Deux jeunes garçons tristes. Ils pleurent de façon ininterrompue, versant des larmes amères sur leurs joues d'adolescents et ne pouvant endiguer ce flot de peine et de désarroi. Pourquoi ? Simplement parce que l'un d'eux n'a pas l'esprit ouvert, simplement parce que l'autre à été rejeté pour quelque chose qu'il ne comprenait et ne contrôlait pas.
Chacun de leur côté, ils ont mal, mal d'une amitié détruite, mal d'une déception, mal de l'intolérance.
Taichi, dans sa chambre désordonnée où tout est cassé ou éparpillé, s'est endormi. Même dans son sommeil, il ne peut s'arrêter de verser des larmes, ne peut s'arrêter de crier sa peine et sa rage envers Yamato. Il est allongé sur le sol, ses cheveux frottant délicatement son front, à la guise du vent qui pénètre par la fenêtre brisée, son corps semblant désarticulé, tordu par la douleur. Il rêve probablement. Peut-être à son amitié passée ? Peut-être à l'instant fatal ou son meilleur ami l'a embrassé…. Ou bien encore, il rêve de partir loin de cette souffrance, loin de…
Matt….
Ses yeux sont maintenant à demi-clos, que reflètent-ils ? le désarroi, la peine, la colère et aussi…La peur. Mais peur de quoi ? Nul ne le sait, pas même le principal intéressé. Cela le frustre, lui ? Avoir peur ? C'est une idée inconcevable, et pourtant…
Il se met en position assise, son visage trempé de tristesse et d'émoi , puis, dans un geste irréfléchi se lève et court jusqu'à la porte de l'appartement. Ses parents ne sont toujours pas là. Doit-il les attendre ? Peut-être leur demander de l'aide ? Ou bien suivre l'idée qui à émergée en lui dans son sommeil : Partir. Il ne sait pas.
Les idées embrumées par le chaos de sentiments qu'il ressent, il prends sur lui de manger quelque chose, après tout, il ne faut pas rester le ventre vide. Mais, la seule idée de nourriture lui donne la nausée. Il ne pourrait rien avaler, qu'il le veuille ou pas. Il se dirige pourtant vers le réfrigérateur et l'ouvre : Il est plein. Ses parents ont fait les courses la veille. C'est le moment de prendre une décision. Dans sa jeunesse, il ne sait pas ce qui peut l'attendre dans le monde si il décide de s'enfuir, tel un lâche qu'il lui semble être à présent, incapable d'affronter la réalité, incapable d'accepter sa douleur et les souffrance qu'elle apporte.
Sa décision est vite prise, tant qu'à faire d'être lâche, autant l'être jusqu'au bout…
En moins de quelques minutes, il est revenu dans sa chambre, à vidé son sac à dos et l'a rempli des denrées qui lui permettraient de se nourrir, si encore il arrivait à les avaler un jour. Il doit se dépêcher car la situation est maintenant urgente : ses parents peuvent revenir à tout moment, avec sa sœur et probablement un membre de la famille invité pour le week-end comme ils avaient l'habitude de le faire régulièrement.
Taichi a un regard affolé, il s'affaire sur ses vêtements afin d'en faire rentrer suffisamment dans son sac pour au moins une semaine, c'est peu, mais il ne peut faire plus, il sait ne pas devoir s'encombrer inutilement.
Enfin, ceci fait, il se rends sur le palier, répétant le geste machinal qu'il ne ferait jamais plus : fermer la porte. C'était un geste bénin, mais il lui semblait que cela reflétait un certain symbolisme. Il se chassait lui-même du domicile de ses parents, il trouverait désormais une porte close si jamais il revenait. Il glissa les clefs par un léger interstice entre la porte et le sol, puis, appela l'ascenseur.
Il tournait en rond en l'attendant, priant à chaque secondes pour que ses parents ne soient pas à l'intérieur. Non, ses géniteurs n'étaient pas dans l'ascenseur, mais quelqu'un qu'il connaissait et ne voulait pas forcément revoir, si.
La porte coulissante s'ouvrit, révélant une chevelure blonde comme les blés, puis, deux yeux inquisiteurs et sûrs d'eux, ils étaient bleus…
Taichi eut un mouvement de recul, persuadé qu'il s'agissait de Yamato, il ne fallait surtout pas que ce soit lui, car, non seulement il le détestait, mais en plus, celui-ci risquait de prévenir tout le monde de sa fugue et le connaissait assez bien pour savoir que c'était ce qu'il faisait.
Ce n'était pas Yamato, bien que la ressemblance fut troublante, mais il n'y avait pas à s'y tromper, Takeru venait d'arriver sur le palier et regardait Taichi d'un air quémandeur et souriant.
Quelle étrangeté ce sourire sur un visage qui devrait exprimer le courroux.
Il n'est pas en colère ? Yamato ne lui à rien dit…. Mais alors, pourquoi est-il ici ? Je ne comprends pas.
- Salut ! Dit Takeru dans un sourire angélique.
Aucune réponse ne se fit entendre, Taichi voulait partir le plus vite possible, il n'avait pas de temps à perdre en bavardages inutiles, et puis, il se sentait un peu mal à l'aise : Le frère de Yamato ne pouvait pas être là autrement que pour parler de celui-ci.
Et si il était comme lui ? Si il essaye de m'embrasser, je le tue.
Et il était tout à fait prêt à respecter cette pensée.
Il monta en vitesse dans l'ascenseur et appuya sur le bouton du rez-de-chaussée pour le faire démarrer, Takeru le regardait, on pouvait lire la surprise et l'inquiétude sur son visage, mais rien n'arrêterait Taichi.
Le jeune homme blond suivit le brun dans la cage d'ascenseur avant que les portes ne se referment sur lui.
- Taï !! Tu peux me dire ce qu'il te prends ? D'abord, tu ne me dis même pas bonjour, puis, tu t'enfuis comme un voleur, qu'est-ce qui se passe ?
- C'est pas tes affaires T.K. Occupe toi de ma sœur plutôt que de t'occuper de moi.
Cette dernière remarque blessa Takeru, on sentait dans la voix du brun qu'il disait cela sur un ton cynique et dégoûté, manifestement, la relation que Takeru entretenait avec Hikari ne plaisait pas au grand-frère de celle-ci.
- Pourquoi dit- tu ça comme ça ? dit Takeru sur le ton désespéré.
Il n'y eu aucune réponse, une fois de plus, Taichi ne répondit rien. La porte coulissante s'ouvrit révélant l'entrée de l'immeuble et la pluie fine qui tombait à l'extérieur. Cela ne gênait pas Taichi outre mesure, il avait toujours bien supporté la pluie, à la rigueur, on pouvait presque dire qu'il aimait ça.
Takeru s'était immobilisé dans l'entrée, il regardait Taichi, essayant de comprendre le pourquoi de son comportement, il savait du moins, que c'était probablement dû à sa relation avec Yamato, mais jamais, même dans les pires disputes que les deux meilleurs amis avaient pu avoir, il n'avait été pris en compte, même si il prenait partie pour l'un ou l'autre, aucun des deux ne l'avait jamais rejeté. Cela lui faisait mal, mais il était assez fort pour le supporter. Il lui fallait juste un temps pour se reprendre. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que le temps qu'il se reprenne, Taichi avait déjà disparu. Il tenta bien de le poursuivre mais ne réussi à le retrouver. Celui-ci pouvait à présent être n'importe où.
