HARRY POTTER ET LE PENDENTIF D'ARGENT
Disclaimer : Tous les personnages de la saga Harry Potter appartiennent à JK. ROWLING.
CHAPITRE 5 – DES BUSE ET PLUS ENCORE…
Tonks était dans le salon, accolé à la cuisine. Elle était mollement assise dans l'un des confortables fauteuils. On entendait Dobby et Winky s'époumoner à nettoyer la salle à manger par la porte entrouverte. L'énergie que mettaient ces deux-là à nettoyer était phénoménale. Fallait-il qu'ils tiennent à Harry pour pousser aussi loin leur amour de la propreté…
Lequel Harry fit son entrée dans le salon, deux tasses de thé à la main. Il en proposa une à Tonks qui le remercia et s'assit dans un des fauteuils à côté d'elle. Il commença à siroter son thé tout en laissant son regard vagabonder sur la pièce. Dire qu'il aimait la demeure de son parrain était peut-être trop. Mais il commençait à s'habituer à ces vieilles pierres. Avec quelques changements dont il ne manquerait pas de s'entretenir avec Dobby et Winky, il serait fier de son premier 'chez lui'. Le premier changement serait bien sûr de décrocher le portrait de la mère de Sirius – que, bizarrement, personne n'avait entendu jusqu'alors – et la tapisserie de la famille Black. C'était un passé que Harry jugeait trop sombre.
S'il observait la pièce en ayant l'air de rien, l'esprit de Harry était tout de même concentré sur une tâche bien précise. Il avait une proposition à faire à Tonks et cherchait avec précision les mots qu'il allait employer.
Il observait également cette dernière du coin de l'œil sans en avoir l'air. Elle était concentrée sur son thé mais jetait, de temps à autres, un regard dans sa direction, les sourcils froncés. 'Elle n'est pas habituée à me voir si calme' se dit Harry. 'L'été dernier, toute la maison a du m'entendre crier sur Ron et Hermione quand je suis arrivé '. Et, effectivement, on voyait bien dans le regard de Tonks que c'était le calme apparent de Harry qui la laissait perplexe.
Elle avait l'air si concentrée qu'elle sursauta légèrement quand Harry se racla la gorge. Il prit ensuite la parole :
- « Tonks ? Quand est-ce que tu as su que tu étais une Métamorphomage ? » demanda Harry de but en blanc.
Visiblement, ce n'était pas une question à laquelle Tonks s'attendait. Peut-être s'imaginait-elle que Harry allait lui parler de Sirius… Croyait-elle que le jeune homme allait se mettre à pleurer ? Harry s'en était certainement promis tout autrement. Il n'avait pas honte de pleurer bien sûr. Il n'avait pas honte d'avouer que Sirius lui manquait et lui manquerait toujours, comme ses parents. Mais, pour l'heure, il y avait du pain sur la planche pour lui. Il y avait les résolutions qu'il s'était juré de tenir. Et quel meilleur moyen de remercier ses amis qui avaient toujours été là pour lui, que de se montrer fort et motivé. L'idée de les protéger était devenue pour Harry le meilleur moyen de les dédommager de l'estime qu'ils lui portaient.
À coup sûr, ce n'était pas une figure pitoyable que Harry avait envie de montrer à Voldemort la prochaine fois qu'ils se rencontreraient…
Tonks prit donc le temps de réfléchir à la question avant de répondre :
- « Je ne sais pas Harry, je n'en suis pas sûre… Je pense que je l'ai toujours été. Pendant ma formation d'Auror, on m'a fait faire des tests et c'est là que je l'ai vraiment découvert » répondit-elle.
- « Comment est-ce qu'on sait si l'on est Métamorphomage ? » Visiblement, Harry était très intéressé par la question et ne laisserait pas Tonks tranquille tant qu'il n'aurait pas eu toutes les réponses à ses demandes.
- « C'est un peu comme les Animagi Harry. Tu sais que l'animal choisit le sorcier ou la sorcière et non le contraire. Tu ne peux pas dire que tu veux être tel animal. Il faut d'abord réfléchir à l'animal qui te caractérise le mieux et voir s'il est compatible avec toi. Peut-être que oui mais parfois non. Les sorciers mettent souvent longtemps à le savoir. Être Métamorphomage, c'est la même chose. Certains le sont, d'autres non sans que l'on sache vraiment pourquoi. Et parmi ceux qui ont cette faculté, tous ne peuvent pas changer leur corps à volonté. Moi par exemple, je ne peux transformer que mon visage. D'autres ne pourront changer que la couleur de leurs yeux. C'est vraiment lié à la personne… »
Les explications de Tonks étaient très intéressantes et donnaient beaucoup à réfléchir à Harry. Cela rendait Tonks d'autant plus perplexe. Elle avait beaucoup de qualité mais, certainement, la curiosité était son plus grand défaut… Elle décida donc d'interroger Harry à son tour :
- « Harry… Pourquoi est-ce que les Métamorphomages t'intéressent tant ? » lui demanda-t-elle.
Il leva les yeux vers elle et, après réflexion, lui dit :
- « Je me demandais si je ne pourrais pas me servir de cette particularité contre Voldemort. J'ai beaucoup réfléchi à tout ça au début des vacances. Sirius par exemple est passé inaperçu pendant des années parce qu'il était sous sa forme d'un chien… Moi aussi, j'ai besoin de tout ce qui peut m'être utile pour lutter. Comment est-ce que je peux savoir si j'ai la faculté d'être un Métamorphomage ou même un Animagus ? » Le ton d'Harry se faisait pressant. Sa voix était pleine de supplique mais aussi pleine de certitude.
Ce n'était décidément plus le jeune garçon que Tonks avait connu l'été d'avant. D'un adolescent troublé, désemparé, il avait gagné en assurance. C'est dans ce genre de considérations que la jeune femme était perdue en réfléchissant à ce que Harry lui avait demandé.
- « Je ne sais pas trop pour tout te dire, Harry. C'est le Comité des Aurors qui m'a annoncé que j'avais ce don pendant ma formation. J'en étais un peu surprise mais ma mère et ma grand-mère l'étaient aussi. Est-ce qu'il t'es déjà arrivé en te concentrant de changer une partie de toi ? »
Le jeune homme réfléchit longuement avant de répondre. Il termina sa tasse de thé, la reposa sur la table basse qui leur faisait face et se tourna vers Tonks.
- « Oui je pense. Quand j'étais petit, la tante Pétunia voulait toujours me couper les cheveux pour que je paraisse plus 'normal'. Mais la nuit qui suivait, je rêvais tellement fort que mes cheveux n'avaient pas été coupés que, quand je me réveillais, c'est comme si rien n'avait été fait. Ça l'a toujours mis dans une colère noire ». Il termina sa phrase en riant, repensant au visage fermé et violacé de sa tante lorsqu'elle le voyait se lever, les cheveux naturellement en désordre et ses efforts réduits à néant.
Le visage de Tonks s'éclaira un peu. C'était le signe immanquable que Harry avait vu juste en pensant à ses cheveux. Elle reprit la conversation sur un ton enjoué :
- « C'est plutôt encourageant tu sais. Moi ce sont mes yeux qui m'avaient donnés le premier indice » turluta-t-elle.
- « Vous m'entraînerez alors ? » Était-ce vraiment une question ? Tonks n'en était pas vraiment sûre. Harry lui avait proposé ça sur un ton d'homme d'affaires, convaincu de son fait, et qui ne se laisserait pas dire non. S'il entrevoyait la difficulté de devenir Métamorphomage ou Animagus, il n'en laissait assurément rien paraître. Cela ébranla les convictions de Tonks qui lui répondit :
- « J'essaierai Harry mais je ne peux vraiment rien te promettre pour l'instant. C'est quelque chose d'assez compliqué. Je pense aussi qu'il nous faudra demander l'autorisation à Dumbledore. Même si tu as ta propre maison, tu restes un élève de Poudlard et quelqu'un qui, aux yeux du Ministère, n'est pas en âge de pratiquer une magie aussi avancée… » Tonks termina dans un murmure. Elle avait un peu peur de mettre Harry en colère et puis surtout, elle trouvait l'idée très bonne au fond d'elle-même.
Les temps étaient assez troublés pour que chacun ait le droit de faire tous les efforts possibles. C'est une deuxième guerre qui commence songea la jeune femme. En tant qu'Auror, elle trouvait ça par ailleurs très bien que Harry s'intéresse à sa protection et à celle des gens qu'il aimait.
Néanmoins, les consignes étaient claires. Dumbledore n'était pas contre le fait que Harry se forge des armes utiles mais il voulait lui épargner la souffrance autant que possible. Tonks se l'était entendu répéter maintes et maintes fois, assez pour le savoir par cœur.
Quand elle-même était sortie de Poudlard, elle avait alors deux ans de plus que Harry maintenant. Sa formation d'Auror, elle l'avait trouvée dure et elle avait été acceptée de peu. Certes, sa maladresse naturelle y était pour beaucoup mais Harry, à moins de 16 ans, y arriverait-il ?
Elle regarda Harry avec appréhension mais celui-ci n'avait pas l'air décidé du tout à élever la voix contre elle. Au contraire, il la regardait courtoisement et avait la mine décidée.
'Puisqu'il faut demander à Dumbledore, autant le faire. Je ne vois pas ce qu'il y aurait à objecter à cette demande. Tout effort contre Voldemort est le bienvenu, non ? Ce n'est pas comme si je demandais la permission de sortir du château après minuit ou quoi que ce soit…' Ainsi s'occupaient les pensées de Harry. Et il y avait une sorte de finalité dans son esprit. C'était comme ça qu'il voyait les choses et il en convaincrait quiconque le trouverait trop jeune pour prendre son destin en main.
La conversation achevée, Tonks et Harry se levèrent pour vaquer à leurs occupations. Ils avaient passé deux bonnes heures à échanger sur la vie d'un Métamorphomage. Harry se promit de mettre à profit cet enseignement et demanda à Tonks de prévenir Dumbledore. Il monta ensuite dans sa chambre.
Il comptait s'allonger quelques minutes, peut-être ouvrir un des livres de Défense contre les Forces du Mal ou regarder ce qui avait été entreposé dans la malle de Sirius… Mais le destin en décida autrement.
Sur sa fenêtre reposait un hibou on ne peut plus officiel. L'air hautain du hibou semblait annoncer sa mission avant même que Harry eut à retirer la lettre de sa patte. Il le fit néanmoins… avec une certaine appréhension.
La lettre contenait le résultat de ses BUSE. Harry ne l'avait pas encore décachetée mais il en était sûr d'avance. Il lui suffisait pour cela de constater la boule qu'il avait dans la gorge et sa bouche, subitement devenue très sèche. Il libéra donc le hibou de son fardeau et l'invita à occuper la cage d'Hedwige.
Harry s'assit sur son lit. Ses résolutions semblaient tout à coup beaucoup moins évidentes. Certainement, même si elle en était angoissée, Hermione n'aurait pas à faire face à d'éventuels mauvais résultats. Mauvais résultats et Hermione n'avaient jamais été placés dans la même phrase et ce ne serait sans doute jamais le cas. 'Mais moi…' se dit Harry '… c'est tout autre chose'.
Bon gré mal gré, il décacheta l'enveloppe et en retira deux parchemins. Ce geste si anodin fut pour lui un calvaire immense. On aurait dit qu'on lui avait demandé de mettre sa main en toute confiance dans la gueule d'un Scroutt à Pétard. Le premier parchemin détaillait, comme il l'avait redouté, le résultat de ses BUSE. On y lisait :
Ministère de la Magie
Service des Examens et Concours Magiques
Wilhelma Marchebank
Monsieur Potter,
Vous voudrez bien trouver ci-joint les résultats de vos Brevets Universels de Sorcellerie Élémentaire (BUSE) qui sanctionnent vos cinq premières années d'études.
Je vous rappelle que la note s'étale sur une échelle graduée de M à O : M (Médiocre), P (Passable), A (Acceptable), E (Effort Exceptionnel) et O (Optimal). Pour être reçu dans une matière et obtenir une BUSE, il vous faut au minimum un A.
Épreuve de Sortilèges – Théorie : E – Pratique : O – Résultat : 2 BUSE obtenues.
Épreuve de Métamorphose – Théorie : E – Pratique : O – Résultat : 2 BUSE obtenues.
Épreuve de Botanique – Théorie : A – Pratique : E – Résultat : 2 BUSE obtenues.
Épreuve de Défense contre les Forces du Mal – Théorie : O – Pratique : O et O – Résultat : 3 BUSE obtenues.
Épreuve de Potions – Théorie : E – Pratique : O – Résultat : 2 BUSE obtenues.
Épreuve de Soins aux Créatures Magiques – Théorie : E – Pratique : O – Résultat : 2 BUSE obtenues.
Épreuve d'Astronomie – Théorie : P – Pratique : P – Résultat : Aucune BUSE obtenue.
Épreuve de Divination – Théorie : P – Pratique : M – Résultat : Aucune BUSE obtenue.
Épreuve théorique d'Histoire de la Magie : P – Résultat : Aucune BUSE obtenue.
TOTAL : 13 BUSE obtenues.
Vous voudrez bien noter que l'épreuve pratique d'Astronomie a été réévaluée d'un point au vu des incidents qui l'ont écourtée. Par ailleurs, sur recommandation du professeur Tofty, une BUSE spéciale vous a été accordée en épreuve pratique de Défense contre les Forces du Mal, ce qui porte le total de vos BUSE à 13.
Avec toutes nos félicitations,
Wilhelma Marchebank
Harry dut s'y reprendre à trois fois pour être sûr d'avoir bien compris ce qu'il avait lu. 13 BUSE était un résultat qu'il n'osait sûrement pas espérer. 13 BUSE, c'était battre le record établi par Percy et Bill Weasley qui n'en avaient obtenus que 12. Et sur le coup, Harry se sentait prêt à devenir aussi pompeux que Percy pour commenter ses résultats.
Il se ressaisit néanmoins en pensant à ce qu'était devenu Percy au contact du Ministère. Passer ses journées avec Fudge n'était vraiment pas un plaisir auquel Harry aspirait. 'Et apparemment ça rend bête' renchérit-il en se rappelant Percy et la lettre qu'il avait envoyé à Ron l'année passée pour le mettre en garde contre Dumbledore et Harry.
C'était néanmoins l'esprit bien gai et en sifflotant qu'il sortit de sa chambre pour aller dîner. Avant de se rappeler qu'il avait toujours ses résultats de BUSE en main et qu'il n'avait même pas lu le deuxième parchemin contenu dans la lettre. Souriant de sa joyeuse distraction, il retourna s'asseoir dans sa chambre pour parcourir le deuxième courrier, émanant de Poudlard.
Poudlard
École de Sorcellerie
Direction : Albus Dumbledore
Monsieur Potter,
Vous trouverez avec ce courrier les résultats de vos BUSE (Brevets Universels de Sorcellerie Élémentaire). En souhaitant qu'ils soient à la hauteur de vos attentes, nous vous rappelons qu'il vous faut choisir les quatre matières que vous conserverez pour l'étude de vos ASPIC (Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intense et Contraignante) ainsi qu'au moins une matière optionnelle.
Si vous envisagez toujours la carrière d'Auror, les matières que vous aurez à conserver sont les Sortilèges, la Métamorphose, les Potions et la Défense contre les Forces du Mal.
Les livres à acquérir pour ces matières sont les suivants :
- Le Livre des Sorts et Enchantements niveau 6 par Miranda Fauconnette.
- Transformations et Métamorphoses utiles par Annie Magus.
- 1001 Potions à savoir préparer pour les ASPIC par Alastor Chaudronbouillant.
- Les Forces du Mal et comment les combattre par Abelforth Sortilus.
En vous remerciant de nous faire parvenir le plus rapidement possible vos souhaits.
Minerva McGonagall
Directrice-Adjointe de Poudlard et Directrice de Gryffondor.
Harry envisageait effectivement toujours de devenir Auror. À vrai dire, c'était plus une nécessité qu'un choix. Il aimait beaucoup la Défense contre les Forces du Mal certes. Après avoir passé onze ans coupé du monde des sorciers, sans même savoir qu'il en était un, apprendre à lancer des sorts, sentir la puissance des mots quand il invoquait un sortilège était toujours pour lui une sensation forte. Être un sorcier, c'était vraiment ce qui lui était arrivé de mieux jusque là. Il avait rencontré des gens uniques, dont deux étaient devenus ses meilleurs amis.
Mais ces amis, ces gens qu'il admirait et qu'il aimait, il fallait les défendre, les protéger pour qu'ils continuent à vivre. C'est pourquoi la carrière d'Auror l'intéressait d'abord. Il se serait tout autant vu faire du Quidditch plus tard – la sensation de voler était pour lui quelque chose de très fort – ou même enseigner. Après tout, il avait aimé aider ses camarades pendant les réunions de l'AD, l'Armée de Dumbledore, l'an passé. C'était une occasion où il s'était senti très utile. Plus en tous cas que lorsqu'il s'était retrouvé coincé à Privet Drive l'été dernier.
Il répondit donc à McGonagall en lui confirmant qu'il prendrait bien les quatre matières pour devenir Auror et qu'il prendrait en matière optionnelle les Soins aux Créatures Magiques. Certainement, il savait qu'il prenait un risque. Les créatures qu'Hagrid leur montrait en classe ou qu'il considérait comme d'admirables animaux de compagnie n'étaient pas du genre que l'on aimerait caresser le soir au coin du feu. Mais Hagrid était son ami, un grand ami, avec un cœur gros comme ça et Harry avait envie de passer du temps avec lui… Du moment qu'il n'y avait pas de visite à Graup, le 'petit' frère de Hagrid, trop souvent.
Harry pensa indiquer à McGonagall qu'il aimerait suivre un entraînement pour devenir Animagus mais se ravisa. Il lui en parlerait de vive voix, à elle ou à Dumbledore. Qui sait ce que Hedwige pouvait rencontrer en chemin et qui pouvait lire son courrier. 'Vigilance constante' tira de nouveau un sourire à Harry alors qu'il allait dîner.
Le reste de la semaine se passa plutôt normalement. Harry s'était forgé un nouvel emploi du temps avec grand plaisir. Il n'avait plus à subir les infâmes remarques des Dursley et Merlin seul sait à quel point Harry en était heureux. Avoir son 'chez soi' lui permettait d'être libre de ses mouvements et de ses envies. Il ne se priva donc pas pour mettre en œuvre ses résolutions librement.
Ses matinées consistaient tantôt à s'entretenir, tantôt à lire. Lorsqu'il faisait beau, Harry retrouvait avec plaisir son Éclair de Feu et allait voler quelques heures dans la cour derrière la maison. Maugrey lui avait appris le sortilège de désillusion, ce qui lui permettait de passer inaperçu aux yeux de ses voisins moldus. Lorsque le temps ne le permettait pas, il dévorait les livres de la bibliothèque de sa chambre. Il eut bientôt lu une quinzaine d'ouvrages sur les Forces du Mal et appris des sortilèges qu'on ne voyait qu'en dernière année à Poudlard, voire pas du tout. L'ancienne magie le passionnait. Il avait appris à lire vite et à concentrer son esprit pour se fermer au monde extérieur lorsqu'il lisait. Tonks et Lupin, qui connaissaient sa nouvelle passion, ne s'inquiétaient donc pas quand ils ne voyaient pas descendre Harry pour le déjeuner. Celui-ci s'entraînait également à pratiquer les sorts qu'il assimilait. Il disposait pour cela du grenier, où s'était souvent réfugié Sirius l'an passé. Les vieux objets et cartons qui traînaient là faisaient d'excellentes cibles.
L'après-midi, il passait du temps à discuter avec Lupin et Tonks, qu'il apprenait à mieux connaître. Lupin lui parlait souvent de ses parents, lui racontait des anecdotes sur leurs escapades nocturnes lorsqu'ils étaient à Poudlard. Harry riait beaucoup des histoires de Lupin, qui ressemblaient assez à ce qu'il vivait tous les ans avec Ron et Hermione.
- « Il faut croire que certaines dynasties de sorciers sont venus au monde pour le déplaisir de Rusard et de Miss Teigne » lui déclara un jour Lupin en concluant un nouveau récit.
Tonks, elle, parlait abondamment de sa jeunesse dans le monde des sorciers. Harry l'écoutait avec attention, lui redemandant sans cesse des détails. Il était avide de savoir ce que c'était que de grandir au contact de la magie et comment elle se déclarait chez un enfant.
De fil en aiguille, il arrivait donc à parfaire sa vision de la sorcellerie. Quand il n'était pas avec Tonks ou Lupin, il passait de longs moments à écrire à Ron ou à Hermione. Leur correspondance à tous trois était quotidienne. Ils parlaient de tout et de rien, de leurs vacances, qui au Terrier, qui en France avec ses parents, qui au Square Grimmaurd. Harry avait encouragé Hermione à partir en vacances. Elle n'y tenait pas du tout, elle hésitait à s'éloigner de Harry (… ou de Ron rajoutait-elle après coup dans ses lettres) 'au cas où il arriverait quelque chose' mais le garçon n'avait rien voulu savoir. Il était en parfaite sécurité avec tous les sorts de protection sur la maison, qui plus est très actif, et voulait que Hermione se détende. La blessure que lui avait infligée Dolohov avait cicatrisé, aucune raison donc de rester enfermée.
Leur correspondance les avait encore rapprochés tous les trois, si cela était possible. Harry parlait beaucoup plus à ses amis, surtout à Hermione. Elle semblait le comprendre à mi-mot, même lorsqu'il avait du mal à exprimer ce qu'il pensait dans ses lettres. Cela ne lassa pas d'intriguer et d'émerveiller Harry. Il pensait Hermione très préoccupée par les livres, il constatait que cela ne l'empêchait pas de s'interroger sur sa vie, et de lui consacrer du temps à lui. Dire qu'il en était reconnaissant est beaucoup trop peu. Il lui faisait confiance avec sa vie.
Et elle aussi lui faisait confiance. Elle avait commencé à lui parler de tous ses sentiments personnels. De sa manière de voir le monde et les choses qui l'entourent, de ses complexes parfois par rapport aux autres filles, de sa tristesse de n'être considérée souvent que comme une intello ou une rat-de-bibliothèque. Une telle spontanéité, une telle honnêteté touchait énormément Harry. Il lui parlait de ses parents, de Sirius, de ses moments joyeux – comme lorsqu'il avait appris qu'il serait un sorcier ou qu'il avait commencé à voler – et de ses moments plus triste – le cimetière et la mort de Cédric, la vieille arcade au Ministère… Hermione lisait sans se récrier, consolait parfois, expliquait souvent. Et ainsi, jour après jour, lettre après lettre, ils se découvraient et construisaient une amitié sans faille. Ils aimaient tous deux Ron, très fort, et auraient tout sacrifié pour son bonheur. Mais le cœur parle au cœur et l'âme parle à l'âme. Leurs confidences n'étaient pas des choses qui intéressaient Ron au sens propre. Il n'était pas obtus mais n'était pas quelqu'un vers qui on se tournerait pour ouvrir son esprit le plus secret. Et c'est surtout cette maturité de l'âme que Harry et Hermione commençaient à aimer l'un chez l'autre…
Enfin, quand Harry ne conversait pas avec Ron et Hermione, il passait le temps libre qui lui restait à s'occuper de la maison. Souvent, il s'entretenait avec Dobby et Winky qui se seraient tués pour obéir à Harry. La preuve en avait été donnée l'un des jours précédents. Harry avait appelé Dobby et Winky pour leur expliquer les changements qu'il envisageait d'apporter à la maison, écouter leur opinion sur le sujet et savoir si tous ces travaux leur semblaient envisageables.
Les deux elfes avaient échangé un regard gêné et Dobby avait pris la parole.
- « Harry Potter Monsieur, Dobby et Winky servent Harry Potter mais notre magie est limitée si nous ne sommes pas liés au sorcier que nous servons. »
- « Liés à moi ? Comment ça Dobby » lui demanda Harry.
- « Quand un elfe est lié à un maître et à une famille, sa magie est plus forte. Nous avons choisi de travailler pour Harry Potter mais s'il ne nous lie pas à lui, notre magie sera réduite Monsieur. »
Harry leur demanda donc si c'était leur souhait d'être lié à lui. Un moment, il cru que les deux elfes allaient se décrocher la tête du cou tant leurs hochements étaient frénétiques. Il leur demanda également comment s'opérait le processus et leur expliqua que cela ne changerait rien à ses précédentes demandes.
- « Je souhaite que vous m'appeliez Harry, tout simplement, et pas Maître ou Monsieur. Vous êtes mes amis et non mes serviteurs. Même s'il y a beaucoup à faire dans la maison, n'hésitez pas à prendre du temps pour vous. Et, enfin, quoi que vous fassiez, interdiction de vous punir. Venez me trouver plutôt et nous en discuterons ensemble. »
Si les deux elfes avaient pu rougir, ils l'auraient certainement fait devant tant de sollicitude. Jamais un sorcier ne leur avait parlé ainsi, comme à des égaux. Harry leur apposa sa baguette magique sur le front et, récitant la formule magique que Dobby lui avait indiqué, les lia à lui et à la demeure. Un doux halo de chaleur, accompagné d'une vive lumière blanche se répandit successivement entre eux, donnant à Harry le sentiment d'avoir créé un premier semblant de famille. Plus encore que l'affection des deux elfes, c'est cette pensée qui mit du baume au cœur du jeune sorcier.
Ensemble, ils décorèrent ce qu'Harry ne trouvait pas à son goût. Et Dobby avait fait un grand plaisir à Harry : grâce à sa magie d'elfe, rendue plus forte par leur serment respectif, il avait réussi à décoller du mur le portrait de la mère de Sirius et la tapisserie de la famille Black (ou du moins des membres qui en semblaient dignes). Ces deux reliques avaient fini en un feu de joie dans la cour derrière la maison, en compagnie des têtes d'elfes décapités que Harry ne jugeait pas à leur place dans l'escalier.
La vieille Madame Black avait hurlé de toute sa voix jusqu'à s'être totalement consumée. Les insultes avaient plu sur tous les gens qu'elle détestait avant de maudire en son dernier souffle tous les 'sang de bourbe'… Harry était ensuite rentré dans la maison la tête haute, le sens du devoir accompli.
Si Sirius n'était pas mort de son plein gré, s'il était mort comme un paria échappé d'Azkaban, au moins une partie de son honneur était-elle sauve et vengée…
Et Harry comptait bien découvrir finalement ce que recelait la malle de Sirius…
Note à tous mes reviewers : Lorsque je lis des fics d'habitude, j'ai horreur de voir les trois quarts d'un chapitre consacré aux remerciements. Et je m'étais promis de ne pas le faire. Mais, reconnaissons-le, vous êtes tous adorables. Vos gentils mots me font plaisir et je veux que vous le sachiez encore et encore. Merci et Merci. Harry Potter reviendra très bientôt dans le Chapitre 6 – Où l'on reparle d'un pendentif…
