Chapitre 2 : Les lettres de Dumbledore
Le reste de la soirée se passa à merveille. Harry se surpris lui-même à se pincer : il se demandait s'il n'était pas en train de rêver. Hannah avait bien entendu cessé de pleurer dès lors qu'Harry avait abordé le sujet de Dudley. Ses pleurs avaient d'ailleurs été remplacés par des fous rires incessants provoqués par des anecdotes que lui racontait Harry. Lui-même se sentait plus heureux qu'il ne l'avait jamais été. Hannah avait un effet incroyable sur lui il n'était plus coincé et bizarre, au contraire, il était drôle et sûr de lui. Le seul moment désagréable fut lorsque Hannah regarda sa montre :
« Mince ! Il est déjà onze heures... Je dois rentrer, demain je me lève tôt. Je te raccompagne chez toi ? »
« C'est pas plutôt le garçon qui raccompagne la fille ? » répondit Harry un peu naïvement.
« Si, si, dit-elle en souriant, mais chez toi c'est plus loin que chez moi. Si c'est moi qui te raccompagne, alors on n'aura pas à se dire bonne nuit dans trente secondes... » Harry ne lui objecta rien d'autre, même s'il se sentait un peu coupable à l'idée de ne pas la raccompagner, il était tout de même content de ne pas avoir à la laisser partir tout de suite. Ils se mirent alors à marcher silencieusement, main dans la main jusqu'à la maison d'Harry...
« Bon, je vais te laisser alors... On se voit dem... Harry ?! C'est ta chambre au premier étage ? » s'écria t-elle.
« Oui, pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ?! » Harry se retourna immédiatement vers la maison. Il se demandait ce qu'elle avait bien pu voir et priait silencieusement pour que ce ne soit pas une manifestation magique quelconque.
« Y'a un hibou qui vient de voler par ta fenêtre ! Comment tu vas faire pour le faire sortir de là ? » Elle avait l'air complètement affolée. Il faut dire que pour quelqu'un qui n'appartenait pas au monde magique, voir un hibou voler par une fenêtre n'était pas très courant. Harry émit un soupir de soulagement.
« Non, mais c'est normal... Enfin, non... Peut être pas normal, mais habituel... Voilà c'est ça... Ca va sûrement te paraître bizarre, mais le hibou que tu viens de voir c'est mon animal domestique... Certaines personnes ont un chat, ou un chien, moi j'ai un hibou. » Hannah avait les yeux grands ouverts, il était difficile de savoir si elle prenait Harry pour un fou, ou si elle était impressionnée.
«Et ben... ! T'es pas un garçon ordinaire, ça c'est le moins qu'on puisse dire. En tout cas, ça me plait... » Elle jeta un dernier regard à la fenêtre comme pour s'assurer de ce qu'elle avait vu. « Je trouve ça sympa les hiboux. En tout cas, je suis contente d'en voir ici, parce que depuis quelques jours je trouvais qu'il y'en avait beaucoup qui rodaient autour de ma maison... Je dois être un peu parano ! » dit-elle d'un ton rassuré. Harry, lui, ne l'était pas autant qu'elle. Du moins, il ne semblait pas penser que c'était aussi anodin. « Des hiboux ? pensa t-il, comment ça se fait qu'il y en ait chez elle ? » Il essaya de ne pas avoir l'air suspicieux, puis il la rassura :
« Non, t'es pas parano... Y'en a beaucoup dans le coin, c'est tout. »
« Ah d'accord. Bon je vais y aller maintenant, à moins que je voie d'autres choses voler par ta fenêtre... Mais ça m'étonnerait ! On se voit demain ? »
« Oui, d'ailleurs tu peux venir ici si tu veux, je serai seul jusqu'à six heures sûrement... »
« D'accord, je serai là à deux heures et demi. Ca te va ? »
« Parfait... » Hannah s'approcha de lui et ils s'embrassèrent pour la seconde fois. Les mains d'Harry se levèrent toutes seules et vinrent se poser dans les cheveux d'Hannah. Lorsque le baiser prit fin, elle lui souhaita une bonne nuit et disparut une nouvelle fois au coin de la rue. Harry rentra alors chez lui, et monta dans sa chambre. Il s'allongea sur son lit, la tête pleine d'images. Il voulait déjà être à demain pour revoir le visage d'Hannah, tenir ses mains à nouveau, et la serrer dans ses bras. Ce ne fut qu'au bout de dix minutes qu'Harry se rendit compte de la présence d'un hibou qui lui était parfaitement inconnu. Il était grand, et son plumage sombre lui donnait un air majestueux. Depuis l'arrivée d'Harry, il n'avait cessé d'échanger des hululements avec Hedwig, qui semblait d'ailleurs beaucoup lui plaire. Cependant, l'état dans lequel était Harry l'avait empêché de voir autre chose que le visage d'Hannah. Il se rapprocha alors du hibou et détacha la lettre qui était attachée à sa patte. Il se rassit sur son lit, jeta un dernier coup d'œil aux hiboux pour s'assurer qu'ils n'étaient pas trop près l'un de l'autre, et ouvrit la lettre.
Cher Harry, J'espère que l'arrivée impromptue de mon hibou ne t'a pas surpris. Peut être seras tu plus surpris par le contenu de ma lettre... Il me semble que tu as fait la connaissance d'une jeune fille nommée Hannah Lake aujourd'hui. Comme tu l'as remarqué toi-même, c'est une personne charmante, mais ce que tu ignores c'est qu'Hannah pourrait nous être d'un grand secours. Pour une raison qui m'est inconnue, les pouvoirs d'Hannah se sont manifestés très tard, et ce qui parait encore plus extraordinaire c'est que ses pouvoirs surpassent tous ceux que je connais. Ils pourraient d'ailleurs constituer pour nous une aide précieuse. J'ai envoyé une lettre à Hannah, lui proposant de passer une année à Poudlard. Elle ignore encore tout de ses capacités. Il va donc falloir que tu lui explique, et que tu lui dises tout sur notre monde : du Quidditch jusqu'à Voldemort. Je ne veux pas qu'elle ignore quoique ce soit si elle décide de s'engager dans cette voie. Je me doute que tu dois te poser beaucoup de questions, mais je ne peux pas te donner les réponses que tu attends tout de suite. Tu sauras tout lors de notre prochaine rencontre. Je compte sur toi, Harry. Albus Dumbledore
Harry plia la lettre, la rangea précieusement dans son coffre et tourna la tête. Le hibou de Dumbledore avait hululé une dernière fois à Hedwig et s'était envolé par la fenêtre. Harry ne savait pas quoi penser. Hannah était une sorcière, très bien, pensa t-il, en attendant qu'est-ce que Dumbledore voulait dire par « des pouvoirs qui surpassent tous ceux que je connais » ? Possédait-elle vraiment des pouvoirs extraordinaires ? Et pourquoi, s'étaient-ils réveillés maintenant ? Tout cela paraissait vraiment très bizarre, mais Harry s'en fichait. Si Hannah acceptait, cela voudrait dire qu'il la verrait toute l'année. Il n'aurait pas à s'inquiéter des garçons qui lui tourneraient autour, puisqu'il serait toujours avec elle. Il s'imaginait déjà aller en cours avec elle, faire ses devoirs avec elle, manger avec elle. Bien sûr, il n'oubliait pas Ron et Hermione... Il savait très bien, qu'il ne pourrait jamais se séparer d'eux, mais rien ne les empêcheraient de bien s'entendre avec Hannah. Après tout, comment pourrait-on ne pas s'entendre avec elle ? se demanda t-il. Harry ne tenait plus en place, et pourtant la fatigue commençait à le gagner. Il se mit donc en pyjama et s'installa dans son lit. Il lui fallut une heure avant de s'endormir : les deux baisers d'Hannah semblaient le hanter. Il venait de passer la meilleure journée de sa vie.
A neuf heures le lendemain, Harry se réveilla en se disant que la journée s'annonçait mouvementée pour lui et surtout pour Hannah. Ce n'était pas rien d'apprendre qu'on possédait des pouvoirs. Harry se rappela de l'état dans lequel il avait été quand Hagrid lui avait annoncé qu'il était un sorcier... Il ne savait pas du tout si Hannah allait réagir de la même façon. Quelque part, Harry avait toujours su qu'il était un peu particulier, mais est-ce qu'Hannah en avait conscience ? Allait-elle réagir de la même façon ? Et puis même si elle acceptait ce qu'elle était, il n'était pas dit qu'elle veuille quitter sa famille ou son lycée. De toute façon, ce qui était sûr, c'était qu'Harry ne serait fixé qu'à deux heures et demi cet après-midi. En attendant, il allait devoir supporter les Dursleys. Arrivé à la cuisine, il dit bonjour à sa tante qui était en train de laver les carreaux de la cuisine, et s'assit pour prendre son petit déjeuner. Quelques secondes plus tard, elle s'avança vers lui et lui tendit une boite d'un bras rigide.
« Tiens, grogna t-elle, il y a deux paires de chaussettes et un pull... Tu as intérêt à en prendre soin parce que nous n'allons plus rien t'acheter cette année. Tu nous coûte déjà assez cher comme ça... » Harry ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Il ne savait pas pourquoi Tante Petunia lui avait donné cette boite.
« Mais euh... pourquoi ? »
« Oui, moi aussi, c'est ce que je me demande ! Après tout, on te nourrit, on te loge, pourquoi aurais tu droit en plus à un cadeau pour ton anniversaire ? » Elle lui lança un regard de dédain total « Mais bon, nous sommes trop généreux, voilà tout. Alors prend tes habits, et ne les abîme pas, sinon je t'assure que tu auras à faire à moi... » Tante Petunia se retourna et se remit à essuyer les carreaux. En effet, la journée commençait de façon plutôt étrange : Harry avait oublié son anniversaire. C'était la première fois que cela lui arrivait, et il se sentait légèrement perdu. Comment avait-il fait pour oublier son anniversaire ? Hannah ne l'avait pas traumatisé à ce point quand même ! Harry secoua sa tête vivement et finit son petit déjeuner. De retour dans sa chambre, il trouva plusieurs paquets étendus sur son lit : Hermione et Ron lui avaient envoyé un nombre incalculable de bonbons et de gâteaux, deux livres (l'un intitulé Le livre des Aurors, et l'autre (Seekers) : trois cent joueurs de légende), un pull bleu tricoté par la mère de Ron, un album photo contenant une trentaine de photos animées prises l'année précédente, une cape un peu spéciale, et une enveloppe que Harry décida d'ouvrir en dernier. Il en sortit deux places pour le match (...) versus (...), l'équipe d'Olivier Dubois. Harry sauta de joie, Ron et Hermione l'avaient rarement autant gâté pour son anniversaire. Il chercha leur lettre parmi tous les paquets qu'il venait d'ouvrir, puis il la trouva sous le pull :
Cher Harry, Tout d'abord Ron et moi te souhaitons un joyeux anniversaire. J'espère que tu ne nous en veux pas trop, car cette année on a décidé de t'offrir tes cadeaux d'anniversaire en commun, il y en a moins que l'année dernière, mais il me semble qu'ils sont un peu mieux. Le livre des Aurors c'était mon idée, dedans ils t'expliquent tous les critères nécessaires pour être un bon Auror, il y a des tests de personnalité, la liste des sorts que tu dois parfaitement maîtriser, ainsi que les techniques couramment employées par les Aurors. Comme tu l'a sûrement deviné, le livre sur les attrapeurs c'est une idée de Ron. Il me dit de te dire que pour chaque joueur, il y a une petite biographie, mais surtout un croquis animé des figures et des mouvements pour lesquels ils sont célèbres. On n'a pas besoin de t'expliquer à quoi servent les bonbons, l'album photo, ou le pull de Mme Weasley, par contre tu risques de ne pas comprendre à quoi sert la cape. En fait, c'est une cape de conservation dont se servent beaucoup les joueurs de Quidditch dès que tu la met, elle devient transparente et protège du froid, et de la pluie. En plus, elle a un effet stimulant sur le corps, et permet d'améliorer les réflexes. Au début je me méfiais un peu, j'avais peur que certaines personnes considèrent ça comme de la triche. Mais je me suis renseignée, et l'usage de ces capes est tout à fait autorisé pendant les matchs, alors tu n'as aucun souci à te faire. Enfin, on a pris des places pour le match des Météorites d'Orignal-la- Mâchoire contre les Flèches d'Appleby. On a pensé que ça te plairait, en plus c'est à deux pas de la maison de mes grands-parents. Ron m'a annoncé hier qu'il n'avait pas tenu sa langue, alors je vais juste t'expliquer de façon plus précise : dans deux semaines, mes grands parents me prêtent la maison qu'ils ont à Lewisham, (c'est à deux heures de Londres). Ron t'a déjà dit que tu pouvais amener quelqu'un, c'est d'ailleurs pour ça qu'on t'a envoyé deux places pour le match. J'espère que tu pourras venir... Répond nous vite. A bientôt, Ron et Hermione
En repliant la lettre, Harry se jura qu'il viderait au moins la moitié de son coffre à Gringotts pour leur prochain anniversaire. Il se mit à son bureau et leur répondit qu'il avait adoré les cadeaux, et que bien qu'il n'ait pas encore demandé à son oncle et sa tante s'il pouvait venir, il était certain d'être avec eux dans deux semaines. Il resta cependant très discret à propos de la personne qu'il envisageait d'amener : « J'ai pensé à quelqu'un que je pourrais faire venir, mais tout dépend de comment les choses vont se passer aujourd'hui. J'en saurai plus ce soir, je vous tiendrai au courant » Il avait aussi fait allusion à la lettre de Dumbledore, mais de telle façon qu'il leur était impossible d'avoir la moindre idée de ce qui se passait : « Il m'est arrivé quelque chose d'un peu bizarre hier soir, mais rien de grave, je vous rassure. Je vous expliquerai tout quand je vous verrai ». Harry relut sa lettre et se rendit compte de la ressemblance avec celle de Dumbledore. Lui aussi avait décidé de laisser planer le mystère sur un certain nombre de choses. Il ne savait pas trop pourquoi d'ailleurs... Sûrement parce que cela aurait impliqué qu'il leur raconte tout ce qui s'était passé depuis hier : la rencontre d'Hannah, les baisers, la lettre de Dumbledore... Pour l'instant, il préférait laisser les choses telles qu'elles étaient et attendre de voir comment tout cela allait évoluer.
A deux heures, la maison s'était vidée : tante Petunia et Dudley étaient partis à Londres, et oncle Vernon était encore à son travail. Harry commençait déjà à être nerveux il faisait les cents pas dans la maison en attendant l'arrivée d'Hannah. Il avait soigneusement rangé sa chambre pour l'occasion, et il avait également préparé quelques objets et quelques livres qu'Hannah serait sûrement curieuse de voir. Il s'attendait à ce qu'elle ait un peu de retard il avait entendu dire quelque part que les filles aimaient beaucoup se faire désirer. Cependant, elle frappa à la porte à deux heures et vingt minutes, selon la montre d'Harry. Harry respira un grand coup et ouvrit la porte. Hannah était là, sur le seuil, aussi resplendissante que la veille. Elle avait à nouveau lâché ses cheveux, et elle avait remplacé sa robe par un jean et un débardeur noir. Cependant, elle avait deux cernes très marqués sous les yeux, et paraissait très fatiguée. Harry devina sur le champ qu'elle n'avait pas fermé l'œil de toute la nuit. Elle regardait Harry de façon étrange, mais il ne savait pas comment réagir. Avant même qu'il ne décide de ce qu'il allait faire, Hannah lui avait tendu une lettre. Harry hésita un peu, mais il finit par la prendre. Il n'eut même pas besoin de l'ouvrir il ne connaissait que trop bien le sceau de Poudlard.
« Je crois qu'il faut qu'on parle », lui dit-elle gravement.
« Oui je sais... » Harry s'écarta et la fit rentrer, « viens, on va aller discuter dans ma chambre. » Hannah hocha la tête et lui prit la main. Ceci rassura Harry puisqu'elle lui avait donné l'impression d'être fâchée. Une fois arrivée dans la chambre, elle se posa sur la chaise et Harry se mit sur le lit. Elle fixait du regard la lettre qu'Harry tenait dans sa main, puis elle leva les yeux et dit :
« Vas-y... Lis la » C'est ce qu'il fit... Trente secondes plus tard, il replia la lettre et la posa sur le lit.
« J'ai reçu la même il y a six ans. »
« Je sais, c'est pour ça que je te l'ai montré. Tu as bien vu la note de ... euh... Dumbledore au dos de la lettre... Il me dit que tu es aussi un... sorcier, et que si j'ai des doutes ou des questions, il faut que je t'en parle. Alors, c'est ce que je fais. » Harry scrutait son visage. Elle avait l'air complètement déboussolée il sentait son malaise, et en même temps son excitation à l'idée de découvrir qui elle était vraiment.
« Je vais tout t'expliquer...» Et c'est ce qu'il fit durant les deux heures qui suivirent. Harry lui parla de tout ce qui lui venait à l'esprit. Il lui montra sa baguette, ses livres, son balai. Il lui expliqua le Quidditch, il lui parla de Dumbledore, des hiboux, du chemin de Traverse, du Ministère de la Magie, mais surtout, il lui parla de Voldemort, et de la mort de ses parents. Hannah écoutait très attentivement elle lui posait quelques questions de temps en temps lorsqu'elle voulait en savoir plus sur un sujet, mais parlait relativement peu. Ses yeux étaient grand ouverts, elle semblait ne pas revenir de ce qu'elle entendait. Elle était dans un état de choc. Lorsqu'il sembla à Harry qu'il lui avait à peu près tout dit, il lui prit la main et la fit s'asseoir auprès de lui.
« Tu comptes faire quoi ? » murmura t-il.
« J'en sais rien... J'ai mes études ici, mais j'en ai marre. D'un côté, j'ai envie de tenter le coup, de partir, mais j'ai peur d'échouer, de ne pas être à la hauteur. Si je venais avec toi, d'après ce que j'ai compris, je rentrerais directement en septième année alors que je n'ai aucune base, je ne sais rien faire...Je vais me ridiculiser. Dumbledore me dit que j'ai des... des... des pouvoirs « extraordinaires », et pourtant la seule chose que j'ai réussi à faire c'était de casser la chaise sur laquelle était assis ton cousin... »
« Quoi ? » demanda Harry, sur un ton amusé.
« Ben en fait, la dernière fois que j'ai donné un cours à ton cousin, il s'est mis à me caresser la cuisse... Ca m'a enragé, je voulais le gifler, mais au lieu de ça, la chaise s'est cassée. Au début, je me disais que c'était juste une coïncidence... Je voulais pas y croire, mais maintenant je sais que c'est moi qui ai fait ça. Je l'ai senti en moi, j'ai senti une sorte d'éclair, de chaleur, de... de... je sais pas. J'arrive pas à l'expliquer. »
« T'as pas besoin. Je vois très bien ce que tu veux dire. » Hannah avait posé sa tête sur l'épaule d'Harry. Pour une fois, il savait ce qu'il devait dire, il savait ce qu'elle voulait entendre.
« Tu n'auras aucun problème, je t'assure. Je suis sûr que Dumbledore veillera à ce que tout se passe bien. Il ne t'aurait jamais proposé de venir s'il sentait que tu n'en étais pas capable. De ce côté-là tu n'as aucun souci à te faire. Par contre, peut être que tu n'as pas envie de quitter ta famille, et peut être qu'ils ne voudront pas te laisser partir... » A ces mots, Hannah se leva d'un coup, et se mit à arpenter la chambre.
« Non. Ca aussi, ça m'a paru bizarre... Hier soir quand j'ai reçu la lettre, je leur ai montré tout de suite. Je pensais que c'était une blague. Et au lieu qu'ils se mettent à rire, ils ont poussé des cris de joie et ils m'ont pris dans leur bras. Apparemment, ils sont au courant de l'existence de cette école, et de ce monde là. Ils m'encouragent à y aller au contraire... » Elle s'était mise devant la fenêtre, les mains posées sur ses hanches. Harry entendait sa respiration lente et nerveuse. Au bout de quelques secondes elle se retourna, et se remit à parler d'une voix beaucoup plus déterminée :
« Si tu devais le refaire, tu le referais ? » Harry ne prit même pas le temps de réfléchir avant de répondre.
« Oui, sans aucune hésitation... C'est la meilleure chose qui me soit arrivée. »
« Tu penses que je devrais venir ? »
« Oui. » Hannah hocha la tête et sourit.
« D'accord... Je viens. » Harry se leva immédiatement et la serra dans ses bras. Il n'en revenait pas. Hannah venait d'accepter... Cela voulait dire qu'il allait passer toute l'année avec elle. Au bout de quelques secondes, elle se redressa et lui demanda :
« C'est quoi tout ces papiers cadeaux dans ta corbeille ? »
« Ah... Ben c'est mon anniversaire aujourd'hui. »
« Joyeux anniversaire, alors ! T'aurais dû me le dire hier soir. J'étais en ville ce matin, j'aurais pu t'acheter quelque chose... »
« C'était pas la peine passer une année avec toi, c'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire... » Harry se pencha vers elle et l'embrassa tendrement. Quelques minutes après, ils s'étaient assis sur le lit et avaient recommencés à discuter comme la veille.
« Au fait, lui dit-elle, mes parents veulent t'inviter à dîner ce soir. Je leur ai dit que tu allais à cette école, et maintenant ils veulent te connaître. Je te rassure, ils ne vont pas te mitrailler de questions, c'est pas leur genre... En plus ça tombe bien si je leur dis que c'est ton anniversaire, ma mère va sûrement vouloir te faire un gâteau... Ca t'intéresse ? »
« Oui, bien sûr ! Par contre, je te préviens, si mon oncle et ma tante apprennent qu'on est ensemble, ils ne voudront certainement plus que tu donnes des cours à Dudley. »
« C'est vrai... ? Tant mieux ! Ca fait trois mois que j'essaye de leur dire que je peux plus lui donner de cours. Ils sont persuadés que je sors avec lui, et depuis, ils m'adorent. T'as qu'à aussi leur dire que je me pique à ça ils n'auront vraiment aucun remord à me virer. » Ils continuèrent à parler et à rire pendant une heure puis Hannah décida de rentrer plus tôt pour aider sa mère à faire la cuisine. Harry la raccompagna jusqu'à la porte et lui promit qu'il serait chez elle à sept heures.
Le reste de la soirée se passa à merveille. Harry se surpris lui-même à se pincer : il se demandait s'il n'était pas en train de rêver. Hannah avait bien entendu cessé de pleurer dès lors qu'Harry avait abordé le sujet de Dudley. Ses pleurs avaient d'ailleurs été remplacés par des fous rires incessants provoqués par des anecdotes que lui racontait Harry. Lui-même se sentait plus heureux qu'il ne l'avait jamais été. Hannah avait un effet incroyable sur lui il n'était plus coincé et bizarre, au contraire, il était drôle et sûr de lui. Le seul moment désagréable fut lorsque Hannah regarda sa montre :
« Mince ! Il est déjà onze heures... Je dois rentrer, demain je me lève tôt. Je te raccompagne chez toi ? »
« C'est pas plutôt le garçon qui raccompagne la fille ? » répondit Harry un peu naïvement.
« Si, si, dit-elle en souriant, mais chez toi c'est plus loin que chez moi. Si c'est moi qui te raccompagne, alors on n'aura pas à se dire bonne nuit dans trente secondes... » Harry ne lui objecta rien d'autre, même s'il se sentait un peu coupable à l'idée de ne pas la raccompagner, il était tout de même content de ne pas avoir à la laisser partir tout de suite. Ils se mirent alors à marcher silencieusement, main dans la main jusqu'à la maison d'Harry...
« Bon, je vais te laisser alors... On se voit dem... Harry ?! C'est ta chambre au premier étage ? » s'écria t-elle.
« Oui, pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ?! » Harry se retourna immédiatement vers la maison. Il se demandait ce qu'elle avait bien pu voir et priait silencieusement pour que ce ne soit pas une manifestation magique quelconque.
« Y'a un hibou qui vient de voler par ta fenêtre ! Comment tu vas faire pour le faire sortir de là ? » Elle avait l'air complètement affolée. Il faut dire que pour quelqu'un qui n'appartenait pas au monde magique, voir un hibou voler par une fenêtre n'était pas très courant. Harry émit un soupir de soulagement.
« Non, mais c'est normal... Enfin, non... Peut être pas normal, mais habituel... Voilà c'est ça... Ca va sûrement te paraître bizarre, mais le hibou que tu viens de voir c'est mon animal domestique... Certaines personnes ont un chat, ou un chien, moi j'ai un hibou. » Hannah avait les yeux grands ouverts, il était difficile de savoir si elle prenait Harry pour un fou, ou si elle était impressionnée.
«Et ben... ! T'es pas un garçon ordinaire, ça c'est le moins qu'on puisse dire. En tout cas, ça me plait... » Elle jeta un dernier regard à la fenêtre comme pour s'assurer de ce qu'elle avait vu. « Je trouve ça sympa les hiboux. En tout cas, je suis contente d'en voir ici, parce que depuis quelques jours je trouvais qu'il y'en avait beaucoup qui rodaient autour de ma maison... Je dois être un peu parano ! » dit-elle d'un ton rassuré. Harry, lui, ne l'était pas autant qu'elle. Du moins, il ne semblait pas penser que c'était aussi anodin. « Des hiboux ? pensa t-il, comment ça se fait qu'il y en ait chez elle ? » Il essaya de ne pas avoir l'air suspicieux, puis il la rassura :
« Non, t'es pas parano... Y'en a beaucoup dans le coin, c'est tout. »
« Ah d'accord. Bon je vais y aller maintenant, à moins que je voie d'autres choses voler par ta fenêtre... Mais ça m'étonnerait ! On se voit demain ? »
« Oui, d'ailleurs tu peux venir ici si tu veux, je serai seul jusqu'à six heures sûrement... »
« D'accord, je serai là à deux heures et demi. Ca te va ? »
« Parfait... » Hannah s'approcha de lui et ils s'embrassèrent pour la seconde fois. Les mains d'Harry se levèrent toutes seules et vinrent se poser dans les cheveux d'Hannah. Lorsque le baiser prit fin, elle lui souhaita une bonne nuit et disparut une nouvelle fois au coin de la rue. Harry rentra alors chez lui, et monta dans sa chambre. Il s'allongea sur son lit, la tête pleine d'images. Il voulait déjà être à demain pour revoir le visage d'Hannah, tenir ses mains à nouveau, et la serrer dans ses bras. Ce ne fut qu'au bout de dix minutes qu'Harry se rendit compte de la présence d'un hibou qui lui était parfaitement inconnu. Il était grand, et son plumage sombre lui donnait un air majestueux. Depuis l'arrivée d'Harry, il n'avait cessé d'échanger des hululements avec Hedwig, qui semblait d'ailleurs beaucoup lui plaire. Cependant, l'état dans lequel était Harry l'avait empêché de voir autre chose que le visage d'Hannah. Il se rapprocha alors du hibou et détacha la lettre qui était attachée à sa patte. Il se rassit sur son lit, jeta un dernier coup d'œil aux hiboux pour s'assurer qu'ils n'étaient pas trop près l'un de l'autre, et ouvrit la lettre.
Cher Harry, J'espère que l'arrivée impromptue de mon hibou ne t'a pas surpris. Peut être seras tu plus surpris par le contenu de ma lettre... Il me semble que tu as fait la connaissance d'une jeune fille nommée Hannah Lake aujourd'hui. Comme tu l'as remarqué toi-même, c'est une personne charmante, mais ce que tu ignores c'est qu'Hannah pourrait nous être d'un grand secours. Pour une raison qui m'est inconnue, les pouvoirs d'Hannah se sont manifestés très tard, et ce qui parait encore plus extraordinaire c'est que ses pouvoirs surpassent tous ceux que je connais. Ils pourraient d'ailleurs constituer pour nous une aide précieuse. J'ai envoyé une lettre à Hannah, lui proposant de passer une année à Poudlard. Elle ignore encore tout de ses capacités. Il va donc falloir que tu lui explique, et que tu lui dises tout sur notre monde : du Quidditch jusqu'à Voldemort. Je ne veux pas qu'elle ignore quoique ce soit si elle décide de s'engager dans cette voie. Je me doute que tu dois te poser beaucoup de questions, mais je ne peux pas te donner les réponses que tu attends tout de suite. Tu sauras tout lors de notre prochaine rencontre. Je compte sur toi, Harry. Albus Dumbledore
Harry plia la lettre, la rangea précieusement dans son coffre et tourna la tête. Le hibou de Dumbledore avait hululé une dernière fois à Hedwig et s'était envolé par la fenêtre. Harry ne savait pas quoi penser. Hannah était une sorcière, très bien, pensa t-il, en attendant qu'est-ce que Dumbledore voulait dire par « des pouvoirs qui surpassent tous ceux que je connais » ? Possédait-elle vraiment des pouvoirs extraordinaires ? Et pourquoi, s'étaient-ils réveillés maintenant ? Tout cela paraissait vraiment très bizarre, mais Harry s'en fichait. Si Hannah acceptait, cela voudrait dire qu'il la verrait toute l'année. Il n'aurait pas à s'inquiéter des garçons qui lui tourneraient autour, puisqu'il serait toujours avec elle. Il s'imaginait déjà aller en cours avec elle, faire ses devoirs avec elle, manger avec elle. Bien sûr, il n'oubliait pas Ron et Hermione... Il savait très bien, qu'il ne pourrait jamais se séparer d'eux, mais rien ne les empêcheraient de bien s'entendre avec Hannah. Après tout, comment pourrait-on ne pas s'entendre avec elle ? se demanda t-il. Harry ne tenait plus en place, et pourtant la fatigue commençait à le gagner. Il se mit donc en pyjama et s'installa dans son lit. Il lui fallut une heure avant de s'endormir : les deux baisers d'Hannah semblaient le hanter. Il venait de passer la meilleure journée de sa vie.
A neuf heures le lendemain, Harry se réveilla en se disant que la journée s'annonçait mouvementée pour lui et surtout pour Hannah. Ce n'était pas rien d'apprendre qu'on possédait des pouvoirs. Harry se rappela de l'état dans lequel il avait été quand Hagrid lui avait annoncé qu'il était un sorcier... Il ne savait pas du tout si Hannah allait réagir de la même façon. Quelque part, Harry avait toujours su qu'il était un peu particulier, mais est-ce qu'Hannah en avait conscience ? Allait-elle réagir de la même façon ? Et puis même si elle acceptait ce qu'elle était, il n'était pas dit qu'elle veuille quitter sa famille ou son lycée. De toute façon, ce qui était sûr, c'était qu'Harry ne serait fixé qu'à deux heures et demi cet après-midi. En attendant, il allait devoir supporter les Dursleys. Arrivé à la cuisine, il dit bonjour à sa tante qui était en train de laver les carreaux de la cuisine, et s'assit pour prendre son petit déjeuner. Quelques secondes plus tard, elle s'avança vers lui et lui tendit une boite d'un bras rigide.
« Tiens, grogna t-elle, il y a deux paires de chaussettes et un pull... Tu as intérêt à en prendre soin parce que nous n'allons plus rien t'acheter cette année. Tu nous coûte déjà assez cher comme ça... » Harry ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Il ne savait pas pourquoi Tante Petunia lui avait donné cette boite.
« Mais euh... pourquoi ? »
« Oui, moi aussi, c'est ce que je me demande ! Après tout, on te nourrit, on te loge, pourquoi aurais tu droit en plus à un cadeau pour ton anniversaire ? » Elle lui lança un regard de dédain total « Mais bon, nous sommes trop généreux, voilà tout. Alors prend tes habits, et ne les abîme pas, sinon je t'assure que tu auras à faire à moi... » Tante Petunia se retourna et se remit à essuyer les carreaux. En effet, la journée commençait de façon plutôt étrange : Harry avait oublié son anniversaire. C'était la première fois que cela lui arrivait, et il se sentait légèrement perdu. Comment avait-il fait pour oublier son anniversaire ? Hannah ne l'avait pas traumatisé à ce point quand même ! Harry secoua sa tête vivement et finit son petit déjeuner. De retour dans sa chambre, il trouva plusieurs paquets étendus sur son lit : Hermione et Ron lui avaient envoyé un nombre incalculable de bonbons et de gâteaux, deux livres (l'un intitulé Le livre des Aurors, et l'autre (Seekers) : trois cent joueurs de légende), un pull bleu tricoté par la mère de Ron, un album photo contenant une trentaine de photos animées prises l'année précédente, une cape un peu spéciale, et une enveloppe que Harry décida d'ouvrir en dernier. Il en sortit deux places pour le match (...) versus (...), l'équipe d'Olivier Dubois. Harry sauta de joie, Ron et Hermione l'avaient rarement autant gâté pour son anniversaire. Il chercha leur lettre parmi tous les paquets qu'il venait d'ouvrir, puis il la trouva sous le pull :
Cher Harry, Tout d'abord Ron et moi te souhaitons un joyeux anniversaire. J'espère que tu ne nous en veux pas trop, car cette année on a décidé de t'offrir tes cadeaux d'anniversaire en commun, il y en a moins que l'année dernière, mais il me semble qu'ils sont un peu mieux. Le livre des Aurors c'était mon idée, dedans ils t'expliquent tous les critères nécessaires pour être un bon Auror, il y a des tests de personnalité, la liste des sorts que tu dois parfaitement maîtriser, ainsi que les techniques couramment employées par les Aurors. Comme tu l'a sûrement deviné, le livre sur les attrapeurs c'est une idée de Ron. Il me dit de te dire que pour chaque joueur, il y a une petite biographie, mais surtout un croquis animé des figures et des mouvements pour lesquels ils sont célèbres. On n'a pas besoin de t'expliquer à quoi servent les bonbons, l'album photo, ou le pull de Mme Weasley, par contre tu risques de ne pas comprendre à quoi sert la cape. En fait, c'est une cape de conservation dont se servent beaucoup les joueurs de Quidditch dès que tu la met, elle devient transparente et protège du froid, et de la pluie. En plus, elle a un effet stimulant sur le corps, et permet d'améliorer les réflexes. Au début je me méfiais un peu, j'avais peur que certaines personnes considèrent ça comme de la triche. Mais je me suis renseignée, et l'usage de ces capes est tout à fait autorisé pendant les matchs, alors tu n'as aucun souci à te faire. Enfin, on a pris des places pour le match des Météorites d'Orignal-la- Mâchoire contre les Flèches d'Appleby. On a pensé que ça te plairait, en plus c'est à deux pas de la maison de mes grands-parents. Ron m'a annoncé hier qu'il n'avait pas tenu sa langue, alors je vais juste t'expliquer de façon plus précise : dans deux semaines, mes grands parents me prêtent la maison qu'ils ont à Lewisham, (c'est à deux heures de Londres). Ron t'a déjà dit que tu pouvais amener quelqu'un, c'est d'ailleurs pour ça qu'on t'a envoyé deux places pour le match. J'espère que tu pourras venir... Répond nous vite. A bientôt, Ron et Hermione
En repliant la lettre, Harry se jura qu'il viderait au moins la moitié de son coffre à Gringotts pour leur prochain anniversaire. Il se mit à son bureau et leur répondit qu'il avait adoré les cadeaux, et que bien qu'il n'ait pas encore demandé à son oncle et sa tante s'il pouvait venir, il était certain d'être avec eux dans deux semaines. Il resta cependant très discret à propos de la personne qu'il envisageait d'amener : « J'ai pensé à quelqu'un que je pourrais faire venir, mais tout dépend de comment les choses vont se passer aujourd'hui. J'en saurai plus ce soir, je vous tiendrai au courant » Il avait aussi fait allusion à la lettre de Dumbledore, mais de telle façon qu'il leur était impossible d'avoir la moindre idée de ce qui se passait : « Il m'est arrivé quelque chose d'un peu bizarre hier soir, mais rien de grave, je vous rassure. Je vous expliquerai tout quand je vous verrai ». Harry relut sa lettre et se rendit compte de la ressemblance avec celle de Dumbledore. Lui aussi avait décidé de laisser planer le mystère sur un certain nombre de choses. Il ne savait pas trop pourquoi d'ailleurs... Sûrement parce que cela aurait impliqué qu'il leur raconte tout ce qui s'était passé depuis hier : la rencontre d'Hannah, les baisers, la lettre de Dumbledore... Pour l'instant, il préférait laisser les choses telles qu'elles étaient et attendre de voir comment tout cela allait évoluer.
A deux heures, la maison s'était vidée : tante Petunia et Dudley étaient partis à Londres, et oncle Vernon était encore à son travail. Harry commençait déjà à être nerveux il faisait les cents pas dans la maison en attendant l'arrivée d'Hannah. Il avait soigneusement rangé sa chambre pour l'occasion, et il avait également préparé quelques objets et quelques livres qu'Hannah serait sûrement curieuse de voir. Il s'attendait à ce qu'elle ait un peu de retard il avait entendu dire quelque part que les filles aimaient beaucoup se faire désirer. Cependant, elle frappa à la porte à deux heures et vingt minutes, selon la montre d'Harry. Harry respira un grand coup et ouvrit la porte. Hannah était là, sur le seuil, aussi resplendissante que la veille. Elle avait à nouveau lâché ses cheveux, et elle avait remplacé sa robe par un jean et un débardeur noir. Cependant, elle avait deux cernes très marqués sous les yeux, et paraissait très fatiguée. Harry devina sur le champ qu'elle n'avait pas fermé l'œil de toute la nuit. Elle regardait Harry de façon étrange, mais il ne savait pas comment réagir. Avant même qu'il ne décide de ce qu'il allait faire, Hannah lui avait tendu une lettre. Harry hésita un peu, mais il finit par la prendre. Il n'eut même pas besoin de l'ouvrir il ne connaissait que trop bien le sceau de Poudlard.
« Je crois qu'il faut qu'on parle », lui dit-elle gravement.
« Oui je sais... » Harry s'écarta et la fit rentrer, « viens, on va aller discuter dans ma chambre. » Hannah hocha la tête et lui prit la main. Ceci rassura Harry puisqu'elle lui avait donné l'impression d'être fâchée. Une fois arrivée dans la chambre, elle se posa sur la chaise et Harry se mit sur le lit. Elle fixait du regard la lettre qu'Harry tenait dans sa main, puis elle leva les yeux et dit :
« Vas-y... Lis la » C'est ce qu'il fit... Trente secondes plus tard, il replia la lettre et la posa sur le lit.
« J'ai reçu la même il y a six ans. »
« Je sais, c'est pour ça que je te l'ai montré. Tu as bien vu la note de ... euh... Dumbledore au dos de la lettre... Il me dit que tu es aussi un... sorcier, et que si j'ai des doutes ou des questions, il faut que je t'en parle. Alors, c'est ce que je fais. » Harry scrutait son visage. Elle avait l'air complètement déboussolée il sentait son malaise, et en même temps son excitation à l'idée de découvrir qui elle était vraiment.
« Je vais tout t'expliquer...» Et c'est ce qu'il fit durant les deux heures qui suivirent. Harry lui parla de tout ce qui lui venait à l'esprit. Il lui montra sa baguette, ses livres, son balai. Il lui expliqua le Quidditch, il lui parla de Dumbledore, des hiboux, du chemin de Traverse, du Ministère de la Magie, mais surtout, il lui parla de Voldemort, et de la mort de ses parents. Hannah écoutait très attentivement elle lui posait quelques questions de temps en temps lorsqu'elle voulait en savoir plus sur un sujet, mais parlait relativement peu. Ses yeux étaient grand ouverts, elle semblait ne pas revenir de ce qu'elle entendait. Elle était dans un état de choc. Lorsqu'il sembla à Harry qu'il lui avait à peu près tout dit, il lui prit la main et la fit s'asseoir auprès de lui.
« Tu comptes faire quoi ? » murmura t-il.
« J'en sais rien... J'ai mes études ici, mais j'en ai marre. D'un côté, j'ai envie de tenter le coup, de partir, mais j'ai peur d'échouer, de ne pas être à la hauteur. Si je venais avec toi, d'après ce que j'ai compris, je rentrerais directement en septième année alors que je n'ai aucune base, je ne sais rien faire...Je vais me ridiculiser. Dumbledore me dit que j'ai des... des... des pouvoirs « extraordinaires », et pourtant la seule chose que j'ai réussi à faire c'était de casser la chaise sur laquelle était assis ton cousin... »
« Quoi ? » demanda Harry, sur un ton amusé.
« Ben en fait, la dernière fois que j'ai donné un cours à ton cousin, il s'est mis à me caresser la cuisse... Ca m'a enragé, je voulais le gifler, mais au lieu de ça, la chaise s'est cassée. Au début, je me disais que c'était juste une coïncidence... Je voulais pas y croire, mais maintenant je sais que c'est moi qui ai fait ça. Je l'ai senti en moi, j'ai senti une sorte d'éclair, de chaleur, de... de... je sais pas. J'arrive pas à l'expliquer. »
« T'as pas besoin. Je vois très bien ce que tu veux dire. » Hannah avait posé sa tête sur l'épaule d'Harry. Pour une fois, il savait ce qu'il devait dire, il savait ce qu'elle voulait entendre.
« Tu n'auras aucun problème, je t'assure. Je suis sûr que Dumbledore veillera à ce que tout se passe bien. Il ne t'aurait jamais proposé de venir s'il sentait que tu n'en étais pas capable. De ce côté-là tu n'as aucun souci à te faire. Par contre, peut être que tu n'as pas envie de quitter ta famille, et peut être qu'ils ne voudront pas te laisser partir... » A ces mots, Hannah se leva d'un coup, et se mit à arpenter la chambre.
« Non. Ca aussi, ça m'a paru bizarre... Hier soir quand j'ai reçu la lettre, je leur ai montré tout de suite. Je pensais que c'était une blague. Et au lieu qu'ils se mettent à rire, ils ont poussé des cris de joie et ils m'ont pris dans leur bras. Apparemment, ils sont au courant de l'existence de cette école, et de ce monde là. Ils m'encouragent à y aller au contraire... » Elle s'était mise devant la fenêtre, les mains posées sur ses hanches. Harry entendait sa respiration lente et nerveuse. Au bout de quelques secondes elle se retourna, et se remit à parler d'une voix beaucoup plus déterminée :
« Si tu devais le refaire, tu le referais ? » Harry ne prit même pas le temps de réfléchir avant de répondre.
« Oui, sans aucune hésitation... C'est la meilleure chose qui me soit arrivée. »
« Tu penses que je devrais venir ? »
« Oui. » Hannah hocha la tête et sourit.
« D'accord... Je viens. » Harry se leva immédiatement et la serra dans ses bras. Il n'en revenait pas. Hannah venait d'accepter... Cela voulait dire qu'il allait passer toute l'année avec elle. Au bout de quelques secondes, elle se redressa et lui demanda :
« C'est quoi tout ces papiers cadeaux dans ta corbeille ? »
« Ah... Ben c'est mon anniversaire aujourd'hui. »
« Joyeux anniversaire, alors ! T'aurais dû me le dire hier soir. J'étais en ville ce matin, j'aurais pu t'acheter quelque chose... »
« C'était pas la peine passer une année avec toi, c'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire... » Harry se pencha vers elle et l'embrassa tendrement. Quelques minutes après, ils s'étaient assis sur le lit et avaient recommencés à discuter comme la veille.
« Au fait, lui dit-elle, mes parents veulent t'inviter à dîner ce soir. Je leur ai dit que tu allais à cette école, et maintenant ils veulent te connaître. Je te rassure, ils ne vont pas te mitrailler de questions, c'est pas leur genre... En plus ça tombe bien si je leur dis que c'est ton anniversaire, ma mère va sûrement vouloir te faire un gâteau... Ca t'intéresse ? »
« Oui, bien sûr ! Par contre, je te préviens, si mon oncle et ma tante apprennent qu'on est ensemble, ils ne voudront certainement plus que tu donnes des cours à Dudley. »
« C'est vrai... ? Tant mieux ! Ca fait trois mois que j'essaye de leur dire que je peux plus lui donner de cours. Ils sont persuadés que je sors avec lui, et depuis, ils m'adorent. T'as qu'à aussi leur dire que je me pique à ça ils n'auront vraiment aucun remord à me virer. » Ils continuèrent à parler et à rire pendant une heure puis Hannah décida de rentrer plus tôt pour aider sa mère à faire la cuisine. Harry la raccompagna jusqu'à la porte et lui promit qu'il serait chez elle à sept heures.
