chapitre 12 : La folie est un refuge si doux...
Il entendit la porte se refermer doucement derrière le roi, et entendit tout autant l'ordre qu'il adressa à ses gardes de surveiller ses moindres faits et gestes.
Il eut un sourire douloureux.
Non, père, je ne mourrai pas sur un coup de tête.
Je mourrai aussi lentement qu'elle.
Je souffrirai autant qu'elle pour purger ma peine.
Mais je mourrai.
Tu auras perdu malgré tes efforts !...
Il s'agenouilla à ses côtés, jeta le drap qui la recouvrait comme s'il eut s'agit d'un objet la déshonorant, puis pris sa main comme il l'avait fait il y a des mois...
----------- "Ma Lumière, demain, je serai parti.
Elle l'avait regardé de ses yeux trop clairs et serré sa main un peu plus fort, lui brisant un peu plus le coeur. Il voulait rester à ses côtés. Il ne voulait la quitter, mais...
-Je ne veux pas que tu t'en ailles, Legolas...
Pourquoi l'appelait-elle ainsi ? Jamais elle ne l'avait nommé autrement que 'petite feuille'...
-Il ne me reste que toi, mon ami... Et tu es resté absent durant si longtemps... je ne veux pas que tu me quittes.
-Il ne me reste que toi aussi, lui soufflat-il, le coeur déchiré entre l'envie de rester à ses côtés, stoïque et fort, et celle de pleurer entre ses bras, et c'est pour cela que je dois partir. Tu dois vivre. J'ai encore tant de choses à te dire... Ma Lumière, je...
Elle posa son autre main sur ses lèvres pour le faire taire et lui sourit comme seuls les yeux peuvent le faire.
-Alors tu le diras lorsque tu reviendras. Ce sera le gage de ton retour.
Il lui rendit son sourire, et son regard toujours plongé dans le sien, embrassa tendrement la main trop gracile qu'il serrait. -----------------
Il n'était pas revenu à temps pour lui dire qu' il l'aimait. Et cette certitude le tuait.
...mais il n'était pas assez proche d'elle, alors il tira son corps inerte de son lit et l'enlaça, posant son front contre son épaule et ses lèvres contre son cou.
La chaleur n'a pas encore quitté ton corps.
Tu n'es pas morte.
Tu es en vie, endormie.
Tu joues avec moi comme lorsque nous étions enfants.
Tu fais semblant.
Il ferma les yeux, sentant de nouvelles larmes rouler le long de ses joues, et réprima un sanglot.
L'amour qu'il éprouvait pour elle...
Cet amour froid et sans pitié...
Il l'avait soutenu pour mieux pouvoir l'achever...
Il se sentit vidé de ses forces.
Vidé de tout autre sentiment que cet amour pourtant effroyablement douloureux.
Il se sentait mort.
Il embrassa à nouveau la morte.
Puis des mots commencèrent à dégringoler de ses lèvres.
Des mots que elle seule pouvait comprendre.
Des mots dans une langue qu'ils avaient tous deux inventée de toutes pièce...
"Ma Lumière... J'ai retrouvé l'enfant de ta jeune soeur; elle s'appelle Cerise et, ses cheveux noirs mis à part, lorsqu'on la contemple, on retrouve sa mère en elle et elle revit à travers son image. Elle est d'un caractère enjoué, parle déjà aux animaux comme moi, et je suis certain que vous vous entendrez à merveille; je l'ai laissée en compagnie de Gimli sur le chemin pour t'annoncer la nouvelle...
Il la berça comme une enfant.
...et que tu puisse aller à sa rencontre et l'accueillir comme une tante accueille sa nièce... Alors viens, mon amour, viens, lève toi et allons voir cette enfant..."
Nouveau sanglot. Il serra les paupières de toutes ses forces. Elle n'était pas morte.
Pas elle.
Ne prenez pas sa vie.
Pas elle !!!
Il en aurait hurlé de rage.
Prenez ma vie.
Prenez ma vie mais laissez la en paix !
Elle n'a que trop souffert !!!
--------------------- -"Je t'en pire, petite feuille, attends moi !!!
Le jeune Elfe se mis à rire, traitant la nouvelle étrangère de peureuse, mais ralentissant le pas pour lui laisser passer un bras sous le sien.
On la craignait pour sa force et ses pouvoirs. Il l'avait faite accepter grâce à son innocence.
-Allons, Princesse, ne me dites pas que vous avez peur du noir !"
Elle lui avait répliqué d'un ton moqueur qu'il avait autant peur qu'elle, et que sans sa présence, il n'aurait même pas eu le courage de pénétrer dans la grotte interdite.
Touché par la véracité des propos de son amie, l'enfant elfe se mis à rire de nouveau; éveillant toute une colonie de chauves souries. Elle avait hurlé de terreur en se réfugiant dans ses bras, alors que lui ne songeait qu'à s'enfuir.
Mais il l'avait serrée très fort contre lui en faisant mine de n'être pas effrayé.
Il lui fit croire qu'elle était en sécurité, calmant ses larmes et caressant ses cheveux bruns pour la rassurer.
Ce fut en ce jour qu'il se rendit compte qu'il lui faudrait la protéger.
Toujours. ------------
Mais même en cela il avait échoué.
Il réprima un nouveau sanglot et embrassa à nouveau son visage serein.
"Ma Lumière, on te dit trop jeune pour avoir un enfant, mais je sais que tu es plus mature qu'on ne le croit. Et je suis là, pour t'épauler, comme dans chaque épreuve que tu as traversée depuis notre rencontre... Tu deviendra sa sa mère, Aure, tu lui apprendras comment être détestée puis aimée par les plus anciens... Comme toi, elle sera une magicienne, dont même Dame Galadriel devra reconnaître la puissance... et je jouerai le rôle du père, je lui apprendrai tout ce que je t'ai appris, mais que tu as décidé d'ignorer... je lui apprendrai à être une vraie princesse.. .et nous régnerons sur Mirkwood comme mon père le fit avec tant de sagesse...Cette enfant est incroyablement adulte, pour son âge, et je suis certain que tu l'adoreras autant que moi même je l'adore, alors, Aure, je t'en prie, lève toi et allons l'accueillir comme il se doit... ma Lumière... mon amour... Nous serons tous 3 immortels, et ne verrons pas le temps s'écouler car notre bonheur nous rendra invincibles..."
Il se remis à sangloter.
Pourquoi ?!
Nous nous étions jurés de vivre éternellement.
Tu m'avais juré de vivre à mes côtés, quoiqu'il arrive !
Moi sur un champ de bataille, toi à ma droite, arc en main et sourire espiègle !!!
Pourquoi as tu rompu notre promesse ?
"Te souviens tu de l'arbre sous lequel nous nous sommes jurés de ne jamais mourir ? Il était en fleur lors de mon dernier départ, alors que nous le croyions mort depuis des lustres. Et ton cheval noir, celui dont je ne cesse d'oublier le nom, a eu un poulain ; sa crinière est d'or et sa robe d'argent !
Il rit doucement
J'ignore d'où il tient pareilles couleurs, car sa mère est rousse comme une feuille d'automne... Je pensais qu'il serait le compagnon idéal pour Elle Pio, mais il faut quelqu'un pour lui apprendre à monter... tu es la seule qui puisse avoir la patience de le faire ! On lui apprendra dès que tu seras sur pieds, et..."
C'en était trop.
Il se sentait devenir fou.
Elle était morte.
Il devait la laisser reposer en paix.
Non.
Elle n'était pas morte.
Tant pis s'il devrait sombrer dans la folie.
Chapitre 13
