Le favori

Par Maria Ferrari

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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

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—Chapitre 12—

« Approche mon bon Severus, tu n'as aucune raison d'avoir peur. Comment pourrais-je te faire du mal ? Tout traître que tu es, tu m'as donné du plaisir ; et tu m'apportes peut-être aujourd'hui la solution pour redevenir celui que j'étais. »

Lucius serra les dents et son poing se crispa sur sa canne. D'une certaine façon, il était heureux que son Lord ne cherche pas à attenter à l'intégrité physique de son ami, mais de là à lui parler si gentiment, de le remercier pour ses "bons services"… n'existait-il donc pas de juste milieu pour Lord Voldemort ?

Le récipient fut arraché des mains de Severus et atterrit dans celles du Seigneur des Ténèbres. Ce dernier l'ouvrit et jeta un regard suspicieux au liquide.

« Severus, si jamais cette potion se révèle être un poison, j'aime autant te prévenir qu'elle ne me tuera pas : je suis immunisé. »

Severus ne cilla pas ; Voldemort renifla la potion. Lucius commença à se sentir tendu, le ton de son amant n'était plus doux et il ressentit de l'inquiétude pour Severus.

« Par contre, je risquerais de sentir une légère douleur. Par conséquent, il ne serait plus question d'indulgence à ton égard. »

Il n'y eut toujours aucune réaction de la part de Severus. Lucius se demanda si c'était un effet de sa volonté ou s'il n'avait effectivement pas empoisonné le contenu du flacon ; il pria pour la seconde hypothèse car la première serait funeste pour son ami. Cela étant, il avait sans doute suffisamment de pouvoir sur son Lord pour l'empêcher de commettre l'irréparable sur la personne d'un ami ; il se rassura ainsi. De toute manière, son Lord avait changé d'attitude et sans doute n'avait-il menacé Severus que par habitude. Lucius se détendit.

« Bien, reprit Voldemort. A présent, dis-moi comment cela se passe.

— J'estime que cela peut faire effet en la buvant tout simplement. Si jamais cela ne marchait pas, j'en ai préparé un peu plus du double de la quantité nécessaire afin de pouvoir procéder par injection. Il faut donc que vous buviez la moitié du contenu d'un seul trait et de façon régulière.

— Combien de temps cela prendra pour connaître le résultat ?

— Cela peut aller de une à quatre heures suivant l'ampleur des modifications qu'auront à subir votre corps et votre visage.

— Est-ce douloureux ?

— Aucunement.

— Bien. »

Severus se retrouva soudainement scotché au mur, sa baguette atterrit entre les mains du Seigneur des Ténèbres. « Simple précaution », fit celui-ci avant de commencer à boire.

Il en but la moitié comme convenu.

« Discutons à présent. Nous avons du temps devant nous. Raconte-moi, Severus, ce qui t'a amené à me trahir. »

Severus avait retrouvé la liberté de ses mouvements, mais sa baguette était toujours entre les mains ennemies ; il décida de jouer le tout pour le tout.

« Je suis devenu Mangemort par erreur. De toute façon, ma trahison importe peu à présent. » Voldemort fronça les sourcils et l'invita d'un mouvement de tête à poursuivre. « Bientôt, c'est une bonne partie des Mangemorts qui vont vous trahir. Attention ! Ils ne vont pas se mettre du côté de Dumbledore ; non, ils veulent juste vous renverser.

— Comment sais-tu cela ?

— Certains m'ont abordé, estimant que j'allais certainement être d'accord avec eux. Ils m'ont parlé à mots couverts de votre ascendance Moldue, de votre attitude étrange, de votre attachement à Lucius. J'avoue n'avoir pas saisi quand ils m'ont parlé de ça – j'ai manqué de subtilité sur ce coup –, Lucius a éclairé les choses sous un jour différent le jour où il a parlé des soi-disant abus qu'il avait subis.

— Je n'ai pas parlé d'abus ! protesta l'intéressé. J'ai juste dit que j'avais fait semblant d'être consentant.

— Oui, tu as prétendu cela ; et ta présence en ce lieu vient contredire ce que tu m'as dit. Dire que je t'ai cru et que j'ai été jusqu'à te confier le calvaire que j'ai vécu. »

Voldemort se redressa de toute sa taille en entendant cela et en comprenant de quoi ils parlaient.

« Calvaire ! Tu ne semblais pas détester cela ! s'exclama-t-il, scandalisé.

— Je ne voulais pas que vous doutiez de ma fidélité.

— Tu as aimé cela Severus, cesse de prétendre le contraire », assura Lucius d'un ton fielleux. Il les regarda l'un et l'autre tour à tour et reprit d'un ton plus conciliant : « Vu le point où nous en sommes, nous ferions mieux de tout nous avouer.

— Comme il te plaira, Lucius. Montre-nous donc l'exemple en commençant », l'invita Voldemort.

Lucius prit une grande inspiration et se tourna vers Severus.

« Non seulement j'étais consentant, mais je suis venu à lui. C'est moi qui l'aie séduit, sciemment. J'en avais envie. »

Il estima en avoir suffisamment dit – et c'est sans doute n'y avait-il rien de plus à dire –, il attendit que Severus se confesse à son tour. Celui-ci hésita longuement avant de le faire.

« A mon grand regret, je n'ai pas trouvé ça totalement désagréable.

ça ? fit Voldemort.

— Que vous me fassiez la chose », marmonna Severus en regardant ailleurs. Cette scène était surréaliste. Il ne pouvait pas être dans une espèce d'entrepôt désaffecté en train d'attendre que le Seigneur des Ténèbres redevienne beau et d'avouer qu'il n'avait pas totalement détesté qu'on lui fasse… ça.

« Par "pas totalement désagréable", entends-tu que c'était plutôt agréable ? Que tu as aimé ? » demanda Lucius.

Severus eut un bref haussement d'épaule, l'équivalent d'un acquiescement. Il se sentait tellement honteux d'avoir ressenti du plaisir dans de telles conditions. Pourtant, ce n'était rien de plus qu'une fichue réaction mécanique du corps.

Voldemort semblait pensif et il regardait Severus d'une façon qui avait le don d'agacer Lucius ; le blond leva les yeux au ciel et croisa les bras.

« Tu me rassures, Severus, car, à mon tour d'avouer quelque chose, j'ai eu la faiblesse de croire que tu avais une sorte de béguin pour moi ; étais-je naïf ! Je ne me suis jamais douté que tu m'avais trahi, j'ai toujours été convaincu de ta fidélité. Il y a pourtant eu certains instants où cela aurait dû me sembler évident ; il m'est même arrivé de nourrir quelques doutes. Cependant, mes doutes se sont toujours dissipés aussi vite qu'ils étaient venus. Je suis donc soulagé de constater que je ne m'étais pas totalement trompé, que tu as au moins aimé ce qui s'est passé entre nous. »

Severus ne semblait pas être de cet avis. Et Lucius non plus.

« Cela suffit !

— Qu'y a-t-il Lucius ? Serais-tu jaloux ? Moi qui croyais être le seul de nous deux à être possessif. » Lucius détourna le regard. « Comme la vie est étrange, la mienne est bouleversée depuis quelques temps, continua Voldemort d'un ton rêveur. Je me suis rendu compte, Lucius, que tu étais ce qui comptait le plus à mes yeux, bien au-delà de mes rêves de puissance, de pouvoir ou d'immortalité. » Il regardait Lucius intensément. « J'aurais aimé m'en rendre compte plus tôt. »

L'aristocrate s'apprêta à répondre mais se retint, il ne pouvait pas dire ce qui lui brûlait les lèvres, il ne pouvait pas lui dire qu'il ressentait de l'attachement pour lui, ou quelque chose de plus fort.

Severus observait la scène, abasourdi. Le Seigneur des Ténèbres serait-il capable d'aimer ?

« Votre nez ! » s'exclama Lucius soudainement. Voldemort porta la main à son visage et eut un fin sourire ; la potion commençait à faire effet, son nez reprenait sa forme originelle.