Ch 4 : Bleu ciel

J'évitais tout le monde. Je restais cloîtrée dans ma chambre, et Jajuka venait m'apporter à manger le soir. Il avait essayé de me parler au début, mais arrêta au bout d'une semaine en voyant que je ne répondais pas. Et puis un soir, Miguel entra timidement dans ma chambre, grimpa sur mon lit, serra très fort ma main dans la sienne et m'embrassa la joue.

-Dis, tu vas bien ? Pourquoi tu viens plus nous voir ? Tu me manques. Je m'ennuie sans toi.

Je le serrais dans mes bras et me mis à pleurer. Il était tellement gentil, ce pauvre enfant...

Ce fut le déclic. Je recommençais à passer mes journées avec eux, faisant sembler d'être joyeuse et heureuse. Seul Dilandau n'était pas dupe.

Je les laissais une journée pour aller m'entraîner avec Narya et Erya. J'étais folle de joie de pouvoir passer un peu de temps avec elles. Elles me montrèrent de nouveaux mouvements qu'elles avaient inventés. Lorsqu'elles me firent une démonstration, j'eus l'impression qu'elles dansaient tant leurs mouvements étaient gracieux et évolués. Je les quittais, à contre-cœur, mais en arrivant dans la salle où étaient les enfants, Dilandau n'était pas là et les autres semblaient énervés. Miguel me dit que Dilandau était méchant et qu'il ne voulait plus le voir, et tous hochèrent la tête. Après un moment de réflexion, je décidais d'aller voir le petit chef et trouvais sa chambre dévastée par l'une de ses crises de rage.

-C'est ta faute ! cria t-il en me voyant.

-Voyons, Dilandau... soupirais-je. Que s'est-il passé ? Tu leur a encore imposé ta tyrannie, et ils se sont rebellés ? J'ai toujours su que ça arriverait un jour.

-Ils ne veulent plus jouer avec moi... dit-il, attristé.

-Tu dois bien comprendre qu'eux ne s'amusent pas, ils exécutent tes ordres. Quelle serait ta réaction si quelqu'un t'obligeait tout le temps à faire ce que tu ne veux pas ?

-Folken m'oblige à faire des choses que je ne veux pas faire.

-Oui, mais pas tout le temps. Laisse-leur un peu de liberté, les pauvres...

-Mais c'est moi le chef ! Ils doivent faire ce que je dis.

Je me mis à rire. Il semblait tellement convaincu de ce qu'il avançait ! Ses yeux se remplirent de larmes.

-Dilandau ? murmurais-je, étonnée. Tu pleures ?

-Non ! Je ne pleurerais jamais ! Ce sont les faibles et les femmes qui pleurent !

Je m'asseyais sur le lit, près de lui, et passais une main dans ses mèches grises. Il leva vers moi des yeux emplis d'incompréhension.

-Allons, ce n'est rien. Ils ne te feront pas la tête longtemps je pense...

-Et s'ils continuent de ne pas vouloir me parler ?

-Je ne sais pas.

Je le serrais dans mes bras et caressais tendrement ses cheveux, comme je le faisais à mon petit frère lorsqu'il était triste. Je déposais un baiser sur son front et le gardais serré contre moi.

Il me repoussa soudain et se tordit de douleur.

-Dilandau ? Ca va ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Il gardais la tête baissée, ses cheveux cachant son visage. Je sortais en courant dans le couloir, mais il n'y avait personne pour m'aider. Lorsque je retournais dans la chambre, Dilandau n'était plus là. A sa place, vêtue des mêmes vêtements, il y avait une petite fille aux cheveux blonds, qui leva vers moi son regard bleu ciel.

-Ce n'est pas possible... murmurais-je.

-Sophia ? dit doucement Séréna. Sophia, où suis-je ? C'est tout noir, j'arrive pas à me rappeler... Où est Jajuka ? Je suis dans ta chambre ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Sophia ! parles-moi ! Je comprends pas... Sophia !

Et elle se mit à pleurer parce que je ne lui répondais pas. A pleurer à cause de moi. Avais-je des hallucinations ? La fillette en face de moi semblait bien réelle. Je fouillais les tiroirs de la commode que la colère Dilandau avait jetés sur le sol. Un indice, qui aurait pu expliquer que Séréna était là, n'importe quoi, un vêtement de fille, une image, un jouet, mais je ne trouvais rien.

Séréna descendit du lit et s'accrocha à ma manche.

-Sophia ! Je veux voir Jajuka ! Où est Jajuka ? Pourquoi tu veux pas me parler ?

Je frôlais sa peau, comme pour m'assurer qu'elle était bien là, puis la soulever de terre et la serrait dans mes bras. Ses petits bras s'accrochèrent à mon cou et elle sanglota dans mon épaule.

-Je veux boire... dit-elle doucement.

Je la reposais sur le sol, refermais la porte et me remis à fouiller dans les vêtements. Je lui faisais mettre un autre pantalon, une autre chemise et trouvais une petite cape avec une capuche. Ainsi vêtue, je serrais sa main dans la sienne, lui recommandait de garder la tête baissée et sans trop de difficulté, guidé par mon instinct, je retrouvais la chambre de Jajuka. J'entrais sans frapper, refermais la porte et découvrais le visage de la petite alors que Jajuka se levait, surpris. Ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la surprise et il resta un moment immobile, fixant la fillette.

-Est-ce que tu étais au courant ? demandais-je, brisant le silence.

-Au courant de quoi ? répondit-il sans lâcher du regard Séréna qui lui souriait, heureuse de l'avoir retrouvé.

La fillette alla s'accrocher à sa jambe.

-Que... que... Dilandau et Séréna n'était que... qu'une seule personne !

-Pardon ?

-Je l'ai laissé dix seconde et quand je suis revenue, ce n'était plus Dilandau, c'était Séréna.

-C'est impossible ! Ca ne peut pas être vrai ! Un garçon ne peut pas se... se transformer en fille, ou l'inverse !

-Et pourtant ! Je te dis que c'est la même personne !

-Jajuka, je veux boire ! intervint Séréna. En plus, je comprends rien de ce que vous dites. On pourra aller dans le jardin ?

-Oui, Séréna, tout ce que tu veux... accepta Jajuka, trop heureux de la revoir.

-Non ! Non, ma chérie, tu ne dois pas sortir.

-Pourquoi ? J'ai vraiment soif Sophia. Et je veux me promener...

J'entendis des pas dans le couloir, et j'étais certaine qu'il s'agissait de Folken.

-Séréna, tu vas bien faire attention à ce que je dis, et tu le feras, d'accord ? Tu vas te cacher sous le lit, et tu ne dois pas parler, pas bouger jusqu'à ce que nous t'en sortions, tu m'as bien comprise ? Tu n'en sors sous aucun prétexte.

-Mais j'ai soif !

-Nous t'apporterons de l'eau après, mais maintenant tu te caches ! Dépêches- toi !

Je poussais l'enfant sous le lit et rabattais avec soin le drap pour la cacher. Puis je m'asseyais sur le bureau, comme si de rien n'était, et Jajuka s'assit sur le lit en faisait attention que le matelas n'écrase pas Séréna. La porte s'ouvrit et Folken apparut.

-Vous êtes encore ensemble ? Vous devriez plutôt surveiller les enfants... Nous ne retrouvons pas Dilandau.

-Vous avez essayé sa chambre ? répliquais-je, ironique.

-Des hommes y sont allés. Il a tout défait mais il n'est pas dedans.

-Il est peut-être sorti faire un tour dans les jardins, suggéra Jajuka.

-Il est peut-être parti manger quelque chose aux cuisines, poursuivis-je.

-Ou partit regarder Narya et Erya s'entraîner, proposa mon ami.

-Peut-être qu'il est dans le dortoir des autres gamins.

-Ou qu'il s'est perdu dans les couloirs.

-Ou peut-être bien que...

-Au lieu de faire des suppositions, aidez-nous a le chercher ! me coupa Folken, excédé.

-Bah, fallait le dire plus tôt que vous vouliez de l'aide. Mais j'ai mal à la cheville, je peux pas marcher.

Folken me regarda d'un air suspicieux.

-Mais Jajuka se fera un plaisir de vous accompagner, pas vrai boule de poil ? Au fait, rapportes-moi une cruche d'eau froide s'il te plaît, pour calmer la douleur.

-Tu veux peut-être qu'on te raccompagne dans ta chambre ? suggéra Folken, intrigué.

-Non merci. Je fais des cauchemars, je préfère dormir avec Jajuka.

Si le jeune homme trouva cela étrange, il n'en dit rien et partit avec l'homme-chien chercher Dilandau. Je me levais et me jetais sur le lit en entendant la porte se rouvrir.

-Aïe ! m'exclamais-je en voyant Folken.

J'avais sans doute l'air pitoyable, à faire semblant d'avoir mal.

-Veux-tu que j'appelles un médecin, pour qu'il vienne vérifier que ce n'est pas trop grave.

-Oh non ! Ca ira ! Suffit de pas trop bouger, et demain je me porterais comme un charme ! Bonne nuit Seigneur Folken !

Je le regardais s'en aller avec soulagement et tirais le drap. Séréna rampa en-dehors de sa cachette et s'assit à côté de moi.

-Pourquoi le Seigneur Folken ne doit pas me voir ?

-C'est trop compliqué... Jajuka apportera de l'eau tout à l'heure, on ne peut pas faire mieux. Tu tiendras le coup ma chérie ?

-Oui, si il le faut.

Je la bordais dans le lit avec soin, embrassais son front et la veillais. Jajuka rentra au bout de quelques heures, énervé.

-Il ne retrouve pas ce gamin, ils disent que c'est de notre faute ! me lança t-il.

-Est-ce que le Seigneur Folken se doute de quelque chose ?

-Je n'en sais rien... il a à peine dit deux mots, mais il a pris notre défense en leur disant que deux personnes n'étaient pas suffisantes pour surveiller une dizaine de gamins et que Dilandau était un enfant turbulent.

-Ne parles pas trop fort, elle s'est endormie. C'est si étrange... de la voir si paisible alors qu'elle a disparut tellement de temps !

-Racontes-moi ce qu'il s'est passé, dis-moi chaque détail.

-Je te l'ai déjà dit ! Je suis sortie et...

-Non, depuis le début. Pourquoi étais-tu avec lui ?

-Les autres s'étaient disputés avec lui. Ils disaient que Dilandau était méchant. Je suis allé le voir, il avait tout jeté comme à chacune de ses crises. J'ai discuté avec lui, et au bout d'un moment, il s'est un peu calmé, il semblait assez triste de ne plus avoir ses camarades. Il me faisait pensé à mon petit frère, alors je l'ai serré dans les bras pour le réconforter. C'est la première fois je crois qu'il se laissait aller comme ça... Et puis, il a eu l'air d'avoir très mal, d'un coup, je suis sortie dans le couloir pour voir s'il y avait quelqu'un pour m'aider, et quand je suis revenue... il n'y avait plus Dilandau, il n'y avait que Séréna.

-Tu dis que tu le serrais dans tes bras ?

-Je sais que c'est bizarre ! Mais je suis triste aussi, et puis, ça nous a réconforté tous les deux, et...

-Je ne te reproche rien, me coupa t-il. Je veux juste dire que tu lui a offert un moment de tendresse. D'amour, de gentillesse. Alors que jusqu'ici, personne n'a été réellement proche de lui... tu me comprend ? Pour un instant, il a dû avoir l'impression d'être en sécurité, d'être aimé...

-Tu veux dire que...

-Nous avons toujours pris soin de Séréna comme si elle était notre sœur, ou même notre fille. En lui apportant tout l'amour dont elle avait besoin. Mais nous n'avons jamais fait ça avec Dilandau, et d'ailleurs il ne le voulait pas. Et pendant un instant, il s'est laissé aller, en profitant d'un moment de tendresse. De ta part. Et il n'avait sans doute jamais connu cela auparavant...

-Je comprends rien... en gros, ce que tu essayes de dire, c'est que Dilandau est vraiment Séréna, comme je le disais, et qu'un simple moment de gentillesse l'a fait redevenir une petite fille ?

-A peu près, oui...

-Et c'est pas tordu ça comme hypothèse.

-Euh...

-Bah tiens. Et on fait quoi en attendant ? Ils vont continuer de chercher Dilandau, et on aura du mal à la cacher.

-Comment pourrais-je savoir ? Je n'ai pas réponse à tout.

-Ca pose pas mal de problèmes, hein ?

-Comment allons-nous la cacher ? Folken passe souvent, les enfants aussi... je ne vois pas comment nous pouvons faire.

-Moi non plus. Mais, comme disait mon père, chaque problème a une solution.

Les yeux de Jajuka brillèrent alors. Je le regardais, sans comprendre.

-L'envoyer sur la Lune des Illusions, souffla t-il.

-Ca, c'est intelligent ! répliquais-je d'un ton cassant. Si on pouvait y retourner, je crois pas que je serais encore là.

-J'ai lu des écrits là-dessus. Mais Folken n'en parlant pas, j'en ai un peu douté. Je crois d'ailleurs qu'ils aimeraient te garder ici, mais je ne sais pas pourquoi.

-De quoi tu parles ?

-Il paraîtrait que les atlantes possédaient un collier capable de les transporter sur la Lune des Illusions.

-Et personne ne m'en a parlé ? Mais c'est dégueulasse !

-Parles moins fort, tu vas la réveiller ! siffla Jajuka, agacé.

-C'est quoi de toutes façon, les atlantes ? On a un truc qui s'appellent l'Atlantide chez nous, mais c'est un mythe. Une histoire d'île disparue... des trucs faux, personne l'a jamais trouvée cette île.

-Les atlantes sont le peuple qui a créé Gaea.

-Pardon ?

-Avec le pouvoir de leurs rêves... mais ils ont détruit leur propre planète à cause de cette puissance. Il n'en reste que très peu, la plupart se cachent.

-Génial ! On fait comment pour en trouver un alors, si ils se planquent ?

-Très simple. La reine de Fanélia en est une.

-Je comprends plus rien moi...

-Le roi de Fanélia a trouvé une superbe jeune femme, et il l'a épousé. Son mariage a d'ailleurs était très controversé, mais il l'a épousé malgré tout. Ils ont eu deux fils. Le premier est mort, et le second, Van, est très jeune encore.

-Et comment on y va à Fané-machin-chose ? nous laisserons pas partir si Dilandau ne revient pas.

-On s'échappera.

-Bien sûr, on s'échappe ! T'as trop regardé la télé.

-La quoi ?

-Ah oui, c'est vrai, vous en avez pas... On s'échappe quand ?

-Ce soir ! Profitons de la panique actuelle à propos de Dilandau pour nous enfuir.

-Arrêtes de boire.

Il fouilla dans son armoire, en sortit une couverture et enveloppa délicatement Séréna dedans, en prenant de ne pas la réveiller. Puis, nous enfilâmes des capes pour cacher nos visages et partîmes.

Jajuka avait eu raison. Notre fuite passa inaperçue dans le désordre qui régnait. J'avais du mal à comprendre l'importance que pouvait avoir Dilandau. Les jours se succédèrent. Nous portions Séréna à tour de rôle pour qu'elle ne soit pas fatiguée. Après une semaine de marche, Jajuka me montra une épaisse forêt, et me dit qu'elle entourait le royaume. Je proposais de la traverser pour gagner du temps, mais il refusa, comme effrayé. Quelques jours après, nous passions les murailles de la ville avec bonheur. C'était un petit royaume d'apparence tranquille. Mais tous semblaient tristes. J'arrêtais une passante et lui demandais la raison de cette tristesse. Elle me répondit que le roi était mort. Un nouveau malheur s'abattait sur la ville, qui avait déjà perdu un prince. Comment pourrions- nous entrer dans le château si la reine était en deuil ?

La nuit vint, et Jajuka pénétra dans le château avec Séréna. Je le suivais silencieusement. Il cherchait la chambre de la reine. Il nous fallut une demi-heure pour la trouver, mais rie ne semblait susceptible d'être capable de transporter quoi que ce soit sur ma planète. Je vis alors un collier, avec une toute petite pierre rose qui brillait à la lumière de la Terre et de la Lune. Après m'être introduite en effraction, un petit vol ne changerait pas grand-chose... Je le glissais dans ma poche sans que Jajuka le voit et nous repartîmes déçus.

On reprit le chemin du retour vers Zaïbacher, et des soldats de l'empire nous attrapèrent. Nous étions considérés comme responsables de la disparition de Dilandau et notre fuite avait été très mal vue. Puis, sans que je sache comment, je disparue pour retourner sur ma planète. Et à ce moment-là, c'est moi qui tenais Séréna.

Ce ne fut qu'un bonheur de courte durée. J'eu à peine le temps de voir une voiture passer dans la nuit, d'apercevoir la Lune dans le ciel, sans la Terre derrière, que je repartais. Avec Séréna. J'éclatais en sanglots en voyant que j'étais de retour dans la forteresse de Zaïbacher. J'avais encore dû m'évanouir car je n'avais plus la fillette. Folken me fixait. Il semblait furieux.

J'enfilais un pantalon et une chemise trop larges, que je trempais de mes larmes. Folken ne parlait toujours pas, je me sentais de plus en plus mal, ma vision était brouillée car je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer. C'était trop dur. Tout ce voyage éprouvant, cette fuite dangereuse, pour rien. J'avais échoué. Et je me sentais pitoyable, incapable, misérable en train de pleurer comme une enfant sur ce lit qui n'était pas le mien. J'avais enfin eu la chance de retourner chez moi, de retrouver ma planète, une chance de revoir ma vie repartir avec une année qui avait somme toute été enrichissante, et puis plus rien. Seulement mon désespoir. J'étais plus que pitoyable.

Folken sortit. Je pleurais encore plus.

Je ne revis plus Jajuka. Je ne sais pas où ils le mirent. Le petit monde que je m'étais créé ici s'effondrait. Narya et Erya ne me parlaient plus, j'avais mis en colère leur Seigneur. Lorsque je les croisais dans un couloir, elles ne me parlaient pas, ne me regardaient pas, et pressaient le pas. Je ne voyais plus les enfants. Quant à Séréna, je ne sais pas ce qu'il advint d'elle. Je ne la revis pas non plus, ni Dilandau pendant un long moment, jusqu'à ce que je l'aperçoives dans sa chambre, seul. Je voulus lui parler, le toucher, m'assurer qu'il était bien réel, mais je n'osais pas.

Je crus devenir folle, que cette planète, ses habitants, ce monde entier n'était qu'un délire de mon imagination, que j'étais dans un asile et que je ne pouvais m'échapper. Mais la réalité s'imposa, et je ne rêvais pas. Et ce fut encore pire de devoir affronter ce monde.

Folken m'ignorait totalement. J'avais été proche de lui à une période, si proche que j'avais même pensé qu'il était mon ami. Mais il n'en était rien. Comme les autres, je n'étais qu'un pion, et je ne connaissais pas ma place. Plusieurs fois, je tentais de m'enfuir, mais je me perdais dans les couloirs et un serviteur, toujours le même, finissait toujours par me ramener.

Le collier volé dans la chambre de la reine avait disparu. Je ne sais pas si c'est Folken qui l'avait gardé, si je l'avais perdu sur Gaea ou sur la Terre. Et je ne voulais pas le savoir au fond. Je regrettais ma petite vie si tranquille. Je m'étais souvent plainte qu'il ne se passait rien, mais je la regrettais amèrement, et j'aurais tout donner pour y retourner. Mais je n'avais rien à donner, de toute façon. Je n'étais plus rien. On m'abandonnait dans ma chambre, se contentant de me nourrir. J'avais envie de mourir.