Chapitre 17 : Il était une fois

Série : Gundam Wing, guns, dingues et plumes en vrac

Autrice : Kineko, Gimme gimme gimme a fic after midnight

Genre : Sérieux, OOC, YAOI, liberté scénaristique, interprétation personnelle, torture mentale du Wu Fée (Wufei : ONNA !!!)

Couple : 1+Relena, Sally+Liao, 3+4, 2+5, sous entendu 5+Meiran

Disclaimer : Un jour ils seront miens… Ce jour la, les éléphants danseront le tango avec des poulets en spandex jaune. Oui je suis en fin de sugar high, autre question ?

***

Taptaptaptap

Pargan versa lentement le café aux deux jeunes gens, reposant la cafetière avant de se tourner vers les fourneaux.

Taptaptaptap

Zechs leva le nez du journal qu'il épluchait consciencieusement. Le regard bleu laser de Heero le toucha de plein fouet.

Taptaptaptap

Seule la main du japonais bougeais, tambourinant furieusement sur la table de la cuisine. Son regard, lui, restait obstinément fixé sur le blond.

Taptaptaptap

Zechs posa le journal devant et poussa sa tasse sur le côté, prêt au combat.

-Bien Yuy, qu'est ce que tu veux ?

Heero ouvrit la bouche, prenant une profonde inspiration n'augurant rien de bon pour les tympans de Zechs quand il fut interrompu par Relena.

-Bonjour tout le monde !

-Relena, salua Zechs.

-Bonjour Heero.

Le japonais se contenta d'un petit hochement de tête et revint à son expression glacée, dirigée sur Zechs, aussi implacable qu'un missile à tête chercheuse. Relena haussa un sourcil interrogateur mais elle n'osa pas approfondir la question et s'assit à côté d'Heero, presqu'en face de Zechs.

-Belle journée n'est ce pas ?

-Hn .

Zechs regarda Relena entamer son petit déjeuner. Réprimant un soupir, il fit signe à Heero et Pargan de sortir.

Deux secondes plus tard, Heero avait empoigné le vieux majordome par le col et était sortit en quatrième vitesse, verrouillant la porte derrière lui.

-Zechs ? C'est une simple impression ou Heero vient de nous enfermer tout deux dans la cuisine ? demanda poliment Relena, accoudée au dossier de sa chaise.

-tu.. tu devrais finir ton déjeuner d'abord Relena…

La jeune princesse se retourna vers le blond et lui dédia un regard calculateur avant de s'attabler correctement.

-toi, tu as quelque chose de déplaisant à me dire.

-Peut être, peut être pas…

-C'est ici, indiqua Sally en montrant une porte blindée.

-Le gundam est la dedans ?!

-Le réseau des souterrains ouvre sur une autre porte pour le sortir, ici c'est l'entrée du personnel. Maintenant il faut juste…

Sally s'arc bouta sur la poignée de la porte et banda ses muscles.

-Sei Lei, laisse moi faire intervint Liao.

Sally laissa la place au chinois qui attrapa la vieille porte rouillée et donna une brève mais puissante secousse de l'épaule. La porte s'ouvrit ensuite en grinçant, laissant le passage aux Quatre résistants.

-L'antre du dragon murmura Liao avant de prendre la lampe que lui tendait Sally.

-Personne n'est entré ici depuis des années… constata Quatre en baladant le rayon le long des rangées de machines et d'ordinateur.

-Pendant vingt ans…

La lampe de Wufei accrocha soudain un éclat de métal au fond du hangar et il élargit le rayon de sa lampe, éclairant entièrement l'objet intriguant. Une fois qu'il l'eut identifié, Wufei resta longtemps immobile à le contempler

C'était la tête d'un gundam, posée à même le sol. La forme était étrange, l'armure semblait disjointe, comme si il avait été bloqué en plein mouvement. On reconnaissait l'espèce de face humanoïde des mobils suits, mais sur le front et le menton, deux excroissances revenaient par devant, enveloppant le visage proprement dit.

Les mâchoires du dragon.

-Bahamut… Le roi des dragons.

***

Heero releva la tête quand la porte de la cuisine s'ouvrit et que Zechs en ressortit, seul, et l'air plutôt penaud. Inquiet pour Relena, Heero se leva d'un bond du canapé ou il attendait.

-Que se…

-Heero, vas la voir, l'interrompit Zechs.

-Nani ?

Le blond passa la main dans ses longs cheveux en soupirant.

-Je.. Je ne sais pas comment elle le prend, elle.. Elle a l'air sous le choc et… ça me coûte de le dire, mais elle te fais confiance et te connaît mieux que moi… Vas.. .Vas voir si ça va…

Heero dédia un regard perplexe à son rival de toujours mais obéit, contournant zechs pour rejoindre Relena dans la cuisine.

-Relena ?

La jeune fille releva lentement le regard de son bol de café et fixa Heero sans paraître le reconnaître.

-Heero ? Finit elle par murmurer.

Le japonais saisit une chaise et prit place près de la jeune fille, posant une main sur son épaule comme la veille au soir.

-Genki desu ka ?

-Hein ?

-Est ce que ça va ? Corrigea Heero, maudissant son habitude de retourner à sa langue natale quand il était stressé.

Relena remit une mèche derrière une oreille sans répondre, mais finit par hocher la tête et dédier un petit sourire à Heero.

-Oui… oui ça va… c'est juste que… Il savait pendant…Tout ce temps et.. Il ne me l'a jamais dit ?!!!

-Il voulait te protéger, commença Heero avant de se faire foudroyer par un regard glacial.

-Je n'aime pas qu'on me traite comme une potiche fragile, cingla Relena d'une voix aussi froide que son regard. Tu devrais le savoir toi d'entre tous, Heero Yuy.

Heero retint une brusque envie de déglutir, se promettant d'avoir une petite conversation avec Duo au sujet d'enseigner le regard qui tue à Relena.

-Relena… comprend le… Tu es la seule famille qu'il lui reste… Il voulait éviter que tu sois blessée…

Relena soupira en secouant la tête.

-Il a quitté Oz en partie pour toi.

-Quoi ?

-La tentative d'assassinat tu te souviens ? Si je n'avais pas été là, ce serais revenu au même. Il a abattu l'assassin avant moi… Relena… Il est peut être aussi peu doué que moi pour… Pour te protéger.. Ou exprimer ses sentiments… Mais ils sont la je te jure…

-c'est la première fois que je t'entends parler autant Heero, fit pensivement Relena avec un petit sourire doux.

Heero se redressa, évitant le regard de la jeune fille, cherchant ses mots sans succès.

-Tu savais toi aussi… N'est ce pas ?

-Hai… Oui… depuis une semaine.

-Et pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

-Parce que ça fait une semaine qu'il me casse les pieds pour que je te le dise moi même, intervint Zechs en entrant à son tour.

Relena secoua la tête avant de reprendre son bol.

-Je suis entouré de deux imbéciles qui mériteraient mon pied aux fesses.

-Mais Relena, commencèrent son frère et son ami avant de se foudroyer mutuellement du regard.

Laquelle Relena manqua d'avaler son café de travers et de s'étouffer avec une crise de rire.

***

-et pour les gardes du corps ? Demanda Heero en vérifiant une dernière fois son armement.

-J'ai appelé des hommes de confiance. Ils me suivront jusqu'au bout du monde. Même contre Oz, précisa Zechs en faisant de même.

-Je les connais ?

-Walker et Otto.

Zechs jeta un regard suspicieux à Heero quand celui ci laissa échapper un petit ricanement amusé.

-Plait il Yuy ?

-Rien… Je vais éviter de répéter ce que Duo disait sur toi et Otto.

-Il vaut mieux, répliqua Zechs d'un air sombre en retirant le cran de sécurité de son arme.

-Prince, Monsieur Yuy, fit Pargan en frappant à la porte.

-Entrez Pargan.

Le vieux majordome obéit et se planta devant la porte, les mains dans le dos.

-Deux messieurs désirent vous voir Prince, ils disent qu'ils sont venu sur votre ordre.

-Faites les entrer Pargan et… S'il vous plait… Ne m'appelez plus Prince…

-bien monsieur, répondit le majordome avant de rouvrir la porte, laissant entrer deux jeunes hommes en civil. Le premier avait des cheveux bouclés retenus en queue de cheval sur sa nuque et le second, aux courts cheveux châtains, fronça les sourcils en voyant Heero avec Zechs.

-Je vous remercie d'être venu à mon appel messieurs.

-Je vous en prie colonel, firent ils d'une même voix.

-Ce n'est pas en tant que Colonel que je m'adresse à vous aujourd'hui. Comme vous le savez… J'ai quitté Oz. Et ce que je vous demanderais aujourd'hui est passible de la court martiale.

-Nous le savons Colonel, déclara Otto, je vous ai fait serment d'obéissance et j'obéirais.

Zechs entendit un vague « c'est tendre la perche ça » venant du coté d'Heero, mais quand il jeta un coup d'œil à son jeune compagnon, celui ci était plus impassible que jamais.

-Je veux que vous protégiez Relena Peacecraft de toute attaque terroriste venant d'Oz, ainsi que des tentatives d'assassinats et autres agressions.

-Oui Colonel.

-Est ce que vous le promettez ?

-Oui Colonel.

-vous êtes prêt ? fit soudain la voix de Relena.

Elle s'immobilisa sur le pas de la porte en voyant les deux jeunes gens inconnu et les dévisagea avec suspicion.

-Relena, je te présente Otto et Walker. Ce sont des amis et des compagnons d'armes de longue date. Je les ais appelé pour te protéger.

-Très honorée, messieurs, salua Relena.

-tout l'honneur est pour nous Ma Reine, fit Walker avec une courbette polie tandis que Otto se contentait d'un bref hochement de tête.

-Nous y allons Relena, déclara Zechs en nouant rapidement ses cheveux en queue de cheval qu'il glissa dans son col. Soit prudente surtout.

-Toi aussi Ze… Gr.. Grand Frère…

Relena se haussa sur le pointe des pieds et déposa un petit baiser sur la joue de son frère. Elle se tourna ensuite vers Heero et tendit la main vers sa joue… Pour agripper férocement les mèches trop longue du japonais.

-Et toi Heero Yuy, jure moi sur tout tes ancêtres que tu ne t'autodétruiras pas !

-Itai itai, Relena…

-Jure le.

-je le jure, je ne m'auto détruirais pas, promis !

-Pas de mission suicide non plus…

-Oui Relena.

Cette fois, ce fut Heero qui jeta un regard mauvais en direction des trois hommes. Otto se tenait toujours droit comme un « i », mais un petit sourire narquois ornait ses lèvres. Walker, lui contenait difficilement son hilarité. Quand à Zechs, il ne cachait pas le grand sourire qui fleurissait sur son visage.

-Kisamaaaaa, grogna Heero.

-Et protège Zechs, continua Relena avant de déposer un baiser, chaste certes, mais un baiser, sur les lèvres de son ami.

***

-Vous voilà enfin… constata Trowa en relevant les yeux du plan qu'il étudiait.

-Hee Chaaaaaaaaaan ?!!!! Brama Duo en se levant, cherchant Heero à tâtons, tu es ou ? Ca c'est bien passé ?

-Hn, ici baka, indiqua Heero en tendant le bras pour effleurer l'épaule de Duo qui se propulsa aussitôt à son cou.

Trowa observa Heero subir l'étreinte amicale mais non moins énergique de Duo, puis se laisser tomber sur la chaise en face du français.

-Heero ?

-Hn ?

-Tu rougis.

Le regard de la mort que Trowa reçut en guise de réponse manquait singulièrement d'authenticité.

Surtout avec le vermillon qui s'étendait des pommettes au cou du japonais.

-Woe !!! Je sent la chaleur d'ici ! S'exclama Duo, la main à quelques centimètres de la peau de Heero. Pourquoi tu rougis Heero ?

-Je ne rougis pas !

-il est comme ça depuis que Relena l'a embrassé, gronda Zechs.

-C'est elle qui m'as embrassé ! Je ne lui ai rien demandé.

-comme si tu n'avais pas apprécié, taquina Duo en lui tapotant l'épaule. Woe, Heero, me dit pas que tu rougis sur les bras aussi ?

-URUSAI KISAMA1 !!!

-Alors comme ça Relena t'as embrassé ? Raconte tout à Duo, vous en êtes ou ?

-DUO !!!

Zéro Quatre à zéro trois répondez… Coupa soudain une voix venant de la radio posée sur la table.

Trowa et Duo esquissèrent le même geste vers le micro mais Trowa fut plus rapide et s'appropria le micro en premier, laissant Duo tâtonner à la recherche du récepteur.

-Zéro Quatre, ici zéro trois. Je t'écoute.

Mission accomplie. Nous avons la marchandise. Nous serons au rendez vous convenu

-Aucun problème?

A part zéro cinq qui tourne comme un lion en cage ? Aucun ? Zéro deux est là ?

-Il écoute.

Tu lui manques zéro deux ! fit Quatre ici zéro Quatre, out !

***

-Ici zéro cinq, nous sommes à proximité.

La voie est libre déclara Heero à l'autre bout de la communication.

-Bien reçu, nous arrivons.

Wufei se retourna en direction du convoi derrière lui, agitant le bras en avant. Immédiatement, le camion s'ébranla, suivit de ses « gardes du corps ». Liao faisait partit du petit contingent qui accompagnait les deux pilotes et l'armure de gundam, curieux de rencontrer les autres pilotes, ses nouveaux alliés. Quatre, assis près de lui, ouvrit la portière au passage, aidant Wufei a monter dans l'habitacle.

-Ils nous attendent, déclara Wufei, personne en vue, mais il faut faire vite.

-Si tout se passe comme prévu, la Fleur de Cambouis devrait nous attendre, prêt à embarquer Bahamut.

Wufei hocha la tête puis laissa son regard dériver de l'autre côté de la route, vers la crique qu'on entrevoyait entre deux pins tordus. Le réseau de souterrains de la résistance avait prouvé son efficacité et le transport de l'armure n'avait posé aucun problème, passant joyeusement, et au sens propre, sous le nez des postes de gardes d'Oz. La seule partie de la manœuvre posant problème était l'embarquement de Bahamut à bord de la Fleur de Cambouis, passage qui exposerait l'armure et le bateau au vu de tous.

-Je vois le bateau ! S'exclama soudain Quatre en montrant la vieille carcasse du navire traverser l'eau claire de la crique.

-Les bords sont trop escarpés, comment vas t'il accoster ? Marmonna Wufei avant de répéter sa question, en chinois cette fois, à l'intention de Liao.

-Ne t'inquiète pas, c'est prévu répondit énigmatiquement son aîné avant de s'approprier la radio et lancer quelques ordres secs dans sa langue natale.

Leur escorte dépassa le camion roulant au pas, coupant dans la forêt de pins autour d'eux pour arriver plus vite au bord de l'eau. Au fur et à mesure qu'ils approchaient, Wufei et Quatre les virent monter un rapide port d'attache improvisé, assemblant une passerelle de métal à l'aide d'élément enterrés sur place. Le temps que le camion soit arrivé à destination et ait manœuvré de manière a pouvoir décharger directement sur le ponton, les résistants avaient finit de le monter et aidaient les matelots de la Fleur de Cambouis à accoster.

-Ca alors !

-Quatre, mon peuple a construit la muraille de Chine, rappela Wufei avec une trace d'humour dans la voix.

-La muraille de Chine était pas en kit ! S'exclama Quatre, faisant sourire Wufei malgré lui.

Liao et les deux adolescents descendirent du camion rapidement, prêt à venir en aides aux soldats. Alors que Wufei et Quatre donnaient un coup de main pour retirer la bâche couvrant l'armure, une petite silhouette musclée sauta par dessus le bord du bateau, atterrissant souplement sur le ponton. Heero se redressa vivement, essuya son front d'un revers du bras et avança vers eux d'un pas vif tout en tirant sur son tee shirt trempé de sueur.

-C'est bien la première fois que je vois Yuy en sueur, marmonna Wufei.

-Wufei, il fait plus chaud ici que dans un MS mal aéré, déclara Quatre en retirant son propre tee shirt, de plus, la climatisation du bateau ne marche pas très bien..

-Quelle climatisation ? Grommela Heero en se hissant sur le camion d'un coup de rein, on a Hilde et Vincent qui sont a deux doigts de se promener en sous vêtements dans le bateau.

-Bonjour Yuy…

-Heero, tu es un peu rouge non ? demanda Quatre en voyant les joues écarlates du japonais.

-Coup de soleil, marmonna le jeune homme dans sa barbe, et vous deux la FERME !

Quatre et Wufei se tournèrent de concert vers le japonais, surpris du ton sur lequel il s'adressait à eux, mais se détendirent aussitôt en remarquant qu'il s'adressait au micro accroché à son écouteur, sur son oreille.

-Trowa et Duo arrivent, finit par déclarer Heero tout en défaisant le dernier nœud retenant la bâche en place.

Le visage de Quatre s'illumina d'un grand sourire et il saisit la bâche à deux mains.

-ON TIRE !!!!

Les deux asiatiques protestèrent haut et fort dans leurs langues natales respectives quand l'élan enthousiaste de Quatre les emberlificota dans la toile.

-Désolé !!!!

-WINNER !!!!

A force de tâtonner et jurer, Heero finit par s'extraire du tissu imperméabilisé et escalada l'armure désassemblée, prenant des repères pour le chargement sur Fleur de Cambouis. Ce faisant, il aperçut deux silhouettes élancées traverser la petite passerelle menant au bateau, la plus grande guidant la plus petite par la main. Trowa avait abandonné son jean et son pull roulé depuis un moment, écrasé par la chaleur, et se promenait en short en jean, sa mèche collée au front par la sueur. Il aidait Duo à traverser la passerelle, empêchant l'américain, uniquement vêtu d'un jean trop large, de partir en courant sur l'étroit plan de métal.

-Duo, non, ne court pas… Duo j'ai dit…

-FEIFEIIII QUATCHAAAAAAAAAAN !!! Brama le jeune homme aux cheveux long en faisant de grands gestes des bras.

-Duo, le pont tremble arrête de sauter ! Protesta Trowa en retenant le jeune homme des deux mains.

Finalement, pesant rapidement le pour et le contre, Trowa saisit Duo a bras le corps et le hissa sur son épaule avant de calmement traverser la passerelle et le reposer sur la terre ferme.

-T'es pas drôle Trotro, bouda Duo.

Le dis Trotro se contenta de rouler des yeux avant de reprendre sa route en direction de son petit ami. De leur côté, Quatre et Wufei avaient assisté à l'échange avec amusement, prenant les paris sur le nombre de café que Duo avait encore avalé. Finalement, alors que Trowa rejoignait Quatre près du camion, Wufei se laissa tomber au sol.

-Ou vas-tu ?demanda Quatre.

Wufei montra vaguement la direction de Duo avec un grognement peu significatif mais Trowa l'arrêta d'un geste, lui faisant signe d'attendre.

-Quoi ?

-Regarde, ordonna le brun avec un micro sourire.

Wufei obéit tout en s'apprêtant à objecter que Duo allait avoir des problèmes pour les rejoindre quand l'objet de son inquiétude s'ébranla dans leur direction.

-Mais comment, marmonna Wufei avant de se faire interrompre par un cri de surprise de Quatre.

Le visage du petit arabe passa par une myriade d'expression, étonnement, surprise, amusement avant de se décider pour la joie, au grand étonnement de Wufei qui n'avait jamais vu Quatre aussi expressif.

-Quatre ?

-Il m'a senti ! Il se dirige avec son pouvoir ! Expliqua Quatre avant de se retenir de rire aux éclats, depuis quand il y arrive ?

-Il s'est entraîné avec Vincent, répondit laconiquement Trowa, un mince sourire aux lèvres.

Wufei ne répondit rien, observant, bouche bée, son ami évoluer dans la foule des soldats et matelots. Il ne se cogna pas une seule fois, esquivant les adultes autour de lui, parfois de justesse, certes, mais sans jamais en percuter un de plein fouet. Si ses yeux n'avaient été hermétiquement clos, on n'aurais jamais pu croire qu'il était aveugle.

Clos ?!

Wufei sursauta presque en s'apercevant de ce détail. Pourquoi Duo fermait il les yeux ?! Jusqu'à présent il avait toujours eut les yeux ouverts, même après l'annonce de sa cécité permanente. Peut être… Peut être qu'il se sentait plus à l'aise ainsi… Ou qu'il en voulait pas qu'on regarde ses yeux ou que…

-Wufei, calme toi qu'est ce qui se passe ? Demanda Quatre en posant sa main sur l'épaule de Wufei.

Cette fois, complètement surpris par le contact inattendu, Wufei fit un bond de trois mètres, au grand amusement du couple.

-Nerveux ?

Wufei haussa les épaules d'un air grognon et revint à la contemplation de Duo évoluant dans la foule avec une aisance presque naturelle. Alors que son camarade se glissait entre deux résistants, Wufei ressentit la brusque impulsion de s'écarter de Trowa et Quatre, faisant quelques pas de côté, sans quitter l'aveugle du regard. Complètement ignorant de la manœuvre de Wufei, Duo continua son chemin, rejoignant enfin Quatre et Trowa près du camion. Wufei le regarda faire, un petit pincement au cœur. Qu'est ce qu'il espérait ? Duo pouvait retrouver Quatre grâce a son pouvoir, mais lui, Wufei, il n'était pas new type. Combien de fois, étant enfant, il avait souhaité être comme ses parents. Savoir lire l'esprit des gens, comme sa mère, ou bien sculpter les flammes comme son père ? Ou même juste, avoir cette petite empathie si particulière aux new type. Ce petit lien qui était comme un sixième sens que eux seuls percevaient, et qui les liaient. Qu'il s'était parfois senti seul dans les réunions de famille, si animées et pourtant si silencieuses, ou tout le monde communiquait par pensées ou émotions. Il se sentait toujours mis à l'écart. Seule Meiran avait été comme lui, dépourvue de pouvoirs, tellement normale dans un peuple de new type qu'elle en devenait l'exception. Wufei arracha son regard à la contemplation du dos nu de Duo, poussant un bref soupir. Il se sentait.. seul…

Cinq secondes plus tard, il se demandait comment diable il s'était retrouvé sur le dos, le souffle coupé et Duo assis sur son ventre.

-Duo ? réussit t'il à articuler, à bout de souffle.

-Feiiiiiiiiiiiiiiii !!! Tu croyais que je te sentirais pas passer ?!!!! Pourquoi tu t'es écarté, tu voulais pas me voir ? Réponds quoi !

-Duo, je pourrais le faire si tu me laissais en placer une, rétorqua calmement Wufei, essayant de retenir le sourire qui lui venait aux lèvres.

Quatre, lui ne retint rien, submergé par la joie pure qui émanait de ses amis, et fit un grand sourire à Trowa avant de l'obliger à se baisser pour l'embrasser.

-Nope, impossible, je ne laisse jamais les gens parler tu sais bien.

-Shazi, murmura Wufei en relevant la main pour repousser les mèches de Duo qui lui chatouillaient le visage.

Duo laissa échapper un petit cri de surprise en sentant les doigts chaud de Wufei effleurer sa joue mais se laissa faire, trop content pour penser à protester.

Ensuite il fut trop surpris pour penser tout court, lorsque Wufei se hissa en position assise, sa main toujours sur la joue, l'autre glissant autour de la taille svelte de Duo. L'aveugle sentit un souffle sur son visage, l'odeur caractéristique de Wufei toute proche de lui…

-Prenez une chambre vous deux.

-HEERO !!!

***

-Et puis on a finit la programmation du gundam, y'a plus que les réglages d'ALICE2 a finir et ajouter l'armure et tu pourras commencer l'entraînement ! Ce gundam va tuer la mort ! c'est normal après tout, c'était un prototype pour Deathscythe Kai !

-Oui Duo, répéta Wufei pour la dixième fois de la soirée.

L'américain avait babillé toute la journée, prenant à peine le temps de se taire pour manger, mettant Quatre et Wufei au courant des derniers potins concernant Heero et Relena, les manœuvres d'Oz ou le nouveau gundam.

-Lui faut un nom classe… Comme… Inferno, ou Hell's Peon ou…

-Neo Bahamut.

Duo fronça pensivement les sourcils.

-Neo Bahamut ? répéta t'il.

-Bahamut était le nom du prototype. C'est le nom du roi des dragons, précisa Wufei en s'asseyant sur le lit près de Duo.

-Vendu et empaqueté ! Ca sera trooooooooooooooooop classe ! Dis tu pourras faire le rire psycho pour moi quand tu piloteras?

Wufei roula des yeux avant de repousser Duo sur le lit, l'obligeant à s'allonger, puis le rejoignit et rabattit le drap sur eux. Drap que Duo s'empressa de repousser à coup de pieds.

-Fait trop chaud !

-Duooo… commença Wufei d'un ton menaçant.

-Mais Fei, on crève de chaud !

Wufei fit mine de remonter le drap mais son compagnon de lit le repoussa à nouveau et se jeta sur lui, entamant une petite bagarre cordiale. Les deux camarades luttèrent amicalement un petit moment, roulant l'un sur l'autre jusqu'à ce que, après un coup de rein de Wufei pour se dégager, ils tombent tout les deux au sol dans un gros boum. Presque aussitôt, Heero tambourina au mur qui séparaient leurs chambres.

-Des morts ?

-Non ça iras Yuy, on survivras, répondit Wufei alors que Duo s'effondrait de rire sur lui.

-C'était un espoir vain, grommela Heero, relançant Duo dans sa crise de fou rire.

Wufei se hissa en position assise, prenant appui sur le lit. Duo hoquetait toujours de rire dans ses bras, et le changement de position les retrouva l'un sur les genoux de l'autre, les jambes de Duo entourant les hanches de Wufei. Le chinois contempla le visage de Duo, s'apercevant avec plaisir que les coupures sur son visage avaient quasiment disparue. Wufei leva la main impulsivement, traçant une fine cicatrice blanche sur la tempe de Duo. L'aveugle sursauta, surpris du geste tendre, et cessa de rire, attendant la suite, le cœur battant.

-Duo…Murmura Wufei.

-Fei je crois qu'il faut qu'on parle, le coupa soudain Duo.

Wufei hocha la tête en guise d'assentiment puis se reprit et acquiesça verbalement avant de soulever Duo pour le reposer sur le lit. L'aveugle hésita longuement avec de reprendre.

-Ce qui s'est passé avant ta mission, dans le gundam… quoique tu en penses je veux… Je veux juste te dire que je ne regrette rien.

-Mais Duo…

-Je veux dire, coupa a nouveau Duo, je veux rien gâcher entre toi et moi, mais je peux plus le cacher et…

-Il était une fois, dans un château spatial… Commença Wufei d'une fois si basse que Duo cessa immédiatement de s'agiter pour mieux écouter.

-Il était une fois un petit garçon qui aurait dut devenir prince du château. Ses parents étaient magiciens mais lui ne l'était pas. Alors que ses amis pouvaient voler ou chanter dans les esprits, lui restait au sol, incapable de s'exprimer autrement que par sa voix. Le petit garçon était triste de ne pas être comme tout le monde, mais il avait une amie, qui était comme lui. La petite fille était aussi une princesse et leurs parents avaient décidé de les marier quand ils seraient plus grand, comme ça, ils ne seraient jamais tout seul. Les deux enfants étaient amis, mais ne voulaient pas être mariés par pitié, ils voulaient être chacun plus fort que les magiciens, à leur manière. La petite fille décida qu'elle serait la plus forte de tout le château, comme un dieu du combat auquel elle emprunta le nom. Le petit garçon décida, lui, d'être la personne la plus intelligente du château, et commença à dévorer tout les livres qu'il trouvait, tant et si bien qu'il fallut bientôt faire venir d'autre livres des autres châteaux. Mais, comme les deux enfants s'approchaient de leur but respectifs, ils commencèrent à ne plus s'entendre aussi bien qu'avant. Chacun voulant convaincre l'autre de la justesse de sa voie, et étant trop têtu pour admettre leurs propres erreurs. La petite princesse appelait le prince lâche et le petit princesse traitait la princesse comme une idiote brutale. Ils furent néanmoins mariés, comme cela avait été prévu, à l'age de quatorze ans. Le mariage ne fut pas très heureux, les disputes allant en empirant. Et puis un jour, la guerre éclata entre le château et un royaume de la Terre. La Princesse décida de se battre pour sauver le palais, alors que tout le monde, le prince y compris, préférait se rendre. Elle partit se battre seule, n'ayant put trouver qu'une vieille armure pour se protéger. Apprenant ça, le prince fut prit d'une grande colère, c'était dangereux, elle risquait d'être tuée ! Se rendant compte que, malgré leurs disputes, il aimait toujours autant la petite princesse, il s'enfuit du château et la chercha. La bataille faisait rage autour de lui, et les soldats se battaient. Le feu l'entourait de toute part et il entendait les cris des blessés et des mourants, sans rien pouvoir faire. Cette fois encore, le prince se sentit faible, et incapable de se battre. Mais il continua, cherchant la princesse et son armure du regard. Des heures durant, le prince creusa les gravats, ouvrit des armures ressemblant a celle de sa princesse, retourna les cadavres, le cœur serré, craignant a tout moment de reconnaître le visage de sa seule compagne. Et puis, alors que la bataille avait cessé depuis longtemps, il arriva a un immense champ de fleurs. Il y avait quelques armures ennemies qui gisaient, détruites, mais le champ était intact. Et au milieu, l'armure de la princesse était encore debout. Fou de joie, le prince se précipita vers l'armure, oubliant ses muscles douloureux par la longue marche, oubliant sa colère et sa peur, heureux de revoir la princesse en vie et ne voulant plus jamais la perdre… Il ouvrit l'armure, les larmes aux yeux, prêt a supplier, lui qui ne se serait jamais abaissé à ça, prêt a supplier la princesse de ne jamais recommencer. Elle avait les yeux fermé… Elle semblait dormir… En fait elle dormait… Mais si profondément qu'aucun prince ne pourrait la réveiller, même avec des baisers, même avec des cris, même avec des menaces. La princesse était morte. Le prince eut si mal, fut dans une telle colère, que tout les magiciens encore vivant prirent peur et s'enfuirent au fond du château, attendant que le prince se calme.

Quand il revint, des heures plus tard, la princesse dans les bras, il jura que sa mort ne serait pas inutile. Il ordonna a un vieux magicien de construire une armure, si résistante et si puissante qu'elle serait digne du dieu du combat. Il la nomma Nataku, comme la princesse s'était elle même baptisée puis il partit a l'assaut du royaume de la Terre, déterminé à faire régner la justice. Mais quand il arriva sur Terre, il découvrit qu'il n'était pas le seul a combattre, qu'il y avait quatre autres princes venus des châteaux du ciel. Il y avait un prince aux yeux vert, qui se battait comme un lion, mais sans jamais dire un mot. Il y avait un prince magicien aux cheveux comme le soleil, plus pur que les quatre autres réunis. Il y avait un prince aux yeux bleus, le plus fort de tous, mais le plus fragile aussi, ne sachant pourquoi ni pour qui vivre. Et puis il y avait le cinquième prince. Il était différent des autres, il était là pour se battre, pour tuer, mais il continuait à sourire aux quatre princes. Alors que les quatre autres ne faisaient que se battre, le cinquième prince, celui aux yeux mauve, fit tout pour leur rappeler qu'ils étaient encore humain. Il appris au prince aux yeux vert et au prince blond ce qu'était qu'aimer, il appris au prince au yeux bleu ce qu'était vivre, et au prince qui avait perdu sa princesse, il appris tout. Mais le prince aux yeux mauve fut gravement blessé dans un combat, et son ami craignit un moment le perdre lui aussi, comme il avait perdu sa princesse. Il eut peur pour lui et compris, comme il avait compris pour sa princesse, qu'il l'aimait plus que tout. Alors le prince décida de cesser d'agir comme un idiot et de rester avec le prince aux yeux mauve. Il lui raconta sa vie sous la forme d'un conte de fée et acheva son histoire sur ces mots : Le prince prit alors celui aux yeux mauve dans ses bras et lui jura de ne plus jamais le laisser seul. Il lui dit aussi qu'il ne finirait pas l'histoire lui même, attendant que le prince aux yeux mauve le fasse.

La voix de Wufei s'éteignit et le silence régna dans la chambre sombre. Sans trop savoir comment, les deux jeunes gens s'étaient retrouvés blottit l'un contre l'autre, les jambes et bras étroitement emmêlés. Wufei sentait les bras de Duo passés autour de son torse, une main caressant machinalement son dos, alors que le souffle de Duo caressait ses épaules. Le cœur battant, Wufei attendit longuement la réponse de Duo, craignant un moment qu'il se soit rendormit, mais la voix du jeune homme s'éleva, grave et chaleureuse.

-Ils vécurent heureux, et eurent pleins de petits gundams.

***

-C'était Wufei ?demanda Hilde, les yeux levés, écoutant les échos du rire qui avait longuement résonné dans le bateau.

-En tout cas ce n'était pas la voix de Duo, renchérit Vincent.

1 Kin Tais toi ou ta gueule en japonais.

2 Kin : Alice est le nom du logiciel d'entraînement des gundams, une espèce de simulateur de combat. Dans la série, on voit Heero l'utiliser pour tester le système zéro.

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