Le favori

Par Maria Ferrari

Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

—Chapitre 2—

« Maître, sans vouloir avoir l'air de vous donner des – hem ! – ordres. »

Le dernier mot n'avait été que murmuré et Queudver fit une pause pour surveiller l'expression de son Maître afin de vérifier s'il n'était pas outré que son subordonné ose lui adresser la parole sans qu'il lui en ait donné l'autorisation, et surtout se permette de le critiquer. Chaque jour qui passait, Pettigrow se montrait un peu plus audacieux envers son Lord il avait énormément grandi dans son estime depuis sa résurrection et tentait d'en profiter au mieux, ce dans les limites du raisonnable. Il se demandait d'ailleurs si ce n'était pas dépasser ces limites que d'avoir l'air de reprocher quelque chose au Seigneur des Ténèbres, d'où sa méfiance : il s'agissait de se faire une place au soleil, pas de tomber tout au bas de l'échelle.

Il se voyait déjà avec un poste important dans le gouvernement lorsque les Mangemorts auraient conquis le pouvoir et il serait riche et il aurait toutes les femmes qu'il voudrait et elles se pendraient toutes à son cou et tout le monde scanderait son nom dans la rue et les gens lui demanderaient des autographes et… et…

Et ce serait formidable.

Le Seigneur des Ténèbres arborait un air vaguement nostalgique et un peu triste auquel il n'avait pas accoutumé Peter : son Lord avait presque l'air humain c'était parfaitement déstabilisant en plus, cela l'encourageait à se montrer vraiment très audacieux, ce qui n'était rien moins que prudent.

« Voyez-vous, je trouve étrange que vous attendiez tant de temps avant de lancer une attaque est-ce bien raisonnable de laisser à Dumbledore et au ministère le temps de préparer leur défense ? »

Voldemort ne lui prêtait pas la moindre attention et observait le genre humain qui s'agitait sous ses fenêtres. Il paraissait particulièrement sensible aux couples qui passaient, bras dessus, bras dessous, et poussait un profond soupir à chaque fois qu'il en voyait un, faisant froncer les sourcils de Pettigrow qui ne comprenait pas.

« Maître, cela fait trois mois que vous êtes revenu, et à part que vous avez – sans succès hélas – tenté de tuer Harry Potter, à part aussi les réunions », Peter prit le temps de déglutir tant le mot qu'il s'apprêtait à prononcer pouvait se révéler funeste, « stériles auxquelles vous nous conviez tous chaque semaine, vous n'avez… pas fait grand-chose… pour ne pas dire rien. »

Si ces quelques mots avaient été dit très bas et sur le ton de la plus basse soumission, il n'en restait pas moins que Peter avait osés les prononcer – qu'il se présente celui qui pourrait en faire autant ! – il s'enhardissait toujours un peu plus devant son nouveau statut chez les Mangemorts. Après tout, c'était grâce à lui qu'Il était revenu, et le Malefoy avait dégringolé dans l'estime de son Maître – ce qui n'était qu'un juste retour des choses – d'ailleurs, le Malefoy ne venait même plus aux réunions il aurait certainement à subir le courroux de son Maître un jour ou l'autre, et ce serait bien fait pour lui ! Oui, s'il y avait bien une personne au monde envers qui son Lord avait une dette, c'était bien lui – et pas Malefoy ! – certes, il n'avait jamais été témoin que son Lord ait fait preuve d'une quelconque gratitude envers qui que ce soit, mais cela ne voulait pas dire que ça ne s'était jamais produit et que cela ne pourrait pas arriver encore.

Outre qu'il s'exagérait son mérite et sa position, le manque de réaction de son Lord devant sa remarque pertinente quoiqu'osée tendait à augmenter sa confiance en lui le grade de lieutenant du Seigneur des Ténèbres, laissé vacant par le Malefoy, lui ouvrait grands les bras.

Mais Voldemort ne réagissait toujours pas Pettigrow commença à douter qu'il l'ait entendu et se demanda s'il était judicieux de se répéter. Une idée germa dans son esprit qui lui épargna cette peine.

« Oh ! Je vois ! J'ai compris ! Veuillez excuser les doutes que j'ai eus quant à votre plan ! Il est tout bonnement génial ! Tout comme vous d'ailleurs. En fait, vous voulez endormir la méfiance de Dumbledore et conforter le ministère dans leur position : c'est-à-dire nier votre retour ! Joli, très joli. Cela réclame de la patience, soit, mais vous saurez l'être et nous le serons aussi car vous avez une fois de plus raison !

— Queudver, peux-tu m'enseigner l'utilité d'avoir de nouveau un corps humain si Lucius me fuit ? »

Peter eut l'impression de se prendre un coup de pelle en travers de la figure comment son Lord pouvait-il se plaindre de la perte de ce couard de Malefoy, ce traître, ce… ce…

« Lucius Malefoy ne vous a pas – contrairement à moi – été très fidèle », fit-il – très justement – remarquer. Cette phrase malheureuse – qui était pourtant le reflet exact de la vérité, preuve s'il en fallait une que toute vérité n'était pas bonne à dire – eut le don de faire bondir Voldemort.

« Pardon ? Qu'ouis-je ? Mon Cher Lucius ne m'aurait pas été fidèle ? Comment oses-tu alléguer pareille infamie ? As-tu des preuves de son infidélité ?

— Hé bien, c'est-à-dire que… bredouilla Peter, surpris du ton véhément de son Lord, je ne dis pas qu'il vous a trahi mais… il n'a pas cherché à vous retrouver et, mis à part le premier jour de votre retour, il n'a pas répondu une seule fois à vos appels, ce qui est un grave manquement à son devoir de Mangemort… à moins qu'il soit dispensé de venir aux réunions et que je l'ignore.

— Ecoute-moi attentivement Queudver : Lucius peut me trahir autant qu'il veut, cela ne signifie pas pour autant qu'il m'est infidèle. »

Peter écarquilla les yeux quelle était donc cette nouvelle fantaisie ?

« Ah bon, se contenta-t-il de dire, sentant que son Maître attendait une réponse de sa part.

— Oui, as-tu bien compris ce que je t'ai dit ? As-tu imprimé chaque mot dans ton esprit tordu et étriqué ?

— Hem, heu oui », préféra convenir Queudver. Il n'était pas sûr d'avoir bien saisi le sens profond des paroles de son Lord, mais préférait ne pas le contrarier alors qu'il semblait soudainement très remonté contre lui. C'était parfaitement injuste d'ailleurs, s'il y avait une personne à blâmer, c'était le Malefoy et voilà que son maître prenait sa défense !

« Bien, reprit Voldemort. A présent, sais-tu pourquoi Lucius fuit ma présence ? »

Peter se permit un instant de réflexion, mais ne put trouver de réponse convenable en eût-il trouvée une qu'il se serait bien gardé de la dire étant donné le brusque accès de colère de son Lord lorsqu'il s'était permis de mettre en doute la fidélité du Malefoy.

« A vrai dire, je ne sais pas, répondit-il finalement.

— Je vais te le dire moi il déteste mon aspect : je suis hideux !

— Oh non, contredit Queudver pour la forme.

— Si, assura gravement Voldemort.

— Non, je vous assure Maître : vous n'êtes absolument pas hideux ! insista Queudver toujours pour la forme mais il aurait mieux fait mieux d'arrêter parce que ça commençait vraiment à se voir.

— Suffit avec ton hypocrisie Queudver ! Cela devient très agaçant ! Je suis hideux, comment peux-tu le nier ? »

Peter jugea plus sain de se taire puisque mentir n'était pas une solution et qu'aller dans son sens se révèlerait certainement pire.

« J'ai été beau à une époque, même très beau, tu sais, assura Voldemort, à nouveau nostalgique.

— Oh oui, Maître, confirma Queudver, cette fois plutôt sincère.

— ça, à cette époque-là, Lucius ne me fuyait pas. C'est un esthète, mon aspect d'aujourd'hui le dégoûte. C'est à peine s'il supporte ma présence dans son champ de vision. Il m'évite.

— Peut-être qu'un ou deux Doloris le ramèneraient à…

— Qu'entends-je ? Des doloris ? Sur la personne de Lucius ? Encore une proposition de ce genre et je la retourne contre toi Queudver ! »

Pettigrow sentit que son statut était mis en danger. Il valait mieux recommencer à bien peser ses propos. Tout de même, quelle injustice ! Il avait retrouvé son lord, l'avait aidé, lui avait offert sa main certes, à présent, il avait une prothèse en argent pour la remplacer, mais tout de même ! Et puis, c'était bien joli une main en argent, mais il y a certaines choses qu'on peut se permettre avec une main de chair, mais point avec une main métallique. Et voilà que le Malefoy qui n'avait rien fait de tout ça, qui ne se donnait même pas la peine de venir aux réunions et qui avait de toute façon probablement changé de camp (ce juste à cause d'un problème de beauté physique selon son Lord) était encore favorisé par rapport à lui.

La jalousie légitime que ressentait Pettigrow envers Lucius se fit plus vive que jamais pourquoi Voldemort restait encore tant attaché au Malefoy ?

« Si je puis me permettre Maître, pourquoi vouloir Lucius Malefoy ? Vous m'avez moi ! » s'exclama-t-il naïvement.

Voldemort contempla son adepte de haut en bas et fit une grimace de dégoût.

« Je suis hideux mais je ne suis pas désespéré ! » s'exclama-t-il pour toute réponse.