Le favori
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Chapitre 6—
Lucius regardait son amant dormir, une moue dédaigneuse aux lèvres. Tout cela avait été d'une facilité déconcertante, ce malgré la soi-disant hétérosexualité du professeur de son fils ; Lucius l'avait "levé" sans difficulté aucune.
Sitôt la soirée venue, il l'avait abordé nonchalamment, lui avait parlé de son fils, qu'il fallait être indulgent avec lui, qu'il avait toujours eu de la difficulté avec cette matière, que lui-même n'était pas convaincu de l'utilité de ce cours ; Mike Hanson s'était alors mis en devoir de lui prouver le contraire, ce qui était prévisible et sur quoi Lucius comptait. Ses arguments ne valaient pas tripette ; aucune importance, Lucius s'en fichait royalement, l'important était d'entamer la conversation et de la faire durer suffisamment pour qu'il tombe sous son charme.
Dès qu'il eut ferré le professeur, il lui avait murmuré quelques mots à l'oreille concernant ses projets pour lui. Ce dernier avait tout de suite protesté, alléguant qu'il aimait les femmes et qu'il n'aimait qu'elles. Lucius avait jugé ses protestations bien molles ; il fallait tout de même préciser que Lucius n'avait pas varié sa technique depuis des années. Il avait certes perdu le charme de l'adulte naissant qui avait séduit Voldemort, mais sa sensualité naturelle n'avait été en rien troublée par les vingt ans qu'il avait pris depuis. Il accaparait celui qu'il convoitait dans une conversation et laissait son charme opérer, l'aidant de temps en temps en changeant légèrement de position, en offrant son profil, paraissant tout d'un coup indifférent à son interlocuteur… et tellement désirable.
Et l'affaire était enlevée ! Il avait une fois de plus eu ce qu'il voulait. Il était cependant déçu, très déçu. Certes, Mike Hanson avait un physique intéressant, son drapeau se levait prestement et sans difficulté – ce qui était toujours appréciable – et son endurance était certaine. Néanmoins, ses quelques qualités étaient malheureusement mises à mal par le fait qu'il n'avait aucune imagination, aucune classe, bien peu de culture – il s'en était rendu compte lors de leur conversation lorsqu'il avait tenté de l'entraîner sur d'autres sujets que sa précieuse matière – et, pour couronner le tout, à peine sa semence déposée, il s'endormait aussi sec.
Ceci étant, ce coup-là, un autre lui avait déjà fait ; et déjà à l'époque, il n'avait guère apprécié.
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Lucius se coucha sur le dos et contempla le plafond ; évoquer ce souvenir lui donnait envie de faire le point sur ses différents amants. Qui y avait-il eu après Lord Voldemort ? Arthur tout d'abord, un amant médiocre qui lui avait duré une nuit ; tous les Arthur qu'il connaissait paraissaient voués à la médiocrité, bien loin du légendaire roi ; mais peut-être le destin de ce dernier était-il surtout conditionné par l'aide de Merlin, s'il n'avait pu en bénéficier, son nom ne serait sans doute jamais passé à la postérité.
Ensuite venait Sergio, un séducteur italien rencontré lors d'un voyage à Naples. Ce n'était pas un amant extraordinaire, mais il était inventif et doux. Et qu'est-ce qu'il pouvait aimer son accent et sa langue ! Ses deux langues en fait : sa langue maternelle et son organe buccal, avec lequel il était très agile aussi bien pour parler que pour faire… autre chose. Il était resté pratiquement deux ans avec lui. Contrairement à Arthur, Sergio était un excellent souvenir.
Après, il y avait eu Cid, un grand et magnifique noir, des bras sécurisants, un derrière à tomber, un regard à faire fondre la banquise et amant généreux par-dessus tout ça. S'il avait été du genre à avouer ces choses-là, Lucius aurait presque été tenté de dire qu'il l'avait aimé. Ils étaient restés plus de quatre ans ensemble ; pourquoi s'étaient-ils séparés déjà ? Ah oui ! Cet imbécile s'était marié et tenait à être fidèle à son épouse ; Lucius en était resté coi. Quand on est hétérosexuel, on peut théoriquement se contenter d'une seule femme ; de même, lorsqu'on est homosexuel, un homme peut-être suffisant ; mais est-ce si simple de se contenter d'une seule personne quand on est bisexuel ? Lucius en doutait.
Après cette déconvenue, il avait été extrêmement sage. Il avait bien eu deux ou trois amants de passage ; mais dans l'ensemble, il maîtrisait bien ses besoins sexuels. Il s'y était exercé dès l'âge de quinze ans, ne tenant pas à ce que son père se doute de quoi que ce soit. Il pouvait donc rester très longtemps sans amant, une année entière même ; il était d'ailleurs resté sans hommes plus de deux ans une fois.
A présent, il y avait Mike. Cependant, là, c'était après le retour de Lord Voldemort et Lucius n'était pas certain que celui à qui il appartenait (car c'était bien d'une basse question de propriété qu'il s'agissait) apprécierait d'apprendre qu'il avait couché avec d'autres hommes pendant son absence (d'autant plus s'il avait consacré son temps à le tromper au lieu de le rechercher, le Seigneur des Ténèbres avait déjà moyennement apprécié qu'il fasse mumuse avec des Moldus au lieu de lui porter assistance). Cependant, la situation deviendrait d'autant plus délicate s'il apprenait que Lucius l'avait remplacé après son retour, surtout aussi vite après l'avoir repoussé. Comment prendrait-il cette nouvelle ? Tuerait-il son amant ? Le tuerait-il lui ?
Il écarta cette vaine interrogation en songeant que son transplanage le mettait déjà dans une fâcheuse posture vis-à-vis de son Maître. ça de plus, ça de moins…
