CHAPITRE IV

La communication entre les trois amis ne se rétablit pas. Ils s'échangeaient seulement des bribes de mots sans importances. Ron et Hermione tentaient bien de rester aux cotés de Harry mais ce dernier faisait tout pour les éviter, ce qu'ils avaient beaucoup de mal à comprendre. Harry demeurait silencieux pendant les cours, essayait de suivre, prenait quelques notes. Il mangeait seul et le plus vite possible dans la grande salle, et, le soir, montait directement dans les dortoirs. Ron en souffrait beaucoup. Les cours n'étaient plus pareil, il n'avait pas rit depuis longtemps, tout ce qu'il désirait, c'était retrouver son ami d'avant, celui avec qui il n'avait pas besoin de parler pour se comprendre. Mais il avait la triste impression que celui-ci était mort en même temps que son parrain, et il n'était pas le seul. Hermione en souffrait également, et bien plus qu'on ne pourrait le croire. Au cours de leur cinquième année ses sentiments à son égard été devenue de toutes autres natures. Elle l'avait vu sous un autre jour, Harry était devenu beaucoup plus qu'un simple ami. Son silence était bien plus dur à supporter que sa colère de l'année précédente. Elle chercher à deviner ses pensées mais il était insondable. Et puis, elle le voyait de moins en moins. Harry n'était plus que l'ombre de lui-même.

S'il était comme ça, c'était parce qu'il l'avait choisi. Un choix difficile à faire -et douloureux- mais il s'était dit que c'était la meilleure solution. La meilleure solution pour ne plus souffrir. Car il avait compris que le point faible de tout être humain était les personnes que l'on chérissait. C'était pour cela qu'il faisait tout son possible pour se détacher de ses deux meilleurs amis, les seuls qu'il ait jamais eus. Oui, il ne fallait plus qu'il ait de contact avec, oui, c'est ce qu'il fallait faire... Allongé sur son lit à baldaquin, les rideaux tirés, il se disait que s'il ne s'était pas attaché si fortement à Sirius il n'aurait jamais souffert comme il souffrait actuellement. Plus jamais il ne s'attacherait à qui que ce soit, plus jamais, il venait de s'en faire la promesse.

Le temps passa, Ron et Hermione se firent une raison tant bien que mal. Parfois, ils essayaient de reparler à leur ami dans le vain espoir de renouer, sans succès. Les résultats d'Hermione étaient en chute libre, au grand étonnement des professeurs comme des élèves. Elle mettait autant de volonté à travailler qu'avant, mais son esprit, lui, était bien loin de tout cela. Harry l'obnubilée et de fait elle se négligeait sérieusement. Ron s'en rendait compte, il la regardait tristement, impuissant. Où était donc passée leur unité ? Leur amitié aux liens d'acier ? Il ne trouvait la réponse nul part. Il ne contrôlait plus la situation, mais l'avait-il jamais contrôlée ? Désormais, il ne restait plus qu'Hermione et lui...

Harry devait résister à la tentation d'aller voir ses anciens amis, qui l'étaient d'ailleurs toujours au fond de lui. Et il devait également faire face aux sarcasmes de Malefoy et de ses courtisans. Il avait la malchance d'avoir la majorité de ses cours avec les Serpentards, comme si ce qu'il subissait ne suffisait pas. Et à chaque fois qu'il les rencontrait, il avait droit à de blessantes remarques, du genre « Alors, Potter, où sont passés tes inséparables amis ? Ils en ont eu assez de tes lamentations quotidiennes ? Une personne qui se complait dans son malheur n'est pas agréable à côtoyer c'est vrai... », ou encore « Potter, tu ferais mieux de disparaître, tu ne sers plus à rien maintenant plus personne ne veut de toi, tu le vois bien. Ca rendrait service à tout le monde, vraiment. », « Arrête ta comédie, Potter, tu n'amuses personne ». Ces propos, il les entendait tous les jours. Il faisait celui qui n'écoutait pas, qui s'en fichait, mais ces remarques, si ridicules soient elles, l'atteignaient de plein fouet et n'étaient que surcroît de douleur. Mais forcément, au bout d'un moment, il y a toujours une goutte pour faire déborde le vase. Et cette goutte s'appelait Malefoy.

Un matin, à la fin du cour de soins aux créatures magiques, Harry était restait aider Hagrid qu'il n'avait vu qu'à ses cours. Il n'y avait plus que lui, et Malefoy qui était en retrait des autres Serpentards. Celui-ci se retourna et lança à Harry d'une voix cassante :

-Franchement Potter, je ne vois pas pourquoi tu fais toute une histoire de ce qui est arrivé. Il s'arrêta, haussa un sourcil et poursuivit d'une traite. Je veux parler de ce qui s'est passé en juin, bien sur. Ce Black, il n'a eu que ce qu'il méritait. Un pauvre idiot. Un incapable. C'est une manie, ça, d'aller fouiner, évidemment il n'a pas fait le poids, mon père m'a raconté sa mort particulièrement pitoyable...

C'en était trop. Harry ne pouvait tolérer que l'on parle ainsi de Sirius. Il sentit montait en lui toute la colère, toute la haine qu'il avait accumulée depuis sa mort. Sa haine envers Voldemort, Bellatrix... et Malefoy. Depuis le temps qu'il faisait tout pour le pousser à bout... Il sentit sa main brandir sa baguette et la pointait sur son ennemi de toujours avant même qu'il ne sache ce qu'il faisait. Puis la formule franchit ses lèvres, sans y penser, sans même se douter que ce qu'il s'apprêtait à dire aller avoir des conséquences dramatiques...

Avec toute la puissance de sa voix, il hurla :

-ENDOLORIS !!!!!!!

Malefoy s'effondra dans la seconde qui suivit et se tordit de douleur, une douleur fulgurante, telle qu'il n'en avait jamais sentit, qui le traversait, le tiraillait de part en part. C'était insupportable. La volonté qu'Harry avait de le faire souffrir, de lui faire le plus mal possible était immense. Malefoy ouvrit la bouche pour hurler mais aucun son n'en sortit. Ses yeux étaient exorbités, il avait la sensation qu'on lui arrachait les viscères, qu'on lui transperçait la tête, les membres. Après de longues minutes de tortures qui parurent être une éternité pour Draco, Harry cessa. Il regarda sa victime encore très ébranlée, et pris conscience de son acte. Ce qu'il venait de faire, il avait l'impression que c'était un autre lui qui l'avait accomplit et toute l'horreur de la situation lui sauta au visage d'un coup. Il venait d'utiliser l'un des sortilèges impardonnables, sur un être humain...