Chapitre 7 : Un joyeux noël

Le château était silencieux en ce début de vacances de noël, la plupart des élèves ayant rejoint leurs parents pour les fêtes. Harry avait appris que Draco Malfoy ne serait pas là non plus, ce qui ajoutait à sa joie. Pour lui, ces vacances n'en seraient pas. Il devait poursuivre ses cours qui seraient plus soutenus en raison du temps libre plus important dont il disposait. Ron l'accompagnerait mais pas Hermione qui était rentrée chez elle mais qui les avait harcelé pour qu'ils lui promettent de lui apprendre tout ce qu'elle aurait manqué pendant ces deux semaines. Ron du presque la pousser dans le carrosse qui l'amènerait jusqu'au train pour qu'elle parte enfin. Mais Harry avait surpris le regard lourd de tendresse qui était passé entre eux avant que la porte ne se referme.

Les jours passèrent semblables les uns aux autres où chaque soir Harry s'empressait de se coucher pour être frais et dispos le lendemain et donner le meilleur de lui-même pour s'améliorer au plus vite. Par les journaux, il savait que Voldemort faisait chaque jour de plus en plus de victimes et que le monde moldu commençait à se poser des questions, le ministère de la magie ne pouvant tout camoufler. Pour Harry, il était impératif de s'entraîner pour gagner.

*  *  *

Harry  tomba douloureusement sur le sol, inerte. Il avait reçu le sort en pleine poitrine avant de pouvoir le lancer. Ron et lui, sous les conseils du Professeur MacGonagall, apprenaient le sortilège de perte de conscience totale et durable. En effet, la lucidité ne revenait qu'au bout de 24 heures si personne ne vous faisait boire la potion qui servait d'antidote. Après administration de celle-ci, Harry revint à lui. Il se plaça à nouveau devant Ron qui simulait un adversaire mais il avait un avantage sur Harry. Pour tester et améliorer sa vitesse, son professeur de métamorphose lui avait recommandé de laisser sa baguette dans sa poche alors que Ron la tenait à la main. Il fallait qu'il soit plus rapide. Cela faisait six fois au moins qu'il perdait connaissance et son derrière commençait sérieusement à le faire souffrir. Heureusement, il avait acquis la formule et lorsque le signal fut lancé, Harry plongea la main dans sa poche et sortit sa baguette à une vitesse incroyable et avant que Ron n'ait pu ouvrir la bouche, il cria « Finite conscientia » et son ami tomba à la renverse, inconscient.

Tous ces cours se déroulaient désormais comme cela en vue d'être toujours plus rapide. Sa vie et peut-être celle des autres en dépendaient.

Ils apprirent également un autre sort qui était appelé sortilège de l'araignée. Après quelques essais infructueux, des fils épais semblables à ceux des toiles d'araignée jonchaient le sol et collaient aux murs et aux vêtements. Harry et Ron étaient fatigués mais tous deux étaient déterminés à maîtriser parfaitement ce dernier sort avant ce soir. Le regard fixe, le visage tendu, ils étaient prêts. Au signal, ils arrivèrent tous deux à lancer en même temps « aranea filum » . Des jets de fines cordes blanches s'engluèrent ensemble, s'entremêlant et Harry et Ron furent attirés, presque aspirés par cette force et se retrouvèrent face à face, le corps collé l'un à l'autre sans pouvoir s'en dépêtrer. Plus ils bougeaient et plus les fils les enserraient. Ils étaient prisonniers. Madame MacGonagall se leva de sa chaise, pointa sa baguette vers la masse de fils gluants et articula distinctement « evanesco ». La toile disparue et les deux amis furent libérés.

- Ca va aller pour aujourd'hui, dit leur professeur l'air tout à fait satisfaite, vous avez tous les deux bien progressés et êtes capables de réaliser chaque sortilège que vous avez appris jusqu'à maintenant. Et je suis particulièrement fière de vous Potter, ajouta-t-elle en se tournant vers lui un sourire aux lèvres, vous arrivez vite à sortir votre baguette et vous avez encore gagnez en rapidité. C'est excellent. Maintenant aller vos changer, le dîner ne va pas tarder à être servi. Et après tout, c'est la veille de noël. On vous laisse une journée de repos pour demain. Je sais que c'est peu mais la situation est quelque peu …  délicate et…il vaut mieux que vous en sachiez le plus possible pour vous défendre en cas d'attaque.

La perspective d'une journée de repos réjouissait Harry en le culpabilisant en même temps mais il la chassa résolument. Ce n'était pas en se tuant à la tâche qu'il y arriverait plus vite. 

Fraîchement lavés et habillés de propre, Harry et Ron descendirent dîner dans la grande salle où une table unique trônait en son milieu. Les professeurs Dumbledore, MacGonagall, Rogue et Madame Pince y étaient déjà installés ainsi que deux élèves de Serpentards qui rivalisaient par leur mutisme, trois Serdaigles de première année qui discutaient joyeusement ainsi que Ginny qui chuchotait à l'oreille d'une Rose passablement distraite par le charme « ravageur » du plus convoité et populaire des professeurs de Poudlard.

De son côté, Rogue désespérait de voir cette petite mijaurée cesser ses œillades de midinettes en mal des Bizarr' Brothers. Elle le regardait comme cela depuis des mois. Il commençait d'ailleurs à entendre ses collègues faire des plaisanteries sur lui et son élève. Il avait surpris quelques bouts de conversations à ce sujet parfois lorsqu'il rentrait dans la salle des professeurs ou faisait semblant d'être sorti en laissant la porte légèrement entrebâillée. Apparemment ses pairs en faisaient des gorges chaudes à ses frais. Il ne pouvait pas le supporter. Pourtant il avait tout essayé : les regards noirs qui loin de la découragée la rendait plus assidue, les réflexions sarcastiques et sèches, les humiliations répétées en classe ou ailleurs, l'ignorance, les menaces… rien…rien n'y avait fait. Non monsieur, rien ! Que pouvait-il faire d'autre ? Pour lui, la connaissance de la psychologie féminine était comme la matière grise de Goyle : inexistante. Que pouvait-il réellement faire pour la dégoûter ? Il avait déjà le cheveux gras ! Non, il fallait qu'il réfléchisse et vite.

Les yeux pétillants, Dumbledore observait la jeune fille qui faisait face à son professeur de potions et qui le dévorait d'un regard amoureux. Il réprima un petit rire lorsque Rose demanda la salière à Rogue qui lui tendit, réticent, et en profita pour lui frôler les doigts. Il lâcha le flacon en grognant mais Rose l'avait déjà en main et le directeur se demanda s'il reverrait jamais cette salière.  Rogue jetait à présent des regards furieux à tous les convives, qui le regardaient ou non, défiant chacun d'eux de dire quoi que ce soit. « Et bien, ça promet !» pensa-t-il amusé.

Il l'avait touché ! Mon dieu, il l'avait touché ! Ou plutôt, elle l'avait touché. Peu importe, ils s'étaient touchés et seul ça avait de l'importance. Et il a la peau si douce, il est si beau, si intelligent, si…pensait Rose encore plus amoureuse.

Harry avait remarqué la scène également et échangea avec Dumbledore un regard complice puis il pensa à Hermione qui devait être en train de réveillonner elle aussi. Puis il pensa à toute la famille Weasley qui avait toujours été très généreuse pour lui.

Les trois Serdaigles parlaient de Quidditch, les Serpentards parlaient de rien. Madame Pince pensait à l'arrivée de nouveaux livres cet après-midi. MacGonagall était fière d'Harry, oui, il était un très grand sorcier et ça ne l'étonnerait pas qu'un jour, il soit plus fort que Dumbledore lui-même.

Ginny, quant à elle pensait qu'il faudrait qu'elle fasse quelque chose pour encourager Harry à oser, à entreprendre un geste envers elle mais elle ne savait pas encore lequel. Oui, il fallait qu'elle y réfléchisse et vite.

La dinde était fameuse, pensait Ron, la viande très tendre, les haricots fondants à souhait et ces marrons…hum…un vrai délice. Il lorgnait la bûche au chocolat dont il avait l'impression qu'elle l'appelait désespérément.

Le dîner se passa relativement silencieusement et une fois les estomacs pleins, ils regagnèrent leurs quartiers où un lit chaud et accueillant les attendait. Et demain, il y aurait les cadeaux à déballer. En cet instant précis, Harry était pleinement heureux.

- Harry, le père noël est passé ! criait Ron tout excité. Viens vite. Y en a des tas.

Harry se leva d'un bond, couru jusqu'au sapin et entreprit de déballer ses cadeaux.

*  *  *

Le professeur Rogue n'en croyait pas ses yeux. Il avait reçu un cadeau ! Et ce n'était pas lui qui se l'était offert ! En ce 25 décembre, assis sur la chaise de son bureau, il tournait et retournait son cadeau enveloppé dans du papier rose. Il n'y avait aucune carte et il se demandait qui avait pu déposer ce paquet sur le pas de la porte de ses appartements. Quelque peu méfiant, il déchira le papier très doucement libérant peu à peu l'objet qu'il contenait. Il fut tellement surpris qu'il faillit lâcher le cadre qu'il tenait et qui représentait une jeune femme aux longs cheveux blonds, allongée sur un lit, seulement vêtue d'une nuisette en satin rouge sang. Rose Martin.

Il était tellement abasourdie qu'il n'entendit pas que quelqu'un avait frappé à sa porte et entrait. Rusard s'avançait vers le professeur qui lui avait demandé de passer dans son bureau pour chercher la potion qui le soulagerait de ses rhumatismes chroniques hivernaux. Il voyait bien que Rogue était en totale contemplation de ce qui semblait être une photo et il se demandait s'il l'avait entendu entrer. Il se racla la gorge pour signaler sa présence et jeta un coup d'œil au cadre. Rusard cru étouffer tandis que le professeur poussait un hurlement en essayant de cacher la photo sous sa robe de sorcier comme un voleur prit en faute. Mon dieu, le professeur Rogue était un pervers, il aimait regarder les femmes nues. Rusard n'aurait jamais cru cela de lui. Peut-être était-il abonnée à Sexy Sorcière ?

Rogue avait les joues en feu, il se sentait comme un voleur prit en faute, un pervers qui aimaient regarder les femmes en tenue légère. Il sentait le cadre sous sa robe de sorcier et…oh, non, mon dieu…inconsciemment, il l'avait mis à hauteur de son bas ventre ce qui montrait comme un protubérance à ce niveau. Que devait penser Rusard ?

Rusard fit semblant de ne pas avoir remarqué l'excitation flagrante du professeur. Quelle indécence ! Il voulait prendre au plus vite sa potion et s'enfuir à toutes jambes. C'était une élève, la fille sur la photo : c'était bien une élève. Mon dieu, à quoi passait-il son temps libre ? Rusard balayait du regard la pièce à la recherche d'un quelconque appareil photo ou tout autre objet suspect qui confirmerait ses soupçons quand il aperçu, aux murs… Oh ! Grand Merlin !…des chaînes… des chaînes…Le visage de Rusard devint pourpre et il semblait au bord de la crise cardiaque. Etaient-elles déjà là avant ? Il ne les avait jamais remarquées auparavant. Rogue vit qu'il regardait quelque chose sur un pan de mur et suivi son regard : les chaînes. Mon dieu, les apparences étaient contre lui aujourd'hui.

- Rusard, c'est un ancien cachot ici, répliqua Rogue sèchement le teint écarlate.

- Oui, je sais professeur et vous savez que j'ai beaucoup de respect pour vous et…

- Votre potion, cracha Rogue lui tendant le bocal contenant un liquide d'une belle couleur violette qui pouvait rivaliser avec la face de Rusard.

- Merci professeur.

Il sembla hésiter, puis comme pour se rattraper, ajouta, l'air à nouveau d'étouffer :

- Je sais que le professeur Vector est un … fin coquin également. Il est abonné à Playwizards magazine et il vous les prêtera sûrement si vous les lui dem…

- DEHORS, tonna Rogue qui étouffait à présent, ses yeux lançant des éclairs.

Rusard s'en fut sans demander son reste.

*  *  *

Il était midi passé quand Rogue descendit déjeuner. En chemin, il croisa Rusard qui rougit légèrement mais il fit comme s'il ne l'avait pas vu. Les mêmes convives que la veille étaient déjà installés à la table qui croulait sous les abondantes victuailles. Il s'assit et maudit encore la malchance qui l'avait placé une fois de plus en face de mademoiselle Sensualité. Un sourire radieux aux lèvres, elle lui lança un clin d'œil ce qui lui fit se remémorer la photo ainsi que la pose suggestive que le modèle avait prise. Il se rappela de sa bretelle qu'elle avait laissé glisser sur son épaule, la langue qu'elle s'était délibérément passée sur les lèvres, la main qui avait effleuré sa cuisse relevant doucement le satin écarlate. Il s'efforça d'enrayer ces souvenirs qui le troublaient légèrement en même temps qu'ils l'embarrassaient.

Il a rougi, je suis sûre qu'il a rougi, se réjouit Rose le cœur serré, il a reçu mon cadeau, ouvert et apprécié. Il ne me regardera plus de la même façon maintenant.

Harry dévisagea Rogue surpris de l'avoir vu rougir, ce qui se produisait souvent ces temps-ci. Il jeta un coup d'œil vers Dumbledore et pour la deuxième fois en deux jours, ils s'échangèrent un regard complice, un sourire aux lèvres.

Ginny avait également surpris cette scène étrange et se demanda ce que Rose avait bien pu faire car elle était sûre que son amie était coupable. Et apparemment les deux Serpentards, toujours plongés dans un mutisme profond, avaient aussi remarqué. Mais vraiment qui n'aurait pu ressentir la tension embarrassée qui s'était installée à l'arrivée du maître des potions ?

Oh, ces petits pâtés, divin ! Et cette quiche, hummm, merveilleuse ! Ron se régalait, savourant aussi bien le repas que l'atmosphère gaie de noël qui était palpable. Il se sentait vraiment bien. Il fut au comble du bonheur quand Dumbledore lança à la tablée :

- Pétards surprises !

Un instant plus tard, un joyeux brouhaha se faisait entendre avec quelques détonations parfois qui s'accompagnaient de Ooooohhhhh et de Aaaaaahhhhh dans de nombreux fous rires.

Les mains aussi pleines que leur estomac, les élèves regagnèrent leurs dortoirs pour profiter de leurs cadeaux.

La nouvelle année fut célébrée tout aussi gaiement et la fin des vacances se profila tellement vite qu'ils en restèrent abasourdis. Et déjà, les dortoirs se remplissaient des élèves qui avaient désertés Poudlard au profit de leur maison, au profit de leurs parents.