Le favori

Par Maria Ferrari

Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

—Chapitre 4—

Qu'allait-il dire à Dumbledore pour justifier sa demande d'asile ? La vérité ?

« J'étais l'amant de Voldemort, seulement à présent il est affreusement laid et il me dégoûte du coup j'ai décidé de changer de camp afin de préserver mon beau petit corps de ses pattes toutes moches et toutes osseuses. »

La vérité n'était guère reluisante il valait mieux trouver autre chose. D'ailleurs, il ne se voyait pas raconter sa vie sexuelle à Dumbledore et avec pareille raison celui-ci risquait de l'envoyer paître – prétextant qu'il récoltait ce qu'il avait semé –, de se moquer de lui – l'occasion était trop belle pour qu'il y résiste – ou encore de profiter de la situation d'une quelconque manière pour se servir de lui ou le rabaisser.

Il monta l'escalier qui menait aux appartements de Dumbledore en réfléchissant à ce qu'il pourrait inventer Rusard marchait devant, c'était lui qui avait énoncé le mot de passe devant la gargouille. Arrivé sur le palier, le concierge frappa à la porte.

« Entrez donc mon bon Rusard ainsi que vous, Lucius. »

Maudit Dumbledore, il fallait toujours qu'il sache avant même qu'elles aient dit un mot quelles étaient les personnes derrière sa porte, habitude agaçante s'il en était. Rusard le laissa passer devant lui et ils entrèrent. Le directeur de Poudlard était assis à son bureau, habillé de ses frusques de carnaval habituelles, les yeux bien ouverts, le sourire moqueur – ou accueillant, c'était difficile à dire – l'heure était tardive, mais, à le voir ainsi, on aurait pu croire qu'il les attendait, ce qui eut le don d'irriter Lucius.

« Bonsoir Dumbledore, dit-il d'un ton aimable.

— Bonsoir Lucius.

— Je suis désolé de vous déranger, intervint Rusard, qui était conscient de l'heure. Il vient d'arriver pour demander asile je ne voyais pas quoi faire d'autre que vous l'amenez.

— Vous avez bien fait, Rusard. Vous pouvez nous laisser et retourner à votre ronde », fit Albus avec un sourire et un hochement de tête.

Rusard prit congé et s'en retourna bien vite surveiller les couloirs. Les vauriens qui servaient d'élèves à cette école semblaient deviner quand il n'était plus là pour les prendre sur le fait heureusement, Miss Teigne était là pour veiller quand il lui fallait s'absenter.

Dumbledore invita Lucius à s'asseoir et prit le temps de l'observer avant d'entamer la conversation. Même si Lucius s'appliquait à prendre l'air dégagé, le directeur voyait bien qu'il n'était guère à l'aise le fait qu'il se retrouve contraint de quémander l'aide d'une personne qu'il avait toujours ouvertement méprisé n'y était certainement pas pour rien.

« Ainsi, vous venez me demander asile.

— Oui, tout à fait humblement.

— Humblement », répéta Albus avec une moue dubitative il doutait que Lucius puisse faire quoi que ce soit de façon humble. « Et pouvez-vous m'expliquer les raisons de cette demande ? »

Lucius décida rapidement de ce qu'il allait dire. Dommage qu'il n'ait pu prendre le temps de peaufiner son plaidoyer il était parfaitement capable d'improviser, mais il y avait des situations auxquelles il valait mieux être préparé.

« Voilà, il se trouve que – oh, je suppose que vous vous en doutez un peu ! – il se trouve que j'ai fait… une erreur dans ma jeunesse : je me suis mis au service de Qui-vous-savez.

— Voyez-vous ça », fit Albus. Le ton était ironique, mais le directeur était cependant surpris que Lucius avoue enfin ce secret de polichinelle.

« Oui. Oh, je l'ai fait surtout par couardise. » Que cela lui coûtait de dire ces mots ! Il le fallait pourtant bien. « J'avoue que certaines idées que défendait le Seigneur des Ténèbres ne m'étaient pas… étrangères. Cependant, après ce qui lui est arrivé, j'ai eu tout le temps d'y réfléchir. Des années en fait. J'avais tort, j'en ai conscience à présent.

— Voldemort est revenu il y a trois mois de cela vous vous êtes rendu auprès de lui à son invitation comme tous les autres Mangemorts, remarqua Dumbledore d'un ton doux.

— Oui, je suis lâche, je n'ai pas osé décliner cette invitation. » Lucius riva son regard dans celui de Dumbledore ce qu'il s'apprêtait à dire étant la pure vérité, et cette vérité étant toute à son honneur, il tenait à ce que le directeur puisse lire la sincérité au fond de ses yeux. « Je n'y suis plus retourné ensuite. »

A la façon dont Dumbledore acquiesça, Lucius comprit qu'il était déjà au courant. Il reprit : « A présent, cela se gâte pour moi et…

— Qu'est-ce qui a déclenché cette soudaine décision de ne plus être Mangemort ? » le coupa Dumbledore. Il ne mettait pas en doute la désertion de Lucius – celle-ci semblait bien établie, Severus lui en avait longuement parlé –, mais était très curieux d'en connaître les causes. Il s'étonnait aussi que Voldemort ait accepté sans mot dire la défection de Lucius durant ces trois derniers mois, mais Severus n'avait pu le lui expliquer, il n'y entendait rien non plus. Cela étant, et vu l'arrivée fracassante de Lucius en ces lieux, il semblait que son ancien maître se soit enfin décidé à lui faire savoir ce qu'il en pensait.

Pendant que Dumbledore se disait tout cela, Lucius songeait que s'il avait vu la tête actuelle de Lord Voldemort, il n'aurait jamais posé cette question. Cependant, il aurait aussi fallu que le vieux fou soit au fait de la vraie nature de sa relation avec le Seigneur des Ténèbres, ce qui, par bonheur, semblait ne pas être le cas.

« Je vous l'ai dit, j'ai beaucoup réfléchi ces dernières années.

— Vous êtes allé à la première réunion.

— Parce que j'avais peur !

— Ah ! Et soudainement, vous avez fait preuve de bravoure et vous n'êtes plus allé aux suivantes ?

— Cela a été un choc de constater que Voldemort était revenu, et je ne suis allé à la première que par un vieux réflexe. Ensuite, je me suis souvenu de mes bonnes résolutions, et j'ai cessé toutes relations avec cet homme ! »

Lucius regretta immédiatement cette phrase à sens multiples : Dumbledore était suffisamment subtil pour que cela lui mette la puce à l'oreille.

« Qui-vous-savez n'a pas aimé mes absences à répétition. Il est venu à mon domicile et m'a… menacé ! Ma… vie étant en danger, je vous serais reconnaissant de bien vouloir tolérer ma présence à Poudlard durant quelques temps. »

Albus hocha la tête doucement. Ce que racontait Lucius était plausible, il pouvait lui accorder le bénéfice du doute. D'ailleurs, il sentait qu'il y avait un fond de vérité dans ces paroles, bien que Lucius ait arrangé cette vérité d'une façon ou d'une autre.

Il allait l'autoriser à rester à Poudlard et, à l'occasion, il lui faudrait découvrir la vraie raison de cette désertion soudaine, et l'explication de la lenteur de réaction de Voldemort qui ne lui ressemblait en rien.