[n/a] : Un merci tout particulier à Alixe sans qui cette histoire ne
serait qu'incompréhension et emplie d'illogismes sans parler des fautes...
Merci également à ceux qui prennent le temps de laisser une review, c'est
toujours apprécié.
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Chapitre 8
Harry émergea lentement des brumes qui envahissaient son esprit apaisé par les potions de la compétente Pomfresh. Ses signes de réveil ne passèrent pas inaperçus. Quelqu'un à ses côtés lui tendit ses lunettes pour qu'il puisse distinguer ce qui l'entourait. Hermione. C'était son amie qui était là et qui maintenant lui souriait gentiment. Il lui rendit son sourire du mieux qu'il put ce qui agrandit le celui que lui prodiguait la jeune fille. D'une voix pâteuse, le jeune homme se força à demander :
« - Comment vas-tu ?
_ C'est plutôt à moi de te poser cette question, répliqua son amie.
_ Bien. J'ai l'esprit engourdi mais je me sens bien. Que c'est-il passé au juste ?
_ Voldemort et ses petits amis ont attaqué...
_ Je sais, il m'a rendu une petite visite dont je me serais bien passé, déclara Harry en se massant les tempes qui étaient toujours douloureuses.
_ Vraiment ?, demanda Hermione inquiète.
_ Oui il m'a souhaité un très heureux quinzième anniversaire. Pour mon cadeau il voulut m'offrir quinze décès.
_ Et bien, il y en a eu que quatorze, commença Hermione mal à l'aise.
_ Je sais, la quinzième devait être Ginny mais, Merlin merci, elle est sauve, déclara Harry le coeur moins lourd.
_ Oui et elle vient de se réveiller, Pomfresh et Ron sont avec elle. Heureusement que mademoiselle Mac Kenzie était là. Je ne sais pas ce qu'il serait arrivé si... Mais elle ne termina pas sa phrase.
_ Hermione, qui sont les quatorze morts ? Des gens que nous connaissons ? Pitié, dis-moi qu'il n'y a pas d'élève dans le compte...
_ Non pas d'élève, le rassura-t-elle. Il y aurait, selon ce que j'ai entendu, huit moldus, trois sorciers issus de parents moldus et trois Aurors qui avaient disparus voilà quelques jours lors d'une mission pour le Ministère. »
Les déclarations de Hermione laissèrent Harry songeur. Tellement de questions se bousculaient dans sa tête. Il tenta de les remettre en ordre.
« - Comment ont-il pu entrer à l'intérieur du parc ? Poudlard n'est pas censé être le lieu le plus sûr de la communauté magique ?
_ Si, il l'est, mais ils ont dû trouver une faille dans nos protections, déclara une voix par dessus l'épaule de Hermione qui la fit sursauter.
_ Professeur Dumbledore...
_ Bonjour Miss Granger. Bonjour Harry, alors comment te sens tu ce matin ?
_ Engourdi, mais toujours vivant...
_ Heureux de le constater, répliqua le vieil homme avec un petit sourire.
_ Professeur, s'il y a une faille dans les protections de l'école, ils pourront encore l'utiliser pour revenir ? demanda nerveusement Hermione en se frottant les mains.
_ On travaille à la réparer, Miss Granger, ne vous en faites pas. Ce qui s'est passé hier ne se reproduira plus. D'ailleurs, seulement quelques mangemorts ont pu s'infiltrer dans le parc, les autres étaient à l'extérieur du périmètre. Nous avons retrouvé les défunts en dessous des marques lancées dans le ciel tout autour du périmètre de sécurité du collège. Pour une raison qui nous est encore inconnue, il semblerait que Voldemort désirait faire sa quinzième victime au sein des élèves. Sans doute pour t'ébranler d'avantage Harry. Il ne semblerait pas que la jeune mademoiselle Weasley ait été visée personnellement. Elle s'est simplement retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Heureusement que mademoiselle Mac Kenzie veillait au grain...
_ Comment va-t-elle professeur ? », demanda la voix de Ginny d'un lit voisin.
Ce n'est qu'à ce moment que Harry remarqua que les autres lits étaient tous vides maintenant et que Ginny ainsi que Ron écoutaient leur conversation également. La rouquine était assise dans son lit, la tête toujours pansée, Ron assis dans le fauteuil à ses côtés. Mademoiselle Scamander dormait à poings fermés, la tête sur le lit de Ginny, le dos voûté et assise dans un fauteuil qu'elle avait avancé près du lit de la patiente. Tous la regardait maintenant avec un petit sourire en coin tandis que elle continuait à dormir sans même avoir conscience du monde qui l'entourait.
« - Je me rends à Ste-Mangouste après cet entretien. Les médico-mages ont fait un travail surprenant parait-il mais sa guérison risque d'être longue. Heureusement, le pieux qui l'a transpercée a évité de peu les organes vitaux. Je crois que votre professeure de duel aura quelques nouvelles cicatrices à ajouter à son tableau de chasse.
_ Je veux y aller avec vous », s'exclama Ginny qui tentait déjà de se lever de son lit.
Le brusque mouvement de la jeune fille eut pour conséquence de réveiller mademoiselle Scamander qui essuya rapidement un mince filet de bave au coin de sa bouche et qui dévisagea tout le monde autour d'elle d'un air perdu et affolé. Ron ne put retenir un fou rire, alors que Harry souriait d'une oreille à l'autre et que Hermione semblait compatissante au sort de sa professeure.
« _ Je ne sais pas si c'est une bonne idée », répondit Pomfresh qui regardait le directeur en le suppliant presque des yeux qu'il interdise à la jeune rouquine de sortir de son lit.
Dumbledore observa quelques instants Ginny qui déjà revêtait les vêtements propres que lui avait amené Hermione.
« _ Peut-être voudriez-vous vous joindre à nous, Professeure ? »
C'est ainsi que quelques minutes plus tard, Harry vit son directeur, sa professeure d'Incantation et son amie partir pour se rendre à Ste- Mangouste, l'hôpital des sorciers. Rapidement, Pomfresh intima à Ron et Hermione de quitter son infirmerie pour laisser Harry se reposer un peu. Le jeune malade remarqua alors que ses deux amis ne s'étaient pas encore disputés, ni même jetés de regards noirs. Se seraient-ils réconciliés ou n'était-ce qu'une trêve suite aux évènements de la veille ?
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Le portoloin fabriqué par Dumbledore les amena tous les trois directement devant le bureau de l'infirmière de garde à l'entrée. Lorsqu'elle vit la tête pansée de Ginny, elle alla d'abord vers elle mais Dumbledore lui expliqua gentiment qu'ils étaient venus pour voir une patiente hospitalisée. Après avoir consulté une liste de noms, elle leur indiqua le chemin à prendre pour se rendre à la chambre de mademoiselle Mac Kenzie.
Ils marchèrent longuement dans les corridors d'un blanc impeccable, croisant parfois d'autres sorciers qui saluaient respectueusement le directeur de Poudlard qui leur répondait d'un mouvement de la tête et d'un sourire. Ils arrivèrent au département des chirurgies magiques puis trouvèrent enfin la chambre qui accueillait l'américaine. Un guérisseur sortait justement de la pièce et put répondre à leurs nombreuses questions. Il n'y avait pas seulement Ginny qui manifestait son inquiétude. Mademoiselle Scamander se rongeait les ongles et jouait constamment avec l'un des boutons de sa robe.
« - Elle est actuellement en traitement. Elle ne pourra pas vous parler mais elle vous entendra. Son état est stable et je ne peux affirmer qu'elle pourra reprendre son poste d'enseignante. Mais elle devra éviter toutes activités violentes et aura un bras en écharpe pendant un moment. Pour être franc, il y a des risques que son bras ne retrouve pas sa motricité d'antan, et il est même possible que cette partie du corps reste paralysée. Espérons qu'elle n'est pas droitière, sinon, elle devrait apprendre à se servir de sa baguette de la main gauche...
_ Elle est ambidextre, aussi agile d'une main que de l'autre, déclara mademoiselle Mac Kenzie. Je connais bien Ayael, d'ici quelques jours elle reprendra ses cours et plus rien n'y paraîtra.
_ Mais mademoiselle, cette blessure prendra du temps à guérir et ... s'objecta le guérisseur.
_ Non, croyez-moi, rien ne pourrait l'empêcher de retrouver ses facultés. Elle a vécu bien pire et s'en est toujours sortie. On peut la voir ? »
Scamander refusait-elle d'entendre la vérité ou savait-elle pertinemment que sa collègue s'en sortirait indemne ? Dumbledore aussi semblait confiant, Ginny opta donc elle aussi pour cet état d'esprit. Mais son optimiste chuta bien bas lorsqu'elle entra, à la suite de ses professeurs, dans la petite chambre peinte en jaune pale.
La pièce était entièrement vide à l'exception d'un immense réservoir en verre empli d'une solution aux reflets jaunes qui bouillonnait et dans laquelle flottait mademoiselle Mac Kenzie entièrement nue. Dumbledore se retourna avec un petit sourire d'excuse et prononça une formule en pointant sa baguette par dessus son épaule droite. Du coup, la jeune femme submergée se retrouva couverte de petits morceaux de tissus aux endroits stratégiques de son anatomie, ce qui la fit bien rire. Ces bouts de tissus n'étaient cependant pas suffisants pour dissimuler le corps meurtri de la jeune femme et Ginny resta figée, incapable de détourner les yeux des longues cicatrices qui courraient dans sa chair et qui, par endroits, ressemblaient étrangement à des symboles ésotériques. Sur sa jambe droite serpentait une marque qui partait de sa cuisse et se terminait en dessous de son genou. Ses bras portaient les traces d'anciennes blessures dont celle que Pomfresh tentait désespérément de guérir quelques jours plus tôt. Mais le plus surprenant était son dos, sur lequel se trouvaient les marques similaires à des symboles magiques anciens.
Ginny se détourna de sa contemplation malsaine lorsqu'elle sentit le regard de mademoiselle Mac Kenzie sur elle. La jeune femme avait tourné la tête dans leur direction et leur souriait du mieux qu'elle pouvait compte tenu du tuyau qui était fixé à sa bouche pour lui permettre de respirer sous l'eau.
« - Bien t'as l'air en pleine forme, de quoi te plains-tu ? » la taquina mademoiselle Scamander en tournant autour du réservoir.
La jeune femme submergée lui fit un signe que tous comprirent très bien avec l'un de ses doigts.
« - C'est certain, elle va bien, décréta Keyra avec un sourire narquois.
_ Heureux de le constater en effet, renchérit Dumbledore. Nous venions simplement prendre de vos nouvelles. »
La patiente leva un pouce en l'air, autre gestuelle que comprirent parfaitement ses visiteurs. Puis elle tourna son regard vers la plus jeune qui l'observait toujours. D'un signe de la tête, Aya indiqua le pansement de Ginny. Cette dernière s'empressa de lui affirmer qu'elle allait bien.
« - Eh bien, je crois que nous allons vous laisser à votre traitement et retourner à Poudlard... », commença Dumbledore.
Mais il s'arrêta voyant que la jeune femme lui indiquait quelque chose. Elle avait levé deux doigts, l'index et le majeur. Le vieux mage connaissait ce signe...
« - Oui, ne vous en faites pas, nous aurons la paix...
_ Euh, je crois qu'elle essaie plus de vous dire qu'elle sera de retour dans deux jours, expliqua gentiment Key.
_ Non, non, prenez le temps qu'il vous faut mademoiselle... Revenez-nous en forme... Quoi, un jour ? Vous êtes vraiment pas possible ! »
La jeune femme levait maintenant un doigt et riait en silence, les yeux pétillants de malice. Dumbledore aussi riait alors que Keyra hochait la tête de droite à gauche en signe de désapprobation mais un sourire ornait ses lèvres. Ginny profita de cet instant pour s'avancer plus près de l'une des parois de verre du réservoir. Elle posa sa main à plat alors que la jeune femme à l'intérieur approchait la sienne lentement. Même si une vitre les séparait, Ginny pouvait sentir une sorte d'énergie se transmettant de part et d'autre. Sans la quitter des yeux elle murmura un simple « merci ». Sa sauveuse se contenta de fermer les yeux en de hocher la tête.
Des mains puissantes malgré les années se posèrent sur les frêles épaules de Ginny. Dumbledore la poussa gentiment vers la sortie. Avant de franchir la porte de la chambre, la rouquine se retourna et déclara d'une voix sûre et ferme :
« - Maintenant, j'ai une dette envers vous. »
Sa déclaration avait jeté un froid soudain sur les quelques personnes présentes. Les adultes échangèrent quelques regards puis mademoiselle Scamander déclara d'une voix tendre et douce :
« - Pas vraiment, en fait, elle se devait de le faire. Vous n'avez pas à vous sentir redevable...
_ Mais elle m'a sauvé la vie, s'écria Ginny qui ne comprenait pas l'émoi suscité par ses paroles.
_ Venez mademoiselle Weasley, vous aurez des réponses à vos questions d'ici quelques jours », déclara Dumbledore en la poussant vers l'extérieur.
Un dernier regard en arrière lui fit prendre conscience que ce qui venait de se passer ne plaisait guerre à sa professeure de duel qui maintenant fixait le mur devant elle, la mâchoire serrée. Seul son poing gauche était crispé, mais nul doute que le droit l'aurait aussi été s'il avait retrouvé toute sa motricité.
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Quelques jours plus tard, mademoiselle Mac Kenzie n'eut plus besoin d'être être submergée dans une substance réparatrice de tissu. Elle était cependant incapable de bouger les doigts et une vive douleur la tenaillait encore. Elle recevait la visite quotidienne de Key qui venait la distraire un peu. Puis un jour, elle vit débarquer Dumbledore et Rogue qui venaient parler avec elle de l'attaque et de ses impressions sur son adversaire.
« - Il n'avait certes pas la formation complète de ceux ma faction mais il connaissait beaucoup plus de choses qu'un simple débutant.
_ Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il n'est pas l'un des vôtres ? demanda Rogue.
_ Il ne portait pas le bracelet, répondit simplement Aya.
_ Ça veut rien dire, peut-être l'avait-il simplement laissé chez lui pour brouiller les pistes », commença Rogue.
Cette déclaration fit s'esclaffer mademoiselle Mac Kenzie, qui le regretta aussi tôt, car rire lui faisant un mal de chien. Pourtant, c'est avec un sourire coquin qu'elle leva le plus haut qu'elle le pouvait son bras blessé et qu'elle déclara :
_ Enlevez donc le mien si vous croyez que c'est si facile... Ce bracelet m'a été apposé et je ne peux en aucun cas m'en départir. Il est soudé à mon poignet jusqu'à ma mort. Et encore, faudra-t-il que je meurs sous les sorts d'un adversaire, car si ma mort est naturelle, vous m'enterrerez avec cet artéfact. Ulric le manchot à essayé de se couper la main pour retirer de cet ornementation, devinez ce qui est arrivé ? Le bracelet est réapparu sur son autre bras, fou de rage, il tenta de s'amputer la main restante... Je vous le donne dans le mille... Il s'est retrouvé avec un merveilleux bracelet de cheville. Comme je viens de vous le dire, la seule façon pour moi de me débarrasser de ces lanières de cuir est de mourir de la main d'un ennemi qui aura alors le « privilège » de ramasser son butin. »
Rogue observait soudainement la jeune femme avec un semblant de respect. Ce fichu bracelet semblait lui peser lourd et il ne revint plus sur le sujet. Avec Dumbledore, ils continuèrent à discuter des nouvelles protections à installer autour du château et à spéculer sur l'identité de l'adversaire qui s'était enfui.
« - S'il a échoué à sa tâche, il y a fort à parier que Voldemort a du le punir pour son manquement. Peut-être n'est-il même plus en vie au moment où l'on se parle, déclara Rogue.
_ Grâce à votre position, vous n'avez pas une idée de l'identité de cet homme ?
_ Il n'est pas écrit sur le front de la personne qu'elle est formée au combat épique et c'est d'autant plus difficile à lire que la personne porte une cagoule », répliqua sèchement l'ancien mangemort.
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Cela prit quelques jours de plus que ce qu'elle avait prévu à mademoiselle Mac Kenzie pour reprendre son poste d'enseignante. Elle avait été absente quinze jours en tout et malgré le fait que les médico-mages désiraient ardemment la garder encore sous observation, elle s'était levée et était partie, tout simplement. Son bras retrouvait peu à peu sa motricité mais elle devait tout de même garder son épaule fixe, ce qui nécessitait une écharpe et quelques sorts de stabilisation que lui lançait toutes les heures madame Pomfresh qui veillait personnellement sur sa peu coopérative patiente.
Harry était lui aussi de retour en classe. Le moyen qu'avait employé Voldemort pour se saisir de son esprit alors qu'il était éveillé, l'avait épuisé physiquement mais également magiquement. Dumbledore avait expliqué qu'il en avait été de même sans doute pour le Lord Noir, ce qui pouvait se vérifier par le profil bas qu'affichaient les mangemorts ses derniers temps. Plus de nouvelle attaque, plus d'apparition encagoulée.
Harry se dirigeait avec Ron et Hermione vers la salle de classe de duel. C'était leur premier cours depuis le retour de mademoiselle Mac Kenzie. Toute l'école, Serpentards inclus, l'avait accueillie telle une héroïne la veille au souper. Elle avait été applaudie et Harry avait remarqué que, tout comme lui, ces manifestations ne lui plaisaient pas vraiment. Rapidement elle leur avait fait signe d'arrêter les applaudissements et déclara qu'une telle ovation devrait être réservée pour de plus grands moments, qu'elle n'avait rien fait de plus que ce que faisait à tous les jours des dizaines d'Aurors.
Lorsqu'il entra dans la salle, la première chose qu'il remarqua était l'attitude de Malfoy. Le jeune homme blond chuchotait quelque chose à l'oreille du professeur au bras en écharpe. Cette dernière affichait un air grave et hocha la tête puis désigna du menton à son élève une place sur le tatami. Malfoy obéit sans une mot et s'assit par terre, à l'écart de Baldur, l'autre Serpentard qui ne comprenait pas plus que Harry et ses amis ce qui venait de se passer.
« - Bien, commençons si vous le voulez bien, nous avons quelques cours à rattraper. Aujourd'hui j'aimerais que vous me prouviez que vous savez observer. Depuis le début de l'année, j'ai eu le loisir de vous étudier et je peux assurément identifier plusieurs de vos faiblesses. Voyons voir si vous êtes capables d'en faire autant. Dans un duel, la meilleure arme est l'observation, tout de suite après l'instinct. Vous pouvez déterminer d'un simple regard si votre adversaire est de votre niveau, s'il est du type agressif ou passif, s'il agit défensivement ou s'il aime utiliser la ruse. Monsieur Longdubat et Monsieur Weasley, debout je vous prie. »
Les deux élèves désignés se rendirent au centre du tapis d'entraînement alors que leur professeure cherchait des yeux une place où s'asseoir. Ginny le devina et se précipita pour lui apporter une chaise mais la jeune fille dut se rasseoir sans pouvoir rendre service à mademoiselle Mac Kenzie qui avait déjà appelé à elle, à l'aide de sa baguette, la chaise que tenait Ginny. Harry remarqua l'air déçu de son amie et lui sourit pour tenter de la réconforter mais la jeune rouquine, à son grand étonnement, dévisageait à présent son professeur avec un regard digne de Rogue. Mac Kenzie quant à elle ignorait complètement son élève.
« - Bien, en position Messieurs. Quelqu'un peut me nommer immédiatement l'une des faiblesses des deux adversaires ? »
Harry comme plusieurs autres entendirent très clairement quelqu'un murmurer, suffisamment fort pour être entendu : « Leur stupidité ». Ce qui mit le rouge aux joues de plusieurs d'entre eux, Harry compris. Il chercha la source de cette insulte même s'il avait une très bonne idée de l'identité de la personne à l'origine de ce trait.
« - Leur stupidité n'égale pas la vôtre, répliqua la professeure d'un ton acéré qui laissait entendre qu'elle connaissait parfaitement l'identité du petit comique. Personne ne peut m'en donner au moins une ? Oui miss Granger ?
_ Eh bien, Ron n'a pas les pieds suffisamment encrés dans le sol, commença d'une voix peu sûre Hermione qui maintenant fuyait le regard du rouquin.
_ Oui en effet, un sort de déstabilisation le projetterait par terre. Très bien. Dix points pour Griffondor, quelqu'un d'autre ? Monsieur Malfoy ?
_ Longdubat a le regard fuyant, déclara d'une voix sûre et ferme le blondinet.
_ Excellent ! Et en quoi cela est-il une faiblesse ?
_ Il n'arrivera jamais à lire les intentions de son adversaire s'il se concentre pas mieux sur l'homme en face de lui.
_ En effet, on peut souvent savoir quel sort nous réserve notre adversaire simplement en le regardant agir. Ne jamais quitter son adversaire des yeux, règle primordiale en duel. Dix points pour Serpentards. »
Les duellistes changèrent régulièrement et peu à peu on apprenait à mieux étudier ses adversaires. Trouver les points faibles des autres aidait à améliorer ses propres faiblesses. Ainsi lorsque Ginny et Harry s'affrontèrent virtuellement, les élèves qui les observèrent, eurent du mal à déceler des failles.
« - Ce n'est pas parce qu'ils sont meilleurs que vous, expliqua mademoiselle Mac Kenzie, c'est simplement qu'ils ont en mémoire tout ce que l'on vient de dire. Cependant, dans le feu de l'action, ils n'auront pas le temps de penser à leur attitude. De plus on peut encore trouver quelques défauts qui pourraient être facilement exploitables. Quelqu'un les voit ? »
Les élèves observèrent longuement les deux « pseudo » combattants qui prenaient bien garde d'appliquer tous les conseils prodigués par leur enseignante. Personne n'arrivait à trouver de faiblesse et ce qui frustrait manifestement Malfoy qui se creusait la tête pour découvrir le talon d'Achille de Harry.
« - Bon bien, je vais vous les énumérer puisque vous ne trouvez pas... Tout d'abord, Monsieur Potter, il faudrait penser à consulter un oculy-mage pour vos yeux car si je fais ceci (elle leva sa baguette et d'un coup les lunettes du pauvre Harry ne se trouvèrent plus devant ses yeux, lui embrouillant complètement la vue) vous vous retrouvez aveuglé et j'ai l'avantage sur vous. »
D'instinct, Harry rappela ses lunettes à lui à l'aide d'un « accio ». Ce qui fit sourire son enseignante de satisfaction.
« - Bien joué ! Mais j'avais amplement le temps de gagner ce duel. Ensuite il faudra penser à revoir votre position. Je vous ai enseigné les bases du duel mais il ne tient qu'à vous de l'ajuster selon votre personnalité. Personne ne se bat de façon identique. Trouvez la position qui vous convient car je crains que celle-ci ne vous aille pas. »
Harry nota mentalement toutes les recommandations de mademoiselle Mac Kenzie et il se fustigea mentalement lui-même pour ne pas avoir pensé plus tôt à consulter un oculiste pour qu'il puisse se passer de lunettes. Elle venait de lui démontrer que cela pouvait être une tare importante dans un combat.
« - Mademoiselle Weasley maintenant... »
Harry vit Ginny se tendre sous le regard de mademoiselle Mac Kenzie. En effet, toute l'espièglerie et la joie de vivre qui se trouvaient habituellement dans les yeux bleus de cette dernière avaient fui. Harry en frissonna presque mais son amie serra simplement la mâchoire et attendit bravement et dignement le verdict.
« - Commençons d'abord par ... »
Mais elle fut coupée par la cloche magique qui indiquait l'heure du changement de cours. Mademoiselle Scamander arrivait d'ailleurs dans le but de leur offrir un cours d'Incantation. Alors que certains élèves quittaient pour leur prochaine salle de cours, d'autres restaient et attendaient l'arrivée du reste du groupe. Harry alla rejoindre Ron et Hermione qui semblaient tendus et soucieux. Lorsqu'il suivit leur regard il comprit pourquoi. Ginny se tenait toujours au centre du tapis, l'air déterminé et buté, le regard fixé dans celui de mademoiselle Mac Kenzie qui n'avait toujours pas retrouvé sa gaieté. L'atmosphère dans la classe était soudainement très lourde et il fallut l'intervention de mademoiselle Scamander pour que ce duel oculaire se termine.
« - Aya, c'est assez, cesse de te battre et accepte la réalité... Elle t'es destinée. Tu dois la former. Ainsi doivent être les choses, accepte-les... »
Mademoiselle Scamander avait utilisé une voix douce et avait posé une main sur l'épaule saine de son amie. Elle avait également pris la peine de parler à voix très base pour que peu puisse saisir ses mots. Ce qui suivit en glaça plus d'un. Même Harry qui avait pourtant vu la résurrection de Voldemort resta figé devant la rage qui émanait de chacun des traits de mademoiselle Mac Kenzie qui s'était levée subitement et qui regardait méchamment celle qui pourtant était son amie.
« - Accepter quoi Key ? Tu veux que je la forme à devenir une machine à tuer ? Tu veux que je lui montre tout ce que l'on m'a obligé à voir ? »
Puis aussi soudainement que la colère était apparue, Ayael se calma et ferma les yeux en soupirant profondément avant de reprendre mais d'une voix douce cette fois :
« - Sa destinée m'est peut-être liée Key mais je refuse de la former, je refuse qu'elle souffre comme j'ai souffert...
_ Ça c'est à moi d'en décider », déclara Ginny la tête haute et une lueur de défi dans les yeux.
On aurait pu entendre un Billywig [1] voler dans la salle. Personne n'osait respirer trop fort de peur de s'attirer la colère de l'une ou l'autre des jeunes femmes.
« - Cette fois j'en ai assez. Tu sors régler cela immédiatement. Si tu ne le fais pas, je jure devant tous les mages de ne plus jamais t'adresser la parole Ayael Vehuiah Haamiah Cahetel Mac Kenzie.
_ Tu dois vraiment être en colère pour utiliser mon nom en entier, la nargua Ayael qui venait de retrouver une partie de son sourire.
_ En douterais-tu ? », cracha Keyra le regard mauvais.
Ayael Mac Kenzie avança son visage vraiment très près de celui de son amie et la fixa intensément, les yeux dans les yeux.
« - J'ai peur... », ironisa avant de tourner les talons et de quitter la pièce.
Elle fut suivie par une Ginny qui n'avait pas décoléré. Hermione voulut la retenir lorsqu'elle passa devant eux mais Ron la rattrapa par le bras rapidement.
« - Ne fais pas ça Hermione si tu désires rester en vie. Lorsque Ginny est dans cet état, elle pourrait user de sorts interdits. »
Harry et Hermione échangèrent un regard troublé. Jamais il n'avait vu cette facette de Ginny et cela les surprenait un peu. Cependant, Potter devait avouer que le comportement de leur professeure à l'égard de leur amie n'était pas « normal ». Quelque chose clochait à n'en point douter. Qu'avait-elle voulut dire lorsqu'elle avait déclaré qu'elle ne voulait pas former Ginny à devenir un machine à tuer ? Etait-ce que Mademoiselle Mac Kenzie avait l'impression d'être une machine à tuer ? Qu'avait-elle bien pu voir ou faire pour la traumatiser autant ? D'où venait cette colère et ce flux de puissance qu'ils avaient tous ressenti ?
Ils n'eurent pas le temps d'en discuter plus longuement car déjà mademoiselle Scamander avait repris ses esprits et les invitait à débuter le cours qui s'avéra être long et pénible pour Harry qui ne pensait qu'à son amie qui devait affronter une professeure certes handicapée mais imprévisible.
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Ginny courrait presque derrière mademoiselle Mac Kenzie qui visiblement n'avait pas pris les menaces de son amie au sérieux.
« -Arrêtez. Vous devez m'expliquer. Ne croyez-vous pas que vous me devez au moins cela ? »
Ayael s'arrêta net mais continuait à tourner le dos à son élève. Ameuté par le bruit sans doute, c'est un Rogue en colère qui avançait dans le couloir en face d'elles.
« - Par Merlin mais que signifie ce raffut ? Mademoiselle Weasley, n'avez- vous pas cours en ce moment ?
_ Elle est avec moi professeur, intervint sèchement Mac Kenzie. Venez jeune fille... c'est votre jour de chance, vous aurez peut-être des réponses à vos questions. »
Le ton employé était plus habituel à Rogue qu'à l'américaine mais Ginny n'en avait rien à faire. Elle voulait savoir ce qui se passait et elle le saurait. Aussi suivit-elle sa professeure jusqu'à l'extérieur. Elle devina rapidement leur destination, l'aire d'entraînement. Elles s'y rendirent en silence, ruminant chacune leur rancoeur respective. Une fois arrivée, Ginny s'assit sur un tronc d'arbre prenant bien soin d'assécher la place avec sa baguette pour de s'asseoir sur le bois humide de toute la pluie tombée depuis quelques jours. Devant elle, mademoiselle Mac Kenzie faisait les cent pas, son bras gauche dans le dos et l'autre solidement retenu par l'écharpe.
« - Ce moment est un des paradoxes de la vie, commença-t-elle. D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été à court de mots pour m'exprimer et maintenant que cela me serait le plus utile, rien ne me vient. J'ai affronté plusieurs dangers et jamais je n'ai tremblé pourtant je redoute cette discussion. Par où commencer ?
_ Par le commencement, ça me paraît un bon début, déclara Ginny qui ne l'avait pas quitté des yeux.
_ C'est exactement ce que j'ai dit à mon maître le jour où il tentait de m'expliquer ce que serait mon avenir. En fait tu me ressembles tellement que j'en ai peur.
_ C'est si terrible d'être vous ?
_ Personne n'est totalement heureux de ce qu'il est paraît-il. C'est également mon cas. Je suis une fille qui n'avait aucune prétention mais qui a fait les choses qu'on lui dictait de faire uniquement parce que c'était, semble-t-il, son destin. Je n'ai pas choisi ma vie, c'est elle qui m'a choisie et c'est ce que j'essaie de t'éviter.
_ Pourquoi moi ? Pourquoi vous ?
_ Pourquoi ? J'en sais rien, c'est ainsi depuis la nuit des temps. Parfois, deux sorciers sont élus et un lien puissant les uni. L'un doit apprendre à l'autre tout ce qu'il sait, il doit lui enseigner tout ce qui lui a jadis été enseigné. J'ai eu un maître qui m'a trouvé et qui s'est présenté à moi dès mon dixième anniversaire. Etant trop jeune pour entreprendre un entraînement traditionnel, il s'occupa de moi et m'apprit les bases en attendant de pouvoir m'enseigner les techniques et les rites. À quatorze ans j'étais plus que prête à entreprendre mon initiation. J'avais tellement hâte, j'étais surexcitée. Ma mère ne voyait pas cela d'un très bon oeil puisqu'elle espérait que je reprendrais ses recherches sur les Incantations et Invocations, sujet que je détestais à cet âge. Cependant, elle m'a laissé faire mon choix, disant que si tel était mon destin, elle ne pouvait s'y opposer. Si tu savais à quel point je regrette aujourd'hui qu'elle ne s'y soit pas opposée.
_ L'auriez-vous écouté ?, demanda Ginny qui connaissait pourtant la réponse.
_ Non, sans doute. Cela m'aurait poussé encore plus à accepter, admit l'américaine en souriant doucement.
_ Comment savez-vous que je vous suis liée et pourquoi apparaissez-vous dans ma vie seulement maintenant. Je veux dire, n'auriez pas dû commencer à m'entraîner alors que j'étais plus jeune ?
_ Pour la simple et bonne raison que je refusais et refuse toujours de faire ta formation. Mais le destin est plus fort que ma volonté et m'a placée bien contre mon gré sur ta route. Voilà des années que j'aurais dû me mettre à ta recherche mais j'ai refusé. J'ai même quitté ma faction, refusant d'appartenir à ce monde. Mais ce monde j'y appartiens bien malgré moi et il se charge de me le rappeler.
_ Pourquoi moi ? demanda Ginny de plus en plus troublée par les déclarations de sa professeure.
_ Lève-toi. Maintenant fait ressortir un peu de ta puissance magique comme je te l'ai appris au début de l'année. »
Ginny se leva et exécuta ce qui lui était demandé. Comme lors des classifications d'option, une lueur bleue argenté sortit du corps de la rouquine. Un peu plus loin, mademoiselle Mac Kenzie faisait de même. Ginny ouvrit grands ses yeux lorsqu'elle remarqua que la lueur qui sortait du corps de l'américaine était identique à la sienne.
« - Ne bouge pas et regarde ce qui va arriver lorsque j'entrerai dans ton champ de puissance. »
Les deux lueurs se fusionnèrent pour ne former plus qu'une immense sphère de puissance d'une couleur argentée traversée de minces filaments bleutés. Rapidement, l'aînée mit fin au spectacle qui avait émerveillé la jeune Weasley.
« - Chaque sorcier à une empreinte magique qui lui est propre. Ceux qui comme nous sont liés, possèdent des lueurs pratiquement identiques et, lorsqu'il y a osmose, le champ de puissance prend une couleur pure mais demeure traversé d'une partie de l'empreinte des deux protagonistes. Une fois les deux puissances jumelées, une force incroyable habite les deux sorciers mais ce lien est fragile et difficile à maintenir. Ça prend beaucoup d'entraînement et une volonté à toute épreuve.
_ Si nous sommes liées ainsi pourquoi refusez-vous ce fait ? Imaginez ce que notre puissance pourrait procurer comme atout dans la guerre contre le Lord Noir ?
_ Ça ne marche pas ainsi Ginny. Ce que nous venons de faire est bien peu de chose. Pour pouvoir prétendre être une arme valable contre Voldemort, il faudrait que nos deux puissances s'interpénètrent en chacune de nous mais cela n'est possible qu'à la toute fin de l'entraînement de l'élève. Ce qui signifie des années intensives d'apprentissages divers et d'apprivoisement de l'autre.
_ J'apprends rapidement, s'emballa Ginny.
_ Je sais. Mais même dans le meilleur des scénarios, cela nous prendrait au moins une dizaine d'années pour en arriver à ce niveau. Cela peut être très attrayant, je sais, mais je connais également l'envers de la médaille et c'est pourquoi je refuse catégoriquement de t'entraîner.
_ Qu'est-ce qui peut être si terrible dans l'apprentissage des techniques combat, de l'art du duel ?
_ Ce que tu vois présentement te paraît plaisant. Tu m'as vu m'entraîner tous les matins depuis des semaines mais tout ceci n'est rien à comparer à l'entraînement qu'exige la faction.
_ Vous savez que je vous espionne, demanda Ginny soudainement embarrassée.
_ Ginny, je te sens et te ressens. Je savais que tu étais en danger le soir d'Halloween. Ce n'est pas un hasard que je me sois précipitée ici. Je ressentais ta peur, j'ai senti ta détermination face à ce mangemort, j'ai ressenti aussi le sentiment de fatalité qui t'a envahi à un certain moment. Je sais que tu me suis tous les matins jusqu'ici, tu te places juste là dans le bosquet à droite du grand chêne et tu m'imites parfois. Et moi je me laisse prendre au jeu, je t'enseigne de nouveaux mouvements, te montre un peu de l'étendu des possibilités de cette discipline... Tu es douée Ginny, sans doute la plus douée de la classe mais pas encore assez. Ce mangemort t'aurait effectivement tué. Je t'apprendrai à te défendre, à devenir meilleure mais uniquement dans le cadre du cours de duel. Là s'arrêtera ton apprentissage, mais tu auras déjà un niveau meilleur que celui de bien des sorciers de ma connaissance. Apprends également auprès de Keyra, elle pourra t'enseigner un ou deux trucs qui pourraient te sauver la vie un de ces jours. Tu as raison, il y a une guerre à l'extérieur de cet enceinte, et je sais qu'il serait vain de te demander de ne pas y participer puisque tu en meurs d'envie. Tu n'accepteras pas d'être une simple spectatrice et de regarder le tout les bras croisés. Tu es une battante, tu as l'âme d'une guerrière. Mais cette guerre nous y participerons séparément, chacune à notre manière. »
Mac Kenzie s'éloignait déjà, laissant Ginny seule dans l'air d'entraînement. La rouquine la vit marcher lentement, les épaules voûtées comme si un poids énorme pesait sur elle...
« - Je n'abandonnerai pas vous savez ! » cria Ginny à l'intention de sa professeure.
Mais Ginny n'entendit pas la réponse de la jeune femme qui était déjà loin devant elle :
« - Je sais... »
*********
Harry ainsi que Ron et Hermione avaient bien tenté de tirer les vers du nez de Ginny sur sa discussion avec mademoiselle Mac Kenzie mais la jeune Weasley gardait obstinément le silence sur le sujet. Un soir, alors que Harry avait terminé tous ses devoirs, il abandonna Ron qui n'avait pas tout à fait fini, et se rendit à la bibliothèque pour tenter d'obtenir plus de renseignement sur un enchantement qui permettait à celui qui le lançait de disparaître momentanément et de réapparaître quelques mètres plus loin. Flitwick lui avait expliqué qu'il s'agissait, à peu de chose près, du même fonctionnement que la transplanation et cela avait intrigué Harry qui ne refusait aucun nouvel apprentissage pouvant lui permettre de venger les êtres disparus.
Madame Pince eut la bonté de lui indiquer l'endroit où il pouvait trouver un ouvrage sur le sujet. Harry se rendit dans le rayon spécifié pour tomber sur Malfoy et Ginny qui cherchaient tous deux un livre sur la même tablette. D'un même mouvement, ils mirent simultanément la main sur le même livre. Ce qui créa une commotion entre les deux sorciers.
« - Laisse-moi ce livre Weasley, je l'ai vu avant toi...
_ Laisse le toi-même Malfoy, tu vois bien que c'est moi qui l'ai.
_ Plus maintenant », déclara le Serpentard en poussant violemment la jeune fille tout en agrippant fermement le bouquin.
Harry voulut voler au secours de la rouquine, mais celle-ci n'en avait pas besoin car déjà elle était sur ses deux pieds et souriait malicieusement au blondinet. Celui-ci ne lui prêtait plus attention car son regard s'était tourné vers Harry qu'il dévisageait. Ce dernier allait lui lancer une réplique assurément acérée, mais avant qu'il ne puisse prononcer une mot, le Serpentard, ahuri, se retrouva sur les fesses, laissant dans sa surprise échapper le livre que Ginny s'empressa de récupérer d'un geste souple.
« - Tu disais Malfoy ?
_ Qu'est ce qui se passe ici, s'écria madame Pince en accourant dans les rayonnages.
_ Rien Madame, je crois que Malfoy devrait apprendre à mieux attacher ses lacets, c'est dangereux de chuter », déclara Ginny en s'éloignant doucement laissant un Malfoy rouge de rage et un Harry qui avait de la difficulté à cacher son hilarité.
Ce dernier la rejoint rapidement à sa table de travail, curieux de savoir ce que contenait le livre que désirait également le préfet de Serpentard.
« - T'es pas avec Hermione et mon frère ?, lui demanda Ginny lorsqu'il s'assit près d'elle. T'as pas peur que la guerre entre les deux ne recommence ?
_ Ces disputes dureront éternellement, prédit Harry. Ils sont faits pour se chamailler. Voilà plus d'un mois qu'une trêve a été signée entre eux. Il doit sans doute y avoir une nouvelle tempête à l'horizon mais ni toi ni moi n'y pouvons rien.
_ Harry Potter le grand observateur de la nature humaine ! Je ne te savais pas si philosophe mon cher.
_ T'as encore plusieurs choses à apprendre sur mon sujet déclara Harry en replaçant ses lunettes sur son nez.
_ Tout comme toi sur moi, renchérit Ginny le nez dans son livre.
_ Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Harry complètement perdu par l'attitude de son amie.
_ Rien, laisse tomber. D'ailleurs en parlant de laisser tomber, c'est ce que je suis sur le point de faire si je ne trouve pas très bientôt une nouvelle piste sur les enfants de Kheper, soupira Ginny en laissant sa tête choir sur le dossier de sa chaise.
_ Mais vous trouverez peu sur le sujet mademoiselle Weasley, du moins pas ce que vous recherchez, lui répondit une voix qu'elle connaissait bien.
_ Et pourquoi cela mademoiselle Scamander ?
_ Tout simplement parce que la faction des enfants de Kheper est une société dites secrète et qu'en tant que telle, peu livre parle d'elle de manière complète. Vous pourrez sans doute trouver des ouvrages qui en mentionnent le nom mais jamais ils ne discouront entièrement sur le sujet. Vous n'obtiendrez que les informations que la faction veut bien que la communauté sachent.
_ Et vous, qu'en savez-vous ?, demanda Ginny avide de connaître l'étendue des connaissances de l'autre américaine sur le sujet.
_ Que peu de chose, des brides devinées à travers les récits de Aya...
_ Pourquoi ne veut-elle pas m'en parler ?, demanda Ginny déçue.
_ Parce qu'elle a peur que vous ne vouliez encore plus rejoindre la faction.
_ Cette histoire m'obsède, je fais devenir folle si on continue à vouloir me cacher des choses. C'est ma vie après tout, ne puis-je pas prendre moi- même la décision. Elle m'a expliqué que le maître DEVAIT trouver son élève et lui enseigner. Qu'arrive-t-il lorsque ce maître refuse cet élève ?
_ Il arrive ce qu'il est en train d'arriver. »
La réponse figea tout le monde, personne n'ayant entendu le professeur Dumbledore approcher. Il se tenait derrière Harry, un morceau de parchemin entre les mains. Son regard était posé sur Ginny qu'il regardait d'un air las.
« _ Mademoiselle Weasley, pourriez-vous venir dans mon bureau quelques instants, je vous prie ? Vous également Professeure Scamander. Je viens de recevoir une missive qui demande de prendre une décision mais je dois d'abord en parler avec vous.
_ Ne feriez-vous pas mieux d'en parler avec Ayael ?, demanda Scamander
_ Je ne le puis, car elle a quitté le château...
_ QUOI ?, s'exclamèrent en coeur l'américaine et la rouquine.
_ Venez donc à mon bureau, on sera bien mieux pour parler. »
Harry fut donc laissé seul à la table de la bibliothèque. Après s'être remis de sa surprise, il commença à ranger les affaires que Ginny avait laissées sur la table pour suivre Dumbledore. Il fut rapidement rejoint par Malfoy qui se saisit du livre qu'il convoitait et qui partit sans même se donner la peine de lancer une réplique cinglante à son ennemi. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond dans cette école se dit Harry. D'un pas empressé, il se hâta de retrouver Hermione, la sage, qui pourrait peut-être éclairer sa lanterne sur la faction des enfants de Kheper, cette société dites secrète qui intriguait tout à coup beaucoup le jeune homme.
*************
Bien assises dans les fauteuils face au bureau derrière lequel s'était installé le directeur, Keyra et Ginny ainsi que Mc Gonnagall qui avait été invitée à se joindre à eux, attendaient que le directeur prenne la parole :
« - Un petit bonbon au citron peut-être ?, offrit-il aux dames. Non ? D'accord. Bon, revenons au vif du sujet. Je viens de recevoir une missive du conseil de la faction dont est membre mademoiselle Mac Kenzie. Si j'en crois ce qui est écrit ici, elle a été convoqué pour répondre de ses actes devant le grand conseil qui s'est réuni exceptionnellement plus tôt cette année.
_ Que lui reproche-t-on ?, demanda Minerva d'une voix anxieuse.
_ Principalement de refuser le devoir qui est sien. C'est à dire former celle qui lui est destinée.
_ Elle refuse catégoriquement de procéder à l'apprentissage de mademoiselle Weasley, déclara Keyra. Et je la connais suffisamment pour savoir qu'elle ne changera pas d'idée.
_ J'ai bien peur que le conseil ne l'oblige à observer ses voeux, commença Dumbledore.
_ Cela ne sera pas la première fois que Aya ne respecterait pas ses voeux d'adhésion.
_ Quelles en ont été les conséquences la dernière fois ?, demanda Dumbledore qui se doutait de la réponse à venir.
_ Sa radiation du conseil, un corps brisé mais surtout une âme écorchée, murmura Keyra les yeux dans le vague, se rappelant son amie à cette époque. Mais elle a survécue et elle survivra de nouveau, déclara-t-elle de nouveau en relevant la tête.
_ La décision du conseil est déjà prise, enchaîna Dumbledore. Ils lui laisseront jusqu'à la première lune montante de l'année à venir pour débuter l'entraînement de mademoiselle Weasley. Si à ce moment rien n'a été tenté, le conseil attribuera un maître suppléant à la recrue si elle désire débuter tout de même son entraînement et mademoiselle Mac Kenzie sera chassée définitivement de la faction. »
Le directeur avait senti sa gorge se serrer à l'annonce de ce verdict et à voir la pâleur du visage de mademoiselle Scamander, il sut qu'elle aussi avait saisi l'ampleur de la chose.
« - Le conseil me demande de vous informer également, mademoiselle Weasley, de tout ce que je sais à leur sujet, ainsi vous serez à même de décider si oui ou non vous désirez les rejoindre, malgré l'entêtement de mademoiselle Mac Kenzie. Hélas, je sais bien peu de chose et ça, le conseil le sait parfaitement... Mademoiselle Scamander, auriez-vous l'obligeance d'informer la jeune fille ici présente de tout ce que vous savez sur la faction, leurs façons de faire, leurs traditions, etc. »
Ainsi, Ginny suivit mademoiselle Scamander jusqu'à ses quartiers personnels où elles seraient mieux pour discuter. Après une gorgée de thé, l'américaine se lança dans l'explication du peu qu'elle savait :
« - Les enfants de Kheper sont bien plus que de puissants duellistes. Ils sont une armée, fondée pour protéger les acquis magiques, qui a vu le jour tout d'abord dans l'Egypte ancienne mais qui s'est exportée au fil du temps à travers le monde entier. Cette armée bien spéciale refuse cependant de prendre part dans les conflits mineurs. Pour que la faction se décide à agir, il faut que l'équilibre magique soit en danger extrême. Ils ne font pas de différence entre la magie noire ou la blanche, ni entre la rouge ou celle dite « élémentale ». Pour eux la magie est définie par la puissance qui se trouve en toute chose. Chaque membre peut évidemment agir à titre personnel comme il l'entend mais jamais il ne doit agir au nom de la faction sans d'abord avoir obtenu l'assentiment unanime du conseil. Le conseil est composé des maîtres qui sont au nombre de douze, un pour chaque phase lunaire annuelle. D'ailleurs comme c'est probablement le cas ce soir, c'est le membre désigné par cette phase lunaire qui préside le conseil.
_ Mademoiselle Mac Kenzie était membre du conseil avant d'être destituée, qu'est-il arrivé à son siège ?, demanda Ginny intriguée.
_ Ils ont dû faire passer un compagnon au rang de maître et lui offrir le poste laissé vacant par Aya. Le mode de fonctionnement est le suivant. Un maître est obligé de former celui ou celle qui lui est destiné. Au début de cette formation, l'élève est appelé « apprenti ». Il doit réussir différentes épreuves avant de pouvoir prétendre à devenir « compagnon » du maître. Puis au décès d'un des maîtres, tous les compagnons sont appelés au Tournoi. Ce Tournoi consiste à éliminer les faibles et à ne garder que les meilleurs. Le meilleur d'entre tous peut prétendre au poste libre de maître et occupe son siège dans l'assemblée. Cependant, le maître peut également choisir de former d'autres apprentis s'il le désire. Ces personnes devront être choisies selon leurs capacités et leur puissance magique. Un maître peut enseigner à trois apprentis et un compagnon à la fois, jamais plus. Mais rares sont ceux qui acceptent plus de deux élèves à la fois. »
Mademoiselle Scamander reprit une gorgée de thé et s'assura que Ginny assimilait tout ce qu'elle venait de lui révéler, puis elle enchaîna :
« - Aya fut l'élue destinée à un grand maître. Il l'avait attendue pendant des années. Lorsqu'il la découvrit, elle avait à peine une dizaine d'années alors que lui était déjà bien âgé. Il lui enseigna tout ce qu'il avait l'autorisation de lui apprendre avant qu'elle ait l'âge minimum requis : le Theban, les runes anciennes et contemporaines, plusieurs dialectes d'origine magique, le latin et le grec ainsi que les hiéroglyphes égyptiens. Aya est probablement l'une des femmes les plus cultivées du monde magique, ses connaissances sont nombreuses et elle a une capacité d'apprentissage formidable. Sa mémoire est une véritable éponge qui absorbe tout. Je l'ai toujours envié pour cette capacité mais ne lui dites jamais elle aurait une raison de plus de me taquiner. Ainsi lorsque son véritable entraînement débuta, elle avait une bonne longueur d'avance sur les autres apprentis du conseil. Son maître l'avait si bien préparée qu'elle passa rapidement au stade de compagnon, à dix-sept ans en fait. Quelque temps plus tard, un maître décéda. Un Tournoi fut organisé mais le conseil voulu empêcher Aya d'y participer, prétextant qu'elle était trop jeune. Tu sais ce qu'elle leur répondit ? »
Ginny qui buvait les paroles de l'américaine fit un signe de négation avec la tête, Keyra Scamander continua alors :
« - Elle leur dit simplement : ``J'apprends rapidement``. Après de longues négociations le conseil était toujours divisé et comme cela demande l'unanimité pour autoriser un compagnon à concourir, le maître de Aya proposa qu'elle affronte un des maîtres du conseil pour leur prouver ses compétences. On lui présenta un maître redoutable, jamais vaincu. Elle ne gagna pas le duel mais l'ébranla suffisamment pour que l'on l'autorise à participer au Tournoi. Evidemment, elle le remporta, devant des compagnons bien plus âgés, alors qu'elle n'avait que vingt-et-un ans à l'époque. Son nouveau rang de maître l'obligeait à terminer rapidement sa formation pour pouvoir siéger au conseil. Elle quitta donc ses études et partit à travers le monde. Pendant ces deux années, Merlin seul sait ce qu'elle a fait, jamais elle n'en parle. Pourtant cette période l'a profondément marquée. Parfois la nuit je l'entends crier dans son sommeil. Ses nuits sont agitées et ses cauchemars terribles.
_ Pourquoi a-t-elle été exclue du conseil ?
_ J'en sais rien, elle ne me l'a jamais dit. Tout ce que je sais c'est que le conseil l'a sévèrement punie. Lorsqu'elle est revenue auprès de sa mère qui se mourrait, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Tu as remarqué ses blessures dans son dos. Elle ne les avait pas lorsqu'elle nous a quitté pour la fin de sa formation mais lorsqu'elle est revenue, les plaies étaient vives et ont pris un temps fou à cicatriser. Pourtant, Ayael a un métabolisme surprenant, tu as vu avec quelle facilité elle s'est remis de sa blessure. De plus son bracelet l'aide à guérir plus rapidement des blessures magiques mais cette fois là, rien n'y fit. Je ne sais pas qui lui a fait ces blessures mais je sais qu'elle en souffre encore, observe là, parfois tu la verras, tirer sur sa chemise, comme pour la décoller de sa peau.
_ Cela ressemble à des symboles, quelle arme peut produire de telles marques ? s'interrogea à voix haute Ginny.
_ L'athamé de Kheper. »
Les deux jeunes femmes sursautèrent en entendant la voix de Ayael leur provenir de l'embrasure de la porte délimitant les deux chambres. Mademoiselle Mac Kenzie était dans un état de fatigue comme jamais Ginny ne l'avait vu auparavant. Une longue traînée de sang séché bariolait son visage. Son bras qui devait être pourtant encore dans une écharpe pendait le long de son corps. Keyra se précipita vers elle et l'examina rapidement.
« - Je vais bien Key, t'en fais pas...
_ Tu vas bien, tu vas bien, regarde le sang sur ton visage et où est passé ton écharpe ?
_ Ne jamais montrer délibérément ses faiblesses à l'ennemi, une autre des règles... Le sang c'est rien, c'est simplement mon piercing qui n'est plus. Dommage je l'aimais bien.
_ Viens t'asseoir, je vais refaire ton attelle. Conte-nous ce qu'ils te voulaient.
_ Vous savez déjà ce qu'ils me voulaient. Dumbledore m'a dit qu'il vous avait fait part de la missive qu'il avait reçue. Je me suis fait frotter les oreilles par les maîtres du conseil, voilà tout.
« - Appuie-toi contre la chaise, ce sera plus facile pour moi de refaire ton bandage », commença Key.
Mais alors qu'elle poussait son amie gentiment vers l'arrière, cette dernière l'arrêta d'un mouvement vif en lui saisissant le poignet. Elles échangèrent un regard et Keyra sembla comprendre :
« - Merlin non, ils n'ont pas osé... »
Et déjà elle s'apprêtait en enlever la chemise de Aya mais de nouveau elle l'arrêta, lançant un regard vers Ginny qui n'avait rien perdu de la scène.
« - C'est bon, j'ai compris qu'ils vous avaient puni, alors laissez-vous soigner bon sang, éclata la rouquine en croisant les bras sur sa poitrine et en se rassoyant confortablement, décidée à ne pas partir avant d'avoir toutes les réponses à ses questions.
_ Êtes-vous certaine que vous êtes prête à voir cela mademoiselle Weasley ?
_ Oui », répondit fermement la jeune fille.
Résignée, Ayael enleva sa chemise aidée par Keyra qui faisait des gestes lents et doux pour ne pas importuner d'avantage son amie qui souffrait déjà en silence. Mademoiselle Mac Kenzie tournait maintenant le dos à Key et à Ginny qui était venue l'aider à décoller le tissu de la plaie fraîche qui ornait le dos de l'américaine. Lorsque la chemise tomba finalement, Keyra ne put retenir un petit cri face à la nouvelle cicatrice qui ornait le dos de sa collègue. Ginny pour sa part avait cessé de respirer. Le symbole, ce signe elle le connaissait que trop bien.
« - Dites moi mademoiselle Weasley, où se trouve le vôtre ?
_ Comment ? babilla Ginny ne pouvant retirer ses yeux du symbole gravé dans la chair de son professeur.
_ Votre signe d'appartenance à la faction, le symbole qui confirme que vous êtes une élue ?
_ Sur ma cuisse gauche, répondit Ginny. J'ai toujours cru qu'il s'agissait d'une tâche de naissance.
_ Ma mère aussi, déclara Ayael. La mienne se trouve quelque part ici, dit- elle en se passant une main dans les cheveux. Ça a l'avantage d'être plus discret mais ça fait un mal de chien lorsqu'ils m'appellent à eux. Ce symbole, en effet, sert d'alerte pour les membres de la faction, un peu comme la marque des mangemorts. Chaque membre a, de plus, constamment sur lui un objet qui servira de portoloin pour l'amener au lieu secret de rassemblement. Une fois qu'il a servi, il faut en refaire un autre. D'où la disparition du mon piercing au sourcil. Comme je me doute que je serai convoquée très bientôt, je pense opter pour quelque chose de moins encré en moi, une bague ou un pendentif, peut-être. »
Ginny s'était rassise sur la causeuse face à son professeure et attendait que celle-ci daigne continuer les explications. Mademoiselle Mac Kenzie qui avait retrouvé ses pansements et sa chemise, n'avait pas l'air très encline à fournir les explications attendues, pourtant, elle fixa Ginny et déclara :
« - Puis que l'Ordre a décidé de vous offrir la chance de les rejoindre malgré mon entêtement, je me dois de vous dévoiler la vérité sur cette faction. Vous pourrez ensuite vous faire vous-même une opinion et le choix sera vôtre. Certains renseignements doivent demeurer confidentiels, tel et la règle de la faction. Aussi je vous demanderais de ne parler de cet entretien à personne. On se comprend bien miss Weasley, personne ne doit savoir ce que je vais vous dire. Vous devenez, à partir de ce moment, la gardienne de mon secret, un lien magique vous unit à moi et moi à vous. »
L'heure était grave, on ne riait plus. Ginny comprit soudain qu'elle entendrait des choses qui risquaient de la remuer, voir la choquer. Les déclarations de mademoiselle Mac Kenzie n'étaient pas sans conséquences et elle lui faisait un honneur en se confiant à elle. Elle devait se montrer digne de ses révélations.
Discrètement, mademoiselle Scamander s'éclipsa, laissant les deux « élues » entre elle.
********************
Depuis qu'il avait été victime du fameux « message » de Voldemort au dernier Halloween, le jeune Potter dormait peu mais étonnamment bien. Plus de cauchemars, pratiquement plus de rêves tout court. C'était sans doute lié au fait qu'il maîtrisait presque complètement l'Occlumencie et qu'il l'appliquait religieusement lorsque indiqué.
Harry se réveilla tôt ce matin là et, après une bonne douche, il descendit à la salle commune où déjà Hermione planchait sur un sujet quelconque. C'est fou comme le fait d'être discipliné dans ses travaux scolaires et de maintenir l'horaire établi par Hermione lui paraissait maintenant normal. Il avait cru trouver l'année pénible mais il réussissait tout de même à trouver un peu de temps pour lui et faire autre chose qu'étudier ou s'entraîner. Ce jour-là, il n'avait pas de devoir en retard, les ayant terminé la veille avec ses amis. Deux options se présentaient à lui : ne rien faire ou tenter de comprendre un nouveau sort défensif que leur avait proposé leur professeur de duel. Il opta pour une troisième alternative, saluer Hermione et discuter un peu, du moins, si la jeune femme le désirait également.
Il s'approcha donc d'elle et attendit patiemment qu'elle ait terminé la page qu'elle lisait. Il savait depuis longtemps que la jeune femme appréciait ce genre de comportement et qu'elle détestait être abordée brusquement. Hermione releva la tête et sourit gentiment à Harry qui lui rendit la pareille. Le jeune homme s'informa sur le sujet de lecture de la préfète.
« - La faction dont tu m'as parlé il y a quelques jours et qui tracasse autant Ginny. J'étais curieuse au début et maintenant je le suis encore plus. »
La curiosité d'Harry fut ravivée par ces propos et il demanda à son amie de développer. Pendant plus d'une demi-heure, temps que prit Ron pour les rejoindre, elle lui exposa le peu qu'elle avait trouvé sur le sujet. Ensuite ils discutèrent du cas « Ginny ». Depuis quelques jours, la jeune femme n'était plus que l'ombre d'elle-même et cela les inquiétait. La rouquine de nature si sociable et avec un cercle d'amis important était devenu solitaire et fuyait pratiquement toute compagnie. Parallèlement, ils avaient remarqué que leurs professeures d'origine américaine étaient à couteaux tirés. Alors qu'elles passaient tout leur temps ensemble en début d'année, il était maintenant habituel de voir mademoiselle Mac Kenzie disparaître Merlin seul sait où et ne revenir que pour officier ses cours.
Hermione, avait découvert la signification du bracelet qu'arborait leur professeure de duel mais ne pouvait, avec certitude, déterminer son rang dans la faction qui l'accueillait. Harry et elle, tentèrent d'établir des liens tangibles entre les comportements de mademoiselle Mac Kenzie, ceux de Ginny et les informations qu'ils avaient découvertes. Le plus simple aurait été de demander directement à la jeune Weasley mais cette dernière refusait d'aborder ce sujet, se défilant habilement aux questions ou fuyant carrément leur présence.
Ils sortir peu après pour rejoindre la Grande Salle pour le petit-déjeuner, Dans le Grand Hall, Harry faillit foncer dans quelqu'un qui revenait de l'extérieur. Il allait s'excuser lorsqu'il se rendit compte qu'il s'agissait de Ginny qui affichait un air mauvais et rageur. Elle le poussa brusquement pour pouvoir continuer son chemin mais il la saisit par le bras et la fit se retourner. Il sentit alors la pointe d'une baguette sur sa gorge et croisa le regard dur de la rouquine qui avait réagi au quart de tour. Ron et Hermione accoururent pour porter assistance à Harry qui, bien que légèrement effrayé, n'avait pas quitté son « agresseur » des yeux. Une des leçons enseignées et acquises par mademoiselle Mac Kenzie.
Pendant que Ron tentait de faire baisser la baguette à sa soeur, Hermione faisait reculer Harry qui n'avait toujours pas brisé le lien visuel entre Ginny et lui. Les élèves commençaient à se regrouper autour d'eux pour tenter de voir ce qui se passait. Rogue arriva aux pas de courses et lâcha un petit rire dément en déclarant qu'il y avait au moins une Griffondor intelligente dans cette école tout accordant un regard méprisant à Harry qui lui ne le vit pas, trop occupé à tenter de comprendre les agissements de celle qu'il croyait son amie.
Ce rassemblement attira également une autre personne. Bien appuyée contre un mur adjacent, mademoiselle Mac Kenzie vêtue de manière moldue, applaudissait la scène d'une manière presque lugubre. Ginny se retourna aussitôt dans sa direction et le regard qu'elle lança à son professeure en fit frémir plus d'un. Il y avait tellement de rage et de mépris dans ses yeux, que Harry eut presque pitié de la nouvelle cible de son amie. Le jeune homme observa, tout comme les autres spectateurs, la mâchoire serrée ainsi que tout le corps tendu de la jeune femme qui fixait l'américaine encore et toujours. Dans un geste de rage non contenue, Ginny lança sa baguette à la tête d'Ayael qui l'attrapa au vol avec une facilité déconcertante. Puis la jeune rouquine abandonna la place.
Harry resta un long moment à fixer la direction suivie par Ginny, non pas aux pas de course, mais d'un pas lourd et résolu. Les autres élèves commencèrent à se disperser sous les ordres de Rogue qui menaça d'enlever des points à quiconque aurait l'idée de s'attarder. Ron et Hermione, tirèrent leur ami dans la direction opposée, l'invitant à les suivre jusqu'à la grande salle, où ils discutèrent du « cas Ginny », oubliant de manger.
Personne ne revit Ginny ce jour là et Harry monta se coucher, tard le soir, après avoir fouillé avec l'aide de ses deux amis chacun des recoins du château qu'il connaissait. Il eut de la difficulté à trouver le sommeil, trop inquiet pour la jeune fille qui était restée introuvable. Seul point positif, Dumbledore lui-même leur avait affirmé qu'il était vain de s'inquiéter autant. Harry avait cru voir dans les yeux du vieux mage, qu'il savait parfaitement où se trouvait leur amie et qu'elle était en sécurité. Cela le rassura un peu mais pas complètement. Pourquoi Ginny agissait-elle ainsi ? Pourquoi mademoiselle Mac Kenzie semblait vouloir la provoquer continuellement ? Pourquoi la jeune fille était-elle toujours sur la défensive ? Pourquoi tous ces comportements agressifs qui ne lui ressemblaient pas ? Tellement de pourquoi et aucune réponse.
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[1] Billywig : insecte natif d'Australie. Long d'un peu plus d'un centimètre. Passe souvent inaperçu aux yeux des moldus et même des sorciers vu sa grande vitesse de rotation. Réf : Les animaux fantastiques de Newt Scamander.
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Chapitre 8
Harry émergea lentement des brumes qui envahissaient son esprit apaisé par les potions de la compétente Pomfresh. Ses signes de réveil ne passèrent pas inaperçus. Quelqu'un à ses côtés lui tendit ses lunettes pour qu'il puisse distinguer ce qui l'entourait. Hermione. C'était son amie qui était là et qui maintenant lui souriait gentiment. Il lui rendit son sourire du mieux qu'il put ce qui agrandit le celui que lui prodiguait la jeune fille. D'une voix pâteuse, le jeune homme se força à demander :
« - Comment vas-tu ?
_ C'est plutôt à moi de te poser cette question, répliqua son amie.
_ Bien. J'ai l'esprit engourdi mais je me sens bien. Que c'est-il passé au juste ?
_ Voldemort et ses petits amis ont attaqué...
_ Je sais, il m'a rendu une petite visite dont je me serais bien passé, déclara Harry en se massant les tempes qui étaient toujours douloureuses.
_ Vraiment ?, demanda Hermione inquiète.
_ Oui il m'a souhaité un très heureux quinzième anniversaire. Pour mon cadeau il voulut m'offrir quinze décès.
_ Et bien, il y en a eu que quatorze, commença Hermione mal à l'aise.
_ Je sais, la quinzième devait être Ginny mais, Merlin merci, elle est sauve, déclara Harry le coeur moins lourd.
_ Oui et elle vient de se réveiller, Pomfresh et Ron sont avec elle. Heureusement que mademoiselle Mac Kenzie était là. Je ne sais pas ce qu'il serait arrivé si... Mais elle ne termina pas sa phrase.
_ Hermione, qui sont les quatorze morts ? Des gens que nous connaissons ? Pitié, dis-moi qu'il n'y a pas d'élève dans le compte...
_ Non pas d'élève, le rassura-t-elle. Il y aurait, selon ce que j'ai entendu, huit moldus, trois sorciers issus de parents moldus et trois Aurors qui avaient disparus voilà quelques jours lors d'une mission pour le Ministère. »
Les déclarations de Hermione laissèrent Harry songeur. Tellement de questions se bousculaient dans sa tête. Il tenta de les remettre en ordre.
« - Comment ont-il pu entrer à l'intérieur du parc ? Poudlard n'est pas censé être le lieu le plus sûr de la communauté magique ?
_ Si, il l'est, mais ils ont dû trouver une faille dans nos protections, déclara une voix par dessus l'épaule de Hermione qui la fit sursauter.
_ Professeur Dumbledore...
_ Bonjour Miss Granger. Bonjour Harry, alors comment te sens tu ce matin ?
_ Engourdi, mais toujours vivant...
_ Heureux de le constater, répliqua le vieil homme avec un petit sourire.
_ Professeur, s'il y a une faille dans les protections de l'école, ils pourront encore l'utiliser pour revenir ? demanda nerveusement Hermione en se frottant les mains.
_ On travaille à la réparer, Miss Granger, ne vous en faites pas. Ce qui s'est passé hier ne se reproduira plus. D'ailleurs, seulement quelques mangemorts ont pu s'infiltrer dans le parc, les autres étaient à l'extérieur du périmètre. Nous avons retrouvé les défunts en dessous des marques lancées dans le ciel tout autour du périmètre de sécurité du collège. Pour une raison qui nous est encore inconnue, il semblerait que Voldemort désirait faire sa quinzième victime au sein des élèves. Sans doute pour t'ébranler d'avantage Harry. Il ne semblerait pas que la jeune mademoiselle Weasley ait été visée personnellement. Elle s'est simplement retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Heureusement que mademoiselle Mac Kenzie veillait au grain...
_ Comment va-t-elle professeur ? », demanda la voix de Ginny d'un lit voisin.
Ce n'est qu'à ce moment que Harry remarqua que les autres lits étaient tous vides maintenant et que Ginny ainsi que Ron écoutaient leur conversation également. La rouquine était assise dans son lit, la tête toujours pansée, Ron assis dans le fauteuil à ses côtés. Mademoiselle Scamander dormait à poings fermés, la tête sur le lit de Ginny, le dos voûté et assise dans un fauteuil qu'elle avait avancé près du lit de la patiente. Tous la regardait maintenant avec un petit sourire en coin tandis que elle continuait à dormir sans même avoir conscience du monde qui l'entourait.
« - Je me rends à Ste-Mangouste après cet entretien. Les médico-mages ont fait un travail surprenant parait-il mais sa guérison risque d'être longue. Heureusement, le pieux qui l'a transpercée a évité de peu les organes vitaux. Je crois que votre professeure de duel aura quelques nouvelles cicatrices à ajouter à son tableau de chasse.
_ Je veux y aller avec vous », s'exclama Ginny qui tentait déjà de se lever de son lit.
Le brusque mouvement de la jeune fille eut pour conséquence de réveiller mademoiselle Scamander qui essuya rapidement un mince filet de bave au coin de sa bouche et qui dévisagea tout le monde autour d'elle d'un air perdu et affolé. Ron ne put retenir un fou rire, alors que Harry souriait d'une oreille à l'autre et que Hermione semblait compatissante au sort de sa professeure.
« _ Je ne sais pas si c'est une bonne idée », répondit Pomfresh qui regardait le directeur en le suppliant presque des yeux qu'il interdise à la jeune rouquine de sortir de son lit.
Dumbledore observa quelques instants Ginny qui déjà revêtait les vêtements propres que lui avait amené Hermione.
« _ Peut-être voudriez-vous vous joindre à nous, Professeure ? »
C'est ainsi que quelques minutes plus tard, Harry vit son directeur, sa professeure d'Incantation et son amie partir pour se rendre à Ste- Mangouste, l'hôpital des sorciers. Rapidement, Pomfresh intima à Ron et Hermione de quitter son infirmerie pour laisser Harry se reposer un peu. Le jeune malade remarqua alors que ses deux amis ne s'étaient pas encore disputés, ni même jetés de regards noirs. Se seraient-ils réconciliés ou n'était-ce qu'une trêve suite aux évènements de la veille ?
***********
Le portoloin fabriqué par Dumbledore les amena tous les trois directement devant le bureau de l'infirmière de garde à l'entrée. Lorsqu'elle vit la tête pansée de Ginny, elle alla d'abord vers elle mais Dumbledore lui expliqua gentiment qu'ils étaient venus pour voir une patiente hospitalisée. Après avoir consulté une liste de noms, elle leur indiqua le chemin à prendre pour se rendre à la chambre de mademoiselle Mac Kenzie.
Ils marchèrent longuement dans les corridors d'un blanc impeccable, croisant parfois d'autres sorciers qui saluaient respectueusement le directeur de Poudlard qui leur répondait d'un mouvement de la tête et d'un sourire. Ils arrivèrent au département des chirurgies magiques puis trouvèrent enfin la chambre qui accueillait l'américaine. Un guérisseur sortait justement de la pièce et put répondre à leurs nombreuses questions. Il n'y avait pas seulement Ginny qui manifestait son inquiétude. Mademoiselle Scamander se rongeait les ongles et jouait constamment avec l'un des boutons de sa robe.
« - Elle est actuellement en traitement. Elle ne pourra pas vous parler mais elle vous entendra. Son état est stable et je ne peux affirmer qu'elle pourra reprendre son poste d'enseignante. Mais elle devra éviter toutes activités violentes et aura un bras en écharpe pendant un moment. Pour être franc, il y a des risques que son bras ne retrouve pas sa motricité d'antan, et il est même possible que cette partie du corps reste paralysée. Espérons qu'elle n'est pas droitière, sinon, elle devrait apprendre à se servir de sa baguette de la main gauche...
_ Elle est ambidextre, aussi agile d'une main que de l'autre, déclara mademoiselle Mac Kenzie. Je connais bien Ayael, d'ici quelques jours elle reprendra ses cours et plus rien n'y paraîtra.
_ Mais mademoiselle, cette blessure prendra du temps à guérir et ... s'objecta le guérisseur.
_ Non, croyez-moi, rien ne pourrait l'empêcher de retrouver ses facultés. Elle a vécu bien pire et s'en est toujours sortie. On peut la voir ? »
Scamander refusait-elle d'entendre la vérité ou savait-elle pertinemment que sa collègue s'en sortirait indemne ? Dumbledore aussi semblait confiant, Ginny opta donc elle aussi pour cet état d'esprit. Mais son optimiste chuta bien bas lorsqu'elle entra, à la suite de ses professeurs, dans la petite chambre peinte en jaune pale.
La pièce était entièrement vide à l'exception d'un immense réservoir en verre empli d'une solution aux reflets jaunes qui bouillonnait et dans laquelle flottait mademoiselle Mac Kenzie entièrement nue. Dumbledore se retourna avec un petit sourire d'excuse et prononça une formule en pointant sa baguette par dessus son épaule droite. Du coup, la jeune femme submergée se retrouva couverte de petits morceaux de tissus aux endroits stratégiques de son anatomie, ce qui la fit bien rire. Ces bouts de tissus n'étaient cependant pas suffisants pour dissimuler le corps meurtri de la jeune femme et Ginny resta figée, incapable de détourner les yeux des longues cicatrices qui courraient dans sa chair et qui, par endroits, ressemblaient étrangement à des symboles ésotériques. Sur sa jambe droite serpentait une marque qui partait de sa cuisse et se terminait en dessous de son genou. Ses bras portaient les traces d'anciennes blessures dont celle que Pomfresh tentait désespérément de guérir quelques jours plus tôt. Mais le plus surprenant était son dos, sur lequel se trouvaient les marques similaires à des symboles magiques anciens.
Ginny se détourna de sa contemplation malsaine lorsqu'elle sentit le regard de mademoiselle Mac Kenzie sur elle. La jeune femme avait tourné la tête dans leur direction et leur souriait du mieux qu'elle pouvait compte tenu du tuyau qui était fixé à sa bouche pour lui permettre de respirer sous l'eau.
« - Bien t'as l'air en pleine forme, de quoi te plains-tu ? » la taquina mademoiselle Scamander en tournant autour du réservoir.
La jeune femme submergée lui fit un signe que tous comprirent très bien avec l'un de ses doigts.
« - C'est certain, elle va bien, décréta Keyra avec un sourire narquois.
_ Heureux de le constater en effet, renchérit Dumbledore. Nous venions simplement prendre de vos nouvelles. »
La patiente leva un pouce en l'air, autre gestuelle que comprirent parfaitement ses visiteurs. Puis elle tourna son regard vers la plus jeune qui l'observait toujours. D'un signe de la tête, Aya indiqua le pansement de Ginny. Cette dernière s'empressa de lui affirmer qu'elle allait bien.
« - Eh bien, je crois que nous allons vous laisser à votre traitement et retourner à Poudlard... », commença Dumbledore.
Mais il s'arrêta voyant que la jeune femme lui indiquait quelque chose. Elle avait levé deux doigts, l'index et le majeur. Le vieux mage connaissait ce signe...
« - Oui, ne vous en faites pas, nous aurons la paix...
_ Euh, je crois qu'elle essaie plus de vous dire qu'elle sera de retour dans deux jours, expliqua gentiment Key.
_ Non, non, prenez le temps qu'il vous faut mademoiselle... Revenez-nous en forme... Quoi, un jour ? Vous êtes vraiment pas possible ! »
La jeune femme levait maintenant un doigt et riait en silence, les yeux pétillants de malice. Dumbledore aussi riait alors que Keyra hochait la tête de droite à gauche en signe de désapprobation mais un sourire ornait ses lèvres. Ginny profita de cet instant pour s'avancer plus près de l'une des parois de verre du réservoir. Elle posa sa main à plat alors que la jeune femme à l'intérieur approchait la sienne lentement. Même si une vitre les séparait, Ginny pouvait sentir une sorte d'énergie se transmettant de part et d'autre. Sans la quitter des yeux elle murmura un simple « merci ». Sa sauveuse se contenta de fermer les yeux en de hocher la tête.
Des mains puissantes malgré les années se posèrent sur les frêles épaules de Ginny. Dumbledore la poussa gentiment vers la sortie. Avant de franchir la porte de la chambre, la rouquine se retourna et déclara d'une voix sûre et ferme :
« - Maintenant, j'ai une dette envers vous. »
Sa déclaration avait jeté un froid soudain sur les quelques personnes présentes. Les adultes échangèrent quelques regards puis mademoiselle Scamander déclara d'une voix tendre et douce :
« - Pas vraiment, en fait, elle se devait de le faire. Vous n'avez pas à vous sentir redevable...
_ Mais elle m'a sauvé la vie, s'écria Ginny qui ne comprenait pas l'émoi suscité par ses paroles.
_ Venez mademoiselle Weasley, vous aurez des réponses à vos questions d'ici quelques jours », déclara Dumbledore en la poussant vers l'extérieur.
Un dernier regard en arrière lui fit prendre conscience que ce qui venait de se passer ne plaisait guerre à sa professeure de duel qui maintenant fixait le mur devant elle, la mâchoire serrée. Seul son poing gauche était crispé, mais nul doute que le droit l'aurait aussi été s'il avait retrouvé toute sa motricité.
************
Quelques jours plus tard, mademoiselle Mac Kenzie n'eut plus besoin d'être être submergée dans une substance réparatrice de tissu. Elle était cependant incapable de bouger les doigts et une vive douleur la tenaillait encore. Elle recevait la visite quotidienne de Key qui venait la distraire un peu. Puis un jour, elle vit débarquer Dumbledore et Rogue qui venaient parler avec elle de l'attaque et de ses impressions sur son adversaire.
« - Il n'avait certes pas la formation complète de ceux ma faction mais il connaissait beaucoup plus de choses qu'un simple débutant.
_ Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il n'est pas l'un des vôtres ? demanda Rogue.
_ Il ne portait pas le bracelet, répondit simplement Aya.
_ Ça veut rien dire, peut-être l'avait-il simplement laissé chez lui pour brouiller les pistes », commença Rogue.
Cette déclaration fit s'esclaffer mademoiselle Mac Kenzie, qui le regretta aussi tôt, car rire lui faisant un mal de chien. Pourtant, c'est avec un sourire coquin qu'elle leva le plus haut qu'elle le pouvait son bras blessé et qu'elle déclara :
_ Enlevez donc le mien si vous croyez que c'est si facile... Ce bracelet m'a été apposé et je ne peux en aucun cas m'en départir. Il est soudé à mon poignet jusqu'à ma mort. Et encore, faudra-t-il que je meurs sous les sorts d'un adversaire, car si ma mort est naturelle, vous m'enterrerez avec cet artéfact. Ulric le manchot à essayé de se couper la main pour retirer de cet ornementation, devinez ce qui est arrivé ? Le bracelet est réapparu sur son autre bras, fou de rage, il tenta de s'amputer la main restante... Je vous le donne dans le mille... Il s'est retrouvé avec un merveilleux bracelet de cheville. Comme je viens de vous le dire, la seule façon pour moi de me débarrasser de ces lanières de cuir est de mourir de la main d'un ennemi qui aura alors le « privilège » de ramasser son butin. »
Rogue observait soudainement la jeune femme avec un semblant de respect. Ce fichu bracelet semblait lui peser lourd et il ne revint plus sur le sujet. Avec Dumbledore, ils continuèrent à discuter des nouvelles protections à installer autour du château et à spéculer sur l'identité de l'adversaire qui s'était enfui.
« - S'il a échoué à sa tâche, il y a fort à parier que Voldemort a du le punir pour son manquement. Peut-être n'est-il même plus en vie au moment où l'on se parle, déclara Rogue.
_ Grâce à votre position, vous n'avez pas une idée de l'identité de cet homme ?
_ Il n'est pas écrit sur le front de la personne qu'elle est formée au combat épique et c'est d'autant plus difficile à lire que la personne porte une cagoule », répliqua sèchement l'ancien mangemort.
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Cela prit quelques jours de plus que ce qu'elle avait prévu à mademoiselle Mac Kenzie pour reprendre son poste d'enseignante. Elle avait été absente quinze jours en tout et malgré le fait que les médico-mages désiraient ardemment la garder encore sous observation, elle s'était levée et était partie, tout simplement. Son bras retrouvait peu à peu sa motricité mais elle devait tout de même garder son épaule fixe, ce qui nécessitait une écharpe et quelques sorts de stabilisation que lui lançait toutes les heures madame Pomfresh qui veillait personnellement sur sa peu coopérative patiente.
Harry était lui aussi de retour en classe. Le moyen qu'avait employé Voldemort pour se saisir de son esprit alors qu'il était éveillé, l'avait épuisé physiquement mais également magiquement. Dumbledore avait expliqué qu'il en avait été de même sans doute pour le Lord Noir, ce qui pouvait se vérifier par le profil bas qu'affichaient les mangemorts ses derniers temps. Plus de nouvelle attaque, plus d'apparition encagoulée.
Harry se dirigeait avec Ron et Hermione vers la salle de classe de duel. C'était leur premier cours depuis le retour de mademoiselle Mac Kenzie. Toute l'école, Serpentards inclus, l'avait accueillie telle une héroïne la veille au souper. Elle avait été applaudie et Harry avait remarqué que, tout comme lui, ces manifestations ne lui plaisaient pas vraiment. Rapidement elle leur avait fait signe d'arrêter les applaudissements et déclara qu'une telle ovation devrait être réservée pour de plus grands moments, qu'elle n'avait rien fait de plus que ce que faisait à tous les jours des dizaines d'Aurors.
Lorsqu'il entra dans la salle, la première chose qu'il remarqua était l'attitude de Malfoy. Le jeune homme blond chuchotait quelque chose à l'oreille du professeur au bras en écharpe. Cette dernière affichait un air grave et hocha la tête puis désigna du menton à son élève une place sur le tatami. Malfoy obéit sans une mot et s'assit par terre, à l'écart de Baldur, l'autre Serpentard qui ne comprenait pas plus que Harry et ses amis ce qui venait de se passer.
« - Bien, commençons si vous le voulez bien, nous avons quelques cours à rattraper. Aujourd'hui j'aimerais que vous me prouviez que vous savez observer. Depuis le début de l'année, j'ai eu le loisir de vous étudier et je peux assurément identifier plusieurs de vos faiblesses. Voyons voir si vous êtes capables d'en faire autant. Dans un duel, la meilleure arme est l'observation, tout de suite après l'instinct. Vous pouvez déterminer d'un simple regard si votre adversaire est de votre niveau, s'il est du type agressif ou passif, s'il agit défensivement ou s'il aime utiliser la ruse. Monsieur Longdubat et Monsieur Weasley, debout je vous prie. »
Les deux élèves désignés se rendirent au centre du tapis d'entraînement alors que leur professeure cherchait des yeux une place où s'asseoir. Ginny le devina et se précipita pour lui apporter une chaise mais la jeune fille dut se rasseoir sans pouvoir rendre service à mademoiselle Mac Kenzie qui avait déjà appelé à elle, à l'aide de sa baguette, la chaise que tenait Ginny. Harry remarqua l'air déçu de son amie et lui sourit pour tenter de la réconforter mais la jeune rouquine, à son grand étonnement, dévisageait à présent son professeur avec un regard digne de Rogue. Mac Kenzie quant à elle ignorait complètement son élève.
« - Bien, en position Messieurs. Quelqu'un peut me nommer immédiatement l'une des faiblesses des deux adversaires ? »
Harry comme plusieurs autres entendirent très clairement quelqu'un murmurer, suffisamment fort pour être entendu : « Leur stupidité ». Ce qui mit le rouge aux joues de plusieurs d'entre eux, Harry compris. Il chercha la source de cette insulte même s'il avait une très bonne idée de l'identité de la personne à l'origine de ce trait.
« - Leur stupidité n'égale pas la vôtre, répliqua la professeure d'un ton acéré qui laissait entendre qu'elle connaissait parfaitement l'identité du petit comique. Personne ne peut m'en donner au moins une ? Oui miss Granger ?
_ Eh bien, Ron n'a pas les pieds suffisamment encrés dans le sol, commença d'une voix peu sûre Hermione qui maintenant fuyait le regard du rouquin.
_ Oui en effet, un sort de déstabilisation le projetterait par terre. Très bien. Dix points pour Griffondor, quelqu'un d'autre ? Monsieur Malfoy ?
_ Longdubat a le regard fuyant, déclara d'une voix sûre et ferme le blondinet.
_ Excellent ! Et en quoi cela est-il une faiblesse ?
_ Il n'arrivera jamais à lire les intentions de son adversaire s'il se concentre pas mieux sur l'homme en face de lui.
_ En effet, on peut souvent savoir quel sort nous réserve notre adversaire simplement en le regardant agir. Ne jamais quitter son adversaire des yeux, règle primordiale en duel. Dix points pour Serpentards. »
Les duellistes changèrent régulièrement et peu à peu on apprenait à mieux étudier ses adversaires. Trouver les points faibles des autres aidait à améliorer ses propres faiblesses. Ainsi lorsque Ginny et Harry s'affrontèrent virtuellement, les élèves qui les observèrent, eurent du mal à déceler des failles.
« - Ce n'est pas parce qu'ils sont meilleurs que vous, expliqua mademoiselle Mac Kenzie, c'est simplement qu'ils ont en mémoire tout ce que l'on vient de dire. Cependant, dans le feu de l'action, ils n'auront pas le temps de penser à leur attitude. De plus on peut encore trouver quelques défauts qui pourraient être facilement exploitables. Quelqu'un les voit ? »
Les élèves observèrent longuement les deux « pseudo » combattants qui prenaient bien garde d'appliquer tous les conseils prodigués par leur enseignante. Personne n'arrivait à trouver de faiblesse et ce qui frustrait manifestement Malfoy qui se creusait la tête pour découvrir le talon d'Achille de Harry.
« - Bon bien, je vais vous les énumérer puisque vous ne trouvez pas... Tout d'abord, Monsieur Potter, il faudrait penser à consulter un oculy-mage pour vos yeux car si je fais ceci (elle leva sa baguette et d'un coup les lunettes du pauvre Harry ne se trouvèrent plus devant ses yeux, lui embrouillant complètement la vue) vous vous retrouvez aveuglé et j'ai l'avantage sur vous. »
D'instinct, Harry rappela ses lunettes à lui à l'aide d'un « accio ». Ce qui fit sourire son enseignante de satisfaction.
« - Bien joué ! Mais j'avais amplement le temps de gagner ce duel. Ensuite il faudra penser à revoir votre position. Je vous ai enseigné les bases du duel mais il ne tient qu'à vous de l'ajuster selon votre personnalité. Personne ne se bat de façon identique. Trouvez la position qui vous convient car je crains que celle-ci ne vous aille pas. »
Harry nota mentalement toutes les recommandations de mademoiselle Mac Kenzie et il se fustigea mentalement lui-même pour ne pas avoir pensé plus tôt à consulter un oculiste pour qu'il puisse se passer de lunettes. Elle venait de lui démontrer que cela pouvait être une tare importante dans un combat.
« - Mademoiselle Weasley maintenant... »
Harry vit Ginny se tendre sous le regard de mademoiselle Mac Kenzie. En effet, toute l'espièglerie et la joie de vivre qui se trouvaient habituellement dans les yeux bleus de cette dernière avaient fui. Harry en frissonna presque mais son amie serra simplement la mâchoire et attendit bravement et dignement le verdict.
« - Commençons d'abord par ... »
Mais elle fut coupée par la cloche magique qui indiquait l'heure du changement de cours. Mademoiselle Scamander arrivait d'ailleurs dans le but de leur offrir un cours d'Incantation. Alors que certains élèves quittaient pour leur prochaine salle de cours, d'autres restaient et attendaient l'arrivée du reste du groupe. Harry alla rejoindre Ron et Hermione qui semblaient tendus et soucieux. Lorsqu'il suivit leur regard il comprit pourquoi. Ginny se tenait toujours au centre du tapis, l'air déterminé et buté, le regard fixé dans celui de mademoiselle Mac Kenzie qui n'avait toujours pas retrouvé sa gaieté. L'atmosphère dans la classe était soudainement très lourde et il fallut l'intervention de mademoiselle Scamander pour que ce duel oculaire se termine.
« - Aya, c'est assez, cesse de te battre et accepte la réalité... Elle t'es destinée. Tu dois la former. Ainsi doivent être les choses, accepte-les... »
Mademoiselle Scamander avait utilisé une voix douce et avait posé une main sur l'épaule saine de son amie. Elle avait également pris la peine de parler à voix très base pour que peu puisse saisir ses mots. Ce qui suivit en glaça plus d'un. Même Harry qui avait pourtant vu la résurrection de Voldemort resta figé devant la rage qui émanait de chacun des traits de mademoiselle Mac Kenzie qui s'était levée subitement et qui regardait méchamment celle qui pourtant était son amie.
« - Accepter quoi Key ? Tu veux que je la forme à devenir une machine à tuer ? Tu veux que je lui montre tout ce que l'on m'a obligé à voir ? »
Puis aussi soudainement que la colère était apparue, Ayael se calma et ferma les yeux en soupirant profondément avant de reprendre mais d'une voix douce cette fois :
« - Sa destinée m'est peut-être liée Key mais je refuse de la former, je refuse qu'elle souffre comme j'ai souffert...
_ Ça c'est à moi d'en décider », déclara Ginny la tête haute et une lueur de défi dans les yeux.
On aurait pu entendre un Billywig [1] voler dans la salle. Personne n'osait respirer trop fort de peur de s'attirer la colère de l'une ou l'autre des jeunes femmes.
« - Cette fois j'en ai assez. Tu sors régler cela immédiatement. Si tu ne le fais pas, je jure devant tous les mages de ne plus jamais t'adresser la parole Ayael Vehuiah Haamiah Cahetel Mac Kenzie.
_ Tu dois vraiment être en colère pour utiliser mon nom en entier, la nargua Ayael qui venait de retrouver une partie de son sourire.
_ En douterais-tu ? », cracha Keyra le regard mauvais.
Ayael Mac Kenzie avança son visage vraiment très près de celui de son amie et la fixa intensément, les yeux dans les yeux.
« - J'ai peur... », ironisa avant de tourner les talons et de quitter la pièce.
Elle fut suivie par une Ginny qui n'avait pas décoléré. Hermione voulut la retenir lorsqu'elle passa devant eux mais Ron la rattrapa par le bras rapidement.
« - Ne fais pas ça Hermione si tu désires rester en vie. Lorsque Ginny est dans cet état, elle pourrait user de sorts interdits. »
Harry et Hermione échangèrent un regard troublé. Jamais il n'avait vu cette facette de Ginny et cela les surprenait un peu. Cependant, Potter devait avouer que le comportement de leur professeure à l'égard de leur amie n'était pas « normal ». Quelque chose clochait à n'en point douter. Qu'avait-elle voulut dire lorsqu'elle avait déclaré qu'elle ne voulait pas former Ginny à devenir un machine à tuer ? Etait-ce que Mademoiselle Mac Kenzie avait l'impression d'être une machine à tuer ? Qu'avait-elle bien pu voir ou faire pour la traumatiser autant ? D'où venait cette colère et ce flux de puissance qu'ils avaient tous ressenti ?
Ils n'eurent pas le temps d'en discuter plus longuement car déjà mademoiselle Scamander avait repris ses esprits et les invitait à débuter le cours qui s'avéra être long et pénible pour Harry qui ne pensait qu'à son amie qui devait affronter une professeure certes handicapée mais imprévisible.
**************
Ginny courrait presque derrière mademoiselle Mac Kenzie qui visiblement n'avait pas pris les menaces de son amie au sérieux.
« -Arrêtez. Vous devez m'expliquer. Ne croyez-vous pas que vous me devez au moins cela ? »
Ayael s'arrêta net mais continuait à tourner le dos à son élève. Ameuté par le bruit sans doute, c'est un Rogue en colère qui avançait dans le couloir en face d'elles.
« - Par Merlin mais que signifie ce raffut ? Mademoiselle Weasley, n'avez- vous pas cours en ce moment ?
_ Elle est avec moi professeur, intervint sèchement Mac Kenzie. Venez jeune fille... c'est votre jour de chance, vous aurez peut-être des réponses à vos questions. »
Le ton employé était plus habituel à Rogue qu'à l'américaine mais Ginny n'en avait rien à faire. Elle voulait savoir ce qui se passait et elle le saurait. Aussi suivit-elle sa professeure jusqu'à l'extérieur. Elle devina rapidement leur destination, l'aire d'entraînement. Elles s'y rendirent en silence, ruminant chacune leur rancoeur respective. Une fois arrivée, Ginny s'assit sur un tronc d'arbre prenant bien soin d'assécher la place avec sa baguette pour de s'asseoir sur le bois humide de toute la pluie tombée depuis quelques jours. Devant elle, mademoiselle Mac Kenzie faisait les cent pas, son bras gauche dans le dos et l'autre solidement retenu par l'écharpe.
« - Ce moment est un des paradoxes de la vie, commença-t-elle. D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été à court de mots pour m'exprimer et maintenant que cela me serait le plus utile, rien ne me vient. J'ai affronté plusieurs dangers et jamais je n'ai tremblé pourtant je redoute cette discussion. Par où commencer ?
_ Par le commencement, ça me paraît un bon début, déclara Ginny qui ne l'avait pas quitté des yeux.
_ C'est exactement ce que j'ai dit à mon maître le jour où il tentait de m'expliquer ce que serait mon avenir. En fait tu me ressembles tellement que j'en ai peur.
_ C'est si terrible d'être vous ?
_ Personne n'est totalement heureux de ce qu'il est paraît-il. C'est également mon cas. Je suis une fille qui n'avait aucune prétention mais qui a fait les choses qu'on lui dictait de faire uniquement parce que c'était, semble-t-il, son destin. Je n'ai pas choisi ma vie, c'est elle qui m'a choisie et c'est ce que j'essaie de t'éviter.
_ Pourquoi moi ? Pourquoi vous ?
_ Pourquoi ? J'en sais rien, c'est ainsi depuis la nuit des temps. Parfois, deux sorciers sont élus et un lien puissant les uni. L'un doit apprendre à l'autre tout ce qu'il sait, il doit lui enseigner tout ce qui lui a jadis été enseigné. J'ai eu un maître qui m'a trouvé et qui s'est présenté à moi dès mon dixième anniversaire. Etant trop jeune pour entreprendre un entraînement traditionnel, il s'occupa de moi et m'apprit les bases en attendant de pouvoir m'enseigner les techniques et les rites. À quatorze ans j'étais plus que prête à entreprendre mon initiation. J'avais tellement hâte, j'étais surexcitée. Ma mère ne voyait pas cela d'un très bon oeil puisqu'elle espérait que je reprendrais ses recherches sur les Incantations et Invocations, sujet que je détestais à cet âge. Cependant, elle m'a laissé faire mon choix, disant que si tel était mon destin, elle ne pouvait s'y opposer. Si tu savais à quel point je regrette aujourd'hui qu'elle ne s'y soit pas opposée.
_ L'auriez-vous écouté ?, demanda Ginny qui connaissait pourtant la réponse.
_ Non, sans doute. Cela m'aurait poussé encore plus à accepter, admit l'américaine en souriant doucement.
_ Comment savez-vous que je vous suis liée et pourquoi apparaissez-vous dans ma vie seulement maintenant. Je veux dire, n'auriez pas dû commencer à m'entraîner alors que j'étais plus jeune ?
_ Pour la simple et bonne raison que je refusais et refuse toujours de faire ta formation. Mais le destin est plus fort que ma volonté et m'a placée bien contre mon gré sur ta route. Voilà des années que j'aurais dû me mettre à ta recherche mais j'ai refusé. J'ai même quitté ma faction, refusant d'appartenir à ce monde. Mais ce monde j'y appartiens bien malgré moi et il se charge de me le rappeler.
_ Pourquoi moi ? demanda Ginny de plus en plus troublée par les déclarations de sa professeure.
_ Lève-toi. Maintenant fait ressortir un peu de ta puissance magique comme je te l'ai appris au début de l'année. »
Ginny se leva et exécuta ce qui lui était demandé. Comme lors des classifications d'option, une lueur bleue argenté sortit du corps de la rouquine. Un peu plus loin, mademoiselle Mac Kenzie faisait de même. Ginny ouvrit grands ses yeux lorsqu'elle remarqua que la lueur qui sortait du corps de l'américaine était identique à la sienne.
« - Ne bouge pas et regarde ce qui va arriver lorsque j'entrerai dans ton champ de puissance. »
Les deux lueurs se fusionnèrent pour ne former plus qu'une immense sphère de puissance d'une couleur argentée traversée de minces filaments bleutés. Rapidement, l'aînée mit fin au spectacle qui avait émerveillé la jeune Weasley.
« - Chaque sorcier à une empreinte magique qui lui est propre. Ceux qui comme nous sont liés, possèdent des lueurs pratiquement identiques et, lorsqu'il y a osmose, le champ de puissance prend une couleur pure mais demeure traversé d'une partie de l'empreinte des deux protagonistes. Une fois les deux puissances jumelées, une force incroyable habite les deux sorciers mais ce lien est fragile et difficile à maintenir. Ça prend beaucoup d'entraînement et une volonté à toute épreuve.
_ Si nous sommes liées ainsi pourquoi refusez-vous ce fait ? Imaginez ce que notre puissance pourrait procurer comme atout dans la guerre contre le Lord Noir ?
_ Ça ne marche pas ainsi Ginny. Ce que nous venons de faire est bien peu de chose. Pour pouvoir prétendre être une arme valable contre Voldemort, il faudrait que nos deux puissances s'interpénètrent en chacune de nous mais cela n'est possible qu'à la toute fin de l'entraînement de l'élève. Ce qui signifie des années intensives d'apprentissages divers et d'apprivoisement de l'autre.
_ J'apprends rapidement, s'emballa Ginny.
_ Je sais. Mais même dans le meilleur des scénarios, cela nous prendrait au moins une dizaine d'années pour en arriver à ce niveau. Cela peut être très attrayant, je sais, mais je connais également l'envers de la médaille et c'est pourquoi je refuse catégoriquement de t'entraîner.
_ Qu'est-ce qui peut être si terrible dans l'apprentissage des techniques combat, de l'art du duel ?
_ Ce que tu vois présentement te paraît plaisant. Tu m'as vu m'entraîner tous les matins depuis des semaines mais tout ceci n'est rien à comparer à l'entraînement qu'exige la faction.
_ Vous savez que je vous espionne, demanda Ginny soudainement embarrassée.
_ Ginny, je te sens et te ressens. Je savais que tu étais en danger le soir d'Halloween. Ce n'est pas un hasard que je me sois précipitée ici. Je ressentais ta peur, j'ai senti ta détermination face à ce mangemort, j'ai ressenti aussi le sentiment de fatalité qui t'a envahi à un certain moment. Je sais que tu me suis tous les matins jusqu'ici, tu te places juste là dans le bosquet à droite du grand chêne et tu m'imites parfois. Et moi je me laisse prendre au jeu, je t'enseigne de nouveaux mouvements, te montre un peu de l'étendu des possibilités de cette discipline... Tu es douée Ginny, sans doute la plus douée de la classe mais pas encore assez. Ce mangemort t'aurait effectivement tué. Je t'apprendrai à te défendre, à devenir meilleure mais uniquement dans le cadre du cours de duel. Là s'arrêtera ton apprentissage, mais tu auras déjà un niveau meilleur que celui de bien des sorciers de ma connaissance. Apprends également auprès de Keyra, elle pourra t'enseigner un ou deux trucs qui pourraient te sauver la vie un de ces jours. Tu as raison, il y a une guerre à l'extérieur de cet enceinte, et je sais qu'il serait vain de te demander de ne pas y participer puisque tu en meurs d'envie. Tu n'accepteras pas d'être une simple spectatrice et de regarder le tout les bras croisés. Tu es une battante, tu as l'âme d'une guerrière. Mais cette guerre nous y participerons séparément, chacune à notre manière. »
Mac Kenzie s'éloignait déjà, laissant Ginny seule dans l'air d'entraînement. La rouquine la vit marcher lentement, les épaules voûtées comme si un poids énorme pesait sur elle...
« - Je n'abandonnerai pas vous savez ! » cria Ginny à l'intention de sa professeure.
Mais Ginny n'entendit pas la réponse de la jeune femme qui était déjà loin devant elle :
« - Je sais... »
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Harry ainsi que Ron et Hermione avaient bien tenté de tirer les vers du nez de Ginny sur sa discussion avec mademoiselle Mac Kenzie mais la jeune Weasley gardait obstinément le silence sur le sujet. Un soir, alors que Harry avait terminé tous ses devoirs, il abandonna Ron qui n'avait pas tout à fait fini, et se rendit à la bibliothèque pour tenter d'obtenir plus de renseignement sur un enchantement qui permettait à celui qui le lançait de disparaître momentanément et de réapparaître quelques mètres plus loin. Flitwick lui avait expliqué qu'il s'agissait, à peu de chose près, du même fonctionnement que la transplanation et cela avait intrigué Harry qui ne refusait aucun nouvel apprentissage pouvant lui permettre de venger les êtres disparus.
Madame Pince eut la bonté de lui indiquer l'endroit où il pouvait trouver un ouvrage sur le sujet. Harry se rendit dans le rayon spécifié pour tomber sur Malfoy et Ginny qui cherchaient tous deux un livre sur la même tablette. D'un même mouvement, ils mirent simultanément la main sur le même livre. Ce qui créa une commotion entre les deux sorciers.
« - Laisse-moi ce livre Weasley, je l'ai vu avant toi...
_ Laisse le toi-même Malfoy, tu vois bien que c'est moi qui l'ai.
_ Plus maintenant », déclara le Serpentard en poussant violemment la jeune fille tout en agrippant fermement le bouquin.
Harry voulut voler au secours de la rouquine, mais celle-ci n'en avait pas besoin car déjà elle était sur ses deux pieds et souriait malicieusement au blondinet. Celui-ci ne lui prêtait plus attention car son regard s'était tourné vers Harry qu'il dévisageait. Ce dernier allait lui lancer une réplique assurément acérée, mais avant qu'il ne puisse prononcer une mot, le Serpentard, ahuri, se retrouva sur les fesses, laissant dans sa surprise échapper le livre que Ginny s'empressa de récupérer d'un geste souple.
« - Tu disais Malfoy ?
_ Qu'est ce qui se passe ici, s'écria madame Pince en accourant dans les rayonnages.
_ Rien Madame, je crois que Malfoy devrait apprendre à mieux attacher ses lacets, c'est dangereux de chuter », déclara Ginny en s'éloignant doucement laissant un Malfoy rouge de rage et un Harry qui avait de la difficulté à cacher son hilarité.
Ce dernier la rejoint rapidement à sa table de travail, curieux de savoir ce que contenait le livre que désirait également le préfet de Serpentard.
« - T'es pas avec Hermione et mon frère ?, lui demanda Ginny lorsqu'il s'assit près d'elle. T'as pas peur que la guerre entre les deux ne recommence ?
_ Ces disputes dureront éternellement, prédit Harry. Ils sont faits pour se chamailler. Voilà plus d'un mois qu'une trêve a été signée entre eux. Il doit sans doute y avoir une nouvelle tempête à l'horizon mais ni toi ni moi n'y pouvons rien.
_ Harry Potter le grand observateur de la nature humaine ! Je ne te savais pas si philosophe mon cher.
_ T'as encore plusieurs choses à apprendre sur mon sujet déclara Harry en replaçant ses lunettes sur son nez.
_ Tout comme toi sur moi, renchérit Ginny le nez dans son livre.
_ Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Harry complètement perdu par l'attitude de son amie.
_ Rien, laisse tomber. D'ailleurs en parlant de laisser tomber, c'est ce que je suis sur le point de faire si je ne trouve pas très bientôt une nouvelle piste sur les enfants de Kheper, soupira Ginny en laissant sa tête choir sur le dossier de sa chaise.
_ Mais vous trouverez peu sur le sujet mademoiselle Weasley, du moins pas ce que vous recherchez, lui répondit une voix qu'elle connaissait bien.
_ Et pourquoi cela mademoiselle Scamander ?
_ Tout simplement parce que la faction des enfants de Kheper est une société dites secrète et qu'en tant que telle, peu livre parle d'elle de manière complète. Vous pourrez sans doute trouver des ouvrages qui en mentionnent le nom mais jamais ils ne discouront entièrement sur le sujet. Vous n'obtiendrez que les informations que la faction veut bien que la communauté sachent.
_ Et vous, qu'en savez-vous ?, demanda Ginny avide de connaître l'étendue des connaissances de l'autre américaine sur le sujet.
_ Que peu de chose, des brides devinées à travers les récits de Aya...
_ Pourquoi ne veut-elle pas m'en parler ?, demanda Ginny déçue.
_ Parce qu'elle a peur que vous ne vouliez encore plus rejoindre la faction.
_ Cette histoire m'obsède, je fais devenir folle si on continue à vouloir me cacher des choses. C'est ma vie après tout, ne puis-je pas prendre moi- même la décision. Elle m'a expliqué que le maître DEVAIT trouver son élève et lui enseigner. Qu'arrive-t-il lorsque ce maître refuse cet élève ?
_ Il arrive ce qu'il est en train d'arriver. »
La réponse figea tout le monde, personne n'ayant entendu le professeur Dumbledore approcher. Il se tenait derrière Harry, un morceau de parchemin entre les mains. Son regard était posé sur Ginny qu'il regardait d'un air las.
« _ Mademoiselle Weasley, pourriez-vous venir dans mon bureau quelques instants, je vous prie ? Vous également Professeure Scamander. Je viens de recevoir une missive qui demande de prendre une décision mais je dois d'abord en parler avec vous.
_ Ne feriez-vous pas mieux d'en parler avec Ayael ?, demanda Scamander
_ Je ne le puis, car elle a quitté le château...
_ QUOI ?, s'exclamèrent en coeur l'américaine et la rouquine.
_ Venez donc à mon bureau, on sera bien mieux pour parler. »
Harry fut donc laissé seul à la table de la bibliothèque. Après s'être remis de sa surprise, il commença à ranger les affaires que Ginny avait laissées sur la table pour suivre Dumbledore. Il fut rapidement rejoint par Malfoy qui se saisit du livre qu'il convoitait et qui partit sans même se donner la peine de lancer une réplique cinglante à son ennemi. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond dans cette école se dit Harry. D'un pas empressé, il se hâta de retrouver Hermione, la sage, qui pourrait peut-être éclairer sa lanterne sur la faction des enfants de Kheper, cette société dites secrète qui intriguait tout à coup beaucoup le jeune homme.
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Bien assises dans les fauteuils face au bureau derrière lequel s'était installé le directeur, Keyra et Ginny ainsi que Mc Gonnagall qui avait été invitée à se joindre à eux, attendaient que le directeur prenne la parole :
« - Un petit bonbon au citron peut-être ?, offrit-il aux dames. Non ? D'accord. Bon, revenons au vif du sujet. Je viens de recevoir une missive du conseil de la faction dont est membre mademoiselle Mac Kenzie. Si j'en crois ce qui est écrit ici, elle a été convoqué pour répondre de ses actes devant le grand conseil qui s'est réuni exceptionnellement plus tôt cette année.
_ Que lui reproche-t-on ?, demanda Minerva d'une voix anxieuse.
_ Principalement de refuser le devoir qui est sien. C'est à dire former celle qui lui est destinée.
_ Elle refuse catégoriquement de procéder à l'apprentissage de mademoiselle Weasley, déclara Keyra. Et je la connais suffisamment pour savoir qu'elle ne changera pas d'idée.
_ J'ai bien peur que le conseil ne l'oblige à observer ses voeux, commença Dumbledore.
_ Cela ne sera pas la première fois que Aya ne respecterait pas ses voeux d'adhésion.
_ Quelles en ont été les conséquences la dernière fois ?, demanda Dumbledore qui se doutait de la réponse à venir.
_ Sa radiation du conseil, un corps brisé mais surtout une âme écorchée, murmura Keyra les yeux dans le vague, se rappelant son amie à cette époque. Mais elle a survécue et elle survivra de nouveau, déclara-t-elle de nouveau en relevant la tête.
_ La décision du conseil est déjà prise, enchaîna Dumbledore. Ils lui laisseront jusqu'à la première lune montante de l'année à venir pour débuter l'entraînement de mademoiselle Weasley. Si à ce moment rien n'a été tenté, le conseil attribuera un maître suppléant à la recrue si elle désire débuter tout de même son entraînement et mademoiselle Mac Kenzie sera chassée définitivement de la faction. »
Le directeur avait senti sa gorge se serrer à l'annonce de ce verdict et à voir la pâleur du visage de mademoiselle Scamander, il sut qu'elle aussi avait saisi l'ampleur de la chose.
« - Le conseil me demande de vous informer également, mademoiselle Weasley, de tout ce que je sais à leur sujet, ainsi vous serez à même de décider si oui ou non vous désirez les rejoindre, malgré l'entêtement de mademoiselle Mac Kenzie. Hélas, je sais bien peu de chose et ça, le conseil le sait parfaitement... Mademoiselle Scamander, auriez-vous l'obligeance d'informer la jeune fille ici présente de tout ce que vous savez sur la faction, leurs façons de faire, leurs traditions, etc. »
Ainsi, Ginny suivit mademoiselle Scamander jusqu'à ses quartiers personnels où elles seraient mieux pour discuter. Après une gorgée de thé, l'américaine se lança dans l'explication du peu qu'elle savait :
« - Les enfants de Kheper sont bien plus que de puissants duellistes. Ils sont une armée, fondée pour protéger les acquis magiques, qui a vu le jour tout d'abord dans l'Egypte ancienne mais qui s'est exportée au fil du temps à travers le monde entier. Cette armée bien spéciale refuse cependant de prendre part dans les conflits mineurs. Pour que la faction se décide à agir, il faut que l'équilibre magique soit en danger extrême. Ils ne font pas de différence entre la magie noire ou la blanche, ni entre la rouge ou celle dite « élémentale ». Pour eux la magie est définie par la puissance qui se trouve en toute chose. Chaque membre peut évidemment agir à titre personnel comme il l'entend mais jamais il ne doit agir au nom de la faction sans d'abord avoir obtenu l'assentiment unanime du conseil. Le conseil est composé des maîtres qui sont au nombre de douze, un pour chaque phase lunaire annuelle. D'ailleurs comme c'est probablement le cas ce soir, c'est le membre désigné par cette phase lunaire qui préside le conseil.
_ Mademoiselle Mac Kenzie était membre du conseil avant d'être destituée, qu'est-il arrivé à son siège ?, demanda Ginny intriguée.
_ Ils ont dû faire passer un compagnon au rang de maître et lui offrir le poste laissé vacant par Aya. Le mode de fonctionnement est le suivant. Un maître est obligé de former celui ou celle qui lui est destiné. Au début de cette formation, l'élève est appelé « apprenti ». Il doit réussir différentes épreuves avant de pouvoir prétendre à devenir « compagnon » du maître. Puis au décès d'un des maîtres, tous les compagnons sont appelés au Tournoi. Ce Tournoi consiste à éliminer les faibles et à ne garder que les meilleurs. Le meilleur d'entre tous peut prétendre au poste libre de maître et occupe son siège dans l'assemblée. Cependant, le maître peut également choisir de former d'autres apprentis s'il le désire. Ces personnes devront être choisies selon leurs capacités et leur puissance magique. Un maître peut enseigner à trois apprentis et un compagnon à la fois, jamais plus. Mais rares sont ceux qui acceptent plus de deux élèves à la fois. »
Mademoiselle Scamander reprit une gorgée de thé et s'assura que Ginny assimilait tout ce qu'elle venait de lui révéler, puis elle enchaîna :
« - Aya fut l'élue destinée à un grand maître. Il l'avait attendue pendant des années. Lorsqu'il la découvrit, elle avait à peine une dizaine d'années alors que lui était déjà bien âgé. Il lui enseigna tout ce qu'il avait l'autorisation de lui apprendre avant qu'elle ait l'âge minimum requis : le Theban, les runes anciennes et contemporaines, plusieurs dialectes d'origine magique, le latin et le grec ainsi que les hiéroglyphes égyptiens. Aya est probablement l'une des femmes les plus cultivées du monde magique, ses connaissances sont nombreuses et elle a une capacité d'apprentissage formidable. Sa mémoire est une véritable éponge qui absorbe tout. Je l'ai toujours envié pour cette capacité mais ne lui dites jamais elle aurait une raison de plus de me taquiner. Ainsi lorsque son véritable entraînement débuta, elle avait une bonne longueur d'avance sur les autres apprentis du conseil. Son maître l'avait si bien préparée qu'elle passa rapidement au stade de compagnon, à dix-sept ans en fait. Quelque temps plus tard, un maître décéda. Un Tournoi fut organisé mais le conseil voulu empêcher Aya d'y participer, prétextant qu'elle était trop jeune. Tu sais ce qu'elle leur répondit ? »
Ginny qui buvait les paroles de l'américaine fit un signe de négation avec la tête, Keyra Scamander continua alors :
« - Elle leur dit simplement : ``J'apprends rapidement``. Après de longues négociations le conseil était toujours divisé et comme cela demande l'unanimité pour autoriser un compagnon à concourir, le maître de Aya proposa qu'elle affronte un des maîtres du conseil pour leur prouver ses compétences. On lui présenta un maître redoutable, jamais vaincu. Elle ne gagna pas le duel mais l'ébranla suffisamment pour que l'on l'autorise à participer au Tournoi. Evidemment, elle le remporta, devant des compagnons bien plus âgés, alors qu'elle n'avait que vingt-et-un ans à l'époque. Son nouveau rang de maître l'obligeait à terminer rapidement sa formation pour pouvoir siéger au conseil. Elle quitta donc ses études et partit à travers le monde. Pendant ces deux années, Merlin seul sait ce qu'elle a fait, jamais elle n'en parle. Pourtant cette période l'a profondément marquée. Parfois la nuit je l'entends crier dans son sommeil. Ses nuits sont agitées et ses cauchemars terribles.
_ Pourquoi a-t-elle été exclue du conseil ?
_ J'en sais rien, elle ne me l'a jamais dit. Tout ce que je sais c'est que le conseil l'a sévèrement punie. Lorsqu'elle est revenue auprès de sa mère qui se mourrait, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Tu as remarqué ses blessures dans son dos. Elle ne les avait pas lorsqu'elle nous a quitté pour la fin de sa formation mais lorsqu'elle est revenue, les plaies étaient vives et ont pris un temps fou à cicatriser. Pourtant, Ayael a un métabolisme surprenant, tu as vu avec quelle facilité elle s'est remis de sa blessure. De plus son bracelet l'aide à guérir plus rapidement des blessures magiques mais cette fois là, rien n'y fit. Je ne sais pas qui lui a fait ces blessures mais je sais qu'elle en souffre encore, observe là, parfois tu la verras, tirer sur sa chemise, comme pour la décoller de sa peau.
_ Cela ressemble à des symboles, quelle arme peut produire de telles marques ? s'interrogea à voix haute Ginny.
_ L'athamé de Kheper. »
Les deux jeunes femmes sursautèrent en entendant la voix de Ayael leur provenir de l'embrasure de la porte délimitant les deux chambres. Mademoiselle Mac Kenzie était dans un état de fatigue comme jamais Ginny ne l'avait vu auparavant. Une longue traînée de sang séché bariolait son visage. Son bras qui devait être pourtant encore dans une écharpe pendait le long de son corps. Keyra se précipita vers elle et l'examina rapidement.
« - Je vais bien Key, t'en fais pas...
_ Tu vas bien, tu vas bien, regarde le sang sur ton visage et où est passé ton écharpe ?
_ Ne jamais montrer délibérément ses faiblesses à l'ennemi, une autre des règles... Le sang c'est rien, c'est simplement mon piercing qui n'est plus. Dommage je l'aimais bien.
_ Viens t'asseoir, je vais refaire ton attelle. Conte-nous ce qu'ils te voulaient.
_ Vous savez déjà ce qu'ils me voulaient. Dumbledore m'a dit qu'il vous avait fait part de la missive qu'il avait reçue. Je me suis fait frotter les oreilles par les maîtres du conseil, voilà tout.
« - Appuie-toi contre la chaise, ce sera plus facile pour moi de refaire ton bandage », commença Key.
Mais alors qu'elle poussait son amie gentiment vers l'arrière, cette dernière l'arrêta d'un mouvement vif en lui saisissant le poignet. Elles échangèrent un regard et Keyra sembla comprendre :
« - Merlin non, ils n'ont pas osé... »
Et déjà elle s'apprêtait en enlever la chemise de Aya mais de nouveau elle l'arrêta, lançant un regard vers Ginny qui n'avait rien perdu de la scène.
« - C'est bon, j'ai compris qu'ils vous avaient puni, alors laissez-vous soigner bon sang, éclata la rouquine en croisant les bras sur sa poitrine et en se rassoyant confortablement, décidée à ne pas partir avant d'avoir toutes les réponses à ses questions.
_ Êtes-vous certaine que vous êtes prête à voir cela mademoiselle Weasley ?
_ Oui », répondit fermement la jeune fille.
Résignée, Ayael enleva sa chemise aidée par Keyra qui faisait des gestes lents et doux pour ne pas importuner d'avantage son amie qui souffrait déjà en silence. Mademoiselle Mac Kenzie tournait maintenant le dos à Key et à Ginny qui était venue l'aider à décoller le tissu de la plaie fraîche qui ornait le dos de l'américaine. Lorsque la chemise tomba finalement, Keyra ne put retenir un petit cri face à la nouvelle cicatrice qui ornait le dos de sa collègue. Ginny pour sa part avait cessé de respirer. Le symbole, ce signe elle le connaissait que trop bien.
« - Dites moi mademoiselle Weasley, où se trouve le vôtre ?
_ Comment ? babilla Ginny ne pouvant retirer ses yeux du symbole gravé dans la chair de son professeur.
_ Votre signe d'appartenance à la faction, le symbole qui confirme que vous êtes une élue ?
_ Sur ma cuisse gauche, répondit Ginny. J'ai toujours cru qu'il s'agissait d'une tâche de naissance.
_ Ma mère aussi, déclara Ayael. La mienne se trouve quelque part ici, dit- elle en se passant une main dans les cheveux. Ça a l'avantage d'être plus discret mais ça fait un mal de chien lorsqu'ils m'appellent à eux. Ce symbole, en effet, sert d'alerte pour les membres de la faction, un peu comme la marque des mangemorts. Chaque membre a, de plus, constamment sur lui un objet qui servira de portoloin pour l'amener au lieu secret de rassemblement. Une fois qu'il a servi, il faut en refaire un autre. D'où la disparition du mon piercing au sourcil. Comme je me doute que je serai convoquée très bientôt, je pense opter pour quelque chose de moins encré en moi, une bague ou un pendentif, peut-être. »
Ginny s'était rassise sur la causeuse face à son professeure et attendait que celle-ci daigne continuer les explications. Mademoiselle Mac Kenzie qui avait retrouvé ses pansements et sa chemise, n'avait pas l'air très encline à fournir les explications attendues, pourtant, elle fixa Ginny et déclara :
« - Puis que l'Ordre a décidé de vous offrir la chance de les rejoindre malgré mon entêtement, je me dois de vous dévoiler la vérité sur cette faction. Vous pourrez ensuite vous faire vous-même une opinion et le choix sera vôtre. Certains renseignements doivent demeurer confidentiels, tel et la règle de la faction. Aussi je vous demanderais de ne parler de cet entretien à personne. On se comprend bien miss Weasley, personne ne doit savoir ce que je vais vous dire. Vous devenez, à partir de ce moment, la gardienne de mon secret, un lien magique vous unit à moi et moi à vous. »
L'heure était grave, on ne riait plus. Ginny comprit soudain qu'elle entendrait des choses qui risquaient de la remuer, voir la choquer. Les déclarations de mademoiselle Mac Kenzie n'étaient pas sans conséquences et elle lui faisait un honneur en se confiant à elle. Elle devait se montrer digne de ses révélations.
Discrètement, mademoiselle Scamander s'éclipsa, laissant les deux « élues » entre elle.
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Depuis qu'il avait été victime du fameux « message » de Voldemort au dernier Halloween, le jeune Potter dormait peu mais étonnamment bien. Plus de cauchemars, pratiquement plus de rêves tout court. C'était sans doute lié au fait qu'il maîtrisait presque complètement l'Occlumencie et qu'il l'appliquait religieusement lorsque indiqué.
Harry se réveilla tôt ce matin là et, après une bonne douche, il descendit à la salle commune où déjà Hermione planchait sur un sujet quelconque. C'est fou comme le fait d'être discipliné dans ses travaux scolaires et de maintenir l'horaire établi par Hermione lui paraissait maintenant normal. Il avait cru trouver l'année pénible mais il réussissait tout de même à trouver un peu de temps pour lui et faire autre chose qu'étudier ou s'entraîner. Ce jour-là, il n'avait pas de devoir en retard, les ayant terminé la veille avec ses amis. Deux options se présentaient à lui : ne rien faire ou tenter de comprendre un nouveau sort défensif que leur avait proposé leur professeur de duel. Il opta pour une troisième alternative, saluer Hermione et discuter un peu, du moins, si la jeune femme le désirait également.
Il s'approcha donc d'elle et attendit patiemment qu'elle ait terminé la page qu'elle lisait. Il savait depuis longtemps que la jeune femme appréciait ce genre de comportement et qu'elle détestait être abordée brusquement. Hermione releva la tête et sourit gentiment à Harry qui lui rendit la pareille. Le jeune homme s'informa sur le sujet de lecture de la préfète.
« - La faction dont tu m'as parlé il y a quelques jours et qui tracasse autant Ginny. J'étais curieuse au début et maintenant je le suis encore plus. »
La curiosité d'Harry fut ravivée par ces propos et il demanda à son amie de développer. Pendant plus d'une demi-heure, temps que prit Ron pour les rejoindre, elle lui exposa le peu qu'elle avait trouvé sur le sujet. Ensuite ils discutèrent du cas « Ginny ». Depuis quelques jours, la jeune femme n'était plus que l'ombre d'elle-même et cela les inquiétait. La rouquine de nature si sociable et avec un cercle d'amis important était devenu solitaire et fuyait pratiquement toute compagnie. Parallèlement, ils avaient remarqué que leurs professeures d'origine américaine étaient à couteaux tirés. Alors qu'elles passaient tout leur temps ensemble en début d'année, il était maintenant habituel de voir mademoiselle Mac Kenzie disparaître Merlin seul sait où et ne revenir que pour officier ses cours.
Hermione, avait découvert la signification du bracelet qu'arborait leur professeure de duel mais ne pouvait, avec certitude, déterminer son rang dans la faction qui l'accueillait. Harry et elle, tentèrent d'établir des liens tangibles entre les comportements de mademoiselle Mac Kenzie, ceux de Ginny et les informations qu'ils avaient découvertes. Le plus simple aurait été de demander directement à la jeune Weasley mais cette dernière refusait d'aborder ce sujet, se défilant habilement aux questions ou fuyant carrément leur présence.
Ils sortir peu après pour rejoindre la Grande Salle pour le petit-déjeuner, Dans le Grand Hall, Harry faillit foncer dans quelqu'un qui revenait de l'extérieur. Il allait s'excuser lorsqu'il se rendit compte qu'il s'agissait de Ginny qui affichait un air mauvais et rageur. Elle le poussa brusquement pour pouvoir continuer son chemin mais il la saisit par le bras et la fit se retourner. Il sentit alors la pointe d'une baguette sur sa gorge et croisa le regard dur de la rouquine qui avait réagi au quart de tour. Ron et Hermione accoururent pour porter assistance à Harry qui, bien que légèrement effrayé, n'avait pas quitté son « agresseur » des yeux. Une des leçons enseignées et acquises par mademoiselle Mac Kenzie.
Pendant que Ron tentait de faire baisser la baguette à sa soeur, Hermione faisait reculer Harry qui n'avait toujours pas brisé le lien visuel entre Ginny et lui. Les élèves commençaient à se regrouper autour d'eux pour tenter de voir ce qui se passait. Rogue arriva aux pas de courses et lâcha un petit rire dément en déclarant qu'il y avait au moins une Griffondor intelligente dans cette école tout accordant un regard méprisant à Harry qui lui ne le vit pas, trop occupé à tenter de comprendre les agissements de celle qu'il croyait son amie.
Ce rassemblement attira également une autre personne. Bien appuyée contre un mur adjacent, mademoiselle Mac Kenzie vêtue de manière moldue, applaudissait la scène d'une manière presque lugubre. Ginny se retourna aussitôt dans sa direction et le regard qu'elle lança à son professeure en fit frémir plus d'un. Il y avait tellement de rage et de mépris dans ses yeux, que Harry eut presque pitié de la nouvelle cible de son amie. Le jeune homme observa, tout comme les autres spectateurs, la mâchoire serrée ainsi que tout le corps tendu de la jeune femme qui fixait l'américaine encore et toujours. Dans un geste de rage non contenue, Ginny lança sa baguette à la tête d'Ayael qui l'attrapa au vol avec une facilité déconcertante. Puis la jeune rouquine abandonna la place.
Harry resta un long moment à fixer la direction suivie par Ginny, non pas aux pas de course, mais d'un pas lourd et résolu. Les autres élèves commencèrent à se disperser sous les ordres de Rogue qui menaça d'enlever des points à quiconque aurait l'idée de s'attarder. Ron et Hermione, tirèrent leur ami dans la direction opposée, l'invitant à les suivre jusqu'à la grande salle, où ils discutèrent du « cas Ginny », oubliant de manger.
Personne ne revit Ginny ce jour là et Harry monta se coucher, tard le soir, après avoir fouillé avec l'aide de ses deux amis chacun des recoins du château qu'il connaissait. Il eut de la difficulté à trouver le sommeil, trop inquiet pour la jeune fille qui était restée introuvable. Seul point positif, Dumbledore lui-même leur avait affirmé qu'il était vain de s'inquiéter autant. Harry avait cru voir dans les yeux du vieux mage, qu'il savait parfaitement où se trouvait leur amie et qu'elle était en sécurité. Cela le rassura un peu mais pas complètement. Pourquoi Ginny agissait-elle ainsi ? Pourquoi mademoiselle Mac Kenzie semblait vouloir la provoquer continuellement ? Pourquoi la jeune fille était-elle toujours sur la défensive ? Pourquoi tous ces comportements agressifs qui ne lui ressemblaient pas ? Tellement de pourquoi et aucune réponse.
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[1] Billywig : insecte natif d'Australie. Long d'un peu plus d'un centimètre. Passe souvent inaperçu aux yeux des moldus et même des sorciers vu sa grande vitesse de rotation. Réf : Les animaux fantastiques de Newt Scamander.
