Le favori

Par Maria Ferrari

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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

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—Chapitre 14—

« Tu veux rester avec lui ? Alors, tu vas divorcer de Narcissa et l'épouser. »

C'est en ces termes qu'Aristus Malefoy résuma la discussion qu'il venait d'avoir avec son fils. Il allait sans dire qu'il ne pensait pas ce qu'il disait mais cherchait juste à souligner l'absurdité de la situation.

« Père, je ne peux l'épouser ; c'est un homme et j'en suis un aussi », rétorqua son fils d'un ton las. Cette conversation durait depuis une bonne heure déjà et Lucius lorgnait sur la porte de sa chambre avec envie.

« Enfin, tu t'en rends compte !

— Père, ne soyez pas si obtus.

— Ce n'est pas être obtus de mal prendre que son fils fréquente un psychopathe ! »se prit-il à crier. Lucius remercia intérieurement Dumbledore de l'avoir installé à un étage où la plupart des pièces étaient inoccupées la nuit : son père ne se tenait plus.

« Je me suis rendu compte seulement très récemment que je l'aimais. Je ne me pensais pas capable de ressentir ce genre de sentiments pour qui que ce soit, cela a donc été assez difficile à admettre. Je comprends parfaitement que ce soit encore plus difficile pour vous. J'aurais dû vous avouer mon homosexualité plus tôt ; cela vous aurait sûrement facilité la tâche d'apprendre ce genre de nouvelles une par une, plutôt que toutes d'un coup », admit-il en guise d'excuses.

Son père semblait calmé. Cela avait toujours été comme cela. A chaque fois qu'il avait quelque chose à lui reprocher, il le sermonnait, semant quelques sarcasmes au passage, avant de crier un bon coup et de se détendre. Toutefois, cela ne signifiait pas forcément que l'orage était passé.

« Je vais aller me coucher ; fais-en autant. » Lucius ne rêvait que de ça ; il retint un soupir de soulagement. « Je veux que tu réfléchisses aux conséquences qu'entraîne cet amour que tu prétends ressentir. »

Sur ces mots, Aristus sortit en claquant la porte.

~oOo~

Lucius fut réveillé beaucoup trop tôt à son goût par un cognement insistant à sa porte. Il s'aperçut en se levant qu'il était midi passé.

« Une minute », cria-t-il tout en enfilant des vêtements, puis il se donna un coup de peigne et alla ouvrir pour découvrir son fils derrière la porte.

« Bonjour.

— Bonjour Drago.

— Comment cela s'est passé cette nuit avec Grand-père ? »

L'exaspération que ressentait son père à sa question se lut sur son visage.

« Nous avons eu une discussion très animée, mais je ne pense pas que cela te regarde, rétorqua-t-il d'un ton sec.

— Tu ne crois pas que tu as cherché ce qui t'arrive ? »

Une remarque à son père. Il avait fait une remarque à son père. Il l'avait critiqué. Il avait mis en valeur une erreur de son père. C'était sorti tout seul. C'était la première fois que ça lui arrivait. Il s'était surpris lui-même.

Et son père paraissait aussi étonné que lui.

« Tu peux développer, s'il te plait ? »

Le visage de son père était dur, mais, pour la première fois, Drago ne s'en émut pas et répondit d'un ton égal.

« En quoi la réaction de Grand-père t'étonne ? Je veux dire : il apprend à la fois que tu es homosexuel, que tu préfères les hommes plus âgés – qui ont son âge en fait – et que tu es l'amant du Seigneur des Ténèbres. Ça fait beaucoup tout de même. Et puis, je crois que ce qui le chagrine par-dessus tout, c'est que tu lui as caché tout ça durant toutes ces années. Loin de moi l'idée de vouloir te donner des leçons, mais tu n'as pas volé ce qui t'arrive. »

La façon dont le regardait son fils ne lui plaisait pas. Et il y avait assez de son père à lui remonter les bretelles. D'ailleurs, il n'était que son fils, bref, la dernière personne qu'il s'attendait à entendre le sermonner.

« Prenons un exemple, poursuivait Drago. Quel effet ça te ferait d'apprendre que je suis l'amant de – hem ! – Ron Weasley ?

— Tu es l'amant d'un Weasley ? » s'exclama Lucius, le souffle court. Son visage en perdit toute dureté pour n'être plus qu'effroi.

« Evidemment que non, j'ai meilleur goût que ça ! C'est un exemple, protesta Drago.

— Tu as intérêt que ce soit faux ! Je ne veux pas te voir avec un de ces rouquins médiocres !

— Tu es bien mal placé pour m'ordonner ce genre de choses ! Tu es l'amant du Seigneur des Ténèbres et tu viens de te faire incendier par ton père à ce sujet ! Si tu veux me dicter ma conduite en ce qui concerne ma sexualité, commence par faire ce que te dicte Grand-père ! »

Lucius ne trouva rien à répondre.

« De plus, je pense que ta réaction devrait arriver à te faire comprendre celle de Grand-père. ça te rend malade de songer que je pourrais être avec un Weasley ? Cela rend malade Grand-père de te savoir avec le Seigneur des Ténèbres. Je ne vois pas en quoi c'est difficile à comprendre. Tu devrais plutôt lui être reconnaissant d'être aussi compréhensif car tu peux être sûr qu'il finira par accepter ce que tu ressens. Ce n'est pas comme si c'était de moi qu'il s'agissait. Si je m'unis avec quelqu'un que tu ne trouves pas à ton goût, je peux être certain d'être obligé de choisir entre toi et lui. Grand-père, lui, ne te forcera jamais à faire ce genre de choix. Il essayera de te convaincre de changer d'avis – il a déjà dû commencer cette nuit – mais s'il n'y parvient pas, alors, il acceptera et tâchera de se faire à cette situation parce que son amour pour toi est indéfectible. Personnellement, j'aurais adoré avoir un père qui m'aime comme ça. Malheureusement, il ne semble pas que ce soient les fils les plus dignes qui en héritent. Tu n'as fait que décevoir ton père et toujours il t'a trouvé des excuses. Moi, j'essaye de faire en sorte que tu sois fier de moi et tout ce que j'ai en récompense, c'est que tu n'insistes que sur ce que je rate ou même sur ce que je ne réussis pas suffisamment. J'ai conscience que j'ai beaucoup de lacunes, mais ça ne devrait pas t'empêcher de voir que je suis doué à d'autres choses, dans d'autres matières. Il est loin le temps où tu t'émerveillais de la facilité que j'avais avec les balais, où tu disais que j'étais un très bon attrapeur et que le capitaine de Quidditch des Serpentard aurait tort de ne pas me prendre ! »

Tout était sorti d'un seul coup. Cela faisait un bien fou. Ça faisait si longtemps qu'il avait envie de lui faire part de ce qu'il ressentait.

Son père paraissait ébranlé. Aurait-il réussi à lui faire comprendre ses torts ? Ce serait inespéré.

« Drago, je ne m'étais pas rendu compte que tu prenais les choses de cette façon, lui dit-il d'un ton doux. Je n'insiste pas sur ce que tu ne réussis pas dans le but de te rabaisser, je veux juste mettre en valeur ce qui va moins bien pour que tu fasses en sorte de mieux faire la fois d'après. Par ailleurs, j'avoue être avare de félicitations, je ne veux pas que cela te paraisse trop facile d'en recevoir. Ça ne m'empêche pas d'être fier de toi. »

Lucius fit une pause. Il eut un sourire vaguement amusé.

« Tu sais, Drago, tu m'aurais fait la moitié de ce que j'ai fait à mon père, je crois que je t'aurais renié depuis longtemps. Mon père a beaucoup de mérite. »

Drago hocha la tête affirmativement.

« Le problème est que je suis réellement amoureux de Lord Voldemort, ou plutôt de Tom Jedusor. Je vais aller parler à ton grand-père. »

Lucius se leva.

« Je te promets de tâcher d'être un peu plus indulgent envers tes résultats. Je te promets aussi de ne pas dicter ta conduite en matière de choix de partenaires, tu fais ce que tu veux, je ne t'en aimerai pas moins pour autant. » Lucius fit une pause, de l'inquiétude se lisait dans son regard. « Rassure-moi tout de même : tu n'es pas avec un Weasley, n'est-ce pas ?

— C'était un exemple ! souffla Drago d'un ton excédé.

— Merlin soit loué ! » s'exclama son père, au comble du soulagement.