[n/a] : Un merci gigantesque à Alixe qui effectue un travail de maître sur cette fic. Merci également à tous ceux qui prennent le temps de la lire et à ceux qui composent des reviews, ça fait toujours plaisir.

Chapitre 6

Une fois que les deux autres professeurs eurent refermé la porte de la salle de cours, mademoiselle Mac Kenzie débuta sa classe. Elle leur exposa les diverses coutumes liées à l'art du duel, parlant tradition puis abordant certaines techniques plus modernes. Ce fut un cours des plus intéressants même s'il fut court et uniquement théorique. La jeune femme semblait réellement passionnée par son sujet et s'exprimait avec aisance et vivacité. À la fin de son cours, elle pria chacun de se présenter à l'avenir dans une tenue plus décontractée et de laisser leur robe au vestiaire, de façon à avoir une plus grande facilité de mouvements.

Puis, la cloche qui résonnait magiquement pour ponctuer les cours se fit entendre, et plusieurs élèves les quittèrent, se conformant à leur programme de la journée. Seuls neuf étudiants restèrent, attendant que la professeure Scamander ne revienne. Ce qui ne prit pas beaucoup de temps, et rapidement les deux amies américaines discutaient au fond de la classe. Harry et ses amis se demandèrent s'ils auraient droit à un nouvel exposé des antécédents des deux étrangères. Non que cela les dérangeraient, les entendre conter leur vie étant plutôt divertissant . Finalement, Ginny se leva alors qu'Hermione argumentait toujours avec Ron sur la pertinence d'un cours traditionnel dans les circonstances actuelles. Harry la regarda se diriger vers les deux jeunes femmes qui parlaient toujours alors que les autres étudiants arrivaient par groupe et s'installaient sur les bancs qui venaient d'être remis en rangées parallèles au fond de la classe. La jeune Weasley marchait d'un pas sûr mais perdait peu à peu de son assurance en s'approchant des deux professeures. Elle se racla la gorge pour signifier sa présence et les deux jeunes femmes se retournèrent pour lui faire face. Ginny se figea et perdit le peu de contenance qui lui restait en voyant l'étrange regard que lui jetait mademoiselle Mac Kenzie. Elle la regardait droit dans les yeux, la scrutant comme si elle cherchait à percer son âme par un simple regard.

« - Peut-on vous aider mademoiselle Weasley ?

La voix, d'abord lointaine puis de plus en plus forte de mademoiselle Scamander la ramena à la réalité et elle réussit à articuler ce pour quoi elle était venue les voir :

Euh. . . Oui, en fait, on se demandait si vous alliez nous autoriser à vous poser des questions comme vous l'avez fait au début de la précédente période ?

Vous avez encore des questions à nous poser ? s'informa gentiment mademoiselle Scamander.

Oui, des tas, admit la jeune fille avec un sourire gêné. Et puis, voyez- vous, les autres étudiants voudront savoir tout comme nous. . .

Oui, bien sûr, on y a pensé, déclara mademoiselle Scamander. Cependant, on s'est dit que d'ici quelques jours, toute l'école saurait ce qui c'est dit ce matin, alors cela nous servirait à rien de recommencer »

Ginny rit en entendant ces propos prononcés avec un fond de malice dans les yeux et un sourire espiègle par Mademoiselle Scamander. Ginny se fit la réflexion que jusqu'à présent n'avait vu de telles manifestations que chez mademoiselle Mac Kenzie. Elle confirma d'un ton joyeux :

« - D'ici l'heure du souper, toute l'école sera au courant, du moins si votre côte est bien celle que je crois. Les potins courent vite par ici. . .

Tu vois, Key, je te l'avais dis, tu me dois trois gallions.

Ne vends pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué Aya, déclara Keyra sur un ton professoral.

Vous pariez entre vous ? ne put s'empêcher de demander Ginny.

Oui, depuis des années, expliqua mademoiselle Mac Kenzie qui avait retrouvé son regard habituel. Key et moi gageons sur plein de petites choses. Il nous est même arrivé de parier sur la température qu'il ferait à pareille date trois ans plus tard. Tu me dois d'ailleurs toujours deux gallions pour ça Keyra. . .

Je les garde en compensation des deux que tu ne m'as jamais remis et qui m'étaient dus suite à la défaite des Devils en finale de la coupe Stanley l'an dernier. . . »

Voyant que la jeune rousse semblait perdue, mademoiselle Mac Kenzie eut la bonté de lui expliquer brièvement :

« - Les Devils sont une équipe de hockey sur glace et la coupe Stanley est le plus important trophée de ce sport moldu chez nous en Amérique. Vous pariez également mademoiselle Weasley ?

Oui, je ne suis pas autant joueuse que le sont certains de mes frères mais j'aime bien plumer un ami avec des paris dont je suis sûre ou pratiquement sûre de gagner.

Votre score est bon ? s'informa Ayael

C'est plutôt chaud pour l'instant, admit Ginny un petit sourire aux lèvres.

Tout comme nous, confessa Mac Kenzie. Et ce, même si on parie depuis des années maintenant. »

La cloche annonçant le début du cours, Ginny retourna rapidement à sa place alors que mademoiselle Mac Kenzie quittait la salle, laissant les élèves de troisième niveau avec leur professeure d'Incantation et d'Invocation. Lorsqu'elle rejoignit son frère et ses amis, Ginny fut accueillie par les regards interrogateurs de ces derniers mais elle ne put leur rapporter sa discussion avec les deux américaines car déjà le cours débutait.

Le cours qu'offrit mademoiselle Scamander était à l'opposé de celui de sa collègue mais n'en fut pas moins intéressant. Il cadrait cependant plus dans les critères d'Hermione qui ne cessa de noter les propos de sa professeure. Ron et Harry l'entendirent à quelques reprises ronchonner sur le fait qu'il n'y ait pas de manuel pour ce cours. Visiblement, Hermione avait décidé de pallier ce manque en notant frénétiquement toutes les paroles sortant de la bouche de l'enseignante.

« - Je ne connais pas exactement le plan de cours ma collègue mais je me doute que vos devoirs seront plutôt minimes si je me fie à ce que je connais d'elle. Dans ma classe, il en sera tout autrement. Nous aurons beaucoup de choses à voir, c'est pourquoi, je ne peux me permettre d'être aussi magnanime que la professeure Mac Kenzie. Nous devrons survoler les 72 anges du zodiaque, et je me propose d'en voir 36 avec vous, les 36 autres vous seront donnés en étude, un par semaine. Vous me produirez un parchemin à chaque fois. De plus, pour vous permettre d'en connaître au moins un à fond, vous aurez un travail de session à me rendre à la fin de l'année scolaire. Je vous attribuerais, à la fin du cours, la déité sur laquelle vous travaillerez. J'attends un travail bien fait et complet sur le sujet. »

Mademoiselle Scamander avait raison : la professeure de duel s'était montrée généreuse avec eux en leur déclarant qu'ils n'auraient pas de devoir hebdomadaire, ni de travail de session à rendre. Cependant, elle leur avait dit qu'elle s'attendait à ce qu'ils se donnent à fond à chacun de ses cours, sa matière était très physique et demandait énormément d'énergie, tant magique que corporelle. Ils seraient notés sur leur participation active et leur implication tout au long de l'année. De plus, elle leur avait dit qu'elle leur établirait des objectifs personnels et qu'ils devraient travailler très fort pour les atteindre, ce qui justifiait, selon elle, qu'ils n'aient pas de devoirs proprement dit.

Mademoiselle Scamander par contre semblait être le style de professeur qu'adoraient les Serdaigles et Hermione : des tonnes de devoirs et des études interminables les attendaient. Peu importait cependant pour Harry : tout ce qui comptait pour lui c'est l'apprentissage de nouvelles techniques pour vaincre Voldemort.

Peu avant la fin du cours, la professeure attribua comme prévu à chacun d'eux une déité du zodiaque pour qu'ils produisent leur travail de session.

« - Monsieur Weasley, vous travaillerez sur Umabel, fils de l'air vivant entre le premier et le cinquième degré du Verseau. »

Ron prenait les coordonnés en note alors que mademoiselle Scamander se dirigeait avec son épais grimoire vers Hermione en tournant les pages jaunies. A son hochement de tête satisfait, Harry comprit qu'elle venait de trouver le génie idéal pour son amie :

« - Mademoiselle Granger, pour vous cela sera Achaiah, fils de la terre résidant entre le premier et cinquième degré du Taureau. »

Pour Harry, la jeune femme sembla chercher une page précise dans son livre. Sans doute avait-elle déjà une petite idée de la déité qu'elle voulait attribuer au jeune homme :

« - Monsieur Potter, Nith-Haiah, fille du Feu habitant entre le premier et cinquième degré du Lion sera parfaite pour vous. »

Vint ensuite le tour de Ginny. Cette dernière crut voir un sourire malin apparaître sur le visage habituellement sérieux de sa nouvelle professeure mais elle n'aurait pu le jurer. Elle prit note de ce que lui disait la jeune femme :

« - Mademoiselle Weasley, si votre destin est bien celui que je crois, Haamiah, fille de l'Air résidant entre le sixième et dixième degré de la Balance vous sera bien utile. »

Les propos de mademoiselle Scamander laissèrent Ginny songeuse. Etant de nature curieuse, elle ne put s'empêcher de lui demander :

« - Qu'a de spécial mon destin ?

Seul le temps le sait et tout vient à point à qui sait attendre », répondit la professeure avant de continuer sa distribution de sujet d'étude.

Rien pour éclairer Ginny qui se sentait de plus en plus confuse. Lorsque la cloche sonna la fin du cours et l'heure du repas du midi, Ginny traînait les pieds dans le couloir, alors qu'Hermione et les garçons la précédait de loin. La jeune Weasley réfléchissait aux propos de mademoiselle Scamander, tellement perdue dans ses pensées, qu'elle ne s'était pas rendue compte que cette dernière l'avait rattrapée. Aussi sursauta-t-elle en l'entendant à quelques pas d'elle. Mais lorsqu'elle releva la tête d'un mouvement vif, se fut pour se retrouver les yeux dans les yeux avec mademoiselle Mac Kenzie, qui était venue à la rencontre de sa collègue. Elle fut à nouveau confrontée à ce regard inquisiteur qui la mettait si mal à l'aise. Cependant, Ginny garda ses yeux bien plantés dans ceux de la jeune femme. Un silence gênant et pesant s'abattit sur elles. Il fut interrompu par Hermione qui, s'étant aperçue de l'absence de son amie, était revenue sur ses pas pour la chercher :

« - Re-bonjour Professeure Mac Kenzie, dit Hermione. »

Du coup, mademoiselle Mac Kenzie brisa le lien visuel qui l'unissait à la jeune Weasley, au grand soulagement de la rouquine. Hermione remarqua également la présence de mademoiselle Scamander qui souriait étrangement au côté de sa compatriote.

« - Re-bonjour mademoiselle Granger, répondit l'américaine en la gratifiant d'un signe de la tête.

Ayael, tu ne devineras jamais quelle déité j'ai attribué à mademoiselle Weasley ici présente, coupa mademoiselle Scamander les yeux pétillants en regardant son amie.

J'ai une chance sur 72 de le trouver du premier coup Key. . . déclara d'un ton indifférent mademoiselle Mac Kenzie.

Je parie que tu ne le trouveras pas en moins de cinq coups., insista mademoiselle Scamander.

Tel que je te connais, Key, je dirais en trois coups ou moins, car tu ne lui aurais pas donné le premier, donc voyons voir.. »

Mademoiselle Mac Kenzie plongea de nouveau ses yeux dans ceux de Ginny, mais cette fois, c'était différent. C'était comme si elle recherchait uniquement une réponse en surface, alors que leur regard précédent avait été beaucoup plus intense. Plus pénétrant aussi. Mademoiselle Mac Kenzie énuméra finalement en se servant des doigts de sa main gauche :

« - Donc, je dirais, soit, Vehuiah, Cahetel ou encore Haamiah. »

Mademoiselle Scamander afficha un air déçu, Hermione semblait intriguée et Ginny subjuguée. Elle trouva tout de même la présence d'esprit de répondre à l'enseignante qui maintenant la fixait :

« - Haamiah, en effet., comment ?

Key est très prévisible et de plus elle se croit très drôle parfois.Cependant, mademoiselle Weasley, si j'ai un conseil à vous donner, Haamiah est une divinité très puissante mais également très capricieuse, prenez garde de ne jamais la froisser. »

La professeure de duel avait dit cela en s'éloignant d'elles, rejoignant un groupe d'élèves retardataires pour le repas, plantant là Hermione et Ginny ainsi que mademoiselle Scamander qui emboîta rapidement le pas à son amie mais qui gratifia les deux jeunes filles d'un grand sourire et ajouta à l'adresse de Ginny :

« - Elle a raison, la déité que je vous ai attribué peut vous donner beaucoup mais peut également tout vous prendre. Nous en reparlerons de toute façon. Cependant, ne cherchez pas brûler les étapes, soyez patiente. »

La jeune rouquine échangea un regard consterné avec Hermione qui semblait elle aussi trouver plutôt étrange le comportement des deux nouvelles professeures. Elles allèrent retrouver les deux garçons qui ne les avaient pas attendues pour commencer leur repas, ce qui leur valut un regard désapprobateur de la part d'Hermione, Ginny sourit et en oublia presque l'échange qui venait d'avoir lieu. Elle quitta son frère et ses amis pour retrouver ses condisciples et manger rapidement. Ses camarades de classe ne manquèrent pas de la questionner sur ses cours optionnels. Elle répondit gentiment en leur assurant qu'ils avaient bien fait de ne pas l'imiter car elle ne savait pas comment elle allait s'y prendre pour tout réussir en même temps. Elle voyait déjà ses heures de sommeil se réduire comme peau de chagrin . . .

Les deux premières semaines de septembre passèrent à la vitesse grand « V ». Le temps attribué au sommeil, comme l'avait prédit Ginny, avait été très court et leur horaire se résumait ainsi : cours, études, devoirs, pratiques de Quidditch et dodo. Ron grognait auprès de qui voulait l'entendre qu'il avait passé plus de temps à la bibliothèque en deux semaines seulement qu'en cinq ans à Poudlard. Les quatre amis retrouvaient leur lit avec satisfaction et tombaient comme des roches sur leur oreiller, tentant de profiter de ces quelques heures de sommeil bien méritées. Hermione avait beau leur répéter continuellement qu'il ne s'agissait que d'une question d'accoutumance, Ron commençait à croire qu'il ne survivrait jamais à cette année. Harry aussi trouvait cela difficile, d'autant qu'il devait en plus travailler avec Dumbledore sur l'Occlumencie. Des cernes immenses ornaient le dessous des yeux du trio et de Ginny. Heureusement, Hermione avait réussi à leur faire tenir leur horaire et le second dimanche, comme ils étaient tous à jour dans leurs devoirs, ils purent rester au lit plus longtemps et tenter de rattraper le sommeil qui leur faisait tant défaut.

Ce matin là, Ron fut le dernier à ce lever. C'est sans surprise qu'il constata qu'Hermione et Ginny semblaient debout depuis bien longtemps déjà, étudiant encore et toujours. Par contre, le rouquin faillit se décrocher la mâchoire, en découvrant Harry, assis à leur table de travail, le nez plongé dans un vieux livre poussiéreux. La salle commune était pratiquement vide, la plupart des gryffondors ayant décidé de profiter de cette belle journée et des quelques rayons de soleil pointant à l'extérieur. Ron, après les avoir observés un bon moment, s'assis près d'eux et mangea une partie des vivres qu'avait apporté pour eux Dobby. Sa collation terminée, il décida de ne pas perdre une si belle journée. Il remonta dans sa chambre chercher son balai et se dirigea sans un mot vers la sortie, sous le regard surpris de ses amis. Le rouquin se dirigea ensuite vers le terrain de Quidditch où quelques élèves de maison différentes s'amusaient dans une partie improvisée. Harry et Ginny observèrent Ron à travers la fenêtre de la salle commune d'un air envieux, se regardèrent un bref instant avec un soupir puis coururent à leur dortoir prendre leur balai, avant de se précipiter dehors à leur tour. Hermione soupira devant la conduite irresponsable des ses amis mais rangea sa plume avec soin et les suivit à l'extérieur. Elle rejoignit les spectateurs qui avaient pris place dans les gradins et s'amusaient bruyamment.

Le trio se demandaient bien ce qui pouvait bien provoquer autant de cris d'exclamations de la part de ceux qui assistaient à ce match improvisé. Ils comprirent en constatant que quelques professeurs s'étaient joints aux élèves pour une joute amicale. Ils en étaient à former des équipes mixtes, les professeurs n'étant pas assez nombreux pour constituer une équipe complète. Harry et Ginny se hâtèrent d'aller retrouver Ron qui s'était déjà mêlé aux autres joueurs. Cho Chang, l'attrapeuse des Serdaigles sourit poliment à Harry, sans plus, et il lui rendit la pareille. Les deux batteurs de Poufsouffle ainsi que leur gardienne étaient également présents, ainsi que deux des poursuiveurs des Serdaigles.

Harry remarqua que Rémus Lupin discutait avec Ayael Mac Kenzie, un balai à la main., Si celui du l'ancien Maraudeur semblait appartenir à l'école, celui de la professeure de duel lui appartenait sans aucun doute. Son nom était inscrit tout comme le sien sur son éclair de feu. Il était parfaitement entretenu et son bois était manifestement lustré avec soin. Il se rappela qu'elle leur avait avoué, quelques jours auparavant, avoir joué dans chacune des écoles qu'elle avait fréquentées. Elle devait donc être particulièrement douée. Harry se demanda quel poste elle pouvait bien occuper. La réponse ne se fit pas attendre. Déjà madame Bibine, qui visiblement abandonnait son poste d'arbitre pour compléter une des deux équipes, prenait la parole :

« - Bon voyons voir ce que nous avons là., Prenez vos postes s'il vous plait, ainsi on pourra former des équipes. Rémus vous jouerez à quel poste ?

Je ne suis pas un grand joueur mais puisque je me suis fais tordre un bras. (il avait jeté un regard complice à mademoiselle Mac Kenzie). Je jouerai poursuiveur.

Mademoiselle Mac Kenzie, si ma mémoire est bonne, vous occupez le même poste, déclara madame Bibine en souriant fièrement.

C'est effectivement le poste que j'ai occupé pendant des années mais je peux aisément changer pour permettre d'avoir des équipes complètes.

Je ne pense pas que cela soit nécessaire. . . »

Madame Bibine se décida également de jouer comme pousuiveuse ainsi que Ginny. Les équipes seraient formées d'un attrapeur, trois poursuiveurs, d'un gardien mais seulement d'un Batteur. On n'enverrait dans les airs qu'un seul cognard, c'était un match amical après tout. On demanda au professeur Flitwick, venu assister à cette rencontre improvisée, de bien vouloir répartir au hasard les joueurs en deux équipes. Ainsi, Harry se retrouva dans l'équipe adverse de Ron et de Ginny, le petit professeur ayant séparé le plus possible les joueurs d'une même maison. Aussi se retrouvait-il à évoluer avec Alex Lee, un des Batteurs de Poufsouffle, Sophie Robert, la Gardienne et un Serdaigle du nom de Tom Klein qui jouait comme Poursuiveur depuis l'année précédente. Bibine et Lupin complétaient le trio de poursuiveurs. Ils virent leur robe virer soudain au lilas pâle sous l'influence du professeur d'Enchantements.

L'autre équipe, formée de Ron dans les buts, de Cho comme attrapeuse, de Justin, autre batteur de Poufsouffle et de Watson, poursuiveur de Serdaigle, se vit métamorphosée par mademoiselle Scamander qui y prenait visiblement un malin plaisir. Ron qui fut le premier à changer de couleur et se retrouva vêtu de la tête aux pieds en jaune serin avec un immense logo sur la poitrine qui ressemblait à une ruche. Le jeune rouquin grimaça en voyant ses nouvelles couleurs mais jamais autant que mademoiselle Mac Kenzie qui marmonnait furieusement dans une langue inconnue, alors que les professeurs présents s'esclaffaient bruyamment. Ne se laissant pas démonter pour si peu, mademoiselle Scamander continua ses transformations avec un immense sourire. Lorsqu'elle arriva à la hauteur de son amie, cette dernière la regarda d'un air mauvais et lui lança en pointant un doigt dans sa direction :

« - Je t'avertis, Keyra Scamander, si tu m'inflige cette robe de Quidditch, je ne réponds plus de moi.

Voyons Aya, ce n'est qu'un jeu, tu devrais faire montre de plus d'esprit d'équipe. Tes coéquipiers ont bien accepté, eux, de porter les couleurs des Apis de Holyoke.

C'est une équipe que je déteste, je suis persuadée que tu l'as fait exprès pour me faire damner.

Allez, ce n'est qu'une simple robe de Quidditch.

Rien n'est simple dans le Quidditch Key, si un jour j'arrive à te faire comprendre cela. », lâcha mademoiselle Mac Kenzie les dents serrées.

Madame Bibine se tenait maintenant les côtes tellement elle riait, tout ce que l'on entendait parfois était « Apis », parfois « Holyoke », et « pas possible ». Harry qui se tenait près d'elle lui demanda de quoi il retournait pendant que tous maintenant s'amusait de voir les deux américaines se disputer ainsi. Scamander se mit à courrir après Mac Kenzie pour changer la couleur de sa robe mais n'arrivait pas à la toucher. Les personnes présentes purent remarquer que mademoiselle Mac Kenzie avait d'excellents réflexes et qu'elle arrivait même à anticiper les mouvements de son amie. Finalement, la professeure Bibine, joignit ses efforts à ceux de mademoiselle Scamander. Là encore, mademoiselle Mac Kenzie réussit à s'en sortir indemne. Soudain, elle s'arrêta net, bravant du regard ses deux attaquantes qui la tenaient en joue mais n'osaient lancer le sort de peur de toucher d'innocents spectateurs. Madame Bibine riait encore tellement que sa baguette se soulevait au même rythme que ses épaules, tandis que mademoiselle Scamander affichait un sourire victorieux. Mademoiselle Mac Kenzie prit un air résigné avant de déclarer avec dignité :

« - D'accord, t'as gagné Key, je porterai leur tenue. Mais j'espère que mon équipe va vaincre, et qu'ainsi ces malheureuses couleurs auront connu au moins une victoire. »

Le sourire de mademoiselle Scamander s'agrandit encore, bien qu'Harry eut pu jurer que cela était impossible, et d'un mouvement souple et aisé, elle métamorphosa les habits de son amie en la robe officielle de l'équipe des Apis de Holyoke. Quand, après le match, Harry, et Ron se précipitèrent à la bibliothèque sous le regard ahuri d'Hermione pour tenter de comprendre la réaction de mademoiselle Mac Kenzie, ils apprirent que cette équipe était la pire de toute la division américaine de Quidditch, et qu'elle ne gagnait jamais plus d'un match par saison et encore uniquement suite à un coup de chance. Malgré ses incessantes séries de défaites, elle demeurait cependant dans la ligue américaine années après années, son propriétaire, un vieux sorcier extrêmement riche et un peu fou, ayant acheté les droits à perpétuité au début du siècle. Cette équipe était la honte du circuit de Quidditch du pays, et seuls les joueurs de bas niveau s'y retrouvaient, aucun joueur de valeur n'acceptant de se joindre à eux. Cette équipe était tout le contraire des Fauconneaux de Worcester, autre formation qui évoluait à quelques kilomètres de Holyoke. Cette dernière étaient l'équipe à battre, et années après années remportait pratiquement tous les honneurs de ce sport en Amérique du Nord. Leur robe était d'un bleu vif et les joueurs affichaient sur leur poitrine un magnifique faucon en vol. Ron s'était extasié en voyant la liste des célèbres joueurs qui en avaient fait parti un jour ou l'autre : Trek, Huot, Huard, Bergeron, tous des grands joueurs respectés dans le circuit international.

Maintenant que mademoiselle Mac Kenzie avait accepté de porter les couleurs des Apis, les deux équipes pouvaient enfin s'affronter. Mademoiselle Scamander fut bien punie d'avoir voulu taquiner ainsi son amie car elle fut désignée pour abriter cette partie. Tous purent constater rapidement que mademoiselle Mac Kenzie avait certes plus de talents pour le vol que sa cons?ur, qui avait de la difficulté à se tenir correctement sur son balai. Ayael ne se priva pas de vengeance, lors du tour d'échauffement : elle frôla si brusquement Keyra que cette dernière dut se retenir à son balai avec l'énergie du désespoir pour ne pas chuter. Ayael Mac Kenzie n'était pas de la trempe des Serpentards même si son geste pouvait laisser entendre le contraire, car dès qu'elle constata la position précaire de son amie, elle revint rapidement vers elle pour l'aider à maîtriser le balai de l'école qui pourtant très stable en temps normal. Harry qui volait à proximité put entendre mademoiselle Mac Kenzie donner des conseils à sa victime pour garder son centre d'équilibre droit et rester perpendiculaire au manche, pour conserver ainsi le contrôle de son engin.

Le match débuta finalement, les différentes balles étant lancées par Flitwick qui regagna ensuite les gradins en trottinant aussi rapidement que sa petite taille le lui permettait. Le souafle fut rapidement saisi par Ginny qui se dirigea en trombe vers le but que gardait Sophie Robert. Après une feinte vers l'anneau gauche vers un point relativement éloignée de l'objectif mais qui trompa tout de même la gardienne, la jeune Weasley passa à Watson qui avait réussi à semer son poursuivant mais qui manqua la marque, la gardienne de l'équipe de Harry, étant rapidement revenue protéger ses buts. Du haut des airs, Harry observait le jeu, négligemment appuyé sur son balai. Cho, à sa droite, en faisait autant négligeant tout comme lui la recherche du vif d'or.

Ils virent Klein, poursuiveur lilas passer le souafle à Lupin qui eut de la difficulté à le rattraper. Il jongla avec quelques secondes avant d'en avoir la maîtrise nécessaire pour poursuivre vers le but adverse, gardé par un Ron Weasley aux aguets. Malgré ses réflexes de loup-garou, il n'évita qu'à la dernière seconde le cognard que le batteur jaune lança dans sa direction, et perdit ainsi le souafle. Bibine qui avait dû être une sacrée joueuse dans sa jeunesse, se jeta littéralement sur la balle mais, malheureusement pour elle et au grand plaisir des élèves de plus en plus nombreux à assister au match improvisé, mademoiselle Mac Kenzie la prit de vitesse et se saisit de la balle dans une man?uvre qui en laissa plusieurs pantois. Elle avait littéralement foncé dans le flanc gauche de Rémus Lupin occupé par le cognard qui arrivait à sa droite, et à la dernière fraction de secondes avait renversé son balai, se retrouvant la tête en bas, ses jambes bien agrippées au manche, frôlant les pieds de Lupin. Bibine immobilisa son balai à quelques centimètre de Rémus. Il en fallut de peu pour qu'elle le percute, tant elle avait été surprise par l'apparition soudaine de la professeure de duel.

Mademoiselle Mac Kenzie fila aussi vite que lui permettait son balai, c'est à dire extrêmement rapidement puisqu'il s'agissait d'un Eclair de feu, mais au lieu de tirer vers la gardienne qui la fixait avec appréhension, elle braqua son balai dans un angle de quatre-vingt dix degrés et repéra Ginny qui arrivait derrière elle. D'une man?uvre habile, le souafle se retrouva entre les mains de la jeune rousse qui tira vers le but et marqua les dix premiers points sous les acclamations de la foule. Le jeu reprit rapidement. Bibine prit possession du souafle, passa à Klein qui feinta et le passa à Lupin qui fut lui-même intercepté par Watson des jaunes qui passa à son tour à Ginny qui fonça alors vers les anneaux adverses, tête baissée pour éviter un cognard envoyé par le batteur des lilas. Harry se surprit à l'encourager, ce qui fit rire Cho, qui ne manqua pas de lui rappeler que Ginny n'était pas dans son équipe ce jour là.

« - Peut-être, mais je viens de me trouver une merveilleuse poursuiveuse pour l'année à venir. », déclara Harry fier de constater que Ginny avait, comme elle lui avait affirmé, plus de plaisir à évoluer à ce poste plutôt qu'au sien.

Ginny marqua aisément, elle leva un bras au ciel pour saluer la foule qui scandait son nom pour la féliciter. Harry et Cho aussi l'applaudissaient du haut de leur balai. Klein se retrouva en possession du souafle pour les lilas mais fut si rapidement déjoué par mademoiselle Mac Kenzie, qu'il tournait toujours le dos à sa gardienne quand cette dernière fut confrontée au puissant tir de la jeune femme. Un but magnifique qui impressionna fortement ses coéquipiers et qui fit émettre à la foule un sifflement d'admiration. On comprit pourquoi mademoiselle Scamander avait spécifié que, malgré son comportement douteux, mademoiselle Mac Kenzie parvenait toujours à se rattraper sur un terrain de Quidditch. Elle était plus que douée, elle avait des réflexes incroyables, parvenait à maîtriser son balai et a en tirer le maximum à chacun de ses mouvements. En l'espace de quelques minutes seulement, elle avait réussi à obtenir une harmonie presque parfaite entre chacun des membres de son équipe et ce malgré le fait que la plupart n'avaient jamais joué ensemble auparavant.

Si chaque membre de l'équipe de jaune savait exactement quoi faire et semblaient anticiper les moindres mouvements de ses coéquipiers, il était nettement visible que le lien qui unissait mademoiselle Mac Kenzie et Ginny était encore un cran au dessus. C'était comme si elles partageaient le même esprit, qu'elles analysaient le jeu de la même façon et même si mademoiselle Mac Kenzie était plus téméraire que la rouquine, cette dernière produisit son lot de manoeuvres époustouflantes. De son côté, l'autre représentant de la famille Weasley était intraitable, mais il faut bien avouer qu'il fut peu sollicité. Malgré tous les efforts de madame Bibine et du bon vouloir de Lupin, l'équipe lilas avait de la difficulté à se trouver suffisamment près des buts pour pouvoir opposer un tir digne de ce nom à Ron.

Le score était de 170 à 20 en faveur des jaunes. Harry savait qu'il devait attraper le vif au plus vite, s'il voulait ne pas perdre trop la face. Il scrutait le ciel à la recherche de cette petite balle dorée, ainsi que Cho qui avait pris un peu de distance. Potter effectuait de petits cercles au- dessus des autres joueurs, cherchant de ses yeux verts la balle tant convoitée qui mettrait fin à cette partie plus qu'enlevante. Alors qu'il était occupé à patrouiller, la tête tournée vers la gauche, cherchant le vif près des gradins des Poufsouffles, un balai passa si rapidement en chandelle devant lui qu'il faillit perdre l'équilibre. Tout ce qu'il vit c'est une robe jaune voler au-dessus des brins de la queue d'un balai. Le jeune homme se reprit rapidement observant les yeux grands ouverts son nouveau professeur continuer son ascension. Que pouvait-elle bien vouloir faire à monter si haut, le jeu se déroulait habituellement bien plus bas. Soudain il comprit, c'était une tactique de diversion. Il tourna rapidement la tête pour tenter de retrouver Cho parmi les joueurs en contrebas, et la repéra, filant vers un minuscule point doré à l'extrémité du terrain. Sans prendre le temps de réfléchir d'avantage, le jeune homme lança son balai à la vitesse de l'éclair et tenta de rattraper Cho qui avait une bonne longueur d'avance sur lui, grâce à la manoeuvre de l'américaine.

Le vent lui fouettait le visage, ébouriffant encore d'avantage ses cheveux naturellement en bataille. Les spectateurs dans les gradins n'étaient plus que de formes totalement floues. Il entendait bien sûr leurs cris d'encouragement mais c'était comme un bruit de fond, un murmure tout au plus. Son esprit était centré sur un seul et unique point, une petite balle, qui grossissait à mesure qu'il s'en rapprochait. L'Attrapeuse des Serdaigles, était certes bien plus près mais alors que tous les joueurs avaient cessé de jouer, observant la chaude lutte que se livraient les deux attrapeurs, l'un d'eux eut cependant le réflexe de frapper un cognard dans leur direction, question de rendre le jeu encore plus stimulant sans doute. Harry vit la balle frappée par Lee se diriger droit sur eux mais il ne ralentit pas pour autant sa course. La balle passa tout juste devant son manche, poursuivant son chemin vers Cho, qui ne l'avait pas vue. Harry voulu l'avertir, mais alors qu'il ouvrait la bouche pour la prévenir, des dizaines de cris, en provenance des tribunes, firent comprendre à la jeune fille le danger qu'elle courait. Elle eut tout juste le temps de modifier sa trajectoire pour éviter d'être blessée, permettant ainsi à Harry de la devancer. C'est un sourire victorieux flottant sur ses lèvres et la tête encore plus échevelée qu'il se posa au sol, une paire d'ailes tentant de s'échapper de sa main droite.

Le score final de ce match qui par son dynamisme et sa qualité avait soulevé les spectateurs de leur siège, était de 170 à 170. Match nul. Quelle meilleure façon de clore une partie amicale : ni vainqueur, ni vaincu,. Rapidement le terrain fut envahi par les supporters venus féliciter ces deux équipes qui avaient fait preuve de tant d'inventivité et d'enthousiasme. Harry recevait les félicitations de quelques amis et connaissances lorsque son estime pour mademoiselle Mac Kenzie remonta encore d'un cran. Alors que l'intéressée expliquait les techniques qu'elle avait utilisées durant la partie à quelques jeunes amateurs il entendit Madame Bibine s'exclamer :

« - C'est pas croyable qu'elle ait refusé toutes les offres d'équipes nationales . . .

Oui, renchérit mademoiselle Scamander, elle était la mieux classée parmi les espoirs de notre continent lorsque nous avons terminé nos études secondaires cette année là. Elle a été considérée comme la plus jeune depuis plus de deux siècles à être digne du niveau national.

Oui, elle a été pressentie par les Apis de Holyoke, si je me souviens bien. Je comprends bien qu'elle ait refusé mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle n'a posé sa candidature sur le circuit ou reçu de proposition d'autres équipes plus prestigieuses.

Elle en a reçue, notamment des Fauconneaux de Worcester et bien d'autres. Mais Aya est Aya et elle avait autre chose en tête que le Quidditch à cet époque », répondit mademoiselle Scamander.

Harry en resta bouche bée. Mademoiselle Mac Kenzie avait été pressentie dès la fin de ses études puis avait reçu des propositions fermes des plus prestigieuses équipes de Quidditch d'Amérique et elle avait refusé ! Il était rare de voir refuser un tel honneur ! Etre remarqué à un niveau professionnel et porter les couleurs d'une équipe de Quidditch constituait le rêve de plus de quatre-vingt-dix pour cent de la population sorcière de la planète. Que pouvait bien avoir en tête de si important mademoiselle Mac Kenzie pour repousser de telles offres ? Quel projet pouvait faire concurrence à une telle faveur ?

Il est vrai qu'Harry lui-même n'était pas si avide de gloire. Mais son cas était différent. Il était célèbre depuis l'âge de 1 an, même s'il l'avait ignoré durant ses dix premières années. Et sa célébrité lui avait apporté plus d'embarras que de satisfaction. Il avait également des ambitions qui n'avait rien avoir avec ce sport, même s'il l'appréciait beaucoup. Oui, son v?u le plus cher était de devenir Auror et poursuivre impitoyablement le meurtrier de ses parents et tous ses complices. Il ne pourrait être en paix tant qu'un mangemort resterait impuni. Et aucune proposition émanant d'aucune glorieuse équipe ne pourrait le détourner de son but.

Le quidditch était cependant plus qu'un simple passe temps. Pour lui, rien ne pouvait égaler la sensation du vent sur son visage, ce sentiment de liberté que lui procurait le simple fait de voler. Lorsqu'il était en vol, il oubliait tout, son esprit se concentrant uniquement sur le jeu et sur le bien être que lui procurait le fait de chevaucher un balai. Il en oubliait tous ses problèmes, chassait ses interrogations dans un recoin de son cerveau et oubliait pour un instant la noirceur qui recouvrait de plus en plus son univers et son être. Sur son balai, Sirius, Cedric et même ses parents étaient toujours en vie auprès de lui, soufflant dans son dos pour le faire avancer plus vite. Une brise de fraîcheur dans un univers sombre et lourd. Oui, voler était pour lui une source irremplaçable de réconfort.

Mais comme le disait si bien le dicton, il fallait bien reprendre pied dans la réalité et dès qu'il posait le pied sur le sol, ses démons intérieurs recommençaient à le dévorer. Ses pensées avaient dû se refléter sur son visage car Hermione s'approcha lentement de lui et lui redressa la tête avec deux de ses doigts pour chercher son regard. Elle lui sourit tendrement, il l'observa, comme si c'était la première fois de sa vie qu'il la voyait puis il lui rendit son sourire, repoussant à plus tard ses introspections. Hermione semblait rassurée, son sourire s'agrandit, tandis que celui de Ron fondait comme neige au soleil. Il dévisageait ses deux amis d'un air interdit, mais heureusement, Ginny le remarqua et l'empêcha une fois de plus de s'emmêler les pinceaux et de réagir comme un enfant devant cette scène qui ne lui plaisait pas du tout. La jeune rouquine l'entraîna d'un mouvement ferme vers la foule qui regagnait maintenant le château :

« - Ron, laisse-les ! Si Hermione réussit ne serait-ce qu'a le faire parler un peu, cela aidera Harry plus que nous ne pourrions le faire en étant constamment collés à ses basques.

Mais, voulut intervenir le rouquin . . .

Pas de mais, allez viens. Laisse Hermione essayer de lui tirer les vers du nez. »

Le ton qu'avait employé la jeune fille était tranchant et Ron y reconnu les tonalités de leur mère. Il renonça donc à la contredire d'avantage et la suivit à l'intérieur, mais sans pouvoir s'empêcher de jeter quelques regards par dessus son épaule, en direction du terrain de Quidditch, maintenant occupé uniquement par les deux Gryffondors.

Hermione ne réussit cependant pas à faire parler Harry de ce qui lui tenait à coeur. Comme la plupart de ses amis, elle pensait que cela lui ferait du bien de parler des événements qui avaient ponctué la fin de l'année scolaire précédente. Or, le jeune homme ne s'en ouvrait jamais en leur présence, suscitant leur inquiétude. Pourtant, il n'était pas aussi renfermé que tous semblaient le croire. Harry, en effet, en parlait et confiait ce qu'il ressentait à ce sujet à sa confidente, sa marraine Javik dont peu connaissait l'existence (voir Composition de souvenir). Régulièrement, Harry s'éclipsait au cours de la nuit sous le couvert de sa cape d'invisibilité et trouvait un endroit sûr pour utiliser son judas modifié, un des nombreux cadeaux de cette ancienne amie de ses parents.. Cet appareil magique permettait d'enregistrer les pensées et les souvenirs et de les faire parvenir à un destinataire, qui n'avait qu'à mettre l'appareil en mode « visionnement », pour revivre la scène.

Ses discussions avec Javik ne l'empêchait cependant pas d'avoir quelques périodes sombres, des moments où il s'interrogeait sur le bien-fondé de ses actions, se remémorait les épisodes les plus troublants de sa vie, et tentait d'en comprendre tous les tenants et aboutissants. . . Il aurait aimé être capable d'en parler à ses amis, et plusieurs fois il avait été tenté de leur en glisser un mot. Mais cela signifiait leur dévoiler le contenu de la prophétie, ce qu'il se refusait à faire et aussi leur révéler l'existence de sa marraine, ce qui était trop dangereux pour elle. Javik avait jadis été exilée, et pire, condamnée à mort par la communauté magique pour des crimes qu'elle n'avait pas commis, à l'instar de Sirius. Cependant, l'innocence de la jeune femme avait pu être établie et elle avait été autorisée à revenir de l'exil dans lequel Dumbledore l'avait confinée. Elle avait ainsi pu lui sauver la vie. Mais maintenant qu'elle était de retour dans la communauté magique et qu'elle avait repris du service pour l'Ordre, il n'en restait pas moins que Voldemort tenterait de mettre la main sur elle comme par le passé. Même si elle avait renoncé à son immortalité pour prévenir d'éventuelles pertes autour d'elle, elle n'en demeurait pas moins un spécimen d'une espèce très rare et convoitée par le Lord Noir. Javik Reyk, en effet, n'était pas complètement humaine mais en elle, Harry avait retrouvé un peu de ce qu'il aimait tant chez Sirius. De plus, comme elle avait connu de très près ses parents, elle était une source inestimable de renseignements sur eux, n'hésitant jamais à répondre à toutes ses questions mais sans jamais embellir la vérité, permettant ainsi à Harry de se faire une idée plus réelle de ses parents.

La présence de Rémus Lupin à Poudlard constituait un autre soulagement pour l'âme lourde du jeune Potter. Le retour du lycanthrope dans le corps professoral avait été très critiqué dans la communauté magique mais Dumbledore, qui avait regagné la haute estime de la population avait insisté et obtenu la réembauche du Professeur Lupin. Avoir le dernier des vrais Maraudeurs auprès de lui était une source de réconfort pour Harry., Il n'y avait pas entre eux la complicité qui l'unissait jadis à Sirius mais Harry savait qu'il pouvait compter sur Rémus en toutes circonstances.

Si Hermione ne parvint pas à ses fins, ils discutèrent néanmoins un certain temps dans les gradins vides du stade. Ils parlèrent surtout de leurs nouvelles options et de la sensation d'apprendre enfin quelque chose d'utile en défense contre les forces du mal. La DA ne s'était pas réunie depuis leur retour à Poudlard, ils n'en voyaient plus la nécessité, le professeur Lupin étant tellement plus compétent que son prédécesseur et sachant, LUI, offrir de véritables cours pratiques à ses élèves. Sans compter l'apport des deux américaines.

Ils rentrèrent finalement au château, au grand soulagement de Ron qui faisait les cent pas devant l'entrée que gardait le portrait de la grosse dame, se rongeant les sangs à propos de ses deux amis. Ginny l'avait observé un moment avant de le laisser en souriant et pour retourner à ses études. Lorsque Harry eut rejoint Ron, ils se précipitèrent à la bibliothèque pour effectuer des recherches sur mademoiselle Mac Kenzie et les Apis de Holyoke. Hermione les suivit, ébahie dans un premier temps puis soupirant avec résignation en les voyant se diriger vers les rayons de Quidditch.

*********

L'horaire établi par Hermione était draconien, et ne leur ménageait que de trop rares plages de temps libre. Mais ils reçurent l'aide inespérée du Ministère qui promulgua un nouveau décret permettant aux élèves de second cycle d'abandonner un cours non-obligatoire à leur orientation de carrière pour se concentrer sur les nouvelles options offertes. Ce décret faisait suite à la réception d'une importante pétition magique adressée au Ministère. De nombreux parents avaient ainsi manifesté le désir de voir leurs enfants bénéficier de davantage de cours « utiles » dans lesquels ils apprendraient à se défendre en cas d'attaque de mangemort. Le Ministre et ses acolytes n'avaient pu passer outre cette demande, cette dernière ayant été appuyée par une campagne publicitaire d'envergure soutenue par tous les médias du monde magique.

Harry put ainsi abandonner la Divination, cours que Ron laissa également tomber avec délectation. Sans que cela ne surprenne personne, Hermione avait fait le choix de garder chacun des cours inscrits à son horaire alors que Ginny ronchonnait en parlant de favoritisme. En effet, les élèves de cinquième année n'étaient pas concernés par la circulaire car ils passaient leurs BUSEs. Harry utilisait le temps ainsi dégagé à travailler d'arrache pied sur ses potions, suivant ainsi les conseils de Mc Gonnagall. Rogue n'avait eu d'autre choix que de l'inclure dans ses cours avancés mais le professeur aux cheveux gras avait redoublé de mesquinerie à l'adresse du pauvre Potter qui devait maintenant plus que jamais mettre en pratique les techniques de relaxation que lui avait apprises sa marraine au cours de l'été. A son grand contentement, Hermione avait également été acceptée dans ce cours, et faisait équipe avec lui. Mais le maître des potions ne leur laissait rien passer, et parfois même provoquait certains « incidents » pour faire flancher le jeune homme. Ce dernier serrait les poings et la mâchoire, refusant de céder à la provocation. Pas un cours ne passait sans qu'Harry n'en ressorte des marques d'ongles profondément incrustées au fond de ses paumes mais il se contrôlait et gardait toute sa concentration. Il n'avait pas encore échoué une seule potion, au grand dam de Rogue. Hermione y était pour beaucoup mais lorsque quelques semaines plus tard, Rogue finit par les séparer, Harry continua cependant à produire des potions acceptables, car il avait travaillé dur.

Il fut également aidé par les périodes d'études proposées par certains professeurs, qui accueillaient le soir les élèves le désirant dans une salle de cours pour leur donner un coup de pouce. Hermione y était très assidue mais il fallu plus d'une semaine à Harry pour se décider à en profiter à son tour. Un soir, alors qu'elle et Ginny se dirigeaient vers la salle de classe désignée, Harry se décida à les suivre. En effet, les jumeaux Weasley avaient envoyé quelques farces et attrapes inédites à leurs anciens condisciples, ce qui l'avait fait bien rire, dans un premier temps. Il avait délaissé ses livres pour se joindre au petit groupe qui les testait courageusement. Cependant, lorsque Ron sortit de la boîte un petit miroir noir qui modifiait l'apparence de celui qui s'y regardait en une personne du sexe opposée, Harry sentit sa gorge se serrer. Le miroir était très semblable à celui qui était caché dans le fond de sa malle, le dernier cadeau de Sirius. Ce souvenir était très douloureux, aussi profita-t-il du départ des jeunes filles pour s'éclipser, préférant se plonger de nouveau dans ses livres. En effet, il s'était fait la promesse de travailler le plus possible pour être prêt à affronter Voldemort lorsque le jour viendrait. Même s'il ne sortait pas vainqueur de l'affrontement, il espérait que son niveau serait suffisant pour lui faire payer chèrement toutes les vies qu'il avait prises.

Ce soir là, c'était mademoiselle Mac Kenzie et le professeur Flitwick qui assuraient l'étude. Lorsque les Gryffondors pénétrèrent dans la classe, le petit professeur d'enchantement les salua d'un signe de tête et retourna auprès d'une Poufsouffle qui n'arrivait pas à comprendre le procédé magique utilisé pour métamorphoser une plume en crayon moldu. Le professeur Mac Kenzie leur tournait le dos, tentant d'aider un jeune Serpentard qui planchait sur un devoir de divination. Lorsque Ginny passa près d'elle, elle se redressa subitement, comme si la jeune rouquine l'avait piqué avec une aiguille, alors que cette dernière ne l'avait même pas frôlée. La jeune Weasley et Hermione avaient souvent observé ce genre de comportement chez la professeure de duel. Pour la première fois Harry en fut témoin et se tourna vers ses compagnes, quêtant silencieusement une explication. Mais il ne trouva aucune réponse dans les yeux de ses deux amies. Comme à l'accoutumée, l'américaine se reprit rapidement et sourit gentiment, tentant d'effacer la réaction qu'elle venait d'avoir.

« - Ça lui arrive souvent ?, murmura Harry.

À chaque fois que Ginny passe auprès, d'elle répondit Hermione. Là par contre, c'était rien, tu devrais voir comment elle la regarde parfois.

Comment ? demanda de nouveau Harry curieux.

Comme si elle essayait de lire mon âme », déclara Ginny qui s'était peu à peu habituée à l'attitude particulière de son nouveau professeur.

C'était certes un comportement étrange, qui intrigua beaucoup le jeune Potter. D'autant plus étrange que cela ne concernait que Ginny. Le professeur Mac Kenzie était devenue la coqueluche de Poudlard en à peine deux semaines, et tous les élèves l'appréciaient. Elle était juste, ne privilégiait personne, et elle avait une méthode d'enseignement qui plaisait à tout le monde. Elle s'amusait avec les plus jeunes et était toujours disponible. Harry l'appréciait beaucoup, ses cours étant intéressants, bien que très durs physiquement, ainsi qu'elle les en avait avertis. Jusqu'à maintenant, elle leur avait enseigné diverses feintes d'attaques mais surtout plusieurs esquives très pratiques. Elle répétait sans cesse que c'étaient les réflexes qui déterminaient les bons duellistes. On pouvait échapper à un sort simplement en l'esquivant d'un pas de côté. L'apprentissage était graduel mais efficace et tous ressortaient de ses cours physiquement épuisés mais heureux d'en avoir appris autant.

Harry dut mobiliser toute sa concentration pour se replonger dans ses études. Voilà quinze bonnes minutes qu'il tentait de comprendre la raison pour laquelle on employait des poils de Crup enfant plutôt qu'adulte dans la confection de la potion qui permettait de changer de couleur la pilosité de la personne qui la buvait. Il aurait bien demandé à Hermione mais cette dernière était déjà en train d'expliquer à Ginny pourquoi la poudre de corne de Graphorn était si difficile à obtenir et hors de prix.

« - Le Graphorn est un animal très résistant aux sorts, du coup, il est très difficile à capturer.

C'est à cause de sa carapace, presque aussi épaisse que la peau d'un dragon mais elle fait de bien moins joli manteaux, déclara mademoiselle Mac Kenzie en passant derrière les deux jeunes filles.

Vous en avez déjà vu ?, demanda Ginny curieuse.

D'un peu trop près même », confia le professeur et elle leur montra la cicatrice consécutive à sa récente rencontre avec la créature magique.

Vous l'avez finalement vaincu?, demanda Hermione d'une voix qui trahissait ses pensées.

Je l'ai maîtrisé mademoiselle Granger, pas tué, répliqua gentiment le professeur. Quand je l'ai quitté, il en bien meilleure forme que moi, je peux vous l'assurer. »

Hermione parut heureuse et retourna à son travail de métamorphose. Ginny put compléter son essai et Harry tenta de retourner à sa potion de pilosité. Il ne put réprimer un long soupir qui fit sourire Ginny et hocher la tête à Hermione. Il allait s'excuser lorsqu'il sentit quelqu'un s'asseoir à sa gauche :

« - Potion Poiluxcolorus, ah oui, elle m'a fait bien rire cette potion, un jour j'en ai versé une petite dose modifiée dans le revitalisant de Key. Par Merlin, j'entends encore son cri se répercuter sur les murs de notre dortoir. Elle avait failli me tuer cette fois là, elle m'a sauté à la gorge et moi je riais tellement que je ne pensais même pas à me défendre. Faut dire que Key, les cheveux dégoulinants d'un vert douteux, semblait avoir reçu un plat d'algues sur la tête. Elle a eut cette tête pendant trois jours, durant lesquels je me tenais le plus loin possible, de peur de recevoir un châtiment quelconque », raconta mademoiselle Mac Kenzie.

Cette anecdote fit rire Harry ainsi que Ginny qui se promit à mi-voix d'en glisser un mot à ses jumeaux de frères dès qu'elle en aurait l'occasion. Il y avait du potentiel dans cette idée.

« - Je parie que se sont les poils de Crup qui t'ont fait pousser un tel soupir, enchaîna mademoiselle Mac Kenzie feignant ne pas avoir entendu la jeune rouquine mais qui souriait tout de même.

Oui, admit Harry.

C'est simple une fois qu'on comprend comment fonctionne les potions.

Rien n'est simple avec les potions, s'exclama Harry malgré lui, ce qui fit bien rire son professeur.

Mais si, il s'agit de savoir s'y prendre. Attention, je ne veux rien insinuer ici, se défendit mademoiselle Mac Kenzie devant le sourire des élèves qui l'écoutaient. Ce qui est important lorsque l'on conçoit une potion, c'est de savoir que chaque item a l'une des fonctions suivantes : agir soit à titre d'agent actif, soit comme le catalyseur d'un autre ingrédient.

Je ne comprends pas bien, dut admettre Harry qui pourtant buvait les paroles de la jeune femme.

Prenons un exemple simple pour illustrer, as-tu déjà fait un gâteau Harry ?

Oui, bien sûr.

Donc, disons que dans ta recette, on te demande de verser ¾ tasse de lait sure, or tu n'en a pas chez toi. Par contre, tu as du lait ordinaire et du vinaigre.

Je mélange quelque gouttes de vinaigre à ¾ de tasse de lait ordinaire pour obtenir du lait sure, comprit Harry.

C'est ça, tu vois, le lait sure était l'agent actif, dont tu avais absolument besoin pour faire ton gâteau, tu me suis ? Oui, bon et le vinaigre était le catalyseur : sans le vinaigre, ton lait n'aurait pas eu les caractéristiques voulues et tu aurais manqué ta recette. Le catalyseur est l'ingrédient qui change la structure d'un autre pour ensuite le rendre actif.

Je crois que je comprends, déclara Harry.

-Voyons voir si c'est le cas. La potion que je désire que tu fasses, virtuellement bien sûr, est la suivante : café au lait deux sucres. Quels sont tes ingrédients et lesquels sont agents actifs et lesquels sont catalyseurs ?

Les grains de café sont agents actifs alors que l'eau bouillante, le lait et le sucre sont catalyseurs puisque chacun changent l'aspect du premier.

Excellent, s'exclama mademoiselle Mac Kenzie. Donc dans la potion qui nous occupe, nous savons déjà que les poils de Crup sont des catalyseurs, la question est de savoir pourquoi on utilise des poils de créature enfant plutôt que mature.

Les poils d'animaux matures entraînerait une réaction différente à ce que nous désirons mais je ne vois toujours pas pourquoi. Un poil est un poil, déclara Harry.

Tout est dans la nature de ton ingrédient. On sait que le Crup est un animal qui ressemble beaucoup à un chien moldu. Donc, quelle est la caractéristique d'un chiot par rapport à un chien adulte ?

Le chiot est plus énergique, il cherche toujours à jouer et à s'amuser, alors que le chien plus âgé est plus sédentaire . . .

-Oui, l'animal plus vieux est dressé, tandis que le plus jeune est encore instinctif.

Donc, si on employait des poils de Crup matures, notre potion serait plus stable

Voir même permanente. . . ajouta mademoiselle Mac Kenzie.

Donc c'est la raison de l'emploi de poils provenant de chiot, on ne désire pas que l'effet soit permanent. Ça y est, j'ai compris, s'exclama Harry visiblement très heureux.

Vous devriez enseigner le cours de potion mademoiselle Mac Kenzie, s'exclama à son tour Hermione. Je n'avais jamais vu cela sous cet angle, pourtant en y repensant, ça simplifie la plupart des potions.

Il y a en effet quelques exceptions mais en général, cette règle s'applique assez bien. Retenez là et vous aurez plus de facilité. Il faut toujours réfléchir au comment du pourquoi et ce dans n'importe quel domaine. Première règle, on observe, deux, on réfléchit, trois, on met à l'épreuve notre théorie et finalement on la propose. C'est la même chose dans les duels, 1 - observation de l'adversaire, 2 - trouver ses points faibles, 3 - tentative prudente de les exploiter et 4 - si cela fonctionne, exploitation intensive des faiblesses constatées tout en tentant d'en découvrir d'autres. »

La soirée étant bien avancée, aussi les trois Gryffondors retournèrent vers leur tour, tout en continuant à discuter de la théorie proposée par l'américaine. Harry était persuadé qu'il aurait une note extraordinaire pour son devoir de potion, et sourit d'avance en imaginant la tête de Rogue lorsqu'il le lirait. Mademoiselle Mac Kenzie avait raison, tout devenait plus simple lorsque l'on se s'interrogeait sur le rôle réel de chaque ingrédients dans la préparation, et ensuite, même l'ordre devenait évident. Elle lui avait donné un sacré coup de main. C'est l'esprit heureux et ayant oublié ses idées noires qu'il alla se coucher.

**************

Au début du mois d'octobre, la pluie se mit à tomber sans discontinuer, inondant le parc et le château. L'école avait rarement été aussi humide et ce malgré les feux qui brûlaient dans chaque cheminée du collège. Dans la salle de cours de duel, les élèves attendaient sur des tapis, vêtus des protections que mettait l'école à leur disposition. Mademoiselle Mac Kenzie avait décidé de tester un peu ses élèves de niveau trois. Pour se faire, elle avait demandé l'aide de Lupin et Scamander qui lanceraient des sorts inoffensifs sur les élèves qui tâcherait les éviter et les esquiver. La règle était simple, une fois touché, l'élève devait sortir de l'espace réservé.

Au début, ce fut plutôt facile, même un étudiant de première année aurait su esquiver les sorts, mais plus le temps passait, plus le niveau d'agressivité augmentait. Les élèves étant plutôt doués, nombreux étaient encore dans la course lorsque mademoiselle Mac Kenzie décida de participer également. D'un coup agile de baguette, elle créa trois sphères argentées qui s'envolèrent et allèrent se positionner de façon stratégique. Chacune des boules, contenait cinq sorts offensifs de base mais très efficaces, d'où la raison des protections. Parallèlement, Keyra et Rémus devinrent plus agressifs également, le nombre d'élèves résistants aux assauts diminuait inexorablement. Ne restait plus que Harry, Ron et Ginny ainsi que Malfoy, Baldur, Paxton et O'Neil dans le périmètre de défense. Hermione, qui venait d'être touchée par un sort en provenance d'une des sphères, avait quitté le tapis à regret, affichant un air défait qui fit sourire Ayael qui prenait des notes.

On pouvait constater que le Quidditch aidait beaucoup les élèves, leurs réflexes étant bien meilleurs. Ginny roula par terre et se releva précipitamment alors qu'un rayon mauve atterrit à l'endroit où elle se tenait encore quelques instants plus tôt. Harry et Ron aussi étaient impressionnants mais Hermione, qui maintenant observait la scène en compagnie des autres élèves éliminés, dut admettre que Malfoy s'en tirait bien également. Puis lorsqu'il ne resta plus que ces quatre là en lice, mademoiselle Mac Kenzie leva la main et les sorts cessèrent. Tous étaient essoufflés au centre du tapis. Malfoy se tenait plus en retrait et tentait de paraître frais et dispos mais il ne trompait personne.

« - Vous vous croyez bons ?, demanda mademoiselle Mac Kenzie en observant les quatre élèves toujours devant elle.

Meilleurs qu'eux en tout cas, déclara le vil Malfoy.

Pas du tout, vous avez été plus chanceux, point à la ligne. Certes, la chance est un allié de taille lors des duels. Mais vous avez tous besoin d'améliorer encore vos réflexes. Ils peuvent vous sauver la vie, ne l'oubliez jamais. Travaillez toujours plus fort, devenez plus endurants, développez votre système cardio-vasculaire, cela vous empêchera d'être à bout de souffle si tôt dans le combat. Entraînez-vous, encore et toujours . . .

On peut avoir une démonstration ? », brava Baldur le Serpentard de septième.

Le ton employé démontrait clairement qu'il doutait que la professeure puisse faire mieux. Un léger murmure d'approbation se fit entendre. Mademoiselle Mac Kenzie y mit fin d'un seul regard puis parut réfléchir avant de déclarer :

« -Une démonstration de quoi monsieur Baldur ? Vous voulez savoir si je suis capable d'esquiver les sorts en provenance des deux professeurs ici présents en plus de mes trois sphères ? »

Il n'y eut pas de réponse, mademoiselle Mac Kenzie fixait le Serpentard qui rendait son regard., Puis, sans que personne ne s'y attende, elle feinta un pas en avant qui fit sursauter tout le monde. Elle souriait maintenant narquoisement alors que Keyra lui faisait les gros yeux, tentant de lui signifier son désaccord mais mademoiselle Mac Kenzie alla tout de même prendre place au centre du tapis maintenant désert. Tous s'étaient assis de façon à bien voir ce qui allait suivre. Sur sa demande, Lupin suscita trois sphères identiques à celles qu'elle avait précédemment créées, pendant qu'elle se mettait à l'aise. Elle enleva sa robe de sorcière pour ne garder que son pantalon ample et son t-shirt. Elle attacha solidement ses cheveux avec une lanière de cuir emprunté à Hermione, qui, du coup, revint à son style broussailleux. Mademoiselle Scamander n'était pas d'accord mais elle se prêta tout de même au jeu, attendant, la baguette fixée sur son amie.

Harry vit son professeur de duel mettre en pratique les techniques qu'elle leur avait enseignées, la veille. Elle observa la position des sphères puis celle de ses attaquants. Elle dut repérer des failles car elle semblait maintenant prête. Elle fit quelques échauffements puis donna le signal de départ. D'un seul coup les sphères lancèrent leur premier sort, qu'elle évita en pivotant sur elle même, sans même se baisser ou modifier sa position. Vint ensuite les sorts en provenance des professeurs : Lupin lui envoya un sortilège qu'elle esquiva, en glissant de deux pas sur le côté puis elle n'eut qu'à bouger légèrement l'épaule droite pour éviter le sort de Scamander. Les sorts arrivèrent ensuite bien plus vite, Rémus et Keyra coordonnant leurs efforts. Ayael les esquivait toujours, sans difficulté apparente. Puis elle se plaça au centre du tapis, attendant que les trois sphères remplissent leur office. Ces dernières envoyèrent leur rayon en même temps. Ayael se jeta en avant, effectuant une roue à faire pâlir des gymnases olympiques, et les trois sorts finirent leur course au centre du tapis, créant un petit rond de cendre au point d'impact. De nouveau sur ses pieds elle se trouvait maintenant très près de ses deux adversaires, qu'elle fixait intensément. Elle anticipa les coups à venir puisque, avant même qu'ils ne quittent entièrement le bout de chacune des baguettes, elle était déjà en mouvement. Elle sauta, prenant appui sur les épaules des deux professeurs, puis passa au-dessus de leur tête pour se retrouver derrière eux, les laissant déconcertés par la tournure qu'avait prise les évènements.

La salle au grand complet était réduite à un état de mutisme doublé d'adoration. À n'en point douter cet exploit ferait le tour de l'école avant la fin de la journée. Puis un bruit brisa le silence, un claquement de main en provenance du fond de la salle. Un vieil homme à la longue barbe blanche applaudissait, visiblement ravi du spectacle. Toute la classe suivit le mouvement et bientôt, Ayael dut leur faire signe d'arrêter.

« - Voilà où mène la pratique », déclara Dumbledore avant de les quitter pour retourner à ses occupations.

Le cours prit fin mais personne ne voulait partir. Ginny se leva, mue par une impulsion soudaine, et se dirigea vers mademoiselle Mac Kenzie qui essuyait les remontrances de mademoiselle Scamander :

« - Complètement insouciante. Tu aurais pu te faire blesser. Tout ça sans protection. . .

Key, tu sais aussi bien que moi que je faisais ce genre d'exercice dès ma cinquième année et ce les yeux bandés. Ce n'est rien, trois fois rien.

Peut-être pour toi mais as-tu seulement pensé aux répercutions ? Ils voudront tous t'imiter maintenant.

Tant mieux, ils sauront se défendre ainsi, déclara Ayael.

Et Pomfresh n'a qu'à agrandir son infirmerie, s'exclama Scamander très en colère.

Mac Kenzie qui avait perdu son sourire face aux réprimandes de son amie, se tourna vers Ginny pour lui demander :

On peut vous aider mademoiselle Weasley? Ce cours est terminé et vous risquez de vous mettre en retard pour le prochain.

Je voulais savoir, commença Ginny d'une voix qui ne sonnait pas comme d'habitude, comme si une autre personne parlait pour elle. Je voulais savoir si je pouvais aller m'entraîner avec vous tous les matins. J'aimerais être capable de faire ce que vous venez de faire et. . . »

Elle s'arrêta, mademoiselle Mac Kenzie ayant perdu toutes ses couleurs. Elle était plus pâle tout à coup que Peeves ou Nick Quaisi-sans-tête. À ses côtés mademoiselle Scamander ne valait guerre mieux. Toutes les deux observaient la jeune rouquine qui se demandait bien ce qu'elle faisait là. C'était comme si une force inconnue l'avait mené jusque là et l'avait forcé à dire ce qu'elle venait de dire. Pourtant, elle ne comprenait pas ce que sa requête avait de si spéciale. A part, bien sûr le fait qu'elle n'avait pas eu réellement l'intention de la faire.

De même, voilà près d'une semaine qu'elle s'éveillait très tôt et qu'elle était comme appelée par la fenêtre de sa chambre. Immanquablement, elle observait mademoiselle Mac Kenzie s'entraîner dans les brumes du petit matin. L'américaine courait très tôt en début de journée, presque toute l'école le savait maintenant mais Ginny avait découvert qu'elle faisait bien plus que cela. Le matin même, mue par une volonté qui n'était pas entièrement sienne, elle s'était habillée et l'avait suivi discrètement. Mademoiselle Mac Kenzie contourna le lac puis s'engouffra dans un bosquet que fréquentait les amoureux de Poudlard. Toujours sur ses traces, Ginny, désorientée, se retrouva en bordure d'une petite clairière visiblement aménagée par l'américaine. Il y avait là des cibles qui avaient visiblement déjà reçu leur lot de sorts et un inventaire impressionnant d'obstacles divers tels que des troncs d'arbre, des rochers de diverses grosseurs et même des piques et des pieux. Il y avait également une section où on retrouvait des billots de bois à l'horizontal et d'autres en angles, le tout formant un parcours d'équilibre laborieux.

Ginny l'avait observé près d'une heure, bien emmitouflée dans sa cape sous la pluie. Ayael Mac Kenzie qui semblait n'avoir cure de l'humidité, s'exerçait de telle manière qu'elle suscita encore plus l'admiration de la jeune Weasley.

Revenue de son escapade dans ses souvenirs, la jeune rouquine remarqua que ses deux interlocutrices reprenaient peu à peu des couleurs. Puis mademoiselle Mac Kenzie trouva la force de demander :

« - Vous voulez venir courir avec moi mademoiselle Weasley ?

Courir et « m'entraîner », confirma Ginny, appuyant sur le dernier mot.

Qu'entendez-vous par « entraîner » mademoiselle Weasley ?, demanda Ayael la gorge enserrée de manière inhabituelle.

J'aimerais bien pouvoir utiliser votre site d'entraînement et profiter de vos conseils », commença la jeune femme qui avait de nouveau retrouvé une voix qui ne lui était pas entièrement propre.

Devant elle, les deux américaines étaient de nouveau aussi pâles que les spectres du château. Mademoiselle Scamander murmurait dans une langue inconnue à la jeune rouquine alors que Mac Kenzie l'observait l'air ailleurs. Incapable de prononcer un traitre mot, Ayael continuait de la fixer bizarrement. Ginny pouvait lire toutes sortes d'émotions passer dans ses yeux. Mademoiselle Scamander qui se reprit en premier et qui rappela tout le monde à l'ordre. Elle avait le cours suivant à assurer.

« - Aya, amène mademoiselle Weasley prendre l'air veux-tu, je la dispense de mon cours, je crois que tu as des choses à vérifier. »

Ginny était extrêmement confuse. D'abord, elle se dirigeait vers les deux américaines sans réellement le désirer, puis une voix qui n'était pas entièrement la sienne, tenait des propos qu'elle n'avait pas voulu tenir. Etait-elle de nouveau possédée par un procédé semblable au journal de Jedusor, comme lors de sa première année ? Pourquoi Ayael Mac Kenzie la fixait ainsi ? L'américaine paraissait presque terrifiée, sentiment que l'on n'avait jamais vu jusqu'à maintenant chez elle. Elle était toujours sûre et implacable. Ses yeux avaient perdu toute leur espièglerie et avaient revêtu une sorte d'ombre qui les rendait méconnaissables.

Mademoiselle Scamander revint auprès des deux jeunes femmes qui n'avaient cessé de se dévisager. Elle tendit sa cape à Ayael et la poussa gentiment vers la porte. Un signe de la tête en provenance de la professeure d'incantation, appris à Ginny qu'elle devait suivre mademoiselle Mac Kenzie qui semblait avoir repris un peu de sa raison. Sans un mot, elles se dirigèrent vers l'entrée principale du château. La pluie continuait à tomber et inondait les marches de pierres qui menaient à l'allée principale. Ayael tendit sa cape à la jeune rouquine pour qu'elle s'en recouvre mais avant, elle prit soin de récupérer son chapeau qui se trouvait dans la poche magique de celle-ci.

« - Mais vous allez attraper une grippe d'enfer par ce temps », tenta Ginny qui ne tenait pas particulièrement à retourner à l'extérieur avec la température qu'il faisait.

Elle ne reçut aucune réponse et dut allonger le pas pour réussir à suivre l'américaine qui l'amenait dans une petit sentier rendu boueux par toute cette pluie. Elles contournèrent le lac et s'engouffrèrent dans le sous- bois. Elles marchèrent en silence, seul le bruit de la pluie percutant les objets terrestres et le bruit de leurs pas dans la vase étaient audibles. Enfin, mademoiselle Mac Kenzie ralentit le pas et s'arrêta complètement. On venait d'arriver à l'orée de la clairière où elle avait aménagé son espace d'entraînement. Elle se retourna et regarda directement Ginny dans les yeux, comme elle le faisait souvent et du même coup, la rouquine se sentit sondée jusqu'au plus profond d'elle-même.

« - Que voyez-vous derrière moi mademoiselle Weasley ? demanda l'américaine d'une voix dure qui ne lui allait pas.

Une clairière avec divers obstacles, des cibles, un parcours, énuméra Ginny sans même se donner véritablement la peine de regarder.

C'est impossible. », gronda Mac Kenzie les poings serrés et la mâchoire contractée.

Ginny ne trouva rien à dire, elle préféra garder le silence. En face d'elle mademoiselle Mac Kenzie avait commencé à faire les cent pas en marmonnant dans cette langue que la jeune Weasley ne connaissait pas. La benjamine de la famille Weasley aurait eu de la difficulté à dire avec exactitude, combien de temps elles étaient restées là sous la pluie, attendant elle ne savait quoi, mademoiselle Mac Kenzie marmonnant et jurant en lui lançant de brefs regards.

Soudain, l'américaine s'arrêta et alla s'asseoir, calmée sur un tronc d'arbre abattu près de là. Sans même savoir pourquoi, Ginny la suivit et s'assit à sa droite. L'eau dégouttait sur les traits de sa professeure mais la jeune Weasley avait cru apercevoir des larmes mêlées à la pluie. Ayael recommença à parler à voix base et tenait des propos incohérents pour Ginny :

« - Impossible. Pourquoi. Le grand conseil peut pas approuver. C'est insensé. Complètement fou. Jamais je ne le ferai. Jamais je ne lui ferai vivre ce que j'ai vécu. »

La pluie cessa, déjà les rayons du soleil trouvaient un espace entre les nuages pour parvenir jusqu'à elles. Dans un soupir magistral, mademoiselle Mac Kenzie se leva et déclara d'un ton ferme :

« - Non, je n'accepte pas. »

Puis elle commença à regagner le sentier qui la mènerait jusqu'au château. Arrivée à la lisière de la clairière, elle se retourna et s'adressa à Ginny :

« - Alors vous venez mademoiselle Weasley ? Faudra vous sécher sinon Pomfresh va me trucider pour vous avoir laisser sortir par un temps pareil. »

Elles retournèrent au château toujours en silence mais cette fois mademoiselle Mac Kenzie avait repris un peu de son assurance. Une fois les portes passées, Ginny fut surprise par le flot d'étudiants qui se rendaient à la grande salle pour le repas du midi. Des mains se posèrent sur ses épaules et lui retirèrent la cape complètement trempée qu'elle portait, puis les mêmes mains la dirigèrent silencieusement vers l'infirmerie pour que Mme Pomfresh lui administre une potion de son cru pour la réchauffer et l'empêcher de tomber malade.

Arrivées devant les portes de l'infirmerie, Ginny se retourna vivement et déclarant d'une voix ferme :

« - Vous au moins, allez-vous m'expliquer ce qui se passe ? »

Mademoiselle Scamander qui l'avait accompagné avait l'air inquiet mais réussit à lui faire une petite moue avant de répondre :

« - C'était à elle de le faire, visiblement elle n'en a rien fait, c'est malheureux mais je ne puis répondre à vos interrogations jeune fille. Seule Aya le peut . . .

Poussant la porte de l'infirmerie pour recevoir les foudres de Mme Pomfresh, la jeune Weasley lui tourna le dos et conclut stoïquement :

- Et elle ne veut pas ».