Chapitre 4 : règlements de comptes...

Elle poussa les lourds battants de bois et eut un sourire en coin en remarquant le désordre ambiant. La phrase revenant souvent était celle-ci :

"OU SONT PASSES LES PUTAINS ?!

Elle sourit et enfonça les mains dans ses poches. Des marins bourrés, pirates pour la plupart, et de fort mauvaise humeur. Très bien. Elle entra d'un pas décidé. Un homme un peu plus éméché que les autres la remarqua et posa sa bière.

-Si elles sont parties, on peut se rabattre sur ce bel éphèbe, z'en pensez quoi, les mecs ?

Certains ricanèrent tandis qu'il la prenait par le col.

-Quand on est pas sûr de soi, on reste chez sa maman, gamin ! Je vais te...

Elle sourit de toutes ses dents et acheva d'un air railleur.

-Je vais t'ouvrir en deux si tu ne me lâches pas, vieil ivrogne. A moins que tu ne te décides à cesser de me souffler ton haleine de chacal en pleine figure, bien sûr.

Les yeux de l'homme s'animèrent d'une flamme nouvelle. Bien. C'était pour ça qu'elle était venue.

Il porta la main à l'intérieur de son veston et en sortit un poignard rouillé qu'il agita sous son nez.

-C'est pas le moment de faire le malin, p'tit gars. Allez, grimpe sur la table et remplace les putes de cette île, ou je...

-Tu quoi ?

Elle désigna le poignard du menton.

... même un môme n'aurait pas peur de ton arme rouillée.

Un sourire fendit le visage ridé de l'homme.

-C'est le sang qui l'a fait rouiller, et j'en suis pas peu fier.

Elle cracha par terre et dégaina son épée, fendant en deux la main sale de l'ivrogne, qui la lâcha, surpris. Avant que le sang n'aie pu couler de l'horrible blessure, elle le saisit par la ceinture et le balança à l'extérieur comme un sac de paille.

Puis, sous les yeux des autres buveurs, elle essuya la lame de son épée sur son pantalon et s'assis tranquillement au bar. Elle conclut, sous le regard terrifié du barman :

-Celui qui est fier de la mort de sa lame n'est pas plus en vie qu'elle.

Elle but d'un trait le verre qu'il lui offrait, profitant du miroir placé en face d'elle pour observer la pièce, puis se leva de nouveau, sourire aux lèvres.

-EH BIEN ?! N'y a t il que des foies jaunes dans cette auberge ?"

Elle entendit le déclic d'une arme, suivi d'autres. Elle sourit et tira son épée de son fourreau.

Pas trop tôt...

***

Une dizaine de minutes plus tard, elle quittait le bar sens dessus dessous, enfin calmée, et regagna en sifflotant le pont du navire, remarquant que les trois personnes étaient parties.

Jack l'arrêta.

"Eh ben, t'en as mis du temps ! T'as enfin tiré ton coup ?

Elle se gratta la tête puis renifla.

-Ca dépend de quel genre de coup tu parles. Et puis, ça me paraît rapide...

Elle le toisa, soupçonneuse.

... a moins que tu ne sois un précoce, bien sûr. Ce qui expliquerait le nombre d'insatisfaites qui règne sur cette île !

Il bomba le torse.

-Il n'y a sur cette île que des femmes comblées de plaisir par les nuits qu'elles ont passées avec moi, très chère !

-Ben voyons.

Il lui fit un clin d'oeil, se tenant comme s'il était en mer : étonnement 'élastique"...

-Si tu veux vérifier durant notre long voyage, Milady, c'est quand tu veux.

Elle leva les yeux au ciel et secoua la tête d'un air dégoûté.

-Très cher Jack...

-Capt'aine Jack, Milady, cap'taine...

Elle sortit une cigarette de sa poche et gratta une allumette. Après en avoir tiré quelques bouffées, elle lui fit son plus beau sourire.

-Trrrès cher Capitaine Sparrow. La seule nuit de plaisir que tu m'offriras sera celle ou je te prendrai la vie, et ce après de longues heures d'agonie. A ce moment là, crois moi...

Elle fit mine de frissonner, le regard flamboyant.

... A ce moment là, tu pourras dire en enfer que tu as comblé une femme dans ta vie.

Il grimaça et tripota sa bague sertie d'émeraudes, boudeur.

-T'es pas marrante, Milady.

-En prenant part à ce stupide voyage, mon but n'était pas de prendre part à tes plaisanteries, Sparrow. Maintenant, excuse moi, j'ai une cigarette à terminer.

Elle s'étira et lui passa devant, prenant bien garde de le bousculer en passant à sa hauteur; puis s'arrêta de nouveau pour le regarder.

Il haussa les sourcils d'un air étonné, mimant une question silencieuse. Elle approcha sa tête de son épaule pour faire craquer sa nuque d'un air pensif et jeta sa cigarette à peine entamée.

-En parlant d'insatisfaites...

Le capitaine se tourna vers l'endroit ou la femme aux allures d'homme posait son regard, puis sursauta.

Armées de seaux et d'objets tranchants, une bonne trentaine de femmes trop grimées s'approchait du navire d'un pas décidé.

Il blêmit et esquissa un mouvement de fuite vers son bateau -pardon, navire-; mais Angel lui barra le passage en souriant.

-N'y pense même pas, Sparrow...

Le regard du capitaine changea; et durant quelques instants, l'ancienne petite fille put entrevoir cette lueur qu'elle connaissait tant.

-Bébé, tu sais que j'y suis pour rien. Pourquoi tu t'acharnes comme ça ?"

Elle ouvrit la bouche, mais trop étonnée par cette attitude si familière et si peu commune en même temps, ne trouva pas quoi répondre, soudain noyée dans des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier.

C'est le moment que choisit l'une des deux filles pour lui atterrir dessus.

Même si Angel avait senti sa présence tout au long de leur discussion avec Sparrow, et même si cette réaction spontanée ne l'étonnait pas, le poids de la jeune fille, lui, l'avait tellement surprise qu'elle s'était retrouvée sur son séant,la regardant tirer Jack qui protestait mollement sans esquisser un mouvement pour les retenir.

Plutôt lourde... J'ai sous estimé le poids de cette enfant.

Elle fit craquer son cou, étira ses bras, inspira, mais la colère qu'elle avait réussi à mettre en sourdine jusque là éclata brusquement. Les paroles de son père revinrent, cinglantes.

Trop stupide pour prévoir. Trop stupide pour savoir.

Et par dessus tout ces gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas...

La mâchoire serrée, elle rejoignit le pont d'un seul bond pour atterrir devant le pirate et sa -future- dulcinée, qui la regardait avec stupeur, comme le reste de l'équipage, d'ailleurs...

Sparrow se libéra de l'étreinte de l'apprentie et s'interposa entre elles, gêné, mais pas étonné outre mesure par cette courte démonstration de force.

"Allons, Milady, calme toi. Tu vas pas t'en prendre à une gamine, hein ?

-Qu'est-ce qui te fait dire que je vais m'en prendre à elle ?

Il rit doucement.

-Tes yeux sont plus foncés que d'habitude, ce qui est assez...

Son poing heurta sa mâchoire avant qu'il ne termine sa phrase. Elle eut un rictus imitant un sourire : le coup était si léger qu'il n'aurait qu'un bleu dans quelques heures; mais elle l'avait si bien dosé qu'elle réalisa qu'au fond, ce n'était qu'un moyen de lâcher un peu de pression.

Tout n'avait pas encore éclaté.

-Tu as raison, Sparrow, mon honneur m'interdit de toucher des gosses; une gamine suffisamment paumée pour devenir pirate, qui plus est. *De même que le tien t'empêcherait de te la faire*. A compter qu'il t'en reste un tant soit peu, bien sûr...

Nouchki ouvrit des yeux ronds.

Les paroles du milieu de la tirade ( note de bv : entre les deux' * ' ^^ )de la grande inconnue, crachées avec plus de rage que les autres au capitaine lui avaient semblé étranges.

Le capitaine secoua la tête.

-Parle pas dans ta langue, personne te comprend, Milady. Et puis je...

Bousculant la gamine qui s'était de nouveau placée aux côtés de Jack, elle l'empoigna par le col et le traîna comme un enfant turbulent jusqu'au bord du bateau, remarquant au passage qu'il se laissait étrangement faire; puis, elle fit mine de le faire basculer dans l'eau et posa le tranchant de son épée contre sa gorge. Mais elle était déjà calmée, même si elle aurait voulu...

Elle inspira.

Ferma les yeux.

Les rouvrit.

Toujours la même image, dix ans plus vieille.

Dix ans...

Quinze ans...

Vingt ans...

Toutes ces années, elle ne les comptait même plus.

Mais...

-Tu fermes ta gueule, Moineau. Tu fermes ta gueule et tu m'écoutes, pasque j'aurai pas la patience de me répéter durant ce foutu voyage.

Elle continua dans sa langue paternelle, sachant pertinemment que Jack ne comprendrait que la moitié de ses mots.

Elle lui dit toute sa haine, toute l'horreur qui était née des conséquences de son acte et le fait qu'aujourd'hui encore, elle payait pour une amitié passée.

La lueur qu'elle avait entrevu lorsque Jack avait été coincé sur le port réapparut dans ses yeux bruns. Mais cela ne serait jamais suffisant pour l'apaiser, elle le savait pertinemment.

Les derniers mots qu'elle lui dit dégringolèrent de sa bouche comme l'eau d'une cascade; et lorsqu'elle se tut enfin, elle ne se souvint plus de ses paroles.

Elle vit juste Jack qui la regardait calmement de ses yeux noirs et impénétrables, attendant patiemment qu'elle le lâche...

bv : oué, je sais, il paraît que ce passage colle pas trop au perso de Jack...

'fin bon, xp, kwa... comme je crois l'avoir dit, cette histoire est pas top, disons ke je la poste "pour pas gâcher", mais bon... *baille*