HARRY POTTER ET LE PENDENTIF D'ARGENT
Disclaimer : Tous les personnages de la saga Harry Potter appartiennent à JK. ROWLING.
CHAPITRE 8 – BALLADE SUR LE CHEMIN DE TRAVERSE…
Cela faisait plus de trente secondes maintenant que Hermione et Harry étaient allongés, l'un sur l'autre, sur le tapis du salon du Square Grimmaurd. Trente secondes qu'inexorablement leurs têtes et leurs lèvres se rapprochaient. Rien ne semblait devoir les éloigner l'un de l'autre. Toute pensée consciente, toute résolution avait fui leur esprit. Ils étaient d'une certaine manière tellement intoxiqués l'un par l'autre que le monde extérieur s'était fondu en un voile flou. Néanmoins, une braise craqua dans l'âtre de la cheminée plus fort que les autres et soudain l'ambiance magique qui s'était installée entre les deux adolescents était partie.
Harry et Hermione réalisèrent en même temps que dans les prunelles de l'autre, un voile terne de culpabilité et de gêne s'était installé au lieu de l'étincelle qui s'y trouvait quelques fractions de secondes auparavant. Une étincelle mystérieuse que ni l'un ni l'autre ne savaient vraiment analyser. Chacun y voyait quelque chose de plaisant, mais quelque chose qu'ils avaient tous les deux peut-être aussi un peu peur de définir.
En un instant ils étaient debout, les joues roses et fermement décidés à ne pas se regarder l'un l'autre dans les yeux. Un silence inconfortable appesantit l'atmosphère quelques temps avant qu'Harry ne se résolve à prendre la parole, la bouche sèche et la voix vibrante :
- « Excuse-moi Hermione, j'aurais du regarder où je mettais les pieds… Je ne t'ai pas fait mal j'espère » lui demanda le garçon.
- « Non tout va bien Harry, c'est ma faute. Je sais bien que tu détestes les chatouilles » répondit Hermione avec ce même chevrotement dans la voix, un minuscule sourire d'excuse accroché aux lèvres.
Harry avait toujours détesté les chatouilles. Elles lui faisaient perdre tous ses moyens et partir dans d'inextinguibles fou-rires. Hermione le savait bien sûr et s'en était souvent étonnée. Elle trouvait cela curieux et ironique que le célèbre Harry Potter, de nombreuses fois vainqueur de Voldemort, soit paralysé par une attaque de chatouilles. Harry, lui, commençait à ne pas trouver si odieuses que ça les batailles avec sa meilleure amie. Certainement, Hermione se trouvait fort près à chaque fois qu'elle tentait de le faire rire aux éclats mais c'était une sensation qui était loin d'être déplaisante. Chaque fois que leur peau s'effleurait, le corps du jeune homme semblait parcouru de douces décharges électriques, hérissant ses poils d'une chaleur inhabituelle qui se perdait du côté de sa colonne vertébrale.
Le silence retomba encore quelques brefs instants entre les deux adolescents mais la gêne semblait à peu près envolée. Leur visage avait retrouvé une teinte plus décente, ce dont ils étaient reconnaissants. Et surpris à la fois que l'autre éveille en eux une si étrange sensation. Ils avaient jusqu'alors, au fil des années, été très proches sans qu'aucun incident de ce type ne les rende si timides et si maladroits. Cette nouvelle donne devenait assez confuse pour les deux adolescents qui ne savaient plus exactement quoi penser. Ce n'était guère le genre de sentiments qu'ils avaient coutume de partager.
Hermione reprit la parole doucement, levant pour la première fois les yeux vers Harry. Son visage se voulait le plus neutre possible mais on distinguait ça et là dans ses expressions une petite pointe de nervosité timide.
- « Harry, je pense que nous devrions retourner nous coucher si nous voulons être en forme demain pour aller sur le Chemin de Traverse ».
Lequel Harry opina humblement et suivit Hermione qui le précédait vers l'escalier. Ils montèrent les marches dans un silence religieux. Hermione ouvrit la porte de sa chambre et s'apprêtait à y entrer lorsqu'elle sembla se raviser. Elle se dirigea vers Harry, qui lui-même allait se coucher, l'embrassa sur la joue et lui souhaita une bonne nuit. Quelques secondes plus tard, elle refermait la porte de sa chambre, laissant son meilleur ami largement désemparé mais certainement assez heureux.
Une nouvelle fois, c'est l'image d'Hermione qui flottait devant les yeux d'Harry lorsqu'il s'endormit, l'esprit léger et la joue brûlante comme si l'on y avait apposé un fer porté au rouge. Nulle douleur à regretter néanmoins, c'était plutôt un sentiment d'apaisement qui l'endormit. Longtemps, tandis qu'il s'enfonçait dans un sommeil béat, sa main caressa l'exact endroit où elle avait posé les lèvres quelques temps auparavant.
Hermione, elle, une fois retirée dans sa chambre, ne put se résoudre à dormir tout de suite. Son esprit logique refusait de la laisser en paix tant qu'elle n'aurait pas fait une analyse logique et exhaustive de la situation. Hermione n'était pas une personne à laisser une tracasserie sans réponse bien longtemps. Bien sûr, elle savait qu'au fond d'elle-même elle avait toujours eu un faible pour Harry. Depuis la première fois qu'elle l'avait aperçu dans le train, elle avait pris conscience qu'il jouerait un grand rôle dans sa vie. Mais elle avait rapidement mis cette pensée sur le compte d'une forte amitié. C'était une pensée dont elle s'était satisfaite de nombreuses années. Jusqu'à ce qu'elle se fasse vraiment du souci pour lui, jusqu'à lui consacrer chaque minute de réflexion.
Et en le revoyant, en examinant son corps qui s'était développé durant le début de l'été, le prétexte récurrent de l'amitié avait faibli devant une autre pensée : l'attirance physique qu'elle avait désormais pour lui. Chaque centimètre de son corps provoquait chez elle une étrange alchimie. Lorsqu'elle s'était retrouvée sur lui quelques minutes avant, elle avait senti une boule se former dans son estomac et était finalement ravie d'être allongée, sans quoi ses genoux auraient sûrement cédés. Cette boule au ventre, pour toutes les sensations qu'elle procurait, devenait certainement contenir des dizaines de papillons soucieux de s'échapper. Mais plus les minutes passaient à penser à Harry et plus Hermione se sentait confuse et découragée. Pour une fois dans sa vie, les livres ne lui étaient d'aucun secours face à ce problème, ce qu'elle regrettait toujours en s'endormant de fatigue quelques heures avant l'aube.
Le lendemain matin, il semblait qu'Harry soit le premier réveillé. Il était encore un peu fatigué de la nuit précédente lorsqu'il ouvrit les yeux. Le réveil marquait 7h30. Il prit une douche, s'habilla et descendit pour voir si quelqu'un préparait le petit-déjeuner ou s'il pouvait aider. Il s'interrompit avant d'entrer dans la cuisine, entendant à l'intérieur de la pièce deux voix se chuchoter l'une à l'autre :
- « Arthur, je ne sais pas comment nous allons pouvoir payer pour les affaires scolaires de Ron et de Ginny, tu n'as toujours pas reçu ta paye du Ministère. Il nous reste à peine quelques dizaines de mornilles pour vivre ce mois-ci ».
- « Voyons Molly, il y a sûrement une solution. Je ne pense pas que les boutiques du Chemin de Traverse refuseraient de faire crédit pour quelques jours à un employé du Ministère » répondit l'autre voix calmement, quoique visiblement ennuyée par le constat.
Harry était juste derrière la porte entrouverte. Il savait bien qu'il n'aurait pas du tendre l'oreille pour écouter ce que se disaient les parents de Ron et de Ginny. Mais non seulement la curiosité, mais aussi le début de la conversation avaient retenus son attention. Il savait bien sûr que les Weasley n'avaient jamais été des gens riches mais de là à imaginer qu'ils aient à peine de quoi finir le mois, Harry en fut attristé. Il était de notoriété publique que la famille de Ron était en grande précarité et, d'ailleurs, Malefoy ne manquait aucune occasion de le rappeler bruyamment avec force moues de dégoût.
Harry se sentit brusquement à la fois très gêné et très coupable. Il n'avait jamais connu la pauvreté et son coffre à Gringotts recelait même bien plus que la famille Weasley ne pourrait jamais l'imaginer. Et pourtant ils avaient la pudeur de ne jamais en parler ou demander de l'aide. Harry savait bien qu'ils considèreraient que c'était demander la charité que d'étaler sur la place publique leur situation. Il fallait à tout prix qu'il trouve une solution pour que les Weasley n'aient plus à subir cette misère.
S'il y avait au monde une famille qui, plus que tout, méritait de connaître le bonheur de ne pas avoir à s'inquiéter d'argent, c'était bien les Weasley dans l'opinion de Harry. Jamais ils ne l'avaient envié, jamais ils ne l'avaient mis de côté. Ils avaient fait bien plus que ça et accepté dans leurs rangs le jeune homme, sans s'inquiéter des conséquences néfastes que cela pourrait avoir, aussi bien sur leur sécurité que sur leurs finances, avec une bouche de plus à nourrir. Par pure générosité. Ce pourquoi Harry leur vouerait toujours une reconnaissance et une affection sans bornes.
Une idée lui traversa l'esprit alors qu'il réfléchissait à ses moyens d'action. Subrepticement, il remonta dans sa chambre, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas ajouter à la gêne de Molly et d'Arthur Weasley l'humiliation de se savoir entendus par Harry en si fâcheuse conversation. Une fois rendu dans sa chambre, il prit sur son bureau sa plume et un parchemin et écrivit une courte lettre qu'il confia rapidement à Hedwige.
- « Dépêches-toi s'il te plaît Hedwige, c'est très important, ce courrier doit être à Gringotts avant que nous allions sur le Chemin de Traverse » lui murmura Harry. Elle hocha la tête dans un faible hululement, faisant mine qu'elle avait compris l'urgence de la situation, et s'engouffra par la fenêtre ouverte pour filer à tire d'ailes.
Satisfait de son plan concocté dans l'urgence, Harry put ressortir de sa chambre et retourner avaler le petit-déjeuner. Il prit soin d'être assez bruyant dans les escaliers afin de ne pas déranger une certaine conversation qui pourrait encore se tenir dans la cuisine. Satisfait de voir qu'aucune discussion feutrée n'émanait plus de cette dernière, il poussa la porte, salua Monsieur et Madame Weasley d'un grand sourire et alla chercher sur la cuisinière les œufs qui finissaient d'y cuire. Molly et Arthur lui retournèrent son sourire. Ils avaient tous deux l'air préoccupés mais ne dirent mot de leur problème à Harry.
Lequel s'assit à table et commença à manger, pour être rejoint quelques minutes plus tard par un Ron décidément bougon ainsi que Ginny et Hermione qui discutaient à voix basse en ricanant. La conversation s'éteignit dès qu'elles s'assirent à table. Hermione eut l'air gêné deux secondes puis afficha un petit sourire à Harry et fit mine que rien ne s'était passé la nuit précédente.
Ron par contre se plaignit de 'l'imbécile qui avait réveillé toute la maison en descendant les escaliers comme un éléphant à une heure où toute personne normale dormirait encore', ce qui provoqua le rire de toute l'assemblée. Ron était connu pour ses deux plus grandes passions dans la vie : son sommeil et son estomac. Fred et George ne parurent pas au petit déjeuner, ce dont personne ne s'étonna. Les deux jumeaux Weasley passaient en effet tout leur temps à préparer l'ouverture de leur magasin, qui devait avoir lieu peu avant la rentrée scolaire. Ils avaient trouvé un local au 93 Chemin de Traverse et s'affairaient à revoir leurs produits, stocker divers ingrédients, préparer leur installation et bien d'autres tracasseries commerciales.
Le petit déjeuner se déroula agréablement. Ron, au fil des assiettes, retrouvait peu à peu sa bonne humeur et tout le monde finit par aller se préparer à la visite sur le Chemin de Traverse. Une fois que tout le monde fut paré et rassemblé dans le salon, il était 10h et il fût décidé qu'ils se rendraient là-bas par le réseau de cheminées. Tonks et Maugrey les accompagneraient pour assurer leur sécurité. Un à un, ils passèrent donc dans l'âtre pour se rendre au Chaudron Baveur. Tonks fut la première à partir en avant, suivie d'Hermione, Ron, Ginny et Molly Weasley. Harry fut l'avant dernier, alors que Maugrey fermait la marche pour couvrir les arrières du groupe. Heureusement, sur demande de Dumbledore, la cheminée du Square Grimmaurd avait été spécialement sécurisée par le Ministère afin qu'aucun intrus n'en remarque les allées et venues.
La poudre de cheminette était décidément le moyen de transport qu'Harry aimait le moins. Il se souvint avec appréhension de son arrivée par erreur chez Barjow et Beurk en seconde année. Mais il avait peu à peu appris à maîtriser le déplacement par cheminées et c'est sans trop d'encombres qu'il se retrouva parmi les Weasley dans le pub qu'il connaissait bien.
Après que Maugrey les eut rejoints, ils décidèrent de passer par Gringotts pour retirer de l'argent afin d'acheter leurs fournitures scolaires. Il était convenu qu'Harry irait avec Madame Weasley et Hermione, qui devait changer de l'argent moldu que lui avaient donné ses parents, pendant que le reste de la troupe repérerait ce dont ils auraient besoin. Maugrey accompagna Harry. Molly Weasley avait l'air peu enchantée à la perspective de se rendre chez Gringotts. Harry en fut peiné mais se dit que si son plan avait fonctionné, le détour par Gringotts serait moins pénible pour Madame Weasley qu'il n'en avait l'air.
Ils pénétrèrent donc dans la banque. L'endroit restait identique de visite en visite. Et Harry avait eu l'occasion d'y venir très récemment. Des gobelins s'affairaient continuellement, les bras chargés de liasses de papiers administratifs ou surveillant les différents couloirs qui menaient aux bureaux et aux coffres. Le groupe avisa un gobelin à un guichet qui mena Harry et Madame Weasley vers les chariots. Hermione resterait dans le hall pour changer son argent moldu à un comptoir. Il fut également décidé que Maugrey resterait avec elle puisque la sécurité d'Harry était assurée dans la banque.
Harry et la mère de Ron prirent donc l'un des chariots. Manifestement, Molly ne supportait pas plus qu'Harry la descente infernale, à grande vitesse, vers les profondeurs de la Terre. Tous deux furent soulagés de s'arrêter devant un petit coffre, le numéro 952, qui devait manifestement appartenir aux Weasley se dit Harry. Molly confia sa clé au gobelin qui ouvrit le coffre, révélant un tas assez impressionnant de pièces d'or. Madame Weasley fronça immédiatement les sourcils et fit un pas en arrière pour consulter le numéro du coffre sur la porte. Manifestement, la surprise se lisait sans effort sur son visage.
- « Il doit y avoir une erreur. Cet or ne nous appartient pas » susurra-t-elle finalement avec une dignité peinée au gobelin qui patientait.
- « Il n'y a pas d'erreur Madame » lui répondit le gobelin. « Vingt mille gallions ont été transférés ce matin même sur votre compte au nom de Sirius Black ».
À cette révélation, l'expression du visage de Madame Weasley passa de la surprise à la stupeur puis à la confusion. Sa bouche s'agitait faiblement mais aucun son n'en sortait. Harry croyait y lire 'ce n'est pas possible' mais n'en était pas totalement sûr. Finalement, en quête d'explications, la mère de son meilleur ami se tourna vers lui. Il considéra que c'était le moment idéal pour vérifier si les lacets de ses chaussures étaient correctement attachés. Pour rien au monde, il ne voulait que la famille Weasley considère qu'il leur faisait la charité. Madame Weasley se rapprocha de lui et se pencha pour lui murmurer à l'oreille :
- « Tu n'as vraiment aucune idée d'où provient cet argent, Harry ? »
Harry consentit à relever la tête pour la regarder dans les yeux. L'expression qu'on y lisait été affectueuse mais ferme à la fois. Il répondit d'une petite voix :
- « Sirius aurait voulu que vous profitiez de cet argent, pour vous remercier d'avoir pris soin de moi… Je n'ai fait que respecter ses volontés. »
Harry ne voyait pas pourquoi il mentirait à Molly Weasley. Elle et sa famille avaient toujours considéré le jeune homme comme un membre à part entière de celle-ci. C'était bien le moins qu'il puisse faire. Jetant un coup d'œil à la femme à côté de lui, il s'aperçut que les larmes avaient envahies ses yeux et que son visage reflétait une extrême gratitude. Elle se jeta quasiment littéralement dans ses bras et pleura quelques minutes sur son épaule.
- « Merci Harry. Je sais que tu fais tout cela de bon coeur mais pour nous, je t'assure que ça veut dire beaucoup. Je ne sais pas si je peux accepter… »
- « Voyons Madame Weasley. Vous avez toujours été là pour moi. Vous êtes la famille que je n'ai jamais eue. Il est normal que je partage avec vous. L'affaire est réglée, je ne vous laisserai pas refuser » lui répondit Harry en souriant. Un éclair de compréhension mutuelle passa entre leurs deux regards et tout était dit.
Afin de ne pas laisser Madame Weasley s'éterniser sur cette affaire, Harry engagea le gobelin à les amener à son coffre d'où il retira une poignée de gallions. Ils purent ensuite remonter vers le hall où Hermione et Maugrey les attendaient. Lorsqu'ils furent rendus, Madame Weasley pleurnichait toujours faiblement, toute à sa joie. Manifestement, pour quelqu'un qui n'avait jamais connu la richesse, recevoir vingt mille gallions d'un coup était une énorme surprise. Cela tira un regard interrogateur à Hermione. Harry y répondit par un sourire rassurant, l'invitant mentalement à ne pas faire de commentaire à ce sujet et à lui faire confiance. Il lui expliquerait plus tard la raison de l'émotion de Madame Weasley. Hermione comprendrait et approuverait certainement la motivation de sa générosité.
Dans le calme, ils refirent leur chemin vers le centre du Chemin de Traverse où les attendaient Tonks, Ron et Ginny. Les larmes de Madame Weasley avaient cessées lorsqu'ils se rejoignirent mais ses yeux étaient toujours rouges et humides. Ron et Ginny le remarquèrent immédiatement et ce fut la jeune fille qui prit la parole :
- « Tout va bien Maman ? » lui demanda Ginny, hésitante.
Molly Weasley se contenta de lui adresser un petit sourire rassurant avant qu'ils ne se dirigent vers les magasins pour leurs emplettes. Ils avaient décidé de commencer par aller chez l'Apothicaire pour rééquiper leurs stocks d'ingrédients. Les potions que leur assignait Rogue demandaient de plus en plus d'ingrédients très spécifiques. Ils iraient par la suite chez Madame Guipure, prêt-à-porter pour sorciers, afin de s'acheter de nouvelles robes.
Lorsqu'ils se trouvèrent dans ce magasin, Harry se dit qu'il en profiterait pour faire l'acquisition, en plus des robes dont il aurait besoin à Poudlard, de nouveaux habits moldus, que les boutiques de sorciers vendaient assez communément pour que ces derniers puissent ce fondre dans le monde moldu. Il avait décidé de cesser de porter les affreuses reliques de Dudley qui lui donnaient l'air de flotter dans d'amples bouts de tissus, souvent déchirés. Il commença par mettre de côté les habituelles robes de sorciers qu'il utiliserait tous les jours pour aller en cours, les anciennes étant devenues singulièrement trop petites au vu de l'entraînement sportif et de la croissance physique qu'il avait connue cet été. Ensuite, il prit deux jeux de robes de grande qualité, pour les évènements qui auraient sans doute lieu à Poudlard cette année. Harry faisait confiance à Dumbledore pour profiter de la moindre occasion pour organiser un bal ou un évènement du même genre. Le directeur de Poudlard était plutôt du genre à penser que la vie devait continuer plutôt que de se morfondre sur les tristes disparitions comme celle de Cédric Diggory. Après tout, pour Dumbledore, la mort n'était-elle pas 'le début d'une nouvelle grande aventure' ?
Les robes qu'Harry avait choisi étaient rouge rubis, vert émeraude, assorties à ses yeux, ou noir formel mais toutes étaient très élégantes. Non qu'Harry fasse grand cas des danses qui pourraient être organisées : il avait toujours eu horreur de danser. Il trouvait dans cette distraction une honte sans bornes. Combien ridicule il se voyait sur une piste de danse, écrasant sans le faire exprès mais tout de même douloureusement les pieds de ses éventuelles partenaires.
Ensuite, il se dirigea vers le rayon moldu. Les muscles qu'il avait développés au cours de l'été l'obligeaient dans ce rayon aussi à acheter de nouveaux vêtements. Il les choisit près du corps et assez à la mode. Il en avait assez d'apparaître comme un petit garçon désemparé, dans un costume trop grand pour lui, au sens propre comme au figuré. 'Si je suis celui qui doit sauver le monde, autant le faire avec un peu de classe' se dit-il dans un sourire, pensant que c'était exactement ce que Sirius lui aurait conseillé. Il garda sur lui un pantalon baggy noir et un tee-shirt blanc qui collait à son torse. Lorsqu'il sortit de la cabine d'essayage avec tous ses achats en main, il s'attira nombre de regards étonnés. Madame Weasley le félicita sur ses choix tandis que Ron le regarda comme si une deuxième tête lui avait poussée au cours de ses essayages.
Mais ce qui fit encore plus plaisir à Harry, ce fut les regards qu'il s'attira des filles. Ginny et Hermione étaient concentrées sur un choix de robes de cours. Lorsqu'elles tournèrent la tête en entendant le cri étouffé lâché par Ron en voyant Harry, leurs yeux parurent leur sortir des orbites. Durant quelques longues secondes, elles apprécièrent Harry et haut en bas, pas si discrètement, avec une expression rêveuse. S'apercevant ensuite qu'Harry les regardait, elles replongèrent leurs yeux vers les robes en rougissant fortement. Ce qui flatta Harry plus qu'il ne saurait le dire. Après tout, même s'il n'en avait guère faire grand cas jusqu'à présent, l'attention du sexe opposé s'avérait flatteuse. Et dans la situation présente, on pouvait affirmer que Ginny et Hermione avaient compris du premier coup d'œil que le nouveau physique d'Harry, dissimulé jusqu'alors sous les ragues de Dudley, était hautement apprécié.
Ron était occupé pendant ce temps à fouiller parmi les robes d'occasion pour trouver quelque chose qui soit mettable sans être trop affreux. Malheureusement, le choix se restreignait d'année en année. Soit l'argent faisait défaut, soit la qualité des produits était subordonnée à un budget lilliputien. Et à côté de ça, il songeait à Harry qui dépensait des dizaines de gallions pour se refaire une garde-robe. Il aurait donné tout au monde pour être Harry Potter, pour recevoir chaque jour une gloire étincelante, soit en jouant au Quidditch, soit en étant reconnu de tous dans la rue, à l'école, par les filles, les gens importants… Et pour être riche.
Ses considérations plus ou moins inamicales et envieuses furent interrompues par sa mère qui lui conseilla de ne pas regarder au prix et de s'acheter tout ce qui lui faisait plaisir. Ron regarda sa mère de la même manière qu'il avait observé Harry, incrédule, mais elle se contenta de lui lancer un énorme sourire avant d'aller passer sans doute le même message à Ginny.
Ron, bien que toujours étonné par cette nouvelle inespérée, fut pour le moins ravi de satisfaire la demande de sa mère. Il acheta un nouveau jeu de robes de cours et une robe pour les occasions officielles. C'était, de sa vie, la première fois qu'il dépensait tout cet argent en vêtements. La première fois qu'il dépensait tant d'argent tout court se dit-il finalement.
Une fois qu'ils eurent complété leur garde-robe, ils laissèrent Tonks réduire leurs achats à une taille minuscule afin qu'ils logent dans leurs poches et se dirigèrent vers le café Florian Fortarôme pour prendre le déjeuner. Tout le monde était d'excellente humeur. Tonks et Maugrey n'avaient à regretter aucun incident. C'était d'autant plus surprenant que Voldemort était resté étonnamment inactif depuis le Ministère de la Magie. Aucun débordement de violence, aucune agression de moldus n'était à déplorer. Ce dont tout le monde était satisfait par ailleurs même si la plupart redoutait le calme avant la tempête. Ron, Ginny et leur mère étaient, quant à eux, ravis de leurs emplettes et de leur nouvelle richesse. Molly n'avaient rien dit aux deux adolescents de la provenance de cette manne inespérée. Hermione, elle, était étrangement silencieuse depuis leur visite dans la boutique de Madame Guipure. Un sourire énigmatique était accroché à ses lèvres et toutes les questions qu'on lui posait se soldaient par une réponse monosyllabique absente. Harry, pour compléter le portrait, vivait un bonheur simple. Il était ravi de voir tout le monde serein et détendu. Il espérait simplement que ce bonheur de serait pas interrompu par quelque fâcheux incident.
Après avoir pris un copieux déjeuner, ils terminèrent leurs achats en se rendant chez Fleury et Bott pour faire l'acquisition de leurs manuels scolaires. Harry avait déjà les siens grâce au cadeau que lui avaient fait Dumbledore, McGonagall et Flitwick pour son anniversaire. Il décida qu'il regarderait tout de même s'il pouvait se procurer un livre d'Arithmancie et d'Étude des Runes. Hermione lui avait beaucoup parlé de ces deux matières qu'il jugeait intéressantes, notamment pour traduire les inscriptions figurant sur le coffret qui recelait les pendentifs. Il avait donc décidé de demander à McGonagall s'il pourrait suivre ces deux enseignements de manière extra curriculaire.
Dès qu'il furent à l'intérieur du magasin, Hermione sembla sortir de sa torpeur et se précipita sur les rayonnages pour consulter les dernières sorties de manuscrits. Cela fit sourire toute l'assemblée, en particulier Ron qui la suivait du regard assez intensivement. Cet intérêt n'avait d'ailleurs pas échappé à Harry qui observait son meilleur ami depuis le déjeuner. D'une manière ou d'une autre, le regard de Ron finissait toujours pas se reposer immanquablement sur Hermione, ce dont Harry ne savait pas s'il devait sourire ou s'inquiéter.
Certes, il avait admis plus ou moins avoir un intérêt spécial pour Hermione. Un intérêt qu'on aurait difficilement pu qualifier d'uniquement amical puisque Harry tendait à remarquer même la beauté de la jeune fille. Mais l'intensité de la chose ne l'avait pas encore frappé de plein fouet. Il y avait eu un début de réalisation lorsqu'il avait ouvert le cadeau d'Hermione, qui ne le quittait d'ailleurs presque jamais, et lorsqu'il s'était perdu dans ses yeux la nuit précédente. Mais l'interprétation de ces signes était encore floue.
Harry nota sur un présentoir en retrait un livre qui y était mis en valeur. Il s'agissait de l'édition révisée de l'Histoire de Poudlard, un ouvrage qu'Hermione ne manquerait certainement pas d'acheter dès qu'elle découvrirait son existence. Mais Harry décida que, pour la remercier de son amitié, et aussi pour lui faire plaisir, il en ferait l'acquisition pour elle. C'était une sorte de cadeau anticipé pour son anniversaire, le 19 Septembre. Il ajouta donc un exemplaire de l'énorme manuscrit aux deux livres qu'il avait déjà dans les bras et se rendit au comptoir pour payer. Il en profita pour demander au vendeur de lui faire expédier tous les nouveaux livres qui seraient édités en matière de Défense contre les Forces du Mal. Il suffirait aux responsables de Fleury et Bott de débiter son compte à Gringotts directement et cela lui permettrait d'étoffer sa bibliothèque du Square Grimmaurd pour se préparer à tous les sortilèges connus.
Hermione s'approcha à son tour du comptoir pour régler ses achats. Elle avait les bras chargés de livres et semblait très désireuse de commencer à lire ses acquisitions dès que possible. Dès qu'elle eut payé pour ses manuels de cours, ils attendirent que les Weasley aient acheté les leurs et s'apprêtèrent à prendre le chemin du Chaudron Baveur. Harry proposa galamment de porter les livres d'Hermione tandis qu'elle prendrait les siens, plus légers. Elle accepta en rosissant et examina, tandis qu'ils sortaient de la boutique, ce qu'il avait acheté.
Elle fronça les sourcils en découvrant les manuels d'Arithmancie et d'Étude des Runes, puis plus encore quand elle vit l'édition révisée de l'Histoire de Poudlard. Harry, qui guettait sa réaction du coin de l'œil, répondit à sa question avant même qu'elle ne la pose :
- « Je me suis dit qu'un peu de connaissances en Arithmancie et en Étude des Runes ne me ferait pas de mal » lui glissa-t-il avec un sourire charmeur.
- « Je suis fière de toi Harry. Je vois que tu te décides à prendre tes études très au sérieux, au moins » répondit-elle en désignant Ron du menton, lequel était en grande conversation avec Tonks. « Mais que fais-tu avec l'Histoire révisée de Poudlard ? Je ne savais même pas que ce livre était sorti » demanda-t-elle ensuite avec avidité.
Harry perdit rapidement de sa superbe et rougit violemment avant de répondre, dans un murmure :
- « C'est pour toi, je pensais que tu en aurais envie… »
Hermione semblait en avoir perdu la parole, chose peu commune pour qui la connaissait. Pendant une bonne minute, elle resta la bouche grande ouverte, sans savoir quoi répondre à ce gentil cadeau. Puis, rapidement, elle rougit et déposa un baiser ému sur la joue du jeune homme.
- « Merci Harry. C'est le plus gentil cadeau qu'on m'ait fait » lui dit-elle timidement.
Cette conversation n'était pas passée inaperçue. Constatant que les deux adolescents s'étaient arrêtés derrière eux, le reste de la troupe s'était immobilisée et avait été les témoins involontaires du cadeau d'Harry à Hermione. Et du baiser qui s'en était suivi. Ron avait observé la scène avec un regard indéchiffrable, se contentant de fixer Hermione et Harry en silence, l'air pensif.
- « Touchante scénette Potter » s'exclama une voix derrière eux. Aucun des trois amis n'eut à se retourner pour découvrir de qui émanait cette voix froide et haut perchée. Il s'agissait sans nulle hésitation de Drago Malefoy.
- « Je savais que tu ne valais pas grand-chose Potter mais de là à sortir avec une Sang-de-Bourbe tout de même » commença Malefoy sur son habituel ton sarcastique.
Harry se retourna d'un geste brusque. Que Malefoy l'insulte à longueur d'année passait encore, il savait faire la différence entre le vrai et le faux. Par ailleurs, l'opinion de la 'Fouine Bondissante' de Poudlard l'indifférait au plus haut point. Mais qu'il ose s'en prendre à Hermione était plus qu'insupportable. Sans même songer à prendre sa baguette magique dans sa poche, il s'écria :
- « Retracto ! »
Malefoy, voulant répliquer au sort lancé par Harry, sortit sa baguette et s'apprêtait à jeter un contre sort, uniquement pour s'apercevoir qu'aucun son ne sortait de sa bouche et que sa tête commençait à enfler.
- « Voilà bien ton problème Malefoy » lui dit Harry, à haute voix mais avec une intonation sourde où perçait la fureur. « Comme ton père, tu es gonflé de présomption. Et comme ton père, ta suffisance et ton amour pour Voldemort te mèneront directement à Azkaban ».
Sans un second regard, il se retourna et commença à marcher vers le Chaudron Baveur, attrapant au passage le bras de Ron et d'Hermione. La foule s'était figée autour d'eux pendant l'affrontement. Beaucoup avaient reculé d'un pas en entendant prononcer le nom du Seigneur des ténèbres.
La tête de Malefoy gonflait toujours et, sous la colère de l'humiliation, commençait à tourner au violet, lorsque Madame Weasley, Tonks et Maugrey suivirent les trois adolescents. De tous, c'est Hermione qui était la plus stupéfaite. Harry avait pris sa défense et avait jeté un sort puissant à Malefoy uniquement pour laver son honneur. Mais bien plus que ça, une question la travaillait surtout : comment le jeune homme qu'elle admirait avait-il put pratiquer la magie sans baguette ? Il faudrait qu'ils aient une conversation à ce sujet…
Petite note à mes reviewers : J'espère que le chapitre vous a plu et que vous ne vous ennuyez pas trop jusqu'à présent. Harry rentrera bientôt à Poudlard et l'intrigue se développera un peu plus. Mes chapitres s'élargissent d'ailleurs. En bien ou en mal, n'hésitez pas à me laisser vos impressions. Elles me permettent de m'améliorer… Merci à Kevin pour ses conseils (ils sont toujours intéressants), à Bartiméus (désolé pour l'attente), à Voldiechéri (tes compliments sont flatteurs), à Potter-68 pour son soutien (tes interrogations seront bientôt résolues), à Élodie (toujours magiques tes reviews… J'ai pensé à toi et mis à jour ma bio) et à tous les autres pour leurs reviews également très gentilles…
Retour de Harry Potter dans le Chapitre 9 – Explication de texte…
