Ch 7 : Cinq ans.
Quelques mois s'écoulèrent, et je constatais que j'étais sur Gaea depuis déjà cinq ans. J'étais toujours avec Xael. Sous mon regard attristé, Miguel changea. Il devint le préféré de Dilandau, peut-être parce que ce démon savait que ces changements me faisaient souffrir. Je ne reconnaissais plus l'enfant adorable et si touchant qui serrait ma main dans la sienne en me promettant un mariage grandiose, qui m'appelait pour que je vérifie que son uniforme ou son armure étaient bien mis.
Le temps s'écoulait tellement vite... Je pensais de moins en moins à mon ancienne vie. Je m'en était reconstruite une nouvelle ici.
Folken semblait m'en vouloir de sortir avec Xael. J'avais presque l'impression qu'il était jaloux, mais ça ne lui ressemblait pas. Je n'aimais pas ce lieutenant, mais sa compagnie me faisait du bien. Il m'emmenait souvent dehors, et je finis même par rencontrer ses amis de l'extérieur, qui semblèrent enchantés de faire ma connaissance. Ils approuvèrent notre relation et une jeune fille nous demanda quand serait notre mariage. Je me mis à rire. Ce n'était sûrement pas lui que j'épouserais, et d'ailleurs, je n'avais aucune envie de ma marier.
Un soir, Miguel vint me rendre visite. Je passais une main dans ses mèches auburn et il resta de glace.
-Qu'y a t-il, Miguel, pour que tu viennes me voir ? soupirais-je, ravalant mes larmes.
-Je voulais juste te dire que nous n'étions plus amis. C'est la dernière fois que je viens te voir.
-Quoi ? m'écriais-je. Mais pourquoi ? J'ai fait quelque chose de mal ?
-Non. Je ne crois pas. Mais le Seigneur Dilandau dit que...
-Je me moque de ce que peut bien raconter ce démon ! le coupais-je.
-Il dit qu'à cause de toi, je suis faible. Je dois être sans pitié pour mes ennemis.
-Mais je ne suis pas ton ennemie ! Miguel, dis-moi ce qui ne va pas. Je ne te reconnais plus ! Tu as tellement changé... que se passe-t-il dans ta tête ?
-Rien. Je dois être sans pitié pour mes ennemis.
-Arrête de répéter ça ! Je ne suis pas ton ennemie Miguel, tu comprends ?
-Je ne dois pas avoir de faiblesses.
-Et je suis une faiblesse donc ?
-Au revoir Sophia.
-Attends ! Miguel !
Il partit et j'éclatais en sanglots. Cet enfant que j'avais tant aimé ne voulait plus me voir. Je perdais tous les gens que j'aimais. Jajuka, Séréna, Miguel...
Une rage soudaine m'envahit. J'eus brusquement envie de tuer ce petit démon qui était la cause de mes problèmes et de ma souffrance. Mai je ne pouvais me résoudre à le tuer. Ca n'aurait rien arrangé. Je me dirigeais vers la salle d'entraînement qui était vide. Pendant des heures, je m'épuisais dans des exercices, sans que cela m'apporte le moindre réconfort.
Ce fut Folken qui me re trouva. Je me remis à pleurer dans ses bras. Il ne m'apporta pas plus de consolation et me dit simplement que l'Empereur Dornkirk désirait me voir. Je montais alors et arrivais dans cette grande salle blanche. Folken ne m'avait pas accompagnée.
Dornkirk me fit venir près de lui.
-Sophia, tu as l'air triste, me dit-il calmement.
-Je perds tout ! répondis-je.
-Tu veux parler de cet enfant ? Ce n'est rien.
-Qu'est-ce que vous en savez ? aboyais-je. Vous ne connaissez rien à l'amour ou à l'amitié !
-Suffisamment pour savoir que tu tenais à cet enfant comme tu tenais à ton frère, et que tu n'aimes pas ce lieutenant.
-Fichez-moi la paix. Je veux juste qu'on me laisse tranquille... marmonnais- je en repartant. -Je ne t'ai pas dit que tu pouvais sortir.
Je fis volte-face et le regardais.
-Qu'est-ce qu'il y a encore ? vous aviez quelque chose à me dire ?
-Parle-moi de tes rêves.
Je poussais un soupir, me laissait tomber sur une chaise et lui racontais mes rêves dans lesquels j'étais sur un lit d'hôpital, chez moi, dans le coma, ces rêves qui hantaient mes nuits depuis le jour où le premier m'était arrivé.
-Vous croyiez que ça peut être vrai ? demandais-je quand j'eus terminé.
-Non. Tu es ici, pas là-bas. Cesse de te tourmenter. Tu aimerais retourner chez toi ?
-Je ne sais pas. Je ne sais plus... Je me suis refaite une vie ici, et même si elle n'est pas semblable à l'ancienne, je m'y sens bien. Mais en ce moment... enfin, ça ne va plus. Miguel, et puis Jajuka avant lui. Rien ne va comme je voudrais en ce moment.
-Cela s'arrangera. Tu peux partir.
Je me levais et retournais dans ma chambre. Xael m'attendait il me demanda où j'étais tout ce temps.
-Je ne suis pas partie longtemps ! m'exclamais-je, surprise. Je te manque à ce point-là ?
-Mais, Sophia, tu es partie pendant plus d'une journée !
-Quoi ?
-Le Seigneur Folken m'a dit qu'il t'avait vue à la salle d'entraînement, mais qu'il ne savait pas où tu étais maintenant. J'était inquiet.
-Plus d'une journée tu dis ? Mais... je ne crois pas que...
-Où étais-tu alors ?
-Oh, je... avec une vieille connaissance.
Je ne mentais pas vraiment. Dornkirk était vieux, et c'était l'une de mes connaissances d'une certaine manière.
-Tu avais quelque chose à me dire d'important ?
-Je voulais seulement être avec toi.
Un instant, j'eus l'impression que c'était mon petit ami de la Terre qui me parlait. Il m'avait souvent dit ça, « je voulais seulement être avec toi ». J'avais l'impression de le trahir, mais, en cinq ans, lui m'avait sûrement oubliée.
-Je suis très fatiguée tu sais. J'ai envie de dormir. Excuse-moi.
-Ce n'est pas grave, je comprends. Quand tu te seras reposer, il faudrait que tu ailles voir le Seigneur Folken, il voulait te parler.
-Mouais... j'irais peut-être plus tard.
Je l'embrassais rapidement et lui claquais la porte au nez. Alors je m'étendais sur le lit et m'endormais, pour faire de nouveau ces rêves étranges.
Lorsque je me réveillais, je constatais que Folken était dans ma chambre. Il me regardait d'un air si sérieux que je me mis à rire.
-Bonjour ! lançais-je en m'étirant. Alors, Xael m'a dit que vous vouliez me parler ?
-Je dois faire une visite de courtoisie à Astria.
-Astria ? Bizarre comme nom... quoi que, ça résonne mieux que Zaïbacher ! Zaïbacher... c'est quand même un nom sacrément laid. Enfin, vous voulez que je vous accompagne comme la parfaite petite épouse que je suis ?
-Comme la parfaite petite suivante plutôt.
-Quoi ? La suivante ? Mais... pourquoi ? Avant j'étais l'épouse ! Je descends là.
-Le roi d'Astria sait parfaitement que je ne suis pas marié.
-Bah, vous faites ce que vous voulez... On part quand ?
-Ce soir. Nous ferons le voyage de nuit.
-C'est à dire ?
-Dans trois heures.
-Il est si tard que ça ? demandais-je en jetant un coup d'œil à la fenêtre.
Le soleil était déjà haut dans le ciel.
-On sont les vêtements que je dois mettre ?
Il me montra la chaise où étaient soigneusement pliés une jupe, un chemisier et ce qui devait être un manteau. Des chaussures étaient posées en dessous. C'était dommage, j'aimais bien mes bottes. Folken sortit et je m'habillais aussitôt. Comme la fois précédente, ces vêtements étaient tout juste à ma taille, et je les soupçonnaient de prendre mes mesures pendant mon sommeil.
La jupe m'arrivait au genou. Elle était loin d'être originale, plutôt un bout de tissu gris à peine moulant, ce qui ne ressemblait pas à mon bon vieil uniforme qui collait presque à la peau. Le chemisier était plus serré, et ce que j'avais pris pour un manteau était en réalité un long gilet qui semblait être fait en laine. Les petites chaussures complétaient le tout, et je me sentais ridicule dans cet accoutrement.
Je quittais ma chambre, pitoyable, traînant les pieds. Xael faillit éclater de rire en m'apercevant au détour d'un couloir.
-C'est... enfin, euh... ça ne te ressemble pas ! dit-il en se reprenant.
-Te moque pas de moi. Je me sens assez pitoyable comme ça, pas la peine d'en rajouter. Narya et Erya vont mourir de rire...
-Que te voulait le Seigneur Folken alors ?
-Je suis sa suivante à Astria ! Non mais franchement... sa suivante ! J'air l'air d'être une suivante ? L'autre fois j'étais sa femme !
-En étant sa suivante tu pourras écouter tout ce qu'il se dira, dit-il simplement.
-Vrai ? Ah c'est cool !
-Tu étais sa femme ?
-Ouais. Bon, je vais voir les filles.
-Je passe te voir ce soir ?
-Je serais en partance pour Astria à ce moment-là.
-Si vite ?
-Ouais.
Il me serra contre lui et m'embrassa. Je me forçais à sourire et partais dans la salle d'entraînement. Comme je l'avais prévu, les deux filles- chattes explosèrent de rire en me voyant.
-Qu'est-ce que c'est que ces choses que tu portes ? hurla Narya avant de se remettre à rire.
-Mais arrêtez... c'est le Seigneur Folken qui m'a fait mettre ça... me défendis- je.
-Seigneur Folken ? répéta Erya, ouvrant de grands yeux surpris.
Et elle se remit à rire.
-Arrêtez, c'est pas drôle... j'ai l'air d'un sac à patates comme ça... je ressemble à rien... arrêtez franchement ! Vous allez arrêter ? Arrêtez de rire ! Allez, soyez sympas... arrêtez... je suis tombée plus bas que terre.
-Pauvre Sophia ! hurla Narya. Pauvre Sophia ! Pauvre Sophia !
Je poussais un soupir et la coupais net :
-Moi, au moins, je vais passer la nuit avec Folken.
Elles m regardèrent effarée.
-Pourquoi c'est moi qui y vais, et pas vous ? continuais-je, un sourire narquois aux lèvres.
-Sophia ! souffla Erya.
-Bien fait ! Bien fait ! Fallait pas vous moquer de moi ! Rien que pour vous embêter, je vais me le taper ! Bien fait ! Je vais draguer le Folken ! Bien fait ! exposais-je avant d'éclater de rire.
Je les quittais finalement et rejoignais Folken. Tout au long du chemin, j'entendis les gens se mettre à rire. L'un d'eux se prit mon poing dans le visage, mais ça ne l'arrêta pas au contraire il rit encore plus. Folken quant à lui, resta impassible. Je montais dans le vaisseau, rejoignais la cabine que l'on m'avait attribué et m'endormais. Le jeune homme vint me réveiller quelques heures plus tard.
Je découvrais un royaume superbe. Des cascades entouraient la ville, et le palais lui-même était splendide, rien à voir avec la forteresse de Zaïbacher. J'appris très vite que dans quelques mois, un mariage serait célébré, celui de la princesse Marlène, première fille du roi d'Astria. Le roi Aston était l'une de ces personnes qui semblait avoir toujours eu un visage marqué par la vieillesse, et je le trouvais très antipathique, bien qu'il nous accueillit chaleureusement. Folken restait calme et posé. Trois jeunes filles blondes restaient derrière le roi. Une fillette d'à peine dix ans, une jeune fille d'environ quinze ans et une jeune femme d'une vingtaine d'années. J'appris qu'elles s'appelaient dans l'ordre Mirana, Elise et la fameuse Marlène qui allait se marier. Marlène et Mirana se ressemblait énormément, les seules différences visibles étaient les joues rondes de la petite alors que la jeune femme avait un visage très fin. J'étais certaine que dans quelques années, elles se ressembleraient comme des jumelles.
Je regardais avec envie le château magnifique. Des chevaliers étaient devant celui-ci, beaux, grands et fiers. A l'image du royaume en fait. J'en remarquais un, un peu plus jeune que les autres, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, qui, malgré sa posture sévère, dévorait des yeux la princesse aînée, et celle-ci ne semblait pas indifférente à son charme.
J'appris plus tard que ces chevaliers, qui étaient peu nombreux, se nommaient les « chevaliers célestes » et qu'ils étaient l'élite du royaume. Je me demandais si l'un d'eux m'égaleraient dans un petit duel, et je restais sûre qu'aucun ne pourrait battre Dilandau qui ne cessait de s'améliorer.
Je restais dans un coin de la pièce, et écoutais la conversation. Le roi Aston déplora l'attaque de la Nuit de Glace, mais n'eu pas l'air si triste que ça. Marlène aussi restait, mais au bout d'un moment elle sembla s'ennuyer fermement. Elle me rejoignit et me proposa d'aller faire un tour. Folken me regarda et acquiesça.
Les jardins d'Astria étaient mille fois plus beau que ceux de Zaïbacher. La petite Mirana nous rejoint et me regarda étrangement.
-C'est une tenue bien étrange, dit-elle finalement avant de glisser sa petite main dans la mienne et l'autre dans celle de sa grande sœur.
Je me promenais en compagnie des deux filles du roi, et je me sentais étrangement bien, alors que je n'avais pas ressenti cela depuis des mois. Un chevalier vint nous rejoindre, et je constatais que c'était le blond que j'avais remarqué.
-Oh tiens ! Petite princesse Mirana, ne voudriez-vous pas allez vous promener ailleurs ? m'exclamais-je.
-Bah non, je veux rester avec Marlène !
-Mais non, vous voulez aller vous promener ailleurs, je le vois bien !
Je la tirais plus loin et la laissais cueillir des fleurs. Du coin de l'œil, j'observais la princesse et le chevalier, mais il ne semblait rien se passer. Ils restaient debout, côte à côte, nous regardant.
-Comment tu t'appelles ? me demanda Mirana de sa petite voix fluette.
-Sophia, petite princesse Mirana.
-Je ne suis pas petite.
-Non, bien sûr que non, mais j'appelle tout le monde comme ça. Votre sœur, par exemple, c'est petite princesse Marlène. Mais je ne lui dit pas, parce qu'elle est plus grande que moi.
-Ma sœur va partir. Et je ne veux pas qu'elle parte.
-Pour son mariage ?
-Oui. Avec le Duc de Fleid.
-Vous pourrez toujours la voir après, ça ne changera pas grand-chose ! Elle habitera plus loin, voilà tout. On ne peut pas séparer des sœurs.
-Mais, si elle se marie, elle aura des choses plus importantes à faire...
-Voyons, petite princesse Mirana, je suis certaine qu'à ses yeux rien n'est plus important que ses sœurs et son père. Ne vous inquiétez pas pour cela.
-Tu crois ?
-Non. J'en suis sûre. Elle ne va pas vous oublier parce qu'elle n'est plus ici. On ne peut pas oublier les gens que l'on aime, même si l'on est très loin d'eux. J'en sais quelque chose. Vous n'avez pas de soucis à vous faire petite princesse.
-Tu es gentille ! s'exclama t-elle avec un sourire, avant de passer ses petits bras autour de mon cou. Je me mis à rire j'avais l'impression que c'était mon petit frère ou Miguel qui me serrait dans ses bras.
-Vite, viens, on va voir Marlène ! dit-elle de sa petite voix en me tirant par la main jusqu'à sa sœur.
-Je suppose que vous et votre maître allez rester plusieurs jours ici, dit Marlène d'une voix douce.
-Il ne m'a rien dit à ce propos.
-Il reste toujours plusieurs jours ! Venez, nous allons vous trouver une chambre. Pour une suivante, il semble beaucoup tenir à vous. Il n'avait pas ce comportement avec la précédente.
Je me mis à rougir, et les deux princesses éclatèrent de rire.
-Chevalier Allen, souhaitez-vous nous accompagner ? suggéra Marlène en se tournant vers le jeune homme qui s'était un peu écarté.
-Je ne voudrais pas vous déranger, répondit-il.
-Quelle idée ! s'exclama la jeune femme, amusée.
Elles me trouvèrent une chambre charmante. Elle ne ressemblait en rien à celle que j'occupais à Zaïbacher. Puis, Marlène me ramena à la salle du trône. Folken et le roi Aston était toujours en train de discuter.
-C'est étrange, me dit doucement la princesse, mais cet homme me rappelle une personne que j'avais connu, un prince. Mais c'est impossible, d'une part parce que ce prince ne faisait pas parti de l'Empire Zaïbacher, et d'autre part, parce qu'il est mort. Ce fut une triste tragédie pour cette famille... Imaginez un peu, le premier fils est mort, puis ce fut le tour du père, et ensuite la mère a disparue il y a un ou deux ans, laissant seul son deuxième fils, qui est bien jeune encore. Il doit avoir l'âge de ma petite Mirana ! Et il est sensé devoir un jour gouverner un royaume, alors qu'il n'a déjà plus de famille... pauvre petit enfant.
-De quel famille parlez-vous ?
-La famille Fanel, dans le royaume de Fanélia. Ils étaient si gentils...
-Et le prince aîné est mort ? C'est une bien triste tragédie pour cette famille.
-Oui, en effet. Ils ont seulement retrouvé un bras de leur fils, et c'est tout... c'est sans doute le plus horrible, parce qu'il a dû beaucoup souffrir avant de mourir.
-Un... un bras ?
-Oui, c'est tout. Les dragons ont dû... manger ce qu'il restait.
-Les dragons ???
Elle m'attira dans le couloir et m'expliqua le rite de passage pour les princes de Fanélia : devoir tuer un dragon et en prendre l'énergist.
-C'est... étrange.
Folken ressortit de la pièce, et m'emmena avec lui. Je jetais un regard d'excuse à la princesse de partir si vite et le suivais.
-Alors ? demandais-je.
-Oh, rien. Voilà le problème. Mis à part que nous allons passer une alliance avec ce royaume, mais je ne suis pas certain que ça changera quelque chose.
-C'est toujours ça de pris. Elle est sympa cette Marlène.
Il eu un regard nostalgique.
-Dites-moi, prince de Fanélia, pourquoi avez-vous quitté votre royaume ? lâchais-je subitement.
Il me regarda, interloqué.
-Désolée, j'ai découvert le pot aux roses. Alors ?
Il ouvrit une porte et me jeta dans la pièce. Je tombais sur le sol.
-Tu ne devrais jamais dévoiler ce secret, dit-il sèchement. Comment l'as-tu découvert ?
-La princesse Marlène m'a parlé du prince de Fanélia, qui s'est arraché un bras. J'étais sûre que c'était vous. Pourquoi avez-vous quitté votre famille ? Vos parents ont disparus, vous laissez votre petit frère tout seul !
-Et tu crois que ça ne m'affecte pas ?
-Vous n'allez pas l'air en tout cas. C'est de famille les ailes ? Je découvre beaucoup trop de choses sur vous. Vous allez me tuer ?
-Non.
-Pourquoi avez-vous quitté votre famille ?
-Tu n'as pas à le savoir ! explosa t-il. Mêles-toi de ce qui te regarde !
-Vous devez me le dire ! J'ai le droit de savoir !
-Tais-toi ! Tu n'as pas à t'occuper de ça ! Occupe toi de tes affaires !
-Vous me devez la vérité !
-Je ne te dois rien. C'est toi qui me dois beaucoup. Sans moi tu serais déjà morte.
Je le fixais sans comprendre.
-Ici, les gens de ton monde sont considérés comme des démons. Sans mon intervention ils t'auraient tuée.
-Ce n'est pas vrai ! Jajuka...
-Jajuka n'a aucun préjugé là-dessus, parce qu'il connaît la discrimination, me coupa t-il. Je te défends de dévoiler ce que tu as appris à qui que ce soit. Sinon, tu le paieras de ta vie.
Je ressortais aussitôt, ne sachant quoi penser. Je me sentis trop fatiguée pour réfléchir, rejoignais la chambre que l'on m'avait attribuée et m'écroulais sur le lit.
Quelques mois s'écoulèrent, et je constatais que j'étais sur Gaea depuis déjà cinq ans. J'étais toujours avec Xael. Sous mon regard attristé, Miguel changea. Il devint le préféré de Dilandau, peut-être parce que ce démon savait que ces changements me faisaient souffrir. Je ne reconnaissais plus l'enfant adorable et si touchant qui serrait ma main dans la sienne en me promettant un mariage grandiose, qui m'appelait pour que je vérifie que son uniforme ou son armure étaient bien mis.
Le temps s'écoulait tellement vite... Je pensais de moins en moins à mon ancienne vie. Je m'en était reconstruite une nouvelle ici.
Folken semblait m'en vouloir de sortir avec Xael. J'avais presque l'impression qu'il était jaloux, mais ça ne lui ressemblait pas. Je n'aimais pas ce lieutenant, mais sa compagnie me faisait du bien. Il m'emmenait souvent dehors, et je finis même par rencontrer ses amis de l'extérieur, qui semblèrent enchantés de faire ma connaissance. Ils approuvèrent notre relation et une jeune fille nous demanda quand serait notre mariage. Je me mis à rire. Ce n'était sûrement pas lui que j'épouserais, et d'ailleurs, je n'avais aucune envie de ma marier.
Un soir, Miguel vint me rendre visite. Je passais une main dans ses mèches auburn et il resta de glace.
-Qu'y a t-il, Miguel, pour que tu viennes me voir ? soupirais-je, ravalant mes larmes.
-Je voulais juste te dire que nous n'étions plus amis. C'est la dernière fois que je viens te voir.
-Quoi ? m'écriais-je. Mais pourquoi ? J'ai fait quelque chose de mal ?
-Non. Je ne crois pas. Mais le Seigneur Dilandau dit que...
-Je me moque de ce que peut bien raconter ce démon ! le coupais-je.
-Il dit qu'à cause de toi, je suis faible. Je dois être sans pitié pour mes ennemis.
-Mais je ne suis pas ton ennemie ! Miguel, dis-moi ce qui ne va pas. Je ne te reconnais plus ! Tu as tellement changé... que se passe-t-il dans ta tête ?
-Rien. Je dois être sans pitié pour mes ennemis.
-Arrête de répéter ça ! Je ne suis pas ton ennemie Miguel, tu comprends ?
-Je ne dois pas avoir de faiblesses.
-Et je suis une faiblesse donc ?
-Au revoir Sophia.
-Attends ! Miguel !
Il partit et j'éclatais en sanglots. Cet enfant que j'avais tant aimé ne voulait plus me voir. Je perdais tous les gens que j'aimais. Jajuka, Séréna, Miguel...
Une rage soudaine m'envahit. J'eus brusquement envie de tuer ce petit démon qui était la cause de mes problèmes et de ma souffrance. Mai je ne pouvais me résoudre à le tuer. Ca n'aurait rien arrangé. Je me dirigeais vers la salle d'entraînement qui était vide. Pendant des heures, je m'épuisais dans des exercices, sans que cela m'apporte le moindre réconfort.
Ce fut Folken qui me re trouva. Je me remis à pleurer dans ses bras. Il ne m'apporta pas plus de consolation et me dit simplement que l'Empereur Dornkirk désirait me voir. Je montais alors et arrivais dans cette grande salle blanche. Folken ne m'avait pas accompagnée.
Dornkirk me fit venir près de lui.
-Sophia, tu as l'air triste, me dit-il calmement.
-Je perds tout ! répondis-je.
-Tu veux parler de cet enfant ? Ce n'est rien.
-Qu'est-ce que vous en savez ? aboyais-je. Vous ne connaissez rien à l'amour ou à l'amitié !
-Suffisamment pour savoir que tu tenais à cet enfant comme tu tenais à ton frère, et que tu n'aimes pas ce lieutenant.
-Fichez-moi la paix. Je veux juste qu'on me laisse tranquille... marmonnais- je en repartant. -Je ne t'ai pas dit que tu pouvais sortir.
Je fis volte-face et le regardais.
-Qu'est-ce qu'il y a encore ? vous aviez quelque chose à me dire ?
-Parle-moi de tes rêves.
Je poussais un soupir, me laissait tomber sur une chaise et lui racontais mes rêves dans lesquels j'étais sur un lit d'hôpital, chez moi, dans le coma, ces rêves qui hantaient mes nuits depuis le jour où le premier m'était arrivé.
-Vous croyiez que ça peut être vrai ? demandais-je quand j'eus terminé.
-Non. Tu es ici, pas là-bas. Cesse de te tourmenter. Tu aimerais retourner chez toi ?
-Je ne sais pas. Je ne sais plus... Je me suis refaite une vie ici, et même si elle n'est pas semblable à l'ancienne, je m'y sens bien. Mais en ce moment... enfin, ça ne va plus. Miguel, et puis Jajuka avant lui. Rien ne va comme je voudrais en ce moment.
-Cela s'arrangera. Tu peux partir.
Je me levais et retournais dans ma chambre. Xael m'attendait il me demanda où j'étais tout ce temps.
-Je ne suis pas partie longtemps ! m'exclamais-je, surprise. Je te manque à ce point-là ?
-Mais, Sophia, tu es partie pendant plus d'une journée !
-Quoi ?
-Le Seigneur Folken m'a dit qu'il t'avait vue à la salle d'entraînement, mais qu'il ne savait pas où tu étais maintenant. J'était inquiet.
-Plus d'une journée tu dis ? Mais... je ne crois pas que...
-Où étais-tu alors ?
-Oh, je... avec une vieille connaissance.
Je ne mentais pas vraiment. Dornkirk était vieux, et c'était l'une de mes connaissances d'une certaine manière.
-Tu avais quelque chose à me dire d'important ?
-Je voulais seulement être avec toi.
Un instant, j'eus l'impression que c'était mon petit ami de la Terre qui me parlait. Il m'avait souvent dit ça, « je voulais seulement être avec toi ». J'avais l'impression de le trahir, mais, en cinq ans, lui m'avait sûrement oubliée.
-Je suis très fatiguée tu sais. J'ai envie de dormir. Excuse-moi.
-Ce n'est pas grave, je comprends. Quand tu te seras reposer, il faudrait que tu ailles voir le Seigneur Folken, il voulait te parler.
-Mouais... j'irais peut-être plus tard.
Je l'embrassais rapidement et lui claquais la porte au nez. Alors je m'étendais sur le lit et m'endormais, pour faire de nouveau ces rêves étranges.
Lorsque je me réveillais, je constatais que Folken était dans ma chambre. Il me regardait d'un air si sérieux que je me mis à rire.
-Bonjour ! lançais-je en m'étirant. Alors, Xael m'a dit que vous vouliez me parler ?
-Je dois faire une visite de courtoisie à Astria.
-Astria ? Bizarre comme nom... quoi que, ça résonne mieux que Zaïbacher ! Zaïbacher... c'est quand même un nom sacrément laid. Enfin, vous voulez que je vous accompagne comme la parfaite petite épouse que je suis ?
-Comme la parfaite petite suivante plutôt.
-Quoi ? La suivante ? Mais... pourquoi ? Avant j'étais l'épouse ! Je descends là.
-Le roi d'Astria sait parfaitement que je ne suis pas marié.
-Bah, vous faites ce que vous voulez... On part quand ?
-Ce soir. Nous ferons le voyage de nuit.
-C'est à dire ?
-Dans trois heures.
-Il est si tard que ça ? demandais-je en jetant un coup d'œil à la fenêtre.
Le soleil était déjà haut dans le ciel.
-On sont les vêtements que je dois mettre ?
Il me montra la chaise où étaient soigneusement pliés une jupe, un chemisier et ce qui devait être un manteau. Des chaussures étaient posées en dessous. C'était dommage, j'aimais bien mes bottes. Folken sortit et je m'habillais aussitôt. Comme la fois précédente, ces vêtements étaient tout juste à ma taille, et je les soupçonnaient de prendre mes mesures pendant mon sommeil.
La jupe m'arrivait au genou. Elle était loin d'être originale, plutôt un bout de tissu gris à peine moulant, ce qui ne ressemblait pas à mon bon vieil uniforme qui collait presque à la peau. Le chemisier était plus serré, et ce que j'avais pris pour un manteau était en réalité un long gilet qui semblait être fait en laine. Les petites chaussures complétaient le tout, et je me sentais ridicule dans cet accoutrement.
Je quittais ma chambre, pitoyable, traînant les pieds. Xael faillit éclater de rire en m'apercevant au détour d'un couloir.
-C'est... enfin, euh... ça ne te ressemble pas ! dit-il en se reprenant.
-Te moque pas de moi. Je me sens assez pitoyable comme ça, pas la peine d'en rajouter. Narya et Erya vont mourir de rire...
-Que te voulait le Seigneur Folken alors ?
-Je suis sa suivante à Astria ! Non mais franchement... sa suivante ! J'air l'air d'être une suivante ? L'autre fois j'étais sa femme !
-En étant sa suivante tu pourras écouter tout ce qu'il se dira, dit-il simplement.
-Vrai ? Ah c'est cool !
-Tu étais sa femme ?
-Ouais. Bon, je vais voir les filles.
-Je passe te voir ce soir ?
-Je serais en partance pour Astria à ce moment-là.
-Si vite ?
-Ouais.
Il me serra contre lui et m'embrassa. Je me forçais à sourire et partais dans la salle d'entraînement. Comme je l'avais prévu, les deux filles- chattes explosèrent de rire en me voyant.
-Qu'est-ce que c'est que ces choses que tu portes ? hurla Narya avant de se remettre à rire.
-Mais arrêtez... c'est le Seigneur Folken qui m'a fait mettre ça... me défendis- je.
-Seigneur Folken ? répéta Erya, ouvrant de grands yeux surpris.
Et elle se remit à rire.
-Arrêtez, c'est pas drôle... j'ai l'air d'un sac à patates comme ça... je ressemble à rien... arrêtez franchement ! Vous allez arrêter ? Arrêtez de rire ! Allez, soyez sympas... arrêtez... je suis tombée plus bas que terre.
-Pauvre Sophia ! hurla Narya. Pauvre Sophia ! Pauvre Sophia !
Je poussais un soupir et la coupais net :
-Moi, au moins, je vais passer la nuit avec Folken.
Elles m regardèrent effarée.
-Pourquoi c'est moi qui y vais, et pas vous ? continuais-je, un sourire narquois aux lèvres.
-Sophia ! souffla Erya.
-Bien fait ! Bien fait ! Fallait pas vous moquer de moi ! Rien que pour vous embêter, je vais me le taper ! Bien fait ! Je vais draguer le Folken ! Bien fait ! exposais-je avant d'éclater de rire.
Je les quittais finalement et rejoignais Folken. Tout au long du chemin, j'entendis les gens se mettre à rire. L'un d'eux se prit mon poing dans le visage, mais ça ne l'arrêta pas au contraire il rit encore plus. Folken quant à lui, resta impassible. Je montais dans le vaisseau, rejoignais la cabine que l'on m'avait attribué et m'endormais. Le jeune homme vint me réveiller quelques heures plus tard.
Je découvrais un royaume superbe. Des cascades entouraient la ville, et le palais lui-même était splendide, rien à voir avec la forteresse de Zaïbacher. J'appris très vite que dans quelques mois, un mariage serait célébré, celui de la princesse Marlène, première fille du roi d'Astria. Le roi Aston était l'une de ces personnes qui semblait avoir toujours eu un visage marqué par la vieillesse, et je le trouvais très antipathique, bien qu'il nous accueillit chaleureusement. Folken restait calme et posé. Trois jeunes filles blondes restaient derrière le roi. Une fillette d'à peine dix ans, une jeune fille d'environ quinze ans et une jeune femme d'une vingtaine d'années. J'appris qu'elles s'appelaient dans l'ordre Mirana, Elise et la fameuse Marlène qui allait se marier. Marlène et Mirana se ressemblait énormément, les seules différences visibles étaient les joues rondes de la petite alors que la jeune femme avait un visage très fin. J'étais certaine que dans quelques années, elles se ressembleraient comme des jumelles.
Je regardais avec envie le château magnifique. Des chevaliers étaient devant celui-ci, beaux, grands et fiers. A l'image du royaume en fait. J'en remarquais un, un peu plus jeune que les autres, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, qui, malgré sa posture sévère, dévorait des yeux la princesse aînée, et celle-ci ne semblait pas indifférente à son charme.
J'appris plus tard que ces chevaliers, qui étaient peu nombreux, se nommaient les « chevaliers célestes » et qu'ils étaient l'élite du royaume. Je me demandais si l'un d'eux m'égaleraient dans un petit duel, et je restais sûre qu'aucun ne pourrait battre Dilandau qui ne cessait de s'améliorer.
Je restais dans un coin de la pièce, et écoutais la conversation. Le roi Aston déplora l'attaque de la Nuit de Glace, mais n'eu pas l'air si triste que ça. Marlène aussi restait, mais au bout d'un moment elle sembla s'ennuyer fermement. Elle me rejoignit et me proposa d'aller faire un tour. Folken me regarda et acquiesça.
Les jardins d'Astria étaient mille fois plus beau que ceux de Zaïbacher. La petite Mirana nous rejoint et me regarda étrangement.
-C'est une tenue bien étrange, dit-elle finalement avant de glisser sa petite main dans la mienne et l'autre dans celle de sa grande sœur.
Je me promenais en compagnie des deux filles du roi, et je me sentais étrangement bien, alors que je n'avais pas ressenti cela depuis des mois. Un chevalier vint nous rejoindre, et je constatais que c'était le blond que j'avais remarqué.
-Oh tiens ! Petite princesse Mirana, ne voudriez-vous pas allez vous promener ailleurs ? m'exclamais-je.
-Bah non, je veux rester avec Marlène !
-Mais non, vous voulez aller vous promener ailleurs, je le vois bien !
Je la tirais plus loin et la laissais cueillir des fleurs. Du coin de l'œil, j'observais la princesse et le chevalier, mais il ne semblait rien se passer. Ils restaient debout, côte à côte, nous regardant.
-Comment tu t'appelles ? me demanda Mirana de sa petite voix fluette.
-Sophia, petite princesse Mirana.
-Je ne suis pas petite.
-Non, bien sûr que non, mais j'appelle tout le monde comme ça. Votre sœur, par exemple, c'est petite princesse Marlène. Mais je ne lui dit pas, parce qu'elle est plus grande que moi.
-Ma sœur va partir. Et je ne veux pas qu'elle parte.
-Pour son mariage ?
-Oui. Avec le Duc de Fleid.
-Vous pourrez toujours la voir après, ça ne changera pas grand-chose ! Elle habitera plus loin, voilà tout. On ne peut pas séparer des sœurs.
-Mais, si elle se marie, elle aura des choses plus importantes à faire...
-Voyons, petite princesse Mirana, je suis certaine qu'à ses yeux rien n'est plus important que ses sœurs et son père. Ne vous inquiétez pas pour cela.
-Tu crois ?
-Non. J'en suis sûre. Elle ne va pas vous oublier parce qu'elle n'est plus ici. On ne peut pas oublier les gens que l'on aime, même si l'on est très loin d'eux. J'en sais quelque chose. Vous n'avez pas de soucis à vous faire petite princesse.
-Tu es gentille ! s'exclama t-elle avec un sourire, avant de passer ses petits bras autour de mon cou. Je me mis à rire j'avais l'impression que c'était mon petit frère ou Miguel qui me serrait dans ses bras.
-Vite, viens, on va voir Marlène ! dit-elle de sa petite voix en me tirant par la main jusqu'à sa sœur.
-Je suppose que vous et votre maître allez rester plusieurs jours ici, dit Marlène d'une voix douce.
-Il ne m'a rien dit à ce propos.
-Il reste toujours plusieurs jours ! Venez, nous allons vous trouver une chambre. Pour une suivante, il semble beaucoup tenir à vous. Il n'avait pas ce comportement avec la précédente.
Je me mis à rougir, et les deux princesses éclatèrent de rire.
-Chevalier Allen, souhaitez-vous nous accompagner ? suggéra Marlène en se tournant vers le jeune homme qui s'était un peu écarté.
-Je ne voudrais pas vous déranger, répondit-il.
-Quelle idée ! s'exclama la jeune femme, amusée.
Elles me trouvèrent une chambre charmante. Elle ne ressemblait en rien à celle que j'occupais à Zaïbacher. Puis, Marlène me ramena à la salle du trône. Folken et le roi Aston était toujours en train de discuter.
-C'est étrange, me dit doucement la princesse, mais cet homme me rappelle une personne que j'avais connu, un prince. Mais c'est impossible, d'une part parce que ce prince ne faisait pas parti de l'Empire Zaïbacher, et d'autre part, parce qu'il est mort. Ce fut une triste tragédie pour cette famille... Imaginez un peu, le premier fils est mort, puis ce fut le tour du père, et ensuite la mère a disparue il y a un ou deux ans, laissant seul son deuxième fils, qui est bien jeune encore. Il doit avoir l'âge de ma petite Mirana ! Et il est sensé devoir un jour gouverner un royaume, alors qu'il n'a déjà plus de famille... pauvre petit enfant.
-De quel famille parlez-vous ?
-La famille Fanel, dans le royaume de Fanélia. Ils étaient si gentils...
-Et le prince aîné est mort ? C'est une bien triste tragédie pour cette famille.
-Oui, en effet. Ils ont seulement retrouvé un bras de leur fils, et c'est tout... c'est sans doute le plus horrible, parce qu'il a dû beaucoup souffrir avant de mourir.
-Un... un bras ?
-Oui, c'est tout. Les dragons ont dû... manger ce qu'il restait.
-Les dragons ???
Elle m'attira dans le couloir et m'expliqua le rite de passage pour les princes de Fanélia : devoir tuer un dragon et en prendre l'énergist.
-C'est... étrange.
Folken ressortit de la pièce, et m'emmena avec lui. Je jetais un regard d'excuse à la princesse de partir si vite et le suivais.
-Alors ? demandais-je.
-Oh, rien. Voilà le problème. Mis à part que nous allons passer une alliance avec ce royaume, mais je ne suis pas certain que ça changera quelque chose.
-C'est toujours ça de pris. Elle est sympa cette Marlène.
Il eu un regard nostalgique.
-Dites-moi, prince de Fanélia, pourquoi avez-vous quitté votre royaume ? lâchais-je subitement.
Il me regarda, interloqué.
-Désolée, j'ai découvert le pot aux roses. Alors ?
Il ouvrit une porte et me jeta dans la pièce. Je tombais sur le sol.
-Tu ne devrais jamais dévoiler ce secret, dit-il sèchement. Comment l'as-tu découvert ?
-La princesse Marlène m'a parlé du prince de Fanélia, qui s'est arraché un bras. J'étais sûre que c'était vous. Pourquoi avez-vous quitté votre famille ? Vos parents ont disparus, vous laissez votre petit frère tout seul !
-Et tu crois que ça ne m'affecte pas ?
-Vous n'allez pas l'air en tout cas. C'est de famille les ailes ? Je découvre beaucoup trop de choses sur vous. Vous allez me tuer ?
-Non.
-Pourquoi avez-vous quitté votre famille ?
-Tu n'as pas à le savoir ! explosa t-il. Mêles-toi de ce qui te regarde !
-Vous devez me le dire ! J'ai le droit de savoir !
-Tais-toi ! Tu n'as pas à t'occuper de ça ! Occupe toi de tes affaires !
-Vous me devez la vérité !
-Je ne te dois rien. C'est toi qui me dois beaucoup. Sans moi tu serais déjà morte.
Je le fixais sans comprendre.
-Ici, les gens de ton monde sont considérés comme des démons. Sans mon intervention ils t'auraient tuée.
-Ce n'est pas vrai ! Jajuka...
-Jajuka n'a aucun préjugé là-dessus, parce qu'il connaît la discrimination, me coupa t-il. Je te défends de dévoiler ce que tu as appris à qui que ce soit. Sinon, tu le paieras de ta vie.
Je ressortais aussitôt, ne sachant quoi penser. Je me sentis trop fatiguée pour réfléchir, rejoignais la chambre que l'on m'avait attribuée et m'écroulais sur le lit.
