Pairings : SiriusxRémus, JamesxLily (pas beaucoup dans ce chapitre... on se rattrapera le mois prochain...), PeterxGrida (qui a dit « on s'en fout, de ce pairing là » ? Eh, mais non !! Si je suis gentille avec Peter, faut que vous le soyez aussi... Y a pas de raison qu'il y ait que moi à faire des efforts...)

Disclaimer : Pour Noël, ma soeur va m'offrir une serviette où sera écrit « Moony Paddie »... Alors... Ils sont toujours pas à moi, mais on s'en rapproche, non ? (Ch'suis impatiente d'avoir mes cadeaux de Noël !! ^____^ !! P'tite Laura, je t'adore !!... Oui, je sais, je suis atteinte, mais je me soigne...)

C'est Rémus qui raconte Janvier !! Normal, parce que sur Remus_Lupin.net, une fille a expliqué que la pleine lune de janvier s'appelait la Lune du Loup... ! Et puis j'aime bien faire des chapitres avec Rémus !... Son ton me correspond plus, du coup, c'est plus facile d'écrire, ça « coule »...

(Finalement, j'ai relu, et je suis plus trop satisfaite de ce chapitre... Désolée...)

Bisous à tous ceux qui ont reviewé ! (Et marchiiiii, pasque les reviews, ça motive, et là, j'en avais besoin... J'ai plein de dossiers communs à rendre, et la fic en plus... Dur... J'ai hésité à repousser la mise à jour...)

Jo, je suis contente que l'histoire te plaise ! Pour Sirius qui est débile etc... Bin... J'espère que ça ne te gâche pas la lecture du fic, mais... En fait, je colle au canon, là... Il était pas spécialement sympathique, dans ses jeunes années... Ce qui explique en partie pourquoi personne n'a pensé qu'il était innocent du meurtre de Lily et James, non ? Et puis ça me fait rire de dépeindre Sirius comme ça... Je ne veux pas d'un Superman ou d'un James Bond quelconque... J'aime Sirius avec ses défauts, son mauvais caractère, ses côtés 'Serpentard'... Mais j'avoue que ma vision de Sirius 'vieux' est très différente de celle de Sirius 'Maraudeur'... A trente-cinq ans, je le vois... Peut-être pas plus sage, mais... Plus abîmé par la vie, dirons-nous...

Alana, coucou !! J'ai fait de mon mieux pour que vous n'attendiez pas trop, mais franchement, là, je ne pourrai pas accélérer le rythme des deux semaines... Ou alors je laisse tomber les cours... Le sortilège d'Oubliette est définitivement pratique : je devrais m'en servir quand je dois de l'argent à quelqu'un, ça me servirait, tiens... Et merci pour tes précisions pour le sortilège de stupéfix... !

Merci Shinia !! Mais noon, pas d'applaudissements, c'est trop !! (salue le public quand même) Mais avant d'applaudir, lit ce chapitre... Mais c'est vrai, Peter a été chiant à manier... Je ne l'aime pas du tout !! J'essaye de lui trouver des excuses et d'être gentille avec lui, mais... Ahlalala...

Kikou Envo85 ! Moi non plus, j'aime pas Peter !! (bis répétita, hein...?) Et voui, voui, il est bô, le dessin de Shinia, hein ? Kyaaaah !! J'suis toute contente avec ce dessin !!

Non, non, Neko-oh, faut pas attendre Janvier, c'est juste mon titre de chapitre ! ^_^ ;;; Et j'ai trouvé l'idée des soirées 'oubliettes' géniales !! Ouais !! Pour mettre de l'ambiance, ce serait vraiment l'idéal !!... Je ne savais pas que les rats domineraient le monde avec un pouce en plus ! (Ca m'a fait plaisir, en fait... Non, non, j'ai pas envie que le monde soit dominé par des milliers de petits Peter, mais mon signe chinois, c'est rat... Alors... Voilà quoi... Et puis Yuki, de Fruits Basket, il est rat aussi, non ?) J'suis contente que tu sois rétablie !!

Note : Ce chapitre n'est pas bêtalecté pour l'instant, pasque j'étais à la bourre et que ma bêtalectrice a des partiels et voilà, quoi... C'est important les études... On croise tous les doigts, Mpb !! Bon courage pour les exams !!!

Et j'en profite pour te faire de gros, gros merciiiis, comme d'hab !! Ton travail de bêtalecture et de suivi est excellent !! Et j'aime pouvoir parler de mes p'tits délires et p'tits problèmes !! Bisous !!!

Et bonne lecture !

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MENOUS

Janvier

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. La lune était pleine et bien haute, fière comme une princesse d'argent.

Moony leva la tête et huma lentement l'air.

Feuilles sèches qui craqueront sous son poids, eau claire qui gèle doucement, odeur à peine entêtante d'un animal mort, dans un fourré...

C'était une nuit magnifique. Le genre de nuit où l'on ne veut pas rester enfermé, où l'on voudrait ne jamais partir pour rêver.

Et le loup n'avait pas envie de revenir vers le château, avec ses compagnons d'errance. Il leva la tête vers les lambeaux de nuage imbibés de lune, qui brillaient au-dessus de lui. Le vent fit murmurer les arbres. Tout resplendissait, dans un bain de lumière blanche...

Il ne rentrerait pas avec les autres ce soir, c'était décidé. Ce ne serait pas dur de les semer, de toute façon.

Derrière le loup, les arbres murmurèrent, et il sentit les odeurs de ses compagnons, toutes proches. Il tourna un peu la tête et jeta un oeil sur le gros chien noir et le cerf, qui venaient d'arriver dans la clairière.

Il n'hésita pas un instant ; une grande inspiration, et son corps bondit. L'air froid sifflait autour de lui, tentait de mordre sa fourrure grise, mais il allait si vite, si vite, que jamais le vent ne pourrait le toucher. Un dixième de seconde, et il avait traversé la clairière. Derrière lui, il entendit l'aboiement surpris du chien, puis le martèlement des sabots sur le sol dur. Il courut plus vite ; il ne sentait presque pas la terre sous ses pattes. Il filait entre les arbres.

Le chien et le cerf le suivaient, il les sentait se rapprocher parfois. Avec un grognement, Moony se demanda quand les deux animaux abandonneraient. Il n'avait pas envie de passer sa nuit à essayer de les distancer...

Ils étaient arrivés dans une partie de la forêt un peu plus accidentée. Les arbres avaient plus de mal à pousser entre les petits rochers, sur les buttes plus ou moins hautes. L'odeur de Padfoot, de Wormtail et de Prongs s'éloignait. Moony décida de redoubler d'efforts pour les semer.

Une forme noire, comme un trou d'ombre, attira soudain son attention. L'entrée d'une grotte. Le loup hésita un instant, mais obliqua vers le passage.

L'ouverture n'était pas large ; elle faisait une cassure maigre dans la roche. Il sentit monter en lui une joie sourde. Jamais le gros chien noir ne pourrait passer dans un passage aussi étroit, et quand au cerf... Mais lui, Moony... Malgré sa haute taille et sa force, le loup était suffisamment maigre pour pouvoir se faufiler entre les parois. Bien sûr, la petite créature, le rat, pourrait le suivre, mais qu'avait-il à craindre d'une chose qu'il pouvait couper en deux d'un seul mouvement de la mâchoire ?

Il sentit les autres animaux se rapprocher, et se jeta dans le passage. Il avait juste la place de passer : il se griffait la peau sur les parois du mur.

Heureusement, au bout de quelques mètres, le tunnel s'élargit, jusqu'à mesurer un bon mètre de large. Il continua à avancer. Il y avait une lueur blanche à l'autre bout du tunnel.

Le chemin débouchait sur une petite grotte fraîche.

Le loup stoppa et promena son regard autour de lui. Il y avait une petite ouverture, quelques dizaines de mètres au-dessus de lui, par laquelle tombait une lumière pâle, crue. Au centre de la grotte, un lac naturel s'était formé ; on y voyait danser la lune. Les parois de la grotte semblaient faîtes d'argent.

L'endroit était magique. Mais le loup avait déjà vu tellement de choses extraordinaires ; il ne fit pas attention.

Moony s'avança vers la berge. Il avait couru longtemps ; un peu d'eau fraîche lui ferait du bien.

Ses pattes s'enfoncèrent un peu dans la fine couche de sable blanc qui bordait l'eau. Il courba l'échine et commença à boire l'eau claire. Et l'eau était bonne dans sa gorge. Elle avait le goût des étoiles pures, là- haut, dans le ciel. Le loup aimait ce parfum.

Il ne sentit pas l'odeur immédiatement.

Le parfum d'un lac gelé, de fleurs séchées abandonnées à l'hiver. Et les ombres de dizaines d'odeurs différentes. Du bois, de la nuit, de mousse, de sang...

Il releva la tête, soudain sur ses gardes.

La louve se tenait sur l'autre rive, la tête bien droite, le port altier.

En la regardant, Moony eut l'impression de fixer sa propre image, inversée, comme sur un négatif. La fourrure de la louve était aussi pure que le poil du loup était tâché de gris.

Leurs yeux s'accrochèrent au-dessus de l'eau ; ils se fixèrent sans bouger, se jaugeant silencieusement. Et un grognement sourd monta de la gorge de Moony pour venir emplir toute la grotte. La louve blanche plaqua ses oreilles en arrière et prit un air soumis ; le grondement mourut. Mais le loup continua de montrer les dents, parce qu'il avait cru apercevoir dans les yeux de la louve quelque chose comme de l'amusement.

Elle baissa la tête et, lentement, calmement, fit un pas en arrière, et un autre, encore, jusqu'à disparaître dans les ténèbres du tunnel, de son côté de la rive. Moony se retrouva seul dans la grotte. L'odeur de glace avait disparu.

Il resta là un moment, à fixer la lune, à la surface de l'eau.

Bien sûr, il pouvait traverser le lac et se lancer à la poursuite de la louve. Il aurait aimé courir avec un membre de sa race, juste ce soir.

Il jeta un nouveau regard au lac. L'eau devait être glacée.

Et puis... la louve faisait déjà partie d'une meute importante, il l'avait lu dans son odeur. Et se battre avec un vieux dominant ou un jeune voulant faire ses preuves ne l'intéressait pas. Lui, il voulait l'adrénaline et le sang d'êtres humains. A défaut, les trésors et les jeux de ses compagnons habituels.

Il poussa un soupir et finit par se relever pour retourner sur ses pas.

La nuit n'était pas si belle, à près tout.

Le gros chien noir, le cerf et le rat étaient toujours à l'entrée du tunnel. Le rongeur laissa échapper un petit cri aigu quand il l'aperçut. Le loup sentit l'énervement et les regards agacés des deux autres, en le voyant ressortir du tunnel comme si de rien n'était. Il montra les dents en signe d'avertissement, oreilles vers l'avant et queue bien dressée. La colère du chien et du cerf retomba brusquement.

Sans les attendre, le loup commença à s'éloigner.

Le reste de la nuit passa comme d'habitude. Ils revinrent vers une partie de la Forêt qui leur était plus familière et se promenèrent entre les arbres, à la recherche d'autres créatures nocturnes. Rien de bien intéressant ce soir, que les créatures habituelles...

Moony décida de tromper son ennui... Sans prévenir, il bondit sur Padfoot, et les deux canidés roulèrent au sol. Le jeu dura plusieurs minutes, frottement de fourrures, mordillements, petits jappements... Ils luttèrent ainsi jusqu'au moment où il se rendirent compte qu'on les observait. Le loup s'immobilisa immédiatement, et leva la tête vers des formes floues, à une centaine de mètres. Des centaures. Le gros chien noir devait les avoir vu lui aussi : il lança un petit cri joyeux dans leur direction. Mais les créatures ne durent pas les trouver dignes d'intérêt : elles tournèrent les talons et disparurent dans l'obscurité du bois. Le loup retint un jappement amusé : il était sûr de les avoir vu agiter la tête d'un air désabusé...

Ils jouèrent encore quelques heures, puis restèrent allongés les uns à côté des autres, sur un matelas de fougères sèches. Appuyé contre l'épaisse fourrure noire du chien, Moony aurait pu ronronner de contentement. Il ferma les yeux et se laissa aller à un demi-sommeil...

Alors, la douleur le prit.

Il sentit confusément que la Lune partait, loin très loin, si loin qu'elle ne pourrait plus faire exister le monde. Qu'elle ne pourrait plus le faire exister, lui.

Il poussa un hurlement pour appeler la Lune, lui dire qu'il voulait rester encore, qu'il avait besoin de sa lumière argentée... Mais la Lune continua de décliner. De disparaître.

La lune finissait toujours par disparaître. Il espérait, chaque fois, qu'elle allait rester, pour toujours, bien haute et bien claire, mais non... Elle s'en allait. Il grogna de rage et de douleur.

Il se sentait tiré en arrière, vers l'obscurité, là où il ne serait qu'un murmure oublié, un fantôme... Encore un hurlement... Plus grave, plus désespéré... Jamais ! Jamais il n'abandonnerait ce corps ! Il lui appartenait !

Il serra autour de lui ses mains qui n' étaient déjà plus des pattes. Il serra... Ce corps lui appartenait... Il ne l'abandonnerait pas... Serra... Il sentait quelque chose de chaud et de poisseux sous ses doigts... Jamais...

Il rassembla ses forces pour se jeter vers le ciel, pour rejoindre la Lune ; debout sur ses pattes arrières, il cria, et ce n'était plus la voix du loup qu'il entendait... C'était une voix si faible... Rauque... Abîmée...

Ses jambes le trahirent ; il retomba à terre avec un gémissement plaintif.

Tête appuyée sur le sol, corps immobile, il réussit à ouvrir les yeux. Il vit le gros chien noir s'approcher de lui d'un air hésitant. Il ne bougea pas. Même ses yeux étaient en train de partir. Tout s'assombrissait. Il avait perdu, encore une fois... Il retournait aux ténèbres... Les spasmes qui agitaient son corps par moments finirent par s'apaiser.

Rémus resta inconscient pendant ce qui lui sembla une éternité.

Mais finalement, il sentit sur sa joue quelque chose de moite et de doux ; il reconnut les coups de langues de Padfoot. Il voulut lui parler, mais sa gorge ne réussit à produire que de vagues syllabes, d'une voix éraillée. Il n'ouvrit pas les yeux. Le moindre mouvement ne faisait qu'augmenter le mal de tête qui lui vrillait le crâne.

Il prenait conscience petit à petit, des coupures brûlantes sur sa peau, des feuilles humides sous sa tête, du vent glacé qui faisait frissonner son corps nu. Il était dans la Forêt... Encore une nuit de pleine lune... L'air lui brûlait les poumons quand il respirait. Ses muscles étaient durs comme de la pierre. Son corps était agité de tremblements ; il avait si froid...

Sur un dernier coup de tête affectueux, Padfoot recula. Rémus gémit un peu de se retrouver seul, mais il y eut un bruit comme un froissement de tissu, et soudain deux mains brûlantes se posèrent sur lui, deux mains puissantes, mais douces, douces, les mains de Sirius, il les reconnaissait... Elles le soulevèrent, l'emportèrent... Il fut déposé sur quelque chose de chaud, de doux, et à cause de l'odeur, il savait que les mains de Sirius l'avaient déposé sur le dos de Prongs. Les mains revinrent sur lui, effleurèrent son front, comme faisait sa mère, quand il était enfant, pour voir s'il avait de la fièvre. Les mains chassèrent des mèches collées par la sueur. Les mains déposèrent sur lui un grand morceau de tissu épais, et il eut un peu moins froid.

Mais... Maintenant... Il fallait...

Il tendit une main à l'aveuglette pour tenter d'atteindre Sirius, et réussit à articuler :

-Pa... Paddie... Rentr...

La voix de Sirius était apaisante ; il murmurait. Rémus aurait aimé le remercier pour ça : les sons trop forts décuplaient son mal de tête.

-Ca va, Rémus... On va te ramener... Très vite... Herballty n'y verra que du feu...

Les mains de Sirius disparurent, et il y eut à nouveau ce bruit de tissu. Un gémissement s'échappa des lèvres de Rémus ; sa main tendue toucha quelque chose de moelleux, un pelage, quelque chose de rassurant. Il s'y accrocha mais dut le lâcher quand que le cerf se mit en route.

Le voyage jusqu'au saule cogneur ne dura pas longtemps. Le cerf filait plus vite que le vent, en silence, bondissait majestueusement au-dessus des obstacles. Rémus avait l'impression de glisser sur l'air.

Finalement, le grand animal s'arrêta. Ils devaient être arrivés. Rémus entendit, juste au dessus de lui, le couinement d'un rongeur, et quelque chose de petit passa sur son épaule. Il entendit la petite créature sauter au sol et s'éloigner ; Wormtail devait avoir immobilisé l'arbre, à présent.

Les mains revinrent sur lui, le serrèrent contre le corps de Sirius, le portèrent sur quelques mètres. La chaleur du corps du jeune homme lui faisait du bien. Rémus appuya sa main à l'endroit où le coeur battait, ça devait être l'endroit le plus chaud, le plus vivant ; il aurait aimé venir s'endormir dans la chaleur moite du coeur de Sirius... Qu'il aurait été bien, juste là... Comme un enfant... Un amant... En paix... N'écouter que le battement sourd de ce coeur...

Sirius fit une pause, puis ils descendirent un escalier ; ils devaient être dans le passage menant à la Cabane. La température était plus douce, sous terre. Rémus respira l'odeur du couloir avec bonheur. Ils montèrent un peu, et maintenant, Rémus pouvait entendre les pas de Sirius sur le vieux plancher poussiéreux. Le bois craquait sous leurs poids.

Sirius le déposa sur le grand lit froid. Rémus frissonna, et quelque chose de léger se posa sur son front. Les lèvres de Sirius. Il les reconnaîtrait toujours...

Il se força à ouvrir les yeux, juste pour apercevoir le regard, le visage de Sirius. La faible lumière qui perçait dans la cabane suffit à lui brûler les yeux. Il avait toujours horriblement mal à la tête et sa gorge était sèche, irritée ; mais il avait besoin de parler à son petit ami, même s'il n'y avait qu'un souffle fatigué qui sortait de ses lèvres :

-Merci...

Et Sirius sourit, se pencha encore une fois, pour déposer un baiser sur ses lèvres, caresser doucement sa tête. Mais finalement, il se recula, se releva, emporta avec lui la chaleur...

-Je dois y aller... Sinon Peter va nous faire une crise de stress...

Le jeune homme eut un temps d'hésitation, mais reprit la cape qu'il avait passée autour des épaules de Rémus. A la place, il recouvrit son corps frissonnant avec la vieille couverture grise qui se trouvait sur le lit. Sans quitter Rémus des yeux, Sirius alla jusqu'à la porte. Il ne se retourna qu'une fois sur le seuil.

-Je passerai te voir dans la matinée...

Un clin d'oeil.

-Soyez en forme, Mr Moony, je vous réserve une petite surprise !

Et sur un dernier sourire éclatant, la porte se referma. Rémus referma les yeux ; il entendit la serrure gémir quand Sirius la verrouilla de nouveau.

Il avait froid et mal, il était épuisé. Mais une nouvelle nuit de pleine lune était arrivée, et ses amis étaient restés auprès de lui, et tout s'était bien passé... Et il avait un mois de répit....

Il se roula en position foetale, et l'épuisement le submergea. Il dormit longtemps ; il ne rêva que de la Lune, haute, et ronde, et éclatante, hors de portée des branches décharnées des arbres.

Plus tard, il sentit qu'on le sortait du refuge tiède que formait la couverture, et qu'on le transportait hors de la cabane. Il ne sentait pas de main sur son corps, pas de poil court sous ses doigts ; on le faisait flotter en l'air grâce à un sort. Il grogna mais se laissa faire.

Il n'émergea que bien plus tard ; le soleil était levé et éclairait la pièce. Il lui fallut quelques minutes pour retrouver une vision nette du monde. Blanc. Du blanc partout, sur les murs, sur les bandages, sur la chemise dont on l'avait habillé. Comme d'habitude, il avait été allongé à l'écart, sur un lit bien caché derrière des paravents de tissu.

Le mal de tête s'était un peu calmé, mais tous ses membres l'élançaient ; ça ressemblait à des courbatures... Il se demanda un instant si les lendemains de transformations seraient moins pénibles s'il faisait un peu plus de sport. Mais il n'avait jamais été un bon joueur de Quidditch... et la course à pied ne le tentait pas plus que ça... Tant pis pour les courbatures, donc... Et puis heureusement, il avait toujours les potions de l'infirmerie pour apaiser la douleur...

Avec précaution, il tourna la tête vers la petite table de nuit à sa droite et tendit la main pour attraper le flacon de liquide rouge que Madame Herballty lui laissait toujours. Elle le laissait se servir lui-même du produit, et ne s'occupait pas de lui plus qu'il n'était nécessaire. Ce système convenait parfaitement à Rémus.

La potion avait un goût infect, mais il s'était habitué, avec le temps. Et puis... Elle était incroyablement efficace... D'ici quelques heures, il ne sentirait plus ni les maux de tête ni les douleurs dans les muscles. Il ne lui resterait que les blessures en train de cicatriser, et la fatigue que lui avait causée la transformation.

Il inspecta distraitement les bandages qui couvraient ses bras. Et il eut le plaisir de constater qu'aucun n'était bon à changer. Bien sûr, il y avait au moins une bonne dizaine de bandages sur ses bras, et sans doute beaucoup d'autres sur tout son corps ; le loup ne l'avait jamais laissé indemne après une nuit de pleine lune. Mais au moins, les blessures n'étaient pas aussi profondes qu'au début. Et grâce aux différents baumes qu'on appliquait dessus, elles cicatrisaient rapidement, sans presque laisser de marques sur sa peau.

Avec un sourire, il reposa les bras le long de son corps, ferma les yeux, et décida de dormir encore un peu.

Il fut réveillé par un fredonnement qui se rapprochait. Il connaissait cette voix... Il jeta un coup d'oeil à sa montre : il était une heure de l'après-midi. Sirius devait avoir tout juste fini de manger...

La tête de son petit ami apparut entre deux paravents, et Rémus retint un cri de surprise. Sirius arborait fièrement un chapeau presque identique à celui de Madame Herballty, et sur lequel trônait un Dusty gazouillant :

-C'est l'infirmière Black qui vient s'occuper de son patient préféré !... Et réjouis-toi, je t'amène de la visite !

Il attrapa le petit animal et le lança sur les genoux de Rémus. Dusty atterrit avec un sifflement ravi et fila s'installer sur l'épaule de son maître. Rémus renonça à demander où Sirius avait pris le chapeau (faites que ce ne soit pas sur la tête de cette sorcière...) et sourit alors que le jeune homme se laissait tomber sur le lit d'hôpital.

Sirius avait les traits tirés. En voyant les quelques cernes autour des yeux noirs, la tenue un peu plus négligée que d'habitude, Rémus ne put s'empêcher de ses mordre la lèvre : c'était de sa faute si ces amis n'avaient dormi qu'une ou deux heures cette nuit... Lui, ramené à l'infirmerie et dispensé de cours, avait toute la journée pour se reposer... Mais Sirius, James et Peter n'avaient pas fait de grasse matinée ce matin, n'avaient pas pu dormir, étaient allés en cours...

Une voix chaude et... assez... suggestive le tira de ses pensées.

-C'est l'heure de votre visite annuelle, Monsieur Moony... Il va falloir être coopératif... Je vous promets que ça ne fera pas mal...

Avec un air félin assez réussi, Sirius rampa sur les coudes jusqu'à Rémus, et se hissa pour pouvoir l'embrasser, mais Rémus le stoppa :

-Ce sont les docteurs qui s'occupent des visites médicales, « infirmière Black »... Donc... Bien que vous soyez charmante et parfaitement compétente, je crois que...

Sirius ne le laissa pas continuer ; il se mit à jouer avec le lobe de l'oreille de Rémus, qui soupira de plaisir, mais finit par l'écarter.

-L'infirmerie n'est pas l'endroit idéal, Sirius...

-Mais... Ca ne peut que te faire du bien, tu sais... ?

-Tu as l'intention d'effacer *aussi* la mémoire d'Herballty ? Et ce sera le tour de qui, après ? Dumbledore ?

Sirius grimaça et répliqua d'un ton boudeur :

-C'est de toi que je devrais m'occuper... Histoire que tu oublies le petit problème avec Peter...

Mais comme l'argument 'je ne veux pas voir le fiasco d'il y a quinze jours se répéter' était efficace ces derniers temps, il arrêta d'insister... pendant à peu près trente secondes.

-Bon... Pas de visite annuelle... Un bain, peut-être ? Les infirmières s'occupent de la toilette des malades, non ?

Rémus eut un sourire sarcastique.

-Oui, bien sûr, un bain... Et si on demandait à Herballty de se joindre à nous, hein ? Je suis sûre qu'elle adorerait...

Sirius croisa les bras et toisa son petit ami de haut en bas.

-Je vois... Un patient difficile... Mais j'ai tout prévu...

Avec un petit sourire, il se leva, exhiba sa baguette et murmura quelques mots. Une assiette apparut soudain entre les mains du jeune homme. Elle contenait une part de tarte, encore fumante... Une odeur appétissante montait du plat, mais Rémus n'aurait pas su dire avec quoi était faite cette pâtisserie. La couleur bleue de l'ensemble ne l'aidait pas vraiment à deviner, aussi...

Sirius regardait l'assiette avec fierté.

-Je l'ai préparé pendant la pause de midi... Je me suis dit que tu aurais sans doute faim...

Rémus ouvrit des yeux ronds mais ne dit rien ; il avait envie de rire en imaginant Sirius jouant l'elfe de maison pour lui préparer à manger. Mais en même temps, une boule d'émotion lui montait dans la gorge... C'était... bizarrement... émouvant de savoir que Sirius avait consacré son heure de repas à lui cuisiner quelque chose.

Il secoua la tête pour se reprendre ; ça devait être la pleine lune. Il devenait sensible à la moindre petite chose.

Sirius dut se méprendre sur le silence de Rémus, parce qu'il finit par dire :

-Tu sais, c'est parfaitement mangeable...

Il posa l'assiette devant Rémus, la regarda un peu plus attentivement, et rajouta avec une pointe d'humour :

-Je crois.

Rémus sourit.

-Et évidemment, la seule façon de s'en assurer, c'est de goûter, hein ?

Il regarda un moment l'assiette fumante déposée devant lui, l'air implorant de Sirius, et la fourchette que le garçon lui tendait, et finit par craquer. Il leva les yeux au ciel en feignant l'énervement et attrapa la fourchette. Il devait avouer qu'il avait faim. Très faim, même. A près tout, il n'avait pas eu droit à un petit déjeuner... Alors la pâtisserie tombait bien...

Il coupa un morceau de la tarte.

-Et... c'est une tarte à quoi, exactement ?

Sirius sourit.

-Elle est remplie d'amour...

-Je suis flatté, mais... Sérieusement, elle est à quoi ?

-J'ai trouvé la recette dans un livre de cuisine moldu. C'est une tarte au chocolat... Puisqu'après des nuits agitées, tu as l'air d'apprécier les douceurs... Si tu en veux d'autres, d'ailleurs...

Sirius roula des hanches d'un air séducteur, mais Rémus l'ignora. Il avait reposé la fourchette qu'il s'apprêtait à porter à sa bouche. Il était soudain un peu plus inquiet...

-Une tarte au chocolat...? Depuis quand le chocolat est-il bleu ?

Sirius haussa un sourcil et prit un air outragé qui fit sourire Rémus.

-Tu m'accuses d'être mauvais cuisinier ?

-Disons plutôt que j'essaie d'échapper à une mort par empoisonnement... Je n'ai jamais vu de chocolat bleu, même chez les Moldus.

Le sourcil monta un peu plus haut.

-Dois-je te rappeler qui de nous deux est le meilleur...

-...ex-aequo avec James et Snape...

-...meilleur élève de Potions de tout Hogwarts ? Si je peux réussir à préparer trois flacons de goutte du mort-vivant, je ne vois pas pourquoi un gâteau moldu me poserait problème.

Rémus retourna à sa contemplation de la part de tarte qui allait peut-être lui coûter la vie, mais finit par se résigner : au moins, il était déjà dans l'infirmerie... S'il y avait des complications avec la tarte, les secours pourraient intervenir très rapidement... Ca lui donnait de meilleures chances de survie, non ?

Il n'eut pas le temps d'amener le morceau à sa bouche. Une longue chose rose était passée devant son nez, et, en un éclair, s'était enroulée autour du morceau de tarte et l'avait arraché à la fourchette. Avant que l'un ou l'autre des garçons aient pu réagir, Dusty avait englouti le bout de gâteau.

-Dusty...! Recrache ça... !

Qu'il accepte de s'empoisonner pour faire plaisir à Sirius, c'était une chose, mais que son Puffskein décède des suites d'une intoxication alimentaire... C'était hors de question.

Le cuisinier du dimanche pencha la tête sur le côté avec un sourire satisfait.

-En tout cas, il a l'air d'apprécier, *lui*, au moins...

Le Puffskein, toujours perché sur l'épaule de Rémus, ronronnait comme un bien heureux, et Rémus soupira de soulagement... Il leva la main vers le petit animal pour lui gratter la tête...

Le ronronnement cessa d'un coup.

Le petit animal eut un hoquet. De petites bulles indigo s'échappèrent de sa bouche. Au bout d'une minute, Dusty était entouré de dizaines de bulles, qui montaient lentement vers le plafond.

Rémus jeta un dernier regard à la part de tarte, et la tendit à Sirius avec un sourire.

-Je crois que je n'ai plus faim...

Le jeune homme sembla sur le point de faire un commentaire, mais une bulle vint flotter devant son nez, et il referma la bouche sans rien dire. Il se laissa tomber sur le lit de Rémus et fixa la part de tarte comme si elle était responsable de tous les malheurs du monde. Le loup soupira.

-C'est pas grave, va... Ca m'a fait plaisir... Et... La prochaine fois, tu essaieras les crêpes, c'est plus facile...

Mais Sirius ne fit aucun signe montrant qu'il avait entendu, et resta immobile, épaules tombantes, l'assiette entre les mains. La crise de désespoir dura à peu près une minute. Les yeux noirs s'illuminèrent d'un coup, et Sirius se tourna vers Rémus avec un grand sourire.

-Puisque tu n'as plus rien à manger, tes lèvres sont libres, non ?

Rémus ne le repoussa pas cette fois... A près tout, Sirius lui avait consacré une partie de sa pause déjeuner, ça méritait bien une récompense...

La bouche de Sirius avait goût de pomme rouge.

Ils ne se séparèrent que parce que la montre de Rémus émit un petit chant flûté. En temps normal, Rémus adorait ce bruit. Quand Sirius lui avait offert la montre, il lui avait expliqué que les Kitsune émettaient ce petit son lorsqu'ils se trouvaient avec un partenaire qui les acceptait. C'était un murmure de bonheur. Rémus avait réglé la montre de manière à entendre ce son le plus souvent possible : elle sonnait matin et midi, pour la reprise des cours.

Avec un grognement d'agacement, Sirius se releva ; Rémus était certain que son petit ami aurait pu tuer leurs professeurs s'il les avait eu en face de lui.

Il retira le chapeau d'infirmière, remit un peu d'ordre dans ses cheveux noirs, et désigna Dusty, toujours plein de bulles :

-Je te le laisse ?

Rémus acquiesça.

-Tu n'auras pas le temps de passer le déposer aux dortoirs avant le début du cours. Et puis comme ça, ça me fera de la compagnie...

Sirius le regarda un moment sans rien dire ; la fatigue se lisait clairement sur son visage, à cet instant précis.

-Tu crois que tu seras remis pour ce soir ?

-Oui, ne t'inquiète pas... La potion est en train de faire effet... Ca va vite, je pourrais bientôt rentrer au dortoir...

-Je ne suis pas *vraiment* inquiet ; seulement je préfèrerais que mon petit ami soit avec moi pour voir ma mort dramatique à cause d'un rituel qui a mal tourné...

Rémus lui fit une grimace amusée.

-J'ai tout vérifié vingt fois, Sirius... Tu ne crains rien... Et puis tu étais d'accord, au début... C'était même toi qui étais le plus enthousiaste à propos de tout ça...

Sur le point de partir, Sirius se retourna.

-Ca, c'était avant que Jamie n'emmène Peter avec lui pour aller cueillir l'asphodèle... Il dort debout, il pourrait confondre Rusard avec une Veela ! Déjà qu'en temps normal, Wormtail est capable de foirer la plus petite chose, imagine le désastre que ça va causer s'il est dans cet état là...

Il resta silencieux un moment, les yeux dans le vide.

-Vous allez me manquer, toi et Jamie... Surtout toi, mais ils doivent avoir plein de démons bien foutus en enfer, je suppose que ça comblera le manque...

Rémus rit.

-Tu ferais mieux d'aller en cours, Paddie... Tu es déjà en retard, tu sais...

Sur un dernier sourire, Sirius disparut, et Rémus resta seul avec un flacon de potion de soin et un Puffskein crachotant des bulles indigo.

Il ne remarqua que plus tard le petit paquet violet que Sirius avait abandonné sur la table de nuit. La boîte portait une étiquette disant : « au cas où quelque chose ait mal tourné avec la tarte ». C'était l'écriture de Sirius, petite mais nette, un peu penchée, rapide, nerveuse.

Rémus sourit et ouvrit le couvercle. Une dizaine de chocogrenouilles sautèrent hors de la boîte et atterrirent sur son lit. Au fond du paquet, une seconde étiquette ajoutait « Ne les mange pas toutes. Je n'ai pas envie que tu grossisses. Et puis tu pourrais les partager avec ton extraordinaire petit copain, non ? ». Ravi, Rémus ramassa les grenouilles, les remit dans le paquet. Il en choisit une qui avait l'air plus grosse que les autres et entreprit de sucer lentement le morceau de chocolat. Il garderait une chocogrenouille pour Sirius.

Allongé au milieu de l'infirmerie, la boîte sur les genoux, il poussa un petit soupir de bonheur.

Il s'accorda une petite sieste ; malgré la potion, la fatigue de la nuit dernière se faisait sentir. Ses yeux se fermaient tout seuls, et il avait du mal à s'empêcher de bailler.

Dusty retrouva un comportement normal pendant que Rémus dormait. Les Puffskeins avaient, c'était connu, une digestion très rapide.

Vers le milieu de l'après-midi, il se sentit assez en forme pour remonter aux dortoirs. Il se leva, attendit un instant que le vertige qui l'avait pris se dissipe. Ses habits étaient pliés, posés sur une chaise ; pouvoir laisser cette chemise d'hôpital et passer un pull bien épais fut un véritable soulagement. Il ajusta un peu les manches de sa robe de sorcier, vérifia qu'elle couvrait bien les bandages qui montaient jusqu'à ses poignets.

Il ne prévint pas l'infirmière qu'il partait ; elle ne s'inquiéterait pas de son absence, de toute façon... Il attrapa la boîte que lui avait laissé Sirius, et fourra Dusty dans une de ses poches. L'infirmerie était déserte ; il n'eut pas besoin d'avoir recours à un sort pour ne pas attirer l'attention d'éventuels élèves malades.

Il traversa les couloirs vides sans faire de bruit. Parfois, en passant devant les portes de salles, il entendait le vague murmure d'une voix ; chaque fois, il cherchait dans son esprit de quel professeur il s'agissait, à quels élèves il pouvait être en train de faire cours, quel était le sujet... Il réalisa qu'il aurait voulu être avec eux. En cours. Et même pour de longues heures d'histoire de la magie.

La grosse dame lui sourit gentiment quand il donna le mot de passe. Parfois, il avait l'impression qu'elle avait compris, qu'elle savait, pour sa lycanthropie. Il n'avait jamais osé lui demander. Il espérait que cela lui était égal ; à près tout, un portrait ne devait pas s'inquiéter de la présence d'un animal cherchant à dévorer le premier humain qu'il trouverait.

Evidemment, il n'y avait pas âme qui vive dans les dortoirs. Il s'allongea sur son lit, Dusty et la boîte de chocolats à côté de lui, et se mit à fixer le plafond. S'il fermait les yeux, il en était sûr, il aurait envie de pleurer. Alors il prit un livre, le premier qui se présenta, un gros livre rouge qui traînait sur sa table de nuit depuis des jours, se roula en boule et se mit à lire pour occuper les minutes, seul dans le dortoir vide.

Les pages mangèrent les minutes, dévorèrent les heures. Et les larmes et toutes les pensées grises disparurent dans l'histoire du livre, une histoire d'amour maternel, et de justice, et d'utopies, au milieu d'hommes au coeur corrompu. Rémus se perdit dans l'univers de papier.

Il s'y perdit si bien qu'il ne remarqua pas l'arrivée des autres avant qu'une voix ne dise, à quelques dizaines de centimètres à peine de son oreille, manquant de lui causer une crise cardiaque :

-Tu sais, Moony, tu ne devrais pas lire autant... C'est mauvais pour... C'est mauvais pour...

James sembla chercher quelque chose à dire et finit par sourire et murmurer :

-C'est mauvais pour Paddie... Il va croire que tu le négliges... Et un Paddie frustré est encore pire qu'un Paddie normal...

Rémus ignora l'air amusé de James et tourna son regard vers Sirius. Le jeune homme avait aperçu la boîte de chocogrenouilles, et demanda d'un implorant :

-Tu m'en as laissé, hein ?

James leva les yeux au ciel :

-Bon sang, tu n'as aucune dignité, Padfoot ? On dirait un chien en train de quémander un morceau de sucre... Eh, remarque, c'est pas étonnant, hein, Paddie ?

Il prit une voix aiguë et joignit les mains. S'il avait passé une robe rose bien bouffante, Rémus aurait pu le confondre avec sa tante Mary-Ann.

- Il a faim le chien-chien ? Il a été sage, au moins ? Bon chien-chien...

-La ferme... Je n'ai pas de leçon à recevoir de James 'je-bave-sur-les- jupes-de-Lily' Potter.

Rémus sortit la chocogrenouille de la boîte et la tendit à Sirius, qui la prit d'un air rayonnant. Peter choisit ce moment pour leur rappeler son existence :

-Dis... Sirius... On partage ? Tu notes que je n'ai rien dit à propos de chien et de sucres...

Sirius considéra la chose pendant quelques instants, avec une moue indécise. Finalement, il cassa une des pattes de l'animal en chocolat, et la lança à Peter, apparemment dans le seul but de narguer James. Rémus finit par se demander s'il n'aurait pas mieux fait de manger la dernière chocogrenouille.

James haussa les épaules et lui tira la langue, et Rémus éclata de rire. Ca lui faisait du bien ; être juste là, avec les autres, regarder James et Sirius se chamailler comme des enfants, lui raconter leur journée, les cours inintéressants et le chemisier juste assez décolleté de Lily... Parler de choses qui n'avaient aucune importance. Il reposa le livre sur la table de nuit ; il le lirait un autre jour.

Pouvoir voir ses amis le rassurait un peu : il se rendait mieux compte de leur état. James avait l'air à peu près en forme, Sirius avait toujours les traits un peu tirés, mais rien de dramatique. Peter était celui qui avait apparemment le plus souffert de la nuit blanche. Rémus l'observa à la dérobée plusieurs fois : les yeux de l'adolescent prenait un aspect un peu vitreux, ses paupières se refermaient lentement, et... il se réveillait en sursaut parce que James ou Sirius avait fait une peu plus de bruit tout à coup.

Le soleil était en train de se coucher quand James se leva pour aller chercher un bol posé dans un coin. Le petit récipient contenait quelque chose qui avait une odeur poivrée, mêlée à une senteur d'asphodèle.

-Bon, eh ben je crois qu'il est temps d'y aller, qu'est-ce que vous en pensez ?

Un sourire sadique passa sur ses lèvres quand il jeta un coup d'oeil à Sirius, et il se tourna vers Peter :

-Wormtail, si tu veux, tu pourras tracer le pentacle par terre...

Peter cligna des yeux, le temps de bien se réveiller et d'enregistrer l'information, puis hocha la tête avec enthousiasme, et Rémus vit Sirius pâlir. Bon... Eh bien apparemment, James avait trouvé la manière parfaite de se venger de la chocogrenouille non partagée.

La voix de Sirius était moins assurée que d'habitude quand il demanda :

-Moony... Tu nous rejoins rapidement, hein ?

Un ton plus bas, il ajouta :

-Essaye d'arriver à temps pour empêcher ces dingues de m'envoyer dans une autre dimension sans le vouloir, pitié...

-Et pourtant tu avais l'air siii enthousiaste à l'idée de rencontrer Mister Enfer 1977...

Ils descendirent les escaliers tous ensemble, et se séparèrent en sortant de la salle commune.

Ils avaient convenu de cette organisation la veille. Comme Sirius, James et Peter avaient passé leur nuit aux côtés de Rémus, le loup avait décidé qu'il se chargerait de Beth, le lendemain. L'opération de remontage de moral n'était toujours pas terminée. Rémus commençait à se demander si elle finirait un jour...

D'après la Carte, Beth était dans une salle inoccupée du deuxième étage.

Rémus croisa quelques filles de septième année, dans un escalier ; parmi elles, il aperçut Kallyah et lui fit un petit salut amical. Elle répondit d'un petit sourire triste, mais continua son chemin avec ses amies.

Il frappa tout doucement à la porte, pour ne pas prendre Beth par surprise.

La salle était sombre ; les derniers rayons de soleil disparaissaient, dehors. Il n'y avait que quelques bougies allumées dans la pièce, sur les bureaux des élèves. Rémus s'avança à l'intérieur.

Il s'était attendu à trouver Beth en train de travailler, penché sur un parchemin ou sur un livre. Mais non. Seul dans la salle de classe, le gamin était assis sur le rebord d'une des grandes fenêtres ; il devait avoir contemplé le coucher de soleil...

Rémus s'avança jusqu'à la fenêtre. D'ici, on apercevait Pré-au-lard, les fumées claires qui s'échappaient des cheminées des maisons, là-bas...

Beth le regardait en souriant tranquillement. Les bougies faisaient briller ses cheveux blonds, changeaient la couleur de ses yeux pâles, leur donnant une teinte plus foncée... Rémus avait l'impression de voir un de ces enfants qu'on voyait sur les gravures moldues du début du siècle, un petit ange en costume marin. Il lui rendit son sourire.

-Bonjour...

Beth fit une petite moue d'enfant qui doit corriger un adulte.

-Bonsoir plutôt... Le soleil s'est couché...

-C'est vrai...

Il resta un moment silencieux, regarda le ciel qui abandonnait ses couleurs pastelles et les premières étoiles qui s'allumaient lentement, une à une. Il se tourna vers le garçon qui attendait, visiblement hésitant quant au comportement à adopter, et sourit à nouveau, une étincelle amusée dans les yeux.

-Dis-moi... Je sais que nous devions aller travailler ton exposé de Défense contre les Forces du Mal, mais... Je crois que j'ai plus intéressant à faire...

Le visage de Beth s'éclaira, et il sauta à terre.

Ils sortirent de la salle en parlant de ce que Beth avait fait pendant la journée.

-Et en cours d'Enchantement, on a appris un sort pour ouvrir les portes, et je crois que je suis le troisième à avoir réussi à le refaire !

Beth avait l'air très fier de lui, alors Rémus fit mine d'applaudir pour saluer la performance du garçon ; les joues de Beth prirent une nuance rosée qui fit rire le jeune homme. Il adorait s'occuper de Beth, l'aider pour ses cours ou ses exposés, l'écouter raconter ses progrès... Et plus il s'occupait de lui, plus il réalisait combien il aurait adoré pouvoir avoir des enfants, plus tard... Et quelque chose lui pinçait doucement le coeur.

Il lui fallut quelques secondes pour s'apercevoir que quelque chose n'allait pas ; Beth avait arrêté de parler et le regardait d'un air soucieux.

-Ca ne va pas, Beth ?

Le première année hésita, puis désigna la base du cou de Rémus de la main.

-Tu t'es fait mal ?

Le sang de Rémus était froid, dans ses veines, glacé. Il porta la main à se gorge, effleura le bandage qui dépassait du col de sa robe. Au prix d'un énorme effort sur lui-même, il réussit à prendre un air détaché.

-Non, ce n'est rien... Sirius a proposé que nous allions faire une partie de Quidditch, et je suis tombé... Je crois que jamais je ne comprendrai les mécanismes de fonctionnement des balais...

Il fit un clin d'oeil à Beth ; le gamin n'était apparemment pas non plus très doué pour ce qui était de voler sur un balai.

A force de parler, ils arrivèrent près de l'endroit où les autres Maraudeurs avaient préparé le rituel, et Rémus ralentit l'allure en apercevant Sirius debout au milieu du couloir.

L'odeur d'asphodèle était forte, encore plus forte que tout à l'heure. Un immense symbole circulaire avait été tracé au sol, à l'aide d'un liquide épais, d'un vert très foncé, presque noir. James et Peter se tenaient à quelques mètres, une pile de grimoires à portée de main.

Comme ils s'approchaient, Rémus put apercevoir le regard désespéré que lui lança Sirius, juste avant de fermer les yeux. Il sembla se concentrer pendant une éternité, poings fermés, dos droit, tête un peu relevée en arrière.

Et le pentacle au sol se mit à luire d'une lumière sombre. C'était comme si les symboles avaient été tracés avec le sang du néant.

Rémus s'aperçut qu'il ne respirait plus. Il jeta un rapide coup d'oeil à Beth. L'enfant observait la scène d'un air stupéfait, bouche ouverte, yeux immenses. Il attrapa soudain la manche de Rémus, et chuchota, comme s'il avait cru briser la scène en parlant trop fort :

-Qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qui se passe ?

Il voulut lui répondre que personne ici ne savait ce qui allait se passer, mais James commença à psalmodier une formule et les lignes traçant le pentacle devinrent vert émeraude, plus brillantes, plus étranges. Rémus retînt son souffle.

Il aurait pu rester à fixer le visage de Sirius pendant une éternité ; la fine ligne des cils, les mèches noires dansant sur son front, les sourcils un peu froncés, et le plis crispé de la bouche. La lumière sombre qui jouait sur ses traits.

Mais il détacha ses yeux du jeune homme.

Une lueur blanche s'était allumée sur sa droite.

Il tourna la tête vers la lumière à peu près en même temps que James se tut et que Sirius ouvrit les yeux. La lumière venait de Beth.

Le haut de son corps semblait comme enveloppé d'une brume blanche qui étincelait. Au fur et à mesure que des rayons de lumière surgissaient de nulle part, s'ajoutant aux lueurs entourant déjà l'enfant, la lumière prenait une teinte bleutée.

Et puis, petit à petit, une silhouette claire naquit du nuage étincelant, se détacha de Beth pour venir flotter juste devant les Maraudeurs.

Sirius avait raison ; cette créature était magnifique.

Un visage délicat, presque féminin, des cheveux fins et clairs, et un regard d'une bonté sans fin. Ce n'était pas un fantôme, cela... C'était un Ange...

Aussi subitement qu'elle était apparue, la créature se volatilisa. Tous les regards retombèrent sur le premier année, silencieux et pâle.

Beth fixait les jeunes hommes avec de la terreur dans les yeux. Rémus aurait voulu essayer de le calmer, mais il n'avait pas fait un pas vers l'enfant que la voix de Sirius résonna dans le couloir.

-Alors c'est toi qui fait ça ? Pourquoi tu l'as pas dit plus tôt ?

Beth agita la tête d'un air impuissant.

-Non... Non, ce n'est pas moi... Il faut... On doit être tous les deux, sinon...

James passa une main dans ses cheveux d'un air stupéfait.

-On ? Qui ça, on ?

L'enfant hésita, sembla sur le point de répondre, mais presque aussitôt un bruit de pas précipité résonna dans le couloir, et une silhouette féminine apparut. Beth pâlit encore une peu plus. On aurait dit qu'il n'avait plus une goutte de sang dans le visage.

Elyz avait l'air inquiète ; sa voix tremblait.

-Beth ! Beth, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu as appelé l'Angellos ? Qu'est-ce...

Et soudain elle sembla prendre conscience qu'elle et Beth n'étaient pas seuls dans le couloir.

Lentement, elle tourna la tête vers chacun des Gryffondors. Son regard passa au pentacle qui restait dessiné au sol, puis retomba sur Sirius, et les yeux de la jeune fille se mirent à étinceler de haine. Toute trace d'inquiétude avait disparut de sa voix.

-Black... J'aurais dû m'en douter... C'est toujours toi... Tu ne peux pas te mêler de ce qui te regarde, de temps en temps, au lieu de pourrir la vie des autres ?

-Eh ! Je suis pas le seul ici, que je sache ! Pourquoi c'est moi qui...

Mais elle l'ignora et passa devant les Maraudeurs d'un air méprisant. Beth était tétanisé. Il regardait Elyz approcher avec quelque chose comme de la terreur au fond des yeux. Rémus avait l'impression de se voir lorsque, enfant, il devait affronter ses parents, après avoir fait une énorme bêtise. Les yeux de Beth étaient immenses.

Sans rien dire, Elyz l'attrapa par le poignet et commença à le tirer à l'écart. Beth murmurait d'une voix suppliante :

-Elyz... Elyz, s'il te plaît... Ce n'est pas ma faute... Je ne voulais rien dire, je...

Il semblait sur le point de fondre en larmes. Avec un gros soupir, Ely stoppa et essaya de lui faire un sourire rassurant.

-Je sais.

Et pour bien montrer qu'elle avait parfaitement compris ce qui s'était passé, elle foudroya le groupe de jeunes hommes du regard. Elle raffermit sa prise sur le bras de son frère et voulut s'éloigner, mais Rémus demanda d'un ton calme :

-Elyz... Qu'est-ce que c'était que cette chose ?

Pendant un moment, elle ne répondit pas. Elle se contenta de rester là, immobile, le dos raide. A côté d'elle, Beth réussissait à peine à réprimer ses tremblements.

Du ton le plus doux qu'il put, Rémus ajouta :

-Je n'ai pas envie d'aller demander des explications à Dumbledore, Elyz... Qu'est-ce que c'était que cette chose ?

La voix d'Elyz était froide, détachée ; elle ne se retourna pas.

-Je ne veux pas que vous alliez le répéter dans tout Hogwarts.

Les Maraudeurs se regardèrent en fronçant les sourcils, mais restèrent prudemment silencieux, laissant Rémus se charger des questions.

-Qu'est-ce que c'était, Elyz ?

-Notre Angelos.

Rémus retînt une exclamation de surprise. Il connaissait ce mot... Il l'avait lu dans un livre... C'était... C'était un pouvoir qui se transmettait de générations en générations, dans certaines familles de magiciens au sang 'pur', il en était presque sûr.

Elyz avait mis un accent bizarre en répondant, alors Rémus répéta :

-*Notre* angelos ?

Et il y eut une note bizarre, un peu amère, dans la voix froide de la jeune fille.

-Beth et moi partageons un même Angelos. Je ne peux le produire sans lui ; il ne peut le produire sans moi.

La main libre d'Elyz était serrée jusqu'à former un poing.

-Je vous défends de parler de tout ça à quiconque. Si vous dites quoi que ce soit, je peux vous jurer que je vous tuerai...

Elle marqua une pause, sembla lutter pour garder son calme.

-Maintenant, à moins que vous n'ayez d'autres questions sur un sujet qui ne vous regarde pas, je crois que nous allons partir.

Entraînant Beth avec elle, elle s'éloigna à grands pas et disparut au coin du couloir.

Ils restèrent silencieux un moment, le temps de digérer tout ce qui venait de se passer. James se reprit le premier. Il se tourna vers ses amis, et fixa Sirius d'un air grave.

-Tu me dois dix Gallions, Paddie.

.

.

TBC...

Voilà pour Janvier ! C'est James qui fera février ! Mais je ne sais pas si je pourrais poster le prochain chapitre dans deux semaines : pendant les deux semaines de vacances de Noël, j'aurai difficilement accès à Internet... On verra... Peut-être que j'essaierai de poster un Add-on de Noël, à la place...

Ah, et maintenant, je peux répondre à Jo : Voui, Beth est un prénom bizarre pour un garçon. Normalement, c'est un prénom féminin, mais... Elyz et Beth partageant un pouvoir, ils sont liés, doivent être ensemble pour former un tout : si on accole leurs deux noms, on obtient Elyz-beth ou encore Elysabeth, qui vient de l'hébreu el-ya-beth, littéralement « la maison de dieu ». Cette signification collait parfaitement à ce que je voulais faire !

Et comme « Beth » peut aussi être trouvé dans des prénoms masculins étrangers, comme Béthaire, je n'ai pas hésité, et donc... Voilà Beth !

Mention spéciale (Bravo !) à Mpb qui avait capté le coup d'Elisabeth, et était près de la solution en demandant avec inquiétude si Beth et Elyz étaient la même personne... (Rassurée ? ^__^ ;;... J'aurais pas osé faire d'eux la même personne... D'abord, on aboutissait à un espèce de monstre schizophrène, et puis j'les aime chacun tels qu'ils sont, différents...)

Oh, et tant qu'on y est, dans la collection étymologie, Angelos est un mot grec qui signifie messager. C'est une des racines de Ange, je crois (mais je ne suis pas certaine... Ange vient peut-être du latin, non ?). Plus de renseignements sur l'Angelos dans le prochain chapitre... (Aaaarh, je maîtrise plus du tout l'avancée de ce fic... Il devait y avoir beaucoup plus d'éléments en Janvier... !)

Voilà ! Désolée, je me rends compte que ce chapitre n'est pas excellent, mais j'suis trop crevéeee !!

Review ? (p'tit voix fatiguée)