur un banc non loin de là. Il avait l'air tout à fait normal, mis à part le fait que tout son corps irradiait d'une lumière comme je n'en avais jamais vue. La voix tremblante, je lui demandai s'il avait vu la Lumière Divine, si Dieu lui avait accordé ce don, mais il me répondit très tranquillement: "Ce que je fais, moi seul en suis à l'origine et nul dieu ne le gouverne. Moi seul puis y arriver, et mon grand-père avant moi, et son arrière-grand-père avant lui." Je lui demandai alors de me démontrer ce que lui faisait faire cette lumière si belle. Détournant ses yeux de moi, il les leva vers la voûte de la chapelle. Puis, sans bouger même le petit doigt, il la fit s'envoler! Je n'en croyais pas mes yeux, jusqu'à ce que je sente le vent de l'extérieur souffler sur ma peau, les odeurs du dehors monter à mes narines, les sons de la ville atteindre mes oreilles. Alors j'ai dû me résigner à croire que que m'affirmaient tous mes sens, car je voyais la chapelle toute entière, du moins ses murs et son plafond, s'envoler dans les airs en nous laissant au sol. Et dans cette vision grandiose je ressentis des larmes de ferveur me venir aux yeux, car quoi qu'en dise cet homme, c'était la grâce divine qui se manifestait par ce miracle, et j'étais en même temps fou de bonheur et teriblement triste d'être resté en bas, à regarder ma chapelle voler au-dessus de moi, tellement plus proche du Ciel que je ne pourrais moi-même jamais l'être"

On peut discuter sur les affirmations de l'ordre de la croyance de cet homme, mais son témoignage n'en reste pas moins qu'il a assisté à une démonstration de magie sans précédent depuis Merlin Lui-même. Or, d'après les dires d'Encéllius Potter (eux-même d'après le moine Anselme) cet étonnant pouvoir se serait transmis à lui en sautant des générations, par atavisme en sorte. Cette théorie tend à être confirmée par les étonnants dons dont firent preuve, par la suite, d'autres représentants de cette vaste famille."

Un sourire fugitif apparut sur les lèvres de Harry. Il avait lu et relu ce passage, et quelques autres, pour être sûr de bien le comprendre. À présent, il était certain de ce que ça signifiait. Il avait laissé le livre rouge à la salle commune, mais peut importe, les mots étaient gravés dans sa tête. Et dans peu, très peu de temps, il allait trouver une nouvelle forme de réponse.

Respirant un grand coup, il ferma les yeux et plongea sa main entière dans les pensées tourbillonantes de la Pensine.

- Des émissaires aux géants? s'écria Fudge. Qu'est-ce que c'est que cette folie?

- Tendez-leur la main dès maintenant avant qu'il ne soit trop tard, dit Dumbledore, ou alors ce sera Voldemort qui saura les convaincre, comme il l'a déjà fait auparavant, que lui seul est en mesure de leur rendre leurs droits et leur liberté.

- Vous vous ne parlez pas sérieusement, balbutia Fudge en reculant d'un pas. Si la communauté des Sorciers apprenait que j'ai approché les géants Tout le monde les déteste, Dumbledore ce serait la fin de ma carrière

- Vous êtes aveuglé par l'amour de votre fonction, Fudge! lança Dumbledore, le regard flamboyant.

Ils étaient dans l'infirmerie, à Poudlard. Harry se tenait dans un coin, à proximité de Dumbledore et de Cornélius Fudge. Juste derrière lui, il y avait Rogue – et c'était la première fois qu'il le revoyait depuis que cette scène, dont il revivait le souvenir, avait eu lieu – ainsi que Mme Pomfresh, le professeur McGonagall, Mrs Weasley, Bill, Ron, Hermione, Sirius le gros chien noir, et, dans son lit, Harry lui-même, Harry tel que Dumbeldore s'en souvenait: il était à moitié dressé hors de son lit, l'air épuisé mais furieux. Quant à Dumbledore, Harry ressentit un pincement au cur en le revoyant – en bonne santé, imposant et plein d'autorité Il ne s'était pas rendu compte jusqu'alors combien sa disparition de Poudlard et son internement à Ste-Mangouste l'avaient affecté.

- Vous accordez beaucoup trop d'importance, comme vous l'avez toujours fait, à la prétendue pureté du sang! déclarait justement le Sorcier, l'aura de puissance émanant de lui faisant paraître Fudge encore plus petit et minable. Vous refusez de reconnaître que ce qui compte, ce n'est pas la naissance, mais ce que l'on devient!

- Assez, murmura Harry.

Il connaissait ce souvenir. Ce n'était pas cela qui l'intéressait, et en plus, il ressentait, non sans surprise, un sentiment de malaise et de dégoût en revivant cette scène. Non pas que de voir son visage, quelques heures seulement après avoir rencontré Voldemort, le perturbât non, c'était autre chose: c'était là, à cet instant, que tout s'était joué. C'était là que Fudge avait reculé devant la réalité et avait refusé de suivre Dumbledore. C'était là qu'il avait ouvert une porte géante à Voldemort et à ses sbires. En revivant cela, Harry était pris d'une telle envie de changer cela que s'il avait eu un Retourneur sous la main il serait retourné dans le passé pour essayer de convaincre Fudge ou, au moins, de passer sa fureur sur lui.

Sans qu'il s'en soit bien rendu compte, la Pensine était passée à un autre souvenir. Le décor changea du tout au tout, et il se retrouva dans une rue sombre, silencieuse, qu'il ne connaissait que trop bien: Privet Drive.

Tous les lampadaires étaient éteints, et Dumbledore était en train de ranger dans sa poche un étrange appareil de métal. Harry le suivit attentivement et le vit s'assoir sur le muret de la maison des Dursley. D'après la marque de la voiture qui était garée dans leur jardin, il comprit que ce souvenir n'était pas très récent – les Dursley s'étaient débarassés de cette voiture il y avait au moins dix ans, parce que leurs voisins en avaient acheté une bien plus récente. L'instant d'après, Dumbledore engagea la conversation avec un chat, et Harry comprit immédiatement de quelle nuit il s'agissait.

Sous ses yeux attentifs, McGonagall reprit sa forme humaine, après quoi les deux professeurs discutèrent pendant un moment, et Harry tendit l'oreille pour ne pas perdre la moindre information sur ce qui s'était passé cette nuit-là et qu'on lui aurait caché. Mais il n'y avait rien de nouveau. Et finalement, il vit arriver Hagrid sur une moto volante ("L'ai empruntée au jeune Sirius Black, Monsieur.") et tendre à Dumbledore un tas de chiffons blancs qui se révéla être lui! Lui, Harry, le bébé qui avait échappé à l'Avada Kedavra de Lord Voldemort le Survivant.

Dumbledore déposa le bébé Harry devant la porte des Durlsey, et là encore le Harry de quinze ans qui s'introduisait dans ses souvenirs écouta avec attention pour essayer de capter une information sur la raison pour laquelle on l'abandonnait à dix années de solitude et de malheur chez son oncle et sa tante. Tout ce qu'il put entendre, c'est la phrase de Dumbledore: "Donnez-le moi, Hagrid. Il est temps de faire ce qu'il faut."

La scène se brouilla, et Harry, au prix d'un effort de concentration, s'arracha à la Pensine. Il fut tout surpris de se retrouver dans le bureau du directeur, à la lumière des bougies qu'il avait allumées, assis en tailleur face à la bassine de pierre où flottaient les pensées argentées. Pour la première fois, son regard se porta sur la cage près de la porte et il s'aperçut que Fumseck avai disparu.

Il y avait quelque chose d'indécent à violer ainsi les pensées de Dumbledore. D'un autre côté, Harry voulait apprendre une fois pour toutes la vérité sur tout ce que le vieux Sorcier lui avait caché, sur tout ce que Morgane lui avait suggéré à demi-mot, sur enfin tout ce que les livre rouge découvert par Hermione laissait supposer. Il était temps pour Harry de comprendre pourquoi lui, avait survécu et pourquoi lui, était condamné à se battre de nouveau.

Mais il ne pouvait pas continuer à s'égarer ainsi dans n'importes quelles pensées. Avec un frisson, il songea que peut-être la Pensine ne contenait rien de ce qu'il souhaitait apprendre. Et si Dumbledore s'était prémuni contre cette éventualité et avait pris soin de garder dans sa propre tête tout ce qui concernait le secret Potter? Après tout, Harry avait déjà fait irruption une fois dans la Pensine peut-être Dumbledore avait-il soupçonné qu'il retenterait l'expérience. Peut-être même n'avait-il jamais ressenti le besoin de se débarasser de ces souvenirs-là les souvenirs des parents de Harry.

- Ça ne peut pas être! dit le garçon à voix haute avec défi. Ils sont là, il le faut!

Et, sans prendre le temps de réfléchir, il plongea de nouveau sa main dans les pensées tourbillonantes.

Il était dans une rue de Londres. Le sol était dévasté, et les murs des maisons environnantes avaient été soufflés. Des corps gisaient un peu partout, et des Médicomages s'affairaient en tous sens.

Dumbledore marcha vers le centre de la scène. Un moment, Harry crut qu'il allait apercevoir Sirius captif et les Aurors ramassant le doigt coupé de Queudver, puis il s'aperçut que Dumbledore était beaucoup plus jeune, probablement âgé d'une cinquantaine d'années. Ses cheveux étaient poivre-et-sel, et il ne portait qu'un collier de barbe. Il marcha jusqu'au cratère au milieu de la rue, et Harry découvrit la Marque des Ténèbres qui flottait dans l'air.

- Plutôt terrifiant, pas vrai? lança un Auror qui s'était approché. Personne ne l'avait vu venir. La rue était pleine de Moldus, alors forcément Enfin, le type a sorti sa baguette et a tout dévasté, c'était une sorte de bombe, c'est ce que nous a raconté un des témoins En tout cas, je peux vous dire une chose, c'est que le gars qui a fait ça, il porte pas l'humanité dans son cur. Et on aurait mieux fait de pas se le mettre à dos, quoi qu'on ait fait, parce qu'il m'a l'air d'un type surpuissant!

- A-t-on trouvé ce que signifie ce signe? demanda Dumbledore en désignant la Marque des Ténèbres.

- Ouaip', fit l'Auror. C'est la signature personnelle du gars. Il la laisse partout où il passe. D'après Arnold, c'est un pote à moi, un Auror, spécialiste en Histoire de la magie – tenez, vous le voyez, là-bas – les Sorciers du Moyen Age utilisaient pas mal cette symbolique. Le crâne signifie la pensée et le commandement suprême, d'après lui, le attendez, il va vous dire ça lui-même. Eh, Arnold!

L'Auror en question approcha. Il avait l'air beaucoup moins bavard que son collègue. Un air de profonde amertume se lisait sur son visage. Pourtant, il répondit poliment à la demande de Dumbledore d'expliquer ce qu'il savait sur le signe du serpent et du crâne.

- Le crâne, c'est le creuset, expliqua-t-il patiemment. La mort physique, qui prélude à la renaissance à un niveau supérieur, un niveau où l'esprit est maître. Quant au serpent, porteur d'un poison mortel, il est celui qui mange les défunts pour les faire passer dans l'autre monde. Il est symbole de fécondité, et enroulé ainsi autour du crâne, je suis porté à croire qu'il représente la naissance d'un ordre nouveau, un ordre suprême en quelque sorte. Tout ça ne présage rien de bon, si vous voulez mon avis. Le type qui a fait ça est un allumé, mais il est vraiment très fort, et d'après la signature qu'il s'est choisi j'ai l'impression qu'il a de sacrées ambitions

- Le serpent mange les morts, vous dites répéta Dumbledore d'un air pensif. Intéressant. Et on connaît le nom de celui qui fait tout ça?

- Il signe ses lettres "Voldemort", répondit le premier Auror. Un pseudonyme, ça crève les yeux. D'une manière ou d'une autre, j'espère qu'on coincera ce gars-là assez rapidement, avant qu'il ait le temps de semer trop la panique parmi la communauté des Sorciers. Instaurer un ordre nouveau, non mais je vous jure Il y a des fous, parfois

Le souvenir se brouilla, et Harry perdit de vue la silhouette de Dumbledore. Quand il la retrouva, l'image était nette à nouveau et il était dans un ancien cachot, sans fenêtres, avec en son centre un fauteuil de bois muni de chaînes. Il ne connaissait que trop bien cette salle. Assis sur le fauteuil, il y avait Igor Karkaroff.

- Suffit! dit Harry. Je connais ce souvenir!

- Igor Karkaroff, dit la voix sèche de Mr Croupton à sa gauche. Vous avez été transféré d'Azkaban jusqu'ici pour témoigner au bénéfice du Ministère de la Magie. Vous avez laissé entendre que vous déteniez des informations d'une grande importance pour nous.

- En effet, monsieur, répondit Karkaroff en se redressant de son mieux, malgré les chaînes qui tintèrent sinistrement.

- Stop! Assez! cria Harry en se concentrant pour essayer d'influencer la Pensine. Change de souvenir!

Il n'avait certainement pas le temps ni l'envie de revisiter tous les souvenirs de ces procès. Il chercha sa baguette dans sa poche, puis il se rappela l'avoir laissée sur le bureau de Dumbledore. De toute façon, quel sortilège aurait pu lui être utile dans cette situation précise?

- Je souhaite être utile au ministère, disait Karkarof, la voix tremblante.

Harry serra les dents, énervé. Il se leva et commença à tourner en rond en plein milieu du procès fantôme, ne prêtant aucune attention aux évènements qui l'entouraient.

Puis il repensa à certaines paroles de Morgane, dans ses rêves si réels: "Tu en as le pouvoir, si tu le veux. il te suffit de t'en convaincre."

- Très bien, murmura Harry. J'ai le pouvoir. Je veux trouver des souvenirs concernant mes parents. Montrez-moi James et Lily Potter.

Il ferma les yeux et serra les poings. Il était bien révolu, le temps où il rejetait l'enseignement de Morgane. Depuis ce jour, de sinistre mémoire, où il avait surpris Sirius sur la montagne et avait cru être trahi, ce jour où il avait fait le pas et traversé le pont pour suivre la jeune fille, il ne rejetait plus rien. Il acceptait ce qu'elle avait à lui apporter, et tant pis si tout n'était que mensonge, qu'illusions, que rêve. Il n'avait jamais essayé de reproduire à l'éveil les tours de magie époustouflants qu'il faisait en rêve; peut-être parce qu'il savait que ça ne marcherait pas, ou peut-être parce qu'il avait peur de s'en rendre compte. L'un ou l'autre.

Soudain, avec un déchirement de tonnerre, la substance magique du monde autour de Harry se morcela. De grandes explosions de lumière l'éblouirent, un vacarme l'assourdit. Tout autour de lui devint d'un blanc lumineux. Il lui fallut longtemps avant de comprendre que ce vacarme qui l'oppressait était en réalité une abscence absolue de sons.

Morceau par morceau, comme des pièces de puzzle, le monde commença à se reconstituer autour de Harry. Un mur, une porte, un pan de plafond Il était dans une pièce sombre et toujours totalement silencieuse. Par un store fermé, un rayon de lune zébré arrivait à peine à passer.

Un bébé pleurait.

Harry marcha doucement vers la porte. Il régnait un silence angoissant, entrecoupé par les pleurs du bébé et des chuchotements étouffés de réconfort.

Il y eût un bruissement de robes froissées derrière Harry. Il se retourna dans un sursaut, pour voir la pâle figure de Dumbledore se détacher dans la lueur hachée de la lune. Dumbledore marcha jusqu'à la porte, passant à travers Harry qui s'écarta vivement. Il abaissa doucement la poignée et l'ouvrit.

La pièce dans laquelle il pénétra, suivi de près par Harry, n'était autre qu'une pièce qu'il avait visitée, il y avait plusieurs mois de ça, en rêve. Il s'en rappelait parfaitement, même si à l'époque elle était entièrement détruite.

Un mouchoir posé sur une lampe en étouffait la luminosité. Tous les volets étaient clôts, la porte d'entrée cadenassée et une barre placée en son travers.

Dans un canapé, les bras croisés et les jambes étendues, le front barré par des plis anxieux, se tenait l'homme à qui Harry ressemblait tant: son père, James Potter. À quelques heures de sa mort, et paraissant si pleinement, si douloureusement sûr de ce qui allait se produire.

Calée dans un fauteuil, ses longues mèches rousses attachées à la va-vite lui coulant le long des épaules, son pull vert très large ne suffisant pas à cacher l'arrondi de son ventre, Lily, sa mère. Sa mère dont on lui avait tant vanté le courage et le sacrifice, sa mère dont il ne pouvait que deviner le vert des yeux, ses yeux tournés pour l'instant vers son fils Lui, Harry, âgé tout juste d'un an et trois mois.

- L'heure approche, dit Dumbledore d'une voix très grave.

Les deux habitants de la pièce sursautèrent. James se mit sur ses pieds d'un coup, et Lily releva la tête d'un air anxieux. Les flammes vertes de ses yeux renvoyèrent leur expression apeurée dans la lueur orangée de l'unique lampe.

- Dumbledore! fit James d'un air soulagé. On ne vous a pas entendu transplaner.

- Comment va l'enfant? s'enquit gravement le vieil homme.

- Bien, dit Lily. Vous n'auriez pas dû venir. On ne sait pas dans quelle mesure Il surveille ça aussi.

- Il fallait pourtant que je vous voie, dit tranquillement Dumbledore. C'est pour ce soir.

Le regard de James se détourna. Il s'attarda dans la contemplation d'un coin du tapis. Lily, au contraire, continua à regarder fixement le vieil homme, en dépit des larmes qui s'accumulaient tout doucement au coin de ses yeux.

- J'ai essayé de l'empêcher, murmura Dumbledore d'un ton affreusement douloureux. J'ai fait des recherches, j'ai recoupé les inf

- Des recherches, le coupa Lily. Des recherches. Vous jouez nos vies sur de livres vieux de cinq cents ans et des grimoires moisis.

- Ce n'est pas un jeu, dit lentement Dumbledore.

- Merci de me l'apprendre.

Lily se rassit dans une position plus confortable, le bébé Harry endormi au creux de son épaule. Une larme coulait sur sa joue, mais elle l'essuya rageusement. James fixait toujours le tapis à ses pieds.

- Ce n'est pas un jeu, moi-même je le sais, poursuivit Dumbledore, imperturbable. Croyez-vous que je sois le dernier à l'ignorer? La prophétie est formelle, Sybille

- Vous vous basez sur les affirmations d'une vieille folle! s'emporta Lily. Vous faites confiance à cette illuminée, alors qu'elle serait incapable de prédire le temps qu'il fera demain! Et c'est sur ça que vous jouez nos vies! Est-ce qu'on compte si peu? Est-ce que lui compte si peu?

Sa voix s'était brisée, tandis qu'elle soulevait son enfant à bout de bras pour appuyer ses paroles. Pour la première fois, Dumbledore sembla chercher ses mots. James avait relevé les yeux et observait sa femme avec ce que Harry qualifierait d'yeux de chien battu.

- Justement reprit Dumbledore. Il compte beaucoup, beaucoup plus qu'aucun de nous ne peut le déterminer Cet enfant a reçu le Don

- Il n'est qu'un bébé! s'exclama Lily. Vous voulez jouer sa vie sur cette prophétie stupide?

- Lily murmura James, apparemment gêné.

- Il veut que nous sacrifions notre enfant, James, fit-elle en se tournant vers lui, quêtant de l'aide. Il veut qu'on croit à cette prophétie qui n'a ni queue ni tête

James hésita encore, mais finalement il se tourna vers le vieux Sorcier pour déclarer:

- Le Don n'est pas reparu dans ma famille depuis plus de trois siècles, Dumbledore. Il est mort, vous le savez bien.

- Et vous savez bien qu'il a été dit qu'il réapparaîtrait en vos enfants, James, mais vous refusez de voir la vérité en face.

- Même si mon fils avait un quelconque don, il ne serait pas question de Le laisser l'approcher! fit Lily d'une voix hystérique. Pas avant de très longues années! Pas avant qu'il n'ait appris à se défendre.

- Entendons-nous, fit Dumbledore d'un ton patient. Il n'a jamais été dans mon intention de sacrifier Harry d'une quelconque manière. Je crois

- Il sera infecté! fit Lily en sanglotant. Toute sa vie, il portera cette pourriture qui lui rongera les os! Je ne veux pas de ça pour mon fils!

- Mais préférez-vous mourir inutilement et Le voir triompher pour de longues, très longues années? demanda tout doucement Dumbledore.

Il y eut un silence qui n'en finissait pas, de ces silences qui en disaient très long. Lily caressait le front de son enfant d'un air farouche. Finalement, Dumbledore soupira.

- Très bien, dit-il. Je n'ai plus qu'à me retirer

- Je vous raccompagne? proposa James d'un air mortifié.

- Pas la peine, je connais le chemin. Et James

Le vieux Sorcier baissa la voix, si bien que l'homme à qui il parlait, et le fils de cet homme qui écoutait en souvenir, quatorze ans après, durent s'approcher très près pour entendre:

- Prenez soin d'elle prenez soin d'elle pour le temps qui reste. Elle est notre seul espoir.

James hocha la tête comme s'il avait compris, bien que les mots du vieil homme aient suscité une perplexité qui n'avait pas échappé à Harry. Puis ce fut au tour du jeune père de murmurer:

- S'il vous plaît, quand tout sera fini. Occupez-vous de lui.

Il désignait le petit Harry, qui ne s'était toujours pas endormi et que Lily berçait en chantonnant, sans cesser de l'inonder de larmes.

Dumbledore prit les mains de James et les serra entre les siennes:

- Je vous le promet, James. Je vous le promet.

Et il s'éloigna de son pas lent, plus voûté que jamais. Il poussa la porte de la petite pièce dans laquelle il avait transplané, mais Harry s'attarda auprès de ses parents, conscient qu'ils vivaient leurs derniers instant et lui ses derniers instants auprès d'eux, puisque le souvenir allait s'effacer au moment où Dumbledore allait transplaner loin de la maison et de Godric's Hollow, loin du lieu où Voldemort n'allait pas tarder à apparaître. Harry voulait retenir le vieux Sorcier, lui dire de rester, de se battre, il était incapable de comprendre pourquoi il tournait les talons puisqu'il savait ce qui allait se passer Il voulait hurler, il voulait casser les murs et tout le reste Au lieu de quoi il s'attarda pour graver dans son esprit le moindre détail, le beau visage de sa mère qu'elle avait caché dans ses mains, le désespoir poignant dans les yeux de son père, le bébé Harry qui commençait à fermer les yeux, et puis dehors, soudain, les pas, les pas redoutés depuis trop longtemps, les pas lourds qui faisaient trembler la terre, et l'inquiétude sur le visage de James, parce qu'il savait, aussi certainement à cet instant que Harry lui-même quatorze ans après, il savait ce que ces pas signifiaient, qui ils annonçaient, ce qu'il apportaient. Et James se précipita dans l'entrée à la porte cadenassée, mais tout cela était bien dérisoire et il le savait. Et Lily avait commencé à se lever et à marcher lentement pour calmer l'enfant, mais les larmes coulaient toujours de ses beaux yeux verts, et la manière dont elle serrait son fils avait quelque chose de convulsif Et Harry essaya de se remémorer cette étreinte, il avait presque l'impression de pouvoir y arriver, il essaya de sentir la force de sa mère et son cur qui battait contre le sien, parce qu'il se souvenait presque, parce qu'il avait l'impression, et que ce moment il le revivait, parce que c'était la denrière fois qu'elle l'avait serré dans ses bras et qu'il y avait eu tant de fois après ou il avait rêvé, dans d'étreintes désirées, et qu'il n'en aurait jamais, jamais, jamais Et sa détresse se mêlait à celle de ses parents, tandis qu'il revivait ce souvenir mêlé de terreur et d'amertume, parce qu'il savait comment ça allait finir, lui, mais il aurait tellement voulu Et ces coups sourds qui résonnaient à la porte, il lui semblait les avoir entendus toute son enfance en rêve Et ce cri, ce cri de son père, la dernière phrase qu'il avait prononcée: "Lily! Prend Harry et vas-t'en! Je vais le retenir!" Comme s'il y avait eu une échappatoire, comme si il avait pu faire quelque chose

Mais il fit quelque chose, et tandis que sa mère, l'enfant serré dans ses bras, courait, et tandis que Harry se demandait fugitivement pourquoi le souvenir se poursuivait après le départ de Dumbledore, il entendit les sortilèges hurlés, les explosions, et puis ces simples mots, tant redoutés, tant honnis Et ce claquement de porte, le courant d'air de la mort l'âme qui s'enfuyait jamais du corps de James Potter, et Harry se surprit à pleurer tandis qu'il poursuivait Lily, Lily qui trébucha, qui s'écroula au pied d'un mur, terrassée avant même qu'Il ne l'ait rattrapée

Mais ça n'était pas fini. Sentant presque les élents de haine et de douleur qui accompagnaient normalement Son apparition, tant Harry avait l'impression de revivre la scène à présent, il Le vit arriver, vêtu de noir profond et de rouge flamboyant, ses yeux brillants, exultants Et Lily qui suppliait, qui sanglotait, et le bébé serré contre elle qui hurlait, parce qu'il sentait la peur, il la sentait comme Harry la sentait parfois de nouveau dans ses rêves d'adolescent, la peur absolue, animale, dont Voldemort avait rempli un tout petit enfant La peur indéfinissable, inexprimable pour un bébé, la peur refoulée dans l'inconscience La peur de Lily aussi, toute proche, palpable, la bravoure stupide, motivée par la perte de son être le plus cher, qui l'avait poussée, en cet instant ultime où le courant d'air s'était levé, à croire qu'elle pouvait sauver le seul être qu'il lui restait Et ce picotement de magie, si caractéristique, ce fourmillement de la magie qui a compris et opéré en un éclair Puis déjà, la mort.

Harry avait la vue occultée par les larmes. Sans réfléchir, ses poings avaient bombardé le corps de l'assassin de ses parents, mais il passait au travers évidemment. Il voulait faire quelque chose. Il voulait

Il y eut une supernova de magie et le souvenir s'arrêta.

********

au premier arbre, il rencontra un mulot qui

courait se réfugier.

- Mulot, dit le

petit garçon, pourquoi te caches-tu?

- Le vent s'est levé sur les blés, répondit le mulot.

Le petit garçon se tourna vers le champ de blé,

et ce qu'il vit l'émerveilla, parce que c'était

********

- Harry?

Il faisait noir.

- Harry? Est-ce toi?

Rien ne bougeait. Rien ne respirait. Il faisait noir.

- Harry?

- Qu'est-ce qui comment puis-je vous entendre?

- Harry, où es-tu?

- Dans la maison de mes par Non! Dans la Pensine! J'étais dans votre Pensine!

- Harry, peut importe. C'est très important. Il faut que tu m'écoutes. Je ne peux pas me réveiller. Ils m'ont emprisonné loin de la réalité, je ne peux pas me libérer.

- Professeur Le souvenir Vous vous souveniez Vous étiez

- Harry, lorsque le moment de la bataille arrivera, je ne serai pas là pour te protéger. c'est bien compris? Je ne serai pas là.

- Vous y étiez Le soir où Il les a tués, vous y étiez

Tout était si noir. Aucune sensation. Un vide infini, clôturé seulement par les limites de la pensée. Pas de surfaces, pas d'odeurs, pas de sons ni de lumières. Et deux âmes flottant à la dérive.

- Harry, je t'en prie. Il te faudra te battre seul. Tu te souviens tu te rappelles cette discussion que nous avons eu à propos de la magie noire? Et de Voldemort?

Il faisait si noir

- Harry, tu dois faire pareil. Tu comprends? Tu dois faire pareil avec la Vieille Magie. Tu dois l'écouter te parler. Pense aux cours de Bill Weasley, et du professeur Funestor. Pense aux invocations. Écoute la Vieille Magie. Elle murmure

- Vous étiez là, professeur. Vous L'avez vu les tuer, et vous n'avez rien fait Même après, quand Il a voulu me tuer, vous n'avez rien fait

- Harry l'heure approche.

"L'heure approche". Cette phrase qu'il avait entendu, si peu de temps auparavant, cette phrase prononcée quatorze ans plus tôt

- NON!

Vide, noir, silence.

- Je ne vais pas me laisser guider par qui que ce soit! Vous avez tous voulu me manipuler, vous m'avez menti, trahi, domestiqué, mais je ne vais obéir à personne! Ma vie n'est pas un paquet de cartes que chacun manipule à son gré!

- Harry

- Comment puis-je vous parler, d'ailleurs? Vous êtes loin d'ici, dans un lit d'hôpital.

- Je l'ignore, Harry. Il semble que tu aies pénétré mon esprit Par le biais de ma Pensine.

- Et vous m'avez menti sur la mort de mes parents! Vous ne m'avez jamais dit que vous aviez tout vu!

- Il est trop tard maintenant, Harry. Retourne-t'en. L'Ennemi est à vos portes.

- Il a déjà pénétré, murmura Harry.

Mais au moment où ces mots s'échappaient de ses lèvres, il fut projeté en arrière. Là où tout n'était que noir et abscence de sensations, des gerbes de lumière explosèrent tout à coup. Puis le bruit revint à son tour, accompagné de sensations sur le corps et la peau de Harry, comme des fourmillements qui remontaient de ses pieds jusqu'à sa tête, jusqu'à sa cicatrice. Enfin, il tomba en arrière dans un arc de cercle au ralenti, et s'écrasa au sol.

Il était dans le bureau de Dumbledore. De retour. La lumière jaune du lustre lui agressait les yeux. La texture lisse et foide du sol lui faisait l'effet de retrouver un corps après des mois de privation sensorielle.

Il lui fallut dix minutes pour retrouver suffisamment de force pour se relever, ramasser ses affaires et sortir du bureau. Avant de partir, il jeta un coup d'il inquiet à la cage de Fumseck, vide. Puis il se revêtit de la cape d'invisibilité et regagna son dortoir en silence.

Il se laissa glisser dans son lit sans même y penser, tant les pensées se bousculaient dans son esprit. Dumbledore, ses parents, la Marque des Ténèbres, la pièce cloîtrée où ils se terraient, Voldemort, sa mère enceinte, les pas, le rire, les pleurs, le vent Tout se mêlait dans une valse effrénée au centre de laquelle lui, Harry, n'avait même plus la force de lutter contre la torpeur grandissante qui le submergeait

Il était dans un petit parc au sol couvert de sable, aux haies bien taillées. Le soleil se couchait à l'Ouest, décorant la terre de ses ombres démesurées. Il était assis sur une balançoire rouillée, en bois, et il attendait.

C'était une toute petite fille, quatre ou cinq ans au plus. Des cheveux souples qui flottaient dans la brise. Des yeux verts, les yeux de sa mère. Un sourire de gamine.

Elle se tenait devant lui, les pieds nus dans le sable, et ses yeux verts étudiaient Harry, et son ombre s'étirait jusqu'aux pieds de Harry.

- Comment tu t'appelles? demanda-t-elle.

- Harry, dit-il tranquillement. Qui es-tu?

- Je suis la petite sur que tu n'as jamais eu, répondit la fillette en venant s'assoir à la balançoire à côté de la sienne.

Elle commença à se balancer, tandis que Harry regardait le disque doré du soleil tomber derrière l'horizon. Soudain, elle sauta dans le sable et se mit à courir:

- Maman!

Il y avait un tourniquet. Vert. Et sur le tourniquet, elle était assise. Ses boucles rousses étaient encore plus longues que quand il l'avait vue, elle se les était laissé pousser. Son beau visage n'avait pas perdu de sa tendresse malgré les années. Il s'illumina alors que la fillette se jetait dans ses bras, et elle la serra contre son cur.

- Maman murmura Harry en s'approchant tout doucement, de peur que le rêve s'évanouisse.

Elle releva la tête et posa son regard sur lui. Il se sentit fondre. Elle était tellement différente de la vision qu'il avait eu d'elle Tellement parfaite idéalisée par le rêve

- Harry murmura-t-elle. Mon fils tu es si beau.

- Maman, où est Papa?

Elle tourna les yeux vers le soleil que venait d'avaler l'horizon.

- Il arrive, dit-elle. Il sera bientôt là.

Le rêve changea. Dans un coin de l'image, Morgane regardait, les bras croisés. Harry mit du temps à s'apercevoir qu'elle pleurait.

- C'était beau, dit-elle en désignant les images de Lily et de la fillette qui s'évanouissaient. Un rêve authentique, pour une fois.

Harry n'avait plus envie de parler. Il y avait une grosse boule dans sa gorge.

Morgane s'essuya distraitement les yeux et se décolla de l'arbre auquel elle était adossée.

- Regarde où tu nous a ramenés, fit-elle en montrant le paysage qui n'avait pas cessé de se transformer autour d'eux.

Ils étaient revenus dans la forêt de grands cerisiers où étaient cachées les clairières de Cho, Hermione et Ginny. Cette forêt où ils avaient si souvent combattu, parmi les pétales de cerisier chutant comme de la neige.

- Ta simulation favorite, fit-elle en étudiant la voûte des arbres d'un air approbateur.

- C'est juste pour tuer le temps, fit Harry sourdement en s'essuyant discrètement les yeux. Tu veux te battre?

- Comme tu veux.

Aussitôt, ils étaient sur des vagues de magie en furie, filant entre les arbres à la vitesse de chevaux au galop, tout en se combattant avec des lames de magie pour désarçonner l'autre. Mais en quelques secondes, Morgane avait jeté Harry à bas de sa monture d'éclairs.

- C'était trop facile! dit-elle en le plaquant au sol avec la pointe de sa lame. C'est quoi le problème, où est ta concentration?

Elle retira sa lame et s'éloigna au pas:

- Peut-être que tu regrettes d'avoir mis le pied sur le pont.

- Peut-être, marmonna Harry en se relevant.

Ils volaient à nouveau, chevauchant leurs montures d'éclairs, filant entre les cerisiers plus vite que la lumière.

- Tout le monde la ressent au moins une fois, dit Morgane sans regarder le garçon. L'envie de retourner à une vie ordinaire. Une vie tranquille loin de tout ça. La vie qu'on avait avant de savoir.

- Même si cette vie n'était qu'une illusion? demanda Harry, intéressé de savoir ce qu'elle avait derrière la tête.

- C'est ironique qu'on puisse être plus en paix dans l'ignorance, fut la réponse de la jeune fille.

Mais la lumière sur laquelle ils filaient venait de prendre la forme de deux chevaux écumants. Et dans un hennissement excité, les deux bêtes jaillirent hors du bois et se précipitèrent vers un gouffre droit devant Morgane ne freina pas sa monture. Harry n'en fit rien non plus. Le bord de la falaise approchait plus que quelques mètres

Les deux chevaux sautèrent au-dessus du gouffre. L'autre bord était à plus de vingt mètres la trajectoire des bêtes s'inclina ils retombaient

Mais non, finalement, ils se réceptionnèrent dans le vide et reprirent leur course comme si une route invisible s'était étirée sous leurs sabots. Harry se pencha pour voir le fond du gouffre. Loin, très loin en contrebas, une rivière où se reflétaient les étoiles de la nuit et, taillés dans la roche, de gigantesques Bouddhas aux visages paisibles Puis les chevaux sautèrent à nouveau et reprirent leur course sur la terre ferme, de l'autre côté du gouffre.

À peine étaient-ils parvenus à cet endroit que le combat reprit, trop rapide pour être assimilé par l'il humain. Ils étaient dans une forêt de bambous, et les lames d'énergie tranchaient les hauts végétaux les uns après les autres tandis que Harry évitait les attaques de Morgane et y ripostait. Tout deux sautèrent à bas de leurs montures sans cesser de combattre. Soudain, elle lui laissa par erreur une ouverture dans laquelle il se précipita. Il posa la pointe de sa lame sur la gorge nue de la fille.

Des bambous sectionnés achevèrent de s'effondrer dans un grincement de structures maltraitées. Les feuilles voletaient doucement jusqu'à terre.

- Tu commences finalement à t'échauffer, dit Morgane sans sourire. Écoute-moi il y a quelque chose dont je dois te parler.

Il affermit sa prise sur sa lame et prit une position plus confortable. Morgane regardait les feuilles de bambou chuter.

- Alors quoi? fit-il comme elle hésitait. Tu vas me demander en mariage?

- Je m'en vais loin de Poudlard, dit elle très sérieusement. Et je voudrais que tu viennes avec moi.

Harry fronça les sourcils. Partir? À quelques jours, quelques heures de la bataille?

- Allez, sois sérieuse, Morgane, dit-il d'un air de doute. Arrête de te moquer.

- Je suis sérieuse et tu le sais. Je pensais vraiment que tu serais avec moi là-dessus Tant pis. C'est fait, et tout a été réglé à présent.

Harry sentit le doute l'envahir. Sa tension sur la lame se durcit, si bien que la pointe s'enfonça légèrement dans la gorge de la fille.

- Qu'est-ce que ça veut dire, tout a été réglé? demanda-t-il durement.

- C'est la seule chose à faire, dit-elle en accentuant chaque syllabe. C'est juste une question d'heures avant que Poudlard soit balayé. Nous n'y pouvons plus rien. Viens avec moi.

- Arrête. Ne me fais pas ça. On ne peut pas

- ON PEUT!

Sa lame avait jailli et tranché celle de Harry; elle tomba à terre avec un tintement, seule la poignée restant dans la main du garçon.

- Je suis revenue à moi, martela Morgane en avançant à pas menaçants. Tu devrais faire pareil.

Harry ne voulait plus en entendre. Il ne voulait plus se battre. Il était physiquement et moralement épuisé, et le choc causé par Morgane le mettait à bout. Dans un dernier tour de passe-passe, il remplaça la forêt de bambous par un grand labyrinthe de parois en papier, et il ferma des portes entre lui et la jeune fille.

- Je me suis engagée parce que je voulais rétablir la paix, continuait à murmurer celle-ci d'un ton menaçant. Mais je me fiche de la paix à présent. Les gens qui meurent n'ont aucune importance. Ce qui est important, c'est comment nous vivons nos vies. Est-ce que tu m'écoutes? Tu sais que j'ai raison.

Elle s'avança vers la porte la plus proche, en bois rouge et constituée de deux battants. Elle les fit coulisser d'un coup. Dans une série de claquements successifs, toutes les portes dans son prolongement s'ouvrirent, révélant un enchaînement de couloirs parfaitement identiques. Elle commença tout doucement à avancer, sa lame effleurant le sol. Harry se tenait hors de vue. Caché.

- Nous ne pouvons pas faire demi-tour, Morgane, tout le combat repose sur nous, lança-t-il.

Il entendait les pas de la jeune fille qui avançait lentement, menaçante.

- Ils n'ont pas besoin de nous.

Harry ferma les yeux. Les images qu'ils avait perçu cette nuit se mêlaient dans sa tête aux paroles qu'il avait échangé avec Dumbledore.

- Morgane murmura-t-il, bouleversé, tandis que lui revenait les mensonges du vieil homme.

- Ils peuvent se débrouiller, continuait la fille en avançant à présent plus rapidement. Crois-moi.

Elle se dirigeait à présent droit vers l'endroit où se cachait Harry. Plus que deux couloirs

- N'ai pas peur de regarder au fond de ton cur. Dis ce que tu ressens vraiment. Dis-moi!

- Je ne peux pas Je ne sais pas! cria-t-il en essayant de refouler la vision de sa mère.

Morgane se précipita vers la porte fermée devant elle et la fracassa d'un coup de lame. Elle poursuivit sa course à travers les couloirs en s'ouvrant un passage dans les murs de papier. Finalement, elle surgit à l'air libre, sous un ciel couleur de sang. Harry l'attendait là, sur le toit d'une pagode chinoise, sa lame fraîchement recrée à la main. Ils échangèrent quelques coups, mais la folie dans les yeux de son adversaire fit reculer Harry. D'un bond démesuré, il sauta sur le toit le plus proche, puis sur un autre. Le vent soulevait sa cape de Sorcier.

- FUIR NE SERVIRA À RIEN! hurla Morgane.

- C'est toi qui fuis! répondit-il en ratant son dernier saut. Il se raccrocha de justesse à une goutière de la main qui ne tenait pas la lame, et se hissa sur le toit de tuiles vernies. Morgane était déjà là, à l'attendre. Elle lança:

- Arrête de faire semblant!

- Assez, Morgane! cria-t-il. J'en ai assez!

Leurs lames se heurtèrent et ils restèrent bloqués, chacun donnant toute sa force physique et magique à faire ployer l'autre. Puis, dans un craquement aigu, la lame de Harry se brisa et il se retrouva avec une portion de sabre de la taille d'un poignard. Il roula de côté pour échapper à son adversaire et s'enfuit à l'autre bout du toit.

- Il n'y a plus de temps, murmura sombrement Morgane. Ils sont en route.

- Tu nous as trahis! Avoue-le! hurla Harry comme un dément.

Une lune démesurée se levait dans le ciel couleur de sang. La distance qui séparait les deux combattants était très grande, mais le garçon n'avait plus qu'un morceau de lame, alors que celle de son adversaire était entière.

- Tu ne m'arrêtera pas, gronda Morgane. C'est ta dernière chance. Le choix n'est pas si dur. Viens avec moi.

Mais Harry avait pris sa décision. Les visages de Ron et d'Hermione s'étaient imposés en surimpression sur celui de Dumbledore.

- Tu peux tout oublier, Morgane! Je n'abandonnerai pas ce combat, c'est impossible!

- C'en est trop dit-elle tout bas. Je suis désolée

Elle se jeta sur lui avec un hurlement démoniaque. L'épée de Harry tomba à terre, et il ouvrit des yeux d'effroi quand il vit la lame se précipiter sur lui. Tout semblait aller au ralenti. Le cri de Morgane ne mourait pas, mais le choc n'avait pas eu lieu. Puis il ferma les yeux et, se fiant entièrement à une pulsion intérieure, il leva les mains devant sa tête et les pressa l'une contre l'autre.

Elles se refermèrent sur la lame de Morgane.

L'onde de choc fit voler en éclat les tuiles sous leurs pieds, se propagea en étoile.

Puis il tordit très fort.

La lame se brisa dans un chuintement.

Elle finissait son mouvement d'attaque. Il passa en-dessous et enfonça le morceau de lame brisée dans le corps de la jeune fille.

La lune luisait dans le ciel d'un rouge sombre. Une goutte se sang s'écrasa sur le toit de tuiles.

Le corps de Morgane gisait sur celui de Harry. Elle avait fermé les yeux. Il voyait la tâche de sang s'étendre sur son t-shirt blanc et vert. Elle

- Je voulais partir avec toi Harry

Elle s'affaissa.

- NON!

La scène vacilla.

Une forêt de cerisiers. Le rêve, mêlé du goût amer du meurtre. la perte d'un être en fin de compte pas si détesté que ça.

Le sang sur les mains

Harry regardait tomber les pétales de cerisier en silence. Ses rêves avaient toujours été peuplés de silence. Ç'avait été un moment de calme, entrecoupé de combats au cur même de la magie.

Depuis combien de temps faisait-il ces rêves? Presque huit mois qu'il ne dormait pratiquement pas les nuits, occupé à améliorer ses techniques de combat. Et toujours en compagnie de Morgane. De Wakewage. De Morgane.

Mais s'il l'avait tuée, en était-il de même dans la réalité?

Il était toujours revenu de ses batailles nocturnes avec des cicatrices réelles. D'un autre côté, Morgane était une élue. Elle était en principe capable de défendre sa vie. Même contre un autre élu.

Mais elle n'avait jamais mentionné de troisième élu. Était-il possible qu'il n'y ait qu'eux deux? Dans ce cas, pourquoi cette distinction entre "une élue" et "l'Élu"?

Et si, au bout du compte, il n'en devait rester qu'un? Serait-ce ce qu'elle avait recherché en le provocant à mort?

Il tomba à genoux et vomit sur la terre couverte de pétales blanc-rosé.

Puis il redressa la tête, parce qu'il lui avait semblé entendre des pas. Il regarda de part et d'autre.

- Tu t'es bien débrouillé, dit-elle en sortant de derrière un arbre au tronc noueux.

- Tu peux m'expliquer ce que ça signifie? demanda-t-il, la gorge sèche.

Elle haussa les épaules en avançant.

- Je m'attendais à ce que tu ais compris. Depuis le temps. Tu devrais savoir qu'aucun de nous ne peut tuer l'autre. Nous sommes de force égale.

- Je t'ai pourtanr enfoncé une lame dans le cur.

- Notre magie permet bien des artifices. Si tu n'as pas encore compris ça, tu n'es pas prêt pour le combat de demain.

- Dem

La voix de Harry s'était éteinte sous le coup de la surprise.

- Tu en es sûre? reprit-il.

- Évidemment. La question, maintenant, c'est si tu te sens de taille à traverser le pont pour de bon. J'entends, Le combattre.

Ça n'exigeait pas de réponse. Il savait qu'il était prêt.

- Le tuer, poursuivit-elle, inflexible.

Avec un peu d'étonnement, il s'aperçut qu'il était prêt pour ça aussi. Depuis longtemps.

- Définitivement, cette fois.

- Morgane À quoi ça rimait, ce combat?

Elle s'assit dans les pétales à ses côtés. Il avait appris à ne plus s'énerver de ses manières mystérieuses. La réponse viendrait.

- Je devais te tester, dit-elle d'une voix soudain plus aussi assurée.

- Pourquoi? demanda-t-il sans animosité, sans douceur non plus.

- Parce que c'est le processus normal.

- Qui l'a instauré?

Contre toute attente, elle sourit largement et murmura d'un ton mutin:

- Moi!

- C'est bien ce que je pensais, fit Harry en contemplant ses mains.

Curieusement, il avait commencé à sourire lui aussi. Il s'efforça de le cacher.

- Alors? ajouta-t-il. C'était faux, tout ça?

- Oui.

- Tu n'as jamais eu l'intention de fuir avant le combat?

- Et toi? lui renvoya-t-elle.

- Devine.

C'était incroyable. Ça marchait tout simplement. Comme si, après tant de mois à la haïr, il avait subitement cessé de se braquer contre elle, sans raison aucune. S'ils l'avaient voulu, il y aurait même pu y avoir une sorte de complicité entre eux, parce qu'ils étaient les deux seules personnes à vraiment comprendre les pouvoirs étranges qu'ils maîtrisaient.

- Si c'est la fin commença le garçon.

Il s'arrêta. Les images de sa mère, de son père, de Dumbledore revenaient à la charge, plus violentes à chaque fois. Il essaya encore une fois de les refouler. C'était plus dur à chaque coup.

- Si c'est la fin, il y a des choses que je voudrais savoir avant qu'on ne s'engage dans le combat.

- Vas-y, fit Morgane. Pose les questions.

- Qui est réellement ton ennemi?

- Lord Voldemort.

- Pourquoi ne peux-tu le tuer toi-même?

Elle ramassa une poignée de pétales et les regarda tomber en pluie de sa main. Puis elle dit:

- Tu te souviens ton premier rêve? Celui où on est retourné dans Durmstrang? On a revu ton duel contre Voldemort.

- Oui.

- Je t'avais montré les auras. Sa faiblesse.

Il ferma les yeux. Les éléments s'assemblaient.

- Donc c'est pour ça que je suis l'Élu et pas toi. Et ensuite? D'où vient notre pouvoir?

- Il est héréditaire, pour toi comme pour moi.

Il rouvrit les yeux et les posa sur ceux de la jeune fille, mais son expression ne laissait rien transparaître. Il demanda:

- Pouquoi veux-tu tuer Voldemort, Morgane?

Son regard se voila. Son sourire s'effaça.

- Parce qu'il m'a fait le pire des présents.

Ses poings s'étaient refermés.

- Lequel? fit Harry.

Morgane regarda au loin.

- La vie, dit-elle.

Le monde entier sembla basculer. Harry bondit sur ses pieds:

- Quoi!

Mais avant même qu'il ait pu comprendre, avant même qu'elle n'ait eu une chance d'expliquer, il sentit une douleur immense au côté droit. Il y porta les mains et les retira pleines de sang.

Il y avait de la surprise dans les yeux de Morgane quand elle se leva pour lui porter secours:

- Harry! Qu'est-ce que

- Toi? souffla-t-il en reculant.

- Je n'y suis pour rien! Bon sang, tu t'effaces Résistes!

Mais déjà la vision de la forêt de cerisiers vacillait. Un mal horrible montait à l'assaut de Harry, tandis que le sang fuyait hors de son corps et que sa tête recommençait à s'enflammer. Le rêve s'attarda sur une dernière vision de Morgane, effrayée et suppliante, puis tout mourut.

Harry se réveilla en hurlant dans son lit, dans un dortoir obscur au cur de Poudlard.

Le sang il y en avait partout sur ses draps Son ventre le faisait terriblement souffrir Presque autant que sa tête.

Il eut tout juste la force de pivoter à temps pour échapper au second coup de couteau. La lame s'enfonça dans le matelas et Harry glissa à terre, empêtré dans les draps et dans l'étau de douleur qui l'enserrait.

Il prit vaguement des dix formes sombres, encagoulées, dont une tenait le couteau et s'apprêtait à frapper à nouveau. Il crut voir les corps étendus de Ron et des autres dans la chambre morts?

Mais déjà, le couteau retombait Cette fois, le coup serait mortel Il ne pouvait plus rien faire La douleur le terrassait

Il y eut un flash de lumière et un grand froid l'envahit. Le coup de couteau ne s'abattit jamais

Malgré l'insupportable douleur, Harry se força à ouvrir les yeux. Dans le parc Il s'était transporté dans le parc La magie commençait à se jouer de lui

Mais elle lui avait sauvé la vie pour cette fois. Il était jusqu'aux genoux dans la neige.

De la neige en avril?

Le sang Il fallait panser sa blessure Mais sa cicatrice lui déchirait le cerveau, lui occultait les sens

Et puis il y eut cette explosion, quelque part du côté de la Forêt Interdite Du côté de la barrière qui défendait Poudlard. Lentement, se découpant en ombres chinoises sur le blanc insensé de la neige, des silhouettes pénétrèrent une à une beaucoup de silhouettes des dizaines, des centaines de silhouettes de toutes formes, de toutes tailles À leur tête marchait un être démoniaque aux yeux flamboyants rouges

Un chien surgit en galopant dans la tempête glacée et saisit Harry par le bras. Il infléchit sa course et se dirigea vers une sorte de fenêtre qui menait vers un ailleurs

Rogue leur tendit la main pour les aider à passer. Malgré toute sa souffrance, Harry prit conscience de sa chute pêle-mêle avec le chien Sirius, en un lieu qui n'en était pas un.

La porte vers l'autre monde se referma sur l'armée de Voldemort qui pénétrait dans Poudlard endormi.

– fin du chapitre 24 –

Hum *l'auteur très, très, très gênée* quoi? C'est pas une fin, ça? Quoi, vous voulez la suite immédiatement? Hum, ça va poser un petit problème C'est qu'il faut l'écrire, la suite, et comme la fin est proche je n'ai plus droit à un plantage! Je dois être ri-gou-reuse! Alors désolée pour le suspence, il va falloir tenir o_O

Des notes en vrac:

* Oui, Epayss a gagné: notre petite Morgane est parfaitement habillée à la mode Chihiro je trouve que toutes les deux se resemblent. Après tout, Chihiro incarne le courage, et même si Morgane aurait très bien pu être à Serpentard, elle a bien mérité sa place à Gryffondor. Il lui en a fallu du courage pour affrontert toute cette histoire toute seule! Je n'en dis pas plus pour l'instant.

* Oh là là, il y a une grosse, grosse, grosse incursion de pompage dans ce chapitre Si vous n'avez rien remarqué, bah tant mieux! Mais bon, j'aime tellement cette Animatrix Je pouvais pas m'empêcher de faire revivre Cis et Duo dans Harry et Morgane. J'ai juste eu à remplacer "Maybe you regret taking the red pill" (peut-être que tu regrettes d'avoir pris la pillule rouge) par "Peut-être que tu regrettes d'avoir mis le pied sur le pont" et "I'm coming abck to the Matrix" (je retourne dans la Matrice, mais là je pense que vous aviez tous compris) par "Je m'en vais loin de Poudlard". Ah oui, et aussi le "I wanted to go back with you I love you" par simplement "Je voulais partir avec toi Harry" parce que franchement, le "je t'aime" aurait été de trop ^_^! Et voilà comment les chef-d'uvre du cinéma d'animation alimentent la frénésie de consommation potterfictienne! (pour toute réclamation vis-à-vis de mon language, consulter le service des programmes scolaires du Ministère français et demander à ce que la géographie arrête de parler de capitalisme de bout en bout. Et en passant, étrangler Géraldine parce que sur ce coup-là elle m'a énervée. Et consulter quelques ouvrages sérieux sur la guerre civile au Rwanda, parce que l'ignorance totale qu'on cultive sur ces sujets-là m'inquiètent terriblement. C'était l'incursion de Ona-qui-devrait-arrêter-d'écouter-les-infos-tous-les-matins-parce-que-ça-l'angoisse. Fin.)

*Je sais plus ce que je voulais dire, à part des tas de remarques sur comment le monde va mal et comment il faut que j'arrête de peur de faire fuir mes lecteurs ah, oui! voilà: donc! Vous avez compris plein de trucs dans ce chapitre et vous êtes tout hystériques parce que vous commencez à comprendre certaines choses? C'est cool. Vous n'avez absolument rien capté et vous vous demandez bien pourquoi vous continuez à suivre cette fic stupide où on a l'impression que l'auteur est tombé dans les points de suspension quand elle était petite? C'est normal, Ona écrit affreusement mal et elle a les idées complètement embrouillées, alors surtout si en sortant de ce chapitre vous avez l'impression que Harry s'appelle en réalité Luke Skywalker et que Morgane est l'héritière de Sauron le Seigneur des Ténèbres, consultez-moi en privé ou laissez-moi une petite review De toute manière, laissez-moi une petite review.

*Si y en a des qui aimeraient bien papoter (comme si c'était pas déjà assez mylife.com ici) je fréquente de manière quotidienne-quoique-mesurée un certain forum d'un certain site qui s'appelle Twwo – si je vous tape l'adresse ff.net la publiera pas, alors autant que vous alliez voir dans google – et puis voilà ^_^

Au fait, message personnel à l'humanité entière: même si je me la raconte à la fin de mes chapitres, ça ne veut pas dire que je n'ai besoin de personne et que votre avis je m'en fiche. En fait, je suis grave en manque de reviews, alors je ne veux pas faire du chantage ou quoi que ce soit, mais franchement si vous êtes venu jusqu'ici Vous pouvez bien me dire ce que vous en avez pensé rapidement en passant, non?

Traduction: plus que trois chapitres pour me faire connaître, alors REVIEWEZ-MOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o` o`