Voici le 1er chapitre !… ben… voilà quoi !

Re-Bonne lecture ! (en espérant que le prologue vous a plu !)

Et je ne peux toujours pas revendiquer Harry, Severus et Lucius comme miens… (désespoir suprême !)

Chapitre 1

Réflexions entre amis et avec soi-même

« Comme nous l'avons craint, les quelques Mangemorts qui avaient été arrêtés le mois dernier ont déjà été délivrés. Je ne serais pas même étonné qu'Azkaban devienne la nouvelle place forte de Voldemort. Et avec les Détraqueurs lâchés sur les routes, Dieu seul sait ce qui nous attend ! »

Le professeur Dumbledore soupira désespérément, en reposant sa tête sur ses mains fermées en poing. Et il lui arrivait ce qu'il avait toujours craint : il se laissait entraîner par un désespoir maladif. Il aurait été seul dans son bureau qu'il se serait donné des claques.

Mais jamais il n'était seul mettant de côté la présence de son collègue dans la pièce, il était sans cesse entouré et jaugé par les regards inquisiteurs des anciens directeurs de Poudlard, qui l'observaient, tranquillement installés dans leurs tableaux. Il maudissait par-dessous tout Mr Phineas Nigellus, qui ne perdait pas une seconde de grogner et de lui reprocher la mort de Sirius, son arrière-arrière-petit fils. Vraiment, Dumbledore n'aurait jamais imaginé que la mort de Sirius Black aurait à ce point affecté son illustre ancêtre de chez Serpentard. Comme quoi ! Nous connaissons mal les sentiments qui nous motivent, les uns et les autres.

Mais s'il y avait une chose à laquelle il ne s'attendait pas, ce fut l'effet que provoqua cette mort dramatique sur la personne actuellement assise face à lui. Que Severus Rogue, ennemi juré des Maraudeurs et directeur de la Maison Serpentard, puisse être affecté par la disparition de Sirius, voilà qui dépassait l'entendement humain. Non pas qu'il pleura ouvertement cette perte, mais cela avait brisé une fibre sensible dans son être. Tour en ayant toujours souhaité la mort de Black, ce décès brutal semblait l'avoir ramené à une réalité qu'il ne percevait pas avant. Le terrifiant professeur Rogue, l'adulte le plus craint des élèves dans cette école, était en proie à une bête noire implacable. Au fond de lui, il sentait le remord manger son cœur et engourdir son cerveau.

Dumbledore lui avait toujours fait confiance, depuis ce jour, seize ans plus tôt, où un jeune Severus Rogue avait surgi dans ce même bureau, dégoulinant d'eau de pluie et le visage ravagé par les larmes. Le jeune homme s'était jeté aux pieds du vieillard abasourdi et avait étreint ses genoux. Il se serait sûrement étouffé dans ses sanglots ce soir-là si le professeur McGonagall n'était pas apparue à son tour dans l'embrasure de la porte, alertée par le bruit. Severus avait aussitôt cessé de pleurer pour la regarder de ces yeux agrandis par la terreur. Ni Dumbledore, ni Minerva n'avaient pu sur le moment trouver les mots qu'il aurait fallu dire. Le directeur avait fini néanmoins par le relever doucement et le faire asseoir dans un fauteuil, où il s'était endormi après qu'on lui eut fait boire une potion calmante.

Dumbledore chassa dans un clignement de paupières ces tristes souvenirs. Relevant la tête, il fixa le sombre professeur au travers de ses lunettes en demi-lunes. L'homme avait la tête basse et l'air vaguement abattu de quelqu'un qui n'a pas dormi depuis longtemps.

« Vous devriez prendre du repos, Severus, ne put s'empêcher de dire le directeur.

- Je vais essayer, Monsieur. »

Dumbledore le regarda pensivement, se demandant quelles terribles pensées couvaient en ce moment-même dans ces yeux noirs et froids. Quelle tristesse impossible s'y terrait ?

« Je vais vous y aider, mon ami… Dorénavant, je vous décharge, jusqu'à la rentrée de Septembre, de toutes vos responsabilités vis à vis de l'Ordre…

- Mais, Monsieur ! s'exclama Rogue. Mes missions pour l'Ordre du Phénix me permettent de me rendre utile à une juste cause ! Je veux continuer à travailler pour vous…

- Je vous coupe, mon cher, car vous continuerez à travailler pour nous. Mais… excusez-moi de vous le dire sur ce ton… vous nous servez à rien en étant plus mort que vivant ! Donc, je vous assigne au repos forcé ! Je conçois que vous ne trouviez pas cela agréable, mais par Merlin ! Je ne peux vous laisser vous enfoncer !!

- Sauf votre respect, Monsieur, murmura Rogue du ton qui faisait frémir ses élèves. Vous-même ne me semblez pas en meilleure forme. »

Dumbledore soupira, admettant intérieurement qu'il avait raison. L'année avait été éprouvante. Le ministère avait enfin admis le retour de Voldemort, mais à quel prix ! La mort de Sirius Black s'était révélée une tragédie insoutenable pour tous ! Remus Lupin dépérissait à vue d'œil. Nymphadora Tonks, secrètement amoureuse de son parent, avait perdu son entrain et sa joie de vivre. Maugrey était de plus en plus paranoïaque, devenant un véritable danger pour lui-même. Quant à Harry…

Le jeune homme semblait décidé à reporter l'entière responsabilité des évènements sur le directeur et sur Rogue. Dumbledore devait avouer qu'en ce qui le concernait personnellement, Harry n'avait pas totalement tort… Mais qu'il en veuille à Severus Rogue, cela il ne le comprenait pas ! Il aurait cru l'adolescent plus futé que cela ! En même temps, on pouvait l'expliquer : il est vrai que Severus lui-même semblait s'être attaché à faire de Potter un bouc émissaire permanent ! De plus, il avait toujours affiché ouvertement son aversion envers Black. A partir de là, l'animosité du jeune homme s'appréhendait. Mais le problème résidait dans le fait qu'il détestait son professeur en évoquant de mauvaises raisons. Dumbledore savait qu'Harry avait regardé dans la pensine de Severus, ce qui avait profondément affecté ce dernier. Le directeur avait alors cru que le jeune homme commencerait à accepter les « bizarreries » de son professeur et prendrait conscience de son tourment. Au contraire, la mort de Sirius avait porté un peu plus au pinacle James Potter dans l'esprit de son fils. Quels que fussent les torts des Maraudeurs vis à vis de leur Serpentard « favori », Harry risquait bientôt de les applaudir, sans réfléchir, juste pour satisfaire sa rancune accumulée.

« Vous avez raison, Severus. Je crois du reste que le plus dur à supporter est la réaction d'Harry…

- Ce maudit gamin est le portrait craché de son père ! Son orgueil blessé ne supporte pas le fait qu'on l'ait tenu dans le secret de nos décisions !

- Et je le comprends, Severus. J'aurais dû tout lui dire, depuis le début…

- Monsieur le directeur !… Vous n'allez tout de même pas vous en vouloir pour ça ! Ce serait tout lui passer à ce gosse ! Accepter devant lui que vous avez eu une faiblesse et il vous haïra pour ça !…

- Mais j'ai eu cette faiblesse, Severus. J'ai fait une terrible erreur en gardant le silence, et j'en subis les conséquences à travers la colère de Harry…

- C'est incroyable ! Je ne peux pas le croire ! Continuer comme ça et je quitte ce bureau pour ne jamais y revenir !

- Severus…, murmura Dumbledore. Tout comme Harry, vous avez tendance à me déifier d'une manière insoutenable !… Je ne suis pas infaillible, Severus… Chacun a ses faiblesses… Je ne demande pas que ni vous ni Harry n'acceptiez les miennes, mais du moins j'espère que vous les comprendrez… »

Severus Rogue remua sur sa chaise, mal à l'aise et honteux de s'être emporté contre son bienfaiteur et seul ami.

« Excusez-moi… Je vous demande pardon.

- Je vous aime, Severus. Tout comme j'aime Harry, Minerva et tous les professeurs et élèves de cette école. Tout comme j'aime ce monde qui risque de s'effondrer si nous ne faisons rien… Si je peux vous rassurer, bien que j'aie l'air de m'abandonner au désespoir, sachez que jamais ! Jamais je n'arrêterai le combat tant qu'il me restera une goutte de sang dans les veines !

- Et je vous suivrai… Seulement… ne m'empêchez pas de participer à l'Ordre pour ménager ma petite santé…

- Severus, je veux que vous ménagiez votre « petite santé » comme vous dites, car, je le répète, vous nous servez à rien dans votre état ! Cela fait trop longtemps que vous ne vous occupez plus de vous !… Faites de cet été le vôtre. Rester avec votre famille. Août sera le temps d'une grande fête chez vous ! Que rien ne vienne la gâcher.

- Je vous remercie, sourit le professeur avec une soudaine franchise et un peu de joie retrouvée. Mais je vous en supplie, … confiez-moi une dernière mission ! Juste histoire de ne pas donner l'impression de partir comme un déserteur aux yeux des autres membres de l'Ordre. »

Dumbledore le considéra un instant, pesant le pour et le contre.

« Très bien, Severus… J'aimerai, accompagné d'un autre membre, que vous alliez chercher Harry chez lui… En restant chez les Dursley, Harry est dans l'immédiat protégé par sa Tante, au travers de laquelle coule le sang de Lily… Mais, après le traumatisme de cette fin d'année, je ne veux pas qu'il reste seul ces vacances ! Le square Grimmaurd n'est plus sûr : après la mort de Sirius, Kreattur pourrait avoir des idées de trahisons. Emmenez-le quelques jours chez vous, le temps que l'on trouve une autre cachette. J'ai déjà demandé à Molly et Arthur de venir dans l'immédiat au Chaudron Baveur et ils sont prêts à s'occuper d'Harry quand nous aurons trouvé un lieu plus sûr.

- Et… heu… enfin… Hum ! Hum !… Vous croyez que l'emmener chez moi constitue un lieu sûr ?!

- Severus, il est impératif qu'Harry puisse se confier à quelqu'un. Je ne peux l'envoyer tout de suite vers Ron, car le Terrier n'est pas sûr, isolé dans la campagne. Du reste, les Weasley étant actuellement, comme je viens de le dire, au Chaudron Baveur, pensez-vous qu'une auberge soit un lieu sûr pour lui ? La pleine lune approche, donc Remus Lupin n'est pas non plus une possibilité envisageable !

- Et vous croyez sincèrement qu'Harry acceptera de se confier à moi !! Il se fermera comme une huître !!

- J'espère que vous ne l'imiterez pas, Severus ! Il faut qu'Harry prenne confiance en vous et reconnaisse ses erreurs envers vous. Et vous envers lui ! »

Severus Rogue se racla plusieurs fois la gorge. Etrange comme ses mains tremblaient subitement.

« D'ac… d'accord !… Je…. Je ferais ce que vous dites.

- Merci, Severus. »

Le professeur se leva, droit et pâle, et Dumbledore se dit qu'il était tout de même un tantinet sadique d'imposer cette « mission » à son collègue. En même temps, c'était le moment ou jamais de tenter une confrontation avec Harry et peut-être espérer un début de compréhension de part et d'autre. Dumbledore avait échoué à rapprocher Sirius Black et Severus Rogue, il nourrissait l'espoir qu'il n'en serait pas de même avec le fils de James Potter.

En sortant du bureau du directeur, le professeur se serait cogner la tête contre le mur. Bien mal lui avait pris d'insister ! Mais bon… ce n'était que pour quelques jours…

********************

Un rayon de soleil filtra à travers le store et vint caresser la joue d'Harry. Le jeune homme se laissa bercer par cette douce lumière, reconnaissant au jour de lui donner par sa clarté un peu de réconfort. Sa tête reposait durement sur l'oreiller, le reste du corps sans force.

En quelques jours de vacances, il s'était amaigri d'une manière épouvantable. La dernière fois qu'il avait jeté un regard vers un miroir, il ne s'était pas reconnu. Le teint blanchâtre virant au gris, les yeux cernés de noir, les pommettes saillantes, les lèvres desséchées. Avec ses gencives blanches et décharnées, il avait plus que jamais l'apparence d'un cadavre ambulant. Il ne sortait plus, restait cloîtré dans sa chambre, la plupart du temps allongé sur son lit au milieu de ses draps emmêlés. Parfois il lui arrivait de se réveiller au matin, puis de se rendormir aussitôt jusqu'au lendemain.

Non pas que les Dursley le maltraitaient encore plus durement, bien au contraire. Les menaces que Maugrey, Lupin, Tonks et les Weasley avaient proférées contre l'Oncle Vernon si ce dernier le malmenait, avaient porté leurs fruits. Harry n'avait en effet jamais fait l'objet de tels soins de la part des Dursley, notamment de sa Tante, qui, si elle ne l'appelait pas encore « Harrynouchet », redoublait de bienveillance à la première occasion. Elle lui préparait des assiettes généreuses à chaque repas, les lui montait toujours à sa chambre. Si Harry pouvait sentir que l'Oncle Vernon se forçait jusqu'à se faire violence pour être aimable et que Dudley s'étranglait à chaque fois qu'il lui disait bonjour, il était troublé concernant Pétunia. Sa soudaine gentillesse semblait si franche qu'il s'en voulait presque de ne pas faire honneur aux plats qu'elle lui préparait afin de la remercier.

Mais depuis la mort de Sirius, il n'avait plus goût à rien. La moindre nourriture lui retournait l'estomac.

Dernièrement, il avait reçu ses résultats en BUSE mais même en ayant eu Optimal et Effort Exceptionnel à toutes les matières (hormis divination et astrologie), cela ne lui avait pas remonté le moral. Hermione l'avait félicité en long, en large et en travers dans une lettre immense. Il l'avait alors félicitée chaudement à son tour elle avait en effet eu les meilleures notes partout et allait même recevoir un Certificat du Mérite pour son travail accompli (un titre honorifique généralement accordé lors des ASPIC). Ron lui-même s'en était bien sorti, mais s'était littéralement planté en potions, ce qui lui laissait la consolation de ne plus avoir Rogue à l'entrée. En outre, Harry, tout en communiquant assidûment avec ses amis, envoyait régulièrement une lettre au square Grimmaurd, tous les trois jours comme lui avait dit Maugrey. Il rassurait alors tout le monde sur sa situation, racontant tout le bien que lui faisaient les Dursley…

Jamais il n'irait avouer le mal qui le rongeait. Autant l'année dernière, il aurait tout donner pour rejoindre au plus vite Ron, Mione et les autres. Autant cette année, il voulait demeurer en lui-même. Il avait également convaincu la Tante Pétunia de ne pas appeler un docteur car comme elle insistait lourdement, il avait prétendu que sa faiblesse était d'origine magique et donc insoignable par des médecins Moldus. Oncle Vernon, au départ inquiet que l'effrayant personnage à l'œil fou ne surgisse pour l'accuser de l'état d'Harry, avait aussitôt décrété le statut de quarantaine à la chambre de son neveu. Seule sa femme continuait à s'y rendre pour apporter au jeune homme ses repas où il picorait à peine.

Ses nuits et son sommeil intermittent constituaient les pires moments de son isolement volontaire. Voldemort semblait se plaire à lui envoyer les plus horribles images qu'on puisse imaginer. Harry les recevait en flashs : charniers, membres arrachés, cadavres… Plusieurs fois il avait également eu droit à des scènes lubriques et bestiales : il se retrouvait dans la peau du grand serpent blanc et observait un couple allongé sur une pierre tombale et s'adonnant à des ébats frénétiques. Régulièrement il se réveillait alors en sursaut, trempé de sueur, le feu aux joues et le pouls rapide.

Quand il ne dormait pas, son inactivité pathologique le plongeait dans des recoins de son esprit dont il ne soupçonnait pas l'existence. Il se parlait à lui-même, en ayant la douloureuse impression de devenir schizophrène.

~ A quoi penses-tu ? lui demandait une petite voix sournoise dans sa tête.

Il pensait à Sirius bien sûr. Il pouvait presque voir le lourd rideau noir, derrière lequel avait disparu son parrain, tomber sur ses yeux et l'engloutir à son tour. Il aurait aimé que ce soit le cas. Mourir ne lui faisait plus peur. Dans son état, il aurait eu le sentiment d'être seulement endormi.

~ Il est facile de mourir, lui assura la petite voix. Prend le couteau à côté de ton assiette. Puisque que tu ne t'en sers pas pour manger, tu n'as plus qu'à te trancher les veines avec. La douleur est alors passagère, et tu pourras sentir très vite un bien-être indescriptible t'envahir.

~ Mais je ne peux faire une telle chose… Selon les termes de la prophétie, il faut que je tue Voldemort ou que Voldemort me tue… En me suicidant, je lui faciliterai la tâche…

~ Mon pauvre ami, tu es tout simplement pitoyable de croire en ces balivernes ! Ce ne sont que des divagations sorties de l'esprit malade de Trelawney ! Voyons, tu sais bien que cette femme est totalement dérangée !

~ Dumbledore la croit…

~ Dumbledore !… Dumbledore !! C'est tout ce que tu trouves à me dire !!… Je trouve que tu oublies bien vite, mon ami, que c'est de la faute de ce vieux gâteux que ton cher parrain est mort ! De sa faute à lui et à l'autre monstre sans cœur !!

~ Rogue…

~ Oui, Rogue !… Ce pervers, cette méchanceté incarnée ! Cet homme qui se prétend « ex-Mangemort », mais qui œuvre très certainement encore pour Voldemort ! Sinon, pourquoi serait-il encore vivant ?… Suppose que le traître dont parlait Voldemort n'était pas lui !… Rogue est un traître pour l'Ordre du Phénix, voilà la vérité ! Il rapporte tout ce qui s'y dit à ces amis les Mangemorts ! Sirius l'a surnommé le caniche de Malefoy non sans raison ! Snivellus le Servilus !! Un homme abject !! Un homme à qui Dumbledore fait confiance !! Et toi, après, tu veux faire confiance à Dumbledore !!

~ …

~ Alors… qu'attends-tu ?… Remue-toi ! Lève-toi ! Prends le couteau !

Difficilement, Harry se dressa sur ses coudes, puis posa précautionneusement ses pieds au sol. Il crut qu'il allait défaillir quand il se mit debout tant sa tête tournait. Mais à sa grande surprise, il avait encore assez de force pour tenir sur ses jambes. Il s'approcha de sa commode où trônait son plateau-repas intact. Il regarda avec des yeux vides son assiette. Ce midi, il avait eu droit à un steak, une grosse portion de petits pois et deux pommes de terre à l'eau et au beurre. Il y avait également un petit pain chauffé au four et un généreux morceau de cheddar.

~ Prends le couteau !

Il regarda sa nourriture avec un dégoût grandissant. Il fallait qu'il fasse quelque chose, car il se sentait au bord du haut-le-cœur.

~ Prends le couteau !

Il tendit sa main vers ses couverts.

~ Prends-le !!

La Tante Pétunia ouvrit la porte, ce qui fit sursauter Harry de tous ses membres. Le couteau glissa de ses mains et tomba à terre dans un bruit qui lui sembla fracassant.

« Tu ne veux toujours rien manger ? »

Harry mit un temps d'arrêt avant de réagir et d'assimiler ces paroles. Il regarda à nouveau son plateau-repas et se saisit du cheddar.

« Je prends le fromage, ma Tante. »

Pétunia soupira lentement, ramassa le couteau, s'empara du plateau et repartit avec.

Harry déposa le cheddar dans la cage d'Hedwige et se recoucha. Toute la journée, la petite voix ne cessa de lui dire inlassablement : « Imbécile, imbécile, imbécile, imbécile… ».

********************

Remus Lupin tritura sa moustache nerveusement, tandis que Maugrey Fol Œil faisait les cent pas dans la salle à manger du 12 square Grimmaurd. Ils revenaient tous deux du Chaudron Baveur jusqu'auquel il avait escorté la famille Weasley. Dumbledore ne voulait pas qu'ils restent au Terrier, trop isolé et donc trop dangereux. Ils logeaient donc en attendant à l'auberge, à défaut d'avoir pu s'installer au square Grimmaurd, plus très sûr lui non plus.

« Incroyable !… Incroyable ! »

Fol Œil fit encore trois fois le tour de la longue table avant de venir s'installer devant Lupin.

« Incroyable ! répéta-t-il. »

Puis le silence retomba. Lupin avala d'un trait la potion que lui avait apprise Rogue et qui lui permettait de passer des nuits moins désagréables lors des pleines lunes. Ce soir, il risquait d'en avoir besoin. Rogue…

« Je suis sûr que le directeur Dumbledore sait ce qu'il fait ! assura Remus.

- Mais enfin, mon ami ! s'exclama Maugrey. Pouvons-nous sincèrement nous fier à Severus Rogue ?! Qui nous dit qu'il ne va utiliser le gamin comme ingrédient pour ses potions ? »

Lupin évita soigneusement de sourire, sentant que ce serait déplacé, vu les circonstances.

« Pauvre gosse ! continua Maugrey. Se retrouver avec Severus Rogue dans cette grande maison sinistre… Avez-vous déjà vu le Manoir Rogue, Remus ? »

Oui, il l'avait déjà vu, mais il préférait oublier les raisons de sa présence en ces lieux. C'était, il y a seize ans, lors de l'enterrement de la gentille et jolie femme de Severus, dont il avait été un ami d'enfance. C'était également l'unique fois où il avait vu Severus pleurer… Quant à la demeure en elle-même, à défaut d'avoir vraiment fait attention à son apparence, elle n'était pas si sinistre que cela. Un peu abandonnée sans doute au niveau entretien, un peu vieux jeu aussi… mais pas sinistre.

« Seul avec Severus Rogue…, continuait Maugrey.

- Oh ! Il ne sera pas si seul que cela. Il n'y aura pas que Severus avec lui. Je crois savoir que Trity est déjà arrivée…

- Meredith ?! Pff, elle n'est pas sociable pour deux mornilles !

- Je ne suis pas d'accord…

- Remus, voyons ! Pourquoi Dumbledore ne nous a-t-il pas demandé d'amener Harry auprès de Molly et Arthur ? Au moins, il aurait pu s'amuser avec ses amis, Ron et Ginny !

- Parce que Dumbledore estime que le Chaudron Baveur n'est pas assez sûr pour Harry.

- Pff !… Il serait sûr pour les Weasley et pas pour Harry ?… Et le Manoir Rogue serait, lui, plus sûr ?

- Exactement.

- Ridicule ! »

Lupin décida de ne pas relever et préféra arrêter là la conversation. Il tomba dans la contemplation de son gobelet vide. Constatant que son ami s'était muré dans le silence, Maugrey Fol Œil prit congé et partit. Remus lui fit un léger signe de tête pour le saluer, sursauta quand les cris de Mrs Black retentirent dans le couloir, mais à son soulagement Maugrey réussit à rabattre seul le drap sur le tableau, faisant taire la harpie.

Il dut rester des heures, assis. Il ne pensait à rien. Pas même à Sirius.

Il s'était installé square Grimmaurd fin Juin, juste après le retour d'Harry chez les Dursley. Seul, avec Buck et Kreattur pour seule compagnie, il avait ruminé son chagrin à n'en plus finir. Reclus dans sa chambre, il avait fallu toute l'attention de Tonks pour le faire sortir. La jeune femme aux cheveux roses gardait constamment ses yeux rougis par les larmes. Deux mois auparavant, elle lui avait avoué qu'elle aimait Sirius, qui avait été le cousin de sa mère. Elle l'aimait de cet amour impossible que connaissent les amants maudits des romans. Elle n'en avait pas l'air, mais Tonks était une grande romantique. Cependant ses rêves s'étaient envolés.

Remus grinça soudain des dents sous un picotement intolérable. Regardant ses mains, il constata qu'un poil roux et dru commençait à apparaître. Déjà la nuit ? Soupirant bruyamment, il monta lentement les escaliers pour aller s'enfermer dans sa chambre, observé avec malveillance par Kreattur qui avait surgi d'on ne sait où.

********************

Sitôt arrivé chez lui, il s'était effondré dans un fauteuil, mort de fatigue et d'angoisse. Il n'en revenait toujours pas ! Dumbledore se vengeait de son attitude, ça ne faisait pas un pli ! Ou alors c'était tout simplement inéluctable ! Mais alors pourquoi se sentait-il retourné par la peur à l'idée d'être confronté à ce gamin ! Tu es son professeur, lui rappela une voix dans sa tête. Tu sais te faire respecter. De plus, ce n'est qu'un sale petit morveux orgueilleux ! Un Maraudeur junior en puissance !!

Mais ce n'était pas le cas. Malgré lui, il acceptait la haine qu'Harry avait à son égard, car elle était… juste. Oui, ça doit être le terme approprié.

Après tout, pendant quinze ans, il s'était forgé une personnalité implacable de tyran d'élèves. Au début, il prenait comme excuse le fait qu'il devait jouer la comédie pour le cas où le Seigneur des Ténèbres reviendrait : être d'une indulgence excessive envers les Serpentards et monstrueux envers les autres Maisons. Ce petit jeu pouvait fonctionner avec Lucius Malefoy, qui n'aurait jamais découvert le pot aux roses tout seul tant leur amitié était inébranlable. Du moins jusqu'à maintenant. Car ce petit jeu n'avait aucune chance de probabilité avec le Maître. Et depuis sa résurrection de l'année dernière, Severus Rogue avait clairement perçu un refroidissement dans ses rapports avec Lucius. Ce dernier devait se sentir extrêmement blessé que son meilleur ami se soit révéler être un traître depuis si longtemps.

Mais ce n'était pas pour flatter l'amitié que lui portait Lucius que le professeur Rogue avait depuis si longtemps adopté une attitude déplorable avec ses élèves, et, d'une manière générale, envers l'ensemble du corps enseignant. Ce n'était pas non plus pour espérer tromper le Maître. Non, j'étais juste aigri avant l'âge. Et le pire, c'est que j'ai pris du plaisir à me conduire ainsi ! A placer plus bas que terre des gens tels Londubat, qui auraient pu réussir si je les avais aidés et soutenus !

Da, da, aurait dit Karkaroff. Na ja, aurait dit Rachel.

Rachel…

Un pâle sourire apparut sur les lèvres fines de l'implacable professeur de potions. Les quelques souvenirs joyeux de son enfance, il les lui devait. Mais elle était morte, sans qu'il puisse la retenir. Eternel impuissant ! Elle est morte par ta faute ! Tu as provoqué la mort de ta femme, espèce de salaud et de sale meurtrier !!

Severus Rogue étouffa un sanglot en levant les yeux au plafond. Une toile d'araignée s'y balançait en un léger voile poussiéreux. Il se prit à penser à Karkaroff. Le vieux brigand devait avoir trouvé une combine pour échapper jusqu'à maintenant aux foudres de leur Maître. Severus savait qu'il n'était pas mort, car il l'aurait su la Marque lui aurait fait mal et il aurait vu la mise à mort du déserteur. Il avait par contre appris que Karkaroff avait démissionné de son poste de directeur à Durmstang. A présent, où qu'il soit, il a intérêt à rester planqué s'il tient à vivre.

Il sourit à nouveau, quand soudain il entendit une galopade dans l'escalier du grand hall. Meredith surgit littéralement dans le salon, échevelée et le visage toujours un peu fou. Elle lui lança le bonjour avec entrain, alors qu'il était déjà 18 heures, avant de se précipiter sur un beignet asséché abandonné sur la petite table basse. Severus regarda sa nièce se délecter de sa trouvaille. Nièce ! Elle avait un an de plus que lui et ne se gênait pas pour le lui rappelait ! Il eut tout un coup une idée.

« Trity ! Tu sais que je vais chercher Harry Potter tout à l'heure avec Nymphadora Tonks ?… Pourrais-je te demander un service ? »

Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre

Je vois souvent mon ignorance en d'autres yeux

Je reconnais ma nuit je reconnais ma cendre

Ce qu'à la fin j'ai su comment le faire entendre

Comment ce que je sais le dire de mon mieux

Parce que c'est très beau la jeunesse sans doute

Et qu'on en porte en soi tout d'abord le regret

Mais le faix de l'erreur et la descente aux soutes

C'est aussi la jeunesse à l'étoile des routes

Et son lourd héritage et son noir lazaret

A cet instantané ma vieille et jeune image

Peut-être lirez-vous seulement mes vingt ans

Regardez-le de près et c'est un moyen âge

Une sorcellerie un gâchis un carnage

Cette pitié d'un ciel toujours impénitent

(…)

Je ne sais trop comment l'on entendra ma plainte

Ni si l'on saura voir dans cette Passion

L'homme à la fin sorti de l'ancien labyrinthe

Et par-delà l'objet restreint des scènes peintes

Le recommencement des générations

(…)

(Aragon, Le Roman inachevé, extrait du deuxième poème de « La beauté du Diable »)

Je réponds à toi, Oh ! Toi ! ma « revieweuse », toi Tania Potter !

          Je te remercie beaucoup !!! Oh là là !! Tu me fais rougir !!!  *-*  Alors de qui, d'après toi maintenant, Voldemort veut se venger ? Hum ? Si tu n'avais pas deviné au prologue, je pense que ce 1er chapitre t'a éclairé !! Tu me disais que tu avais aimé le poème de Baudelaire j'ai l'intention de finir chacun de mes chapitres avec un poème ou une citation ! Cette fois-ci, que penses-tu de ce poème d'Aragon ? Allez, à la prochaine review !

Et ça vaut pour les autres !! Alors, reviews, s'il vous plaît !!!!