Petit mot avant de beginner :
D'accord, d'accord, personne ne reviewe cette fic, mais il s'agit tout de même de ma toute toute première fanfic alors je la tiens dans mon cœur… :') J'avoue en la relisant que je remarque qu'elle comporte plein de choses que j'ai envie de critiquer, mais je me dis que ce qui est écrit est écrit, alors…
Par exemple les chevaux ! (ou plutôt LE cheval) J'ai toujours détesté les histoires mettant en scène des animaux hyper attachés à leur maîtres, qui n'obéissent qu'à eux et deviennent soudainement supra-intelligents…Tout à fait comme Gauthiel, quoi ! ^-^ je sais pour avoir fait de l'équitation que les canassons sont tout sauf intellgients et qu'il ne faut pas attendre grand-chose d'eux…du moins si vous espérez un comportement humain en retour…Mais si vous les aimez pour ce qu'ils sont, alors oui, il est possible d'avoir de bonnes relations avec eux…
Oulala je devais juste expliquer deux-trois trucs et je me lance dans un discours éthologiste sur l'anthropomorphisme ! o_O Bon Gauthiel est un cheval elfique un peu trouillard sur les bords, mais il a été séparé de sa maman très jeune et il s'imagine que celle-ci se nomme legolas ! ^-^
PS : Je n'ai pas respecté les liens et les âges entre les différents elfes, mais de toute façon faudrait vraiment avoir lu tous les appendices du bouquin 38 fois pour se souvenir de tout… :)
Chapitre trois : Un nouveau départ.
« Et voici les écuries, monsieur Frodon – un travail d'artiste, pour sûr », fit le jeune Gamegie d'un air émerveillé.
« Oui, Sam » murmura Frodon en levant à son tour les yeux vers le haut portail doré. Depuis son réveil, il n'avait cessé d'être impressionné par la cité elfique et ses habitants. Tout lui semblait si paisible, presque hors du temps – comme si aucune ombre n'aurait jamais pu s'étendre sur ces terres.
« Ta pauvre bourrique n'a jamais du être aussi bien nourrie, Sammy », remarqua Pippin, qui observait le poney à travers les barreaux du box.
« Mon Bill ne s'est jamais plaint ! » riposta le hobbit grassouillet. Le jeune Touque ouvrit la bouche, probablement pour répliquer qu'un poney aurait difficilement pu « se plaindre », lorsque son regard fut soudain attiré par quelque chose d'autre.
« Mais c'est Legolas ! » s'exclama-t-il. « Hé, Lego ! »
Frodon vit Merry donner un coup de coude à son voisin en le traitant de « hobbit vulgaire et impoli ». Il se retourna pour voir qui son cousin avait appelé aussi familièrement. Il aperçut alors un elfe blond au beau visage grave, qui venait d'entrer dans l'écurie. Celui-ci sourit en arrivant près d'eux.
« C'est un plaisir de vous revoir, Maîtres Touque et Brandebouc. » Il se tourna vers les deux autres hobbits, et se présenta avec la politesse traditionnelle des elfes.
« Mon nom est Legolas Vertefeuille, je suis enchanté de faire votre connaissance. »
« Je suis Frodon Souc- heu, Sacquet » , répondit celui-ci, « et voici mon fidèle Samsagace Gamegie. » Le dénommé rougit jusqu'au oreilles, ce qui ne manqua pas d'amuser le prince de Mirkwood.
Ils discutèrent quelques minutes tous les cinq, puis finalement Merry leur rappela qu'ils devaient voir Gandalf avant d'aller à une « réunion importante ». Ce fut tout ce qu'ils donnèrent comme indications au blond, lequel ne fit aucune remarque mais ne douta pas qu'il s'agissait du Conseil. Les petits hommes le saluèrent chaleureusement avant de sortir de l'écurie.
Legolas se rendit jusqu'au box de Noctane, l'immense jument noire d'Elrond, qui manqua de lui arracher l'oreille en pensant que cette chose rose et pointue devait être comestible. Le jeune elfe savait, pour l'avoir déjà montée, que si cette bête paraissait incroyablement calme et sage eu premier abord, elle pouvait se déchaîner et jouer les véritables étalons si l'envie lui en prenait. « A l'image de son maître… » songea l'elfe avec un sourire en coin. Il quitta finalement la jument pour se diriger non sans une légère appréhension vers l'avant dernier box.
Gauthiel était là. Il se tenait de profil, collé contre le mur du fond, encolure basse. Il releva brusquement la tête lorsqu'il entendit du bruit et tordit le cou pour voir qui venait d'arriver. Legolas remarqua une cicatrice assez grosse courir le long de la joue de l'animal et se sentit mal. Tout était de faute.
Son cheval avait beau être extrêmement intelligent, il n'en restait pas moins un animal. Une bête qui réagissait à ses instincts, qui par conséquent essayait d'éviter les êtres susceptibles de lui nuire – dont son maître. Comment aurait-il pu comprendre ?
« Suis-je seulement digne de laisser l'écume blanche des vagues mourir à mes pieds
alors que mon corps est aussi sec que ces terres ignorées par la mer », murmura-t-il en elfique, psalmodiant les vers d'un très vieux poème qu'il avait toujours apprécié.
C'était d'ailleurs ce texte qui avait inspiré le nom de son cadeau d'anniversaire, offert il y a des années par le Seigneur de Fondcombe lui-même. La petite forme tremblotante aux reflets gris avait été baptisée du nom de l'écume, « Gauthiel ». Aujourd'hui, l'animal, qui n'était qu'à la moitié de sa vie, semblait soudain au jeune elfe aussi insaisissable et vaporeux que l'eau elle-même.
« Au dernier rayon de l'astre solaire », continua-t-il en chantant presque, toujours d'une voix douce et basse,
« La Bleue Majestueuse se retire en ses gorges profondes,
Replie ses vagues nourricières au plus profond de ses entrailles,
Laissant le monde aride et sans vie.
Pourtant, l'écume blanche résiste, s'échappe
Et persiste à venir s'échouer sur les cimetières de sable,
Où seuls les êtres solitaires sont spectateurs de sa mort. »
Le poème, comme tous les textes elfiques, était assez long, mais Legolas le connaissait par cœur. Il s'arrêta pourtant, lorsqu'il vit que son cheval le regardait fixement, oreilles dressées.
« Je te dois la vie, Mellon », chuchota Vertefeuille, mettant toute la reconnaissance dont il était capable dans ses yeux. L'animal le regarda un long moment, avant de finalement baisser le cou en soufflant bruyamment puis de s'avancer lentement. Redressant son encolure, il expira par les naseaux, et l'elfe sentit le souffle chaud de l'équidé sur son visage. Il sourit malgré lui, et son cœur se serra lorsque son vieil ami consentit à frotter ses naseaux humides contre sa joue.
D'un seul coup, Gauthiel se redressa et commença à s'ébrouer, avant de hennir doucement. Lorsqu'il tapa du pied, Legolas se rendit compte que son cheval ne devait pas être sorti des écuries depuis plusieurs jours maintenant, et qu'il devait certainement avoir besoin de se dégourdir les jambes. Il ouvrit donc la porte du box, permettant à l'équidé de sortir. Celui-ci se précipita hors de sa cage, tout heureux, mais s'arrêta néanmoins au milieu de l'allée, regardant son maître avec interrogation.
« Je ne devrais pas… » fit l'elfe avec un sourire, en se souvenant des conseils d'Elrond. Il décida néanmoins se sentir suffisamment en forme pour risquer une petite ballade matinale.
Il sauta lestement – comme toujours (NDA on est un elfe ou on ne l'est pas, hein ? ^-^-) – sur son destrier, qui traversa l'écurie au petit trot, tandis que les autres chevaux, dont Noctane, apparemment jalouse, hennissaient avec force.
« Legolas ? » fit une voix à gauche de celui-ci alors qu'il sortait du bâtiment. Le cheval s'arrêta, visiblement contrarié de se voir ainsi stoppé dans son élan.
« Tu ne devrais pas déjà repartir à cheval, tu es encore faible », lui fit remarquer l'elfe aux cheveux noirs d'un air réprobateur, il était soit peu rancunier, soit fort distrait – l'elfe de la Forêt Noire n'avait pourtant pas été très aimable avec lui la dernière fois.
Legolas soupira. « Fais-moi plaisir, Fiolas à l'avenir…évite-moi. » Il avait beau être d'excellente humeur, il restait cependant quelques petites choses qu'il ne pourrait jamais pardonner à qui que ce soit – embrasser le corps nu de son elfe, par exemple. Le palefrenier le regarda d'un air surpris, alors que l'autre continuait :
« Ca nous évitera des ennuis. A tous les deux. »
Le prince de Mirkwood n'eut même pas besoin de talonner son cheval cete fois-ci – l'animal parti immédiatement au galop.
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« Et qu'est-ce qu'un… Rôdeur connaît à ces choses-là ? » fit Boromir avec dédain.
Elrond haussa un sourcil le grand homme du Gondor avait beau être réputé pour être un guerrier exceptionnel, il avait apparemment une connaissance plus que limitée de l'histoire de son propre royaume. Privilégier l'art de la bataille à celui de la science…une erreur tellement humaine, songea le seigneur de Fondcombe avec aigreur. Son regard fut soudain attiré par la mince forme verte qui venait de se lever.
« Ce n'est pas un simple Rôdeur, » fit Legolas avec une lueur dans les yeux, « c'est Aragorn, fils d'Arathorn. Vous lui devez serment d'allégeance. »
« Aragorn ? Le descendant d'Isildur… » murmura le brun avec stupéfaction.
« L'héritier du trône du Gondor », ajouta l'elfe, toujours debout. « Asseyez-vous, Legolas » fit Grand-Pas en elfique, alors que l'homme blond obéissait à contrecoeur, ses yeux lançant toujours des éclairs dans la direction du fils de Denethor.
Celui-ci parut se ressaisir. « Le Gondor n'a pas de roi…il n'en a pas besoin, » déclara Boromir avec dégoût avant de s'asseoir à son tour.
Elrond soupira intérieurement tous étaient rassemblés ici dans le même but – sauver la Terre du Milieu – mais déjà des conflits éclataient, ou renaissaient. L'elfe aux cheveux bruns savait que le véritable pouvoir du Seigneur du Mordor ne résidait pas en ses immenses armées, somme toute destructibles, mais en bien en la discorde qu'Il pouvait créer même en son absence.
Comme le père de L'Etoile du Soir l'avait craint, le Conseil risquait de durer des heures. Pourtant, ce n'était pas réellement le temps qui l'inquiétait, bien qu'il sut que Sauron préparait ses plans dans l'ombre sa véritable appréhension était que les peuples ici réunis se perdent en longues discussions et vieilles rancoeurs, et qu'au final aucune solution décisive ne soit prise.
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« Mon épée est votre », dit le fils d'Arathorn en s'agenouillant devant le jeune hobbit. Elrond se retint difficilement de sourire.
Alors qu'il s'apprêtait à demander – inutilement, bien sûr – à Gandalf s'il accompagnerait lui aussi le Semi-homme, un elfe se leva, et le président de l'assemblée sentit son souffle se couper. Rassieds-toi, lui ordonna-t-il mentalement.
Mais l'elfe aux cheveux blonds s'approcha du hobbit. « Et mon arc est votre », déclara-t-il avec détermination. Le Prince de La Forêt noire fut bientôt suivi par un nain qui leva sa hache d'un air menaçant, mais Elrond n'y prêta pas attention. Legolas ne pouvait pas partir avec eux il était bien trop faible. Si le Seigneur de Fondcombe avait su que la première chose que le jeune convalescent aurait faite en quittant sa chambre était de sauter sur son cheval, il l'aurait tenu enfermé jusqu'au Conseil.
De plus, son protégé mourrait probablement au cours de ce voyage, malgré son habileté à l'arc et ses talents de combat – Thranduil ne pardonnerait pas aussi facilement que cela à son cousin d'avoir laissé son fils se faire tuer pour une mission à laquelle il n'aurait même pas été indispensable.
Sans compter que le Seigneur de Fondcombe avait lui-même besoin de lui.
Cette expédition semblait vouée à l'échec, de tout point de vue. Un semi-homme, qui traverserait la moitié de la Terre du Milieu pour se rendre en Mordor, puis essaierait d'atteindre la Montagne du Destin pour y détruire l'Anneau Unique – cela paraissait être de la folie pure. Même si Aragorn se joignait à lui, ils ne pouvaient faire face à la puissance du Seigneur Sombre.
Pourtant, le seigneur de Fondcombe avait foi en cette quête – une intuition étrange le confortait dans cette idée, sans qu'il ne sache pourquoi. Ce qui réjouissait réellement le seigneur de la cité, c'était qu'après des heures de divergences, les différents peuples avaient finalement réussi à se mettre d'accord, ce qui prouvait que tout n'était pas perdu pour la Terre du Milieu et ses habitants.
« Vous serez donc la communauté de l'Anneau », déclara-t-il avec fierté, tandis que devant lui se dressaient les neufs volontaires. L'elfe aux cheveux sombres ressentit cependant une pointe d'amertume, dont il ne montra rien, à l'idée que certains d'entre eux ne vivraient probablement plus longtemps – il avait foi en son fils adoptif, qui avait toujours fait montre d'un courage et d'une sagesse étonnante. Il était heureux de ce que cette Alliance symbolisait : l'entente entre les peuples de la Terre du Milieu.
Cependant, le Seigneur de Fondcombe jura que, d'une manière ou d'une autre, cette communauté, dont le départ était prévu pour le lendemain, verrait l'un de ses membres remplacés – il décida en effet d'avoir une petite discussion avec un certain prince un peu trop inconscient à son goût.
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« Mon cher Aragorn », fit le nain de sa grosse voix, « je suis certain que cette mission s'accomplirait bien plus facilement sans la présence de ces maudits elfes prétentieux. Ils attirent les ennuis comme de véritables oiseaux de malheur. » Il ne prit même pas la peine de baisser le ton, alors que les participants du Conseil se dispersaient lentement et que la terrasse était encore remplie de membres de la race elfique.
Legolas l'entendit, mais ne fit aucun commentaire, estimant être indigne de s'abaisser au niveau du guerrier à la barbe rousse en répondant à ses insultes.
« Je suis certain que chaque membre de cette communauté se révélera utile et nécessaire en temps voulu, Gimli », fit le Rôdeur avec patience. Pourtant, cela n'empêcha pas le nain de lancer un regard plus que hargneux à l'elfe blond, en quittant à son tour la pièce en plein air. Legolas sentit sa mâchoire se crisper malgré lui et son arc le démangea.
« Cette haine ancestrale ne s'appuie sur aucune preuve réelle », déclara une voix légèrement attristée derrière lui. Le Prince de Mirkwood se retourna et vit le fils d'Arathorn qui l'observait avec une expression indéfinissable. « Les elfes et les nains se sont toujours méprisés mutuellement, de par leurs physique opposés. Pourtant, j'ai pu constater que ces deux peuples avaient bien plus de choses en commun qu'ils ne le croyaient. Vous aimez vos bois…eux leurs pierres. » Il eut un bref sourire. « C'est ce qui me désole. »
Legolas se sentit légèrement agacé du fait qu'un humain se permettre ainsi de lui faire la morale et de le comparer à une créature aussi répugnante et sous-développée – puis il se rappela qui était l'homme en question et admit avec réticence que celui-ci n'avait peut-être pas tort.
« Vous soucier des races autres que la votre est une noble pensée », déclara finalement l'elfe d'un ton neutre. « Je pensais pourtant que seul le royaume du Gondor aurait eu l'honneur de susciter votre intérêt. » L'homme à la barbe noire balaya l'air de sa main. « D'autres personnes s'occupent de ces terres depuis des décennies et n'ont jamais failli à leur tâche. Je suis certain que le Gondor ne pourrait être plus vaillamment défendu qu'en ces jours présents. » Il passa devant Legolas, avant de se retourner une dernière fois.
« Je ne faisais qu'exprimer une déception personnelle, » expliqua-t-il d'un air sombre, puis son visage s'illumina soudain d'un sourire franc, comme s'il voulait chasser ses sombres pensées. Le prince de Mirkwood ressentit aussitôt une chaleur étrange au creux de l'estomac. Le Rôdeur hocha la tête et disparut finalement, et l'elfe décida de partir lui aussi.
Brusquement, il sentit ses cheveux se dresser sur la nuque. Il parcourut la terrasse du regard, et aperçut Elrond, entourés de plusieurs de ses conseillers, lesquels étaient en en pleine discussion. Pourtant, l'elfe aux cheveux bruns le regardait d'un air qui ne présageait rien de bon.
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« Ils n'ont aucune chance, nous pourrions aussi bien envoyer directement l'Unique au Seigneur Ténébreux ! » s'exclama Galdor, qui était résolument contre l'idée de cette communauté.
« Si Gandalf et Estel les accompagnent, cette mission ne peut échouer », protesta le jeune Glorfindel avec véhémence.
« Estel reste un homme, même s'il est de sang royal. Quant à Gandalf, bien que je ne doute pas qu'il soit un Istari de pouvoir, nous devons bien reconnaître qu'il est aussi imprévisible que têtu, » répliqua le premier elfe.
« J'ai toute confiance en ces deux hommes », intervint Elrond, dans l'espoir de calmer les esprits échauffés par la menace d'une guerre imminente. « Gandalf a juré de prendre soin du hobbit et de veiller à ce que personne ne s'empare de l'Anneau de pouvoir. »
« Même si l'Unique est détruit, » déclara calmement un elfe aux cheveux gris, « le pouvoir du Mordor n'en sera pas moins diminué, ni ses armées dissoutes. » Il se tourna vers le seigneur de Fondcombe. « Elrond, les hommes ne sont plus aussi courageux et fiables que lors de notre dernière alliance leur proposer notre aide ne résulterait que de la mort de plusieurs milliers de membres de notre race. La plupart d'entre nous ont déjà commencé à migrer vers les Havres – nous n'avons pas le choix. »
Presque tous les conseillers présents hochèrent la tête et le père de l'Etoile du Soir en fit de même, bien qu'il hésitât encore sur la véritable destinée de son peuple. Les elfes étaient-ils intelligents, de sauver ainsi leur peau…ou au contraire lâches, pour s'enfuir avec autant de précipitation ? La véritable noblesse résidait-elle dans la sagesse ou le courage ?
Galdor recommença à exprimer ses idées, mais Elrond ne l'écoutait déjà plus : il observait son fils adoptif en pleine discussion avec un elfe blond. Le Rôdeur sourit, avant de disparaître, mais au lieu de ce sentiment de fierté paternelle qu'il ressentait habituellement – malgré le fait que l'homme en question ne soit pas son fils réel – ce fut une pointe de…jalousie ? qui traversa le président du Conseil.
Il s'était déjà étonné du comportement de Legolas, qui lui semblait-il avait défendu le fils d'Arathorn avec un peu trop de passion lors du Conseil. L'elfe aux cheveux blonds se retourna soudain, plantant ses yeux azur dans le regard, plus sombre, du seigneur de Fondcombe.
Si purs, si enfantins…Malgré le millénaire passé de l'elfe, ses yeux trahiraient toujours un comportement de poulain capricieux. Un animal sauvage qu'Elrond avait eu beaucoup de mal à apprivoiser, mais auquel il se sentait prêt à donner une énième leçon de dressage aujourd'hui - Legolas comprendrait vite qu'il aurait tout à perdre en quittant Fondcombe.
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« Oui, et te souviens-tu de la fois où tu as faillit te noyer dans la Bruinen ? Heureusement que j'étais là », dit Glorfindel en éclatant de rire. Legolas fit chorus il n'avait rien oublié de cet accident qui lui avait presque coûté la vie. Pourtant, plusieurs décennies après, cet épisode lui semblait plus amusant que réellement dangereux.
« Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi », admit-il en se reprenant. Les deux elfes avaient passé toute l'après-midi ensemble, et le Prince de Mirkwood devait bien reconnaître qu'évoquer les souvenirs du « bon vieux temps de son apprentissage » était un réel plaisir.
Glorfindel prit soudain un air sérieux, et fixa son ami avec regret. « J'aurais aimé t'accompagner, mellon nim. Mais la plupart des membres de mon clan sont déjà partis vers les Havres depuis longtemps, et je dois-même prendre la mer avec mes cousins dans quelques lunes. Sois assuré que si j'avais pu, je serais venu avec toi… »
« Je sais », murmura l'autre. L'ambiance s'était soudainement assombrie dans la petite bibliothèque où les deux compagnons avaient trouvé refuge.
« J'espère seulement que tu t'en sortiras vivant et que tu nous rejoindras aux Havres – ou du moins que tu viennes nous rendre une petite visite avant de succéder au trône de ton père, » continua l'elfe aux cheveux bruns avec un léger sourire.
Legolas acquiesça lentement, hochant la tête avec reconnaissance. C'était probablement la dernière fois que les deux amis se voyaient et ils le savaient.
« Bon, fin de la minute de nostalgie » s'exclama brusquement Glorfindel, une lueur apparaissant dans son regard. « Toujours célibataire ? »
Le blond, surpris du brusque changement de conversation de son interlocuteur, faillit s'étouffer. « Qu'est-ce qui te fait croire ça ? » répondit-il, feignant l'indignation.
« Et bien, je suppose que s'il y avait eu une demoiselle, tu m'en aurais déjà parlé… »
Une demoiselle...Legolas secoua la tête, essayant de gagner du temps pour réfléchir à ce qu'il pourrait bien répliquer. Sa réconciliation avec Elrond était si proche…leur relation si faible encore…Dans le fond, il n'y avait rien de concret. Après l'avoir serré dans ses bras, le seigneur de la cité s'était levé et lui avait dit de prendre encore un peu de repos avant le Conseil – ce que son élève n'avait évidemment pas fait. Puis son ex-amant était sorti, sans même un baiser…
De plus, avouer son homosexualité à son ami la veille de son départ n'était peut-être pas une bonne idée.
Un coup discret lui fit soudain dresser l'oreille (qu'il avait minouche à croquer…^-^). Un homme aux longs cheveux roux se tenait devant la porte. « Legolas Vertefeuille ? » dit-il d'une voix douce.
Celui-ci se leva, et hocha la tête. « Le seigneur Elrond vous fait demander. » Glorfindel lança un bref regard à Legolas, qui se pencha vers lui. « On se retrouve au souper, d'accord ? » chuchota-t-il. Son camarade fit une moue interrogative, mais se contenta d'un signe de tête.
« Désirez-vous que je vous montre le chemin ? » demanda poliment l'elfe roux.
« Non, je vous remercie, » répondit le blond avec respect, comme la politesse elfique l'exigeait. « Je connais », expliqua-t-il d'un air sombre. Il murmura un bref « merci » à son aîné, qui avait eu l'affront de lui proposer une aide alors qu'il connaissait probablement moins bien les lieux que le prince de la Forêt noire lui-même, et sortit de la bibliothèque.
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Alors que Legolas marchait d'un pas rapide dans le couloir qui menait aux appartements d'Elrond, il croisa soudain un grand homme. Celui-ci le reconnut, et dit en souriant, à travers son immense barbe grise : « Voici donc notre volontaire elfe ! »
L'héritier de Mirkwood fut étonné d'entendre l'homme parler en elfique, puis il se traita mentalement d'idiot : un magicien aussi puissant que Mithrandir devait certainement connaître la plupart des langages de la Terre du Milieu – voire plus loin.
« Les elfes de la Forêt Noire sont réputés pour leur bravoure », fit Aragorn, qui venait d'arriver derrière Gandalf et s'arrêta à leur hauteur.
« Oui…et les hobbits sont dits peureux, alors que le récit qu'il m'a été donné d'entendre ce matin m'a grandement fait douter de ce que l'on raconte, » répliqua Legolas en souriant également, néanmoins légèrement gêné.
« Ils sont trouillards, voilà la vérité », grommela le vieux mage, « mais comme toute créature qui possède ne serait-ce qu'un quart d'intelligence, ils sont capables de courir vite lorsque leur derrière se trouve en danger. »
Aragorn émit un « tss » en secouant la tête, mais l'elfe blond put voir qu'il essayait difficilement de réprimer un sourire.
« Ne les surestimez pas, jeune Prince de Mirkwood », le mit en garde l'homme au chapeau pointu. « Mais ne les sous-estimez surtout pas non plus. Apprenez simplement à les juger à leur propre valeur – de même que je déciderais peut-être au cours de la mission que la légendaire arrogance des elfes de votre forêt n'est qu'une…légende. »
Legolas eut soudain l'impression de se retrouver face à son père le magicien avait la même voix grave, bien que ses yeux semblaient pétiller.
« Il aura tout le temps d'apprendre à connaître nos héros durant le voyage », ajouta Aragorn en lançant un clin d'œil discret à l'elfe. Gandalf hocha la tête en murmurant quelque chose que le blond ne put comprendre, et finalement les deux hommes prirent congé du Prince, qui se retrouva seul dans le large couloir, encore ensoleillé en cette fin d'après-midi.
Pourquoi avait-il toujours l'impression de passer pour un gosse lorsqu'il était en présence du fils d'Arathorn ?!
Il n'eut cependant pas le temps d'y réfléchir devant lui se dressait la belle porte en bois aux dessins gravés. Combien de fois avait-il eut le loisir de la contempler…Sans perdre de temps, il frappa. Legolas était déterminé à partir, et il défendrait son choix, qu'il savait être le bon – il ne doutait pas que c'était là le but de sa convocation.
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« Entrez. »
Le jeune elfe obéit, et trouva le seigneur de Fondcombe assit dans un fauteuil, le menton sur la main, l'air soucieux. « Assieds-toi », lui dit-il d'une voix étrangement calme qui décontenança son cadet. Celui-ci s'exécuta.
« Vous vouliez me voir ? » dit-il d'un ton poli, restant sur ses gardes. Elrond se redressa et inspira, prenant l'attitude du professeur qui s'apprête à enseigner une chose difficile à son élève. Mais Legolas ne se laisserait pas avoir, cette fois-ci.
« J'ai un petit problème, avec l'idée de te laisser partir » annonça l'elfe brun tout de go. Le blond se sentit mine de rien flatté, même s'il n'en montra rien. Que le père de l'Etoile du Soir s'inquiète pour lui était après tout révélateur. Il comprenait ses craintes, et lui-même regrettait de devoir partir, mais il savait au fond de lui que sa voie était déjà tracée.
« Il le faut pourtant. Une alliance entre les différents peuples ne peut qu'être bénéfique, et ils auront besoin de mes talents d'archers. »
Elrond releva la tête, sourcils haussés. « De tes talents ? Oui, tu es doué, je n'en doute pas, mais tu n'es pas le seul. J'ai demandé à Velgel de partir à ta place. »
« Velgel ? Mais il est plus jeune que moi ! Je suis tout à fait capable de les accompagner et - »
« Je le sais, mon jeune elfe, mais ne te surestime pas, cependant. »
Legolas crispa sa mâchoire. Si le seigneur de Fondcombe n'osait lui dire la véritable raison pour laquelle il ne voulait le voir partir, alors à quoi bon toute cette scène l'autre jour ? S'il tenait tant à garder l'elfe de Mirkwood près de lui, qu'il le lui avoue ! Celui-ci ne lui en voudrait pas – au contraire.
« Il se trouve que si Thranduil t'avait confié à moi pour t'éduquer il y a de cela plusieurs décennies, je suppose qu'il me fait toujours confiance aujourd'hui. Je ne peux me présenter à lui et lui annoncer que j'ai envoyé son unique héritier à la mort. »
Vertefeuille sentit ses espoirs fondrent comme neige au soleil. Et ses résolutions croîtrent à une vitesse extraordinaire.
« Je suis adulte. Oh, vous pouvez me traiter de gamin », fit-il en remarquant le froncement de sourcils de son aîné, « mais j'ai légalement l'âge d'aller où bon me semble. »
« Je ne peux te laisser partir ! » s'énerva le brun. « Le trône te revient de droit et ta mort entraînerait bien trop de querelles au sein de la Forêt Noire - »
Cette fois-ci, le blond s'engouffra dans la porte que lui avait ouverte son ancien maître. « Et Aragorn ? N'est-il pas lui aussi l'héritier d'un trône ? Sa mort serait une perte bien plus grave. Les membres de mon peuple éliraient un monarque digne de ce nom, mais j'en suis sûr. Mais les humains sont si belliqueux ! Pourtant, vous ne vous opposez pas à l'idée que votre fils parte, à ce que je sache ? »
Elrond soupira et il secoua la tête. « Le départ d'Estel me déchire le cœur, mais il s'agit de son destin, et - »
« Et le mien ! » A nouveau, Legolas avait perdu tout contrôle de lui-même et son cœur battait la chamade. « Peut-être est-il semblable au sien ? Je ne sais pas s'il est écrit quelque part que je doive partir ou rester ici, mais je ne vois pas pourquoi je devrais laisser cet homme aller seul à la mort parce qu'il s'agit soi-disant de sa destinée ! »
Il vit les yeux de son ancien amant se rétrécir. « Oui, tu ne veux pas le quitter, c'est cela ? » Legolas déglutit, soudainement coupé dans son élan.
« J'ai vu la façon dont tu le regardes », continua Elrond d'un ton mauvais qui lui était inhabituel. « Il est fréquent que mon fils adoptif attire les regards des elfes de cette cité mais ce ne sont en général que de gamines de 500 ans à peine ! » Il avait presque craché ces derniers mots, et le prince de Mirkwood devina qu'il était jaloux. Jaloux par amour, ou par possession ? Legolas refusait de n'être qu'un animal domestique de pedigree trop élevé pour être tué.
« Pourquoi ne voulez-vous pas que je parte ? »
« Ne change pas de sujet. »
« Alors répondez à ma question…sincèrement. »
L'elfe brun se redressa, reprenant une profonde inspiration – et par la même son attitude austère et rigide. « Je te l'ai déjà dit, je ne peux faire cela à Thranduil. Je le respecte trop pour cela. »
Ils se jaugèrent du regard un instant. Le blond se leva brusquement de son fauteuil, les bras tremblants, et se dirigea vers la porte.
« J'espère que tu as pris la bonne décision », lui lança l'autre d'un ton autoritaire.
« Oui », fit Legolas d'une voix froide, se retournant pour faire face à celui qu'il avait cru aimer réciproquement. Dans une autre vie.
« Je partirai. » Ses yeux restaient embués, mais sa voix semblait étrangement mature, à la fois calme et décidée. « Je ne vois pas l'intérêt de rester dans un lieu où de toute façon ma présence n'est pas souhaitée. » Il se retourna et sortit de la pièce. S'il s'était attardé peut-être une ou deux secondes de plus, il aurait pu voir le visage de son ancien amant se flétrir, et l'expression de celui-ci passer de la colère à la douleur.
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