L'Amour Immortel

Disclaimer : Bien sur les personnages ne m'appartiennent pas ( enfin, vous êtes pas dans mes rêves non plus…) et sont bien sur propriété du génie Tolkien qui a eu la bonne idée de créer ce monde merveilleux. J'aimerai bien aussi me réveiller avec des idées comme ça…

Hormis quelques personnages issus de mon esprit productif, rien est à moi, O désespoir !

Et puis je me base aussi sur le physique des acteurs des films La Communauté de l'Anneau et des Deux Tours.

Par ici les avis !

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Chapitre 32 :

            L'aube se levait, inondant les plaines verdoyantes de ses rayons dorés. L'herbe voilée de rosée semblait constellée de paillettes d'or, au loin, les immenses arbres découpaient leurs sombres silhouettes sur le ciel qui prenait tour à tour des teintes pourpres flamboyantes ou jaunes ambrées. Le chant des oiseaux, perçant le silence, ne faisait qu'accroître cette plénitude. Debout sur le balcon, baignée dans la fraîcheur matinale, Stalkia regardait et s'émouvait encore de la beauté que pouvait lui offrir la nature. Elle contemplait avec émerveillement l'astre du jour prendre possession du royaume. Cela faisait six jours qu'elle n'avait pas vu Legolas, il lui manquait beaucoup et elle se languissait de lui. Mais il lui semblait aussi qu'elle venait de le quitter, qu'elle venait de l'embrasser et que sa peau était marquée par son odeur. Elle était imprégnée de lui. Elle se sentait tellement bien, si sereine. Purifiée, libérée de ce mal qui l'oppressait. Elle ne songeait plus qu'à leur union, à la naissance de leur enfant. Ses mains se posèrent sur son ventre, elle ressentait dans tout son corps sa présence. Elle ferma les yeux et sourit rêveusement. Demain nous serons unis songea t-elle. Même si leurs cœurs étaient déjà unis depuis bien longtemps, elle attendait ce moment avec une impatience grandissante. Il lui tardait aussi de revoir son frère et tous les hommes qu'elle aimait car durant ces six jours, seules des femmes lui avaient tenu compagnie. Elle pensa encore à Legolas, à sa tendresse, à son amour qu'il lui montrait chaque jour. Il y a trois jours, alors qu'elle était dans les jardins avec Arwen, elle avait senti sa présence. Il lui avait semblé qu'il était tout près d'elle mais la sensation s'était vite effacée. Elle se demandait ce qu'il faisait, comme elle il devait procédé à certains rites mais moins importants que les siens. Mais elle ne doutait pas qu'avec ses deux frères, Gimli et les hobbits, il ne devait pas s'ennuyer. Elle entra dans la chambre, eut un regard sur une petite table où se trouvait une lettre, dans une enveloppe ouverte. Elle l'avait lue le soir où elle l'avait reçue et son contenu l'avait profondément émue. Trouvant les mots justes, avec une grande sensibilité, Ionä lui avait exprimé ce qu'elle ressentait, qu'elle partait mais qu'elle leur souhaitait d'être heureux. Elle avait demandé à Stalkia de ne pas lui répondre et celle-ci s'était pliée à son exigence qu'elle comprenait. S'éloigner de ceux qu'on aimait pour les oublier. Elle souhaitait que Ionä oublie Legolas, non pas par jalousie mais pour qu'elle puisse à nouveau être heureuse. Elle s'habilla et réfléchi un bref instant. Elle eut un sourire, pour ce dernier jour, Dame Thanalia lui avait dit de rester dans sa chambre et de ne pas sortir. Pendant ces six jours, Stalkia n'avait rencontré aucun homme mais la vieille gouvernante avait toujours la crainte qu'elle ne rencontre son promis ou un autre homme. Les rares sorties qu'elle avait faites s'étaient cantonnées aux jardins, et encore, jamais seule. Il était tôt, elle avait envie d'être dehors, d'être seule dans la nature. Elle décida alors d'aller se promener à cheval, en espérant que la gouvernante ne verrait pas son absence. Elle descendit dans les écuries, tout le monde dormait encore et elle n'eut aucune difficultés à trouver Elpheriel et à s'échapper pour une longue promenade dans les bois.

************

            Darvalas et Helierdas étaient devant le château, assis nonchalamment sur les premières marches, ils échangeaient leurs impressions sur leur frère, enfin de retour.

- Il m'étonnera toujours ! Dit Helierdas. Il se lie d'amitié avec un nain et deux hobbits, devient héros de la Terre du Milieu et ramène la plus belle créature de ce monde… Combien d'elfes vont partir à l'aventure en voyant ça ? !

- Ses actes étaient en quelques sortes prévisibles… Regarde, je ne l'ai jamais entendu proférer des insultes envers les autres peuples, il a toujours aimé l'aventure et la liberté et ne me dit pas que son charme indiffère les femmes ! Répondit Darvalas.

- Cette femme est vraiment sublime… Elle est humaine…

- Mais immortelle…

- Oui mais elle prouve que la grâce et la beauté ne sont pas des atouts uniquement destinés aux elfes… Il me faut une femme comme elle…

- Oui mais elle est unique… Donc je pense que maintenant, nos activités vont nous mener vers le Rohan ou le Gondor… !

- Tu lis dans mes pensées !

Ils s'esclaffèrent, bien que différents, leur entente était parfaite. Leurs rires s'arrêtèrent  quand ils virent arriver vers eux un cheval au trot, monté par une personne encapuchonnée dans un manteau couvert de poussière. Ils descendirent vivement les marches, le cheval s'arrêta devant eux. La personne abaissa son capuchon, il s'agissait d'une jeune femme elfe aux cheveux blonds parcourus de reflets roux et aux yeux immenses, d'un vert chatoyant. Helierdas était surpris mais cela n'était rien comparé à Darvalas. Un sourire s'étira sur son visage et ses yeux étincelèrent de plaisir. Il saisit les brides afin de calmer le cheval et l'elfe descendit. Ils se regardèrent intensément, Darvalas semblait avoir perdu l'usage de la parole et ce fut Helierdas qui salua la jeune femme le premier d'un ton ironique.

- Maraurë Dame Ryandonn… Excusez mon frère, il n'a jamais été très doué avec les retrouvailles…

- Maraurë Prince Helierdas…

Elle se tourna à nouveau vers Darvalas qui s'approcha d'elle, saisit ces mains et le porta à ses lèvres. Il lui murmura, la regardant dans les yeux.

- Nous ne devions pas nous revoir…

- Mon cœur en a décidé autrement Prince Darvalas…

Helierdas les regarda un bref instant puis voyant que sa présence était loin d'être indispensable, il s'éclipsa discrètement, laissant les deux elfes se retrouver. Darvalas et Ryandonn marchèrent silencieusement quelques instants puis il s'arrêta, lui prit à nouveau les mains et les posa sur son cœur. Il la regarda avec amour et lui murmura.

- Je n'ai jamais pu me résoudre à penser que cette nuit était la première et la dernière…

Les yeux de Ryandonn étincelèrent.

- Vous étiez bien plus pour moi qu'un séduisant rôdeur de passage… Les évènements nous ont inéluctablement conduit à une séparation.

- Ce n'est plus que le passé désormais.

Il se pencha et l'embrassa tendrement. Elle s'écarta au bout de quelques secondes, un pli d'inquiétude marqua son front, il s'estompa aussitôt mais Darvalas le remarqua.

- Qu'avez-vous ?

- Je venais pour vous voir mais j'ai appris qu'Elle était ici…

- Elle ?

- Dame Stalkia…

- Oh ! Oui, elle est ici, c'est au sujet de votre frère…

- Oui, beaucoup de choses doivent être dites et je dois aussi en apprendre.

- Je vais vous conduire à elle, mais je ne suis pas sûr qu'elle soit dans sa chambre et je ne suis pas autorisé à la voir car elle effectue ses derniers rites de purification.

- Ses rites ? Va t-elle se marier ?

- Oui, avec mon frère, Legolas, ils l'ont annoncé il y a une semaine.

- Leur liaison n'est pas encore parvenue à notre royaume…

- Il est étrange que cette histoire soit encore si secrète…

- Elle ne va pas tarder à se répandre.

- Je vais vous conduire à elle.

Il lui prit le bras et ils se dirigèrent vers le château.

**********

Stalkia coiffait machinalement ses longs cheveux blonds. Elle venait de rentrer de sa promenade qui l'avait menée au lac où elle était allée avec Legolas. Des souvenirs affluèrent dans son esprit et amenèrent un sourire sur son visage. En rentrant, malgré ses précautions pour ne rencontrer personne, elle avait croisé Helierdas. Etant donné qu'il était un homme, il se devait de l'ignorer durant cette période. Il n'avait pas le droit de lui parler mais il n'avait pu résister à l'envie de lui adresser un large sourire séducteur. Elle s'était dépêchée de rentrer dans sa chambre et avait du subir les remontrances de la Dame Thanalia qui l'attendait depuis de nombreuses heures. La vieille gouvernante s'était prise d'affection pour Stalkia et l'avait dirigé dans ses rites. Mais de nature stricte, elle avait du mal à se résoudre aux longues escapades de Stalkia qui risquait de rencontrer un homme et pire encore son futur mari, ce qu'elle craignait par-dessus tout. Stalkia omit de lui raconter sa rencontre avec Helierdas et écouta avec un sourire ses reproches. Dame Thanalia partit ensuite, ne voulant révéler à Stalkia ce qu'elle allait faire. Stalkia aimait beaucoup Dame Thanalia qui lui rappelait la nourrice de son enfance chez les elfes. Elle se regarda dans le miroir et ne pu s'empêcher d'adresser un sourire à son reflet. Demain je reverrai Legolas dit-elle à voix haute pour elle-même. Elle se sentait bien, rêveuse et paresseuse mais brusquement, elle sentit une présence, elle eut un haut-le-corps, sa respiration fut coupée un instant. Elle respira profondément, son malaise était du à la présence d'une personne, son don de clairvoyance ne se manifestait plus très souvent et apportait généralement du bien être mais ce qu'elle avait ressenti était bien plus fort. Des coups se firent entendre à la porte, elle secoua la tête et se dirigea vers la porte. Quand elle l'ouvrit, elle se trouva face à une jeune femme elfe qu'elle ne connaissait pas mais quand elle plongea ses yeux dans son regard vert émeraude, elle sut d'où venait ce malaise. Elle connaissait ces yeux verts, comment aurait-elle pu les oublier. Elle essaya de reprendre ses esprits et l'invita à entrer. Elle ferma la porte et se retourna. Ces yeux verts, ces traits, cette peau blanche, elle essayait de se persuader du contraire mais la femme prit la parole.

- Bonjour Dame Stalkia… Je suis désolée d'être ici sans vous avoir préalablement prévenue… Mon nom est Ryandonn.

- Veuillez excuser mon trouble je…

- Vous savez qui je suis…

- Oui, je crois savoir mais…

- Je suis la sœur du défunt Vestrial.

Le malaise de Stalkia revint aussi vite qu'il était parti. Des souvenirs ressurgirent devant ses yeux, sans qu'elle ne puisse rien faire : la Tour d'Orthanc, la douleur, la mort, les pleurs. Elle faillit défaillir, elle ne sentait plus et ne contrôlait plus son corps, elle se retint à une commode, ses mains se crispèrent sur le bois. Elle pâlit visiblement, Ryandonn se précipita vers elle, inquiète.

- Ma Dame ! Vous sentez-vous bien ?

Stalkia respira profondément et esquissa un léger mouvement de la main pour lui montrer que ça allait mais elle ne parvint à se calmer. Ryandonn lui prit la main et, la soutenant presque, la conduisit vers un fauteuil où elle s'assit. Elle aussi était émue mais ce n'était rien comparé à Stalkia. Qu'avait-elle donc endur ? Elle connaissait son récit mais ne pouvait savoir tout ce qu'elle avait ressenti. Elle paraissait si fragile, comment avait-elle pu vaincre le mal ? Stalkia murmura d'une voix tremblante.

- Veuillez m'excuser, je ne m'y attendais pas… j'ignorais qu'il…

- Ne vous inquiétez pas, je comprends votre réaction… Je vous rappelle le passé mais mon but n'est pas de vous faire du mal… Je vous admire profondément et même sans vous connaître, j'éprouve pour vous une affection que je pourrais donner à ma sœur… je venais à Eryn Lesgalen pour… ( Elle marqua une brève pause, ce n'était pas du tout le moment pour annoncer sa liaison avec Darvalas)… Pour d'autres raisons… Mais j'ai appris que vous étiez ici… Vous avez vu mourir mon frère, je n'ignore pas le mal qu'il a fait, le mal qu'il vous a fait mais je n'arrive pas à comprendre comment il a pu.

- Je n'ai pas connu votre frère avant sa venue dans la Communauté mais dès les premiers instants où il s'est joint à la Quête, il n'était plus lui-même… Il a été envoûté par Saroumane afin de nous tromper…

- C'est bien ce qui m'a été rapporté… C'est par sa faute que vous avez failli trouver la mort, vous, le Prince Legolas et toute la Communauté.

- Il n'était pas dans son état normal Dame Ryandonn… Il m'a sauvé la vie.

- Il vous a sauv ?

- Oui… Je ne comprends pas que cela ne vous ai pas été dit car c'est tout aussi important que le reste… il s'est interposé entre Saroumane et moi, au sommet de la Tour d'Orthanc, sacrifiant sa vie pour préserver la mienne… Renonçant au mal dans un dernier souffle, recouvrant son véritable esprit.

Les images défilèrent devant les yeux de Stalkia la pluie le chantier infernal la douleur atroce, physique, puis celle qu'elle avait ressentie en voyant Legolas, suspendu au dessus du sol le rictus de Saroumane. Elle sentit des larmes affluer à ses yeux, elle s'en voulait de se montrer ainsi mais elle ne pouvait les retenir. Elle étouffa un sanglot et continua, essayant de reprendre une voix posée.

- Il n'aurait jamais été manipulé aussi facilement s'il n'avait pas éprouvé de tels sentiments… Un elfe ne peut se faire manipuler ainsi…

- Il vous aimait…

- Ce fut ses derniers mots…

Ryandonn sentit elle aussi les larmes venir puis couler le long de ses joues. On lui avait rapporté les actes odieux de son frère et malgré son chagrin quand elle avait appris sa mort, elle l'avait détesté pour ce qu'il avait fait, pour la honte qu'il lui donnait. Sa mort était héroïque mais avait été passée sous silence, tout comme celle de Boromir songea t-elle. Leurs noms seront rétablis dans la lumière. Ce que lui avait dit Stalkia la rassurait, elle avait pris la suite de Vestrial et dirigeait désormais son royaume. Elle avait eu beaucoup de mal à s'acquitter de cette tache qui lui semblait impossible, elle qui n'avait jamais aspiré à gouverner et de plus avec un peuple inquiet de savoir si leur nouvelle reine referait les même erreurs que son frère. Elle regarda Stalkia, vit à quel point elle était troublée, elle s'en voulait d'avoir fait ressurgir des souvenirs et émotions si pénibles chez cette femme si jeune et si innocente.

- Je suis navrée de vous avoir fait encore du mal Dame Stalkia, de vous avoir fait revivre cela…

Stalkia releva les yeux, rougis par les larmes mais assurés.

- Votre besoin de connaître la vérité était totalement normal. Votre frère a aidé à la Quête, il y était destiné. Tout ce qu'il a fait a été racheté par son geste. Sans lui, l'anneau n'aurait pu être détruit.

- Je comprends pourquoi il vous aimait… Vous attirez l'amour Dame Stalkia… cet amour lui a été fatal mais il est mort en éprouvant le plus beau des sentiments, il est mort en paix…

Elle saisit les mains de Stalkia et la regarda dans les yeux.

- Je vous remercie pour ce que vous avez fait, pour tout ce que vous avez fait… J'essayerai par tous les moyens qui me sont acquis de vous convaincre que vous n'êtes pas responsable… Vous nous avez sauvé, vous l'avez sauvé de la folie.

Les émotions de Stalkia se calmèrent peu à peu, elle eut un imperceptible sourire à travers ses larmes.

- C'est une bonne chose que vous soyez venue… Je suis heureuse d'avoir parlé avec vous… Votre frère ne mérite pas la haine, seules les forces du Mal la méritent.

- Ce que vous dites me soulage, je venais aussi pour vous réconcilier avec mon peuple.

- Aucune réconciliation n'est nécessaire car je n'ai jamais eu aucune rancœur envers votre peuple.

- Je tenais à m'en assurer…

Stalkia se leva, essuya ses larmes et lissa les plis de sa robe.

- Le frère de Legolas, Darvalas m'a appris pour votre prochaine union… je vous souhaite le bonheur le plus complet que vous méritez amplement…

Stalkia perçut immédiatement le changement d'expression de Ryandonn quand elle parla de Darvalas.

- Je vous remercie et j'espère que vous vous joindrez à nous… je pense qu'il vous tarde de retrouver le Prince Darvalas…

Ryandonn eut l'air profondément surprise.

- Oui mais… Comment… ( Elle eut un sourire)… Vous savez tout…

- Votre amour et votre hâte de le voir sont bien perceptibles…

- Peu de gens le savent, vous êtes bien sagace

Ryandonn et Stalkia parlèrent encore quelques instants puis Ryandonn parti, laissant Stalkia à nouveau seule. Elle était encore troublée par  cette visite, elle se remit assise dans son fauteuil, songeant à la conversation qu'elle venait d'avoir. Depuis qu'elle était arrivée à Eryn Lesgalen, le passé n'était pas venu la troubler et le peu d'allusion qui avaient été faites l'avaient laissé sans réactions. Mais elle savait maintenant que tout ce qui été lié au Mal ferait ressurgir ces émotions qu'elle tentait d'enfouir au plus profond d'elle-même. Cette sensation qui était devenue presque imperceptible  et à laquelle elle essayait de ne plus faire attention, était revenue. Elle ne pouvait rien y faire. Cette discussion l'avait fait souffrir mais elle avait aussi pu libérer un venin qui persistait dans ses veines. Parler du passé était pour elle à double tranchant : se soulager de la souffrance endurée mais la ressentir encore en y repensant. Elle joignit ses mains dans un geste nerveux et se perdit dans ses pensées.

*************

La nuit était noire, une nuit sans Lune où les étoiles étaient privées de leur Reine pour une unique danse. Mais elles n'en effectuaient pas moins leur ballet éphémère et scintillant dans la voûte céleste, d'un noir d'encre et vierge de tout nuage. Le monde nocturne était un mystère, un royaume où les ombres et les formes n'étaient jamais les mêmes, où les sens s'éveillaient, où le calme s'installait, le monde du silence, à peine troublé par quelques bruits vite oubliés. Un monde que Legolas avait toujours aimé et préféré car il lui donnait sa liberté et lui ôtait son statut qu'il ne voulait porter. Il marchait dans les jardins, ses yeux s'accoutumant sans peine à l'obscurité, ses pas assurés, il devinait avec une légère avance le moindre obstacle. Il respirait à pleins poumons la fraîcheur de la nuit, la douceur de sa forêt, écoutait les moindres bruits. La nuit était son univers, celui où il s'y réfugiait étant enfant, dans son monde de rêves. Combien de fois avait-il entendu qu'il était beau comme le jour ? Il secouait la tête, perplexe car son caractère était celui de la nuit, effacé et solitaire. Ses pas le menaient à un endroit où il n'était pas allé depuis des mois. Son besoin de la voir était devenu incontrôlable malgré le mal qu'il allait ressentir. A chaque pas son émotion grandissait, un nœud se formait dans sa gorge, son estomac se contractait, sa vue semblait moins précise. Son attention fut soudainement attirée par une fleur à sa droite. Il posa un genou à terre et la regarda, elle n'avait rien d'exceptionnelle mais elle l'attirait. Ses pétales banches étaient refermés, elle s'inclinait légèrement. Il l'effleura puis, sans trop savoir pourquoi la cueillie délicatement et continua sa marche. Il ne lui restait plus que quelques pas à faire, un immense saule pleureur se dressait devant lui, ses branches, aux feuilles d'un vert argenté, tombaient gracieusement jusqu'à terre. Legolas le regarda un instant, personne ne l'avait planté ici, il avait poussé de lui-même, à l'endroit même où elle était. Il s'approcha et écarta le rideau de branches. Il respira profondément et pénétra sous le couvert. Juste devant lui, à moitié enfuie dans la terre se trouvait une pierre blanche, lisse et pure, qui semblait émettre une lumière nacrée. Mais il était sûr que cela n'était pas une illusion, la pierre avait toujours rayonné. Il regarda un bref instant les inscriptions gravées dans la pierre. Il connaissait tellement bien ces mots, il n'avait plus besoin de les lire. Il les haïssait, ils étaient froids, gravés sur cette pierre qui ne signifiait rien pour lui. Il détestait l'idée qu'elle repose sur le sein de cette terre si froide. Il se laissa tomber lentement à genoux et ferma les yeux, afin de refouler les larmes. Quand il rouvrit les yeux, il ne pouvait sentir la brûlure du sel mais il ressentait dans tout son corps la douleur se diffuser. Jamais il ne se laissait aller ainsi, seules deux femmes pouvaient provoquer de telles émotions chez lui. Ses yeux bleus, empli de désespoir et de tristesse se posèrent à nouveau sur la pierre. Il murmura.

- Oh ! Ama…

Sa voix était brisée, les émotions revenaient. Qui avait osé lui dire que le temps les effacerait ?

- Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi ?

Il marqua une brève pause puis reprit avec la même voix, ses yeux fermés les poings serrés.

- Tu disais que j'étais fort… Mais je ne l'ai pas ét ! Je ne l'ai pas ét !

Sa respiration devenait saccadée par les sanglots, son visage se crispa sous la douleur.

- Pourquoi Ama ? Pourquoi ?

Il rouvrit brusquement ses yeux, devenus étincelants de colère et de rage. Il criait presque.

- Je vous ai tous détestés, tous !

Sa voix s'affaiblit quand il prononça ces derniers mots.

- Même toi Ama… Pour nous avoir tous laissés…

Il prit sa tête dans ses mains, les souvenirs revenaient, étouffaient son esprit, il ne pouvait penser à autre chose.

( Souvenir de Legolas…)

Il était jeune mais avait déjà le corps d'un homme, on le considérait comme tel alors que son esprit oscillait encore entre l'adolescence et l'âge adulte. Tout le monde le voyait comme le prince si sur de lui si habile avec son arc, ayant largement dépassé depuis de nombreuses années le savoir de ces maîtres le futur héritier n'ayant qu'un regard à lancer pour que toute femme désire l'épouser. Mais à l'intérieur de lui, les sentiments se bousculaient, bouillonnaient. Il ne voulait pas être voué à cela, il ne voulait pas être cet homme. La liberté lui échappait à chaque instant, seuls ses deux frères soupçonnaient son trouble, même son père l'ignorait. Il ne pouvait révéler cela, anéantir tous les espoirs qu'on avait mis en lui. Mais malgré tout cela, leur quiétude était parfaite, sa sœur n'était qu'un nourrisson, né il y a peu de temps mais faisant le bonheur de tous. Ils vivaient en paix mais tout cela ne pouvait durer. Depuis quelques temps il sentait d'étranges choses, il croisait le regard de son père, indéfinissable mais inquiet. Son père, fort et sage était un roi adulé par tout son peuple et sa mère, aucune femme ne pouvait égaler sa beauté, toute créature ne pouvait que l'aimer. Toute créature ? Comment avait-il pu croire cela ? C'était une journée comme les autres, baignée dans la douceur matinale, une belle journée d'été. Une journée qui ressemblait à celles passées mais qui ne ressemblerait pas à celles futures.

- Ama...Ne pars pas…

L'elfe blonde, d'une beauté stupéfiante se retourna vers son fils. Elle avait les même yeux, deux éclats azur volés au ciel.

- Legolas… Tu sais bien que je dois le faire.

Elle le regarda avec un tendre sourire, celui d'une mère pour son fils.

- Yondo…Ne sois pas si inquiet… Que pourrait-il arriver à cet endroit ?  Nulle protection n'est plus puissante qu'en ce lieu.

Legolas ne répondit pas aussitôt, il ne pouvait empêcher l'inquiétude de transparaître dans ses yeux.

- Il se passe des choses étranges Ama… Tu l'as senti aussi, ne me dis pas le contraire…

- Yondo, notre royaume n'a jamais connu un calme parfait… Comment pourrions-nous savoir tout ce qui s'y passe ?

- Dis-moi où se trouve l'Arbre de Vie… Je veux savoir où tu es.

- Non Legolas, ce lieu est sacré, seules les femmes devenues mères peuvent y pénétrer… Tu ne peux pas connaître ce lieu… Ta jeune sœur va bientôt faire partie des notre, je dois transmettre son prénom à l'Arbre, qu'elle soit acceptée…  Tu es tellement impatient de connaître son nom… je te le dirais quand je rentrerai…

- Rentre vite Ama… Je n'aime pas te savoir seule… Même ici…

- Legolas, je l'ai déjà fait pour toi et tes frères… Je reviendrai…

Sur ces mots, elle se dirigea vers un étalon noir. Legolas l'aida à monter, il caressa un bref moment l'encolure du cheval puis leva ses yeux vers sa mère. Elle le regarda avec tendresse, lui murmura qu'elle l'aimait puis se pencha et déposa un baiser sur son front. Elle lui sourit puis partit au galop et disparut. Il la vit s'éloigner et poussa un profond soupir.

*********

Les heures passaient, il savait que le chemin jusqu'à l'Arbre de Vie était assez long, pourquoi était-il alors si inquiet ? Il sentait quelque chose. Les gazouillements de sa sœur ne le faisaient plus sourire, l'air du château lui semblait étouffant, il devait sortir. Il allait se diriger vers les bois mais il s'arrêta au bout de quelques pas, entendant un bruit de sabots. Il ne se sentait pas soulagé, il vit bientôt surgir devant lui l'étalon noir. Elle n'était pas l ! Il sentit une vague de panique le submerger. Il se précipita vers le cheval, la calma d'une parole. Il passa une main sur son encolure et sentit un liquide chaud et poisseux. Il enleva aussitôt sa main, ses yeux s'écarquillèrent de terreur en voyant  le sang maculer ses doigts.

- Non !

Il ne s'agissait pas du sang du cheval mais cela n'était pas possible. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Il entendit à peine des personnes accourir derrière lui. Il enfourcha le cheval.

- Legolas !

C'était son père mais il ne se retourna pas, il était dans un rêve, ce n'était pas possible. Il entendit à nouveau son nom, vit ses frères, son père et d'autres personnes. Son cheval piaffait, il les regarda, paniqué.

- C'est Ama ! Cria t-il.

Il n'eut pas le temps de voir les visages de son père et de ses frères se décomposer, il partit au galop, espérant que l'étalon la mène à elle. Le cheval allait à une vitesse incroyable mais il lui hurlait d'aller plus vite. Le temps n'avait plus aucune valeur pour lui, il ne pensait qu'à elle. Une branche fouetta avec violence son visage, laissant une longue traînée sur sa joue mais il resta insensible. Il ne sentait pas le sang couler. Il sentit l'étalon ralentir mais il n'était pas arrivé. Il pressa l'étalon qui se remit au galop. Ne fatigue pas, pas maintenant le suppliait-il. Il galopa encore puis sentit qu'il pénétrait dans un lieu sacré, ce lieu réservé aux mères qui lui était interdit. Mais profaner ce lieu lui importait peu, il entra sans penser à autre chose qu'à elle. Son cœur s'arrêta quand il vit au pied d'un gigantesque arbre qu'il n'avait jamais vu, une forme inerte. Le cheval était à peine arrêté qu'il sautait à terre. Il se précipita vers elle. Elle était recroquevillée, entourée par les plis en désordre de sa robe.

- Ama ! Non !

Il s'agenouilla auprès d'elle, redoutant le pire, ses yeux embrumés par les larmes. Il la retourna avec une tendresse et une délicatesse infinies.

- Ama ! Je t'en supplie !

Ses paupières clignèrent, elle ouvrit faiblement les yeux. Il sentit une pointe d'espoir le traverser mais en voyant le sang qui souillait sa robe, son cœur chavira.

- Ama ! Ama !

Les yeux de Melyanna s'éclairèrent d'un imperceptible éclat en voyant son cher fils, elle murmura d'une vois basse comme un souffle.

-  Oh…Mon fils… Les Valars m'ont entendu… Je te vois une dernière fois…

- Ama ! Qui t'as fait ça ?! Qui ?!

Il était comme un fou, son regard était perdu, il ne savait que faire. Il la vit essayer d'inspirer mais elle grimaça sous la douleur.

- Non Ama ! Je vais te soigner ! Ne bouge pas ! Reste !

Il jeta un regard désespéré autour de lui, cherchant ce qui pourrait la guérir.

- Non Legolas… Tu ne peux rien faire.

- Ne dis pas ça ! Ne parle pas !

- Ne laisse pas l'Ombre venir…

- Ama ne parle pas !

- Protège notre royaume…

- L'Ombre ? Mais quelle Ombre ?

- Le Mal… Il va revenir…

- Non Ama… Arrête !

Sa voix était brisée par les larmes, il la voyait, là, à même le sol, si pâle, souffrant le martyre. Qui avait pu lui faire tant de mal ?

- Ama, qui… Qui t'as fait ça ?!

- Je ne sais pas Legolas… Une lumière étincelante puis la douleur…

Elle haletait, les quelques mots qu'elle prononçait lui demandaient un suprême effort.

- Arrête Ama, cela te fait mal…

Il prit sa main, la porta à ses lèves, il ne put refouler un sanglot. Elle parla à nouveau mais sa voix était de plus en plus faible.

- Legolas… Ta sœur…Elle s'appelle…

- Non Ama ! C'est toi qui l'annonceras !

- Elle s'appellera Armanelia…

- Ama non !

Elle se sentit plus calme, la douleur la quittait. Elle tendit sa main vers la joue de Legolas et effleura son visage, il ferma les yeux, ses larmes continuant de couler. Les doigts de Melyanna laissèrent une traînée rouge sur sa peau blanche. Elle ferma les yeux, elle se sentait partir mais sa voix la fit revenir.

- AMA !

- Yondo… Je suis désolée…

- Non Ama !

- Je ne reviendrai pas.

- Non !

- Mon fils… Mon prince… Mon amour…

Il la saisit dans ses bras, essayant de lui imposer le silence.

- Melnyë Ely

- Moi aussi Ama mais non ! Ne pars pas !

- Melnyë Elyë répéta t-elle dans un dernier souffle.

Legolas sentit le corps qu'il tenait contre lui se détendre. Il hurla son nom, secoua le corps inerte, l'implora de revenir. Il se laissa choir sur son corps, ses larmes se mêlant à son sang. Le visage de sa chère mère exprimait un tel calme mais en lui grondait et grandissait une douleur insoutenable. Il perçut un mouvement autour de lui, des voix, des pas, des cris étouffés. Il serra plus fortement son corps.

- Legolas…

Des mains lui empoignaient les épaules.

- Legolas… Ecarte-toi…

Il reconnut la voix de son père, douce mais avec une telle tristesse dans  son timbre qu'il sentit ses larmes revenir. Il se redressa, il n'osait pas regarder son père, il ne voulait pas voir sa souffrance. Son père le prit dans ses bras. Il resta quelques instants dans son étreinte puis s'écarta brutalement. Il vit des personnes agenouillées auprès d'elle, exprimant toutes la même expression. Il vit le regard perdu de ses frères. Le monde tournait autour de lui, ce n'était pas possible, quand allait-il se réveiller.  Son corps et son esprit étaient dissociés, sans savoir comment, il se mit à courir, de toutes ses forces, n'entendant pas les appels, voulant fuir ce lieu. Il courut, des heures et des heures puis il s'effondra et laissa libre cours à ses larmes et à sa tristesse.

            Legolas posa une main sur la tombe, il pleurait. Cette scène revenait sans cesse. Il essuya ses larmes d'un geste vif.

- C'est lui qui t'as tué Ama…Personne ne le savait mais c'était lui… Il est mort Ama… L'Ombre a disparu… Mais pourquoi toi ?

Son, peuple avait toujours refusé de s'allier au Mal, déclenchant sa fureur. L'Ombre était venue peu après sa mort. Il baissa les yeux sur la fleur qu'il avait cueilli, elle émettait elle aussi une faible lumière. Il la posa délicatement devant la pierre. Sous ses yeux, la fleur déploya ses pétales, en son cœur se trouvait une goutte d'eau, étincelante comme une étoile. Telle une larme, elle glissa et tomba à terre, la pierre scintilla un bref moment puis reprit son aspect originel. Legolas ne voulait pas la quitter, il s'allongea à côté de la pierre et ne dit plus rien, des larmes s'échappant encore de ses yeux.

***********

Elle n'arrivait pas à dormir, mais cela n'était pas uniquement du à l'excitation et à l'attente du mariage prochain. Il y avait autre chose, une chose qui s'était à nouveau réveillée, son don de clairvoyance. Elle le sentait à nouveau dans tout son corps. Il n'attendait qu'une chose pour refaire surface mais cette chose avait été détruite. Cependant, elle le sentait se diffuser. Elle se rappela alors une phrase de Gandalf : Vous pouvez user de ce don mais en en abusant, vous deviendrez prisonnière de votre propre esprit. Elle pouvait utiliser ce don, elle n'y avait pas encore pensé mais cette nuit, une sensation étrange l'habitait. Elle se mit assise sur son lit. Une seule fois songea t-elle, qu'est-ce que cela pourrait-il faire ? Il y avait tant de personnes qu'elle désirait plus que tout revoir, ne serait-ce qu'une seconde. Ses parents de sang, ses parents elfes, toutes ces personnes que le Mal lui avait prises. Le lendemain débuterait pour elle une nouvelle vie, mais cette nuit elle pouvait le faire, elle sentait même une force qui l'incitait à le faire. Elle était seule, quand pourrait-elle se retrouver à nouveau seule ? Elle ne voulait pas que quelqu'un la voit ainsi, surtout pas Legolas. Elle savait que ses visions étaient effrayantes pour ceux qui la voyaient dans cet état. Pour elle aussi elles étaient pénibles, apportaient la souffrance. Son envie de voir ces personnes s'estompa brutalement en songeant à quel point cela était douloureux. Une vision lui revint en tête, celle de l'œil de Sauron. Une vision qui l'avait terriblement fait souffrir. Elle ferma les yeux et secoua la tête. Mais les voir juste une seconde me ferait oublier toute cette souffrance songea t-elle. Sa décision était prise, elle allait le faire, quoi que cela allait lui coûter. Elle repoussa les fines couvertures et se mit à genoux. Elle tremblait légèrement, elle prit une profonde inspiration puis ferma les yeux. Curieusement, elle savait ce qu'elle devait faire. Les visions que lui avait apportées le Mal venaient toujours à l'improviste mais là, elle contrôlait son esprit. Elle le laissa flotter quelques instant, ne pensant à rien, le laissant se perdre. Elle se sentait légère, comme si elle s'éloignait de son corps, même si elle avait voulu, elle n'aurait pu ouvrir ses yeux. Pour l'instant, tout était noir. Puis elle pensa à sa mère, Gilraen, sa chère mère. Elle se sentit partir, elle ne ressentait aucune douleur, presque du bien-être. Elle voulut penser à une autre personne mais c'était impossible, toutes ses pensées convergeaient en une seule personne, sa mère. Elle comprit qu'elle ne pourrait voir qu'une seule personne, qu'elle ne pourrait voir les autres. Elle se laissa aller, sentant que son corps commençait lui aussi à prendre le chemin qu'empruntaient ses pensées. Les voie impénétrables des esprits s'ouvraient à elle. Elle était dans un monde de noirceur, son corps se balançait dans un mouvement machinal mais elle ne le sentait plus. Soudainement, elle s'effondra sur le dos, inconsciente mais son visage ayant un curieux sourire. Elle n'était plus dans un monde d'ombres, les ténèbres s'éclaircissaient, prenant une teinte indéfinissable. Une couleur exprimant à la fois la vie et la mort, l'amour et la haine, les rires et les larmes. Cette vision ne ressemblait en rien à toutes celles qu'elle avait eues. Tout était ici d'une profonde ambiguïté. Il n'y avait aucun point de repère mais elle savait où elle était, elle n'avait ni chaud, ni froid. Elle n'avait pas peur, se sentait entourée d'une sensation cotonneuse.

- Maman ?

Le son de sa propre voix la surprit, ce bruit paraissait tellement étrange et inopportun en ces lieux. Elle sentait sa présence mais où était-elle ? Une voix se fit entendre, douce comme un souffle, une voix qui fit monter les larmes à ses yeux.

- Stalkia…

Elle se retourna et la vit, enveloppée dans un halo de lumière, lui souriant avec une telle tendresse qu'elle sentit son cœur sur le point d'exploser. Elle était là, tellement belle, son visage ayant le teint éclatant d'une jeune fille, ses cheveux l'auréolant d'or, ses yeux aussi bleus que les siens, débordant d'amour mais aussi d'une profonde mélancolie. L'esprit de Stalkia s'embrouillait déjà, son cœur y croyait mais sa raison la retenait, qui avait-il. Elle était pourtant devant elle, elle la voyait. Etait-ce vrai ? Elle était comme dans ses rêves, peut-être même encore plus belle mais cela paraissait tellement improbable.

- Maman… Est-ce toi ?…. Est-ce vraiment toi ?…

Les larmes coulaient sur ses joues, elle s'attendait à chaque instant à ce qu'elle s'évanouisse, comme dans ses rêves.

- Ma fille… Je ne pensais jamais te revoir… Mais…

Gilraen ne put finir sa phrase, Stalkia se jeta dans ses bras en pleurant. Elle caressa tendrement ses cheveux puis la repoussa doucement.

- Mais cela n'est pas réel Stalkia…

- Je ne comprends pas, je te vois, je sens ton corps, tu es l

- Dans ce monde plus qu'éphémère je suis mais dans ton monde, je ne suis plus…

- Mais même dans ce monde, je peux te voir autant que je veux ! Je peux !

-  Non Stalkia, n'oublies pas les sages paroles qui t'on été dites… Je suis morte…

- Non maman, tu es l !

- Ma fille sois heureuse…Ils te rendront heureuse… Je ne peux plus t'apporter le bonheur.

- Non ! J'éprouve en ce moment même une joie que je n'ai jamais ressenti auparavant !

- Ce n'est qu'illusion Stalkia ! Aragorn… Legolas… Ton enfant… Ils sont ta réalit

-  Mais je t'aime tellement…

- Tu les aime aussi, d'un amour dépassant l'entendement, d'un amour qui pourrait même surpasser celui que tu me portes…

- Oui je les aime…

- C'est pour cela que tu dois me promettre de ne plus jamais chercher à me revoir…

- Non je ne peux pas promettre cela !

- Jure le moi Stalkia, ce monde ne représente que les prémices de la folie.

- Mais je t'aime !

- Moi aussi je t'aime. Mais le prix à payer pour te voir serait trop lourd… Jure moi que nous ne nous verrons plus.

- Mais…

- Stalkia…

- Je… Je te le jure ! Dit Stalkia en fondant en larmes.

- Maintenant, revient à la réalité… Dors mon enfant… Je t'aime…

- Non, ne pars pas !

Mais l'image de Gilraen s'estompa, elle voulut saisir sa main mais ne traversa qu'une volute de fumée. Elle se sentit aussitôt revenir à elle. Le monde s'évapora, elle se retrouva dans sa chambre, elle pleurait, les larmes étaient bien réelles. Elle ne la verrait plus, elle l'avait quitté pour toujours. Comment avait-elle pu renoncer à elle ? Elle sentit une tristesse et un vide infini la submerger. Elle resta allongée sur le lit, le visage baignée de larmes puis s'endormit, cette deuxième perte l'ayant complètement extenuée.

A suivre...