chapitre 6 : Oreilles et souvenirs.
La lune était éteinte, cette nuit; et même s'il détestait ^tre laissé dans le noir, il savait que c'était là sa seule opportubité.
Souriant aux ronflements de son compagnon de chambre, il ferma la porte avec douceur, et, revêtant sa capuche, s'engagea vers l'auberge, aussi silencieux qu'un fantôme...
------------------- Elle tourna vers lui son regard rieur, ôtant ce qu'il restait de son casque avec son seul bras valide.
"Eh bien, mon ami, il semble que vous vous soyez encore mêlé de ce qui ne vous regardait pas !
Il sourit à ses paroles, et entrepris d'éponger le sang qui maculait son visage enfantin.
Habituée à ce genre de familiarité, elle en fit de même pour lui.
-Vous êtes mal placée pour me dire cela, très chère... les femmes Elfes des contrées lointaines participant à la Guerre de l'Anneau sont peu nombreuses en ces lieux !
Elle arbora une moue boudeuse qui fit rire Gimli devant l'innocence de la grimace.
-C'est que... je m'ennuyais, sans vous à embêter... De toute façon, la Grande Bataille est terminée, alors..."
Ils se mirent à rire, Elfes détrempés de sang d'orc au visage rayonnant... Certains eurent du mal à en croire leurs yeux.
Il saurait plus tard que son mal la rongeait déjà depuis des années...------------------
Pourquoi est-ce que mes songes dérivent vers elle en ce moment même ? Seigneur, pourvu que tout marche comme prévu...
Il se faufila derrière l'auberge crasseuse, sachant pertinemment que l'homme avec lequel il avait passé l'après-midi ne se serait pas risqué à laisser l'enfant travailler alors qu'il la voulait. Dans sa langue natale, il interrogea le petit oiseau ensommeillé.
Où est-elle ?
Cerise sursauta. Un bruit l'avait tirée de son sommeil léger, mais elle ne parvenait à savoir de quoi il s'agissait exactement...
Elle se redressa sur un coude et émergea avec méfiance de ses couvertures. N'était-ce pas la sombre lumière des étoiles qui éclairait sa chambre ?
Elle sentit ses cheveux se hérisser.
Oui, c'était de la lumière.
Et un souffle derrière elle. Elle ouvrit la bouche pour hurler.
Il sentit l'enfant trembler imperceptiblement : au lieu de le prendre pour un sauveur, elle le prenait pour un agresseur !
Il posa ses mains fines sur la bouche de l'enfant pour l'empêcher de crier et lui murmura quelques mots en elfique, qu'il lui traduisit aussitôt devant son incompréhension.
Je ne viens pas pour te faire du mal. N'aie pas peur !
Lorsqu'il sentit qu'elle s'était calmée, il put la regarder de face. Les yeux de sa mère. Les cheveux de son père. Et les oreilles...ni totalement pointues, ni totalement rondes ?
---------------- "Allez, Legolas, pourquoi tu veux pas me raconter comment ça s'est passé ?
Affalée avec grâce sur la branche du chêne de leur enfance, la jeune elfe contemplait son ami avec une envie non dissimulée qui lui faisait avoisiner le fou rire chaque fois qu'il posait les yeux sur elle.
-Parceque. Les humains ne sont pas des animaux, tu n'as pas à te montrer aussi curieuse, et...
Elle le coupa, trop habituée à cette rengaine incessante de la part de ses congénères.
-Je sais, un Elfe digne de ce nom ne doit pas se montrer aussi curieux. Une Elfe encore moins.
Elle pris un regard suppliant qui le fit fondre.
Alleeeez, Legolas, je t'en prie ! Tu sais que je n'aurais pas le droit d'en voir avant des siècles !!!
-A supposer que l'on te juge un jour suffisamment mature pour sortir des bois !
Il se mit à rire aux éclats devant la mine déconfite de l'elfe brune.
Allons, ce n'est pas ta faute si tu es aussi rustre qu'un nain et aussi gaie qu'un semi-homme ! De toute façon, tout le monde t'adore, et on sait tous que c'est un trait de caractère qui ne disparaîtra pas de sitôt !
-mmmh. Alors, c'est quoi la différence des humains ???"
Il soupira et contempla son ami descendre de son perchoir.
Un vieux poème lui revint en mémoire.
Maître corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage...
J'ai la désagréable impression d'être le corbeau...
Il se mis à sourire et commença son récit sous le regard ébahi de sa compagne de jeux....---------------
"Qui êtes vous ?"
La petite paraissait moins effrayée, mais toujours aussi méfiante. Il lui serait difficile de l'emmener sous ces conditions.
Peu habitué à s'occuper d'enfants malgré sa longévité exceptionnelle par rapport à un humain, il décida de la traiter comme une adulte.
Et puis, elle avait du sang d'elfe, n'est-ce pas ?
chapitre 7
