Chapitre 5

Véronica fouillait les environs, avec que peu d'espoir. Elle essayait de trouver des traces, mais il fallait être réaliste : il y avait plus d'un mois que Marguerite était tombée à l'eau et il n'y avait aucune trace d'elle ou de son corps. Et Malone manquait à l'appel depuis cinq mois.

Elle s'assit sur l'herbe et s'accota contre un arbre, découragée.

Quatre ans auparavant, elle n'aurait jamais cru accueillir des personnes chez elle à qui elle s'attacherait autant. Et pourtant…

Finn secoua la tête en voyant Véronica assise, ne cherchant plus. Elle et Roxton semblaient sur le bord de craquer, d'abandonner, de virer fous. Elle aurait même juré que quelque chose avait changé en eux.

Elle s'approcha de son amie et s'assit à côté.

- Vee… On les retrouvera.

- Je n'y crois même plus moi-même. Si je continue à chercher, c'est parce que si je fais rien, j'en deviens folle !

- Ils sont vivants, j'en suis persuadée. On aurait retrouvé quelque chose leur appartenant sinon. Une pièce de vêtements ou quelque chose dans le genre.

Véronica ne répondit pas, le regard perdu dans le vague.

Finn se leva, désespérée et s'apprêta à continuer, quand une main empoigna son bras. Elle se retourna pour faire face à un grand homme aux cheveux noirs et aux yeux bleu glacial.

- Vee !

Véronica se leva d'un bond au moment où Finn frappa l'homme sous la ceinture. Une bande d'homme derrière lui se ruèrent sur les deux femmes qui commencèrent à se battre.

- Roxton ! Challenger !

En entendant leurs noms, les deux hommes coururent et tirèrent sur la bande d'homme qui tentaient de capturer Finn et Véronica. Mais ils étaient trois contre un, en faveur des méchants.

Les explorateurs réussirent à en mettre plusieurs à terre.

- Qui êtes-vous ? cria Véronica dans un moment d'accalmie

- Nous sommes des Tadzar ! dit le plus grands des hommes, moqueur, Et nous sommes des esclavagistes.

- Tant pis pour vous ! cria Finn en lui envoyant une flèche dans le ventre

La bataille reprit et un des hommes finit par empoigner Véronica et l'assommer. Il la plaça sur son épaule et partit avec.

- Véronica !! cria Finn

Roxton se retourna et assomma un homme sur son passage et couru après celui qui enlevait la blondinette. Mais il fut retenu par les trois hommes encore conscients. Challenger tira sur l'un d'entre eux et Finn assomma l'autre. L'autre s'enfuit, voyant qu'il était seul. Cinq des hommes encore vivants ou en état de marcher s'enfuir également, en se dispersant.

Roxton se retourna vers ses compagnons et leur lança un regard éloquent. Il la suivrait et la sauverait ou il mourrait. Il ne voulait pas perdre quelqu'un d'autre.

Finn et Challenger se regardèrent. Ils feraient de même.

*-*-*

Au camp des Brijikés, les gens semblaient nerveux. C'était le vendredi matin et quelque chose semblait se préparer. Les hommes avaient sortis leurs armes et encerclaient le village, tandis que les femmes et les enfants se cachaient dans les Tye. Enfin, enfant, c'était très relatif puisque Teròn était en position de combat.

Voyant cela, Marguerite réveilla Malone.

- Edward ! Il se passe quelque chose !

Le soleil se levait à peine, mais il était caché par les nuages. Le temps était humide, froid et c'était une température forte étrange pour le plateau. Malone ouvrit difficilement les yeux et regarda autour de lui. Il vit lui aussi les hommes prêts à combattre et se leva rapidement, inquiet.

Il sortit de la Tye, pieds-nu. Il était habitué depuis le temps qu'il vivait avec les Brijikés à ne rien mettre sur ses pieds. Marguerite et lui s'avancèrent vers le chef qui était entouré de ses 4 fils aînés.

- Païpaï qué !?

Le chef ne répondit pas. Malone grimaça, ne présageant pas un bon signe. Il retourna sur ses pas et entra dans la Tye d'une ancienne, Flop, qui était toujours sympathique avec lui.

Quand il entra, la vieille femme leva lentement ses yeux vers lui et Marguerite et elle inspira profondément. Elle leur fit signe de venir s'asseoir et surtout de fermer la porte derrière eux. Ils s'exécutèrent, soucieux.

L'aînée se mit à parler lentement, racontant une histoire. Marguerite écoutait sagement, mais Malone perdait beaucoup de mots. Les deux femmes avaient l'air apeurées.

- Marguerite ? demanda-t-il quand Flop eut terminé.

- Nous avons un problème.

- Quoi ?

- Elle vient de dire que les Tadzar, des esclavagistes, viennent tous les ans, le dernier jour du onzième mois, se « refaire » en marchandise dans leur village. Ils font cela dans toutes les tribus du plateau, à des moments différents de l'année. Ils pillent, tuent et partent avec des femmes et des enfants. Elle dit qu'ils les vendent à toutes sortes de tribus, comme des Lézards ou d'autres humains assoiffés de pouvoir.

- Tribune… marmonna-t-il

- Quoi ?

- Écoute bien Marguerite, il faut que tu te caches.

- Quoi ! Non ! Je ne jouerai pas les lâches !

- Marguerite, tu es enceinte…

Marguerite ouvrit la bouche pour riposter, mais elle ne trouva rien à dire d'assez convaincant après ce que son ami venait de lui faire remarquer.

Mais à ce moment, des cris retentirent dans les rangés d'hommes et ils entendirent des coups, des hurlements et des bruits de sabots. Bientôt, des pleurs de femmes et d'enfants s'ajoutèrent au capharnaüm et les deux blancs sursautèrent. Jamais ils n'avaient entendu des bruits plus terribles que ceux-ci. La souffrance pure.

Un homme entra dans la Tye et ne vit que l'aînée assise en Indien sur le parterre. Il regarda autour, pour voir s'il n'y avait rien de valeur mais ne vit rien d'intéressant. Malone et Marguerite étaient terrés dans l'ombre.

Il s'avança, voulant être sûr de ne rien manquer et s'apprêtait à ressortir lorsque qu'il aperçut les deux corps, dans le coin de la Tye. Il fonça sur eux et Malone bondit, sortit sa dague et l'enfonça dans le bras de l'esclavagiste qui le menaçait. Ce dernier poussa un cri terrible et frappa Malone au visage avec son autre poing. L'Américain fut sonné un instant avant de se reprendre et montrer son crochet du droit, suivit de son uppercut gauche à l'intrus. Il enchaîna en retirant sa dague du bras de son ennemi pour la lui planter dans la cuisse.

À ce moment, trois autres hommes entrèrent dans la pièce et deux se jetèrent sur Malone, tandis que l'autre empoigna Marguerite. Celle-ci se débattit du mieux qu'elle le put et même Flop essaya de vaincre l'homme balèze. Mais il ne se laissa pas faire et s'enfuit avec sa nouvelle acquisition; Marguerite.

Quand ils virent la femme blanche dans leur cage à esclaves, tirée par des chevaux, les hommes décidèrent qu'ils pouvaient partir. Certains hommes du village essayèrent de suivre, mais ils se firent tirer des flèches. Ils étaient partis avec sept femmes, dont Marguerite et Korale, et dix enfants, quatre en bas de cinq ans.

Malone fut éveillé par Teròn. Il s'assit, paniqué et regarda autour de lui,

- Marguerite !!

- Partie ! fit Teròn, plutôt ébranlé, Korale aussi !

- Teròn, je dois aller les chercher !

- Nous pas savoir où sont les méchants !

- Et bien je les retrouverai !

- Mais… moi besoin d'aide pour guérir ! Sept blessés, quatre morts.

- Teròn, tu es un très bon Chaman. Je dois aller sauver Marguerite.

- Net ! Elle a sauvé nous !

- Comment ça ?

- D'habitude, eux prendre beaucoup plus femmes. Mais voyant Soleil, eux arrêter.

- Pourquoi ?

- Femme blanche, valoir plus.

Malone ne se gêna pas pour laisser paraître une expression de dégoût prononcée sur son visage à la suite de ces propos racistes.

Il se leva et sortit du village. S'il arrivait quelque chose à Marguerite, Roxton le tuerait.