Chapitre 1
Rêves passés

Disclaimer : Harry Potter, son histoire et ses personnages ne m'appartiennent pas : ils sont la propriété de J. K. Rowling. Attention : Ce récit a été écrit après la lecture de Harry Potter et l'Ordre du Phénix et contient donc des spoilers.

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« Debout ! Lève-toi ! » Harry n'avait pas eu besoin d'attendre que Tante Pétunia frappe à sa porte pour se réveiller. En fait, il n'avait pratiquement pas fermé l'œil de la nuit : cela faisait plusieurs heures qu'il était assis sur le rebord de son lit, attendant que sa tante monte l'appeler.

C'était une belle journée d'été qui commençait et le soleil illuminait les rue de Little Whinging. La chaleur se faisait déjà sentir en cette fin de Juillet, au 4 Privet Drive comme partout.

Harry était assis, la tête entre ses poings fermés, perdu dans de sombres pensées.

Il venait d'avoir seize ans, il surveillait l'heure sur son réveil depuis minuit, avant de s'endormir... pour se réveiller trois heures plus tard, en sursaut et trempé de sueur froide. Mais le fait d'avoir seize ans ne lui faisait rien, il sentait plus de poids sur ses épaules que tous les adolescents de son âge.

« Est-ce que ça commence toujours comme ça ? » murmura Harry pour lui-même. « Par un affreux rêve ? Quand est-ce que ça va cesser ?! »

Mais Harry savait bien que ces cauchemars ne s'arrêteraient pas de sitôt. Non, par pour lui, pas pour Celui-Qui-A-Survécu.

Depuis six ans déjà que la vie de Harry Potter a été bouleversée. Depuis qu'il a découvert qu'il n'appartenait pas au même monde que son oncle et sa tante, chez qui il vivait depuis la mort de ses parents, dix ans auparavant. Non, il appartenait au monde des sorciers, celui de la magie. Et c'est l'un d'eux, le plus puissant mage noir de tous les temps, Celui- Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom, qui a tué ses parents. Et lui, Harry, a survécu grâce à l'amour de sa mère morte pour lui. C'est pour cela que le sort de Voldemort n'a pas fonctionné, lui laissant seulement une cicatrice en forme d'éclair sur le front. Elle était le lien qui les reliait : par intermédiaire de cette cicatrice, Harry pouvait sentir la présence de Voldemort, mais aussi ses sentiments les plus forts, comme la joie ou la colère, parce qu'il ressentait alors une telle douleur qu'il avait l'impression que sa cicatrice prenait feu.

On pensait tous que Voldemort avait disparu et que le sort lancé contre Harry cette nuit-là lui avait été fatal. Mais dès sa première année à Poudlard, la très célèbre école de sorcellerie, Harry dut démentir cette pensée en affrontant le Mage Noir, qui voulait mettre la main sur la Pierre Philosophale, assurant sa renaissance. Le courage dont a fait preuve Harry lors de cette première confrontation a été remise à l'épreuve dès sa seconde rentrée quand il combattit un Basilic dans la Chambre des Secrets, avant de faire face une nouvelle fois à Voldemort, sous sa forme adolescente. Mais lors de sa troisième année à Poudlard, Harry crut devoir affronter un nouvel ennemi, Sirius Black, un meurtrier échappé de la prison des sorciers, Azkaban, quand il découvrit que Sirius était non seulement innocent, mais qu'il était aussi son parrain ! La joie de Harry d'avoir découvert un membre de sa famille fut de courte durée : Voldemort, pendant la quatrième année scolaire de Harry, trouva le moyen de revenir parmi eux. Ce nouveau face-à-face fut terrible à vivre pour Harry : il vit son camarade Cédric Diggory se faire tuer sous ses yeux par Voldemort avec de devoir le combattre dans un duel dont il s'échappera miraculeusement. Mais le fait était là : Lord Voldemort était de retour et il cherchait plus que tout à le tuer.

Bouleversé, il fit pendant des nuits entières des cauchemars où il revoyait la mort de Cédric et surtout... ses parents qui apparaissaient devant lui, sortant de la baguette de Voldemort... Priori Incantatem... d'après Dumbledore, le directeur de Poudlard, c'est le phénomène qui arrivait quand on confrontait dans un duel deux baguettes sœurs : sa baguette et celle de Voldemort contenaient les plumes du même phénix.

Les rêves de Harry ont toujours signifié quelque chose, comme l'année dernière, lorsqu'il a vu à travers les yeux de Nagini, le serpent géant de Voldemort, que Mr Weasley, le père de Ron, son meilleur ami, avait été attaqué au Ministère de la Magie. Voldemort avait aussi tenté de contrôler les rêves de Harry en lui montrant des images de son parrain, Sirius, en train de se faire torturer. Et cela avait fonctionné : Harry, croyant que Sirius était vraiment en danger, s'était introduit dans le Département des Mystères, accompagné de ses amis, pour tenter de le retrouver. Mais ils n'y trouvèrent que les Mangemorts, partisans de Voldemort. C'est ce dernier que Harry du encore affronter, duel pendant lequel il crut qu'il allait mourir, si Dumbledore n'était pas intervenu.

Et c'est ainsi que Harry découvrit ce que renfermait le Département des Mystères : la Prophétie faite par Sibylle Trelawney, son professeur de divination, prédisant la venue au monde de Celui qui aura le pouvoir de détruire Voldemort :

« Celui qui a le pouvoir de faire disparaître le Seigneur des Ténèbres viendra au monde...Né de ceux qui l'auront trois fois défié, né à la fin du septième mois...Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore...Et l'un des
deux devra mourir de la main de l'autre car ni l'un ni l'autre ne peut
vivre alors que l'autre survit... Celui qui a le pouvoir de faire
disparaître le Seigneur des Ténèbres sera né à la fin du septième
mois... »

Voilà donc pourquoi Voldemort voulait le tuer. Mais il n'avait pas entendu la fin de la Prophétie. Et dire que ça aurait pu ne pas être Harry ! Le garçon de la Prophétie aurait pu être Neville Londubat et alors ses parents, Lily et James ne seraient pas morts, et il aurait vécu heureux comme tous les adolescents de son âge. Il aurait pu être admiré seulement pour ses talents d'attrapeur en Quidditch et non pas pour avoir survécu à un sort mortel, au prix de la vie de ses parents. Il aurait pu vivre une relation normale avec Cho Chang, l'Attrapeuse de Serdaigle, au lieu de rater lamentablement son premier rendez-vous avec elle, elle qui voulait tellement parler de Cédric avec lui...

Non, pour Harry, une existence ordinaire n'était pas envisageable. Sa destinée était vouée à être seul, voir ses proches, ceux qu'il aime, se faire tuer, comme Sirius, par son ennemi et ses partisans. Sirius...tué il y a à peine un mois par Bellatrix Lestrange, le même mangemort qui avait soumis le sort du Doloris aux parents de Neville... Harry avait l'impression que cela faisait des années que Sirius avait disparu. Et surtout après tout ce qui s'est passé, Sirius aurait été la première personne avec qui Harry aurait voulu le plus parler. Il avait besoin de lui parler. Harry avait besoin de lui. Mais Sirius était parti à tout jamais. Harry se demandait parfois ce qu'il avait fait pour que le destin lui joue de si mauvais tours : pourquoi lui offrir une si grande joie si c'est pour lui retirer aussi violemment ? La vie était vraiment injuste avec lui, il ne lui avait rien demandé !

Harry songeait à son rêve de la veille : ses parents lui étaient encore apparus, mais ils ne lui dirent pas la même chose que les autres fois. Harry se souvenait du sourire bienveillant de sa mère, mais surtout de l'air grave de son père. Que lui avait-il dit ? Harry ne s'en souvenait plus très bien :

« Harry, le temps est venu...ennemi...ta Destinée...un pouvoir qu'Il n'a pas...la Prophétie doit s'accomplir...mon fils... »

Harry sourit tristement et murmura d'un ton acerbe. « Sympa comme cadeau d'anniversaire, merci P'pa ! »

Il se décida à descendre dans la cuisine, où Oncle Vernon, Tante Pétunia et Dudley étaient déjà installés. Ce dernier essayait d'avaler en une bouchée la brochette de bacon qu'il avait piquée sur sa fourchette. Harry souhaita secrètement qu'il s'étouffe avec. Il s'assit et prit son assiette, puis commença à manger avec une lenteur inhabituelle. Oncle Vernon ne sembla pas le remarquer, comme à son habitude et continua la lecture de son journal. Depuis l'été dernier, où Dudley avait été attaqué par des Détraqueurs, Oncle Vernon ignorait plus que jamais Harry, ce qui ne le dérangeait pas.

Alors qu'il faisait semblant de jouer avec sa fourchette, il sentit un regard posé sur lui : en face de lui, Tante Pétunia, son bol de thé à la main, l'observait silencieusement. Harry ne se souvenait pas avoir été un tel centre d'attention. Il s'abstint de lever un regard interrogateur sur elle et s'investit dans l'observation détaillée de son morceau de bacon, sans pour autant l'entamer. Dudley, qui avait avalé sa brochette sans grande difficulté, se leva et déclara qu'il allait chez son ami Piers, en emportant avec lui trois toasts beurrés, "pour la route". Oncle Vernon ne tarda pas à quitter la table lui aussi, pour se rendre au travail. Il ne dédaigna pas jeter une seule fois jeter un regard à Harry alors qu'il partait, ce qui lui allait très bien. Désormais seul avec Tante Pétunia, Harry commença à manger le maigre contenu de son assiette, déjà froid. Mais il sentait toujours que Tante Pétunia l'observait. Il se décida alors à poser doucement ses couverts et à la regarder dans les yeux. Elle but une dernière gorgée de thé et prit enfin la parole.

« Ca va ? » demanda-t-elle simplement.

« Qu...quoi ? » dit Harry, bouche bée. Depuis quand sa tante s'inquiétait- elle pour sa santé ?

« Je t'ai demandé si ça allait », répéta-t-elle impatiemment.

« Oui, ça va » dit Harry quelque peu méfiant.

« Ne me mens pas, je suis ta tante, Harry ! »

Harry allait de surprise en surprise. Rares étaient les fois où un Dursley reconnaissait son lien de parenté avec un Potter !

Pendant l'espace d'un instant, Harry fut pourtant tenté d'épancher toute sa tristesse et sa souffrance, de tout dévoiler à Tante Pétunia : la mort de Sirius, son précédent rêve étrange, la peur qu'il avait d'affronter son destin... Mais c'était de Tante Pétunia dont il s'agissait ! La sœur de sa mère, qu'elle détestait, celle qui était contre toute idée de magie et de sorcellerie ! Mais d'un autre côté, elle connaissait la prison d'Azkaban, les Détraqueurs, et puis elle avait fait une promesse à Dumbledore : garder Harry chez elle, lui permettre de revenir chaque été, pour qu'il puisse avoir un endroit à appeler "maison". Là, Voldemort serait incapable de le toucher, le sort protecteur de sa mère fonctionnant toujours.

Dans un certain sens, Tante Pétunia était jusqu'à présent plus au courant des choses concernant Harry que lui-même. et si Dumbledore lui faisait confiance, c'est que...

« Oh, ça passera, comme d'habitude » dit faiblement Harry.

« Bien le portrait de ton père » grogna Tante Pétunia entre ses dents.

« Pardon ? »

« Humpf...Tu vas encore chez tes amis cet été ? »

« Euh oui, je pense. »

« Ton parrain est d'accord ? »

Le cœur de Harry manqua un battement. Sirius...

« Je ne vois pas pourquoi il ne le serait pas » articula-t-il difficilement, « il a toujours voulu mon bonheur » ajouta-t-il dans un murmure.

Tante Pétunia le considéra un instant. Quand elle reprit la parole, ce fut d'un souffle presque inaudible qu'elle s'adressa à Harry.

« Harry, ton parrain... » hésita-t-elle.

Harry ne dit rien. Il baissa la tête vers son assiette qu'il n'avait plus la force de finir.

« Ne... ne parle pas de lui » dit-il enfin.

« Quoi ? »

« Je ne veux pas...que tu parles de lui » ajouta-t-il.

Sur ce, sans même laisser le temps à sa tante de répliquer quoique ce soit, il se leva précipitamment et courut se réfugier dans sa chambre. Tante Pétunia esquiva un geste pour l'arrêter mais se raviva. En écoutant ses pas résonner sur les marches de l'escalier, elle commença à comprendre...

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Voilà ! Un premier chapitre en ligne ! Cette fic, je l'ai commencé il y a un bout de temps déjà, mais n'ai jamais eu la force de la continuer ! Deux autres chapitres vont suivre sous peu, si vous le voulez bien...