Chapitre 4 : Des choses terre à terre. Un bonheur refoulé.

Legolas sentit ses yeux pétiller de joie, et c'est avec grand-peine qu'il la dissimula à celui dont l'enfant était la « captive ».

L'autre l'accueillit avec un regard méfiant.

« T'es qui, toi ? 'M'semble bien que t'es çui ka cassé ma grande salle, non ?

Seigneur !

Un tel langage existait donc même lorsque les humains étaient à jeun ?

Il décida d'ignorer (non sans mal) l'accent prononcé et la rudesse de l'homme, qui lui semblait bien supérieure à celle des nains, et, la tête toujours prudemment dissimulée par la capuche de sa cape (les elfes étant peu appréciés dans cette région), entrepris de lui poser des questions sur l'enfant dont il avait la charge. Il put notamment apprendre qu'elle se prénommait Cerise et qu'elle était à son service depuis 3 ans…

Mais l'homme était d'un naturel très méfiant, surtout avec les gens qui dissimulaient leurs visages, car ils s'avéraient souvent être des bandits des grands chemins, et plissa les yeux de suspicion.

-Dites donc voir, vous voudriez pas m'la prendre des fois ? Pasque j'vous préviens, y'a pas moyen qu'j'vende la p'tite, c'que t'as compris, l'étranger ?

Aïe ! Le ton avait changé…Se cacher semblait n'avoir pas été une si bonne idée que cela, après tout… Mieux valait la jouer tout en douceur…

-Je tenais simplement à m'enquérir de son état elle a été si violemment bousculée hier soir…

L'aubergiste se mis à rire.

-V'là l'étranger qui s'met à vouloir savoir comment va la mioche ! J'avais raison, z'êtes celui qu'a cassé mon beau salon, pas vrai ?

Legolas retint avec peine une grimace de dégoût. En plus de ses manières affreuses, l'humain semblait avoir un goût assez médiocre…

Et pour lui, la salle était aussi sale et délabrée que lors de son arrivée la veille…

-Pa'cque, 'faudrait voir à me rembourser les dégâts, l'étranger, sinon, j'pourrais avertir la garde royale, et tu sais, ici, on aime bien montrer qu'on est pas du genre à se faire détrousser, surtout sur la place publique, si tu vois c'que j've dire !...

L'Elfe soupira. Encore une question d'argent…

Des menaces à peine voilées pour quelques pièces…

Les humains sont si terre à terre…

-Combien ?

L'homme bourru fit mine de réfléchir, mais Legolas ne fut pas dupe : il voudrait certainement le détrousser, et il allait devoir se montrer prudent s'il ne voulait pas passer pour un riche voyageur…ou un vaurien.

-100 pièces d'or pourl'tout. Et c'est pas cher d'mandé pour les dégâts ! »

…Tu omets de dire que la plupart du mobilier était déjà vétuste, et que je n'ai pas été le seul à le détruire !...Pfff !

Un claquement de porte l'avertit de l'arrivée de son ami, et lorsqu'il retourna dans leur chambre, il put apercevoir un Legolas aux traits tirés affalé sur un sommier aux draps défaits, arrachés de rage par l'elfe, dont les crises de colères commençaient à l'effrayer sérieusement...

« Eh bien mon ami, vous en faites une tête !

-Ne m'en parlez pas ! Il m'a fallu négocier pendant des heures pour obtenir un accord avec cet…cet…ce…

Le nain se mis à rire. L'Elfe butait toujours autant sur les mots grossiers, bien qu'il le fréquente quotidiennement depuis…

eh bien, depuis fort longtemps.

Inutile de se rappeler le nombre d'années, car je n'ai pas son don d'immortalité…

Et c'est bien dommage, car je risque de manquer grand nombre de combats intéressants que cet imbécile d'Elfe livrera avant de s'éteindre…

-Et la petite ? Est-elle celle que nous cherchons depuis 8 bons mois au travers de ce pays ?

Une paire d'yeux brillants nouvellement levés vers lui lui servit de réponse.

Il sourit.

-Eh bien, qu'attendez vous pour aller la chercher, alors ?

-Ce n'est pas aussi simple.

-Oh. Eh bien, s'il faut se battre, sachez que je suis de la partie !

Ignorant la dernière phrase de son ami, l'elfe eut un regard attendri vers le vague.

-Elle s'appelle Cerise. Pio. Elle Pio*... Je devine que c'est en raison de la couleur de ses lèvres, qui avoisine celle de ce fruit si délicat… à moins que ce ne soit pour une raison toute aussi apparente…J'ignore si…

-Mhm… On passe à table ? J'ai grand faim !!! »

Le nain n'avait pas l'âme aussi poète que son compagnon, et il avait souvent du mal à apprécier ce genre de comparaison

Mais il était heureux que les pensées de son ami soient à présent tournées vers le futur, et non plus vers la raison de leurs recherches.

C'est un petit pas pour moi, nain, mais un grand pas pour l'elfe !

Avec un peu de chance, peut-être parviendrait-il même à lui faire manger quelque chose ?...

chapitre 5

*Pio : Cerise

*Elle : petite