chapitre 7: la douleur n'a pas de nom.
----------- Après avoir visité les contrées les plus lointaines des Terres du Milieu, Legolas avait le mal du pays. Et Gimli, qui lui avait fait visiter ses mines (bien qu'il aie toujours autant de mal à s'habituer à ces lieux fermés, il avait dû admettre que les nains étaient de vrais génies en matière d'architecture souterraine...) tenait absolument à découvrir les lieux ou lui-même avait grandi.
Il fut accueilli en héros, et bien que Gimli soit d'une race peu appréciée par ses pairs, l'accueil fut chaleureux pour lui aussi.
Seule manquait une personne.
"Père, ou se trouve Aure ? Voilà 10 ans que je ne l'ai vue, et je pensais que son accueil me le rappellerait avec sa délicatesse habituelle, mais...
Le roi, qui l'instant d'avant riait devant le couple qu'il formait avec son ami, eut un regard soudain empli de tristesse.
-Mon cher fils... Notre tendre étrangère ne fait plus résonner les murs de ces lieux par ses rires depuis bien longtemps, malheureusement...
Il se sentit virer au gris. Pas elle. Pas la seule personne qu'il croyait résolument immortelle...
-Co...comment est-ce possible ? Elle n'est tout de même pas...
Son père secoua la tête.
-Pas encore, mon fils... mais c'est tout comme." ---------------
Gimli sella leurs chevaux (il avait depuis longtemps appris à surmonter sa peur, bien qu'il se cramponne toujours aux rennes avec une vigueur peu commune quelque soient le circonstances...) aussi silencieusement qu'il put. Bien que Legolas aie confiance en son plan, lui avait l'intuition que tout ne se passerait pas comme prévu.
L'elfe est bien trop préoccupé pour prêter attention à son intuition. Il va falloir que je me charge de cette tâche moi-même...
Il soupira et s'empara de sa hache comme s'il s'agissait d'un talisman contre le mauvais sort.
Pourvu que la malchance ne nous touche pas nous aussi...
-------------- C'est avec horreur qu'il découvrit son amie de toujours couchée dans une chambre aux fenêtres fermées à la lumière du jour. Il mis un moment à comprendre.
"Ses...ses cheveux...Père, elle...
Thranduil acquiesça gravement.
-Oui, mon fils. Tes yeux ne te trompent pas. Ils ne sont plus sombres comme la nuit."
Blancs ! Ses cheveux avaient blanchis en moins de 10 années de vie ! Avait-elle quelque origine humaine, comme tous l'avaient craint en voyant son caractère peu commun aux êtres de leur race ?
Son père parut lire dans ses pensées.
Une voix douce résonna dans sa tête.
-La douleur... Durant la Guerre de l'Anneau, elle est tombée d'une hauteur importante...
Oui, il s'en souvenait. Dans sa chute, elle s'était brisé un bras et son casque avait été pulvérisé. A la quantité de sang recouvrant son visage, il l'avait crue morte, et la voir se réveiller un peu hébétée fut pour lui un soulagement teinté d'amertume.
A l'époque, il avait eu du mal à comprendre le malaise qu'il l'étreignait lorsqu'il était à ses côtés...
Elle s'était contentée de rire de sa maladresse, et d'utiliser son autre bras valide pour 'casser de l'orc', comme elle disait de façon si poétique...
...Elle a retrouvé la mémoire et est à présent parfaitement consciente de la disparition de sa famille...
disparition ? Son peuple avait été massacré, elle et son frère jumeau avaient été les seuls rescapés; ils avaient dû assister au massacre, et...
-Il est mort il y a des années, mais elle ne l'a appris que lors de ton départ pour Rivendell. Et sa soeur...
Il se rendit soudain compte que son père lui-même avait du mal à contenir son chagrin.
...Sa soeur d'adoption, Isilme, est tombée amoureuse d'un humain peu après la guerre de l'anneau... Ils ont eu un enfant ensembles, mais son peuple les a pourchassés pour une sordide histoire de meurtre...
Elle s'est lancée à leur secours, mais malheureusement, elle n'a pas pu arriver à temps...
Seigneur ! Quel chagrin elle a dû ressentir !...
-Oui, mon fils. A tel point qu'il est en train de la ronger de l'intérieur. Fils, je...
" -Petite feuille ?
Ils se tournèrent vers la voix dans un même mouvement surpris. L'Elfe était éveillée, et les contemplait maintenant de ses yeux trop pâles. Il lui fit un sourire qui se voulait rassurant malgré ses larmes qui menaçaient de couler et s'empara délicatement de la main qu'elle lui tendait.
-Je suis là, Aure.
-Petite Feuille, je commençais à m'inquiéter, tu sais...
Il eut un petit sourire. En dépit la faiblesse de sa voix, il savait qu'elle n'avait rien perdu de son humour légendaire, et s'attendait donc à une phrase bien placée...
-Ah oui ? Pour quelle raison, ma princesse ?
Elle esquissa un sourire avec difficulté.
Si faible...
Sa gorge se noua.
Ne pleure pas !!!! Ne pleure pas !!! Pas devant elle !!!
-Eh bien, je croyais que tu t'étais lié au maître Gimli !
Gagné. S'il pouvait trouver un remède à son mal comme il pouvait lire en elle, elle serait guérie dès l'instant où leurs regards s'étaient croisés...
Comme le voulait leur petite coutume, c'était maintenant à lui de la faire rire.
Un peu, juste un peu ! Souris moi comme avant...
-Ne t'inquiète pas pour cela ! Si un jour je venais à me lier à quelqu'un, ce serait avec une belle elfe, blonde, calme, posée et par dessus tout magicienne !
Elle battit des paupières et fronça légèrement les sourcils.
-Pourquoi magicienne ?
-Parceque les femmes guerrières sont de vraies têtes de mules !
Sa phrase n'eut pas l'effet qu'il espérait. Elle ne sourit que doucement; et ses yeux déjà mélancoliques s'emplirent de tristesse.
-Pardonne moi, mon ami...
Il posa un doigt sur ses lèvres livides et froides.
-Tu n'as pas à t'excuser. Ce n'est pas de ta faute.
C'est de la mienne... Jamais je n'aurais dû te laisser seule... Jamais je n'aurais dû ignorer ta douleur...
De sa main libre, elle repoussa une mèche de cheveux qui lui cachait son visage. Même mourante, elle se comportait avec lui comme une grande soeur...
Elle est si froide...
L'image d'une morte encore en vie lui vint à l'esprit.
-Je n'ai même plus la force de rire. A qui cela peut-il être la faute si ce n'est moi ?"
Ne sentant plus ses jambes, il s'agenouilla et serra plus encore la main gracile de son amie, réprimant un sanglot.
chapitre 8
