Pairings : quelques persos à moi qui sont ensemble, mais sinon, que des
pairings officiels : James x Lily, Sirius x Rémus. Quoi ? Comment ça,
JKRowling a jamais clairement dit que Sirius et Rémus étaient ensemble ?
Mais elle l'a quasiment dit !! mais siiiiii !!
Je veux bien essayer de mettre un peu plus de Sirius x Rémus, mais les premiers chapitres sont déjà écrits. Il faut juste que je les tape.
L'esprit de la fic n'est pas de faire une histoire sur Rémus et Sirius (j'ai d'autres idées pour ça.), mais d'écrire une aventure des maraudeurs. Et de toute façon, il faut garder à l'esprit qu'ils ne peuvent pas être tout le temps collés l'un à l'autre. (Me frappez pas !! Lisez les explications de Moony !! C'est tout de sa faute !! Aïeuh !) De plus, quand ce sera Peter qui sera au centre de l'histoire, je vois pas comment je pourrais faire pour les faire apparaître ensemble. Quoique. Viens d'avoir une idée, là.
Disclaimer : si les persos n'étaient pas à JK Rowling mais à moi, Sirius et Rémus seraient mariés et auraient plein de petits louloups. (nan, je blague.)
Rating : PG13, pasque bon, il y aura quelques scènes un peu yaoï ou yuri, on verra, et puis un peu Angst, aussi, quand même.
A priori, je n'écrirai pas de lemon (à moins qu'on ne me menace à coups de cours de Marketing.). Désolée. !
Merciiii à toutes celles qui ont reviewé !!! J'ai failli faire une crise cardiaque en lisant vos messages !! J'm'y attendais vraiment pas (quart d'heure gagatisation : mes premières reviews !!) !!! Alors ça vous a vraiment plu ?? J'suis contente !!! ^_^ !!! Bref, ça fait très plaisir et ça motive pour taper la suite !!
Envo85, merciii beaucoup voici la suite, elle t'est dédicacée (ma première revieweuse !!!... euh. Ca se dit, revieweuse ?). Je ne vais pas encore donner la signification de Menous, je garde un peu la surprise. Mais c'est un mot qui existe, c'est du patois ou de l'ancien français, je ne sais pas trop.
Mpb, merciiiii ! Tes idées sont terribles, celles pour la fic, et les autres ! ! (clin d'?il) Et merci pour ton enthousiasme, ça fait du bien, vraiment !!
De gros bisous aussi à Tolkiane, kaima1, alana chantelune et Shinia Marina (je n'en croyais pas mes yeux en voyant ton nom !!! Tu es une de mes fanfiqueuses françaises préférées !!!) !
Les POV commencent à changer, ça y est ! C'est au tour de Rémus de donner son éclairage sur les passages qui viennent. J'espère que ça vous plaira autant que quand Sirius était au centre de la narration. Mais ça risque d'être un peu différent, vu qu'ils n'ont quand même pas la même manière de réagir, et que j'ai essayé de ne pas faire trop de OOC. Ca veut pas dire que j'ai réussi, mais bon.
Le prochain chapitre sera raconté par James !
Sinon, que dire ?... Je remets les surnoms anglais des Maraudeurs, juste au cas où quelqu'un n'aurait pas lu de fics ou de livres en anglais. On récapitule : Rémus=Moony, Sirius=Padfoot, James=Prongs, Peter=Wormtail.
Ah , et ce chapitre se passe un peu plus de deux semaines après le premier.
MENOUS
Septembre
Au final, Sirius n'eut pas l'air de trouver la 'punition' trop désagréable.
Dix souhaits de Rémus à exaucer.
Rémus en avait déjà utilisé cinq, parmi lesquels une modération des violences scolaires (également connues sous le nom de 'distractions nécessaires pour se faire respecter') et une journée de ballade en moto. Il y avait eu aussi un mémorable petit déjeuner au lit, avec musique et fleurs. Il avait fallu tenir Peter et James à l'écart du dortoir pendant toute la matinée ; c'est ce qui avait été le plus dur.
Bref, les souhaits que formulaient Rémus étaient loin d'être désagréables ou irréalisables. Il eut même l'impression que son petit ami n'avait rien reproché au dernier souhait formulé, qui incluait du chocolat et d'autres gâteries .. Evidemment, Sirius n'admettrait une chose pareille à aucun prix. Pourtant. Rémus sourit en se rappelant le visage du jeune homme, la nuit précédente. Il poussa un petit soupir de satisfaction, et Dusty, son Puffskein, vînt gentiment se nicher dans son cou. Le léger gazouillis de l'animal acheva de le détendre. Il s'étira un peu, et détacha un instant ses yeux du livre qu'il étudiait.
Il s'accorda un moment pour ne penser à rien, juste à la chaleur du feu dans la salle commune, au grand fauteuil moelleux, à la musique de la pluie battant les fenêtres de la tour.
Il méritait bien une petite pause ; il étudiait les Serpencendres depuis plus de deux heures, pour terminer le parchemin qu'il devait rendre pour le cours de Défense contre les forces du mal. Melle Neurès s'était avérée être une enseignante assez compétente, bien qu'elle proposait trop de 'documentation' au goût de Sirius et James, et pas assez de 'réels moyens de se défendre, elle croit qu'on tue un mangemort à coups d'encyclopédie ou quoi ?'. Rémus, lui, trouvait ces deux premières semaines prometteuses. Melle Neurès avait décidé de leur faire étudier les différentes espèces de serpents les plus prisées des mages noirs : ils s'étaient déjà intéressés aux Runespoors et aux Basilics. Ils devaient rendre un parchemin sur les Serpencendres la semaine prochaine.
Rémus était largement dans les temps. Son travail était presque fini, et, de toute façon, on n'était que Dimanche. Seulement, il n'avait pas voulu prendre de risques. A près tout, la Lune serait pleine ce soir. D'après son calendrier lunaire et les premiers fourmillements qu'il sentait dans ses membres, il devrait se rendre à l'infirmerie avant la fin de la journée. Et ce serait une autre nuit de pleine lune.
Il porta la main à son cou, caressa la douce boule de fourrure qui s'y était installée. Dusty gazouilla de plus belle, et lui envoya un petit coup de langue rose sur la joue. Rémus ne put réprimer un sourire triste.
Le Puffskein dut sentir la tristesse de son maître ; il gazouilla une question. Rémus le gratouilla sous le menton pour le rassurer.
-Ca va, Dusty, ça va. Là.
Mais la voix de Rémus resta un peu voilée.
Le gazouillis de Dusty se transforma en un bourdonnement grave et le petit animal ferma les yeux, prêt à s'endormir.
Cet état de félicité dura environ une minute et vingt secondes.
Dusty fut réveillé en sursaut par l'arrivée de James et Sirius, visiblement au meilleur de leur forme. Ils se chamaillaient comme des gamins, Peter sur leurs talons. Dusty tressaillit en les voyant approcher ; il se laissa prudemment glisser en avant, pour venir atterrir sur les genoux de Rémus.
Genoux auxquels il fut brutalement arraché quelques secondes plus tard par la main de Sirius. Le jeune homme joua négligemment avec le Puffskein, avant de l'envoyer à James, qui l'attrapa en plein vol, comme s'il s'était agi d'un Vif d'Or.
Sirius se laissa tomber sur un des fauteuils près de Rémus et, la tête appuyée sur la main, entreprit de scruter la salle des yeux. Peter s'installa sur le tapis, près du feu, tandis que James s'assit sur le bras du fauteuil de Rémus ; il sourit en apercevant le livre et les quelques notes que Rémus avait prises, puis relâcha le Puffskein. Dusty se dépêcha d'aller se réfugier dans les bras du loup.
Peter regardait Rémus avec des yeux admiratifs et un peu envieux :
-Comment fais-tu pour travailler un Dimanche matin ? Moi, je ne peux vraiment pas.
Rémus haussa les épaules.
-Ce n'est pas dur, tu sais. Et puis les Serpencendres sont fascinants, en fait. Ils ne vivent qu'une heure avant de mourir. Et ce sont de très belles créatures.
Il marqua un temps de pause, avant de se décider à donner la véritable raison pour laquelle il se retrouvait à travailler un dimanche matin.
-De toute façon, il fallait que je fasse ce travail puisque ce soir, je. ne pourrai pas.
Il ne put rien ajouter de plus : Sirius avait grogné et s'était lancé dans une tirade amère à l'encontre de leur professeur de Défense contre les forces du mal.
-Un parchemin sur ces aaaadorables Serpencendres. On pourrait apprendre à se débarrasser de ces saletés, mais noooon. Et attendez, d'ici un mois, on passe à « Elevez vous-même votre. » ! Cette vieille fille a raté sa vocation, Dumbledore aurait dû la charger des Soins aux créatures magiques !
L'expérience avait prouvé qu'une fois lancé, Sirius ne s'arrêtait pas.
Heureusement, un groupe de troisièmes années déboula dans la salle, l'interrompant momentanément.
Elles arrivaient des dortoirs en criant presque. L'une d'entre elles était pâle, blanche comme la mort. Ses amies, au contraire, avaient l'air très excitées. Elles piaillaient, bombardant de questions leur amie à l'air traumatisé ; la jeune fille répondait par quelques mots, frissonnant de temps à autres, comme si elle se rappelait quelque chose de désagréable. Si Rémus ne se trompait pas, elle s'appelait Stella.
James se leva d'un air intéressé, et s'approcha du petit groupe. Rémus hésita un instant, mais finit par conclure qu'il devait aller voir ce qui se passait ; en tant que préfet, il fallait bien qu'il intervienne, non ? Il se leva avec un petit soupir et fourra Dusty dans sa poche. Peter s'était déjà précipité pour suivre ses deux amis.
Avant de s'éloigner, Rémus jeta un regard interrogatif à Sirius, toujours sur son fauteuil. Le jeune homme rejeta une mèche de cheveux noire derrière son oreille d'un air ennuyé, mais finit par se lever. Rémus sourit ; c'était tellement. tellement. Sirius. ! On ne le changerait décidément jamais ! Il avait envie de lui sauter au cou.
Sirius dut apercevoir l'expression amusée de son petit ami : il lui renvoya un petit sourire contrit. Cette fois, Rémus craqua ; aussi discrètement que possible, il leva la main pour prendre entre ses doigts quelques mèches, les remettre en place, effleurer la peau au passage. Et puis une des filles gloussa un peu plus fort que les autres, et il se rappela qu'en tant que préfet, il se devait de veiller à ce que tout se passe bien. (Stupide rôle de préfet, stupides filles qui sortent de nulle part, stupides Gryffondors qui pourraient au moins les laisser seuls dans la salle commune.)
La majorité des troisièmes années retinrent leur respiration en les voyant approcher. Certaines rougirent brusquement en regardant Sirius ; Rémus se sentit un peu peiné pour elles. Le petit groupe était devenu totalement silencieux. En plus du choc qu'avait causé l'arrivée de Sirius, les filles avaient aperçu le badge de préfet de Rémus.
Il prit une petite inspiration, et demanda d'une voix calme, un peu basse, un peu fatiguée :
-Est-ce qu'il y a un problème ?
Aussitôt, toutes les filles se mirent à parler en même temps. Rémus regretta presque d'avoir posé la question.
Au bout de cinq minutes, Rémus finit par déduire de toute cette agitation que Stella était en train de faire une grasse matinée au lit, quand elle avait vu surgir du plafond un fantôme. En s'apercevant qu'elle ne le connaissait pas, elle avait voulu lui poser quelques questions, mais l'apparition s'était contentée de la fixer intensément, sans prononcer un mot. Le sang de la jeune fille s'était glacé inexplicablement.
L'arrivée surprise de ses amies l'avait sauvée. Elles étaient à peine entrées que le fantôme choisissait de disparaître en traversant le plancher de la chambre. Les filles avaient à peine eu le temps d'apercevoir un beau visage androgyne et des cheveux fins que tout était terminé. Et maintenant, elles étaient intarissables au sujet de ce fantôme au visage d'ange.
Les yeux de Sirius s'étaient allumés :
-C'est lui ! C'est le fantôme que j'avais aperçu ! Je savais bien que je n'avais pas rêvé !!
James leva un sourcil dubitatif.
-Mouais. Ce fantôme a l'air d'être inconnu au bataillon. Il y a eu des morts récemment ? Cet été ? Le bronzage d'Aïny était plus grave que ce qu'on pensait ?
Peter étouffa un rire et Sirius leva les yeux au ciel.
-Tu écoutes ce qu'on te dit, Prongs ? C'est une gravure de mode, ce fantôme. Ca doit être un ancien élève.
Mais ils eurent beau chercher dans leurs souvenirs, ils ne trouvaient aucun élève porté disparu récemment. Au bout d'une demi-heure de recherche, les filles finirent par se lasser et quittèrent la salle commune (le fait que Sirius les ait royalement ignorées pendant toute la conversation n'était sans doute pas étranger à leur départ). Sirius et James, eux, se passionnaient pour ce nouveau mystère, et décidèrent d'aller mener des recherches à la bibliothèque, avec l'aide de Peter.
Sur le point de partir, Sirius se tourna vers Rémus avec espoir.
-Non, désolé Padfoot. Je veux terminer ce devoir sur les Serpencendres avant ce soir. Je te rappelle qu'en ce moment, ce n'est pas vraiment la meilleure période du mois.
Sirius hésita à plaider sa cause mais finalement abandonna, d'autant que James lui avait glissé à l'oreille :
-C'est aussi bien, parce que si Moony nous avait accompagné, je suis certain que tu n'aurais pas été aussi efficace.
Rémus, lui, n'aurait rien eu contre de petits échanges discrets entre les rayonnages, au milieu de l'odeur douce, un peu moisie.
Mais Rémus retourna à son fauteuil et à son livre. Il sortit Dusty de sa poche, et le petit animal revînt se nicher contre lui en bourdonnant. Il s'accorda une ultime minute de contemplation du feu, mais finit par se mettre au travail.
Vers 11h30, il avait achevé le parchemin et était globalement satisfait de lui. Il retourna dans leur dortoir, déposa Dusty sur son lit et regarda un moment les jardins et la Forêt Interdite. Malgré la pluie de Septembre, il y avait quelques personnes dehors. Il distinguait la silhouette massive d'Hagrid, et plus loin, celle de Melle Neurès, abritée sous un parapluie, et accompagnée par une élève. Il sourit ; malgré les critiques de James et Sirius, il fallait bien reconnaître que la professeur de Défense contre les forces du mal était appréciée par beaucoup d'élèves.
Il s'allongea un moment, feuilleta un livre, mais finit par descendre dans la salle commune. Les tables étaient prêtes pour le déjeuner, mais il n'y avait pas encore beaucoup de monde. Les tables se remplissaient au fur et à mesure. Il prit soin de réserver des sièges pour Sirius, James et Peter.
Lily Evans passa lui dire bonjour. Ils s'entendaient bien ; la rousse était préfet, comme lui, et il l'admirait pour son courage et sa franchise. Lily, de son côté, avait visiblement noté que Rémus ne participait à aucune des « démonstrations de forces cruelles et stupides » dirigées par James ou Sirius.
Elle regarda les sièges vides à côté de Rémus, et ses yeux s'étrécirent imperceptiblement.
-C'est bizarre. Potter a disparu de la circulation ?
Rémus grimaça intérieurement. Elle allait s'imaginer que James préparait encore un mauvais coup. Et pour une fois, elle se tromperait ; mais Rémus ne pouvait pas faire grand-chose pour la détromper.
Il essaya le coup du sourire calme et innocent.
-James est à la bibliothèque. Mais. Il va bientôt revenir. Je crois.
Lily resta pensive un instant. Rémus dut reconnaître qu'à la place de la jeune fille, il se serait posé des questions sur la crédibilité de toute cette histoire. L'excuse de la bibliothèque servait généralement à couvrir d'autres sorties bien plus intéressantes.
-Quand Potter réapparaîtra, tu pourras lui dire que je veux le voir ?
Rémus acquiesça lentement. Pauvre James.
-Merci !
Et elle partit dans un éclair roux, pour aller rejoindre ses amies à l'autre bout de la table.
C'était quand même rageant pour Prongs. Il passait des mois à essayer d'attendrir la redoutable Lily, à essayer de lui montrer qu'il valait quelque chose, et à chaque fois, quelque chose venait tout faire rater. Peut-être que c'était le destin. Chacun sa malédiction, à près tout.
Le déjeuner avait commencé depuis cinq minutes quand Sirius, James et Peter se montrèrent à nouveau.
Ils n'avaient pas l'air spécialement triomphants en se glissant à tables, mais Rémus demanda quand même ce que les recherches avaient donné.
-On a passé la moitié de la matinée là-dessus et résultat. Rien.
James fit mine de se taper la tête contre la table. Sirius avait une moue dégoûtée sur le visage, et ne semblait pas prêt à prendre la parole. Peter prit donc le relais.
-Il y a Mimi Geignarde, mais ça ne peut pas être elle. Il y a aussi un Andrew Gisky, qui a reçu une bibliothèque entière sur le crâne, en 1957. Il était assez timide, ce qui expliquerait qu'on n'ait pas vu son fantôme très souvent et qu'il n'ait pas parlé, mais.
Sirius finit avec agacement.
-Il était célèbre pour sa tête de babouin. Un ancêtre de Goyle, apparemment.
Rémus retînt un rire devant leurs têtes déconfites. Bon. Peut-être qu'il devrait essayer de leur remonter le moral, là ?
-Et si ce fantôme était beaucoup plus ancien ? Ce serait normal que vous ne trouviez rien sur lui, non ?
James fit la grimace.
-On y a pensé ; on est allés voir Nick Quasi-sans-tête. Mais d'après lui, il n'y a aucun fantôme à Hogwarts qui ressemble de près ou de loin à la description qu'on lui a faite.
Rémus jeta un coup d'?il rapide au Baron Sanglant, qui planait au-dessus des tables des Serpentards, de l'autre côté de la salle.
-Nick n'a pas tort ; nos fantômes n'ont pas un physique très engageant.
James acquiesça, ses yeux se perdirent dans le vague.
-Ca manque d'une belle dame blanche. Avec de longs cheveux et en quête de réconfort.
-Je doute que la femme parfaite te soit d'une quelconque utilité si tu ne peux pas la toucher, Prongs.
-Mouais. Mais c'est pas grave. Ca décore.
-Eh ben bravo, c'est du joli. Je suis sûr que Lily sera ravie d'entendre ça. ! Eh, Eva.
-Sirius ! T'es malade ou quoi ! Arrête ça, sinon, j'te tue ! Baisse ta main ! Sirius !
James finit par *convaincre* Sirius de se rasseoir et de ne pas essayer d'appeler Lily, mais il eut du mal.
Rémus se mordit la lèvre. Tout ça lui avait rappelé que.
-James. J'avais oublié : Lily veut te parler. Vite. Je crois qu'elle pense que tu étais en train de brutaliser Snape ou quelque chose dans ce style.
James reposa subitement la fourchette qu'il s'apprêtait à porter à sa bouche, et regarda dans la direction de la chevelure rousse de Lily. Il y avait de l'angoisse dans ses yeux noirs.
-Merde. Vous croyez qu'elle m'a vu ?... J'aurais pourtant juré qu'elle n'était pas dans la bibliothèque..
-Achète-toi de nouvelles lunettes, Jamie !
Sirius et Peter étaient tellement écroulés de rire qu'ils manquaient de s'étouffer avec la nourriture. Rémus, lui, hésitait entre être scandalisé et se moquer de James avec les deux autres.
-Je croyais que vous étiez à la bibliothèque pour vous renseigner sur ce fantôme ?
Le sourire de Sirius était un peu tordu, et il y avait une lueur machiavélique dans son regard.
-C'était l'idée de départ, oui. Mais entre temps, on est tombés sur ce vieux Snivellus, et comme je lui devais quelque chose depuis qu'il m'a fait pousser ces. choses sur la tête jeudi dernier. James m'a gentiment prêté main forte. Et Peter était censé faire le guet.
Sentant le poids meurtrier du regard de James, Peter secoua frénétiquement la tête.
-Eh ! J'ai fait le guet ! Je te jure que je n'ai pas vu Lily !
Mais ça n'eut pas l'air de convaincre James. Rémus décida qu'il devait au moins essayer de venir au secours de Peter. Et pour détourner l'attention de James. Le mieux était de lui mettre sous les yeux un spectacle réjouissant. Il eut quelques vagues remords en regardant Sirius, mais. Il se ferait pardonner plus tard.
Il se tourna vers son petit ami avec une lenteur calculée et entreprit de faire sa plus belle tête de préfet.
-Je croyais qu'on s'était mis d'accord et que tu devais y aller plus doucement avec les coups foireux, les duels et les brutalisations d'élèves ?
Sirius avait l'air scandalisé, mais Rémus avait gagné : James ne s'intéressait plus du tout à ce pauvre Peter. Il regardait avec amusement l'échange. Rémus décida d'en rajouter une couche.
-Je crois que je vais devoir durcir la punition..
Le visage de Sirius se décomposa.
-Mais enfin, Rémus, c'était cette saleté de Snape !! Ca ne devrait pas compter !! Et puis je ne faisais que répliquer ! C'est lui qui a commencé !
James souriait de toutes ses dents, à présent. Il était apparemment conscient que Sirius risquait plus ou moins gros.
-On dirait un gamin de dix ans. Assume tes responsabilités, Paddie !
-La ferme, Potter ! Commence par t'occuper de tes fesses avant de donner des leçons aux autres !
Les dix minutes suivantes furent occupées par diverses insultes Blackiennes et autres tentatives d'intimidation Potteriennes. Quand ils finirent par se décider à faire une trêve, leur table était devenu un véritable champ de bataille et Rémus avait vaguement mal à la tête. Le couteau de Sirius avait volé à un mètre, au milieu d'assiettes de premières années, qui du coup surveillait beaucoup plus leurs doigts.
Sirius avait besoin de son couteau pour le fromage. Baguette en main, il pointa un première année et ordonna d'une voix sèche :
-Toi. Donne-moi mon.
Un regard furieux de Rémus suffit à l'arrêter au milieu de sa phrase. Sirius marmonna quelque chose que Rémus fit mine de ne pas entendre, mais se résigna à adopter une attitude un peu plus civilisée :
-Est-ce que. tu pourrais me passer mon couteau ?
Nouveau regard menaçant de Rémus.
Sirius ajouta à contrecoeur :
-S'il te plaît ?
Satisfait, Rémus lui envoya un petit sourire encourageant puis tourna la tête pour voir si le première année n'était pas trop traumatisé. Son c?ur manqua un battement en voyant de qui il s'agissait.
Beth. Beth Battory.
Mais enfin. Sirius le faisait exprès ou quoi ? Beth devait être mort de peur. Ou alors, il allait en vouloir à Sirius, et Elyz se mettrait à le détester encore plus.
Pourtant. Beth n'avait pas l'air spécialement haineux ni d'avoir fait une crise cardiaque. Il fixait Sirius avec des yeux ronds, mais surtout. Rémus faillit éclater de rire ; Beth avait les joues soudain très rouges, et il ne semblait pas pouvoir détacher son regard du jeune homme aux cheveux noirs, qui, comme d'habitude, n'avait apparemment rien remarqué. Le gamin finit par se ressaisir, il cligna des yeux et tendit précipitamment le couteau à Sirius. Sa main tremblait légèrement. Quand Sirius grogna un remerciement, Beth lui envoya un sourire éclatant. Et encore une fois, Sirius n'y prêta aucune attention, mais le première année ne s'en formalisa pas : il arbora un air béat pendant tout le reste du repas.
Rémus trouva ça terriblement mignon.
James et Sirius avaient recommencé à se chercher des poux, à voix basse, cette fois.
-Tu es inconscient, Sirius, ou quoi ? Ne compte pas sur moi s'il va tout raconter à sa s?ur !
-Non mais tu me prends pour qui ? Ce n'est qu'une sale gamine de quinze ans ! Je suis encore capable de m'occuper d'elle tout seul !
Il marqua une pause.
-Et de toute faon,depuis la rentrée, je n'ai pas eu de problème avec cette ogresse.D'ailleurs, c'est très louche, je me demande ce qu'elle prépare.
Rémus avait bien une théorie à proposer, en lien avec un petit frère enamouré, mais cette explication n'amuserait sans doute pas Sirius. Et puis, avec Beth à quelques dizaines de centimètres, mieux valait tenir sa langue.
La fin du repas se déroula plus tranquillement et ils finirent par quitter la salle commune. Mais avant qu'ils aient pu rejoindre la tour des Gryffondors, l'attention de James fut *mystérieusement* attirée par un éclair roux.Rémus le vit pâlir mais amorcer néanmoins un mouvement en direction de Lily. En le voyant s'éloigner, Sirius fronça les sourcils et le retînt par la manche.
-Eh ! On devait préparer la soirée avant que Moony nous quitte ! Je peux savoir où tu vas ?
James essaya de prendre un air comique, mais Rémus ne put s'empêcher de remarquer qu'il avait vraiment l'air ébranlé.
-Mon vieux Paddie, je vais à la rencontre de mon destin.
Il désigna de la tête la silhouette de Lily, au milieu d'un groupe de filles, et leur fit signe de la main en partant. Peter lui envoya un regard anxieux.
-Je te souhaite bonne chance. Tu vas en avoir besoin !
-Mais non, c'est dans la poche. Regardez faire l'artiste..
Le sourire du jeune homme était un rien crispé. Sirius le suivit du regard avec une expression sarcastique.
-C'est la 650ème fois qu'il annonce ça alors qu'il va se faire jeter..
Peter sembla retrouver un peu d'assurance :
-651ème si on compte le dernier voyage en train.
Ils auraient pu rester là à observer James et Lily de loin, mais finalement, ils décidèrent de retourner à leur dortoir. Prongs les rejoindrait là-bas, et le récit de son énième accrochage avec Lily vaudrait sans doute le coup, s'ils parvenaient à le convaincre de se confier..
Ils se frayèrent un chemin à travers les couloirs bondés (les salles étaient plus emplies que d'habitude, à cause de la pluie qui ne se décidait pas à s'arrêter). Rémus se trouvait placé juste derrière Sirius ; il voyait danser ses mèches noires, les regardait effleurer ses épaules, devinait le mouvement des muscles sous la peau. Il avait une envie grandissante d'aller déposer des baisers sur sa nuque, mais il prit une grande inspiration, et n'en fit rien.
Ils arrivèrent à leur dortoir peu après et se postèrent à leurs places habituelles : Peter à la fenêtre, Rémus sur son lit, Dusty roulé à ses côtés, et Sirius, par terre ; Moony n'aurait eu qu'à tendre la main pour pouvoir lui caresser les cheveux.
Ils n'eurent pas à attendre longtemps avant que James ne les rejoigne.
Prongs déboula dans la chambre sans prévenir, les cheveux encore plus en bataille que d'habitude, et l'air absolument hors d'haleine ; il avait dû courir pour venir. Aussitôt entré, il claque la porte derrière lui, en souriant à s'en décrocher la mâchoire, et Sirius lui avait à peine lancé un coup d'?il interrogatif qu'il se mit à hurler :
-JE SORS AVEC LILY !!
Il leur fallut plus d'un quart d'heure pour le forcer à arrêter de rire comme un psychopathe et dix minutes supplémentaires pour réussir à avoir une version plausible de l'histoire. James leur servit un nombre appréciable d'histoires dans lesquelles Lily se traînait à ses pieds en le suppliant de sortir avec lui, après qu'il l'aie sauvée des griffes d'un Snape libidineux. Finalement, après que Sirius ait menacé de se débarrasser du Vif d'Or dédicacé, James accepta de donner une explication crédible :
-Un bal est organisé pour Halloween le mois prochain ; et Melle Evans m'a demandé d'être son cavalier.
Rémus se mit à sourire.
-Désolé de te décevoir, mais je crois que tu ne sors pas vraiment avec Lily. Ce n'est qu'un bal, James !
Mais James secoua la tête avec une lueur enflammée au fond des yeux.
-Ce n'est que la première étape, d'accord, mais au moins, elle me donne ma chance, c'est ce qui compte ! Elle a dit que cette soirée servirait de test. Si tout se passe bien -et faites-moi confiance, tout va bien se passer- je suis sûr de pouvoir officiellement sortir avec elle ! Vous vous rendez compte ? Depuis le temps que j'attends ça ! Je crois que c'est mieux que le jour où Malfoy et toute sa bande se sont mutuellement lancé des sorts de Ratatinage !
Peter regardait James avec admiration, mais quelque chose devait le chiffonner, parce que sa bouche avait un petit pli embêté :
-C'est vrai que ça fait longtemps qu'elle te. enfin. tu vois, quoi. Pourquoi elle ne dit oui que maintenant ?
Sirius s'esclaffa.
-Depuis le temps qu'il la gonfle, elle a fini par le prendre en pitié, tiens !
James prit un air offensé.
-Elle savait depuis longtemps que je suis génial, beau, et capitaine de l'équipe de Quidditch, mais il lui a fallu du temps parce qu'elle ne se sentait pas assez parfaite pour apparaître avec moi.
-Jamie. Tes chevilles enflent. Et je doute que Lily la tigresse donne encore quelques secondes de son temps à un type aux chevilles de cette taille.
James tenta un regard meurtrier, mais la lueur amusée et satisfaite qu'on lisait dans ses yeux gâchait un peu l'effet. Rémus en profita pour remettre le sujet sur la table.
-Sérieusement, James. Pourquoi Lily accepte-t-elle de tenter le coup ?
Le jeune homme évita leur regard quelques secondes. Il joua un peu avec ses lunettes, l'air de juger s'il pouvait ou non leur répondre. Les autres Maraudeurs faisaient de leur mieux pour paraître ouverts, à l'écoute, et, plus dur, innocents. James poussa un gros soupir.
-Vous vous rappelez que d'habitude, elle allait à tous les trucs de ce style avec Frederic Froggins, le mec qui a passé dix ans de sa vie en France ?
Ils acquiescèrent ; Froggins était un brun à l'air un peu trop délicat et sur lequel James tapait dès qu'il en avait l'occasion, ou plutôt, dès que Lily avait le dos tourné.
-Bon, eh bien Frenchie sort avec Milly Vanquish depuis juin, et il ira au bal avec elle. Du coup, Lily doit trouver un autre cavalier et. Vous avez devant vous l'heureux élu !
James affichait un air triomphant. Ils se regardèrent avec incrédulité, avant que Rémus ne se lance :
-Tu veux dire que. Tu fais bouche-trou à défaut d'autre chose ?.Et tu es. ravi ??
Sirius explosa de rire, et James leva les yeux au ciel.
-Je savais bien que je n'aurais rien dû vous dire.
Quand Sirius finit par se calmer, ils décidèrent d'un commun accord de changer de sujet (Sirius aurait bien continué à charrier James, mais Rémus lui avait fait comprendre qu'il ferait mieux de se tenir à carreau). Les deux heures suivantes furent consacrées à préparer leur sortie de ce soir, la première de l'année. James, toujours aussi euphorique que lorsqu'il était entré, considéra qu'il fallait débuter l'année en beauté. Ils avaient déjà mené des dizaines d'expéditions dans Pré-au-lard et connaissaient presque par coeur la Forêt Interdite. A l'exception de sa partie nord, plus inaccessible et plus sauvage. Ils n'avaient pas encore mis les pieds là- bas, mais d'après l'Histoire d'Hogwards que possédait James, on trouvait dans cette partie de la forêt des crabes de feu, qui avaient apparemment atterri là après le passage d'un professeur venant des îles Fidji (sans doute un ancêtre d'Hagrid).
James voulait ramener quelques pierres précieuses venant des carapaces de ces grosses tortues comme trophée et cadeau pour Lily. Rémus était curieux de voir à quoi ces créatures pouvaient ressembler. Sirius était le plus motivé des quatre, surtout depuis que James avait précisé que ces crabes projetaient sur les intrus des boules de feu. Peter s'était laissé convaincre, malgré quelques réticences liées aux boules de feu précédemment citées.
Bref, la proposition fut adoptée à l'unanimité.
Ils se retrouveraient dans la Cabane, comme d'habitude, et partiraient à la chasse au crabe.
Un moment, Rémus avait sentit monter en lui l'angoisse de la transformation, mais elle s'était presque envolée devant l'enthousiasme de James et le regard brillant de Sirius.
A quatre heures, Prongs s'éclipsa pour se rendre à son entraînement de Quidditch. Ils le regardèrent partir en sifflotant tranquillement. Rémus se demandait si un entraînement sous la pluie, dans la boue, réussirait à venir à bout de la bonne humeur qu'il affichait depuis tout à l'heure. Probablement pas.
Peter quitta le dortoir peu après James ; il avait un parchemin à rendre, pour des cours de rattrapage en Métamorphose.
Finalement, Sirius et Rémus se retrouvèrent seuls.
Ils échangèrent un regard, puis Rémus quitta son lit et vint s'installer à côté de Sirius. Il sourit tranquillement, et posa ses mains sur les épaules de son ami. Après tout, il devait se faire pardonner de l'avoir asticoté au repas..
Sirius haussa un sourcil interrogatif, attendant de voir ce que Rémus allait faire. Il se détendit immédiatement quand le loup commença à masser les muscles de son dos lentement, effleurant, appuyant, s'appliquant à décontracter chaque muscle.
Au bout d'un quart d'heure, Rémus aurait pu jurer qu'il entendait Sirius ronronner. Le massage marchait vraiment bien. Peut-être un peu trop bien d'ailleurs.
Sirius tourna la tête vers lui, avec cet air excité, celui qu'il n'avait que lorsqu'il allait suggérer une idée catastrophique.
-Au fait. Ce bal pour Halloween. On y va ?
Rémus interrompit aussitôt son mouvement, incrédule.
-On ne peut pas y aller ensemble, Sirius ! J'ai déjà assez de problèmes comme ça. et on en a déjà discuté, je crois.
Le dos de Sirius se raidit un peu, et la déception était perceptible dans sa voix, mais il se reprit presque aussitôt.
-Oui, bien sûr. Excuse moi, c'est pas grave. On fait comme les autres années, alors ? On se trouve chacun une fille pour la soirée, c'est ça ?
Rémus acquiesça lentement, et reprit son massage. Sirius ne dit plus rien.
Il s'en voulait un peu d'avoir dit non à son petit ami, mais. Il avait passé sept ans à cacher sa lycanthropie, parce que révéler un tel secret le mettrait définitivement à l'écart. Et il ne voulait pas d'un tel désastre. Il n'était pas assez fort pour affronter ça. Révéler son homosexualité aurait aboutit au même résultat. Alors là encore, il préférait se cacher.
Il n'y avait que James à être au courant, parce que Sirius ne pouvait pas cacher quelque chose de cette importance à son meilleur ami. Parce que Rémus savait que James ne prendrait pas mal une telle nouvelle. Mais mis à part James Potter, personne à Hogwards n'était au courant. Rémus ne voulait ni attirer l'attention, ni faire face aux moqueries et aux regards en coin. Il valait mieux ne rien dire. Continuer d'agir normalement en public.
Tout ça avait un côté secret, exceptionnel, excitant. Mais en même temps, c'était parfois dur de faire semblant.. Dur de ne pas pouvoir dire ou faire tout ce dont on avait envie. Comme dans le couloir. Comme pour le bal d'Halloween. Rémus observa discrètement Sirius. Les yeux noirs regardaient tomber la pluie. Il laissa un peu de culpabilité ressurgir en lui ; pour se faire pardonner, il chercha le petit point sensible, dans le dos de Sirius, celui qui le faisait frissonner quand on le caressait. Le massage se fit plus doux, et Sirius avait les yeux fermés, comme s'il dormait. Finalement, Rémus finit le massage et s'assit à côté de Sirius.
Longtemps, ils ne parlèrent pas. Ils restaient là, à écouter la pluie, et Rémus se dit qu'il aurait aimé rester comme ça pour l'éternité. Juste rester là, ne pas partir, ne pas aller à l'infirmerie, ne pas attendre la souffrance, ne pas s'abandonner au monstre. Il frissonna. Le bras de Sirius vînt s'enrouler autour de ses épaules, et il retrouva un peu son calme.
Il essaya de ne penser à rien. Il ne réussit pas.
Il avait besoin de plus qu'un bras contre lui, il avait besoin de réconfort, de sécurité, de chaleur, pour se rassurer contre la nuit. Il avait besoin d'une fusion, pour n'être plus qu'un, un être invincible, prêt à tout affronter.
Il se pencha légèrement, déposa des baisers dans le cou de Sirius, des baisers comme des ailes de papillon, les baisers dont il avait envie dans le couloir, Sirius émit un petit soupir de contentement qui fit rire Rémus et ils se laissèrent glisser au sol, s'étendant sur le tapis un peu rêche. Ils se retrouvèrent allongés dans le creux entre les deux lits, un autre monde d'ombre rassurante, où la pluie bat comme un coeur.
Ils ne bougèrent plus pendant quelques minutes : ils restèrent serrés l'un contre l'autre, comme deux enfants fatigués. Et puis les mains de Sirius commencèrent à le bercer. Il se raccrocha à lui en tremblant, et Sirius lui murmurait des choses à l'oreille, des choses qu'il n'arrivait pas à entendre. Il sentait les premiers picotements naître dans ses membres. Une boule lui serrait la gorge.
Sirius s'était tu. Il n'osa pas lever les yeux vers le visage de son amant. Il n'aimait pas voir Sirius avec cette air de compassion impuissante. Il enfouit son visage dans le cou chaud, si chaud, si accueillant.
Il n'y eut plus aucun bruit jusqu'à ce que Rémus murmure d'une voix rauque :
-Je dois y aller.
Si seulement ce moment avait pu ne jamais arriver. Il dut se décoller de la présence rassurante de Sirius, se lever, seul, pour quitter la chambre. Il sentait tout le poids du regard sombre, les yeux de nuit qui ne perdaient aucun de ses gestes. Il dut faire un effort inhumain pour ne pas se retourner et aller se réfugier à nouveau auprès de son ami.
Il avait ouvert la porte et s'apprêtait à sortir quand la voix de Sirius l'arrêta. Cette voix si sombre.
-Attends, Rémus.
Et aussitôt le jeune homme fut à côté de lui, le regardant avec une infinie tristesse. Il le serra contre lui à l'en étouffer, et leurs bouches se trouvèrent, et leurs langues dansèrent des caresses désespérées.
Mais c'était l'heure de partir. Il n'y avait pas lieu de discuter. Et ils le savaient tous les deux.
L'étreinte se fit moins éperdue, et Rémus recula finalement. Ils échangèrent un regard, un long regard triste.
-On se retrouve tout à l'heure, hein ?
Et Rémus lui fit un pauvre petit sourire avant de quitter la chambre pour de bon.
Il écrasa une larme qui voulait rouler sur sa joue, et s'enfonça dans les couloirs menant à l'infirmerie.
Il n'y avait plus personne maintenant. Les torches brûlaient dans les passages déserts. Il ne croisa qu'une seule personne, Kallya, qui l'arrêta quelques secondes.
-Rémus. J'aurai voulu te voir pour parler du bal d'Halloween, c'est possible ?
-Bien sûr. Est-ce qu'on pourrait se voir vendredi ? Je vais être un peu occupé, cette semaine.
-Vendredi, c'est d'accord. Rémus, ça va ? Tu es très pâle.
-Ne t'inquiète pas, ce n'est rien. Juste. Juste un coup de fatigue.
La jeune fille le regarda d'un air soucieux mais le laissa repartir. Il y avait au moins une bonne nouvelle, dans tout ça : visiblement, il n'aurait pas besoin de chercher une cavalière.
Il attendit quelques secondes devant la porte de l'infirmerie. Il n'avait pas envie d'entrer. Il n'avait jamais envie d'entrer. Mais il prit une grande inspiration et pénétra dans la pièce. Il y avait déjà deux élèves alités. Mrs Herballty se précipita vers Rémus, l'amena vers un lit à l'écart, derrière un rideau, et commença le cérémonial des questions :
-Pensez-vous que quelqu'un vous ait vu entrer ?
-Je n'ai aperçu personne dans le couloir.
-Les symptômes ont-ils commencé à apparaître ?
-Oui.
-Avez-vous mangé quelque chose avant de venir ?
-Pas depuis le déjeuner.
-Bien. Tout est donc normal ?
Il s'abstenait toujours de répondre à cette dernière question. Ces quelques mots l'énervaient au plus haut point, sans qu'il en laisse rien paraître.
En fait, c'était Mrs Herballty qui l'exaspérait. Ses manières professionnelles. Son ton froid. Le regard qu'elle posait sur lui. Un regard glacial, où on lisait du dégoût, du mépris et de la peur. Et puis cette manière qu'elle avait de le traiter, de lui montrer à chaque instant qu'il n'appartenait pas au groupe des humains « normaux ». C'était ce que disait la dernière question. Tu es là, tu sens la mutation qui commence, tu vas être enfermé, tu vas souffrir, mais c'est bien, tout est normal. Tu es un monstre. C'est ainsi qu'on traite les créatures de ton espèce. Tu peux t'estimer heureux que ce vieux fou de Dumbledore t'ait pris sous son aile. Sinon, je t'aurais empoisonné depuis longtemps.
Il la regarda s'éloigner pour aller s'occuper des autres élèves. Il savait qu'elle allait les endormir, puis effacer de leurs mémoires tout souvenir d'avoir vu un jeune homme aux cheveux bruns et à l'air pâle entrer dans l'infirmerie. C'était les consignes du directeur.
Il avait envie de crier et de frapper, et le loup en lui hurlait pour prendre le contrôle, mais il serra les dents et se glissa dans le lit. Et il attendit que le soleil se couche.
Il garda les yeux fixés au plafond. Ses membres commençaient à lui faire un peu mal. Le fourmillement dans tout son corps s'était amplifié, amplifié à faire mal, vraiment mal, mais il s'empêcha de gémir. Il se concentra sur les images de Sirius, de James et de Peter, qui dansaient dans sa tête, en lui offrant des sourires, des éclats de rire, de l'amitié et du rêve, et la souffrance fut un peu plus douce.
Mrs Herballty vînt le chercher tôt ce soir là. Plus tôt que d'habitude. Prongs, Padfoot et Wormtail ne seraient pas encore arrivés à la cabane. Mais Rémus ne laissa rien paraître ; il se leva et la suivit à travers l'infirmerie silencieuse. Avant de quitter la pièce, ils passèrent une large cape d'invisibilité, semblable à celle de James.
La silhouette d'Hogwards était noire, sinistre, dans le crépuscule. Rémus sentait la faim le tirailler. Il était de plus en plus conscient des odeurs qui flottaient autour de lui, des ombres qui se pressaient sur leur passage. Malgré tous ses efforts, son esprit devenait très flou.
Elle le laissa dans la chambre de la Cabane, celle à la porte cerclée d'argent. Elle sortit sans un mot, et il resta là, seul, dans la pénombre. L'absence de lumière ne le gênait pas ; il distinguait chaque chose. Mais il aurait aimé, vraiment aimé, voir encore les couleurs. Il abandonnait les couleurs en prenant les yeux du loup.
La douleur fusa brusquement dans son avant-bras, et il grogna. La Lune devait jeter sa lumière sur tout le paysage, là dehors. Il était plus que temps. Il se déshabilla rapidement, jeta ses vêtements en boule dans un coin. Il s'allongea sur le grand lit gris et frissonna. La cicatrice sur son épaule le brûlait.
Il finit par crier la douleur des muscles et des os qu'on étire, qu'on déforme. Il cria jusqu'à ce que sa gorge et son visage le brûlent et qu'il ne soit plus capable que de hurler. Quand il voulut s'envelopper de ses bras pour se protéger de la souffrance, ses mains ne rencontrèrent pas la peau douce, fraîche ; alors elles griffèrent la fourrure grise, la meurtrirent jusqu'au sang pour l'arracher.
Et cette douleur était si infime par rapport à celle que la Lune jetait dans tout son corps.
Il glissa du lit, tomba à genoux dans la poussière. Il voulut se raccrocher aux couvertures et s'y hisser à l'abri, mais ses pattes ne pouvaient se raccrocher à rien, et c'était comme si la Terre aussi se mettait à le rejeter. La colère lui dévora le c?ur ; il voulait arracher l'âme du monde, tuer chacun de ces humains qui le repoussaient, leur ouvrir la gorge.
Un nouveau spasme le mit à terre. Ses quatre pattes ne suffisaient plus à le porter ; il s'écroula. Il avait du mal à respirer.
Il se mit à gémir, de longues plaintes douloureuses que personne n'entendrait.
Moony renaissait au monde, dans la douleur, encore une fois. Moony était nourri de solitude et de souffrance et d'envie de sang.
Le loup tenta un mouvement, mais tous ses muscles lui faisaient mal. Il ne bougea pas. Il sentait du sang qui mouillait son pelage.
Et puis, doucement, presque timidement, quelque chose de doux passa sur ses blessures. Le loup faillit sauter à la gorge de la créature à côté de lui. Faillit seulement. En un dixième de seconde, il avait reconnu cette odeur de fumée et de vent, il avait reconnu l'Autre, le Compagnon, et il accepta avec reconnaissance les coups de langue affectueux sur son museau.
Padfoot aboya joyeusement, ce petit cri de chiot, ce cri pour inviter au jeu. Moony l'observa aller et venir vers la porte à présent grande ouverte. Il savait que d'autres créatures les attendaient dehors. Le grand cerf aux impressionnantes ramures, et le rat, la petite chose qui pouvait se faufiler partout.
Le chien noir continuait son manège sans se lasser, une lueur d'amusement dans les yeux.
Finalement, Moony s'aperçut que la douleur l'avait presque entièrement quitté. Il rassembla ses forces et réussit à se hisser en position assise. Padfoot se précipita à ses côtés, comme s'il voulait l'aider. Mais Moony n'avait besoin ni d'aide, ni de pitié ; il montra les dents, et le chien noir s'arrêta. Après quelques efforts supplémentaires, le loup réussit à se mettre debout.
Il jeta un regard au chien, reçut en réponse un jappement réjoui. Ils coururent vers la sortie, vers l'air et les odeurs changeantes, vers la lumière de la Lune.
Ce serait une nouvelle nuit d'errances mémorable.
TBC.
A y est, j'ai mis un deuxième chapitre !!! (En fait, c'est le premier chapitre, celui qui correspond à Septembre. Le chapitre sur la rentrée servait d'intro.)
J'espère que ça vous a plu, même si la fin n'est pas très. euh. joyeuse.
Une dernière chose avant de finir. REVIEEEEWWWWW !!! (Histoire que je fasse encore une crise cardiaque, ou que je puisse me rendre compte de ce qui va pas.)
Je veux bien essayer de mettre un peu plus de Sirius x Rémus, mais les premiers chapitres sont déjà écrits. Il faut juste que je les tape.
L'esprit de la fic n'est pas de faire une histoire sur Rémus et Sirius (j'ai d'autres idées pour ça.), mais d'écrire une aventure des maraudeurs. Et de toute façon, il faut garder à l'esprit qu'ils ne peuvent pas être tout le temps collés l'un à l'autre. (Me frappez pas !! Lisez les explications de Moony !! C'est tout de sa faute !! Aïeuh !) De plus, quand ce sera Peter qui sera au centre de l'histoire, je vois pas comment je pourrais faire pour les faire apparaître ensemble. Quoique. Viens d'avoir une idée, là.
Disclaimer : si les persos n'étaient pas à JK Rowling mais à moi, Sirius et Rémus seraient mariés et auraient plein de petits louloups. (nan, je blague.)
Rating : PG13, pasque bon, il y aura quelques scènes un peu yaoï ou yuri, on verra, et puis un peu Angst, aussi, quand même.
A priori, je n'écrirai pas de lemon (à moins qu'on ne me menace à coups de cours de Marketing.). Désolée. !
Merciiii à toutes celles qui ont reviewé !!! J'ai failli faire une crise cardiaque en lisant vos messages !! J'm'y attendais vraiment pas (quart d'heure gagatisation : mes premières reviews !!) !!! Alors ça vous a vraiment plu ?? J'suis contente !!! ^_^ !!! Bref, ça fait très plaisir et ça motive pour taper la suite !!
Envo85, merciii beaucoup voici la suite, elle t'est dédicacée (ma première revieweuse !!!... euh. Ca se dit, revieweuse ?). Je ne vais pas encore donner la signification de Menous, je garde un peu la surprise. Mais c'est un mot qui existe, c'est du patois ou de l'ancien français, je ne sais pas trop.
Mpb, merciiiii ! Tes idées sont terribles, celles pour la fic, et les autres ! ! (clin d'?il) Et merci pour ton enthousiasme, ça fait du bien, vraiment !!
De gros bisous aussi à Tolkiane, kaima1, alana chantelune et Shinia Marina (je n'en croyais pas mes yeux en voyant ton nom !!! Tu es une de mes fanfiqueuses françaises préférées !!!) !
Les POV commencent à changer, ça y est ! C'est au tour de Rémus de donner son éclairage sur les passages qui viennent. J'espère que ça vous plaira autant que quand Sirius était au centre de la narration. Mais ça risque d'être un peu différent, vu qu'ils n'ont quand même pas la même manière de réagir, et que j'ai essayé de ne pas faire trop de OOC. Ca veut pas dire que j'ai réussi, mais bon.
Le prochain chapitre sera raconté par James !
Sinon, que dire ?... Je remets les surnoms anglais des Maraudeurs, juste au cas où quelqu'un n'aurait pas lu de fics ou de livres en anglais. On récapitule : Rémus=Moony, Sirius=Padfoot, James=Prongs, Peter=Wormtail.
Ah , et ce chapitre se passe un peu plus de deux semaines après le premier.
MENOUS
Septembre
Au final, Sirius n'eut pas l'air de trouver la 'punition' trop désagréable.
Dix souhaits de Rémus à exaucer.
Rémus en avait déjà utilisé cinq, parmi lesquels une modération des violences scolaires (également connues sous le nom de 'distractions nécessaires pour se faire respecter') et une journée de ballade en moto. Il y avait eu aussi un mémorable petit déjeuner au lit, avec musique et fleurs. Il avait fallu tenir Peter et James à l'écart du dortoir pendant toute la matinée ; c'est ce qui avait été le plus dur.
Bref, les souhaits que formulaient Rémus étaient loin d'être désagréables ou irréalisables. Il eut même l'impression que son petit ami n'avait rien reproché au dernier souhait formulé, qui incluait du chocolat et d'autres gâteries .. Evidemment, Sirius n'admettrait une chose pareille à aucun prix. Pourtant. Rémus sourit en se rappelant le visage du jeune homme, la nuit précédente. Il poussa un petit soupir de satisfaction, et Dusty, son Puffskein, vînt gentiment se nicher dans son cou. Le léger gazouillis de l'animal acheva de le détendre. Il s'étira un peu, et détacha un instant ses yeux du livre qu'il étudiait.
Il s'accorda un moment pour ne penser à rien, juste à la chaleur du feu dans la salle commune, au grand fauteuil moelleux, à la musique de la pluie battant les fenêtres de la tour.
Il méritait bien une petite pause ; il étudiait les Serpencendres depuis plus de deux heures, pour terminer le parchemin qu'il devait rendre pour le cours de Défense contre les forces du mal. Melle Neurès s'était avérée être une enseignante assez compétente, bien qu'elle proposait trop de 'documentation' au goût de Sirius et James, et pas assez de 'réels moyens de se défendre, elle croit qu'on tue un mangemort à coups d'encyclopédie ou quoi ?'. Rémus, lui, trouvait ces deux premières semaines prometteuses. Melle Neurès avait décidé de leur faire étudier les différentes espèces de serpents les plus prisées des mages noirs : ils s'étaient déjà intéressés aux Runespoors et aux Basilics. Ils devaient rendre un parchemin sur les Serpencendres la semaine prochaine.
Rémus était largement dans les temps. Son travail était presque fini, et, de toute façon, on n'était que Dimanche. Seulement, il n'avait pas voulu prendre de risques. A près tout, la Lune serait pleine ce soir. D'après son calendrier lunaire et les premiers fourmillements qu'il sentait dans ses membres, il devrait se rendre à l'infirmerie avant la fin de la journée. Et ce serait une autre nuit de pleine lune.
Il porta la main à son cou, caressa la douce boule de fourrure qui s'y était installée. Dusty gazouilla de plus belle, et lui envoya un petit coup de langue rose sur la joue. Rémus ne put réprimer un sourire triste.
Le Puffskein dut sentir la tristesse de son maître ; il gazouilla une question. Rémus le gratouilla sous le menton pour le rassurer.
-Ca va, Dusty, ça va. Là.
Mais la voix de Rémus resta un peu voilée.
Le gazouillis de Dusty se transforma en un bourdonnement grave et le petit animal ferma les yeux, prêt à s'endormir.
Cet état de félicité dura environ une minute et vingt secondes.
Dusty fut réveillé en sursaut par l'arrivée de James et Sirius, visiblement au meilleur de leur forme. Ils se chamaillaient comme des gamins, Peter sur leurs talons. Dusty tressaillit en les voyant approcher ; il se laissa prudemment glisser en avant, pour venir atterrir sur les genoux de Rémus.
Genoux auxquels il fut brutalement arraché quelques secondes plus tard par la main de Sirius. Le jeune homme joua négligemment avec le Puffskein, avant de l'envoyer à James, qui l'attrapa en plein vol, comme s'il s'était agi d'un Vif d'Or.
Sirius se laissa tomber sur un des fauteuils près de Rémus et, la tête appuyée sur la main, entreprit de scruter la salle des yeux. Peter s'installa sur le tapis, près du feu, tandis que James s'assit sur le bras du fauteuil de Rémus ; il sourit en apercevant le livre et les quelques notes que Rémus avait prises, puis relâcha le Puffskein. Dusty se dépêcha d'aller se réfugier dans les bras du loup.
Peter regardait Rémus avec des yeux admiratifs et un peu envieux :
-Comment fais-tu pour travailler un Dimanche matin ? Moi, je ne peux vraiment pas.
Rémus haussa les épaules.
-Ce n'est pas dur, tu sais. Et puis les Serpencendres sont fascinants, en fait. Ils ne vivent qu'une heure avant de mourir. Et ce sont de très belles créatures.
Il marqua un temps de pause, avant de se décider à donner la véritable raison pour laquelle il se retrouvait à travailler un dimanche matin.
-De toute façon, il fallait que je fasse ce travail puisque ce soir, je. ne pourrai pas.
Il ne put rien ajouter de plus : Sirius avait grogné et s'était lancé dans une tirade amère à l'encontre de leur professeur de Défense contre les forces du mal.
-Un parchemin sur ces aaaadorables Serpencendres. On pourrait apprendre à se débarrasser de ces saletés, mais noooon. Et attendez, d'ici un mois, on passe à « Elevez vous-même votre. » ! Cette vieille fille a raté sa vocation, Dumbledore aurait dû la charger des Soins aux créatures magiques !
L'expérience avait prouvé qu'une fois lancé, Sirius ne s'arrêtait pas.
Heureusement, un groupe de troisièmes années déboula dans la salle, l'interrompant momentanément.
Elles arrivaient des dortoirs en criant presque. L'une d'entre elles était pâle, blanche comme la mort. Ses amies, au contraire, avaient l'air très excitées. Elles piaillaient, bombardant de questions leur amie à l'air traumatisé ; la jeune fille répondait par quelques mots, frissonnant de temps à autres, comme si elle se rappelait quelque chose de désagréable. Si Rémus ne se trompait pas, elle s'appelait Stella.
James se leva d'un air intéressé, et s'approcha du petit groupe. Rémus hésita un instant, mais finit par conclure qu'il devait aller voir ce qui se passait ; en tant que préfet, il fallait bien qu'il intervienne, non ? Il se leva avec un petit soupir et fourra Dusty dans sa poche. Peter s'était déjà précipité pour suivre ses deux amis.
Avant de s'éloigner, Rémus jeta un regard interrogatif à Sirius, toujours sur son fauteuil. Le jeune homme rejeta une mèche de cheveux noire derrière son oreille d'un air ennuyé, mais finit par se lever. Rémus sourit ; c'était tellement. tellement. Sirius. ! On ne le changerait décidément jamais ! Il avait envie de lui sauter au cou.
Sirius dut apercevoir l'expression amusée de son petit ami : il lui renvoya un petit sourire contrit. Cette fois, Rémus craqua ; aussi discrètement que possible, il leva la main pour prendre entre ses doigts quelques mèches, les remettre en place, effleurer la peau au passage. Et puis une des filles gloussa un peu plus fort que les autres, et il se rappela qu'en tant que préfet, il se devait de veiller à ce que tout se passe bien. (Stupide rôle de préfet, stupides filles qui sortent de nulle part, stupides Gryffondors qui pourraient au moins les laisser seuls dans la salle commune.)
La majorité des troisièmes années retinrent leur respiration en les voyant approcher. Certaines rougirent brusquement en regardant Sirius ; Rémus se sentit un peu peiné pour elles. Le petit groupe était devenu totalement silencieux. En plus du choc qu'avait causé l'arrivée de Sirius, les filles avaient aperçu le badge de préfet de Rémus.
Il prit une petite inspiration, et demanda d'une voix calme, un peu basse, un peu fatiguée :
-Est-ce qu'il y a un problème ?
Aussitôt, toutes les filles se mirent à parler en même temps. Rémus regretta presque d'avoir posé la question.
Au bout de cinq minutes, Rémus finit par déduire de toute cette agitation que Stella était en train de faire une grasse matinée au lit, quand elle avait vu surgir du plafond un fantôme. En s'apercevant qu'elle ne le connaissait pas, elle avait voulu lui poser quelques questions, mais l'apparition s'était contentée de la fixer intensément, sans prononcer un mot. Le sang de la jeune fille s'était glacé inexplicablement.
L'arrivée surprise de ses amies l'avait sauvée. Elles étaient à peine entrées que le fantôme choisissait de disparaître en traversant le plancher de la chambre. Les filles avaient à peine eu le temps d'apercevoir un beau visage androgyne et des cheveux fins que tout était terminé. Et maintenant, elles étaient intarissables au sujet de ce fantôme au visage d'ange.
Les yeux de Sirius s'étaient allumés :
-C'est lui ! C'est le fantôme que j'avais aperçu ! Je savais bien que je n'avais pas rêvé !!
James leva un sourcil dubitatif.
-Mouais. Ce fantôme a l'air d'être inconnu au bataillon. Il y a eu des morts récemment ? Cet été ? Le bronzage d'Aïny était plus grave que ce qu'on pensait ?
Peter étouffa un rire et Sirius leva les yeux au ciel.
-Tu écoutes ce qu'on te dit, Prongs ? C'est une gravure de mode, ce fantôme. Ca doit être un ancien élève.
Mais ils eurent beau chercher dans leurs souvenirs, ils ne trouvaient aucun élève porté disparu récemment. Au bout d'une demi-heure de recherche, les filles finirent par se lasser et quittèrent la salle commune (le fait que Sirius les ait royalement ignorées pendant toute la conversation n'était sans doute pas étranger à leur départ). Sirius et James, eux, se passionnaient pour ce nouveau mystère, et décidèrent d'aller mener des recherches à la bibliothèque, avec l'aide de Peter.
Sur le point de partir, Sirius se tourna vers Rémus avec espoir.
-Non, désolé Padfoot. Je veux terminer ce devoir sur les Serpencendres avant ce soir. Je te rappelle qu'en ce moment, ce n'est pas vraiment la meilleure période du mois.
Sirius hésita à plaider sa cause mais finalement abandonna, d'autant que James lui avait glissé à l'oreille :
-C'est aussi bien, parce que si Moony nous avait accompagné, je suis certain que tu n'aurais pas été aussi efficace.
Rémus, lui, n'aurait rien eu contre de petits échanges discrets entre les rayonnages, au milieu de l'odeur douce, un peu moisie.
Mais Rémus retourna à son fauteuil et à son livre. Il sortit Dusty de sa poche, et le petit animal revînt se nicher contre lui en bourdonnant. Il s'accorda une ultime minute de contemplation du feu, mais finit par se mettre au travail.
Vers 11h30, il avait achevé le parchemin et était globalement satisfait de lui. Il retourna dans leur dortoir, déposa Dusty sur son lit et regarda un moment les jardins et la Forêt Interdite. Malgré la pluie de Septembre, il y avait quelques personnes dehors. Il distinguait la silhouette massive d'Hagrid, et plus loin, celle de Melle Neurès, abritée sous un parapluie, et accompagnée par une élève. Il sourit ; malgré les critiques de James et Sirius, il fallait bien reconnaître que la professeur de Défense contre les forces du mal était appréciée par beaucoup d'élèves.
Il s'allongea un moment, feuilleta un livre, mais finit par descendre dans la salle commune. Les tables étaient prêtes pour le déjeuner, mais il n'y avait pas encore beaucoup de monde. Les tables se remplissaient au fur et à mesure. Il prit soin de réserver des sièges pour Sirius, James et Peter.
Lily Evans passa lui dire bonjour. Ils s'entendaient bien ; la rousse était préfet, comme lui, et il l'admirait pour son courage et sa franchise. Lily, de son côté, avait visiblement noté que Rémus ne participait à aucune des « démonstrations de forces cruelles et stupides » dirigées par James ou Sirius.
Elle regarda les sièges vides à côté de Rémus, et ses yeux s'étrécirent imperceptiblement.
-C'est bizarre. Potter a disparu de la circulation ?
Rémus grimaça intérieurement. Elle allait s'imaginer que James préparait encore un mauvais coup. Et pour une fois, elle se tromperait ; mais Rémus ne pouvait pas faire grand-chose pour la détromper.
Il essaya le coup du sourire calme et innocent.
-James est à la bibliothèque. Mais. Il va bientôt revenir. Je crois.
Lily resta pensive un instant. Rémus dut reconnaître qu'à la place de la jeune fille, il se serait posé des questions sur la crédibilité de toute cette histoire. L'excuse de la bibliothèque servait généralement à couvrir d'autres sorties bien plus intéressantes.
-Quand Potter réapparaîtra, tu pourras lui dire que je veux le voir ?
Rémus acquiesça lentement. Pauvre James.
-Merci !
Et elle partit dans un éclair roux, pour aller rejoindre ses amies à l'autre bout de la table.
C'était quand même rageant pour Prongs. Il passait des mois à essayer d'attendrir la redoutable Lily, à essayer de lui montrer qu'il valait quelque chose, et à chaque fois, quelque chose venait tout faire rater. Peut-être que c'était le destin. Chacun sa malédiction, à près tout.
Le déjeuner avait commencé depuis cinq minutes quand Sirius, James et Peter se montrèrent à nouveau.
Ils n'avaient pas l'air spécialement triomphants en se glissant à tables, mais Rémus demanda quand même ce que les recherches avaient donné.
-On a passé la moitié de la matinée là-dessus et résultat. Rien.
James fit mine de se taper la tête contre la table. Sirius avait une moue dégoûtée sur le visage, et ne semblait pas prêt à prendre la parole. Peter prit donc le relais.
-Il y a Mimi Geignarde, mais ça ne peut pas être elle. Il y a aussi un Andrew Gisky, qui a reçu une bibliothèque entière sur le crâne, en 1957. Il était assez timide, ce qui expliquerait qu'on n'ait pas vu son fantôme très souvent et qu'il n'ait pas parlé, mais.
Sirius finit avec agacement.
-Il était célèbre pour sa tête de babouin. Un ancêtre de Goyle, apparemment.
Rémus retînt un rire devant leurs têtes déconfites. Bon. Peut-être qu'il devrait essayer de leur remonter le moral, là ?
-Et si ce fantôme était beaucoup plus ancien ? Ce serait normal que vous ne trouviez rien sur lui, non ?
James fit la grimace.
-On y a pensé ; on est allés voir Nick Quasi-sans-tête. Mais d'après lui, il n'y a aucun fantôme à Hogwarts qui ressemble de près ou de loin à la description qu'on lui a faite.
Rémus jeta un coup d'?il rapide au Baron Sanglant, qui planait au-dessus des tables des Serpentards, de l'autre côté de la salle.
-Nick n'a pas tort ; nos fantômes n'ont pas un physique très engageant.
James acquiesça, ses yeux se perdirent dans le vague.
-Ca manque d'une belle dame blanche. Avec de longs cheveux et en quête de réconfort.
-Je doute que la femme parfaite te soit d'une quelconque utilité si tu ne peux pas la toucher, Prongs.
-Mouais. Mais c'est pas grave. Ca décore.
-Eh ben bravo, c'est du joli. Je suis sûr que Lily sera ravie d'entendre ça. ! Eh, Eva.
-Sirius ! T'es malade ou quoi ! Arrête ça, sinon, j'te tue ! Baisse ta main ! Sirius !
James finit par *convaincre* Sirius de se rasseoir et de ne pas essayer d'appeler Lily, mais il eut du mal.
Rémus se mordit la lèvre. Tout ça lui avait rappelé que.
-James. J'avais oublié : Lily veut te parler. Vite. Je crois qu'elle pense que tu étais en train de brutaliser Snape ou quelque chose dans ce style.
James reposa subitement la fourchette qu'il s'apprêtait à porter à sa bouche, et regarda dans la direction de la chevelure rousse de Lily. Il y avait de l'angoisse dans ses yeux noirs.
-Merde. Vous croyez qu'elle m'a vu ?... J'aurais pourtant juré qu'elle n'était pas dans la bibliothèque..
-Achète-toi de nouvelles lunettes, Jamie !
Sirius et Peter étaient tellement écroulés de rire qu'ils manquaient de s'étouffer avec la nourriture. Rémus, lui, hésitait entre être scandalisé et se moquer de James avec les deux autres.
-Je croyais que vous étiez à la bibliothèque pour vous renseigner sur ce fantôme ?
Le sourire de Sirius était un peu tordu, et il y avait une lueur machiavélique dans son regard.
-C'était l'idée de départ, oui. Mais entre temps, on est tombés sur ce vieux Snivellus, et comme je lui devais quelque chose depuis qu'il m'a fait pousser ces. choses sur la tête jeudi dernier. James m'a gentiment prêté main forte. Et Peter était censé faire le guet.
Sentant le poids meurtrier du regard de James, Peter secoua frénétiquement la tête.
-Eh ! J'ai fait le guet ! Je te jure que je n'ai pas vu Lily !
Mais ça n'eut pas l'air de convaincre James. Rémus décida qu'il devait au moins essayer de venir au secours de Peter. Et pour détourner l'attention de James. Le mieux était de lui mettre sous les yeux un spectacle réjouissant. Il eut quelques vagues remords en regardant Sirius, mais. Il se ferait pardonner plus tard.
Il se tourna vers son petit ami avec une lenteur calculée et entreprit de faire sa plus belle tête de préfet.
-Je croyais qu'on s'était mis d'accord et que tu devais y aller plus doucement avec les coups foireux, les duels et les brutalisations d'élèves ?
Sirius avait l'air scandalisé, mais Rémus avait gagné : James ne s'intéressait plus du tout à ce pauvre Peter. Il regardait avec amusement l'échange. Rémus décida d'en rajouter une couche.
-Je crois que je vais devoir durcir la punition..
Le visage de Sirius se décomposa.
-Mais enfin, Rémus, c'était cette saleté de Snape !! Ca ne devrait pas compter !! Et puis je ne faisais que répliquer ! C'est lui qui a commencé !
James souriait de toutes ses dents, à présent. Il était apparemment conscient que Sirius risquait plus ou moins gros.
-On dirait un gamin de dix ans. Assume tes responsabilités, Paddie !
-La ferme, Potter ! Commence par t'occuper de tes fesses avant de donner des leçons aux autres !
Les dix minutes suivantes furent occupées par diverses insultes Blackiennes et autres tentatives d'intimidation Potteriennes. Quand ils finirent par se décider à faire une trêve, leur table était devenu un véritable champ de bataille et Rémus avait vaguement mal à la tête. Le couteau de Sirius avait volé à un mètre, au milieu d'assiettes de premières années, qui du coup surveillait beaucoup plus leurs doigts.
Sirius avait besoin de son couteau pour le fromage. Baguette en main, il pointa un première année et ordonna d'une voix sèche :
-Toi. Donne-moi mon.
Un regard furieux de Rémus suffit à l'arrêter au milieu de sa phrase. Sirius marmonna quelque chose que Rémus fit mine de ne pas entendre, mais se résigna à adopter une attitude un peu plus civilisée :
-Est-ce que. tu pourrais me passer mon couteau ?
Nouveau regard menaçant de Rémus.
Sirius ajouta à contrecoeur :
-S'il te plaît ?
Satisfait, Rémus lui envoya un petit sourire encourageant puis tourna la tête pour voir si le première année n'était pas trop traumatisé. Son c?ur manqua un battement en voyant de qui il s'agissait.
Beth. Beth Battory.
Mais enfin. Sirius le faisait exprès ou quoi ? Beth devait être mort de peur. Ou alors, il allait en vouloir à Sirius, et Elyz se mettrait à le détester encore plus.
Pourtant. Beth n'avait pas l'air spécialement haineux ni d'avoir fait une crise cardiaque. Il fixait Sirius avec des yeux ronds, mais surtout. Rémus faillit éclater de rire ; Beth avait les joues soudain très rouges, et il ne semblait pas pouvoir détacher son regard du jeune homme aux cheveux noirs, qui, comme d'habitude, n'avait apparemment rien remarqué. Le gamin finit par se ressaisir, il cligna des yeux et tendit précipitamment le couteau à Sirius. Sa main tremblait légèrement. Quand Sirius grogna un remerciement, Beth lui envoya un sourire éclatant. Et encore une fois, Sirius n'y prêta aucune attention, mais le première année ne s'en formalisa pas : il arbora un air béat pendant tout le reste du repas.
Rémus trouva ça terriblement mignon.
James et Sirius avaient recommencé à se chercher des poux, à voix basse, cette fois.
-Tu es inconscient, Sirius, ou quoi ? Ne compte pas sur moi s'il va tout raconter à sa s?ur !
-Non mais tu me prends pour qui ? Ce n'est qu'une sale gamine de quinze ans ! Je suis encore capable de m'occuper d'elle tout seul !
Il marqua une pause.
-Et de toute faon,depuis la rentrée, je n'ai pas eu de problème avec cette ogresse.D'ailleurs, c'est très louche, je me demande ce qu'elle prépare.
Rémus avait bien une théorie à proposer, en lien avec un petit frère enamouré, mais cette explication n'amuserait sans doute pas Sirius. Et puis, avec Beth à quelques dizaines de centimètres, mieux valait tenir sa langue.
La fin du repas se déroula plus tranquillement et ils finirent par quitter la salle commune. Mais avant qu'ils aient pu rejoindre la tour des Gryffondors, l'attention de James fut *mystérieusement* attirée par un éclair roux.Rémus le vit pâlir mais amorcer néanmoins un mouvement en direction de Lily. En le voyant s'éloigner, Sirius fronça les sourcils et le retînt par la manche.
-Eh ! On devait préparer la soirée avant que Moony nous quitte ! Je peux savoir où tu vas ?
James essaya de prendre un air comique, mais Rémus ne put s'empêcher de remarquer qu'il avait vraiment l'air ébranlé.
-Mon vieux Paddie, je vais à la rencontre de mon destin.
Il désigna de la tête la silhouette de Lily, au milieu d'un groupe de filles, et leur fit signe de la main en partant. Peter lui envoya un regard anxieux.
-Je te souhaite bonne chance. Tu vas en avoir besoin !
-Mais non, c'est dans la poche. Regardez faire l'artiste..
Le sourire du jeune homme était un rien crispé. Sirius le suivit du regard avec une expression sarcastique.
-C'est la 650ème fois qu'il annonce ça alors qu'il va se faire jeter..
Peter sembla retrouver un peu d'assurance :
-651ème si on compte le dernier voyage en train.
Ils auraient pu rester là à observer James et Lily de loin, mais finalement, ils décidèrent de retourner à leur dortoir. Prongs les rejoindrait là-bas, et le récit de son énième accrochage avec Lily vaudrait sans doute le coup, s'ils parvenaient à le convaincre de se confier..
Ils se frayèrent un chemin à travers les couloirs bondés (les salles étaient plus emplies que d'habitude, à cause de la pluie qui ne se décidait pas à s'arrêter). Rémus se trouvait placé juste derrière Sirius ; il voyait danser ses mèches noires, les regardait effleurer ses épaules, devinait le mouvement des muscles sous la peau. Il avait une envie grandissante d'aller déposer des baisers sur sa nuque, mais il prit une grande inspiration, et n'en fit rien.
Ils arrivèrent à leur dortoir peu après et se postèrent à leurs places habituelles : Peter à la fenêtre, Rémus sur son lit, Dusty roulé à ses côtés, et Sirius, par terre ; Moony n'aurait eu qu'à tendre la main pour pouvoir lui caresser les cheveux.
Ils n'eurent pas à attendre longtemps avant que James ne les rejoigne.
Prongs déboula dans la chambre sans prévenir, les cheveux encore plus en bataille que d'habitude, et l'air absolument hors d'haleine ; il avait dû courir pour venir. Aussitôt entré, il claque la porte derrière lui, en souriant à s'en décrocher la mâchoire, et Sirius lui avait à peine lancé un coup d'?il interrogatif qu'il se mit à hurler :
-JE SORS AVEC LILY !!
Il leur fallut plus d'un quart d'heure pour le forcer à arrêter de rire comme un psychopathe et dix minutes supplémentaires pour réussir à avoir une version plausible de l'histoire. James leur servit un nombre appréciable d'histoires dans lesquelles Lily se traînait à ses pieds en le suppliant de sortir avec lui, après qu'il l'aie sauvée des griffes d'un Snape libidineux. Finalement, après que Sirius ait menacé de se débarrasser du Vif d'Or dédicacé, James accepta de donner une explication crédible :
-Un bal est organisé pour Halloween le mois prochain ; et Melle Evans m'a demandé d'être son cavalier.
Rémus se mit à sourire.
-Désolé de te décevoir, mais je crois que tu ne sors pas vraiment avec Lily. Ce n'est qu'un bal, James !
Mais James secoua la tête avec une lueur enflammée au fond des yeux.
-Ce n'est que la première étape, d'accord, mais au moins, elle me donne ma chance, c'est ce qui compte ! Elle a dit que cette soirée servirait de test. Si tout se passe bien -et faites-moi confiance, tout va bien se passer- je suis sûr de pouvoir officiellement sortir avec elle ! Vous vous rendez compte ? Depuis le temps que j'attends ça ! Je crois que c'est mieux que le jour où Malfoy et toute sa bande se sont mutuellement lancé des sorts de Ratatinage !
Peter regardait James avec admiration, mais quelque chose devait le chiffonner, parce que sa bouche avait un petit pli embêté :
-C'est vrai que ça fait longtemps qu'elle te. enfin. tu vois, quoi. Pourquoi elle ne dit oui que maintenant ?
Sirius s'esclaffa.
-Depuis le temps qu'il la gonfle, elle a fini par le prendre en pitié, tiens !
James prit un air offensé.
-Elle savait depuis longtemps que je suis génial, beau, et capitaine de l'équipe de Quidditch, mais il lui a fallu du temps parce qu'elle ne se sentait pas assez parfaite pour apparaître avec moi.
-Jamie. Tes chevilles enflent. Et je doute que Lily la tigresse donne encore quelques secondes de son temps à un type aux chevilles de cette taille.
James tenta un regard meurtrier, mais la lueur amusée et satisfaite qu'on lisait dans ses yeux gâchait un peu l'effet. Rémus en profita pour remettre le sujet sur la table.
-Sérieusement, James. Pourquoi Lily accepte-t-elle de tenter le coup ?
Le jeune homme évita leur regard quelques secondes. Il joua un peu avec ses lunettes, l'air de juger s'il pouvait ou non leur répondre. Les autres Maraudeurs faisaient de leur mieux pour paraître ouverts, à l'écoute, et, plus dur, innocents. James poussa un gros soupir.
-Vous vous rappelez que d'habitude, elle allait à tous les trucs de ce style avec Frederic Froggins, le mec qui a passé dix ans de sa vie en France ?
Ils acquiescèrent ; Froggins était un brun à l'air un peu trop délicat et sur lequel James tapait dès qu'il en avait l'occasion, ou plutôt, dès que Lily avait le dos tourné.
-Bon, eh bien Frenchie sort avec Milly Vanquish depuis juin, et il ira au bal avec elle. Du coup, Lily doit trouver un autre cavalier et. Vous avez devant vous l'heureux élu !
James affichait un air triomphant. Ils se regardèrent avec incrédulité, avant que Rémus ne se lance :
-Tu veux dire que. Tu fais bouche-trou à défaut d'autre chose ?.Et tu es. ravi ??
Sirius explosa de rire, et James leva les yeux au ciel.
-Je savais bien que je n'aurais rien dû vous dire.
Quand Sirius finit par se calmer, ils décidèrent d'un commun accord de changer de sujet (Sirius aurait bien continué à charrier James, mais Rémus lui avait fait comprendre qu'il ferait mieux de se tenir à carreau). Les deux heures suivantes furent consacrées à préparer leur sortie de ce soir, la première de l'année. James, toujours aussi euphorique que lorsqu'il était entré, considéra qu'il fallait débuter l'année en beauté. Ils avaient déjà mené des dizaines d'expéditions dans Pré-au-lard et connaissaient presque par coeur la Forêt Interdite. A l'exception de sa partie nord, plus inaccessible et plus sauvage. Ils n'avaient pas encore mis les pieds là- bas, mais d'après l'Histoire d'Hogwards que possédait James, on trouvait dans cette partie de la forêt des crabes de feu, qui avaient apparemment atterri là après le passage d'un professeur venant des îles Fidji (sans doute un ancêtre d'Hagrid).
James voulait ramener quelques pierres précieuses venant des carapaces de ces grosses tortues comme trophée et cadeau pour Lily. Rémus était curieux de voir à quoi ces créatures pouvaient ressembler. Sirius était le plus motivé des quatre, surtout depuis que James avait précisé que ces crabes projetaient sur les intrus des boules de feu. Peter s'était laissé convaincre, malgré quelques réticences liées aux boules de feu précédemment citées.
Bref, la proposition fut adoptée à l'unanimité.
Ils se retrouveraient dans la Cabane, comme d'habitude, et partiraient à la chasse au crabe.
Un moment, Rémus avait sentit monter en lui l'angoisse de la transformation, mais elle s'était presque envolée devant l'enthousiasme de James et le regard brillant de Sirius.
A quatre heures, Prongs s'éclipsa pour se rendre à son entraînement de Quidditch. Ils le regardèrent partir en sifflotant tranquillement. Rémus se demandait si un entraînement sous la pluie, dans la boue, réussirait à venir à bout de la bonne humeur qu'il affichait depuis tout à l'heure. Probablement pas.
Peter quitta le dortoir peu après James ; il avait un parchemin à rendre, pour des cours de rattrapage en Métamorphose.
Finalement, Sirius et Rémus se retrouvèrent seuls.
Ils échangèrent un regard, puis Rémus quitta son lit et vint s'installer à côté de Sirius. Il sourit tranquillement, et posa ses mains sur les épaules de son ami. Après tout, il devait se faire pardonner de l'avoir asticoté au repas..
Sirius haussa un sourcil interrogatif, attendant de voir ce que Rémus allait faire. Il se détendit immédiatement quand le loup commença à masser les muscles de son dos lentement, effleurant, appuyant, s'appliquant à décontracter chaque muscle.
Au bout d'un quart d'heure, Rémus aurait pu jurer qu'il entendait Sirius ronronner. Le massage marchait vraiment bien. Peut-être un peu trop bien d'ailleurs.
Sirius tourna la tête vers lui, avec cet air excité, celui qu'il n'avait que lorsqu'il allait suggérer une idée catastrophique.
-Au fait. Ce bal pour Halloween. On y va ?
Rémus interrompit aussitôt son mouvement, incrédule.
-On ne peut pas y aller ensemble, Sirius ! J'ai déjà assez de problèmes comme ça. et on en a déjà discuté, je crois.
Le dos de Sirius se raidit un peu, et la déception était perceptible dans sa voix, mais il se reprit presque aussitôt.
-Oui, bien sûr. Excuse moi, c'est pas grave. On fait comme les autres années, alors ? On se trouve chacun une fille pour la soirée, c'est ça ?
Rémus acquiesça lentement, et reprit son massage. Sirius ne dit plus rien.
Il s'en voulait un peu d'avoir dit non à son petit ami, mais. Il avait passé sept ans à cacher sa lycanthropie, parce que révéler un tel secret le mettrait définitivement à l'écart. Et il ne voulait pas d'un tel désastre. Il n'était pas assez fort pour affronter ça. Révéler son homosexualité aurait aboutit au même résultat. Alors là encore, il préférait se cacher.
Il n'y avait que James à être au courant, parce que Sirius ne pouvait pas cacher quelque chose de cette importance à son meilleur ami. Parce que Rémus savait que James ne prendrait pas mal une telle nouvelle. Mais mis à part James Potter, personne à Hogwards n'était au courant. Rémus ne voulait ni attirer l'attention, ni faire face aux moqueries et aux regards en coin. Il valait mieux ne rien dire. Continuer d'agir normalement en public.
Tout ça avait un côté secret, exceptionnel, excitant. Mais en même temps, c'était parfois dur de faire semblant.. Dur de ne pas pouvoir dire ou faire tout ce dont on avait envie. Comme dans le couloir. Comme pour le bal d'Halloween. Rémus observa discrètement Sirius. Les yeux noirs regardaient tomber la pluie. Il laissa un peu de culpabilité ressurgir en lui ; pour se faire pardonner, il chercha le petit point sensible, dans le dos de Sirius, celui qui le faisait frissonner quand on le caressait. Le massage se fit plus doux, et Sirius avait les yeux fermés, comme s'il dormait. Finalement, Rémus finit le massage et s'assit à côté de Sirius.
Longtemps, ils ne parlèrent pas. Ils restaient là, à écouter la pluie, et Rémus se dit qu'il aurait aimé rester comme ça pour l'éternité. Juste rester là, ne pas partir, ne pas aller à l'infirmerie, ne pas attendre la souffrance, ne pas s'abandonner au monstre. Il frissonna. Le bras de Sirius vînt s'enrouler autour de ses épaules, et il retrouva un peu son calme.
Il essaya de ne penser à rien. Il ne réussit pas.
Il avait besoin de plus qu'un bras contre lui, il avait besoin de réconfort, de sécurité, de chaleur, pour se rassurer contre la nuit. Il avait besoin d'une fusion, pour n'être plus qu'un, un être invincible, prêt à tout affronter.
Il se pencha légèrement, déposa des baisers dans le cou de Sirius, des baisers comme des ailes de papillon, les baisers dont il avait envie dans le couloir, Sirius émit un petit soupir de contentement qui fit rire Rémus et ils se laissèrent glisser au sol, s'étendant sur le tapis un peu rêche. Ils se retrouvèrent allongés dans le creux entre les deux lits, un autre monde d'ombre rassurante, où la pluie bat comme un coeur.
Ils ne bougèrent plus pendant quelques minutes : ils restèrent serrés l'un contre l'autre, comme deux enfants fatigués. Et puis les mains de Sirius commencèrent à le bercer. Il se raccrocha à lui en tremblant, et Sirius lui murmurait des choses à l'oreille, des choses qu'il n'arrivait pas à entendre. Il sentait les premiers picotements naître dans ses membres. Une boule lui serrait la gorge.
Sirius s'était tu. Il n'osa pas lever les yeux vers le visage de son amant. Il n'aimait pas voir Sirius avec cette air de compassion impuissante. Il enfouit son visage dans le cou chaud, si chaud, si accueillant.
Il n'y eut plus aucun bruit jusqu'à ce que Rémus murmure d'une voix rauque :
-Je dois y aller.
Si seulement ce moment avait pu ne jamais arriver. Il dut se décoller de la présence rassurante de Sirius, se lever, seul, pour quitter la chambre. Il sentait tout le poids du regard sombre, les yeux de nuit qui ne perdaient aucun de ses gestes. Il dut faire un effort inhumain pour ne pas se retourner et aller se réfugier à nouveau auprès de son ami.
Il avait ouvert la porte et s'apprêtait à sortir quand la voix de Sirius l'arrêta. Cette voix si sombre.
-Attends, Rémus.
Et aussitôt le jeune homme fut à côté de lui, le regardant avec une infinie tristesse. Il le serra contre lui à l'en étouffer, et leurs bouches se trouvèrent, et leurs langues dansèrent des caresses désespérées.
Mais c'était l'heure de partir. Il n'y avait pas lieu de discuter. Et ils le savaient tous les deux.
L'étreinte se fit moins éperdue, et Rémus recula finalement. Ils échangèrent un regard, un long regard triste.
-On se retrouve tout à l'heure, hein ?
Et Rémus lui fit un pauvre petit sourire avant de quitter la chambre pour de bon.
Il écrasa une larme qui voulait rouler sur sa joue, et s'enfonça dans les couloirs menant à l'infirmerie.
Il n'y avait plus personne maintenant. Les torches brûlaient dans les passages déserts. Il ne croisa qu'une seule personne, Kallya, qui l'arrêta quelques secondes.
-Rémus. J'aurai voulu te voir pour parler du bal d'Halloween, c'est possible ?
-Bien sûr. Est-ce qu'on pourrait se voir vendredi ? Je vais être un peu occupé, cette semaine.
-Vendredi, c'est d'accord. Rémus, ça va ? Tu es très pâle.
-Ne t'inquiète pas, ce n'est rien. Juste. Juste un coup de fatigue.
La jeune fille le regarda d'un air soucieux mais le laissa repartir. Il y avait au moins une bonne nouvelle, dans tout ça : visiblement, il n'aurait pas besoin de chercher une cavalière.
Il attendit quelques secondes devant la porte de l'infirmerie. Il n'avait pas envie d'entrer. Il n'avait jamais envie d'entrer. Mais il prit une grande inspiration et pénétra dans la pièce. Il y avait déjà deux élèves alités. Mrs Herballty se précipita vers Rémus, l'amena vers un lit à l'écart, derrière un rideau, et commença le cérémonial des questions :
-Pensez-vous que quelqu'un vous ait vu entrer ?
-Je n'ai aperçu personne dans le couloir.
-Les symptômes ont-ils commencé à apparaître ?
-Oui.
-Avez-vous mangé quelque chose avant de venir ?
-Pas depuis le déjeuner.
-Bien. Tout est donc normal ?
Il s'abstenait toujours de répondre à cette dernière question. Ces quelques mots l'énervaient au plus haut point, sans qu'il en laisse rien paraître.
En fait, c'était Mrs Herballty qui l'exaspérait. Ses manières professionnelles. Son ton froid. Le regard qu'elle posait sur lui. Un regard glacial, où on lisait du dégoût, du mépris et de la peur. Et puis cette manière qu'elle avait de le traiter, de lui montrer à chaque instant qu'il n'appartenait pas au groupe des humains « normaux ». C'était ce que disait la dernière question. Tu es là, tu sens la mutation qui commence, tu vas être enfermé, tu vas souffrir, mais c'est bien, tout est normal. Tu es un monstre. C'est ainsi qu'on traite les créatures de ton espèce. Tu peux t'estimer heureux que ce vieux fou de Dumbledore t'ait pris sous son aile. Sinon, je t'aurais empoisonné depuis longtemps.
Il la regarda s'éloigner pour aller s'occuper des autres élèves. Il savait qu'elle allait les endormir, puis effacer de leurs mémoires tout souvenir d'avoir vu un jeune homme aux cheveux bruns et à l'air pâle entrer dans l'infirmerie. C'était les consignes du directeur.
Il avait envie de crier et de frapper, et le loup en lui hurlait pour prendre le contrôle, mais il serra les dents et se glissa dans le lit. Et il attendit que le soleil se couche.
Il garda les yeux fixés au plafond. Ses membres commençaient à lui faire un peu mal. Le fourmillement dans tout son corps s'était amplifié, amplifié à faire mal, vraiment mal, mais il s'empêcha de gémir. Il se concentra sur les images de Sirius, de James et de Peter, qui dansaient dans sa tête, en lui offrant des sourires, des éclats de rire, de l'amitié et du rêve, et la souffrance fut un peu plus douce.
Mrs Herballty vînt le chercher tôt ce soir là. Plus tôt que d'habitude. Prongs, Padfoot et Wormtail ne seraient pas encore arrivés à la cabane. Mais Rémus ne laissa rien paraître ; il se leva et la suivit à travers l'infirmerie silencieuse. Avant de quitter la pièce, ils passèrent une large cape d'invisibilité, semblable à celle de James.
La silhouette d'Hogwards était noire, sinistre, dans le crépuscule. Rémus sentait la faim le tirailler. Il était de plus en plus conscient des odeurs qui flottaient autour de lui, des ombres qui se pressaient sur leur passage. Malgré tous ses efforts, son esprit devenait très flou.
Elle le laissa dans la chambre de la Cabane, celle à la porte cerclée d'argent. Elle sortit sans un mot, et il resta là, seul, dans la pénombre. L'absence de lumière ne le gênait pas ; il distinguait chaque chose. Mais il aurait aimé, vraiment aimé, voir encore les couleurs. Il abandonnait les couleurs en prenant les yeux du loup.
La douleur fusa brusquement dans son avant-bras, et il grogna. La Lune devait jeter sa lumière sur tout le paysage, là dehors. Il était plus que temps. Il se déshabilla rapidement, jeta ses vêtements en boule dans un coin. Il s'allongea sur le grand lit gris et frissonna. La cicatrice sur son épaule le brûlait.
Il finit par crier la douleur des muscles et des os qu'on étire, qu'on déforme. Il cria jusqu'à ce que sa gorge et son visage le brûlent et qu'il ne soit plus capable que de hurler. Quand il voulut s'envelopper de ses bras pour se protéger de la souffrance, ses mains ne rencontrèrent pas la peau douce, fraîche ; alors elles griffèrent la fourrure grise, la meurtrirent jusqu'au sang pour l'arracher.
Et cette douleur était si infime par rapport à celle que la Lune jetait dans tout son corps.
Il glissa du lit, tomba à genoux dans la poussière. Il voulut se raccrocher aux couvertures et s'y hisser à l'abri, mais ses pattes ne pouvaient se raccrocher à rien, et c'était comme si la Terre aussi se mettait à le rejeter. La colère lui dévora le c?ur ; il voulait arracher l'âme du monde, tuer chacun de ces humains qui le repoussaient, leur ouvrir la gorge.
Un nouveau spasme le mit à terre. Ses quatre pattes ne suffisaient plus à le porter ; il s'écroula. Il avait du mal à respirer.
Il se mit à gémir, de longues plaintes douloureuses que personne n'entendrait.
Moony renaissait au monde, dans la douleur, encore une fois. Moony était nourri de solitude et de souffrance et d'envie de sang.
Le loup tenta un mouvement, mais tous ses muscles lui faisaient mal. Il ne bougea pas. Il sentait du sang qui mouillait son pelage.
Et puis, doucement, presque timidement, quelque chose de doux passa sur ses blessures. Le loup faillit sauter à la gorge de la créature à côté de lui. Faillit seulement. En un dixième de seconde, il avait reconnu cette odeur de fumée et de vent, il avait reconnu l'Autre, le Compagnon, et il accepta avec reconnaissance les coups de langue affectueux sur son museau.
Padfoot aboya joyeusement, ce petit cri de chiot, ce cri pour inviter au jeu. Moony l'observa aller et venir vers la porte à présent grande ouverte. Il savait que d'autres créatures les attendaient dehors. Le grand cerf aux impressionnantes ramures, et le rat, la petite chose qui pouvait se faufiler partout.
Le chien noir continuait son manège sans se lasser, une lueur d'amusement dans les yeux.
Finalement, Moony s'aperçut que la douleur l'avait presque entièrement quitté. Il rassembla ses forces et réussit à se hisser en position assise. Padfoot se précipita à ses côtés, comme s'il voulait l'aider. Mais Moony n'avait besoin ni d'aide, ni de pitié ; il montra les dents, et le chien noir s'arrêta. Après quelques efforts supplémentaires, le loup réussit à se mettre debout.
Il jeta un regard au chien, reçut en réponse un jappement réjoui. Ils coururent vers la sortie, vers l'air et les odeurs changeantes, vers la lumière de la Lune.
Ce serait une nouvelle nuit d'errances mémorable.
TBC.
A y est, j'ai mis un deuxième chapitre !!! (En fait, c'est le premier chapitre, celui qui correspond à Septembre. Le chapitre sur la rentrée servait d'intro.)
J'espère que ça vous a plu, même si la fin n'est pas très. euh. joyeuse.
Une dernière chose avant de finir. REVIEEEEWWWWW !!! (Histoire que je fasse encore une crise cardiaque, ou que je puisse me rendre compte de ce qui va pas.)
