Pairings : en fait si on y réfléchit, c'est les seuls pairings possibles
dans HP, à l'époque des Maraudeurs... Bah oui, pasque avec qui on peut
croiser un loup si y a pas de louve ? Hmm ? Bah oui, avec un chien tiens,
c'est ce qui ressemble le plus ! Et avec qui croiser un mec cool et à la
coiffure explosée ? Bin avec une fille cool et au tempérament explosif !
CQFD !! (Très fière d'elle)
Disclaimer : Bin non, ils m'appartiennent pas. Mais vu ce que je fais des persos qui m'appartiennent, je me dis que c'est peut-être mieux...
C'est Moony qui raconte !! (J'aime écrire avec Moony... Je ne le répèterai jamais assez...) Bref, j'espère que ça vous plaira !!
Marchiiii pour les reviews !!
Arlein merci pour tes compliments !! (^_^ !!) Et t'inquiète pas, toutes questions vont trouver leurs réponses dans ce chapitre... Aaaah, il est gentil, Remus, de répondre à tes interrogations, non ? Et voui, moi aussi, j'aime Sirius en colère !! (groar)
De rien pour le mail, hanna ! Et t'inquiète pas, je peux pas tuer Remus... Enfin... Pas encore...
Kyah ! Merci Lulu !! Voui, ils sont parfaits l'un pour l'autre, et je m'accroche à l'idée que JK Rowling le sait mais ne dit rien d'explicite... !! C'est soit ça, soit les persos ont décidé qu'ils allaient la manœuvrer pendant l'écriture et font passer des messages subliminaux pour essayer de lui dire qu'ils *veulent* être ensemble... Et pour tous tes compliments, un gros merci !! (Moi aussi, ça me plairait de pouvoir écrire d'autres fics... J'ai des idées !! Eh eh !!)
Pissenlit kikou et bon retour sur ffnet !! Voui, moi aussi je suis un peu triste que ce soit fini... Mais je crois que je n'écrirai pas de suite à Menous... D'autres fics indépendantes, oui, mais une suite à Menous... Non... Pasque Menous devait faire leur septième année, mais pas plus... Et voui, tu as bien deviné, Neurès a un rapport avec Tu-sais-qui... Mais un rapport... Indirect, dirons-nous... Elle est liée directement à quelqu'un d'autre, et par un lien plus puissant...
Ouah ! Coucou Shinia Marina !!! (Shinrin toujours aussi ravie d'avoir des reviews de Shinia) C'est pas grave si tu laisses pas de review à chaque fois, moi, même une de temps en temps, ça me va !! Mais... Voui, voui, c'est la fin... Gomen... Et Remus est... Tatataaaa....
LOU4, tes reviews me font marrer à chaque fois alors... J'te dédicace une révérence (fait la révérence) ! Hein ? C'est nul, une révérence ? Maieuh... De gros, gros bisous, et à bientôt !!
Saria3 coucou et merci de ta review ! Je publie la suite tout de suite et... Euh... Je sais pas si ça va vraiment te faire rire, mais enfin, euh... Bon, euh... C'est la fin, quoi...
Alana !!! Tu as parfaitement deviné !! (mais chuuut, c'est un secret, d'accord ?... Enfin... C'est un secret jusuq'à la moitié du chapitre...) Et merci pour tes compliments !! (Se retrouve avec une belle petite rougeur sur les joues mais un grand sourire content)
Arwen, je m'excuse pour le comportement de Lily... Mais c'est que... Elle a eu une journée très chargée, alors elle a pas eu trop le temps de s'occuper de James... Et pis elle souffre d'une auteur qui a décidé que... Bin... Le coup des miettes sur les lèvres c'était une allusion subtile (à la base, je voulais que James les recueille du bout de la langue, mais j'ai pas osé...). Et pis alors là... Bin... On va pas la voir beaucoup... Ce chapitre, c'est du Remus partout, quoi... Paaaardon !!
Titou Moony, faut pas tuer Neurès !! J'en ai besoin pour ce chapitre !! Après... Bin ouais, après, si tu la veux, je te la file, pas de problème ! Et voilà la suite !!
Tsukiyo, tu vas avoir la réponse à tes questions d'ici un petit moment !! ^_^ !! Voui, je crois que je suis un peu cruelle avec les persos, parfois, mais... Eh ! La vie n'est pas *tout le temps* rose, alors y a pas de raison de ne pas faire tourner Paddie en bourrique de temps en temps...
Papyrus, merci pour ta review !! Ca fait toujours plaisir d'avoir des compliments, et ça encourage à continuer !! Marchi !!
Urumi, c'est pas grave, review quand tu veux !! Ca me fait plaisir n'importe quel jour !! Et pour les autres fics... Voui, j'espère pouvoir en écrire d'autres... J'ai ma petite idée pour le début de leur histoire... On va voir ce que ça donne... Bisous encore !
Et enfin Mpb, pardon, la présentation est encore toute pourrie, je rattraperai le coup d'ici Lundi !! Promis !! Et je t'envoie le texte par mail !
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. MENOUS Juin 2ème partie .
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Ce que Sirius pouvait avoir raison souvent, ces derniers temps...
Vraiment...
Si Remus n'avait pas eu aussi mal à la tête, il aurait presque pu en rire.
Et dire que Sirius le lui avait répété, dire qu'il était passé de l'inquiétude à l'agacement, avait insisté des dizaines de fois pour avoir le droit ne serait-ce que d'attendre Remus à la porte du bureau de Neurès...
Mais non... A chaque demande implorante, à chaque démonstration de colère, Remus avait répondu par un non ferme. Sirius exagérait tout le temps, tout le monde savait ça. Sirius était un amant trop inquiet. Sirius pouvait se transformer en gosse irresponsable, incontrôlable. Sirius...
Sirius avait eu raison.
Et Remus avait refusé d'écouter.
Après tout, qu'a-t-on à craindre d'une femme à l'air doux, aux longs cheveux blancs, et au sourire de grand-mère ? A quelqu'un qui vous a vu toutes les semaines, pendant une année entière, qui vous a lu tou les chapitres de votre manuel de Défense contre les Forces du Mal ? Quelqu'un avec qui vous avez discuté, quand vous vous croisiez au détour d'un couloir ?
Quelqu'un qui vous tend une tasse de thé, et attend patiemment de savoir quelles questions vous vouliez lui poser.
Rien. On ne devrait rien avoir à craindre de ces personnes là.
Melle Neurès avait un parfum de fleur séchée, un parfum bienveillant, un parfum d'eau, une odeur de femme. Melle Neurès avait un regard clair et calme.
Et Remus ne s'était pas méfié.
Ils avaient discuté de choses et d'autres, de ce que ferait Remus l'année prochaine, où il allait s'installer, si il avait déjà trouvé un emploi, et ses amis, le jeune Potter, et Black ? Elle écoutait ses réponses tout en préparant le thé. Remus était sûr que s'il avait connu sa grand-mère, elle aurait pu ressembler à Melle Neurès. Il aurait aimé qu'elle lui ressemble.
Il avait pris la tasse, avait respiré le filet de fumée qui montait vers lui. Le thé avait roulé comme du miel sur son palais. Il avait attendu un peu, bien installé dans son fauteuil, à côté d'elle. Et puis il avait posé ses questions.
Parce qu'il était certain qu'elle lui fournirait des réponses, des explications qu'il pourrait donner à Sirius, à James, pour les apaiser... Parce qu'il ne pouvait pas en être autrement...
Elle l'avait regardé un instant sans répondre. Elle avait bu une gorgée de thé. Sa main ne tremblait pas.
Elle avait reposé sa tasse. Un petit sourire.
Et à partir de ce moment, tout était devenu tellement... Etrange...
Elle souriait.
-Etes-vous satisfait d'être ici, Mr Lupin ?
Il avait cligné des yeux sans comprendre.
-Ne vous arrive-t-il pas de ne pas vous sentir à votre place ?
Remus avait beau plonger ses yeux dans le regard calme, il n'y trouvait rien. Quelque chose de froid et d'immobile. De la glace. Un sourire figé.
-Je m'inquiète pour vous... Quand on m'a parlé de cet incident avec Mr Snape...
Elle secoua doucement la tête de droite à gauche.
-C'est regrettable. Ca a du être très pénible, n'est-ce pas ?
Les yeux de Remus retombèrent sur sa tasse. Il se força à se concentrer sur la couleur du thé. Pâle, un peu dorée, mais pas assez... Pas assez...
L''incident' avec Snape avait été plus que pénible. Remus avait été trahi et on avait découvert ce qu'il était.
Il reposa sa tasse tiède sur la table.
Il ne voulait plus parler avec Melle Neurès. Il voulait partir.
-N'avez-vous jamais pensé que vous seriez plus heureux en compagnie de vos semblables ?
Il releva lentement la tête. Elle souriait toujours. Il commençait à avoir mal à la tête.
-La vie ne serait-elle pas plus simple ?
Il fit un mouvement pour se lever, mais ses jambes étaient comme paralysées. Il dut s'appuyer à la table pour se lever sa peau était parcourue de frissons.
Et la voix de Melle Neurès continuait :
-Avez-vous déjà entendu parler des Menous, Mr Lupin ?
Il s'était figé.
Menous... Oui, bien sûr... N'importe quelle personne ayant passé des heures à faire des recherches sur les loups-garous connaissait l'existence des Menous. Mais peu de gens en avaient vus.
Il était rare de trouver des sorciers qui acceptaient d'approcher les personnes atteintes de lycanthropie. Encore plus rares étaient ceux qui acceptaient de leur consacrer une partie de leur temps... Alors... La probabilité de trouver quelqu'un qui leur consacre sa vie était proche de zéro.
Pourtant... Il existait tout de même dans le monde une petite dizaine de Menous. Des êtres qui maîtrisaient des techniques de transformation d'un niveau élevé. Qui pouvaient se changer en loups, si on leur donnait une peau de cet animal.
Les Menous étaient des sorciers puissants. Des chefs nés.
Grâce à leur don, ils pouvaient prendre la tête d'une meute de loups, la diriger, la contrôler.
Ce n'était pas n'importe quelle meute.
Les Menous pouvaient diriger les loups-garous.
Et sous leur garde, les loups-garous devenaient moins violents, n'attaquaient pas les humains sans ordre de leur chef...
Le Ministère confiait parfois à un Menou une meute d'une dizaine de loups- garous. Une dizaine de personnes qui n'auraient pas à passer chaque nuit de pleine lune dans un des abris sécurisés, surveillés par le Ministère. Une dizaine de personnes qui, le matin venu, ne se réveillerait pas le corps en sang, couvert de blessures qu'ils s'étaient infligés eux-mêmes.
Pouvoir rejoindre la meute d'un Menou était une chance inespérée. Une occasion qui ne se reproduisait pas deux fois dans une vie.
Melle Neurès avait fermé les yeux. Elle avait l'air tellement paisible...
-Savez-vous, Mr Lupin, que mon compagnon est un Menou ? L'un des seuls de Grande-Bretagne...
L'espace d'un instant, la vue de Remus s'était troublée.
Il fixa Melle Neurès sans rien dire. Puis elle rouvrit les yeux. Ses grands yeux clairs et froids.
Remus avait de plus en plus de mal à garder une vision claire. Tout devenait trop flou. Et soudain, au milieu de la brume multicolore, il eut la vision d'une grande louve blanche, un soir de pleine lune.
Ses jambes refusèrent de le porter davantage. Il ne réussit pas à se raccrocher au dos de son fauteuil. Il s'effondra au sol.
Il ne voyait plus rien. Sa gorge commençait à le brûler. Il avait l'impression que l'air refusait d'emplir ses poumons.
Il y eut un bruit de chaise que l'on repousse, et des pas qui frôlèrent délicatement le sol. Et l'odeur, l'odeur douce et fraîche de Melle Neurès. Une main passa sur son front, il sentit des doigts fins jouer avec les mèches de ses cheveux.
-Je suis désolée, Remus.
La main caressa sa tête on aurait dit une parodie d'amour maternel.
Il essaya de s'écarter d'elle, il rassembla toutes ses forces, banda ses muscles son corps refusa de bouger.
-Je suis presque certaine que tu ne voudras pas rejoindre notre meute, mais quand il a su qu'il y avait un loup-garou parmi mes élèves, Bleiz a insisté pour pouvoir te rencontrer... J'ai repoussé l'échéance, mais maintenant... Il faut y aller...
La main était passée sur sa nuque, gentille, rassurante.
Il se sentait partir.
-Tu es un magnifique jeune mâle... Je suis sûre que la meute t'accepterait sans qu'il y ait aucun problème...
Elle avait sans doute continué à lui parler, comme une mère qui berce un enfant endormi mais il n'avait pas pu entendre. Le monde était devenu un magma noir, où ne lui parvenait aucun bruit, aucune chaleur, aucune couleur, aucun parfum...
Et Sirius avait eu raison.
Au milieu du néant, Remus avait envie de rire, un petit rire fatigué, en se revoyant repousser Sirius, en revoyant Neurès ouvrir la porte de son bureau avec un sourire...
Il se demanda à quel moment elle avait versé la potion dans sa tasse. Il se demanda quelle potion elle pouvait avoir utiliser ça devait être une potion inodore, incolore... Il ne l'avait pas sentie...
Alors elle n'était seulement douée pour la Défense contre les Forces du mal... ? Elle avait aussi des dons pour les potions ?
C'était un peu injuste...
Dans les ténèbres qui envahissaient l'esprit de Remus, les yeux de Sirius passaient d'un gris de nuage à un noir profond, le noir de la rage, de la souffrance qui explose...
Puis encore... L'éclat argenté d'une tempête, de l'inquiétude... Et l'ombre, l'ombre qui envahit tout... Encore...
Remus s'éveilla une minute, une heure, peut-être un jour plus tard.
Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'il était sortit de l'inconscience. Autour de lui, tout était plongé dans l'obscurité. Il était presque certain d'être seul.
Il était allongé sur une roche dure, froide. Il sentait une croûte de sang séché sur son front. Apparemment, le 'voyage' ne s'était pas passé sans anicroches...
Quand ses yeux se furent habitués à la pénombre, il commença à distinguer ce qui se trouvait autour de lui. Avec précaution, il tourna la tête et promena son regard sur l'espèce de pièce dans laquelle il se trouvait.
C'était une petite excavation, creusée dans la roche de ce qui devait être une caverne. Une caverne perdue dans la Forêt Interdite. Derrière l'odeur de terre humide, Remus était certain de pouvoir sentir le parfum de feuilles vertes et tendres, que dégageait la Forêt à cette époque de l'année.
Il tenta de se relever, mais finit par abandonner l'idée à mi parcours.
Il avait un mal de tête abominable. Il y avait le magma noir qui restait encore accroché à son esprit, et puis la douleur plus profonde, comme un pic enfoncé dans son cerveau, à l'endroit où sa tête avait saigné.
Il resta là, incapable de bouger, appuyé contre la paroi dure.
En face de lui, il y avait comme une déchirure grise sur la paroi noire c'était le seul passage vers l'extérieur. La seule entrée de cette petite pièce la seule sortie.
Remus n'avait pas besoin de se lever pour savoir que jamais il ne pourrait sortir par là. Des traits de fumée blanchâtre, comme des fils de toile d'araignée, marbraient le passage. Ca faisait comme une porte translucide.
Et ça lui brûlerait la peau si jamais il essayait de les traverser sans en avoir reçu l'autorisation.
Il contînt un soupir.
Avec précaution, il tâta ses poches mais comme il pouvait s'en douter, on lui avait pris sa baguette. Le contraire aurait été étonnant.
Il avait un peu froid. L'air tiède de Juin était remplacé par une fraîcheur qui finissait par vous rentrer dans la chair. Chaque fois que Remus tremblait, il avait l'impression que son mal de tête était décuplé.
Il décida d'essayer de se changer les idées. Il referma les yeux la douleur disparut un peu. Il se concentra sur les odeurs qui lui parvenaient. L'odeur de la grotte, et celle de la Forêt, bien sûr, mais aussi toutes les petites odeurs, les petits fragments de choses et d'êtres, tout ce qui pouvait le renseigner plus précisément sur l'endroit où il se trouvait.
Il y avait l'odeur un peu sèche de l'été qui approchait, mais elle était lointaine, vraiment lointaine. Il y avait le parfum de la mousse, mais ça ne l'aidait pas vraiment. Il y avait...
Il cligna des yeux, se concentra un peu plus, pour vérifier qu'il ne s'était pas trompé.
Il y avait une vingtaine d'odeurs humaines.
Il ne pouvait pas mettre un nom sur ces odeurs, mais... Elles lui semblaient vaguement familières.
Et soudain il se souvint de ce que Melle Neurès avait dit.
Un Menou.
Il y avait un Menou... Un Menou et sa meute...
Le pouls de Remus se mit à battre dans ses veines jusqu'à lui faire mal.
Est-ce que... Est-ce que toutes ces personnes pouvaient être des loups- garous ?
Etre... Comme lui ?
'Vos semblables', avait dit Neurès.
Non... Il était impossible qu'une meute puisque compter vingt loups.
Tous ces gens devaient être humains. Une partie d'entre eux devaient être humains.
Le reste...
Remus sentait un bizarre sentiment d'appréhension et de curiosité monter en lui.
Le reste, ça devait être la meute.
Il réfléchit à cette donnée pendant quelques secondes. Une meute.
Quand il avait découvert l'existence des Menous, il avait dix ans. Il était caché au grenier, parce que là, il pouvait lire en paix les livres sur les loups-garous. Les grimoires sur les choses de son espèce. Sa mère aurait refusé qu'il ouvre le plus petit de ces livres elle ne voulait pas qu'il voie sur les scènes de tortures, sur les pamphlets invitant à massacrer ces êtres incontrôlables... Remus lisait quand même, en cachette il apprenait. Souvent, la nuit, il se réveillait en tremblant, après un cauchemar.
Mais parfois, les livres ne racontaient pas de choses horribles sur les gens atteints de lycanthropie. Parfois, ils les plaignaient, ces pauvres victimes malchanceuses. C'est dans un livre de ce genre que Remus avait lu pour la première fois ce mot. Menous.
Assis au milieu des cartons poussiéreux, il avait fermé les yeux, et avait imaginé ce que ça devait être, de vivre dans une meute. Avec des gens qui vous comprendraient. Des gens qui ne détourneraient pas le regard en vous voyant. Des gens qui ne pleureraient pas, au milieu de la nuit, parce que leur enfant est 'anormal'. Des gens qui vous prendraient dans leurs bras pour vous dire qu'ils vous aiment, et qu'ils n'ont pas peur.
Longtemps après, des mois, des années plus tard, chaque fois qu'il faisait un mauvais rêve, chaque fois que la Pleine Lune revenait, il invoquait l'image de cette meute accueillante, qui l'accepterait, le protègerait... Une famille...
Et puis il avait grandi.
Il n'avait plus eu besoin de se créer des rêves pour vaincre les cauchemars. Il avait des amis. Quelque chose de réel et d'éternel, sûrement. Quelque chose qui l'aidait. Qui le rendait plus fort.
Il avait oublié l'image de la meute.
Mais à présent, elle revenait à lui.
Et pour la première fois depuis des années, il essaya d'imaginer à quoi cette meute pouvait ressembler. Il essaya de savoir si cette meute l'accepterait. Il créa des visages, et des voix, et des personnes toutes entières, et les laissa se promener dans son esprit.
C'était doux et étrange ça semblait parfait, magique, et pourtant...
Il était tellement plongé dans sa rêverie qu'il faillit ne pas entendre le petit crépitement du sort que l'on brise un instant.
Il leva les yeux vers l'entrée de la grotte.
Il sut tout de suite que l'homme devant lui était un Menou.
Il avait une présence imposante, la présence d'un chef. Ses cheveux noirs étaient emmêlés, sa barbe n'était pas bien entretenue, et la cape en peau de bête jetée sur ses épaules avait l'air vieille, mais quelque chose soufflait à l'oreille de Remus que l'on devait témoigner du respect à cet homme. Ses yeux vous clouaient sur place, vous évaluaient vous surveillaient.
C'était de lui que Melle Neurès avait parlé.
Bleiz.
Le sort qui entravait la porte crépita à nouveau.
Une femme venait d'écarter les pans de la toile pour pouvoir entrer à la suite du Menou. Elle tînt le passage ouvert le temps que trois hommes puissent la suivre à l'intérieur.
Sans un mot, ils se placèrent au fond de la petite salle, les yeux fixés sur le Menou, attendant apparemment de voir ce que leur chef allait décider.
Remus les observa les uns après les autres. Ils se déplaçaient sans aucune hésitation et pourtant ils n'avaient aucune source de lumière pour s'éclairer. Eux aussi devaient avoir une vue meilleure que celle de la majorité des êtres humains.
Il ne fallait pas beaucoup réfléchir pour comprendre que ces cinq personnes étaient des loups-garous. La meute. Il l'avait sous les yeux.
Il y avait d'abord la femme. Elle était jeune 20-25 ans peut-être.
Même si on ne lui avait dit qu'il y avait une meute de loups-garous à proximité, l'attention de Remus aurait été sans doute attirée par cette jeune femme. Elle dégageait quelque chose de sauvage. De fascinant.
Elle avait de courts cheveux noirs relevés en pics, une peau couleur chocolat elle était vêtue comme une Moldue, avec son jean et son débardeur blanc déchiré par endroits. Ses yeux brillaient d'un éclat étrange, attentifs, vifs, dangereux. On voyait jouer les muscles de ses bras quand elle faisait craquer les articulations de ses poings.
A côté d'elle, un grand homme maigre était adossé à la paroi. Il avait l'air usé par le temps, malade, mais calme et digne, raisonnable. Remus avait l'impression que ses yeux brillaient au milieu de la pénombre.
Il ne regardait pas ce qui se passait. Et Remus savait, sentait, que c'était parce que sa loyauté envers le Menou dépassait tout ce qui pouvait exister. Il accepterait n'importe quoi. Il le suivrait n'importe où, sans protester, sans même essayer de lutter.
Dans le coin le plus éloigné, un peu en retrait, se tenaient deux êtres à la crinière blonde. Ils se tenaient recroquevillés l'un près de l'autre, comme en symbiose, et se désintéressaient éperdument de ce qui se passait à quelques mètres d'eux. Jumeaux, pensa Remus.
Leurs cheveux étaient décorés de petits cailloux, de bouts de bois et de plumes. Leurs mèches étaient si blondes qu'on aurait pu les croire blanches et pourtant les deux jeunes hommes étaient à peine plus vieux que Remus.
Il y avait sur leurs bras une cicatrice en forme de croissant de lune, bien nette et rose sur la peau pâle. Remus se demanda lequel des deux jumeaux avait été contaminé le premier. Lequel avait supplié l'autre de lui transmettre la maladie.
Au bout d'un moment, le Menou grommela quelque chose, fronça les sourcils, et s'avança vers Remus. Ils ne se quittaient pas des yeux.
Remus se redressa et s'efforça de garder un air égal mais il commençait à avoir envie de vomir.
Quelque chose de très étrange se produisait.
Pendant toutes ces années, le Loup l'avait toujours laissé en paix en dehors des périodes de pleine lune. 29 jours par mois, le seul indice qui trahissait la présence du Loup en lui, c'était ses sens un peu plus développés que ceux de la moyenne des humains.
Mais là... Quand cet homme le fixait...
Il sentait monter en lui l'esprit du Loup il le sentait qui était arraché à sa conscience, rappelé à la surface, obligé de voir le monde à travers un corps humain.
Le Loup fixait le Menou en grondant.
L'homme sourit, un sourire de satisfaction cruelle.
Il ne fallut rien d'autre que ce sourire pour apprendre à Remus que quoi qu'il arrive, il ne rejoindrait pas cette meute. Jamais.
Son âme se mit à grogner avec l'esprit du Loup.
Le Menou haussa un sourcil étonné, le sourire disparut un instant de son visage. Il fit un autre pas vers Remus, jusqu'à ce qu'il soit juste devant lui, au-dessus de lui. Il le toisa de toute sa hauteur. Le Loup gronda plus fort.
L'homme eut un petit rire méprisant. Sa voix était rauque, dure.
-Tu n'es qu'un gosse trop orgueilleux. Si tu continues, je vais t'égorger.
Remus serra les dents, essaya de calmer le Loup, l'animal qui lui criait de planter ses crocs dans la gorge de cet homme qui voulait les dominer tous les deux.
-Vous avez besoin de moi, non ?
Bleiz haussa les épaules le sourire était revenu sur son visage.
-Ma meute pourrait avoir besoin d'un jeune mâle. Lord Voldemort pourrait avoir besoin d'une créature comme toi. Mais *je* n'ai pas besoin d'un loup qui refuse de reconnaître mon autorité.
Une pause.
-Donc je peux te tuer.
La jeune femme se redressa, sourcils froncés.
-Tu avais dit que je pourrais le... !
Mais Bleiz lui jeta un regard perçant, et elle se tut à contrecoeur.
-Tu as déjà eu ta part, Skin...
Elle fit une moue dégoutée.
-Cette vieille bonne femme ? Elle était tellement aigre que je l'ai à peine gouttée... !
Le Menou l'ignora.
Remus les fixa sans rien dire.
Une espèce de soulagement mêlé à du dégoût et à de la colère montait en lui.
Herballtea. Ils parlaient d'Herballtea.
Remus... Remus ne l'avait pas tuée...
Sirius avait encore eut raison...
C'était eux... Remus n'avait rien fait... Elle... Elle l'avait tuée...
Déchiré sa chair, lapé son sang...
Et personne ne méritait ça.
Il serra les dents, rassembla ses forces. Il ignora la douleur lancinante dans son crâne.
Ses veines étaient remplies de feu.
Il se releva.
Il se jeta en avant.
Il faillit presque réussir à attaquer le Menou, mais l'homme s'écarta sans aucune difficulté. Un geste de la main, et Remus fut projeté contre le mur.
La douleur éclata dans sa tête, jusqu'à l'aveugler, jusqu'à lui ôter la faculté de penser.
Il se recroquevilla sur lui-même, il entendait le bruit de sa respiration, hachée, douloureuse, le bruit de son sang...
Il n'essaya même plus de bouger.
Le Loup s'était tu, à l'intérieur de son esprit.
Il sentait le Menou tout près, toujours au-dessus de lui.
Il se demanda si Bleiz allait le tuer.
Mais il y eut un rire méprisant.
-J'espère que tu as compris la leçon. Je te laisse encore une chance d'arrêter de faire l'idiot.
Puis le crépitement du sort qui entravait la porte, et des pas qui s'éloignaient, qui s'éloignaient jusqu'à disparaître, à l'abandonner au silence. Au silence béni.
La meute était partie.
Remus était seul à nouveau.
Il avait l'impression d'être gelé jusqu'à l'âme. Il avait mal.
Il ne rejoindrait pas cette meute. Ce n'était pas sa place. Il pria pour que ça ne soit jamais sa place.
Ils allaient devoir le tuer. Il eut envie de sourire, mais la douleur était toujours là.
Quelque chose de brûlant coulait sur son front sa blessure s'était rouverte.
C'est à cet instant qu'il réalisa vraiment qu'il comprit toutes les implications de la situation dans laquelle il se trouvait. Il était bloqué ici. Il devait se soumettre ou être tué.
Il avait 17 ans, et il allait mourir.
Il y eut un moment où son cerveau resta vide, vide de toute pensée, de tout sentiment.
Et puis il sortit de sa transe, et réalisa avec un brin d'amertume que sa mort ne l'attristait pas plus que ça. Après tout, des milliers de personnes sur terre seraient sans doute soulagées de savoir qu'il y avait un loup- garou en moins qui se promenait dans les rues...
Il n'avait pas peur. Il n'y aurait plus aucune douleur, plus aucune transformation, plus...
Il n'y aurait plus personne.
Remus frissonna.
Mais il ne pouvait pas abandonner, se laisser attraper, emmener par cette meute...
Jamais...
Il était un Gryffondor, non ? Oh bien sûr, il n'avait pas la témérité folle de Sirius ou l'héroïsme insensé de James... Mais il n'était un Gryffondor. Il allait lutter. Jusqu'au bout. Et se raccrocher à ce qui lui restait.
Il ferma les yeux. Il n'était pas vraiment seul, pas encore.
Lorsqu'il fermait les yeux, des formes sortaient des ombres. Elles prenaient des formes humaines. Il reconnaissait ces silhouettes. Un visage rond, des yeux un peu nerveux, mais des yeux amis. Une chevelure noire emmêlée, un sourire triomphant aux lèvres.
Il les sortit de sa mémoire, un par un, tous ceux qui comptaient pour lui. Il les fit danser autour de lui, se raccrocha à leur présence. Il avait moins mal, à présent.
Il garda son visage préféré en dernier. Il décida de lui consacrer tout son temps, de lui offrir toute son attention, pour pouvoir appeler une image parfaite.
Il dessina mentalement un corps élancé, à peu près de sa taille. Des cheveux qui tombent jusqu'aux épaules, et une beauté tellement masculine, pourtant... La tête inclinée sur le côté, avec cette petite moue séductrice, supérieure, parfois blasée mais toujours élégante. Et puis cet air sûr de lui, irrésistible, agaçant... Les vêtements choisis négligemment, mais qui lui vont à la perfection. Le petit sourire satisfait, un brin machiavélique, sur les lèvres...
Il détailla chaque petite chose, chaque note de couleur, chaque brin de tissu, chaque cheveu. Et le reste.
Cette espèce d'inconscience, d'insouciance pour tout ce qui ne pouvait pas lui procurer un bonheur, un plaisir immédiat... Cet éclat amusé dans ses yeux gris...
L'odeur d'aventures et de frissons et d'amour et de sécurité et de manque...
Remus pouvait presque le voir. Comme s'il était juste en face de lui.
Il n'avait qu'à garder les yeux fermés.
Remus passerait la main dans ses mèches noires. Il caresserait sa nuque, et la petite peau douce, juste derrière ses oreilles. Il moulerait son corps contre le sien.
Il l'embrasserait jusqu'à ce que ses yeux ne brillent plus qu'argent, que ses lèvres soient rouges et qu'il ait du mal à calmer sa respiration. Jusqu'à ce qu'ils aient l'impression que le temps n'existe plus.
Pendant un moment, il se contenterait de le serrer contre lui, de le laisser se raccrocher à lui... Et puis il se pencherait un peu, et il pourrait murmurer son prénom à son oreille. Et Sirius sourirait en entendant la voix de Moony.
Ils resteraient comme ça un moment. Et puis ils parleraient de leur appartement à Londres, et Remus pourrait lui dire qu'il était heureux, anxieux, excité, de pouvoir s'installer avec lui. Il fallait qu'il le lui dise il n'avait jamais pris le temps, jusqu'à présent. Ils parleraient des travaux qu'il allait falloir faire, quelques coups de baguette, presque rien, et puis acheter un lit assez grand, et est-ce qu'ils pourraient enchanter le plafond pour pouvoir voir le ciel, les soirs d'été...
Remus se rendit compte un peu plus tard que deux larmes avaient séché, le long de ses tempes.
Il passa une éternité allongé au sol, à amener à lui l'image de ses amis, quand le désespoir revenait, à chercher ce qu'il pourrait faire pour s'en sortir. Au bout d'un certain temps, il s'aperçut que la douleur dans son crâne avait presque disparu.
Il resta dans le noir, à contempler le plafond.
Les minutes mettaient des siècles à passer.
Et puis finalement, une lumière apparut au milieu des ténèbres.
Juste une petite luciole lumineuse, derrière la barrière de fumée pâle.
Les pans vaporeux furent écartés, et une petite silhouette se faufila à l'intérieur.
Remus cligna des yeux.
Peut-être... Peut-être que Bleiz l'avait déjà tué... ? Sans qu'il s'en rende compte ?
Peut-être qu'il était mort, et que ça n'avait pas été douloureux, et que maintenant, les Dieux envoyaient un ange récupérer son âme.
Un ange. Un ange qui avait les traits de...
-Beth...
Les yeux du garçon s'agrandirent un peu quand Remus souffla son prénom. Ils étaient immenses, ces yeux. Et toujours aussi clairs. Beth fixait Remus d'un air timide, inquiet, apeuré... Il avait l'air trop jeune, abandonné, flottant dans des vêtements trop grands pour lui. Il dansait d'un pied sur l'autre, sans oser approcher.
Ca faisait des mois que Remus ne lui avait pas parlé des mois qu'ils se croisaient dans les couloirs, se disaient bonjour d'un signe, sans plus. Mais bizarrement, en le voyant ici, Remus commençait à reprendre espoir, à se sentir mieux.
Remus se redressa, passa en position assise. Il hésita un moment, mais finit par faire signe à Beth d'approcher. Le gamin fit trois pas en avant, mais n'osa pas venir plus près. Mais il avait l'air un peu soulagé de voir que Remus pouvait s'asseoir.
-Beth... Qu'est-ce que tu fais là ?
Le jeune garçon tripota sa baguette en se mordant la lèvre. La lumière faisait naître des ombres mouvantes sur son visage.
Sa voix n'était pas assurée, faible, tremblante. Ses yeux étaient rivés au sol.
-Je... Je suis venu voir si tu allais bien...
Et Remus ne put s'empêcher de sourire.
-Ca pourrait aller mieux, mais ça pourrait être pire, n'est-ce pas ?
Beth ne répondit rien. Il avait l'air prêt à s'effondrer.
Remus décida qu'il valait mieux essayer de le rassurer, s'il voulait continuer à lui poser des questions.
-Merci de t'être inquiété.
Beth releva les yeux un instant, une lueur d'espoir et de bonheur dans le regard il retourna à sa contemplation du sol une seconde après, parce que Remus avait demandé :
-Comment as-tu fait pour entrer, Beth ?
Ses cheveux pâles lui cachaient un peu le visage, quand il baissait trop la tête.
-J'ai demandé à Varrou et Darou s'ils pouvaient m'ouvrir. Je leur ai dit que tu étais mon ami, et que j'en avais pas pour longtemps, alors ils ont bien voulu. Ils sont gentils, tu sais, et...
Remus haussa un sourcil.
-Varou et... ?
Beth rougit.
-Des jumeaux...
-Je crois que je les ai déjà vus.
Ils se turent. Remus laissa passer un instant avant de retourner à la charge.
-Qu'est-ce qui se passe ici, Beth ? Je sens une vingtaine de personnes...
-On attend...
Remus résista à l'envie de crier de frustration si Beth ne répondait que par un ou deux mots à chaque fois, ça risquait de durer longtemps. Le Loup aurait hurlé de frustration. Sirius aurait hurlé de frustration.
-Et qu'est-ce que vous attendez ?
Beth continuait de jouer avec sa baguette, d'un air embêté.
-On attend Melle Neurès pour pouvoir prendre le Portoloin.
-Neurès ?
-Oui, parce que c'est la femme du chef de Darou et Varou, alors elle doit revenir...
Mais ça, ça n'aidait pas vraiment Remus : il l'avait plus ou moins deviné. Pourquoi une femme, atteinte de lycanthropie, mettrait-elle en danger sa vie, sa position, son travail, toutes les chances qu'elle a, pour pouvoir kidnapper un de ses élèves ?
Parce que la personne qu'elle aime le lui a demandé. Le Menou et elle devaient partager un lien extrêmement fort. Remus avait du mal à concevoir qu'on puisse s'attacher à un tel être, mais seul un Lien, un Lien de sang, aurait pu pousser Neurès à trahir Dumbledore, Remus en était certain.
-Beth... Qu'est-ce que tu sais de Darou et son frère ?
Beth pâlit un peu, regarda Remus sans rien dire. Et ça suffit pour apprendre à Remus tout ce qu'il voulait. Beth savait. Il était au courant pour la meute. Alors il devait savoir pour le reste...
-Qui sont toutes les autres personnes avec la... La famille de Darou ?
-Des élèves d'Hogwarts.
Remus mit plusieurs secondes à enregistrer cette information.
-Des... Des élèves ?
Petit hochement de tête prudent.
-Qu'est-ce qu'ils font avec des loups-garous... ?
-On va tous aller chez Celui... Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le- nom...
Les pensées coulaient comme du métal en fusion, dans l'esprit de Remus.
Voldemort... Il y avait ici des adolescents, des enfants, et ils allaient tous chez Voldemort...
Il eut l'impression d'avoir le vertige, un instant.
Puis la sensation nauséeuse retomba, et il ne resta qu'une seule question :
-Pourquoi ?
Mais Beth secoua la tête d'un air impuissant.
-Pourquoi tu es là, Beth ? Pourquoi tu es avec eux ?
Beth était un enfant, quelqu'un de gentil et de doux il n'aurait pas du être ici, dans des grottes sombres, avec des gens qui pouvaient le tuer sans même y réfléchir. Il n'aurait pas du être seul...
Une inspiration tremblante. Désespérée.
-Je... Je ne voulais pas lui dire, mais... Mais Melle Neurès a compris, pour l'Angelos, et c'est ma faute, et elle, elle...
La baguette du gamin retomba à son côté. Son visage fut mangé d'ombres.
-Elle a voulut parler à Elyz et...
Il tremblait.
-Elyz dit que c'est mieux, qu'on reste avec eux... Mais ils... Eux...
Une larme tomba à terre, lourde, douce, pour mouiller la terre. Et puis une autre, encore, et encore...
Remus serra les dents et se releva. Ce ne fut pas aussi dur que tout à l'heure, mais ses jambes étaient toujours mal assurées. Il faillit retomber au sol.
Mais finalement, il était debout, et il tendit un bras vers Beth, l'attira gentiment contre lui. L'enfant continuait de pleurer.
Un moment, Remus aurait aimé pouvoir être Sirius, parce que Beth aurait sans doute été plus vite rassuré, plus vite consolé, protégé, par la présence de son idole aux cheveux noirs. Mais Sirius n'était pas là.
Remus continua de le bercer jusqu'à ce qu'il se calme, que les sanglots se transforment en petits hoquets étranglés qui finiraient par disparaître.
Ilq auraient pu rester là jusqu'à ce que la meute revienne, jusqu'à ce que la mort ou l'enfer arrive. Mais ils étaient des Gryffondors. Et Remus avait repris espoir.
-Tu n'es pas heureux, ici, c'est ça, Beth ?
-J'ai peur...
Il parlait avec une toute petite voix, une voix étranglée par les larmes.
Remus le prit doucement par les épaules, le força à reculer pour pouvoir le regarder en face.
-Beth, est-ce que tu veux que les loups partent d'ici ?
Beth frotta ses yeux rougis avec le bout de sa manche, et hocha la tête lentement.
-Est-ce que tu veux que personne ne rencontre Voldemort ?
Un frisson, mais un autre hochement de tête, plus déterminé, celui-là.
Remus fit de son mieux pour faire à Beth un sourire rassurant.
-Alors... Il va falloir que tu m'aides. Tu es d'accord ?
L'enfant fronça les sourcils, eut l'air d'attendre que Remus s'explique un peu plus.
-Il faut utiliser l'Angellos pour dire aux autres où nous sommes. Ils viendront nous chercher.
Les yeux de Beth s'agrandirent. Ce n'était plus de la peur, ou de l'inquiétude qui brillait au milieu du bleu pur.
C'était de la terreur.
-Mais... Elyz...
-Beth. C'est important, tu comprends ça, n'est-ce pas ?
Il fallut dix minutes d'encouragements, et de promesses, pour que Beth réussisse à envisager l'idée d'envoyer l'Angellos.
-Elyz le saura. Elle le saura tout de suite, si je l'utilise, elle va être furieuse, elle va me détester...
Remus passa une main sur la tête de Beth, pour le rassurer. Il s'efforçait de garder son calme, mais il savait qu'ils n'avaient pas tout leur temps. Si la meute revenait, si le signal était donné pour activer le Portoloin...
-Beth... Je te promets que je m'occuperai d'Elyz. Je lui parlerai. Je suis sûr qu'elle comprendra.
En son fort intérieur, Remus se demandait si Elyz lui laisserait le temps de s'expliquer avait de l'écorcher vif. Il avait des doutes. Si il réussissait à convaincre Beth d'utiliser l'Angelos, il était sûr qu'elle le mettrait au même niveau de Sirius. Ca ne le faisait pas rire du tout, mais il n'avait pas le choix.
-Je t'en supplie, Beth... Il faut prévenir les gens à Hogwarts. Ils s'inquiètent, j'en suis certain...
Une petite rougeur colora les joues de Beth, l'espace d'une seconde.
-Tu crois que... Que Sirius s'inquiète ?
-Oui. Je le sais. Je le sens.
Beth eut un minuscule sourire, un sourire fatigué il prit une profonde inspiration, et elle sonna comme un soupir.
-S'il te plaît... Il n'y a que toi qui puisses faire ça.
Et finalement, l'enfant hocha la tête.
Il n'y avait plus de trace de peur sur son visage il n'y avait plus trace de rien.
Sans rien dire, il posa sa baguette au sol.
Il ferma les yeux et fit un pas en arrière. Une larme roulait sur sa joue.
Il joignit les mains au-dessus de son coeur.
La lumière se mit à jaillir sans prévenir, elle se déversait hors du corps de Beth, elle emplissait toute la petite caverne. Elle flotta un instant devant eux, et Remus avait l'impression qu'elle était heureuse. Il avait l'impression de l'entendre rire.
Et puis finalement, la lumière ondula, se concentra, et dessina une silhouette.
L'Angellos se tenait juste devant eux.
Il les regardait avec un air calme, éthéré. Ses cheveux étaient caressés par une brise que Remus ne réussissait pas à sentir. Il fixa Beth pendant un moment, puis une ombre de sourire passa sur son visage à la beauté androgyne.
Il s'éleva lentement, et disparut à travers la paroi.
Remus se rendit compte qu'il avait arrêté de respirer il se força à garder son calme. Il se tourna vers Beth. L'enfant n'avait pas bougé. Il restait debout juste à côté de Remus, mains crispées sur son coeur, sourcils froncés sous la concentration. Il gardait les yeux fermés.
Et Remus attendit.
Il ne fallut pas longtemps pour qu'ils entendent les premiers cris. Du coin de l'oeil, il vit Beth tressaillir, mais comme il n'ouvrit pas les yeux, ne fit pas un mouvement, Remus devina qu'il luttait pour garder le contrôle de l'Angellos.
On entendait la voix d'Elyz, de plus en plus proche. Elle criait, derrière le voile lumineux qui fermait l'entrée de la cellule. On la sentait qui passait par tous les stades de la colère, de l'impuissance et de l'inquiétude.
Beth tomba à genoux. Mais il n'ouvrit pas les yeux.
On arracha le sort qui entravait l'ouverture. Il se brisa en un million de fils translucides, fins comme des cheveux de fées. Ils flottèrent doucement dans l'air, et s'évaporèrent en touchant le sol.
Et Elyz se précipita dans la salle. Juste derrière elle, Remus aperçut les ombres pâles des jumeaux. Ils étaient assis à l'entrée de la pièce, probablement pour monter la garde. Ils observaient la scène d'un air vaguement curieux.
Remus dut se jeter en avant pour bloquer Elyz avant qu'elle n'atteigne Beth.
Il la saisit par les poignets, l'obligea à lâcher sa baguette. Elle tenta de se débattre, de frapper, mais elle n'avait pas la force du loup-garou la rage ne faisait pas tout. Il réussit à la mettre au sol sans problème.
Elle criait. Il dut lui mettre la main sur la bouche pour étouffer les sons. Les Jumeaux ne considéraient peut-être pas que ce qui se passait pouvait représenter un danger, mais Bleiz risquait de ne pas être d'accord.
Ils restèrent ainsi un moment, haletants, jusqu'à ce qu'il y ait un petit cri étouffé, à côté d'eux.
Beth avait rouvert les yeux. Il regardait Remus et Elyz avec des yeux terrifiés.
Remus lui lança un regard inquiet.
-Tu as pu les prévenir ?
Beth hocha la tête, mais même ça semblait trop pour lui, à présent. Il resta là, tête baissée, épaules tombantes. Remus sentit une espèce de pitié monter en lui. Elyz s'était calmée. Elle ne disait plus rien. Elle n'essayait plus de crier. Il la lâcha, et s'approcha de Beth, passa un bras autour des épaules trop fines.
Elyz dut prendre appui sur le mur pour se relever. Il se demanda s'il lui avait fait mal en la plaquant au sol. Il avait été prudent, pourtant.
Elle les regarda un instant, ramassa sa baguette, éclaira un peu plus la pièce. Ses joues étaient creusées, elle avait des cernes sous les paupières.
Ses yeux avaient l'air incroyablement sombres, soudain. Les yeux d'Elyz avaient toujours été aussi clairs que ceux de son frère. Mais aujourd'hui, ils avaient l'air noirs ses pupilles étaient dilatées à leur maximum. Remus ne pouvait pas dire si c'était à cause de l'obscurité, de la colère, ou d'autre chose.
Elle lui jeta un regard froid.
-Lâche-le.
Il ne fit pas mine de bouger.
Elle avait presque l'air aussi fatiguée et perdue que Beth.
-Il faut que nous allions dire aux autres ce que vous avez fait. Il faut que nous partions.
Mais cette phrase avait été dit d'un ton las.
Ils s'observèrent longtemps. Beth tremblait.
-Pourquoi... ? Elyz, pourquoi tu fais ça ?
Un son comme un rire désabusé s'échappa de ses lèvres.
-Enfin... Est-ce que ce n'est pas évident ? Pour Beth ! Je fais ça pour Beth !
Le rire disparut. Elle s'adossa à la paroi pour pouvoir rester debout.
-Tu ne vois pas, Rémus ? Voldemort va gagner... Il va tuer tous ceux qui ne sont pas avec lui, et il n'aura aucune pitié... Même Dumbledore ne pourra pas empêcher ça.
Son ton n'était plus fatigué, maintenant il était ferme, déterminé. Froid.
-Mais Voldemort ne tuera pas Beth. Je ne laisserai jamais arriver ça... Et si le prix à payer pour que mon frère survive est un tatouage noir et du sang, alors...
Elle leva le bras, et la lumière claire qu'émettait sa baguette tinta de bleu son bras droit. Le tissu de sa manche avait glissé on voyait un dessin sombre tatoué sur sa peau.
Un serpent.
-J'ai choisi. Et Beth va nous rejoindre, parce qu'il va vivre.
On ne voyait plus du tout le bleu clair de ses yeux. Ses prunelles étaient entièrement creusées de nuit. Mais Rémus ne détourna pas la tête.
-Tu ne peux pas lui faire ça, Elyz... Tu ne peux pas entraîner Beth là- dedans.... C'est un enfant...
Elle émit un son comme un petit rire sec, cassé, et rejeta un peu la tête en arrière.
-C'est la guerre, Rémus. Il n'y a pas d'enfant. Il n'y a plus d'enfants nulle part.
-Ils vont le briser, Elyz...
-Il va survivre. C'est ça qui est important.
Un silence. Et puis...
-Tu n'as pas le droit, Elyz... Il a le droit de décider lui-même...
Les yeux de la jeune fille quittèrent un instant ceux de Remus, partirent se perdre dans les ombres.
-Tu ne comprends pas, Remus... Si l'un d'entre nous rejoint ce camp, l'autre n'a pas le choix. Il vient aussi.
Elle se tourna sur le côté, se replia sur elle-même.
-Je le sais depuis que je suis toute petite. Toute seule... Je ne suis rien. Je n'existe pas. Tu aurais du voir la tête de mes parents, quand ils se sont aperçus que je ne pouvais pas produire d'Angellos... J'ai cru qu'ils allaient m'abandonner.
Elle se laissa glisser au sol.
-Et puis finalement, Beth est arrivé. Et nous avons compris... Touts seuls, on ne pouvait rien, mais à deux... A deux...
Elle tourna la tête vers eux les regarda avec son regard noir, son regard trop vide.
-C'est pareil aujourd'hui. Seuls, nous ne les intéressons pas... Ils nous tueront... Alors... Il faut qu'on reste ensemble... Il n'a pas le choix...
Et finalement personne ne dit plus rien, et ils restèrent en silence. Remus continuait de serrer Beth contre lui, et il avait l'impression soudain d'avoir grandi trop vite.
Les jumeaux continuaient d'observer sans rien dire.
Il y eut un instant de calme, quelque chose d'éternel.
Et puis les premiers cris parvinrent jusqu'à eux.
Les jumeaux levèrent la tête, dressèrent l'oreille. Un signe de tête, et ils se relevèrent et disparurent vers ce qui semblait être une grotte un peu plus grande.
On entendit un cri d'exaltation, de triomphe, un cri de folie furieuse, et soudain Remus fut debout, le coeur battant.
Sirius était là.
Sirius était venu.
Elyz courut jusqu'à Beth, le remit sur ses pieds, lui colla sa baguette dans la main et le força à avancer.
Tous les trois, ils se dirigèrent vers la source du vacarme. Elyz gardait son frère bien derrière elle.
Il y eut un long couloir au sol inégal, et plus ils avançaient, plus la lumière de l'extérieur, de la nuit de Juin, leur parvenait. Ils se rapprochaient de la sortie. Remus était tendu, vif. Sirius était venu.
Ils arrivèrent à la grotte principale.
Et Remus découvrit un véritable champ de bataille, mal organisé, vivant mortel. Des explosions de couleur illuminaient la salle. Des dizaines de chandelles flottaient en l'air, jetaient une lumière dorée sur la grotte. L'excitation commençait à monter dans les veines de Remus.
Dans toute la salle, il apercevait les silhouettes grises des élèves d'Hogwarts, il mettait des noms sur les visages tendus, il voyait des connaissances, de parfaits inconnus, parfois et puis Bellatrix, et Regulus, et Severus et...
Les visages tournaient trop vite pour qu'on en aperçoive plus qu'un fragment, juste le temps de les identifier, et puis l'attention était attirée par un nouveau mouvement, par un cri, et un élève qui venait d'être touché par un sort, et qui se débattait avec les cordes, la poix ou pire...
Les bruits de la bataille résonnaient dans toute la grotte. C'était un vacarme épouvantable.
Tous les élèves semblaient essayer de se diriger vers un point de la salle, une table blanche d'aspect banal, mais dont la présence paraissait incroyablement décalée au milieu de la grotte. C'était le Portoloin, Remus en était presque certain. Ceux qui l'atteindraient pourraient s'enfuir. Rejoindre Voldemort.
Mais réussir à arriver jusqu'à la table n'était pas chose facile. Des éclairs fusaient dans tous les coins, en provenance d'un pic rocheux, près de l'entrée de la grotte.
Retranchés derrière l'abri naturel que formait le caillou, Sirius et James envoyaient des sorts dans tous les coins, parfois sans même prendre le temps de viser. Quoique les tirs de Sirius semblaient très souvent se diriger vers Bellatrix, Regulus et Snape, bizarrement.
Remus fronça les sourcils. Sirius et James n'étaient pas seuls. Il y avait quelqu'un d'autre avec eux. Et ce n'était pas Peter.
Kallyah se défendait comme une lionne, mais elle n'avait pas la fougue ou la hargne des deux autres. Elle prenait son temps pour choisir ses cibles elle réfléchissait.
C'était aussi bien : la meute était en train de les encercler, au fur et à mesure, et si Skin et les jumeaux n'étaient pas armés d'autre chose que leurs griffes, Bleiz et l'homme à l'air malade, eux, ripostaient à chaque sort lancé dans leur direction.
Remus jeta un regard en coin à Elyz. Ses mains étaient accrochées au corps de son frère, massait doucement ses épaules. Mais ses yeux ne quittaient pas la silhouette de Kallyah.
Il y avait une douleur lointaine dans ce regard là.
Et puis, tout d'un coup, tout s'arrêta.
Un éclair de lumière partit de la baguette de Bleiz, s'écrasa sur le rocher. Kallyah cria, s'effondra en arrière à côté de lui, Elyz se tendit. Les deux Maraudeurs avaient plongé à temps.
Mais James et Sirius se retrouvaient à présent à découvert. Ils évitèrent une attaque, deux, roulèrent sur le côté à la troisième, et James réussit à lancer un sort qui atteignit Skin au visage.
Mais finalement, l'un après l'autre, ils se firent prendre. Un éclair lumineux, et ils furent soudain empêtrés dans des mètres et des mètres de cordes.
Un silence de mort tomba dans la salle.
Remus résista à l'envie de crier, de courir, en voyant Bleiz s'approcher de Sirius et James. Il était à des mètres de distance, mais il était certain que les yeux du Menou lançaient des éclairs. Il devait être prêt à tuer.
Remus serra les poings.
Il fallait qu'il se rapproche discrètement. Il fallait...
Bleiz décocha un coup de pied dans les côtes de Sirius. Paddie se recroquevilla sur lui-même, mais finit par relever la tête d'un air insolent. Remus sourit quand le jeune homme cracha sur la botte du Menou.
La voix de Bleiz roula comme le tonnerre.
-Comment avez-vous fait pour arriver jusqu'ici ?
Les deux garçons échangèrent un regard amusé.
-Tu crois qu'on devrait lui dire, Jamie ?
-Nooon... Il n'a pas demandé poliment, pas vrai, Paddie ?
James leva les yeux vers le Menou en s'efforçant de prendre un air très sérieux.
-Vous savez, vous devriez essayer de dire 's'il vous plaît, je cherche à sav...'
Le sourire de Remus s'effaça quand un autre coup envoya James rouler en arrière.
Mais au grand soulagement de Remus, James se redressa presque aussitôt. Si l'on ignorait le filet de sang qui lui coulait le long du menton, il avait l'air parfaitement en forme.
Bleiz, par contre, avait l'air prêt à exploser. Il grognait comme un fauve poussé à bout.
-Où sont les autres ? Ne me faites pas croire que vous nous avez attaqués seuls...
Mais les seules réponses qu'il obtînt furent un sourire très fier de James et un manque total d'intérêt de la part de Sirius.
Manque d'intérêt sûrement dû au fait que ses yeux gris venaient de se poser sur Remus. Il eut un sourire éclatant. A le voir comme ça, on avait l'impression qu'être attaché et à la merci d'un homme trois fois plus fort que lui était une partie de plaisir. Un jeu.
Seulement c'était loin d'être un jeu.
Bleiz suivit le regard de Sirius. Ses yeux tombèrent sur Remus d'abord, puis sur Elyz et Beth, juste derrière lui.
Il poussa un cri de rage.
Après, tout ce passa trop vite.
Remus ne vit pas clairement ce qui arriva.
Plus tard, le soir, avant de s'endormir, il se torturerait avec ces images, encore et encore, jusqu'à ne plus pouvoir rêver, jusqu'à ne plus pouvoir penser.
Mais il ne saurait pas bien pourquoi le sort ne lui fut pas destiné.
Peut-être... Peut-être que Bleiz avait compris... Qui avait trahi, qui avait indiqué où ils se trouvaient.
Peut-être...
Alors il avait puni.
Un éclair vert.
L'éclat blafard sur le visage de Beth.
Le cri silencieux sur ses lèvres.
Et puis soudain une ombre, quelqu'un qui se jette en avant, et Beth projeté à terre, comme une poupée, un bout de chiffon, jeté là, par hasard, juste un instant...
Le corps d'Elyz.
Ce corps qui tombe, lentement, comme si on avait brisé ses fils.
La surprise et la douleur sur son visage.
Ce corps qui n'en finit pas de tomber.
L'éclat mort, dans les yeux clairs.
Ce fut le point de départ de l'apocalypse.
Soudain, venant de l'entrée de la salle, une dizaine de sorts éclatèrent en même temps.
Et là encore, tout allait trop vite.
Remus resta presque immobile au milieu des élèves qui fuyaient pour attraper le Portoloin, au milieu des cris et des rayons de lumière.
Il était incapable de bouger. Il ne pouvait faire que regarder.
De fait, plus tard, il ne lui resta qu'une suite d'images, comme un album de photos que l'on déroule.
Il y avait d'abord tous les professeurs de l'école, entrant pas à pas dans la grotte, en se battant pour chaque centimètre. Mac Gonagall, et Circa, et Flitwick...E t Dumbledore. Tous, baguettes au poing et l'air prêts à tuer pour pouvoir ramener leurs élèves.
Et derrière eux, Lily, armée et concentrée, et Peter, l'air effrayé, les joues rouges, comme s'il avait couru pour arriver jusqu'ici. Et il avait effectivement couru, Remus l'avait appris par la suite. Il avait été chargé de prévenir leurs professeurs.
Il y avait Skin, qui ne s'était pas relevée après avoir été touchée par le sort de James, et les jumeaux, accroupis à côté d'elle.
Et puis Bleiz maintenu par leurs professeurs, l'air sauvage. Sur le moment, Remus avait pensé qu'une fois en prison, le Menou préfèrerait se suicider. C'était sans doute l'homme qui ressemblait les plus à un loup, dans cette meute.
Remus avait découvert en lisant les journaux, que l'homme à ses pieds, celui qui avait l'air malade, s'appelait Cervier. De lui, Remus n'avait gardé presque aucun souvenir.
Il y avait aussi l'image de Sirius et de James, au milieu de tout ce champ de bataille, qui se débarrassaient de leurs liens d'un air nonchalant.
Il y avait le Portoloin qui finit par disparaître, emmenant avec lui une dizaine d'élèves, et l'ultime regard de Bellatrix, triomphant, éclatant.
Il y avait Lily, blottie contre James, qui ne cherchait même pas à cacher ses pleurs de soulagement, et le sourire stupide mais content de son petit ami.
Il y avait l'image du visage de Sirius, quand il put enfin se précipiter vers Remus, et vérifier que son précieux Moony n'avait rien, et qu'est-ce que c'était que cette blessure au front ?
Il y avait le regard surpris, ensuite, quand Remus l'avait attiré tout contre lui, sans se soucier de leurs professeurs ou des élèves qui n'étaient pas partis.
Et puis, l'image qui ne disparaîtrait jamais, celle qui était gravée plus profondément que les autres...
La brume lumineuse qui s'échappe du corps froid d'Elyz, qui prend ses traits, et qui s'approche de Beth. Qui caresse ses larmes sans pouvoir les sécher, qui passe ses doigts entre les mèches blondes, mais qui ne peut pas les toucher.
Et ce fantôme lumineux qui s'efface lentement, doucement, comme un songe.
Kallyah en pleurs, agenouillée près du corps qui commence juste à refroidir.
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TBC...
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Une dernière petite chose : de l'étymologie !! (Ouais, pasque tous ces noms, je les ais pas inventés au pif... Bon... Ceux de la plupart des élèves et de quelques professeurs, d'accord, je les ai imaginés... Mais sinon... Oh-oh... J'ai fait des recherches !!)
Menous : eh, vous avez du le deviner, maintenant ! C'est un terme de vieux français (on dit aussi Meneux) pour désigner les Meneurs de Loups, des hommes craints, étranges, un peu sorciers, qui parcouraient les campagnes accompagné par des loups.
Bleiz : chez les celtes, c'était un ermite qui vivait en forêt avec un gros loup gris Bleis est également le nom gaulois du loup.
Neurès : ce terme fait référence à un peuple de l'Antiquité, dont on disait qu'ils pouvaient se changer en loups. J'ai aussi trouvé un 'Neure' qui est un loup-garou, fils des Scythes et des Amazones. Ah, et puis j'ai aussi entendu parler d'un Neure, qui pour les Slave se change en loup, mais une fois par an seulement. (Bon, mes sources ont toutes un avis différent sur Neurès, c'est pas ma faute...)
Cervier : dans le Midi, c'est comme ça qu'on appelait un loup très puissant, qui attaquait les cerfs. Dans la fic, Cervier est le loup le plus fort de la meute. C'est l'origine de son air maladif, quand il est sous forme humaine : c'est un de ceux qui subit les transformations les plus violentes, Menou ou pas.
Varrou et Darou : le Varrou, c'est le nom du loup-garou, dans le Cotentin, Darou, c'est celui du loup-garou en Lorraine. Les deux termes étaient très proches, au niveau du sens et de la sonorité, donc ça collait bien aux jumeaux... Et puis... Je trouve ces sons très doux, comme un ronronnement d'animal, alors ça collait à leurs personnages... (En même temps, on les a pas beaucoup vus, mais bon...^_^ )
Voilà !! Cette fois-ci c'est bien la fin du chapitre ! (Sniff...) Et dans deux semaines, ce sera la conclusion de Menous, avec un petit épilogue raconté par Sirius !
D'ici là, gros bisous à tous ! Et si vous avez la moindre question sur l'histoire, des corrections à apporter, des critiques ou du soutien à apporter... Eh, y a qu'une seule chose à faire... Revieeeeeew !!
Disclaimer : Bin non, ils m'appartiennent pas. Mais vu ce que je fais des persos qui m'appartiennent, je me dis que c'est peut-être mieux...
C'est Moony qui raconte !! (J'aime écrire avec Moony... Je ne le répèterai jamais assez...) Bref, j'espère que ça vous plaira !!
Marchiiii pour les reviews !!
Arlein merci pour tes compliments !! (^_^ !!) Et t'inquiète pas, toutes questions vont trouver leurs réponses dans ce chapitre... Aaaah, il est gentil, Remus, de répondre à tes interrogations, non ? Et voui, moi aussi, j'aime Sirius en colère !! (groar)
De rien pour le mail, hanna ! Et t'inquiète pas, je peux pas tuer Remus... Enfin... Pas encore...
Kyah ! Merci Lulu !! Voui, ils sont parfaits l'un pour l'autre, et je m'accroche à l'idée que JK Rowling le sait mais ne dit rien d'explicite... !! C'est soit ça, soit les persos ont décidé qu'ils allaient la manœuvrer pendant l'écriture et font passer des messages subliminaux pour essayer de lui dire qu'ils *veulent* être ensemble... Et pour tous tes compliments, un gros merci !! (Moi aussi, ça me plairait de pouvoir écrire d'autres fics... J'ai des idées !! Eh eh !!)
Pissenlit kikou et bon retour sur ffnet !! Voui, moi aussi je suis un peu triste que ce soit fini... Mais je crois que je n'écrirai pas de suite à Menous... D'autres fics indépendantes, oui, mais une suite à Menous... Non... Pasque Menous devait faire leur septième année, mais pas plus... Et voui, tu as bien deviné, Neurès a un rapport avec Tu-sais-qui... Mais un rapport... Indirect, dirons-nous... Elle est liée directement à quelqu'un d'autre, et par un lien plus puissant...
Ouah ! Coucou Shinia Marina !!! (Shinrin toujours aussi ravie d'avoir des reviews de Shinia) C'est pas grave si tu laisses pas de review à chaque fois, moi, même une de temps en temps, ça me va !! Mais... Voui, voui, c'est la fin... Gomen... Et Remus est... Tatataaaa....
LOU4, tes reviews me font marrer à chaque fois alors... J'te dédicace une révérence (fait la révérence) ! Hein ? C'est nul, une révérence ? Maieuh... De gros, gros bisous, et à bientôt !!
Saria3 coucou et merci de ta review ! Je publie la suite tout de suite et... Euh... Je sais pas si ça va vraiment te faire rire, mais enfin, euh... Bon, euh... C'est la fin, quoi...
Alana !!! Tu as parfaitement deviné !! (mais chuuut, c'est un secret, d'accord ?... Enfin... C'est un secret jusuq'à la moitié du chapitre...) Et merci pour tes compliments !! (Se retrouve avec une belle petite rougeur sur les joues mais un grand sourire content)
Arwen, je m'excuse pour le comportement de Lily... Mais c'est que... Elle a eu une journée très chargée, alors elle a pas eu trop le temps de s'occuper de James... Et pis elle souffre d'une auteur qui a décidé que... Bin... Le coup des miettes sur les lèvres c'était une allusion subtile (à la base, je voulais que James les recueille du bout de la langue, mais j'ai pas osé...). Et pis alors là... Bin... On va pas la voir beaucoup... Ce chapitre, c'est du Remus partout, quoi... Paaaardon !!
Titou Moony, faut pas tuer Neurès !! J'en ai besoin pour ce chapitre !! Après... Bin ouais, après, si tu la veux, je te la file, pas de problème ! Et voilà la suite !!
Tsukiyo, tu vas avoir la réponse à tes questions d'ici un petit moment !! ^_^ !! Voui, je crois que je suis un peu cruelle avec les persos, parfois, mais... Eh ! La vie n'est pas *tout le temps* rose, alors y a pas de raison de ne pas faire tourner Paddie en bourrique de temps en temps...
Papyrus, merci pour ta review !! Ca fait toujours plaisir d'avoir des compliments, et ça encourage à continuer !! Marchi !!
Urumi, c'est pas grave, review quand tu veux !! Ca me fait plaisir n'importe quel jour !! Et pour les autres fics... Voui, j'espère pouvoir en écrire d'autres... J'ai ma petite idée pour le début de leur histoire... On va voir ce que ça donne... Bisous encore !
Et enfin Mpb, pardon, la présentation est encore toute pourrie, je rattraperai le coup d'ici Lundi !! Promis !! Et je t'envoie le texte par mail !
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. MENOUS Juin 2ème partie .
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Ce que Sirius pouvait avoir raison souvent, ces derniers temps...
Vraiment...
Si Remus n'avait pas eu aussi mal à la tête, il aurait presque pu en rire.
Et dire que Sirius le lui avait répété, dire qu'il était passé de l'inquiétude à l'agacement, avait insisté des dizaines de fois pour avoir le droit ne serait-ce que d'attendre Remus à la porte du bureau de Neurès...
Mais non... A chaque demande implorante, à chaque démonstration de colère, Remus avait répondu par un non ferme. Sirius exagérait tout le temps, tout le monde savait ça. Sirius était un amant trop inquiet. Sirius pouvait se transformer en gosse irresponsable, incontrôlable. Sirius...
Sirius avait eu raison.
Et Remus avait refusé d'écouter.
Après tout, qu'a-t-on à craindre d'une femme à l'air doux, aux longs cheveux blancs, et au sourire de grand-mère ? A quelqu'un qui vous a vu toutes les semaines, pendant une année entière, qui vous a lu tou les chapitres de votre manuel de Défense contre les Forces du Mal ? Quelqu'un avec qui vous avez discuté, quand vous vous croisiez au détour d'un couloir ?
Quelqu'un qui vous tend une tasse de thé, et attend patiemment de savoir quelles questions vous vouliez lui poser.
Rien. On ne devrait rien avoir à craindre de ces personnes là.
Melle Neurès avait un parfum de fleur séchée, un parfum bienveillant, un parfum d'eau, une odeur de femme. Melle Neurès avait un regard clair et calme.
Et Remus ne s'était pas méfié.
Ils avaient discuté de choses et d'autres, de ce que ferait Remus l'année prochaine, où il allait s'installer, si il avait déjà trouvé un emploi, et ses amis, le jeune Potter, et Black ? Elle écoutait ses réponses tout en préparant le thé. Remus était sûr que s'il avait connu sa grand-mère, elle aurait pu ressembler à Melle Neurès. Il aurait aimé qu'elle lui ressemble.
Il avait pris la tasse, avait respiré le filet de fumée qui montait vers lui. Le thé avait roulé comme du miel sur son palais. Il avait attendu un peu, bien installé dans son fauteuil, à côté d'elle. Et puis il avait posé ses questions.
Parce qu'il était certain qu'elle lui fournirait des réponses, des explications qu'il pourrait donner à Sirius, à James, pour les apaiser... Parce qu'il ne pouvait pas en être autrement...
Elle l'avait regardé un instant sans répondre. Elle avait bu une gorgée de thé. Sa main ne tremblait pas.
Elle avait reposé sa tasse. Un petit sourire.
Et à partir de ce moment, tout était devenu tellement... Etrange...
Elle souriait.
-Etes-vous satisfait d'être ici, Mr Lupin ?
Il avait cligné des yeux sans comprendre.
-Ne vous arrive-t-il pas de ne pas vous sentir à votre place ?
Remus avait beau plonger ses yeux dans le regard calme, il n'y trouvait rien. Quelque chose de froid et d'immobile. De la glace. Un sourire figé.
-Je m'inquiète pour vous... Quand on m'a parlé de cet incident avec Mr Snape...
Elle secoua doucement la tête de droite à gauche.
-C'est regrettable. Ca a du être très pénible, n'est-ce pas ?
Les yeux de Remus retombèrent sur sa tasse. Il se força à se concentrer sur la couleur du thé. Pâle, un peu dorée, mais pas assez... Pas assez...
L''incident' avec Snape avait été plus que pénible. Remus avait été trahi et on avait découvert ce qu'il était.
Il reposa sa tasse tiède sur la table.
Il ne voulait plus parler avec Melle Neurès. Il voulait partir.
-N'avez-vous jamais pensé que vous seriez plus heureux en compagnie de vos semblables ?
Il releva lentement la tête. Elle souriait toujours. Il commençait à avoir mal à la tête.
-La vie ne serait-elle pas plus simple ?
Il fit un mouvement pour se lever, mais ses jambes étaient comme paralysées. Il dut s'appuyer à la table pour se lever sa peau était parcourue de frissons.
Et la voix de Melle Neurès continuait :
-Avez-vous déjà entendu parler des Menous, Mr Lupin ?
Il s'était figé.
Menous... Oui, bien sûr... N'importe quelle personne ayant passé des heures à faire des recherches sur les loups-garous connaissait l'existence des Menous. Mais peu de gens en avaient vus.
Il était rare de trouver des sorciers qui acceptaient d'approcher les personnes atteintes de lycanthropie. Encore plus rares étaient ceux qui acceptaient de leur consacrer une partie de leur temps... Alors... La probabilité de trouver quelqu'un qui leur consacre sa vie était proche de zéro.
Pourtant... Il existait tout de même dans le monde une petite dizaine de Menous. Des êtres qui maîtrisaient des techniques de transformation d'un niveau élevé. Qui pouvaient se changer en loups, si on leur donnait une peau de cet animal.
Les Menous étaient des sorciers puissants. Des chefs nés.
Grâce à leur don, ils pouvaient prendre la tête d'une meute de loups, la diriger, la contrôler.
Ce n'était pas n'importe quelle meute.
Les Menous pouvaient diriger les loups-garous.
Et sous leur garde, les loups-garous devenaient moins violents, n'attaquaient pas les humains sans ordre de leur chef...
Le Ministère confiait parfois à un Menou une meute d'une dizaine de loups- garous. Une dizaine de personnes qui n'auraient pas à passer chaque nuit de pleine lune dans un des abris sécurisés, surveillés par le Ministère. Une dizaine de personnes qui, le matin venu, ne se réveillerait pas le corps en sang, couvert de blessures qu'ils s'étaient infligés eux-mêmes.
Pouvoir rejoindre la meute d'un Menou était une chance inespérée. Une occasion qui ne se reproduisait pas deux fois dans une vie.
Melle Neurès avait fermé les yeux. Elle avait l'air tellement paisible...
-Savez-vous, Mr Lupin, que mon compagnon est un Menou ? L'un des seuls de Grande-Bretagne...
L'espace d'un instant, la vue de Remus s'était troublée.
Il fixa Melle Neurès sans rien dire. Puis elle rouvrit les yeux. Ses grands yeux clairs et froids.
Remus avait de plus en plus de mal à garder une vision claire. Tout devenait trop flou. Et soudain, au milieu de la brume multicolore, il eut la vision d'une grande louve blanche, un soir de pleine lune.
Ses jambes refusèrent de le porter davantage. Il ne réussit pas à se raccrocher au dos de son fauteuil. Il s'effondra au sol.
Il ne voyait plus rien. Sa gorge commençait à le brûler. Il avait l'impression que l'air refusait d'emplir ses poumons.
Il y eut un bruit de chaise que l'on repousse, et des pas qui frôlèrent délicatement le sol. Et l'odeur, l'odeur douce et fraîche de Melle Neurès. Une main passa sur son front, il sentit des doigts fins jouer avec les mèches de ses cheveux.
-Je suis désolée, Remus.
La main caressa sa tête on aurait dit une parodie d'amour maternel.
Il essaya de s'écarter d'elle, il rassembla toutes ses forces, banda ses muscles son corps refusa de bouger.
-Je suis presque certaine que tu ne voudras pas rejoindre notre meute, mais quand il a su qu'il y avait un loup-garou parmi mes élèves, Bleiz a insisté pour pouvoir te rencontrer... J'ai repoussé l'échéance, mais maintenant... Il faut y aller...
La main était passée sur sa nuque, gentille, rassurante.
Il se sentait partir.
-Tu es un magnifique jeune mâle... Je suis sûre que la meute t'accepterait sans qu'il y ait aucun problème...
Elle avait sans doute continué à lui parler, comme une mère qui berce un enfant endormi mais il n'avait pas pu entendre. Le monde était devenu un magma noir, où ne lui parvenait aucun bruit, aucune chaleur, aucune couleur, aucun parfum...
Et Sirius avait eu raison.
Au milieu du néant, Remus avait envie de rire, un petit rire fatigué, en se revoyant repousser Sirius, en revoyant Neurès ouvrir la porte de son bureau avec un sourire...
Il se demanda à quel moment elle avait versé la potion dans sa tasse. Il se demanda quelle potion elle pouvait avoir utiliser ça devait être une potion inodore, incolore... Il ne l'avait pas sentie...
Alors elle n'était seulement douée pour la Défense contre les Forces du mal... ? Elle avait aussi des dons pour les potions ?
C'était un peu injuste...
Dans les ténèbres qui envahissaient l'esprit de Remus, les yeux de Sirius passaient d'un gris de nuage à un noir profond, le noir de la rage, de la souffrance qui explose...
Puis encore... L'éclat argenté d'une tempête, de l'inquiétude... Et l'ombre, l'ombre qui envahit tout... Encore...
Remus s'éveilla une minute, une heure, peut-être un jour plus tard.
Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'il était sortit de l'inconscience. Autour de lui, tout était plongé dans l'obscurité. Il était presque certain d'être seul.
Il était allongé sur une roche dure, froide. Il sentait une croûte de sang séché sur son front. Apparemment, le 'voyage' ne s'était pas passé sans anicroches...
Quand ses yeux se furent habitués à la pénombre, il commença à distinguer ce qui se trouvait autour de lui. Avec précaution, il tourna la tête et promena son regard sur l'espèce de pièce dans laquelle il se trouvait.
C'était une petite excavation, creusée dans la roche de ce qui devait être une caverne. Une caverne perdue dans la Forêt Interdite. Derrière l'odeur de terre humide, Remus était certain de pouvoir sentir le parfum de feuilles vertes et tendres, que dégageait la Forêt à cette époque de l'année.
Il tenta de se relever, mais finit par abandonner l'idée à mi parcours.
Il avait un mal de tête abominable. Il y avait le magma noir qui restait encore accroché à son esprit, et puis la douleur plus profonde, comme un pic enfoncé dans son cerveau, à l'endroit où sa tête avait saigné.
Il resta là, incapable de bouger, appuyé contre la paroi dure.
En face de lui, il y avait comme une déchirure grise sur la paroi noire c'était le seul passage vers l'extérieur. La seule entrée de cette petite pièce la seule sortie.
Remus n'avait pas besoin de se lever pour savoir que jamais il ne pourrait sortir par là. Des traits de fumée blanchâtre, comme des fils de toile d'araignée, marbraient le passage. Ca faisait comme une porte translucide.
Et ça lui brûlerait la peau si jamais il essayait de les traverser sans en avoir reçu l'autorisation.
Il contînt un soupir.
Avec précaution, il tâta ses poches mais comme il pouvait s'en douter, on lui avait pris sa baguette. Le contraire aurait été étonnant.
Il avait un peu froid. L'air tiède de Juin était remplacé par une fraîcheur qui finissait par vous rentrer dans la chair. Chaque fois que Remus tremblait, il avait l'impression que son mal de tête était décuplé.
Il décida d'essayer de se changer les idées. Il referma les yeux la douleur disparut un peu. Il se concentra sur les odeurs qui lui parvenaient. L'odeur de la grotte, et celle de la Forêt, bien sûr, mais aussi toutes les petites odeurs, les petits fragments de choses et d'êtres, tout ce qui pouvait le renseigner plus précisément sur l'endroit où il se trouvait.
Il y avait l'odeur un peu sèche de l'été qui approchait, mais elle était lointaine, vraiment lointaine. Il y avait le parfum de la mousse, mais ça ne l'aidait pas vraiment. Il y avait...
Il cligna des yeux, se concentra un peu plus, pour vérifier qu'il ne s'était pas trompé.
Il y avait une vingtaine d'odeurs humaines.
Il ne pouvait pas mettre un nom sur ces odeurs, mais... Elles lui semblaient vaguement familières.
Et soudain il se souvint de ce que Melle Neurès avait dit.
Un Menou.
Il y avait un Menou... Un Menou et sa meute...
Le pouls de Remus se mit à battre dans ses veines jusqu'à lui faire mal.
Est-ce que... Est-ce que toutes ces personnes pouvaient être des loups- garous ?
Etre... Comme lui ?
'Vos semblables', avait dit Neurès.
Non... Il était impossible qu'une meute puisque compter vingt loups.
Tous ces gens devaient être humains. Une partie d'entre eux devaient être humains.
Le reste...
Remus sentait un bizarre sentiment d'appréhension et de curiosité monter en lui.
Le reste, ça devait être la meute.
Il réfléchit à cette donnée pendant quelques secondes. Une meute.
Quand il avait découvert l'existence des Menous, il avait dix ans. Il était caché au grenier, parce que là, il pouvait lire en paix les livres sur les loups-garous. Les grimoires sur les choses de son espèce. Sa mère aurait refusé qu'il ouvre le plus petit de ces livres elle ne voulait pas qu'il voie sur les scènes de tortures, sur les pamphlets invitant à massacrer ces êtres incontrôlables... Remus lisait quand même, en cachette il apprenait. Souvent, la nuit, il se réveillait en tremblant, après un cauchemar.
Mais parfois, les livres ne racontaient pas de choses horribles sur les gens atteints de lycanthropie. Parfois, ils les plaignaient, ces pauvres victimes malchanceuses. C'est dans un livre de ce genre que Remus avait lu pour la première fois ce mot. Menous.
Assis au milieu des cartons poussiéreux, il avait fermé les yeux, et avait imaginé ce que ça devait être, de vivre dans une meute. Avec des gens qui vous comprendraient. Des gens qui ne détourneraient pas le regard en vous voyant. Des gens qui ne pleureraient pas, au milieu de la nuit, parce que leur enfant est 'anormal'. Des gens qui vous prendraient dans leurs bras pour vous dire qu'ils vous aiment, et qu'ils n'ont pas peur.
Longtemps après, des mois, des années plus tard, chaque fois qu'il faisait un mauvais rêve, chaque fois que la Pleine Lune revenait, il invoquait l'image de cette meute accueillante, qui l'accepterait, le protègerait... Une famille...
Et puis il avait grandi.
Il n'avait plus eu besoin de se créer des rêves pour vaincre les cauchemars. Il avait des amis. Quelque chose de réel et d'éternel, sûrement. Quelque chose qui l'aidait. Qui le rendait plus fort.
Il avait oublié l'image de la meute.
Mais à présent, elle revenait à lui.
Et pour la première fois depuis des années, il essaya d'imaginer à quoi cette meute pouvait ressembler. Il essaya de savoir si cette meute l'accepterait. Il créa des visages, et des voix, et des personnes toutes entières, et les laissa se promener dans son esprit.
C'était doux et étrange ça semblait parfait, magique, et pourtant...
Il était tellement plongé dans sa rêverie qu'il faillit ne pas entendre le petit crépitement du sort que l'on brise un instant.
Il leva les yeux vers l'entrée de la grotte.
Il sut tout de suite que l'homme devant lui était un Menou.
Il avait une présence imposante, la présence d'un chef. Ses cheveux noirs étaient emmêlés, sa barbe n'était pas bien entretenue, et la cape en peau de bête jetée sur ses épaules avait l'air vieille, mais quelque chose soufflait à l'oreille de Remus que l'on devait témoigner du respect à cet homme. Ses yeux vous clouaient sur place, vous évaluaient vous surveillaient.
C'était de lui que Melle Neurès avait parlé.
Bleiz.
Le sort qui entravait la porte crépita à nouveau.
Une femme venait d'écarter les pans de la toile pour pouvoir entrer à la suite du Menou. Elle tînt le passage ouvert le temps que trois hommes puissent la suivre à l'intérieur.
Sans un mot, ils se placèrent au fond de la petite salle, les yeux fixés sur le Menou, attendant apparemment de voir ce que leur chef allait décider.
Remus les observa les uns après les autres. Ils se déplaçaient sans aucune hésitation et pourtant ils n'avaient aucune source de lumière pour s'éclairer. Eux aussi devaient avoir une vue meilleure que celle de la majorité des êtres humains.
Il ne fallait pas beaucoup réfléchir pour comprendre que ces cinq personnes étaient des loups-garous. La meute. Il l'avait sous les yeux.
Il y avait d'abord la femme. Elle était jeune 20-25 ans peut-être.
Même si on ne lui avait dit qu'il y avait une meute de loups-garous à proximité, l'attention de Remus aurait été sans doute attirée par cette jeune femme. Elle dégageait quelque chose de sauvage. De fascinant.
Elle avait de courts cheveux noirs relevés en pics, une peau couleur chocolat elle était vêtue comme une Moldue, avec son jean et son débardeur blanc déchiré par endroits. Ses yeux brillaient d'un éclat étrange, attentifs, vifs, dangereux. On voyait jouer les muscles de ses bras quand elle faisait craquer les articulations de ses poings.
A côté d'elle, un grand homme maigre était adossé à la paroi. Il avait l'air usé par le temps, malade, mais calme et digne, raisonnable. Remus avait l'impression que ses yeux brillaient au milieu de la pénombre.
Il ne regardait pas ce qui se passait. Et Remus savait, sentait, que c'était parce que sa loyauté envers le Menou dépassait tout ce qui pouvait exister. Il accepterait n'importe quoi. Il le suivrait n'importe où, sans protester, sans même essayer de lutter.
Dans le coin le plus éloigné, un peu en retrait, se tenaient deux êtres à la crinière blonde. Ils se tenaient recroquevillés l'un près de l'autre, comme en symbiose, et se désintéressaient éperdument de ce qui se passait à quelques mètres d'eux. Jumeaux, pensa Remus.
Leurs cheveux étaient décorés de petits cailloux, de bouts de bois et de plumes. Leurs mèches étaient si blondes qu'on aurait pu les croire blanches et pourtant les deux jeunes hommes étaient à peine plus vieux que Remus.
Il y avait sur leurs bras une cicatrice en forme de croissant de lune, bien nette et rose sur la peau pâle. Remus se demanda lequel des deux jumeaux avait été contaminé le premier. Lequel avait supplié l'autre de lui transmettre la maladie.
Au bout d'un moment, le Menou grommela quelque chose, fronça les sourcils, et s'avança vers Remus. Ils ne se quittaient pas des yeux.
Remus se redressa et s'efforça de garder un air égal mais il commençait à avoir envie de vomir.
Quelque chose de très étrange se produisait.
Pendant toutes ces années, le Loup l'avait toujours laissé en paix en dehors des périodes de pleine lune. 29 jours par mois, le seul indice qui trahissait la présence du Loup en lui, c'était ses sens un peu plus développés que ceux de la moyenne des humains.
Mais là... Quand cet homme le fixait...
Il sentait monter en lui l'esprit du Loup il le sentait qui était arraché à sa conscience, rappelé à la surface, obligé de voir le monde à travers un corps humain.
Le Loup fixait le Menou en grondant.
L'homme sourit, un sourire de satisfaction cruelle.
Il ne fallut rien d'autre que ce sourire pour apprendre à Remus que quoi qu'il arrive, il ne rejoindrait pas cette meute. Jamais.
Son âme se mit à grogner avec l'esprit du Loup.
Le Menou haussa un sourcil étonné, le sourire disparut un instant de son visage. Il fit un autre pas vers Remus, jusqu'à ce qu'il soit juste devant lui, au-dessus de lui. Il le toisa de toute sa hauteur. Le Loup gronda plus fort.
L'homme eut un petit rire méprisant. Sa voix était rauque, dure.
-Tu n'es qu'un gosse trop orgueilleux. Si tu continues, je vais t'égorger.
Remus serra les dents, essaya de calmer le Loup, l'animal qui lui criait de planter ses crocs dans la gorge de cet homme qui voulait les dominer tous les deux.
-Vous avez besoin de moi, non ?
Bleiz haussa les épaules le sourire était revenu sur son visage.
-Ma meute pourrait avoir besoin d'un jeune mâle. Lord Voldemort pourrait avoir besoin d'une créature comme toi. Mais *je* n'ai pas besoin d'un loup qui refuse de reconnaître mon autorité.
Une pause.
-Donc je peux te tuer.
La jeune femme se redressa, sourcils froncés.
-Tu avais dit que je pourrais le... !
Mais Bleiz lui jeta un regard perçant, et elle se tut à contrecoeur.
-Tu as déjà eu ta part, Skin...
Elle fit une moue dégoutée.
-Cette vieille bonne femme ? Elle était tellement aigre que je l'ai à peine gouttée... !
Le Menou l'ignora.
Remus les fixa sans rien dire.
Une espèce de soulagement mêlé à du dégoût et à de la colère montait en lui.
Herballtea. Ils parlaient d'Herballtea.
Remus... Remus ne l'avait pas tuée...
Sirius avait encore eut raison...
C'était eux... Remus n'avait rien fait... Elle... Elle l'avait tuée...
Déchiré sa chair, lapé son sang...
Et personne ne méritait ça.
Il serra les dents, rassembla ses forces. Il ignora la douleur lancinante dans son crâne.
Ses veines étaient remplies de feu.
Il se releva.
Il se jeta en avant.
Il faillit presque réussir à attaquer le Menou, mais l'homme s'écarta sans aucune difficulté. Un geste de la main, et Remus fut projeté contre le mur.
La douleur éclata dans sa tête, jusqu'à l'aveugler, jusqu'à lui ôter la faculté de penser.
Il se recroquevilla sur lui-même, il entendait le bruit de sa respiration, hachée, douloureuse, le bruit de son sang...
Il n'essaya même plus de bouger.
Le Loup s'était tu, à l'intérieur de son esprit.
Il sentait le Menou tout près, toujours au-dessus de lui.
Il se demanda si Bleiz allait le tuer.
Mais il y eut un rire méprisant.
-J'espère que tu as compris la leçon. Je te laisse encore une chance d'arrêter de faire l'idiot.
Puis le crépitement du sort qui entravait la porte, et des pas qui s'éloignaient, qui s'éloignaient jusqu'à disparaître, à l'abandonner au silence. Au silence béni.
La meute était partie.
Remus était seul à nouveau.
Il avait l'impression d'être gelé jusqu'à l'âme. Il avait mal.
Il ne rejoindrait pas cette meute. Ce n'était pas sa place. Il pria pour que ça ne soit jamais sa place.
Ils allaient devoir le tuer. Il eut envie de sourire, mais la douleur était toujours là.
Quelque chose de brûlant coulait sur son front sa blessure s'était rouverte.
C'est à cet instant qu'il réalisa vraiment qu'il comprit toutes les implications de la situation dans laquelle il se trouvait. Il était bloqué ici. Il devait se soumettre ou être tué.
Il avait 17 ans, et il allait mourir.
Il y eut un moment où son cerveau resta vide, vide de toute pensée, de tout sentiment.
Et puis il sortit de sa transe, et réalisa avec un brin d'amertume que sa mort ne l'attristait pas plus que ça. Après tout, des milliers de personnes sur terre seraient sans doute soulagées de savoir qu'il y avait un loup- garou en moins qui se promenait dans les rues...
Il n'avait pas peur. Il n'y aurait plus aucune douleur, plus aucune transformation, plus...
Il n'y aurait plus personne.
Remus frissonna.
Mais il ne pouvait pas abandonner, se laisser attraper, emmener par cette meute...
Jamais...
Il était un Gryffondor, non ? Oh bien sûr, il n'avait pas la témérité folle de Sirius ou l'héroïsme insensé de James... Mais il n'était un Gryffondor. Il allait lutter. Jusqu'au bout. Et se raccrocher à ce qui lui restait.
Il ferma les yeux. Il n'était pas vraiment seul, pas encore.
Lorsqu'il fermait les yeux, des formes sortaient des ombres. Elles prenaient des formes humaines. Il reconnaissait ces silhouettes. Un visage rond, des yeux un peu nerveux, mais des yeux amis. Une chevelure noire emmêlée, un sourire triomphant aux lèvres.
Il les sortit de sa mémoire, un par un, tous ceux qui comptaient pour lui. Il les fit danser autour de lui, se raccrocha à leur présence. Il avait moins mal, à présent.
Il garda son visage préféré en dernier. Il décida de lui consacrer tout son temps, de lui offrir toute son attention, pour pouvoir appeler une image parfaite.
Il dessina mentalement un corps élancé, à peu près de sa taille. Des cheveux qui tombent jusqu'aux épaules, et une beauté tellement masculine, pourtant... La tête inclinée sur le côté, avec cette petite moue séductrice, supérieure, parfois blasée mais toujours élégante. Et puis cet air sûr de lui, irrésistible, agaçant... Les vêtements choisis négligemment, mais qui lui vont à la perfection. Le petit sourire satisfait, un brin machiavélique, sur les lèvres...
Il détailla chaque petite chose, chaque note de couleur, chaque brin de tissu, chaque cheveu. Et le reste.
Cette espèce d'inconscience, d'insouciance pour tout ce qui ne pouvait pas lui procurer un bonheur, un plaisir immédiat... Cet éclat amusé dans ses yeux gris...
L'odeur d'aventures et de frissons et d'amour et de sécurité et de manque...
Remus pouvait presque le voir. Comme s'il était juste en face de lui.
Il n'avait qu'à garder les yeux fermés.
Remus passerait la main dans ses mèches noires. Il caresserait sa nuque, et la petite peau douce, juste derrière ses oreilles. Il moulerait son corps contre le sien.
Il l'embrasserait jusqu'à ce que ses yeux ne brillent plus qu'argent, que ses lèvres soient rouges et qu'il ait du mal à calmer sa respiration. Jusqu'à ce qu'ils aient l'impression que le temps n'existe plus.
Pendant un moment, il se contenterait de le serrer contre lui, de le laisser se raccrocher à lui... Et puis il se pencherait un peu, et il pourrait murmurer son prénom à son oreille. Et Sirius sourirait en entendant la voix de Moony.
Ils resteraient comme ça un moment. Et puis ils parleraient de leur appartement à Londres, et Remus pourrait lui dire qu'il était heureux, anxieux, excité, de pouvoir s'installer avec lui. Il fallait qu'il le lui dise il n'avait jamais pris le temps, jusqu'à présent. Ils parleraient des travaux qu'il allait falloir faire, quelques coups de baguette, presque rien, et puis acheter un lit assez grand, et est-ce qu'ils pourraient enchanter le plafond pour pouvoir voir le ciel, les soirs d'été...
Remus se rendit compte un peu plus tard que deux larmes avaient séché, le long de ses tempes.
Il passa une éternité allongé au sol, à amener à lui l'image de ses amis, quand le désespoir revenait, à chercher ce qu'il pourrait faire pour s'en sortir. Au bout d'un certain temps, il s'aperçut que la douleur dans son crâne avait presque disparu.
Il resta dans le noir, à contempler le plafond.
Les minutes mettaient des siècles à passer.
Et puis finalement, une lumière apparut au milieu des ténèbres.
Juste une petite luciole lumineuse, derrière la barrière de fumée pâle.
Les pans vaporeux furent écartés, et une petite silhouette se faufila à l'intérieur.
Remus cligna des yeux.
Peut-être... Peut-être que Bleiz l'avait déjà tué... ? Sans qu'il s'en rende compte ?
Peut-être qu'il était mort, et que ça n'avait pas été douloureux, et que maintenant, les Dieux envoyaient un ange récupérer son âme.
Un ange. Un ange qui avait les traits de...
-Beth...
Les yeux du garçon s'agrandirent un peu quand Remus souffla son prénom. Ils étaient immenses, ces yeux. Et toujours aussi clairs. Beth fixait Remus d'un air timide, inquiet, apeuré... Il avait l'air trop jeune, abandonné, flottant dans des vêtements trop grands pour lui. Il dansait d'un pied sur l'autre, sans oser approcher.
Ca faisait des mois que Remus ne lui avait pas parlé des mois qu'ils se croisaient dans les couloirs, se disaient bonjour d'un signe, sans plus. Mais bizarrement, en le voyant ici, Remus commençait à reprendre espoir, à se sentir mieux.
Remus se redressa, passa en position assise. Il hésita un moment, mais finit par faire signe à Beth d'approcher. Le gamin fit trois pas en avant, mais n'osa pas venir plus près. Mais il avait l'air un peu soulagé de voir que Remus pouvait s'asseoir.
-Beth... Qu'est-ce que tu fais là ?
Le jeune garçon tripota sa baguette en se mordant la lèvre. La lumière faisait naître des ombres mouvantes sur son visage.
Sa voix n'était pas assurée, faible, tremblante. Ses yeux étaient rivés au sol.
-Je... Je suis venu voir si tu allais bien...
Et Remus ne put s'empêcher de sourire.
-Ca pourrait aller mieux, mais ça pourrait être pire, n'est-ce pas ?
Beth ne répondit rien. Il avait l'air prêt à s'effondrer.
Remus décida qu'il valait mieux essayer de le rassurer, s'il voulait continuer à lui poser des questions.
-Merci de t'être inquiété.
Beth releva les yeux un instant, une lueur d'espoir et de bonheur dans le regard il retourna à sa contemplation du sol une seconde après, parce que Remus avait demandé :
-Comment as-tu fait pour entrer, Beth ?
Ses cheveux pâles lui cachaient un peu le visage, quand il baissait trop la tête.
-J'ai demandé à Varrou et Darou s'ils pouvaient m'ouvrir. Je leur ai dit que tu étais mon ami, et que j'en avais pas pour longtemps, alors ils ont bien voulu. Ils sont gentils, tu sais, et...
Remus haussa un sourcil.
-Varou et... ?
Beth rougit.
-Des jumeaux...
-Je crois que je les ai déjà vus.
Ils se turent. Remus laissa passer un instant avant de retourner à la charge.
-Qu'est-ce qui se passe ici, Beth ? Je sens une vingtaine de personnes...
-On attend...
Remus résista à l'envie de crier de frustration si Beth ne répondait que par un ou deux mots à chaque fois, ça risquait de durer longtemps. Le Loup aurait hurlé de frustration. Sirius aurait hurlé de frustration.
-Et qu'est-ce que vous attendez ?
Beth continuait de jouer avec sa baguette, d'un air embêté.
-On attend Melle Neurès pour pouvoir prendre le Portoloin.
-Neurès ?
-Oui, parce que c'est la femme du chef de Darou et Varou, alors elle doit revenir...
Mais ça, ça n'aidait pas vraiment Remus : il l'avait plus ou moins deviné. Pourquoi une femme, atteinte de lycanthropie, mettrait-elle en danger sa vie, sa position, son travail, toutes les chances qu'elle a, pour pouvoir kidnapper un de ses élèves ?
Parce que la personne qu'elle aime le lui a demandé. Le Menou et elle devaient partager un lien extrêmement fort. Remus avait du mal à concevoir qu'on puisse s'attacher à un tel être, mais seul un Lien, un Lien de sang, aurait pu pousser Neurès à trahir Dumbledore, Remus en était certain.
-Beth... Qu'est-ce que tu sais de Darou et son frère ?
Beth pâlit un peu, regarda Remus sans rien dire. Et ça suffit pour apprendre à Remus tout ce qu'il voulait. Beth savait. Il était au courant pour la meute. Alors il devait savoir pour le reste...
-Qui sont toutes les autres personnes avec la... La famille de Darou ?
-Des élèves d'Hogwarts.
Remus mit plusieurs secondes à enregistrer cette information.
-Des... Des élèves ?
Petit hochement de tête prudent.
-Qu'est-ce qu'ils font avec des loups-garous... ?
-On va tous aller chez Celui... Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le- nom...
Les pensées coulaient comme du métal en fusion, dans l'esprit de Remus.
Voldemort... Il y avait ici des adolescents, des enfants, et ils allaient tous chez Voldemort...
Il eut l'impression d'avoir le vertige, un instant.
Puis la sensation nauséeuse retomba, et il ne resta qu'une seule question :
-Pourquoi ?
Mais Beth secoua la tête d'un air impuissant.
-Pourquoi tu es là, Beth ? Pourquoi tu es avec eux ?
Beth était un enfant, quelqu'un de gentil et de doux il n'aurait pas du être ici, dans des grottes sombres, avec des gens qui pouvaient le tuer sans même y réfléchir. Il n'aurait pas du être seul...
Une inspiration tremblante. Désespérée.
-Je... Je ne voulais pas lui dire, mais... Mais Melle Neurès a compris, pour l'Angelos, et c'est ma faute, et elle, elle...
La baguette du gamin retomba à son côté. Son visage fut mangé d'ombres.
-Elle a voulut parler à Elyz et...
Il tremblait.
-Elyz dit que c'est mieux, qu'on reste avec eux... Mais ils... Eux...
Une larme tomba à terre, lourde, douce, pour mouiller la terre. Et puis une autre, encore, et encore...
Remus serra les dents et se releva. Ce ne fut pas aussi dur que tout à l'heure, mais ses jambes étaient toujours mal assurées. Il faillit retomber au sol.
Mais finalement, il était debout, et il tendit un bras vers Beth, l'attira gentiment contre lui. L'enfant continuait de pleurer.
Un moment, Remus aurait aimé pouvoir être Sirius, parce que Beth aurait sans doute été plus vite rassuré, plus vite consolé, protégé, par la présence de son idole aux cheveux noirs. Mais Sirius n'était pas là.
Remus continua de le bercer jusqu'à ce qu'il se calme, que les sanglots se transforment en petits hoquets étranglés qui finiraient par disparaître.
Ilq auraient pu rester là jusqu'à ce que la meute revienne, jusqu'à ce que la mort ou l'enfer arrive. Mais ils étaient des Gryffondors. Et Remus avait repris espoir.
-Tu n'es pas heureux, ici, c'est ça, Beth ?
-J'ai peur...
Il parlait avec une toute petite voix, une voix étranglée par les larmes.
Remus le prit doucement par les épaules, le força à reculer pour pouvoir le regarder en face.
-Beth, est-ce que tu veux que les loups partent d'ici ?
Beth frotta ses yeux rougis avec le bout de sa manche, et hocha la tête lentement.
-Est-ce que tu veux que personne ne rencontre Voldemort ?
Un frisson, mais un autre hochement de tête, plus déterminé, celui-là.
Remus fit de son mieux pour faire à Beth un sourire rassurant.
-Alors... Il va falloir que tu m'aides. Tu es d'accord ?
L'enfant fronça les sourcils, eut l'air d'attendre que Remus s'explique un peu plus.
-Il faut utiliser l'Angellos pour dire aux autres où nous sommes. Ils viendront nous chercher.
Les yeux de Beth s'agrandirent. Ce n'était plus de la peur, ou de l'inquiétude qui brillait au milieu du bleu pur.
C'était de la terreur.
-Mais... Elyz...
-Beth. C'est important, tu comprends ça, n'est-ce pas ?
Il fallut dix minutes d'encouragements, et de promesses, pour que Beth réussisse à envisager l'idée d'envoyer l'Angellos.
-Elyz le saura. Elle le saura tout de suite, si je l'utilise, elle va être furieuse, elle va me détester...
Remus passa une main sur la tête de Beth, pour le rassurer. Il s'efforçait de garder son calme, mais il savait qu'ils n'avaient pas tout leur temps. Si la meute revenait, si le signal était donné pour activer le Portoloin...
-Beth... Je te promets que je m'occuperai d'Elyz. Je lui parlerai. Je suis sûr qu'elle comprendra.
En son fort intérieur, Remus se demandait si Elyz lui laisserait le temps de s'expliquer avait de l'écorcher vif. Il avait des doutes. Si il réussissait à convaincre Beth d'utiliser l'Angelos, il était sûr qu'elle le mettrait au même niveau de Sirius. Ca ne le faisait pas rire du tout, mais il n'avait pas le choix.
-Je t'en supplie, Beth... Il faut prévenir les gens à Hogwarts. Ils s'inquiètent, j'en suis certain...
Une petite rougeur colora les joues de Beth, l'espace d'une seconde.
-Tu crois que... Que Sirius s'inquiète ?
-Oui. Je le sais. Je le sens.
Beth eut un minuscule sourire, un sourire fatigué il prit une profonde inspiration, et elle sonna comme un soupir.
-S'il te plaît... Il n'y a que toi qui puisses faire ça.
Et finalement, l'enfant hocha la tête.
Il n'y avait plus de trace de peur sur son visage il n'y avait plus trace de rien.
Sans rien dire, il posa sa baguette au sol.
Il ferma les yeux et fit un pas en arrière. Une larme roulait sur sa joue.
Il joignit les mains au-dessus de son coeur.
La lumière se mit à jaillir sans prévenir, elle se déversait hors du corps de Beth, elle emplissait toute la petite caverne. Elle flotta un instant devant eux, et Remus avait l'impression qu'elle était heureuse. Il avait l'impression de l'entendre rire.
Et puis finalement, la lumière ondula, se concentra, et dessina une silhouette.
L'Angellos se tenait juste devant eux.
Il les regardait avec un air calme, éthéré. Ses cheveux étaient caressés par une brise que Remus ne réussissait pas à sentir. Il fixa Beth pendant un moment, puis une ombre de sourire passa sur son visage à la beauté androgyne.
Il s'éleva lentement, et disparut à travers la paroi.
Remus se rendit compte qu'il avait arrêté de respirer il se força à garder son calme. Il se tourna vers Beth. L'enfant n'avait pas bougé. Il restait debout juste à côté de Remus, mains crispées sur son coeur, sourcils froncés sous la concentration. Il gardait les yeux fermés.
Et Remus attendit.
Il ne fallut pas longtemps pour qu'ils entendent les premiers cris. Du coin de l'oeil, il vit Beth tressaillir, mais comme il n'ouvrit pas les yeux, ne fit pas un mouvement, Remus devina qu'il luttait pour garder le contrôle de l'Angellos.
On entendait la voix d'Elyz, de plus en plus proche. Elle criait, derrière le voile lumineux qui fermait l'entrée de la cellule. On la sentait qui passait par tous les stades de la colère, de l'impuissance et de l'inquiétude.
Beth tomba à genoux. Mais il n'ouvrit pas les yeux.
On arracha le sort qui entravait l'ouverture. Il se brisa en un million de fils translucides, fins comme des cheveux de fées. Ils flottèrent doucement dans l'air, et s'évaporèrent en touchant le sol.
Et Elyz se précipita dans la salle. Juste derrière elle, Remus aperçut les ombres pâles des jumeaux. Ils étaient assis à l'entrée de la pièce, probablement pour monter la garde. Ils observaient la scène d'un air vaguement curieux.
Remus dut se jeter en avant pour bloquer Elyz avant qu'elle n'atteigne Beth.
Il la saisit par les poignets, l'obligea à lâcher sa baguette. Elle tenta de se débattre, de frapper, mais elle n'avait pas la force du loup-garou la rage ne faisait pas tout. Il réussit à la mettre au sol sans problème.
Elle criait. Il dut lui mettre la main sur la bouche pour étouffer les sons. Les Jumeaux ne considéraient peut-être pas que ce qui se passait pouvait représenter un danger, mais Bleiz risquait de ne pas être d'accord.
Ils restèrent ainsi un moment, haletants, jusqu'à ce qu'il y ait un petit cri étouffé, à côté d'eux.
Beth avait rouvert les yeux. Il regardait Remus et Elyz avec des yeux terrifiés.
Remus lui lança un regard inquiet.
-Tu as pu les prévenir ?
Beth hocha la tête, mais même ça semblait trop pour lui, à présent. Il resta là, tête baissée, épaules tombantes. Remus sentit une espèce de pitié monter en lui. Elyz s'était calmée. Elle ne disait plus rien. Elle n'essayait plus de crier. Il la lâcha, et s'approcha de Beth, passa un bras autour des épaules trop fines.
Elyz dut prendre appui sur le mur pour se relever. Il se demanda s'il lui avait fait mal en la plaquant au sol. Il avait été prudent, pourtant.
Elle les regarda un instant, ramassa sa baguette, éclaira un peu plus la pièce. Ses joues étaient creusées, elle avait des cernes sous les paupières.
Ses yeux avaient l'air incroyablement sombres, soudain. Les yeux d'Elyz avaient toujours été aussi clairs que ceux de son frère. Mais aujourd'hui, ils avaient l'air noirs ses pupilles étaient dilatées à leur maximum. Remus ne pouvait pas dire si c'était à cause de l'obscurité, de la colère, ou d'autre chose.
Elle lui jeta un regard froid.
-Lâche-le.
Il ne fit pas mine de bouger.
Elle avait presque l'air aussi fatiguée et perdue que Beth.
-Il faut que nous allions dire aux autres ce que vous avez fait. Il faut que nous partions.
Mais cette phrase avait été dit d'un ton las.
Ils s'observèrent longtemps. Beth tremblait.
-Pourquoi... ? Elyz, pourquoi tu fais ça ?
Un son comme un rire désabusé s'échappa de ses lèvres.
-Enfin... Est-ce que ce n'est pas évident ? Pour Beth ! Je fais ça pour Beth !
Le rire disparut. Elle s'adossa à la paroi pour pouvoir rester debout.
-Tu ne vois pas, Rémus ? Voldemort va gagner... Il va tuer tous ceux qui ne sont pas avec lui, et il n'aura aucune pitié... Même Dumbledore ne pourra pas empêcher ça.
Son ton n'était plus fatigué, maintenant il était ferme, déterminé. Froid.
-Mais Voldemort ne tuera pas Beth. Je ne laisserai jamais arriver ça... Et si le prix à payer pour que mon frère survive est un tatouage noir et du sang, alors...
Elle leva le bras, et la lumière claire qu'émettait sa baguette tinta de bleu son bras droit. Le tissu de sa manche avait glissé on voyait un dessin sombre tatoué sur sa peau.
Un serpent.
-J'ai choisi. Et Beth va nous rejoindre, parce qu'il va vivre.
On ne voyait plus du tout le bleu clair de ses yeux. Ses prunelles étaient entièrement creusées de nuit. Mais Rémus ne détourna pas la tête.
-Tu ne peux pas lui faire ça, Elyz... Tu ne peux pas entraîner Beth là- dedans.... C'est un enfant...
Elle émit un son comme un petit rire sec, cassé, et rejeta un peu la tête en arrière.
-C'est la guerre, Rémus. Il n'y a pas d'enfant. Il n'y a plus d'enfants nulle part.
-Ils vont le briser, Elyz...
-Il va survivre. C'est ça qui est important.
Un silence. Et puis...
-Tu n'as pas le droit, Elyz... Il a le droit de décider lui-même...
Les yeux de la jeune fille quittèrent un instant ceux de Remus, partirent se perdre dans les ombres.
-Tu ne comprends pas, Remus... Si l'un d'entre nous rejoint ce camp, l'autre n'a pas le choix. Il vient aussi.
Elle se tourna sur le côté, se replia sur elle-même.
-Je le sais depuis que je suis toute petite. Toute seule... Je ne suis rien. Je n'existe pas. Tu aurais du voir la tête de mes parents, quand ils se sont aperçus que je ne pouvais pas produire d'Angellos... J'ai cru qu'ils allaient m'abandonner.
Elle se laissa glisser au sol.
-Et puis finalement, Beth est arrivé. Et nous avons compris... Touts seuls, on ne pouvait rien, mais à deux... A deux...
Elle tourna la tête vers eux les regarda avec son regard noir, son regard trop vide.
-C'est pareil aujourd'hui. Seuls, nous ne les intéressons pas... Ils nous tueront... Alors... Il faut qu'on reste ensemble... Il n'a pas le choix...
Et finalement personne ne dit plus rien, et ils restèrent en silence. Remus continuait de serrer Beth contre lui, et il avait l'impression soudain d'avoir grandi trop vite.
Les jumeaux continuaient d'observer sans rien dire.
Il y eut un instant de calme, quelque chose d'éternel.
Et puis les premiers cris parvinrent jusqu'à eux.
Les jumeaux levèrent la tête, dressèrent l'oreille. Un signe de tête, et ils se relevèrent et disparurent vers ce qui semblait être une grotte un peu plus grande.
On entendit un cri d'exaltation, de triomphe, un cri de folie furieuse, et soudain Remus fut debout, le coeur battant.
Sirius était là.
Sirius était venu.
Elyz courut jusqu'à Beth, le remit sur ses pieds, lui colla sa baguette dans la main et le força à avancer.
Tous les trois, ils se dirigèrent vers la source du vacarme. Elyz gardait son frère bien derrière elle.
Il y eut un long couloir au sol inégal, et plus ils avançaient, plus la lumière de l'extérieur, de la nuit de Juin, leur parvenait. Ils se rapprochaient de la sortie. Remus était tendu, vif. Sirius était venu.
Ils arrivèrent à la grotte principale.
Et Remus découvrit un véritable champ de bataille, mal organisé, vivant mortel. Des explosions de couleur illuminaient la salle. Des dizaines de chandelles flottaient en l'air, jetaient une lumière dorée sur la grotte. L'excitation commençait à monter dans les veines de Remus.
Dans toute la salle, il apercevait les silhouettes grises des élèves d'Hogwarts, il mettait des noms sur les visages tendus, il voyait des connaissances, de parfaits inconnus, parfois et puis Bellatrix, et Regulus, et Severus et...
Les visages tournaient trop vite pour qu'on en aperçoive plus qu'un fragment, juste le temps de les identifier, et puis l'attention était attirée par un nouveau mouvement, par un cri, et un élève qui venait d'être touché par un sort, et qui se débattait avec les cordes, la poix ou pire...
Les bruits de la bataille résonnaient dans toute la grotte. C'était un vacarme épouvantable.
Tous les élèves semblaient essayer de se diriger vers un point de la salle, une table blanche d'aspect banal, mais dont la présence paraissait incroyablement décalée au milieu de la grotte. C'était le Portoloin, Remus en était presque certain. Ceux qui l'atteindraient pourraient s'enfuir. Rejoindre Voldemort.
Mais réussir à arriver jusqu'à la table n'était pas chose facile. Des éclairs fusaient dans tous les coins, en provenance d'un pic rocheux, près de l'entrée de la grotte.
Retranchés derrière l'abri naturel que formait le caillou, Sirius et James envoyaient des sorts dans tous les coins, parfois sans même prendre le temps de viser. Quoique les tirs de Sirius semblaient très souvent se diriger vers Bellatrix, Regulus et Snape, bizarrement.
Remus fronça les sourcils. Sirius et James n'étaient pas seuls. Il y avait quelqu'un d'autre avec eux. Et ce n'était pas Peter.
Kallyah se défendait comme une lionne, mais elle n'avait pas la fougue ou la hargne des deux autres. Elle prenait son temps pour choisir ses cibles elle réfléchissait.
C'était aussi bien : la meute était en train de les encercler, au fur et à mesure, et si Skin et les jumeaux n'étaient pas armés d'autre chose que leurs griffes, Bleiz et l'homme à l'air malade, eux, ripostaient à chaque sort lancé dans leur direction.
Remus jeta un regard en coin à Elyz. Ses mains étaient accrochées au corps de son frère, massait doucement ses épaules. Mais ses yeux ne quittaient pas la silhouette de Kallyah.
Il y avait une douleur lointaine dans ce regard là.
Et puis, tout d'un coup, tout s'arrêta.
Un éclair de lumière partit de la baguette de Bleiz, s'écrasa sur le rocher. Kallyah cria, s'effondra en arrière à côté de lui, Elyz se tendit. Les deux Maraudeurs avaient plongé à temps.
Mais James et Sirius se retrouvaient à présent à découvert. Ils évitèrent une attaque, deux, roulèrent sur le côté à la troisième, et James réussit à lancer un sort qui atteignit Skin au visage.
Mais finalement, l'un après l'autre, ils se firent prendre. Un éclair lumineux, et ils furent soudain empêtrés dans des mètres et des mètres de cordes.
Un silence de mort tomba dans la salle.
Remus résista à l'envie de crier, de courir, en voyant Bleiz s'approcher de Sirius et James. Il était à des mètres de distance, mais il était certain que les yeux du Menou lançaient des éclairs. Il devait être prêt à tuer.
Remus serra les poings.
Il fallait qu'il se rapproche discrètement. Il fallait...
Bleiz décocha un coup de pied dans les côtes de Sirius. Paddie se recroquevilla sur lui-même, mais finit par relever la tête d'un air insolent. Remus sourit quand le jeune homme cracha sur la botte du Menou.
La voix de Bleiz roula comme le tonnerre.
-Comment avez-vous fait pour arriver jusqu'ici ?
Les deux garçons échangèrent un regard amusé.
-Tu crois qu'on devrait lui dire, Jamie ?
-Nooon... Il n'a pas demandé poliment, pas vrai, Paddie ?
James leva les yeux vers le Menou en s'efforçant de prendre un air très sérieux.
-Vous savez, vous devriez essayer de dire 's'il vous plaît, je cherche à sav...'
Le sourire de Remus s'effaça quand un autre coup envoya James rouler en arrière.
Mais au grand soulagement de Remus, James se redressa presque aussitôt. Si l'on ignorait le filet de sang qui lui coulait le long du menton, il avait l'air parfaitement en forme.
Bleiz, par contre, avait l'air prêt à exploser. Il grognait comme un fauve poussé à bout.
-Où sont les autres ? Ne me faites pas croire que vous nous avez attaqués seuls...
Mais les seules réponses qu'il obtînt furent un sourire très fier de James et un manque total d'intérêt de la part de Sirius.
Manque d'intérêt sûrement dû au fait que ses yeux gris venaient de se poser sur Remus. Il eut un sourire éclatant. A le voir comme ça, on avait l'impression qu'être attaché et à la merci d'un homme trois fois plus fort que lui était une partie de plaisir. Un jeu.
Seulement c'était loin d'être un jeu.
Bleiz suivit le regard de Sirius. Ses yeux tombèrent sur Remus d'abord, puis sur Elyz et Beth, juste derrière lui.
Il poussa un cri de rage.
Après, tout ce passa trop vite.
Remus ne vit pas clairement ce qui arriva.
Plus tard, le soir, avant de s'endormir, il se torturerait avec ces images, encore et encore, jusqu'à ne plus pouvoir rêver, jusqu'à ne plus pouvoir penser.
Mais il ne saurait pas bien pourquoi le sort ne lui fut pas destiné.
Peut-être... Peut-être que Bleiz avait compris... Qui avait trahi, qui avait indiqué où ils se trouvaient.
Peut-être...
Alors il avait puni.
Un éclair vert.
L'éclat blafard sur le visage de Beth.
Le cri silencieux sur ses lèvres.
Et puis soudain une ombre, quelqu'un qui se jette en avant, et Beth projeté à terre, comme une poupée, un bout de chiffon, jeté là, par hasard, juste un instant...
Le corps d'Elyz.
Ce corps qui tombe, lentement, comme si on avait brisé ses fils.
La surprise et la douleur sur son visage.
Ce corps qui n'en finit pas de tomber.
L'éclat mort, dans les yeux clairs.
Ce fut le point de départ de l'apocalypse.
Soudain, venant de l'entrée de la salle, une dizaine de sorts éclatèrent en même temps.
Et là encore, tout allait trop vite.
Remus resta presque immobile au milieu des élèves qui fuyaient pour attraper le Portoloin, au milieu des cris et des rayons de lumière.
Il était incapable de bouger. Il ne pouvait faire que regarder.
De fait, plus tard, il ne lui resta qu'une suite d'images, comme un album de photos que l'on déroule.
Il y avait d'abord tous les professeurs de l'école, entrant pas à pas dans la grotte, en se battant pour chaque centimètre. Mac Gonagall, et Circa, et Flitwick...E t Dumbledore. Tous, baguettes au poing et l'air prêts à tuer pour pouvoir ramener leurs élèves.
Et derrière eux, Lily, armée et concentrée, et Peter, l'air effrayé, les joues rouges, comme s'il avait couru pour arriver jusqu'ici. Et il avait effectivement couru, Remus l'avait appris par la suite. Il avait été chargé de prévenir leurs professeurs.
Il y avait Skin, qui ne s'était pas relevée après avoir été touchée par le sort de James, et les jumeaux, accroupis à côté d'elle.
Et puis Bleiz maintenu par leurs professeurs, l'air sauvage. Sur le moment, Remus avait pensé qu'une fois en prison, le Menou préfèrerait se suicider. C'était sans doute l'homme qui ressemblait les plus à un loup, dans cette meute.
Remus avait découvert en lisant les journaux, que l'homme à ses pieds, celui qui avait l'air malade, s'appelait Cervier. De lui, Remus n'avait gardé presque aucun souvenir.
Il y avait aussi l'image de Sirius et de James, au milieu de tout ce champ de bataille, qui se débarrassaient de leurs liens d'un air nonchalant.
Il y avait le Portoloin qui finit par disparaître, emmenant avec lui une dizaine d'élèves, et l'ultime regard de Bellatrix, triomphant, éclatant.
Il y avait Lily, blottie contre James, qui ne cherchait même pas à cacher ses pleurs de soulagement, et le sourire stupide mais content de son petit ami.
Il y avait l'image du visage de Sirius, quand il put enfin se précipiter vers Remus, et vérifier que son précieux Moony n'avait rien, et qu'est-ce que c'était que cette blessure au front ?
Il y avait le regard surpris, ensuite, quand Remus l'avait attiré tout contre lui, sans se soucier de leurs professeurs ou des élèves qui n'étaient pas partis.
Et puis, l'image qui ne disparaîtrait jamais, celle qui était gravée plus profondément que les autres...
La brume lumineuse qui s'échappe du corps froid d'Elyz, qui prend ses traits, et qui s'approche de Beth. Qui caresse ses larmes sans pouvoir les sécher, qui passe ses doigts entre les mèches blondes, mais qui ne peut pas les toucher.
Et ce fantôme lumineux qui s'efface lentement, doucement, comme un songe.
Kallyah en pleurs, agenouillée près du corps qui commence juste à refroidir.
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TBC...
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Une dernière petite chose : de l'étymologie !! (Ouais, pasque tous ces noms, je les ais pas inventés au pif... Bon... Ceux de la plupart des élèves et de quelques professeurs, d'accord, je les ai imaginés... Mais sinon... Oh-oh... J'ai fait des recherches !!)
Menous : eh, vous avez du le deviner, maintenant ! C'est un terme de vieux français (on dit aussi Meneux) pour désigner les Meneurs de Loups, des hommes craints, étranges, un peu sorciers, qui parcouraient les campagnes accompagné par des loups.
Bleiz : chez les celtes, c'était un ermite qui vivait en forêt avec un gros loup gris Bleis est également le nom gaulois du loup.
Neurès : ce terme fait référence à un peuple de l'Antiquité, dont on disait qu'ils pouvaient se changer en loups. J'ai aussi trouvé un 'Neure' qui est un loup-garou, fils des Scythes et des Amazones. Ah, et puis j'ai aussi entendu parler d'un Neure, qui pour les Slave se change en loup, mais une fois par an seulement. (Bon, mes sources ont toutes un avis différent sur Neurès, c'est pas ma faute...)
Cervier : dans le Midi, c'est comme ça qu'on appelait un loup très puissant, qui attaquait les cerfs. Dans la fic, Cervier est le loup le plus fort de la meute. C'est l'origine de son air maladif, quand il est sous forme humaine : c'est un de ceux qui subit les transformations les plus violentes, Menou ou pas.
Varrou et Darou : le Varrou, c'est le nom du loup-garou, dans le Cotentin, Darou, c'est celui du loup-garou en Lorraine. Les deux termes étaient très proches, au niveau du sens et de la sonorité, donc ça collait bien aux jumeaux... Et puis... Je trouve ces sons très doux, comme un ronronnement d'animal, alors ça collait à leurs personnages... (En même temps, on les a pas beaucoup vus, mais bon...^_^ )
Voilà !! Cette fois-ci c'est bien la fin du chapitre ! (Sniff...) Et dans deux semaines, ce sera la conclusion de Menous, avec un petit épilogue raconté par Sirius !
D'ici là, gros bisous à tous ! Et si vous avez la moindre question sur l'histoire, des corrections à apporter, des critiques ou du soutien à apporter... Eh, y a qu'une seule chose à faire... Revieeeeeew !!
