Ch.8 : Infidélité
En me réveillant, je découvrais l'adorable petit visage de Mirana qui m'observait avec curiosité.
-'Jour... marmonnais-je.
-Le monsieur, il te cherche partout. Mais je lui ai pas dit où tu étais.
-C'est gentil... J'ai pas envie de le voir cet... euh, rien.
-Tu viens avec moi ? je veux aller me promener.
-Si vous voulez petite princesse Mirana.
-Je suis pas petite !
-Mais non, mais non... vous serez plus grande que moi même, mais pour l'instant, vous êtes plus petite, et j'en profite un peu, parce que tout le monde est plus grand que moi.
Je sortais en sa compagnie dans les jardins du château, et me laissais tomber contre un arbre tandis qu'elle courait après les papillons. De plus en plus, elle me faisait penser à Séréna.
Le nommé Allen arriva alors. Il semblait chercher quelque chose. Puis il couva du regard la petite fille radieuse.
-Bonjour... marmonnais-je quand il me salua.
-Vous n'auriez pas vu la princesse Marlène ?
-Non... ah ! trop soleil... méchant soleil... dormir...
Je me relevais et allais de l'autre côté de mon arbre.
-Vous n'avez pas l'air bien réveillée, remarqua le chevalier.
-Si je marche, c'est que je suis réveillée... répondis-je. Ou alors je suis somnambule, et je suis donc en train de rêver. Enfin, c'est pas grave...
-Votre maître vous cherche partout je crois.
-C'est pas grave non plus. Si il vous demande où je suis, vous ne m'avez pas vu.
Il sembla assez surpris.
-Cherchez pas à comprendre, lançais-je.
Je me promenais un peu avec la petite et le chevalier et Marlène nous rejoignit. Les regards en coin que se lançaient la princesse et Allen me mirent assez mal à l'aise et je les quittais.
Folken me retrouva malgré tout. Je le suivais à contre-cœur et je passais le reste de la journée à moitié affalée sur une table, à écouter des discussions politiques entre le roi Aston et Folken. Le soir, enfin libérée, je retrouvais Marlène, qui m'emmena en haut d'une tour, d'où l'on avait une magnifique vue du ciel.
-Je viens souvent ici, me déclara t-elle. C'est très beau, n'est-ce pas ?
-Oui, vraiment.
-Votre présence m'enchante. Je ne vois jamais personne de mon âge... Je me sens souvent seule. Il y a toujours beaucoup de monde, mais je ne peux me confier à personne. Je ne sais pourquoi, mais j'ai l'impression que je peux vous faire confiance, j'espère ne pas me tromper. -Vous pouvez me faire confiance, la rassurais-je. Tout ce que vous me direz restera entre nous.
-Que se passe t-il alors, entre mon père et votre maître ?
-Je n'en ai aucune idée, je ne comprends rien ! répondis-je.
Elle se mit à rire, puis me regarda de haut en bas.
-Vous ne ressemblez vraiment à rien dans cette tenue, dit-elle enfin. Je suis certaine que...
Puis elle m'attrapa par la main et je courais dans le château, forcée de la suivre. Finalement, j'arrivais dans sa chambre, et elle ouvrit deux portes, découvrant une petite pièce remplie de robes et de bijoux.
-Et bien ! Si j'avais ça, je serais heureuse ! m'exclamais-je.
-Voyons voir... Non, pas celle-ci... murmura t-elle en fouillant entre les robes superbes. Celle-là non plus. Ca ! s'exclama t-elle en brandissant triomphalement une robe rose pâle.
-Pardon ?
-Mettez ça ! Vous allez faire chavirer les cœurs des jeunes hommes ! Vous êtes jolie, on va vous mettre un peu en valeur. Parce que cette tenue est vraiment...
-Pitoyable, achevais-je.
-Je n'osais pas le dire ! dit-elle avec un sourire.
J'enfilais la robe et me sentais oppressée. Marlène continuait de fouiller parmi les étagères et me donna des petites ballerines assorties à la robe. Je les mis et me regardais dans le miroir.
-C'est mieux, non ? me demanda t-elle, ravie.
-Ca n'aurait pas pu être pire, ça au moins j'en suis sûre.
Je m'habituais rapidement à cette nouvelle tenue et la suivait dehors. La nuit était assez chaude, et je contemplais le ciel, joyeuse.
-Je dois vous laissez, excusez-moi, dit-elle subitement en regardant ailleurs.
-Ce n'est rien, répondis-je. En fait, je suis assez fatiguée, je crois que je vais aller me coucher. Je la quittais et remontais dans ma chambre, mais ne pouvais trouver le sommeil. Finalement, je décidais de remonter à la tour. En silence, je gravissais l'escalier de pierre, et m'arrêtais brusquement, le regard attiré par deux silhouettes enlaçaient. Je m'apercevais avec stupeur qu'il s'agissait de Marlène et d'Allen. La jeune femme leva son visage au clair de lune et ils échangèrent un tendre baiser. J'avais senti qu'il y avait une attirance entre eux, mais je ne pensais pas qu'une princesse et un chevalier allaient sortir ensemble, surtout si la princesse en question devait se marier avec un autre dans quelques mois. Je repartais aussi silencieusement que j'étais venue pour ne pas qu'ils s'aperçoivent de ma présence et rejoignais ma chambre, sans dormir dans la nuit.
Le lendemain, complètement épuisée par ma nuit blanche, je m'endormais pendant l'entretien entre Folken et le roi. Ils ne semblèrent pas le remarquer et quand je me réveillais, ils parlaient toujours de la même chose. Je partais déjeuner en les laissant seuls et trouvais Marlène qui m'attendait dans le couloir.
-Les choses avancent ? demanda t-elle. Vous avez l'air épuisée, ajouta t- elle.
-C'est rien, j'ai eu un peu de mal à dormir cette nuit... et vous, vous avez passé une bonne nuit ? continuais-je pour voir si elle allait me le dire.
Ses joues rosirent légèrement, et elle me dit seulement qu'elle s'était endormie très vite.
-C'est bien, il faut dormir la nuit.
-Et si nous allions déjeuner ? s'exclama t-elle. J'ai fait préparé un pique- nique, mes sœurs vont se joindre à nous.
-Bien ! La petite Mirana est réellement adorable. Je suppose que le fait de la quitter après votre mariage doit être assez dur ?
De nouveau, elle rougit.
-Oh, oui, bien sûr. Mais je la verrais toujours.
-Mirana m'en a parlé. Elle m'a dit que cela la rendait triste, car elle pensait ne plus jamais vous revoir !
-Vraiment ?
-Je lui ai dit que ça ne changerais rien, dis-je tranquillement.
-Vous avez bien fait. C'est d'ailleurs la vérité, je serais souvent à Astria je pense. Je ne peux me résoudre à tout quitter d'un coup.
Je lui souris et l'accompagnais dans les jardins. Elise était assise dans l'herbe, surveillant sa petite sœur qui, comme à son habitude, pourchassait les papillons.
-Fais attention Mirana, dit-elle d'une voix douce. Si tu touches leurs ailes, alors ils ne pourront plus jamais s'envoler.
-Elise, ne la tracasse pas avec ce genre de choses... lui dit Marlène.
Je mangeais en discutant avec les trois filles. Puis je dus retourner à la salle du trône. J'écoutais à peine la conversation, préférant somnoler. Folken me tapota l'épaule pour me réveiller.
-C'est fini ? demandais-je d'une voix ensommeillée.
-Oui.
-On s'en va ?
-Non.
-Ah bah tant pis. Enfin, tant mieux en fait.
Je quittais la salle, le jeune homme sur mes talons, et Marlène m'attrapa par le bras alors que je passais devant sa chambre.
-Sophia, je... commença t-elle.
-Qu'y a t-il ? Quelque chose ne va pas ?
-Je... non, rien... souffla t-elle. Voulez-vous une autre robe ? demanda t-elle soudain, comme pour donner un prétexte à avoir failli m'arracher le bras.
-Non, ça ira, merci beaucoup mais non.
-Bien... Mirana... Mirana voulait vous voir ! Elle vous aime beaucoup.
-Où puis-je la trouver ?
-Dans les jardins, avec Elise, et Allen aussi, probablement... je vais... je vais vous accompagner.
-Bien !
Je descendais dans les jardins et entamais une partie de cache-cache avec la petite princesse. Elise nous regardait avec attendrissement et Marlène restait adossée à un arbre, perdue dans ses pensées. Finalement, une servante vint nous chercher pour le dîner. Je disais que je n'avais pas faim et regagnais ma chambre. Une heure ou deux plus tard, Folken me rejoignit.
-C'était intelligent de t'endormir pendant notre entretien ! s'exclama t- il, énervé.
-Si vous étiez moins ennuyeux, je resterais réveillée, répondis-je calmement. Je n'ai pas dormi de la nuit, ce n'est pas ma faute.
-Peut-on savoir pourquoi ?
-Des questions me tracassaient. Je devrais peut-être en parler à ce psy de pacotille, Dornkirk. Ce vieux cinglé...
J'eus l'impression qu'il voulait me gifler alors que je prononçais ces mots.
-Qu'avez-vous fait à Dilandau ? Ce gamin est atroce, tout le monde le déteste ! Vous devriez lui dire de se calmer, poursuivis-je.
-Je n'ai rien à lui dire ! rétorqua t-il. Et c'est toi qui t'occupes de lui.
-Bien sûr ! Je m'occupe de ce démon qui arrive à me tabasser, sans que vous ne disiez rien d'ailleurs, et en plus je dois le calmer ? Il me donne un coup de poing et je tombe par terre ! Ca ne vous inquiète pas quand c'est moi qui me fait frapper, mais l'inverse par contre... je n'ai même pas le droit de me défendre ! Vous êtes furieux si je lui mets une pichenette ! Ce sale gamin...
-Si tu n'est pas capable de le calmer avec l'entraînement que tu as suivi, alors c'est que tu n'es vraiment bonne à rien !
-Je rêve ou vous m'insultez en plus ? m'écriais-je, outrée. Vous n'avez qu'à vous en occuper de ce morveux, vous verrez si c'est facile ! Ou confiez-le à ce cinglé d'Empereur qui est si vieux qu'il n'est même plus capable de bouger !
Je reçus une gifle. Cette fois-ci il ne s'était retenu et il me regardait, furieux.
-Je t'interdis de dire ça, souffla t-il, menaçant.
Pour toute réponse, je lui envoyais mon poing en pleine tête. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, mais c'était un réflexe depuis mes combats avec Dilandau. Il tituba un peu en arrière, et j'en éprouvais une certaine satisfaction car à la dernière gifle que je lui avais envoyée, il n'avait pas bougé d'un millimètre. En voyant son visage, je m'aperçus que ce n'était pas du tout la meilleure chose à faire. C'était peut-être même la pire bêtise que j'avais jamais faite dans ce monde. Je m'approchais timidement de lui et cherchais à voir si la blessure n'était pas trop grave. Il me repoussa violemment, je trébuchais et m'étalais de tout mon long sur le sol. Ma tête heurta le carrelage et une violente douleur me parcourut.
-Aïe, dis-je simplement.
Je me relevais en repoussant la main qu'il me tendait pour m'aider avec un air désolé que je ne lui connaissais pas.
-C'est bon, j'ai connu pire, lâchais-je en me massant l'arrière de la tête.
Il me regarda avec des yeux de chien battu, et je me sentais de plus en plus mal à l'aise.
-Je... je vous ai pas fait trop mal ?
-J'ai connu pire, grogna t-il.
-Je suis vraiment désolée, c'est un vieux réflexe... à cause de Dilandau... me frapper, c'est une mauvaise idée en général. Mais je ne reviendrais pas sur ma position : Dornkirk est un vieux fou et rien ne me fera changer d'avis.
Il s'apprêta à m'assener une nouvelle gifle, toujours aussi furieux, mais je bloquais son bras, me retournais et le pliais par-dessus mon épaule en faisait attention à ne pas lui faire mal. J'avais déjà manqué de lui casse le nez, autant ne pas en rajouter. Je me retrouvais très proche de lui d'un coup, le dos plaqué à son torse, et son bras autour de mes épaules. C'était une position gênante en somme. Je le lâchais vivement et m'écartais. Nos regards se croisèrent et ne se lâchèrent plus jusqu'à ce que je lui saute dessus et l'embrasse.
Je passais la nuit dans ses bras. Avant d'arriver sur Gaea, j'avais toujours penser que ma première nuit d'amour serait avec mon petit ami terrien, et depuis quelques mois, que ce serait sûrement avec Xael. Deux fois je m'étais trompée. Mais je ne le regrettais pas en fait. Alors qu'il dormait paisiblement contre moi, je le contemplais avec tendresse. Je me demandais si j'étais amoureuse de lui, mais je ne trouvais pas la réponse.
Marlène trompait son futur époux avec un chevalier, et moi je trompais mon petit ami actuel avec mon supérieur hiérarchique, qui était en outre une personne que Xael n'aimait guère. Je trahissais aussi mes deux meilleures amies. Une évidence me sauta aux yeux : personne ne devrait jamais savoir ce qu'il s'était passé cette nuit.
En me réveillant, je découvrais l'adorable petit visage de Mirana qui m'observait avec curiosité.
-'Jour... marmonnais-je.
-Le monsieur, il te cherche partout. Mais je lui ai pas dit où tu étais.
-C'est gentil... J'ai pas envie de le voir cet... euh, rien.
-Tu viens avec moi ? je veux aller me promener.
-Si vous voulez petite princesse Mirana.
-Je suis pas petite !
-Mais non, mais non... vous serez plus grande que moi même, mais pour l'instant, vous êtes plus petite, et j'en profite un peu, parce que tout le monde est plus grand que moi.
Je sortais en sa compagnie dans les jardins du château, et me laissais tomber contre un arbre tandis qu'elle courait après les papillons. De plus en plus, elle me faisait penser à Séréna.
Le nommé Allen arriva alors. Il semblait chercher quelque chose. Puis il couva du regard la petite fille radieuse.
-Bonjour... marmonnais-je quand il me salua.
-Vous n'auriez pas vu la princesse Marlène ?
-Non... ah ! trop soleil... méchant soleil... dormir...
Je me relevais et allais de l'autre côté de mon arbre.
-Vous n'avez pas l'air bien réveillée, remarqua le chevalier.
-Si je marche, c'est que je suis réveillée... répondis-je. Ou alors je suis somnambule, et je suis donc en train de rêver. Enfin, c'est pas grave...
-Votre maître vous cherche partout je crois.
-C'est pas grave non plus. Si il vous demande où je suis, vous ne m'avez pas vu.
Il sembla assez surpris.
-Cherchez pas à comprendre, lançais-je.
Je me promenais un peu avec la petite et le chevalier et Marlène nous rejoignit. Les regards en coin que se lançaient la princesse et Allen me mirent assez mal à l'aise et je les quittais.
Folken me retrouva malgré tout. Je le suivais à contre-cœur et je passais le reste de la journée à moitié affalée sur une table, à écouter des discussions politiques entre le roi Aston et Folken. Le soir, enfin libérée, je retrouvais Marlène, qui m'emmena en haut d'une tour, d'où l'on avait une magnifique vue du ciel.
-Je viens souvent ici, me déclara t-elle. C'est très beau, n'est-ce pas ?
-Oui, vraiment.
-Votre présence m'enchante. Je ne vois jamais personne de mon âge... Je me sens souvent seule. Il y a toujours beaucoup de monde, mais je ne peux me confier à personne. Je ne sais pourquoi, mais j'ai l'impression que je peux vous faire confiance, j'espère ne pas me tromper. -Vous pouvez me faire confiance, la rassurais-je. Tout ce que vous me direz restera entre nous.
-Que se passe t-il alors, entre mon père et votre maître ?
-Je n'en ai aucune idée, je ne comprends rien ! répondis-je.
Elle se mit à rire, puis me regarda de haut en bas.
-Vous ne ressemblez vraiment à rien dans cette tenue, dit-elle enfin. Je suis certaine que...
Puis elle m'attrapa par la main et je courais dans le château, forcée de la suivre. Finalement, j'arrivais dans sa chambre, et elle ouvrit deux portes, découvrant une petite pièce remplie de robes et de bijoux.
-Et bien ! Si j'avais ça, je serais heureuse ! m'exclamais-je.
-Voyons voir... Non, pas celle-ci... murmura t-elle en fouillant entre les robes superbes. Celle-là non plus. Ca ! s'exclama t-elle en brandissant triomphalement une robe rose pâle.
-Pardon ?
-Mettez ça ! Vous allez faire chavirer les cœurs des jeunes hommes ! Vous êtes jolie, on va vous mettre un peu en valeur. Parce que cette tenue est vraiment...
-Pitoyable, achevais-je.
-Je n'osais pas le dire ! dit-elle avec un sourire.
J'enfilais la robe et me sentais oppressée. Marlène continuait de fouiller parmi les étagères et me donna des petites ballerines assorties à la robe. Je les mis et me regardais dans le miroir.
-C'est mieux, non ? me demanda t-elle, ravie.
-Ca n'aurait pas pu être pire, ça au moins j'en suis sûre.
Je m'habituais rapidement à cette nouvelle tenue et la suivait dehors. La nuit était assez chaude, et je contemplais le ciel, joyeuse.
-Je dois vous laissez, excusez-moi, dit-elle subitement en regardant ailleurs.
-Ce n'est rien, répondis-je. En fait, je suis assez fatiguée, je crois que je vais aller me coucher. Je la quittais et remontais dans ma chambre, mais ne pouvais trouver le sommeil. Finalement, je décidais de remonter à la tour. En silence, je gravissais l'escalier de pierre, et m'arrêtais brusquement, le regard attiré par deux silhouettes enlaçaient. Je m'apercevais avec stupeur qu'il s'agissait de Marlène et d'Allen. La jeune femme leva son visage au clair de lune et ils échangèrent un tendre baiser. J'avais senti qu'il y avait une attirance entre eux, mais je ne pensais pas qu'une princesse et un chevalier allaient sortir ensemble, surtout si la princesse en question devait se marier avec un autre dans quelques mois. Je repartais aussi silencieusement que j'étais venue pour ne pas qu'ils s'aperçoivent de ma présence et rejoignais ma chambre, sans dormir dans la nuit.
Le lendemain, complètement épuisée par ma nuit blanche, je m'endormais pendant l'entretien entre Folken et le roi. Ils ne semblèrent pas le remarquer et quand je me réveillais, ils parlaient toujours de la même chose. Je partais déjeuner en les laissant seuls et trouvais Marlène qui m'attendait dans le couloir.
-Les choses avancent ? demanda t-elle. Vous avez l'air épuisée, ajouta t- elle.
-C'est rien, j'ai eu un peu de mal à dormir cette nuit... et vous, vous avez passé une bonne nuit ? continuais-je pour voir si elle allait me le dire.
Ses joues rosirent légèrement, et elle me dit seulement qu'elle s'était endormie très vite.
-C'est bien, il faut dormir la nuit.
-Et si nous allions déjeuner ? s'exclama t-elle. J'ai fait préparé un pique- nique, mes sœurs vont se joindre à nous.
-Bien ! La petite Mirana est réellement adorable. Je suppose que le fait de la quitter après votre mariage doit être assez dur ?
De nouveau, elle rougit.
-Oh, oui, bien sûr. Mais je la verrais toujours.
-Mirana m'en a parlé. Elle m'a dit que cela la rendait triste, car elle pensait ne plus jamais vous revoir !
-Vraiment ?
-Je lui ai dit que ça ne changerais rien, dis-je tranquillement.
-Vous avez bien fait. C'est d'ailleurs la vérité, je serais souvent à Astria je pense. Je ne peux me résoudre à tout quitter d'un coup.
Je lui souris et l'accompagnais dans les jardins. Elise était assise dans l'herbe, surveillant sa petite sœur qui, comme à son habitude, pourchassait les papillons.
-Fais attention Mirana, dit-elle d'une voix douce. Si tu touches leurs ailes, alors ils ne pourront plus jamais s'envoler.
-Elise, ne la tracasse pas avec ce genre de choses... lui dit Marlène.
Je mangeais en discutant avec les trois filles. Puis je dus retourner à la salle du trône. J'écoutais à peine la conversation, préférant somnoler. Folken me tapota l'épaule pour me réveiller.
-C'est fini ? demandais-je d'une voix ensommeillée.
-Oui.
-On s'en va ?
-Non.
-Ah bah tant pis. Enfin, tant mieux en fait.
Je quittais la salle, le jeune homme sur mes talons, et Marlène m'attrapa par le bras alors que je passais devant sa chambre.
-Sophia, je... commença t-elle.
-Qu'y a t-il ? Quelque chose ne va pas ?
-Je... non, rien... souffla t-elle. Voulez-vous une autre robe ? demanda t-elle soudain, comme pour donner un prétexte à avoir failli m'arracher le bras.
-Non, ça ira, merci beaucoup mais non.
-Bien... Mirana... Mirana voulait vous voir ! Elle vous aime beaucoup.
-Où puis-je la trouver ?
-Dans les jardins, avec Elise, et Allen aussi, probablement... je vais... je vais vous accompagner.
-Bien !
Je descendais dans les jardins et entamais une partie de cache-cache avec la petite princesse. Elise nous regardait avec attendrissement et Marlène restait adossée à un arbre, perdue dans ses pensées. Finalement, une servante vint nous chercher pour le dîner. Je disais que je n'avais pas faim et regagnais ma chambre. Une heure ou deux plus tard, Folken me rejoignit.
-C'était intelligent de t'endormir pendant notre entretien ! s'exclama t- il, énervé.
-Si vous étiez moins ennuyeux, je resterais réveillée, répondis-je calmement. Je n'ai pas dormi de la nuit, ce n'est pas ma faute.
-Peut-on savoir pourquoi ?
-Des questions me tracassaient. Je devrais peut-être en parler à ce psy de pacotille, Dornkirk. Ce vieux cinglé...
J'eus l'impression qu'il voulait me gifler alors que je prononçais ces mots.
-Qu'avez-vous fait à Dilandau ? Ce gamin est atroce, tout le monde le déteste ! Vous devriez lui dire de se calmer, poursuivis-je.
-Je n'ai rien à lui dire ! rétorqua t-il. Et c'est toi qui t'occupes de lui.
-Bien sûr ! Je m'occupe de ce démon qui arrive à me tabasser, sans que vous ne disiez rien d'ailleurs, et en plus je dois le calmer ? Il me donne un coup de poing et je tombe par terre ! Ca ne vous inquiète pas quand c'est moi qui me fait frapper, mais l'inverse par contre... je n'ai même pas le droit de me défendre ! Vous êtes furieux si je lui mets une pichenette ! Ce sale gamin...
-Si tu n'est pas capable de le calmer avec l'entraînement que tu as suivi, alors c'est que tu n'es vraiment bonne à rien !
-Je rêve ou vous m'insultez en plus ? m'écriais-je, outrée. Vous n'avez qu'à vous en occuper de ce morveux, vous verrez si c'est facile ! Ou confiez-le à ce cinglé d'Empereur qui est si vieux qu'il n'est même plus capable de bouger !
Je reçus une gifle. Cette fois-ci il ne s'était retenu et il me regardait, furieux.
-Je t'interdis de dire ça, souffla t-il, menaçant.
Pour toute réponse, je lui envoyais mon poing en pleine tête. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, mais c'était un réflexe depuis mes combats avec Dilandau. Il tituba un peu en arrière, et j'en éprouvais une certaine satisfaction car à la dernière gifle que je lui avais envoyée, il n'avait pas bougé d'un millimètre. En voyant son visage, je m'aperçus que ce n'était pas du tout la meilleure chose à faire. C'était peut-être même la pire bêtise que j'avais jamais faite dans ce monde. Je m'approchais timidement de lui et cherchais à voir si la blessure n'était pas trop grave. Il me repoussa violemment, je trébuchais et m'étalais de tout mon long sur le sol. Ma tête heurta le carrelage et une violente douleur me parcourut.
-Aïe, dis-je simplement.
Je me relevais en repoussant la main qu'il me tendait pour m'aider avec un air désolé que je ne lui connaissais pas.
-C'est bon, j'ai connu pire, lâchais-je en me massant l'arrière de la tête.
Il me regarda avec des yeux de chien battu, et je me sentais de plus en plus mal à l'aise.
-Je... je vous ai pas fait trop mal ?
-J'ai connu pire, grogna t-il.
-Je suis vraiment désolée, c'est un vieux réflexe... à cause de Dilandau... me frapper, c'est une mauvaise idée en général. Mais je ne reviendrais pas sur ma position : Dornkirk est un vieux fou et rien ne me fera changer d'avis.
Il s'apprêta à m'assener une nouvelle gifle, toujours aussi furieux, mais je bloquais son bras, me retournais et le pliais par-dessus mon épaule en faisait attention à ne pas lui faire mal. J'avais déjà manqué de lui casse le nez, autant ne pas en rajouter. Je me retrouvais très proche de lui d'un coup, le dos plaqué à son torse, et son bras autour de mes épaules. C'était une position gênante en somme. Je le lâchais vivement et m'écartais. Nos regards se croisèrent et ne se lâchèrent plus jusqu'à ce que je lui saute dessus et l'embrasse.
Je passais la nuit dans ses bras. Avant d'arriver sur Gaea, j'avais toujours penser que ma première nuit d'amour serait avec mon petit ami terrien, et depuis quelques mois, que ce serait sûrement avec Xael. Deux fois je m'étais trompée. Mais je ne le regrettais pas en fait. Alors qu'il dormait paisiblement contre moi, je le contemplais avec tendresse. Je me demandais si j'étais amoureuse de lui, mais je ne trouvais pas la réponse.
Marlène trompait son futur époux avec un chevalier, et moi je trompais mon petit ami actuel avec mon supérieur hiérarchique, qui était en outre une personne que Xael n'aimait guère. Je trahissais aussi mes deux meilleures amies. Une évidence me sauta aux yeux : personne ne devrait jamais savoir ce qu'il s'était passé cette nuit.
