Manuchan

Titre : La vie, ses joies et ses pleurs.(01)

Auteur : Manuchan

Genre : yaoi

Base : Digimon

LA CALAMITE

C'était par une fin d'après-midi ou la pluie recouvrait tout de ses fines gouttelettes, Yamato Ishida sortait juste de son cour et se dirigeait vers le domicile de son meilleur ami : Taichi.

Il l'avait invité à passer la soirée chez lui.

J'aurais du refuser, je ne suis pas très  bien en ce moment, et le temps ne fait rien pour arranger les choses !

Telles étaient les idées qui animaient les pensées du jeune Yamato en ce jour qui lui paraissait sans fin…

Il ne savait plus vraiment quoi faire de sa vie. Comme tout adolescent qui va bientôt devenir un adulte, il se posait des questions sur tout ce qui pouvait l'entourer, ce qui, déjà, lui était assez difficile à supporter.

Il aurait voulu arrêter de réfléchir. Ne serait-ce que quelques instants… il ne pouvait pas.

Arrivé devant le domicile de son meilleur ami et confident, il décida d'essayer d'aborder ce problème avec lui.

 * driiinnnggg *

la sonnette se mit à tinter de son timbre métallique et froid alors que Taichi sommeillait paisiblement sur le canapé du salon.

Assez désorienté, il alla ouvrir.

- Salut Taichi ! Dit Yamato  du ton le plus joyeux qu'il le pouvait.

- Humpf…excuse moi, je dormais.

Et comme pour le démontrer, Taichi se mit à ouvrir une bouche énorme dans un bâillement qui n'en finissait pas.

Yamato ne pouvait s'empêcher de rire en voyant son meilleur ami avec une bouche tellement ouverte que l'on aurait pu y mettre un bras… en entier !

- Je vois ça !

- Oh, ça va !

- Grognon en plus…

Yamato s'écroula littéralement de rire sur le sol. Il explosait de sons joyeux jusqu'à en verser des larmes.

Taichi, les bras croisés, attendait que ça passe, mais, à chaque fois que Yamato posait ses yeux sur lui, il riait de plus belle.

Au bout de dix minutes environ, il réussit tout de même à se calmer. Mais il conserva le sourire.

- Ca y est ? C'est fini ? demanda Taichi pour le taquiner

- Ouffff ! Quelle rigolade ! Ca fait du bien.

- J'en ai l'impression !

Taichi lui décocha son plus grand sourire, celui qui (il le savait), lui donnait un air sadique et que Yamato ne supportait pas, ce qui eu pour effet de refroidir celui-ci.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Oui, je veux bien, merci.

- Assieds toi sur le canapé pendant que je vais chercher les boissons.

- O.K

Taichi, arrivé dans la cuisine et le nez dans le réfrigérateur,  se mit à son tour, à rire frénétiquement.

La soirée commence bien ! J'ai réussi à jouer un tour à Yamato et il ne s'en est même pas aperçu…. J'espère qu'il ne m'en veut pas d'avoir été si froid.

Il faut que j'arrête de rire, sinon, il va m'entendre.

- Qu'est ce qui te fait rire ? demanda Yamato en fronçant les sourcils

- Oh… rien.

Taichi se remit à rire et Yamato le suivit dans cette action, il avait compris que Taichi s'était moqué de lui et le prenait bien. Il avait l'habitude des blagues infantiles de son meilleur ami et il en appréciait même certaines.

Les deux garçons riaient tellement qu'ils en avaient mal aux côtes.

Une fois le fou rire passé (ou presque), ils se donnèrent une accolade amicale et se regardèrent tous deux avec un sourire immuable accroché à leurs visages.

C'est alors que se produisit quelque chose d'inattendu : Yamato, positionné en face de Taichi qui le regardait d'un air jovial, se pencha et déposa un doux baiser sur les lèvres  de celui qui lui avait apporté tant de bonheur, en ces quelques trente minutes de pur amusement entre amis.

Yamato n'eu pas le temps de réagir à ce qu'il avait fait que, déjà, il ressentait une douleur vive au niveau de sa mâchoire : Taichi l'avait frappé.

- Non mais ça va pas non !!? Qu'est ce qui te prends !?

Le visage de Taichi, qui auparavant présentait un si beau sourire, ne reflétait à présent qu'une haine dure et froide comme la glace, qui transperça l'âme de celui qui l'avait embrassé.

- Je…je suis désolé. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je ne comprends pas…

Yamato était très perturbé par son comportement, il n'aurait jamais imaginé faire ça un jour : il avait embrassé son meilleur ami !

- Ah tu ne sais pas ce qu'il t'a pris ? Je vais te le dire moi ce qu'il t'a pris ! : t'es un sale pédé, voilà ce qu'il t'as pris ! Alors, maintenant tu dégages de chez moi avant que je ne te cogne un peu plus !!!!!!!!!!

Yamato, complètement anéanti par ce qu'il venait d'entendre, se mit à courir, et courir, et courir, aussi vite qu'il le pouvait, dépassant tous les obstacles se trouvant sur son passage sans même les remarquer. Il pleurait à chaudes larmes, mais ce n'était pas des larmes de joies. Il était complètement désorienté.

Une heure plus tard, il s'arrêta quand même de courir.

- Où est-ce que je suis ?

Il ne connaissait pas cet endroit, il avait couru si loin qu'il n'était même plus dans son quartier.

Détruit moralement, il s'assit contre un mur, sous la pluie et se mit à penser, une fois de plus.

Pourquoi ? Pourquoi j'ai fait ça ? Je suis pas un sale péd !!! Mais d'abord, pourquoi ce serait un mal d'être péd ! C'est vrai que j'imagine mal deux hommes ensembles mais si ça leur plaît, ça les regarde. Est-ce que ça me plairait à moi ?Je n'en sais rien après tout : je n'ai jamais essayé ni les femmes, ni les hommes. Mais je préfèrerais essayer d'abord avec une femme…je crois…oh, et puis je ne sais pas ! Tout ce que je sais, c'est que j'ai perdu l'amitié de Taichi pour toujours et que je suis moi-même perdu !

Yamato se remit à pleurer jusqu'à épuisement et s'endormit sur le trottoir, ne remarquant même plus la pluie qui tombait froide et dure sur son visage tourmenté.

Le lendemain, il se réveilla à force de tousser et avec des courbatures qui lui faisaient souffrir le martyre.

Bon, génial, c'est la fête ! Je récapitules : j'ai perdu Taichi, je suis perdu, au mieux, j'ai une grippe, au pire une pneumonie et mon dos me fait tellement mal que je ne suis même pas sûr d'arriver à me relever ! Cool !!

Il réussit, malgré tout, à se mettre en position assise. Les passants restaient fidèles à eux-mêmes : ils passaient.

Yamato regardait marcher ce flot continu qui s'écartait à son approche, comme s'il avait la peste. Ce n'était qu'un jeune garçon qui souffrait. Mais ils ne pouvaient pas le savoir, ils ne lui adressaient même pas la parole.

Pourtant, quelqu'un s'arrêta à sa hauteur et le dévisagea intensément jusqu'à ce qu'il lève les yeux.

- Bonjour mon petit…. Tu vas bien ?

C'était une femme âgée d'au moins deux cents ans pour Yamato.

 ou en tout cas, au moins soixante-dix se dit Yamato en se raisonnant

- Bonjour madame.

- Tu n'as pas répondu à ma question : Est-ce que tu vas bien ?

Yamato ne voulait pas lui parler, et encore moins de ses problèmes. Aussi resta-t-il silencieux en espérant que cette gentille dame aie la bonté de s'en aller.

- Tu ne veux pas me répondre ?

- ………

- Bon, très bien, dans ce cas, tu vas venir avec moi. Ce n'est pas une proposition, c'est un ordre ! Rassure toi je vais juste t'amener manger quelque chose. Peut-être que tu seras plus bavard le ventre plein !

Rien que l'énonciation de nourriture fit saliver Yamato, il n'avait rien mangé depuis vingt-quatre heures et son estomac poussait des hurlements de mécontentement tellement il avait faim.

Il pris son courage à deux mains et tenta de se lever. Il ne réussit pas cependant, mais la vielle dame était là et l'a aidé à se mettre debout.

Elle a beaucoup de forces pour quelqu'un de son âge ! Se dit Yamato, étonné.

Une fois levé, le tout maintenant était de tenir sur ses jambes, là aussi, la vielle dame fut d'un grand secours car Yamato pouvait s'accrocher à son épaule. Et elle ne s'affaissait pas ! Il semblait même que c'était facile pour elle.

Yamato était de plus en plus curieux mais il était encore plus affam ! Il se contenta donc de suivre la vielle dame jusqu'à chez elle, toujours accroché à son épaule.

Elle ne disait rien, pas une plainte, pas une douleur. Elle marchait aussi bien que s'il n'était pas là.

Au bout de cinq minutes, ils étaient arrivés. La vielle dame lui montra l'extérieur de sa maison : elle semblait douillette et chaleureuse, des fleurs aux balcons des fenêtres, fenêtres qui brillaient de milles éclats tellement elle étaient propres.

Devant la porte, Yamato fut encore plus étonné par la force de cette femme : elle le soutenait d'une seule main et de l'autre ouvrait la porte.

L'intérieur n'était pas différent de la façade : tout était parfaitement propre et, ce, malgré les fleurs disséminées partout dans la maison. Yamato n'avait jamais vu un aussi bel intérieur mais il n'eu pas le temps de s'en soucier : il ne tenait plus sur ces jambes, il s'effondra brutalement sur le sol et s'endormit profondément.

Il n'ouvrit les yeux que dix heures plus tard. Il était en sueur et sa faim était sans pareille. Il aurait voulu se lever mais il ne s'en sentait pas la force.

Désorienté, il ne savait plus où il était, il regarda la pièce autour de lui et lorsqu'il vit une vielle dame sommeillant paisiblement sur une chaise à côté de son lit, tout lui revint en mémoire, y compris le pire.

Une fois de plus, il ne pu contenir ses larmes qui se déversèrent sur son visage telles un fleuve de tristesse que rien ne pourrait assécher.

Il sanglotait sans cesse, suffisamment fort pour réveiller la femme qui dormait tranquillement.

- Oh ! Mon dieu ! Tu pleures ? Allons, pleure si cela te fait du bien…

Elle commença à lui caresser tendrement les cheveux ce qui l'apaisa. Il sentait que cette femme était quelqu'un en qui il pouvait avoir confiance, qu'elle mettrait sa propre vie en danger pour sauver la sienne.

Comme le ferait Taichi…l'aurait fait Taichi. Pourquoi tu es comme ça Taichi ?

Ses larmes repartirent de plus belle. La vielle dame continuait à lui caresser la tête calmement, attentive, là pour lui.

Enfin, il finit par se calmer. La vielle dame le regardait avec attention, elle posa sa main sur le front de Yamato.

- Ah, tu n'as plus de fièvre. C'est bien. Tu as faim ?

- Pourquoi vous faites ça pour moi ?

- Je suis la première à avoir posé une question, tu es prié de me répondre.

- Oui, j'ai faim.

- D'accord, reste couché, je vais te préparer une bonne soupe chaude, ça te fera le plus grand bien.

- Merci.

Elle sortit de la chambre laissant Yamato seul avec  ses pensées.

Mais enfin, pourquoi fait-elle ça ? Elle ne me connaît pas . Je ne comprends vraiment pas. Elle est si gentille avec moi, comme si elle était ma propre grand-mère. Mais je sais que ce n'est pas ma grand-mère. Alors pourquoi ?

A peine s'était-il posé cette question que la vielle dame était déjà revenue avec, entre ses mains, un grand bol rempli de soupe dont l'odeur fit bondir Yamato en position assise : il avait faim ! Et le mot était faible.

Sans même dire merci, il prit le bol entre ses mains et but à petite gorgée. C'était très chaud mais qu'est-ce que c'était bon !

Il but tout le bol de soupe et une fois rassasié remercia la vielle dame.

- Merci

- De rien, mon petit.

- Alors maintenant, vous voulez bien répondre à ma question ?

- Tu es bien curieux dis-moi…

- C'est vrai… vous voulez bien ou pas ?

- Allons, allons, ne me brusque pas. Je suis une vielle dame tu sais….

- Mais pour une vielle dame, vous êtes quand même très forte !

- Et perspicace en plus ! Ecoute, je répondrai à ta question, promis… mais pas maintenant.

- D'accord.

- Bien, à mon tour de te poser une question : pourquoi était-tu assis dans cette rue, triste comme les pierres ?

- J'y répondrai, mais pas maintenant. Dit Yamato avec un grand sourire qui lui éclairait le visage.

- Bon…

Sans autres mots, la vielle dame sortit de la chambre ce qui inquiéta un peu Yamato : l'avait-il vexée ? Après tout, elle avait fait beaucoup pour lui et il refusait de répondre à ses questions.

Il se surprit lui-même en se levant sans difficulté…comme si rien ne s'était pass !

Doucement, il se dirigea hors de la chambre et pénétra dans le salon, les fleurs l'entouraient de toutes parts, elles dégageaient un parfum sucré et doux qui apaisait Yamato, Il avait l'impression que ses fleurs agissaient directement sur ses nerfs et les calmaient.

La vielle dame n'était pas là. Curieux, il continua son exploration de la maison en passant dans la cuisine. Assez étonnamment,  Il n'y avait pas de fleurs dans cette pièce.

Elle n'est pas là non plus, mais ou est-elle passée ?

Il sortit de la cuisine pour tomber nez à nez avec l'objet de ses recherches.

- Oh vous êtes l ? Je…j'espère que je ne vous ai pas vexée…

- Vexée, pourquoi ?

- Et bien comme je n'ai pas répondu à votre question…

- Ah non, ça ne m'a pas vexée, après tout, moi non plus je n'ai pas répondu à ta question. Tu as tort de t'inquiéter pour rien. J'ai comme l'impression que tu réfléchi beaucoup, pas vrai ?

Yamato était plus que surpris : elle le connaissait depuis à peine quelques heures et elle savait déjà ça ! Manifestement, le cerveau de cette femme marchait aussi bien que son physique !

- Oui, c'est vrai…je réfléchis trop et des fois pas assez.

- Ah Ah ! Voilà qui devient intéressant !

Elle le prit par le bras et le conduit à la table du salon. Une table magnifique au demeurant : en chêne massif vernis à la perfection et longue d'au moins deux mètres.

- Assieds toi mon petit…

Décidément, Yamato ne cessait d'être surpris par cette femme qui semblait si sûre d'elle.

Il s'assit quand même.

- Je crois qu'il est temps que nous nous présentions, Tu ne crois pas ?

- Si vous voulez.. Je m'appelle Yamato, Yamato Ishida

- Enchantée, moi, c'est Cillame, Cillame Komi. Alors, quand est-ce que tu n'as pas assez réfléchi ?

Yamato sursauta dans sa chaise. Elle abordait directement le sujet qui le touchait ! Sans une hésitation !

Il était un peu déboussolé, mais il décida de lui raconter tout, elle avait le droit de savoir.

- Ce…c'était hier, hier soir. Je…j'étais invité chez mon meilleur ami (ex-meilleur ami pensa-t-il) pour passer la soirée.

            Et j'ai fait quelque chose que je n'aurais pas dû faire…

Il avait du mal à en parler, beaucoup de mal, c'était si récent et si dur !

- Et…quelle était cette chose ? demanda Cillame

- Je…je…

- Allons, courage ! Ca te fera du bien d'en parler…dis toi que rien ne pourrait me choquer et dit-le !

- Je l'ai embrass !!

Yamato n'en revenait pas : il l'avait dit, haut et fort ! Et à une femme qu'il ne connaissait pas !

- Hum, je vois. Et il a mal réagi

- Il m'a frappé…mais le pire, c'est que je ne voulais pas l'embrasser !

- Mais tu l'as fait.

- Oui

- Il ne savait pas que tu aimais les hommes ?

Yamato sursauta une fois de plus et cette fois, fronça les sourcils

- Je n'aime pas les hommes ! Je ne suis pas un sale péd…

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase car une main d'une violence et d'une force inouïes s'était abattue sur sa joue.

- Je t'interdis de prononcer ce mot !!! Dit Cillame

- Mais…vous m'avez frapp

- Oui, et alors, t'en veux une autre ?

- Mais vous êtes folle !

- Non, je ne suis pas folle, je suis homosexuelle, eh oui ! Et si tu ne sais pas ce qu'est la tolérance, je vais te l'apprendre moi : tu crois vraiment que je t'aurais aidé si j'avais eu la même réaction que toi ? Sûrement pas, je t'aurais laissé crever en me disant « c'est un sale clodo qui se shoote ». Tu comprends ?

- Je…je suis désol

- Etre désolé ne suffit pas ! Je n'accepterait tes excuses que si tu te montre plus tolérant désormais, O.K ?

- O.K

Yamato regrettait amèrement ses paroles, jamais il n'aurait pensé que cette vielle dame était homosexuelle et il comprenait pourquoi elle l'avait giflée. Elle avait eu raison de le faire.

- Bien, revenons-en à ton problème, il t'a frappé. Et ensuite ?

- Je suis parti en courant, quand j'ai arrêté de courir, je ne savais plus ou j'étais, je me suis endormi et vous êtes venue, voilà.

- Et tes parents ? Ils doivent être inquiets ? Tu ne crois pas ?

- Ho ! Mon dieu ! Je les ai complètement oubliés !

- Tu peux utiliser mon téléphone si tu veux …

- Merci…

Yamato s'approcha du téléphone, décrocha le combiné puis composa le numéro de chez lui

* Une sonnerie

* Deux sonneries *

- All ?

- Allô, papa ?

- Yamato ?

- Oui

- Yamato ?

- C'est moi, tu m'entends ?

- Yamato !

- Papa…

- Yamato !

Soudain, alors qu'il essayait vainement de contacter son père au téléphone, tout se mit à tournoyer autour de lui. Il lui semblait être tomber dans un tourbillon sans fond. Il ne ressentait plus rien. Plus rien que la vitesse de la chute, une chute rapide et terrifiante, puis la vision du sol qui s'approche, qui s'approche, qui s'approche…le contact avec le sol……..