Titre : Cinquième Année ? Mais je n'ai pas fait mes devoirs !

Titre Original : Fifth Year ? I haven't done my homework!

Auteur : Laterose. Vous pouvez lire la version originale de cette fanfic (et toutes ses autres fics ) à .

Traducteur : Nanouk

Beta-reader : Keina

Disclaimer : Harry Potter appartient à J.K. Rowling, Bloomsbury […] et pas à moi! Dommage. L

Notes : Il y a beaucoup de fics qui traitent de la cinquième année d'Harry à Poudlard, c'est vrai. Mais j'ai décidé de traduire celle de Laterose car elle sort vraiment du lot. Elle est bien écrite, surprenante, riche, originale et drôle. Vous verrez… :;)

Remerciements :

            Merci bien sûr à Laterose pour m'avoir laissé travailler sur son texte, je m'éclate vraiment. [Keep writing ! If you're able to write things like that at 14, you'll be a terrific writer in a few years. I'm impressed, really. And slightly jealous… I wish I could write like that!! ;) ]

            Merci à Keina, qui accomplit un travail impeccable sur cette fic. Ce ne serait pas (du tout) pareil sans toi. Merci miss ) !

Feedback : Je suis reviews-addict !! Si votre feedback est destine à Laterose (ce qui est normal !), je lui ferais parvenir. Mais rien ne vous empêche de laisser des reviews à la traductrice !! )

Bonne lecture ! BiZ, nanouk !

(vous pouvez aussi me contacter à nanouk3@wanadoo.fr si vous voulez)

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CHAPITRE 1

'Serrab rus ertenef'

*

Vernon Dursley se souleva du canapé avec difficulté.

– J'ai entendu ! hurla-t-il en direction du téléphone qui sonnait avec acharnement.

Mais la sonnerie ne stoppa pas pour autant. Fatigué et agacé, Vernon se traîna le long du couloir et décrocha. Il faillit demander « Vous voulez quoi ?! » mais il se retint et déclara finalement : « Ici Vernon Dursley » sans une once d'amabilité.

– Oui, lui répondit la voix d'une jeune femme à l'autre bout de la ligne. Bonjour. Je suis…Abby.

Vernon eut un rire bref. Il détestait les personnes pourvues de prénoms stupides.

– Je voudrais parler à votre neveu, M. Dursley.

M. Dursley sursauta. Il allait raccrocher mais il se ravisa. Après tout, la jeune femme parlait sur un ton plutôt normal, peut-être cela n'avait-il aucun rapport avec l'anormalité de son neveu. Cependant il ne pouvait imaginer quelconques autres raisons qui justifieraient cet appel.

– Pourquoi ? grogna-t-il, s'efforçant néanmoins de contrôler sa voix pour ne pas s'emporter.

– Heu… il a des ennuis.

C'était à prévoir, songea-t-il.

– C'est grave ?

– Assez grave, j'en ai peur.

– Je suis son tuteur, vous devriez tout m'expliquer avant que je ne vous le passe.

Il y eut une pause.

– Vous voulez vraiment savoir, Monsieur ?

– Oui.

– D'accord. Suivit une nouvelle pause. Il était...sur un…balai…

– Taisez-vous ! s'exclama Vernon qui ne supportait pas qu'on prononce ce mot. Vous êtes l'un d'entre eux, hein ?

– On peut dire ça… répondit la jeune femme lentement. Vous voulez dire.. est-ce que je suis une sor-

– Taisez-vous ! rugit-il à nouveau. Il s'estima heureux que Dudley et Pétunia fussent de sortie. Je vais le chercher !

Il couvrit le combiné d'une main, se tourna en direction des escaliers et cria : « Viens là ! »

Un garçon aux cheveux noirs poussa la porte de la troisième chambre et apparut sur le palier.

– Oui, Oncle Vernon ?

Le garçon tentait de paraître courageux mais son oncle remarqua avec satisfaction qu'il tremblait.

– Descends ! Tout de suite ! Quand il vit que le jeune homme hésitait, Vernon ajouta : Téléphone, pour toi.

– Pour moi ? demanda le garçon, ses yeux verts émeraude s'écarquillant sous la surprise. Qui est-ce?

Il eut un mouvement de recul lorsque son oncle cria à nouveau :

– Ne pose pas de questions! Maintenant, dépêche-toi de descendre si tu ne veux pas que je monte te faire ta fête !

L'injonction poussa le neveu de Vernon à réagir. Chancelant, il sortit sur le palier et descendit les escaliers quatre à quatre.

Vernon lui donna une claque sur l'arrière du crâne et lui tendit le téléphone. Tout tremblotant encore, le garçon porta le combiné à son oreille.

– Allo ? demanda doucement Harry.

Il se demandait qui pouvait bien lui téléphoner.

– Harry ! C'est moi!

– Her-

– Chut! Je m'appelle Abby, ok?

Harry savait pertinemment que son oncle était appuyé contre le mur du couloir et le regardait, sans perdre une miette de ce qu'il disait.

– Abby, répéta-t-il comme s'il approuvait le nom de son interlocutrice.

– Harry, est-ce que ton oncle écoute ?

– Oui, répondit Harry d'une manière neutre, tout en se contraignant à ne pas regarder Vernon afin que ce dernier ne réalise pas la supercherie.

– Je te préviens, si tu dis ne serait-ce qu'un mot… l'avertit M. Durlsey.

Harry savait de quoi il parlait, il savait aussi qu'il ne dirait rien, sans quoi Hermione réagirait outre mesure.

– Harry, pourquoi n'as-tu pas répondu à mes hiboux ? Tu n'as pas donné de nouvelles depuis la première semaine des vacances. Ron s'inquiète et Sirius m'a même envoyé un hibou ! Les hiboux nous ramènent toutes nos lettres. Est-ce que tu vas bien ?

– Oui, répondit Harry.

– Alors pourquoi n'as-tu pas répondu ?

Elle semblait perplexe. Harry soupira. Il se refusait catégoriquement à lui dire la vérité.

À travers son soupir, Hermione crut déceler la raison de son silence et déclara :

– Je comprends, tu ne peux pas parler. Je vais devoir te poser des questions en oui ou non. Heu… as-tu répondu à l'une de nos lettres ?

– Non, dit Harry.

Il se demandait jusqu'où elle irait.

– Tu as reçu les hiboux ?

– Oui.

C'était la vérité.

– Tu as ouvert les lettre ?

– Non.

– Oh. Est-ce que tu as pu les ouvrir ?

– Non.

– Pourquoi ? Oh, désolée, tu ne peux pas répondre, c'est vrai. C'est à cause des Dursley ?

– Oui.

– Donc, ils interceptent ton courrier ?

– En quelque sorte.

– C'est quelqu'un d'autre ?

– Non.

A l'autre bout de la ligne, Hermione commençait à s'impatienter et poussa un soupir.

De son côté, Harry se demandait ce qu'il pouvait lui dire. Il réfléchit très rapidement et déclara :

– Heu… serrab rus sertênef

– Quoi? demanda Hermione.

– Quoi? demanda l'oncle Vernon au même moment.

– Port titep

– Harry, je ne comprends pas un mot de ce que tu dis.

– Maistupeuxtensouvenir ? énonça Harry, le plus rapidement possible.

Heureusement, Hermione comprit :

– Oui, je pense…serrab rus sertênef, port titep, c'est ça ?

– Oui.

– Mais Harry, cela ne veut rien dire…

– Ecoute, formula distinctement Harry, je suis persuadé que tu dois être très occupée…Abby.

– C'est vrai ! répondit Hermione. Je leur ai dit que tu avais des ennuis à propos de quelque chose en rapport avec un balai. Tu pourras inventer le reste ?

– Oui, bien sûr.

– Dis-moi juste si-

Mais la communication fut coupée avant qu'elle puisse terminer. Après avoir raccroché de façon brusque, Harry se tourna vers son oncle.

– Qu'est-ce que c'était que tout ce charabia ? rugit Vernon.

– C'était…c'était… Harry essaya de se souvenir des paroles d'Hermione. C'était une promesse, ça veut dire que je ne le ferai plus jamais, et…

– Une promesse ? grogna Vernon, exaspéré.

– Oui. J'ai de sérieux ennuis.

– Bien ! Tu es renvoyé ?

– Pas encore.

Vernon Dursley frappa une seconde fois Harry derrière la tête, le faisant tituber.

– N'emploie pas ce ton quand tu me parles ! Maintenant, remonte avant que ta tante et ton cousin ne reviennent ! Tout de suite !

Harry retourna tant bien que mal à l'étage, s'aidant de la rampe d'escalier pour ne pas tomber. Il courut se réfugier dans sa chambre aussi vite que possible. Enfin, il n'y était pas vraiment en sécurité mais il savait qu'il avait eu de la chance d'échapper aux coups de son oncle.

La première chose qu'il remarqua fut Coq, le hibou de Ron, qui se cognait violemment contre la vitre de sa fenêtre.

Harry secoua tristement la tête :

– Je suis désolé Coq, murmura-t-il, tu pourrais peut-être passer entre les barres, même si Errol, Madeline et Flash ne peuvent pas, mais je ne peux pas ouvrir la fenêtre. La poignée a été arrachée.

Harry se demanda si l'oncle Vernon connaissait l'importance de sa force avant qu'il ne la casse. Désormais, la fenêtre ne s'ouvrirait plus jamais.

Hedwige hulula doucement depuis le bureau. Elle se tenait sur le journal intime d'Harry.

Ce dernier se laissa tomber sur la chaise et la caressa :

– Je suis vraiment désolé Hedwige, j'aimerais pouvoir te laisser sortir.

Hedwige se contenta de lui mordiller l'oreille. Harry souleva la maigre pile de parchemins qu'il avait réussi à conserver de l'année précédente et prit des bonbons pour hiboux qui dataient eux aussi d'un an plus tôt.

Il n'est pas utile de préciser que ceux-ci avaient depuis longtemps dépassé la date de péremption qui clignotait en rouge à l'arrière du paquet.

– Tu vas grossir si je continue à te donner ça,  tenta de plaisanter Harry tout en versant quelques bonbons dans la cage.

Ils étaient dégoûtants mais c'était tout ce qu'ils avaient. Enfin, tout ce qu'Hedwige avait, car Harry, lui, n'avait rien.

Son estomac émit un grognement. Cela faisait maintenant quatre jours que le garçon n'avait pas mangé, et son dernier repas n'avait été que du pain et du fromage.

Harry s'était récemment interrogé sur l'anorexie. C'était dans un de ces magazines que les écoles moldues donnent chaque semestre, qui portent sur la santé et la sécurité, qu'Harry en avait appris un peu plus sur le sujet.

Il avait trouvé les magazines sous une pile de Dino's qui avaient appartenu à Dudley. Apparemment, c'était lui qui les avait amenés, posés à terre, puis oubliés. Harry s'étonnait qu'ils soient arrivés jusque dans la maison.

Comme il n'avait rien d'autre à faire, Harry s'était résigné à en lire quelques-uns tandis qu'il songeait à ses pauvres livres de Quidditch, enfermés à l'intérieur de sa malle dans le placard sous l'escalier.

Le fait que quelqu'un puisse choisir d'avoir faim pour perdre du poids le dépassait complètement. « Enfin, songea-t-il en regardant son reflet dans le miroir sur la porte de l'armoire – il avait la peau sur les os –  je n'ai pas trop de soucis à me faire ».  

Harry se secoua pour se réveiller. Il avait manqué de s'endormir à même la chaise, devant son bureau. Il frotta son front qui était douloureux, enleva la plupart de ses vêtements et s'allongea sur son lit.

Cela faisait un moment qu'il avait abandonné l'idée de dormir en pyjama. Il se sentait déjà suffisamment honteux de n'avoir plus en tout et pour tout qu'un seul ensemble de vêtements à se mettre.

L'unique drap ne lui apportait aucun confort. Dudley lui avait volé sa couverture plus d'une semaine auparavant et Harry n'avait pas osé la réclamer. Dudley était presque aussi dangereux que ne l'était son père.

C'est pourquoi le jeune garçon dormait-il sur un matelas nu avec le drap-housse sur lui. C'était une chance pour lui que l'été ne soit pas terminé : en hiver, il serait probablement mort gelé.

Il y pensait toutes les nuits. C'était même dans son journal, quelque part. « Est-ce que tu préférerais mourir de froid… ? »

Harry s'installa du mieux qu'il put sur le matelas dépourvu d'oreiller. Il était trop fatigué pour faire quoique ce soit mis à part respirer. Il sombra dans un sommeil agité :  le jeune garçon rêvait.

Une fois de plus, la majestueuse chouette effraie le portait au-dessus de vastes villes endormies et de petits villages de campagne. Il ne ressentait aucune douleur c'était ce qu'Harry préférait dans le voyage. Il lui semblait que sa jambe n'avait jamais été fracturée et que ses côtes étaient encore solidement en place.

Ils se rapprochèrent peu à peu de la grande maison. Harry n'avait pas peur, il n'était pas non plus excité, juste curieux. Il était quasiment sûr qu'il entendait quelqu'un chanter.

La chouette descendit au-dessus des jardins. Harry sursauta lorsqu'il crut apercevoir plusieurs formes drapées de noir se déplacer dans les buissons, mais la chouette ne s'attarda pas assez longtemps pour permettre à Harry de mieux regarder.

La chouette effraie entra dans la maison par l'une des plus grandes fenêtres et s'envola dans la nuit après avoir déposé Harry. Il se trouvait dans une pièce colorée et chaleureuse, peinte en jaune et blanc, les murs couverts de petits lapins violets qui donnaient des oeufs aux passants.

Une femme chantait une douce berceuse au bébé qu'elle portait dans ses bras, alors qu'un petit garçon d'à peine six ans était assis et l'écoutait aussi. La femme ne remarqua pas la présence d'Harry.

Hush there

Little one

Don't cry out

I am here

Please be still

Hushabye

Little Baby

Do not cry

Soon Papa

Will sing to you

Hushabye

Little one

Hushabye…

Malgré le calme de la chanson et la belle sensation d'amour et de chaleur qui se dégageait de la scène, Harry fronça les sourcils.

Ce rêve était différent des autres. Les autres commençaient toujours avec des Mangemorts…

OH NON.

Par pitié, non…

Un rire fou s'échappa des escaliers. Le petit garçon allait crier mais sa mère lui mit une main sur la bouche et le poussa dans le placard, le bébé toujours endormi dans ses bras.

Brusquement, la porte s'ouvrit dans une explosion. Environ dix, non, vingt Mangemorts s'entassèrent dans la pièce. Le plus grand d'entre eux était aussi le seul qui ne portait pas de masque. Il s'agissait de Lord Voldemort.

Bien qu'elle se fût préparée à une attaque, la mère n'était pas prête à les affronter tous. Dans un cri, elle se jeta à terre, protégeant avec son corps son bébé qui hurlait.

Avec désinvolture, Voldemort leva sa baguette :

– Avada Kedavra !  murmura-t-il d'un ton redoutable.

Harry ressentit un éclair de douleur dans sa cicatrice et poussa un cri que personne ne put entendre.

Le mal était fait.

Le Seigneur des Ténèbres fit signe à un Mangemort. Ce dernier donna un coup de pied dans le corps inerte de la mère pour exposer le bébé, qui aimait les petits lapins. Il y eut à nouveau le flash de lumière verte et l'éclair de douleur. Le bébé cessa de pleurer.

Le garçon dans le placard hurlait maintenant, il venait d'entendre Voldemort assassiner sa mère et le bébé. Harry détourna ses yeux pleins de larmes lorsque Voldemort dirigea sa main vers l'enfant, maintenu par deux imposants Mangemorts.

Harry ne pouvait rien faire. Les toutes premières fois où ces rêves l'avaient visité, il avait déjà essayé d'intervenir. Il ne s'était rien passé, tel un fantôme, Harry avait marché à travers les gens, parfois quelques secondes avant leur mort.

Le seul aspect positif qu'il retirait de ces rêves était qu'ils ne pouvaient pas lui donner de cauchemars, car il en faisait un nouveau chaque nuit.

Il hurla lorsqu'une douleur bien plus terrible explosa dans sa cicatrice. Le garçon avait tenté de s'échapper. Ils avaient tous deux partagé sa douleur.

Harry avait réalisé que les meurtres se déroulaient toujours de la même façon. Plus la victime cherchait à se défendre, plus Voldemort la faisait souffrir. Beaucoup d'entre eux avaient combattu mais aucun n'avait survécu jusque là.

Le rire froid et sans pitié du Seigneur des Ténèbres retentit une nouvelle fois lorsque le corps sans vie du petit garçon s'écroula sur le sol à côté de celui de sa mère. Les Mangemorts riaient toujours quand ils quittèrent la pièce, et lorsque la porte claqua, Harry se réveilla en sursaut.

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Pour la centième fois, Ron observa la lettre que lui avait envoyée Hermione, et qui contenait les seuls indices qu'ils possédaient sur la situation d'Harry.

1) Harry reçoit les hiboux mais il ne peut pas ouvrir les lettres.

2) D'une façon ou d'une autre, c'est à cause de son oncle et sa tante.

3) Serrab rus sertênef

Serrab rus quoi? Ron était prêt à envoyer un hibou à Hermione pour lui demander à quoi elle jouait quand il remarqua qu'il y avait un post scriptum à la lettre.

 « Je n'ai pas la moindre idée de ce que cette dernière phrase signifie. Son oncle le surveillait alors je suppose qu'il me parlait en message codé. Tu comprends la phrase ? »

Et bien, non, Ron n'y comprenait rien. Il posa un oreiller contre la tête de lit et s'assit pour réfléchir à ce mystère. 

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– Toi! DEBOUT! Maintenant!

Harry était déjà réveillé. Il n'avait pas trouvé le sommeil la nuit passée, à l'exception du moment où il avait rêvé, et il ne considérait pas cela comme du repos. Il avait enfilé ses uniques vêtements et était resté assis, immobile, durant deux heures : il s'efforçait de ne pas être malade.

Il était devenu très doué pour s'asseoir et réfléchir. La plupart du temps il pensait aux rêves, se demandait s'ils montraient la réalité ou encore essayait de les interpréter. Mais rien que de penser à ce bébé, immobile dans les bras de sa mère pendant que le petit garçon hurlait alors qu'on le traînait hors de sa cachette, cela suffisait à octroyer à Harry l'envie de vomir. 

Pourtant, il se ressaisit et se dirigea lentement vers la porte de sa chambre. Dès que le rêve avait pris fin, la douleur était revenue.

– Dépêche-toi ! cria sa tante Pétunia.

Harry avança jusqu'aux escaliers en se tenant les côtes. Alors qu'il posait à peine son pied sur la toute première marche, quelque chose le frappa violemment à la base de son dos et il roula au bas des escaliers en bois, heureusement recouverts de moquette.

Il atterrit au rez-de-chaussée avec un bruit sourd, étendu sur le côté. L'oncle Vernon se précipita hors de la cuisine :

– Qu'est ce qu'il se passe ici ? rugit-il.

– Harry mettait trop de temps à descendre les escaliers, déclara Dudley qui dégringolait bruyamment les marches.

Comme si les escaliers étaient, comme les toilettes, des endroits sacrés où une seule personne à la fois pouvait s'aventurer.

 Vernon grogna et releva Harry en le tenant par le col de son tee-shirt trop grand, ce qui lui coupa la respiration :

 – Qu'as-tu à dire pour ta défense, hein ?

Incapable de parler, Harry se débattait, essayant de respirer.

– Réponds-moi !

Mais la pression sur sa gorge l'en empêchait. L'oncle Vernon le portait assez haut, pour qu'il ne puisse pas s'aider de ses pieds.

– D'accord !

Harry eut soudain très mal au ventre. Il se pencha en avant alors que son maigre repas avalé quatre jours auparavant menaçait de ressortir.

Pétunia appela Vernon depuis la cuisine :

– Pas dans le couloir mon chéri ! Et amène-moi le garçon !

Dudley courut à la cuisine. Vernon poussa Harry dans la pièce, et ce dernier tomba à genoux sur le carrelage glacé.

Alors qu'il tentait de reprendre son souffle, une liste de corvées apparut devant ses yeux.

– Fais-les ! ordonna Pétunia. Ou tu ne mangeras pas aujourd'hui !

Comme d'habitude songea Harry en prenant la liste.

– Vas-y, dit Dudley, alors que sa mère lui tendait une énorme assiette de bacon. Les Dursleys avait depuis longtemps arrêté de faire cuisiner Harry, ils avaient trop peur qu'il les empoisonne. Harry devait admettre que c'était étrangement intelligent de leur part.

Il sortit de la cuisine puis, une fois dans le couloir, jeta un œil à la liste. Elle était longue. Harry savait pertinemment qu'il n'aurait jamais le temps d'effectuer tous ces travaux en une seule journée.

Enfin, il n'avait d'autre choix que de se mettre au travail. La première tâche inscrite sur la liste était « désherber le jardin ». Cela semblait stupide de commencer par désherber. Il serait plus simple de tondre la pelouse en premier, par exemple.

Cependant, Harry avait appris qu'il était dans son intérêt de faire les choses dans l'ordre indiqué. Un changement pouvait l'entraîner à subir pire qu'une fracture.

C'est pourquoi, fiévreux et fatigué, Harry sortit un seau et une truelle du cabanon de jardin et se mit au travail.

Deux heures plus tard, il était couvert de boue, ses genoux et son short étaient trempés et gelés à cause de la rosée, et ses mains le brûlaient pour avoir été en contact avec des orties à maintes reprises.

Encore vingt minutes plus tard, Harry peignait le cabanon de jardin pour la troisième fois en quinze jours. Les Dursleys devaient être à court d'idées et ne savaient plus quoi faire faire à Harry.

A l'origine, le cabanon était exactement de la même couleur que celle qu'utilisait Harry : marron foncé. Le garçon porta tout son poids sur sa jambe droite, à cause de la fracture dans la gauche, et se mit à peindre de haut en bas.

Pendant qu'il travaillait, il s'efforçait de ne pas penser à ce qu'il était en train de vivre. Il songeait à combien il serait heureux de partir de chez les Dursley pour retourner à l'école avec ses amis. Jamais plus il ne se plaindrait d'avoir trop de devoirs.

Au bout d'un moment, il eut des fourmillements dans sa jambe droite et s'adossa contre le mur une minute pour regarder la peinture sécher. Il eut un faible sourire face à l'ironie de la situation.

– Toi !

Harry se redressa d'un coup, haletant de douleur tandis qu'il s'appuyait sur sa jambe blessée pour se retourner.

Sa tante l'avait observé depuis la fenêtre de la cuisine, son regard perçant rivé sur lui durant sa vaisselle. À présent elle traversait la pelouse, irritée, et se dirigeait vers lui, la figure cramoisie.

– Que je ne te surprenne pas à bâcler ton travail, petit imbécile ! hurla-t-elle tout en faisant attention à ne pas alerter les voisins.

Effrayé, Harry remarqua que sa tante tenait à la main une poêle à frire encore toute savonneuse, mais elle se contenta de l'agiter pour qu'il se remette au travail.

Harry soupira puis retourna à sa peinture (en haut, en bas, en haut, en bas) et la tante Pétunia regagna la maison.

– Harry, mon enfant?

Malgré les efforts de Pétunia, une voisine avait tout de même assisté à la scène. La petite tête de la vieille Madame Figg apparut bien au-dessus de la haie. Elle devait être montée sur quelque chose.

– Bonjour Madame Figg, émit Harry aussi chaleureusement qu'il pût. Mais sa voix était plate et monotone.

– Ça à l'air amusant… avança la vieille femme.

– Ouais, dit Harry. Il réussit à lui faire un faible sourire avant de s'en retourner à ses coups de pinceaux réguliers et apaisants. En haut, en bas…

– Est-ce que tu as proposé de faire ça pour ton oncle ? demanda-t-elle.

– Heu… oui. déclara Harry, essayant d'être poli tout en évitant le regard de la voisine.

Il avait découvert que les gens pouvaient déceler ses mensonges rien qu'en l'observant. Surtout sa famille.

– Est-ce que tu vas bien, Harry ?

– Quoi ? demanda le garçon, levant finalement les yeux. Oui, évidemment, je vais bien.

– D'accord mon enfant, je voulais juste m'en assurer.

Le sang d'Harry se figea dans ses veines. Avait-elle deviné? Pouvait-elle voir… ?

– C'est juste que, tu n'as pas l'air de t'amuser, et puis tu as un oeil au beurre noir pas très joli…

Harry expira, soulagé.

– J'ai beaucoup de choses en tête, c'est tout. Je vais bien Madame Figg, vraiment.

– Ah. Je suppose que tu n'as pas envie de venir à la maison pour en parler…

Harry savait ce qu'il se passerait. Elle devinerait la vérité si elle le voyait d'assez près, puis il devrait faire face aux organismes pour la défense des enfants. Pourquoi ne le laissaient-ils pas tranquille ?

– C'est très gentil de votre part Madame Figg mais je dois finir ça. Une autre fois, c'est promis.

Et il lui offrit un sourire plus crédible.

Madame Figg secoua la tête et descendit de son panier à pommes. Quel sourire ! sougea-t-elle. Le garçon pourrait être beau s'il commençait à manger correctement. Elle passa le reste de son après-midi à réfléchir à la 'jeunesse d'aujourd'hui'.

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– Hermione!

– Bonjour, Mme Weasley.

– Nous sommes si heureux que tu aie pu venir.

– Je suis très heureuse que vous m'accueilliez, Mme Weasley.

Hermione aperçut Ron dans l'embrasure de la porte de la cuisine.

Après quatre jours passés à se faire du souci au sujet de l'étrange message d'Harry, les deux amis avaient décidé qu'il serait préférable qu'Hermione passe quelques jours au Terrier pour qu'ils puissent y travailler ensemble.

– Salut Hermione, dit Ron.

Ses cheveux roux étaient décoiffés, il ne devait pas avoir dormi beaucoup.

– Salut Ron, répondit Hermione.

Ron la guida en haut des escaliers. Fred et Georges les attendaient dans la chambre de Ron. Hermione leur jeta un regard soupçonneux.

– Ron nous a tout raconté, dit Fred.

– On vous aide, ajouta Georges fermement.

– D'accord. On a besoin d'autant d'aide que possible. On s'y met ?

Les trois garçons acquiescèrent.

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Cela ne servait à rien, songea Harry. La saison des fraises serait finie dans quelques mois de toutes façons. Pendant qu'il ratissait le sol, Harry songeait au fait qu'il savait pertinemment que Dudley ne voulait des fraises que dans le but de les étaler un peu partout pour effrayer les gens.

Personne n'oublierait cet accident fatal la semaine précédente, lorsque Suzanne, la voisine, s'était évanouie en découvrant un petit moineau recouvert de jus de fraise, accompagné d'un message qui annonçait :  « Un en moins. Il en reste des millions… »

Harry en était presque à la moitié de la liste et il serait bientôt six heures. Depuis le matin, il avait récolté en prime : des égratignures dues à la scie, des échardes venant du nouveau bois, et un énorme bleu sur la joue à cause d'une casserole bien lancée.

Il regarda le potager. Encore trois plants et puis… eh bien, il ne pouvait pas se souvenir de ce qui venait ensuite.

– Harry !

Harry leva brusquement la tête et vit l'homme et le chien qu'il avait le moins envie de voir quand il était agenouillé dans la boue et qu'il avait un nouveau bleu assorti à son œil au beurre noir.

– Professeur Lupin ? Sirius ?  

Le chien grognait.

Très fort.

– Tais-toi! murmura Harry. Ils vont t'entendre !

Sirius aboya.

– Je pense que c'était la version canine de « qu'ils viennent… », dit Remus Lupin.  Harry, qu'est ce qu-

– Par ici, le coupa précipitamment Harry.

Vacillant de douleur, il se leva et contourna la maison pour rejoindre le cabanon. Tante Pétunia n'était plus à la fenêtre.

 – Attention à la peinture, chuchota Harry en poussant la porte pour les laisser entrer.  Je viens juste de – mmph !

A peine furent-il à l'intérieur que Sirius se métamorphosa à une vitesse impressionnante et étreignit Harry entre ses bras.

Le garçon sanglota sous la douleur lorsque Sirius pressa sur ses côtes brisées. Rapidement son Parrain le lâcha.

– Harry, je suis désolé, qu'est ce qu'il s'est passé ?!

– Rien du tout.

– Harry, regarde-toi ! Tu ne peux pas me dire que ces monstres ne t'ont pas fait de mal.

– J'ai eut un accident, ok ? Je me suis cogné dans une porte…

– Ouais, ouais, ouais, si tu veux, dit Sirius, on ne me la fait pas à moi. Regarde-moi Harry.

Contre son gré, Harry leva les yeux vers Sirius. Celui-ci le tenait par le bras et lui faisait mal. Remus quant à lui se contentait de regarder.

– Ne me mens pas. Qu'est ce qu'il s'est passé ?

– Je t'ai dit que…

  Le professeur Lupin prit soudain la parole :

– Harry, tu boîtes et tu as deux blessures au visage. Et tu t'es cogné dans une porte ?

– Je me suis fait mal à la jambe en tombant dans les escaliers.

– Tu es particulièrement maladroit cet été, c'est ça ? grogna Sirius.

Harry ne savait même pas pourquoi il mentait. Il se tut.

– Je ne te laisse pas ici.

– Sirius, tu ne peux pas…

– Ah oui ? Pourquoi pas ?

– J'ai promis à Dumbledore que je resterais ici…

– Dumbledore ne se doutait pas que quelque chose comme ça se produirait, répliqua Sirius.

– Tu ne comprends pas ! Dumbledore m'a mit ici pour que je ne mette personne d'autre en danger ! Je ne peux pas aller ailleurs avant de retourner à Poudlard.

– Harry, commença Remus. Ce n'est pas vrai…

– TOI!!

Harry s'arrêta net.

– Je dois y aller.  

Sirius se dirigea vers la porte dans l'espoir de trouver et de tuer la personne qui venait d'appeler Harry, mais Remus tendit la main pour le stopper :

– Il a raison Sirius. On aurait dû aller voir Dumbledore en premier.

Harry savait qu'il faisait une erreur. Seulement, il ne pouvait pas supporter qu'on s'inquiète pour lui maintenant, alors qu'il avait gâché l'été de la plupart des sorciers.

Résigné, Sirius poussa un long soupir :

– Harry, dit-il, si quelque chose t'arrive. N'importe quoi. Je veux que tu quittes cette maison dans la seconde, c'est compris ? Vas quelque part où tu te sais en sécurité. Prends le Magicobus s'il faut. Mais ne reste PAS ici.

Harry hocha la tête pour montrer qu'il avait compris et les deux hommes transplanèrent. Il s'en était fallu de peu.

Le garçon de quinze ans sortit du cabanon de jardin où on venait de lui offrir la chance de s'échapper, et retourna vers l'enfer dans lequel il vivait.