Merci à toutes celles qui m'ont donné un review… je sais que j'en ai trois, mais je n'arrive pas à les lire :( !! Alors, merci !!!
Chapitre 3
Malone avait fait la promesse de rester trois mois. Marguerite était parmi eux depuis deux semaines, il restait donc encore deux semaines.
Malone ne lui avait pas parlé de Roxton, il n'osait pas. Ni du fait qu'elle était assez insupportable au début, et qu'elle souriait franchement que très rarement. Parce que depuis deux semaines, il était avec une femme complètement changée.
Les Brijikés étaient un peuple qui avait coutume d'avoir beaucoup d'enfants. Il y avait donc beaucoup d'enfants dans le village. Et elle ne refusait jamais de les suivre ou de jouer avec eux.
Elle s'était fait amie avec Korale, la grande sœur de Teròn, la fille du chef. Elle aidait à l'agriculture du village, à faire des vêtements, des poteries et en constatant cela, Malone en avait la mâchoire qui décollait. Marguerite, serviable, enjouée, efficace, rieuse… d'accord, elle était amnésique, mais maintes fois, il était venu à l'esprit de Malone que ce n'était pas la véritable Marguerite. Ce devait être un clone ou quelque chose dans le genre.
Pourtant, elle avait le collier en forme de cœur qu'elle portait toujours. Alors, il doutait.
Il aurait voulu la conduire au Tree House, mais ne pouvait quitter le village à cause de sa promesse. Il imaginait le désespoir de Roxton et des autres mais n'osait pas la ramener. Et puis, quelque chose de bizarre le tenaillait. Il voulait protéger Marguerite. Il ne voulait plus la voir se tourmenter à cause de sa famille ou son passé mystérieux. Elle était tellement heureuse… il la voyait comme sa petite sœur… même si elle était plus âgée !
Ce jour-là, alors qu'il venait de finir de montrer à Teròn comment coudre une plaie ouverte, chose qu'il avait appris à la guerre, il vit Marguerite passer avec un groupe d'homme et de femme qui allait en direction de la plage avec un ballon. Elle le regarda avec une étincelle malicieuse dans les yeux, comme si elle le mettait au défi.
Un des hommes du groupe s'arrêta et lança le ballon à Malone.
- Uruk sin !
Il lui demandait de venir jouer. Et voyant le regard moqueur de Marguerite, il accepta rapidement.
Les Brijikés avaient l'habitude d'appeler Marguerite Soleil, ce qui signifiait L'ange, dans leur dialecte. Teròn avait expliqué à Malone qu'un ange était censé venir les aider, un jour où ils en auraient vraiment besoin. Malone avait répliqué qu'ils n'avaient pas besoin d'aide et l'adolescent lui avait sourit. « Non, mais bientôt, oui. »
Les Brijikés appelaient parfois Malone, Fixsi, qui signifiait sauveur. Alors il ne les prenait plus beaucoup au sérieux.
Le jeu fétiche des Brijikés, celui auquel ils jouaient tous les jours avec une vessie de porc qui leur servait de ballon, consistait à jouer à l'intérieur d'un grand cercle et de se passer le ballon très rapidement et avec force. Ceux qui l'échappaient ou tardaient à le lancer étaient éliminer. Le dernier qui restait prenait tout ce que les autres avaient déposé au milieu du cercle. Les Brijikés adoraient jouer avec Malone parce qu'il mettait toujours un objet de valeur et il perdait tout le temps.
Pas étonnant, pour un Américain. Souvent la balle allait si vite qu'il n'arrivait pas à la voir, sauf quand elle venait lui couper le souffle en lui rebondissant sur la poitrine.
Ils se placèrent en cercle et déposèrent tous un objet. Malone déposa la première chose qu'il trouva dans sa poche : une balle de fusil. Les Brijikés la contemplèrent étonnés et se mirent à rire en parlant. Marguerite le regarda.
- Ils se moquent de vous. Ils disent que vous allez encore perdre et que l'un d'eux aura une fois de plus un objet fort valable en leur possession.
- Vous ne riez pas ? demanda-t-il moqueur
- C'est vous qui venez de les rouler. Vous n'avez pas besoin de ce bout de métal ?
- Non. Mais chez eux, tout ce qui est rare et qui peut faire un beau bijou est valable.
Marguerite secoua la tête, souriante et la balle fut mise en jeu. Pour une fois, Malone se sentit orgueilleux et porta une attention totale à la balle. Il la rattrapa et la lança à chaque fois avec force et une étonnante rapidité. Les Brijikés en étaient étonnés. L'homme blanc qui se refusait à porter leurs vêtements traditionnels se révélait un excellent joueur.
À l'habitude, les femmes jouaient séparément des hommes, ces derniers étant trop forts (N/A. Quand même ! C'est la triste réalité ;)). Mais parfois, quand il y avait des nouveaux venus par exemple, tous se mélangeaient.
Les femmes, exceptée Marguerite, furent éliminées en premier. Vers la fin de la partie ils ne restaient plus que Marguerite, Malone et Abanakok, le fils aîné du chef.
Malone lança le ballon sur l'épaule d'Abanakok et celui-ci fut surpris de le rater. La balle fut remise en jeu et Marguerite eut alors une étincelle pétillante de malice dans les yeux. Malone reconnut alors la vraie, celle qui se moquait, qui défiait.
Ils se lancèrent le ballon toujours plus férocement, sous les cris des Brijikés qui clamaient soit Soleil ou Fixsi. Finalement, Malone se tanna et lança la vessie de porc beaucoup plus fort et Marguerite tomba à la renverse, avant d'éclater de rire. Les Amazoniens partirent en hurlement de joie tandis que Malone ramassait son « prix », regardant Marguerite, moqueur.
Quand ils furent seuls, Marguerite riait toujours.
- Je n'ai jamais joué à un jeu aussi brute ! C'est vraiment quelque chose pour ceux qui savent piler sur leur orgueil !
- Je sais… hé, vos cheveux ne sont plus frisés ! remarqua Malone avec stupéfaction
- Hé bien cher Edward, je ne croyais pas Korale quand elle me disait que les hommes n'avaient pas le sens de l'observation… mais vous venez de me convaincre du contraire !
Malone éclata de rire et approuva.
- Je ne sais pas avec quoi elles m'ont lavé les cheveux, mais depuis ce temps, ils sont lisses…
Le soir même, alors qu'ils fermaient les peaux de la Tye, Marguerite eut une impression très étrange. Malone aussi.
- Vous sentez ça ? demanda-t-elle
- Oui, dit-il, inquiet.
- Je n'aime pas ça du tout. Je…
Une impression douloureuse. Une impression de désespoir total. Quelque chose provenant de l'intérieur, des entrailles. Quelque chose de poignant qui faisait mal. La douleur d'avoir perdu un être cher. La douleur du désespoir… de la douce folie qui s'infiltre peu à peu…
C'est ce que Véronica et Roxton ressentirent au moment où leurs lèvres se frôlèrent. Ils faisaient quoi exactement ? Ça ils n'en avaient aucune idée. Ils étaient juste désespérés à vouloir en mourir. Ils avaient perdu les êtres qu'ils leur étaient chers.
Ils furent réticents au début, totalement déboussolés. Mais peu à peu, ils se rendirent compte qu'ils étaient apaisés. Ils se rendirent compte que, malgré l'étrangeté de la situation, en s'embrassant, ils oubliaient peu à peu le reste. C'était comme un rayon de bonheur à travers des kilomètres cube de densité de malheur.
Pourtant, quand ils se rapprochèrent encore, ils virent bien que ça ne collait pas. S'ils acceptaient de s'embrasser, c'est qu'ils acceptaient que leurs amours respectifs étaient morts, envolés, inexistants. Et Roxton aimait Marguerite plus que tout. C'était sa vie, sa raison d'être, celle qui faisait battre son cœur. Véronica n'avait jamais éprouvé rien de si fort pour quelqu'un que pour Malone. Même pour Thomas, ça avait été purement physique, mais avec Ned, c'était profond, épeurant, séduisant, attirant, mystérieux….
Ils se décollèrent et se regardèrent troublés. Tout de suite, ils ressentirent de nouveau ce vide, cette douleur. Debout près d'un lac, non loin du Tree House, ils étaient partis à la recherche des deux disparus. Roxton avaient les mains sur les hanches de la jeune blonde et celle-ci avaient ses bras autour de son cou. Ils étaient collés, cherchant du réconfort. Quand leurs lèvres se pressèrent une fois de plus les unes contre les autres, ils eurent la certitude que s'ils allaient plus loin, ils le regretteraient.
Une fois pour toute, ils reculèrent et eurent tous deux un sourire gêné. Gênés parce que l'espace d'un instant, ils avaient vraiment perdu espoir.
Ils se regardèrent quelques secondes dans les yeux avant d'avoir un rire timide.
- Nous ne pouvons pas faire ça, fit Véronica en baissant la tête, souriante, Ce n'est pas que vous n'êtes pas attirant mais… je n'ai pas de sentiments pour vous.
- Je comprends très bien Véronica. Je suis amoureux fou de Marguerite, vous devez vous en doutez…
Elle sourit tristement.
- Qu'est-ce qui nous a pris alors ?
- Je ne pourrais répondre…
Véronica regarda au loin, réfléchissant. C'était vraiment étrange mais…
- Je suis sûre qu'ils sont toujours en vie. Je le sens.
Roxton la regarda et sourit.
- Nous les retrouverons alors.
Extrait du journal de Ned Malone
Cette nuit, il s'est passé quelque chose d'étrange. Marguerite et moi avons eu une sensation très désagréable au même moment.
J'ai la mauvaise impression que c'était en rapport avec Véronica. Elle avait peur. Terrorisée à vouloir cesser de vivre… Non, de survivre pardon. On ne veut pas cesser de vivre, pas dans le sens de la vie comme je l'entends. La vie est faite pour être vécue. Elle est faite pour être plaisant. En cas contraire, cela devient de la survie.
On continue d'avancer en se battant, se voulant toujours plus forts alors que la douleur est grande, je n'appelle pas ça vivre. Certains disent que c'est ça, la vie, et qu'il faut faire avec. Mais je crois que l'on peut la changer.
