Ch. 10 : L'engagement
Un soir, très enthousiaste, Xael me dit qu'il avait tout prévu pour faire une grande cérémonie pour notre mariage. Le seul problème c'était que si ça avait été possible, j'aurais demandé le divorce sur le champ pour épouser Folken, qui, de son côté, semblait assez indifférent à la suite des évènements. Une fois, Xael était allé voir Folken, qui s'occupait du château, pour avoir une plus grande chambre afin que nous puissions dormir ensemble et avoir plus de place puisque nous étions mariés. Il avait refusé et avait ajouté que, pour que les soldats restent calmes, il aurait même mieux valu que nous fassions chambre à part, ce que j'avais fortement approuvé et qui me permettait de m'enfuir facilement la nuit pour retrouver mon amant.
Narya et Erya se proposèrent spontanément pour être les demoiselles d'honneur, et le mariage ici ressemblait assez au mariage sur ma bonne vieille Terre.
J'en avais assez, de voir tout ces sourires radieux et ces « félicitations, Sophia ! » de toutes parts. Je ne pouvais même pas me confier à mes meilleures amies. Comment leur expliquer que je trompais régulièrement mon mari, et qui plus est, avec l'homme dont elles étaient éperdument amoureuses ? Je trahissais tout le monde.
Folken ne m'apportait pas de réponses lorsque je lui en parlais. Il se contentait de hausser les épaules, de m'embrasser et de me demander de lui passer son vieux bouquin.
Une nuit, je me retrouvais à nouveau devant Dornkirk.
-Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes vus, n'est-ce pas ? dit-il doucement.
-Oui.
-Depuis combien de temps es-tu ici ?
-Six ans environ.
-Et quel âge as-tu ?
-Vingt-deux ans, à peu de choses près.
-Tu vas te marier avec le lieutenant Xael ?
-Non, je suis déjà mariée avec lui. Mais nous allons faire une vraie cérémonie.
-L'aimes-tu ?
-Je... je crois que oui.
-Tu crois seulement ? Je sens que ton cœur est rempli d'amour...
-Il l'est. Pour Xael, dis-je, effrayée sur ce qu'il était capable de découvrir.
Folken n'était même pas là. Il m'avait accompagné et il était reparti.
-Mmm... dit-il simplement.
-Vous aviez quelque chose à... à me dire ? demandais-je timidement.
-Non. Je voulais seulement te voir.
-Ah... Excusez-moi, Seigneur Dornkirk, mais je dois vous laisser.
-Bien sûr, tu peux disposer.
Je baissais la tête en signe de respect et retournais dans la chambre de Folken. Je me glissais dans le lit et me collais contre lui, pour passer une nouvelle nuit avec lui.
-Celles-ci, qu'en penses-tu ? Sophia, tu m'écoutes ?
Je relevais vivement la tête et regardais autour de moi. C'était Xael qui me parlait de tables à installer pour le banquet qui suivrait la cérémonie. C'était presque hilarant de le voir s'occuper de l'entraînement de ses hommes en leur aboyant dessus et la minutes d'après se questionnant sur la couleur des rubans ou la forme des tables.
-Comme tu veux... marmonnais-je en replongeant la tête dans mes bras, fatiguée.
-Tu ne vas pas bien ma chérie ? Tu devrais peut-être aller te coucher ?
-Non, ça va, t'en fais pas... Oh regarde, des papillons ! Et si on faisait un lâché de papillons la nuit, à la lumière des torches ? suggérais-je, ironique.
-C'est une excellente idée ! Ca sera magnifique ! Sophia, tu es un génie.
-Euh... c'est une blague.
-Vraiment ? Ce n'est pas grave, on le fera quand même.
-Xael, c'était pour me moquer de toi.
-Pourquoi veux-tu te moquer de moi ?
-Parce que tu prends les choses trop au sérieux. Les gens qui viendront n'auront rien à faire de la forme des tables, de la couleur de ton costume ou de la longueur de ma robe ! Ca n'a pas la moindre importance !
Je n'avais même plus envie de l'épouser dans le fond. Je ne savais pas trop quoi faire. Je restais perplexe face aux évènements qui s'enchaînaient un peu trop vite à mon goût.
Je déposais un baiser sur son front et partais pour me balader. Je marchais pendant plus d'une demi-heure, descendant des escaliers et en montant d'autres. Finalement, je trouvais une double porte que je ne connaissais pas. En l'ouvrant, je découvrais une vaste bibliothèque. Folken était assis à une table, travaillant assidûment, le nez encore plongé dans des livres poussiéreux. Il ne s'était pas aperçue de ma présence.
-C'est donc là que tu passes tes journées ? demandais-je d'une voix forte.
Il releva la tête et me regarda un moment.
-Tiens, Sophia, je voulais te voir justement... dit-il.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? demandais-je, intriguée.
-La princesse Marlène d'Astria tient absolument à ce que tu sois à son mariage, qui a lieu dans quelques jours.
-C'est vrai ? m'enthousiasmais-je, heureuse qu'elle ne m'ai pas oublié.
-Oui, répondit-il sobrement.
Je sautais de joie sur place, sous le regard de Folken qui semblait me croire complètement folle.
-Arrête, mon ange, c'est génial ! m'exclamais-je en arrêtant de sauter. Tu viens aussi, non ?
-Tu tiens vraiment à y allé ? me dit-il, effaré.
-Bien sûr ! Ca va être cool ! Et si on y allait que tous les deux mon ange, ça serait chouette non ? En couple... enfin, pas devant tout le monde, mais tu vois ce que je veux dire... Souris bébé, on croirait que t'as vu un fantôme !
Je m'approchais de lui, m'asseyais sur ses genoux, attrapais ses bras et les enroulais autour de ma taille. Il n'opposa pas une grande résistance.
-Imagine un peu... Marlène m'a dit qu'il y avait pleins de plages là-bas... qu'est-ce que ça doit être beau ! Folken, tu pourrais dire quelque chose au moins ! Ca doit vraiment être romantique à souhait...
Il se leva brusquement et je manquais de tomber par terre s'il ne m'avait pas retint au dernier moment.
-Ca va pas ? demandais-je, inquiète. Tu fais une tête bizarre... tu ne veux pas qu'on y aille ?
-Je... on en reparlera plus tard, d'accord ?
-Arrête ! Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu fais cette tête ? Quelque chose ne va pas ? Dis-le moi si tu ne veux pas y aller, je ne vais pas faire une scène !
-Je crois que...
-Tu crois quoi ?
-Que Dilandau était caché derrière la porte.
Je faillis m'étouffer.
-Pardon ? hurlais-je.
-Ca ne peut être que lui ! Ce gamin... souffla t-il.
Je prenais une grande inspiration, l'embrassais tendrement puis me lançait à la poursuite du démon qui, bien que rapide, ne courait tout de même pas aussi vite que moi.
-Tiens, le nain, quel plaisir de te voir ! m'exclamais-je en m'asseyant sur ses jambes après l'avoir fait tomber.
-Sophia, tu es loin d'être légère ! s'énerva t-il.
-Que fais-tu donc à cet étage ? Il n'y a que des bibliothèques, et je parie que tu ne sais pas lire ! Ou alors tu es trop bête pour apprécier la valeur d'un vieux bouquin poussiéreux.
-Tu as vraiment grossi depuis la dernière fois que je t'ai vu.
-Qu'est-ce que tu as vu ?
-Je n'ai rien vu... AÏE ! arrêtes de me pincer Sophia !
-Tu es certain de n'avoir rien vu ? continuais-je et approchant ma main de sa tête, prête à lui mettre des gifles.
Il devait avoir environ douze, treize ans peut-être, et il était à peu près de ma taille maintenant. Nous devions réellement être dans une position comique.
-Arrêtes de me... mais arrêtes enfin ! s'exclama t-il en recevant une pichenette sur la joue. Je n'ai rien vu ! Tu m'écrases vieille folle !
-Vieille ? rugis-je. Je ne suis pas vieille ! et je ne suis pas folle non plus ! sale petit morveux ! Il se dégagea et se massa les chevilles.
-Miguel disait qu'il voulait te voir, dit-il simplement. Il est assez triste en ce moment il m'a semblé.
-Comme si toi tu étais capable de voir les émotions des autres... répliquais- je d'un ton cassant.
Il sembla assez blessé, puis très vite furieux, mais je le renvoyais dans son étage et lui dis que je passerais plus tard pour m'occuper de Miguel.
-J'espère que tout se passe bien entre toi et...
Je retins mon souffle, ne sachant pas ce qu'il allait dire.
-Xael, acheva t-il enfin, un sourire pervers aux lèvres.
Je fus alors certaine qu'il était au courant, mais qu'il attendrait le bon moment pour le retourner contre moi, ou contre Folken. J'allais retrouver mon amant et lui expliquais la situation.
-En fait, on ne peut rien faire, conclut-il.
-Bah non, répondis-je. Enfin si, éviter de faire une gaffe. Alors, on va à Astria ?
J'avais appris à piloter quelques petits vaisseaux après mon admission parmi les hommes de Xael. Pour « raisons diplomatiques », Folken n'eu aucun mal à partir, et comme j'avais été sa suivante la fois précédente, j'étais « obligée » de l'accompagner pour qu'on ne se doute de rien. On nous confia un petit vaisseau rapide, que je savais parfaitement conduire. Comme le voyage ne devait pas durer longtemps avec cet appareil, on ne nous mit pas plus de personnel. Arrivés à Astria, j'eus presque l'impression de faire un voyage en amoureux, ce qui d'un certain côté était vrai. Folken resta assez distant durant les entretiens mais ne m'obligea pas à rester, ce que je faisais pourtant. Marlène vint me chercher le soir après le dîner et m'emmena dans sa chambre où elle revêtit sa robe de mariée.
-Elle est belle n'est-ce pas ? dit-elle d'une voix dénuée de tous sentiments.
-Quelque chose ne va pas ? Vous semblez plutôt triste.
-Je... Oh, Sophia ! s'exclama-t-elle avant de se mettre à pleurer à chaudes larmes.
D'abord surprise, je finis par l'enlacer pour essayer de la calmer, et elle pleura dans mon épaule.
-Voyons, princesse Marlène, qu'y a t-il ? Vous allez vous marier, vous devriez être heureuse ! Vous deviendrez bientôt la reine d'Astria, et puis je suis certaine que vous serez une épouse, une mère et une reine merveilleuse ! Pourquoi pleurez-vous ? Vous pouvez me le dire, si cela peut vous soulager.
Elle essuya ses joues du revers de la main et me regarda, les yeux rougis.
-Je ne connais même pas l'homme que je dois épouser. Et puis, je ne l'aime pas !
-Vous apprendrez à l'aimer, princesse Marlène. Parfois, on déteste une personne, et on finit par être prêt à mourir pour elle.
-Ce n'est même pas que je le déteste, c'est tout simplement que je ne l'ai vu qu'une seule fois dans ma vie ! Je ne l'aime pas, et je ne l'aimerais jamais !
-Pourquoi ? Vous ne pouvez pas en être sûre. Ca se trouve, ce sera un homme très gentil et vous tomberais sous son charme.
-Non Sophia, non... je... j'en aime un autre !
Je pensais aussitôt à Allen. Elle se remit à pleurer.
-Je ne veux pas épouser le duc de Fleid, sanglota t-elle, ce n'est pas lui que je veux épouser ! Je sais que je dois le faire pour mon peuple... comme j'aurais voulu ne pas naître dans cette famille et pouvoir épouser celui que j'aime ! Pourquoi dois-je me sacrifier ?
-Parce que c'est votre devoir, dis-je tout simplement. Je... je sais que ce que je vais vous dire va probablement vous choquer mais... dans le fond, vous n'avez que deux solutions : soit refuser ce mariage et vous enfuir avec celui que vous aimez, soit épouser ce duc, et gardez l'autre auprès de vous, ne pas arrêter de le voir ou de l'aimer et... enfin, je pense que vous comprenez l'idée.
-Mais c'est une trahison envers mon époux, envers mon peuple ! s'exclama t- elle.
-C'est plus choquant que je ne pensais... écoutez, princesse Marlène, ne vous trahissent-ils pas en vous disant que ce sera un malheur pour le royaume si ce mariage n'a pas lieu, en laissant reposer leur bien-être sur vos épaules ? Vous êtes jeune ! Profitez un peu de votre vie ! On ne vit qu'une fois, princesse Marlène. Et personne n'aura besoin de le savoir.
-Pour vous, c'est tellement plus simple... Pas de mariages arrangés, vous faites ce que vous voulez, vous pouvez épousez qui vous souhaitez, sans que personne ne vous dise quoi que ce soit. Votre vie est tellement plus facile que la mienne...
-Ma vie est beaucoup plus compliquée qu'elle n'en a l'air, répondis-je avec un sourire. Au fait, moi aussi je vais me marier dans peu de temps. Ca sera beaucoup moins intéressant que votre mariage, mais...
-Je serais ravie de venir ! s'exclama t-elle, passionnée.
-Je serais ravie que vous veniez ! Mais ça va être beaucoup mois... grand et pompeux que le vôtre.
-Ce n'est pas grave, ce sera sans doute bien plus charmant, en petit comité. Mon mariage est si impersonnel... Mais j'ai peu d'amis. Je suis très heureuse que vous soyez venue. Votre maître, le Seigneur Folken, lui non plus ne semble pas mécontent d'être là.
-On échappe à la pression de Zaïbacher, ça fait du bien, on peut se détendre un peu... La dernière fois que nous sommes venus, c'était pour je ne sais quoi d'important entre votre père et mon maître.
-Vous allez trouver ça vraiment idiot mais... je trouve que ce Folken et vous iriez vraiment bien ensemble ! Rien qu'en vous voyant arrivés, côte à côte, j'ai pensé que vous formeriez un couple adorable !
-Princesse Marlène, enfin !
-Oh, cela ne vous a jamais traversé l'esprit ? Il faut bien avouer qu'il est séduisant, non ?
Au moins, elle avait retrouvé le sourire, et c'était le plus important, bien que je rougissais pour me transformer en poisson rouge alors qu'elle continuait de ma taquiner sur le sujet.
-Je savais bien que vous y aviez pensé. Il n'y a pas de honte à avoir. Honnêtement, je pense que je préférerais épouser ce général plutôt que mon fiancé actuel !
Je riais jaune. Cette fille avait des vues sur mon petit ami et amant secret. Elle avait des vues sur Folken. Pas sur Folken, sur mon Folken.
Finalement, je retournais dans ma chambre et me couchais, assez fatiguée. Folken ne vint pas me rejoindre, et cela me fit un peu de peine, mais il devait sans doute craindre que notre relation soit découverte. Le lendemain matin, il passa me voir et je lui sautais au cou.
-S'il te plaît Sophia, calmes-toi. Imagines que quelqu'un entre... balbutia t- il.
-M'en fiche ! répliquais en enfouissant mon visage dans son épaule.
-Sophia, voyons, sois raisonnable, il faut que...
-Oui ? demandais-je en décollant mes lèvres de la peau de son cou.
-Ne fais pas ça ! Ils vont le voir ! Sophia, non arrêtes.
-Qu'est-ce que tu peux être ennuyeux et conservateur parfois... marmonnais- je, déçue, en me laissant tomber sur le lit.
-Habille-toi, dit-il simplement.
-Retournes-toi, Monsieur-j'ai-peur-qu'on-découvre-que-je-couche-avec-ma- suivante-qui-en-plus-est-mariée-et-n'est-pas-vraiment-ma-suivante.
-Quel long surnom, dit-il simplement en se retournant.
Je fouillais dans mon sac. Etre avec Folken apportait pas mal d'avantages, comme des tenues correctes par exemple.
-Je vais jamais réussir à ferme cette robe... soupirais-je en l'enfilant malgré tout.
Le jeune homme m'aida à fermer le dos de la robe, et me dit que j'étais parfaite avant de me pousser dehors.
-Tu vas passer la journée avec Marlène, pendant que je règles quelques petits problèmes avec le roi Aston, m'expliqua t-il.
-Des problèmes ? Quels problèmes ? Tu savais que Marlène a des vues sur toi ?
-Ce n'est pas important, c'est au sujet de... des vues sur moi ? Où vas-tu chercher des idioties pareilles ? Elle va se marier !
-C'est elle qui me l'a dit ! Et je suis mariée, et en plus je vais refaire une deuxième cérémonie, alors tu vois que ça ne change pas grand-chose.
-Si tu le dis...
Je regardais à gauche, à droite, pour être sûre qu'il n'y avait personne, puis passaient mes bras autour de son et l'embrassais langoureusement. Puis je le lâchais, lui souriais et partais rejoindre les princesses qui devaient être dans les jardins.
Le lendemain, j'assistais à la cérémonie du mariage où, Marlène resplendissante, épousa le duc de Fleid, qui semblait être un homme très gentil mais loin d'être Allen, qui regardait tristement la scène. Lorsque les anneaux furent échangés, je posais ma main sur la sienne pour l'apaiser. Il me lança un regard triste et sourit faiblement en se rendant compte que je connaissais toute l'histoire.
Marlène partit le lendemain matin, en même temps que nous. Je la serrais très fort dans mes bras avant de regarder le vaisseau décoller et disparaître à l'horizon, puis je regagnais mon propre vaisseau où Folken m'attendait déjà.
-C'est dommage, marmonnais-je. Je voulais aller sur une plage une nuit, mais finalement ça ne s'est pas fait.
-Apparemment non.
Il me regarda et sourit. Je compris ce qu'il voulait dire, et nous passâmes une dernière nuit à Astria.
En revenant à Zaïbacher, Xael me dit qu'il fallait que je me dépêche de trouver une robe car la cérémonie n'était que dans quelques jours. Je payais sans grande conviction les robes que j'avais faites faire par des couturiers. La veille du second mariage, j'allais me réfugier dans la chambre de Folken.
Au milieu de la nuit, je le réveillais sans trop de douceur.
-Qu'est-ce qu'il y a ? marmonna t-il, à moitié endormi, en voyant mon visage inquiet.
-Tu crois que je dois le faire ?
-Faire quoi ?
-L'épouser.
-Sophia...
-Je ne veux plus l'épouser. Folken, je veux rester avec toi, je veux faire annuler ce foutu mariage ! Je t'aime Folken.
Il se releva comme un ressort et me regarda comme si j'étais complètement folle.
-Folken ? murmurais-je, effrayée par sa réaction.
-Tu l'épouseras, dit-il simplement en se recouchant.
-Je ne veux pas ! Je ne veux plus... on a vécu des choses ensembles, toi et moi, je pensais que...
-Tu ne penses rien, ou alors tu te trompes. Tu vas épouser ce lieutenant, et sûrement pas annuler le mariage.
-Mais... pourquoi tu me fais ça ? soufflais-je, atterrée.
-Parce qu'avec lui, tu t'assures un avenir.
Il me tourna le dos et j'élaborais une théorie en silence en me disant qu'il voulait que j'ai une bonne vie, et pas que c'était uniquement pour ne pas à avoir d'engagement envers moi. Je restais une heure allongée sur le dos, le drap remonté jusqu'à mon cou, à fixer le plafond. Le jeune homme dû s'en apercevoir car il se retourna et me regarda.
-Sophia, tu vas l'épouser. Tu ne m'aimes pas. Nous ne sommes pas amoureux l'un de l'autre, c'est une simple attirance physique.
-Comment peux-tu dire une chose pareille ? sanglotais-je. Vous êtes bien tous pareils ! Si j'était encore plus petite, grosse et moche, pas un seul n'aurait fait attention à moi !
-Voyons, Sophia...
Je cherchais à tâtons mes vêtements, enfilais ma chemise et me levais, serrant le reste dans mes bras.
-Sophia, attends, laisse-moi finir.
-Je pensais qu'il y avait quelque chose entre nous, mais je me suis trompée, encore.
-Sophia...
Je ne l'écoutais plus et sortais en claquant la porte. Je m'attendais à ce qu'il me court après, comme dans tout bon film d'amour, mais il ne le fit pas, et je regagnais tristement ma chambre.
Le lendemain, habillée de ma somptueuse robe blanche de mariée, je me faisais l'effet d'une sale garce, idiote en prime. Je ressemblais à un chou à la crème géant, et loin d'être appétissant en fin de compte. Narya et Erya par contre étaient superbes et leurs tenues leur allaient beaucoup mieux, mettant leurs formes parfaites en valeur. Lorsqu'elles entrèrent dans ma chambre, elles m'observèrent étrangement.
-Je ressemble à rien, marmonnais-je.
Elles hochèrent la tête puis Erya prit une paire de ciseaux, ce qui me fit assez peur, tandis que Narya attrapait des pans de tissus en trop. Elles arrangèrent la robe comme elles pouvaient et le résultat était très satisfaisant.
J'étais tout à fait incertaine quant à ce que je devais faire. Je l'attrapais et parlais d'une manière anodine du divorce. Il ne connaissait pas ce mot, mais m'appris que si je refusais ce mariage, le précédent serait annulé en même temps. Tout comme si je décidais d'épouser quelqu'un d'autre, les mariages précédents étaient annulés.
-Mais ça arrive très rarement, conclut-il. Nous n'avons aucune raison pour que ça nous arrive, n'est-ce pas ma chérie ?
-Hum ? Oh, euh... ah, il faut que j'y aille, désolée Xa.
J'embrassais sa joue et me sauvais dehors. Sans que je sache comment, Xael était parvenu à faire notre mariage dans les jardins de la forteresse. Ce devait être Dornkirk qui avait accepté, sans doute.
Une tente en tissu blanc était dressée. Une arche en fleurs roses et blanches attendait les mariés les invités commençaient à arriver, et j'eus peur.
Je remontais en courant et allais dans la chambre de Folken, sans le trouver. Je redescendais alors à la bibliothèque, et il était là, travaillant sagement.
-Folken ?
Il releva la tête et me regarda de haut en bas.
-Jolie robe, lâcha t-il.
-Je vais bientôt me marier, dis-je doucement.
-Je sais.
-C'est avec toi que je vais rester, pas avec lui. C'est toi que j'aime.
-Sophia, on en a déjà parlé.
-Folken ! Je ne suis rien d'autre que ça pour toi ? Je suis tout juste bonne à coucher avec toi ?
-Mais non...
-J'ai été stupide. Après tout, comment un prince pourrait bien vouloir rester avec une pauvre fille dans mon genre... soupirais-je.
-Ca n'a rien à voir, tu le sais très bien.
-J'ai l'impression d'être Bridget Jones, même si je m'en sors mieux qu'elle. Le seul homme que je veux et allergique à l'engagement. Ca me fait une belle jambe...
-Bridget Jones ?
-C'est rien.
Je passais une main dans ses cheveux, songeuse.
-Ca ne te fait rien que j'en épouse un autre ?
-Non. C'est mieux pour toi.
Alors je suis partie, et alors que l'on me demandé si je voulais épouser Xael, je levais la tête et regardais le château. J'aperçue Folken, à la fenêtre de ma chambre, qui regardait la cérémonie. Je regardais ensuite Xael, fier, séduisant dans son costume, qui me souriait tendrement.
-Oui... murmurais-je.
Un soir, très enthousiaste, Xael me dit qu'il avait tout prévu pour faire une grande cérémonie pour notre mariage. Le seul problème c'était que si ça avait été possible, j'aurais demandé le divorce sur le champ pour épouser Folken, qui, de son côté, semblait assez indifférent à la suite des évènements. Une fois, Xael était allé voir Folken, qui s'occupait du château, pour avoir une plus grande chambre afin que nous puissions dormir ensemble et avoir plus de place puisque nous étions mariés. Il avait refusé et avait ajouté que, pour que les soldats restent calmes, il aurait même mieux valu que nous fassions chambre à part, ce que j'avais fortement approuvé et qui me permettait de m'enfuir facilement la nuit pour retrouver mon amant.
Narya et Erya se proposèrent spontanément pour être les demoiselles d'honneur, et le mariage ici ressemblait assez au mariage sur ma bonne vieille Terre.
J'en avais assez, de voir tout ces sourires radieux et ces « félicitations, Sophia ! » de toutes parts. Je ne pouvais même pas me confier à mes meilleures amies. Comment leur expliquer que je trompais régulièrement mon mari, et qui plus est, avec l'homme dont elles étaient éperdument amoureuses ? Je trahissais tout le monde.
Folken ne m'apportait pas de réponses lorsque je lui en parlais. Il se contentait de hausser les épaules, de m'embrasser et de me demander de lui passer son vieux bouquin.
Une nuit, je me retrouvais à nouveau devant Dornkirk.
-Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes vus, n'est-ce pas ? dit-il doucement.
-Oui.
-Depuis combien de temps es-tu ici ?
-Six ans environ.
-Et quel âge as-tu ?
-Vingt-deux ans, à peu de choses près.
-Tu vas te marier avec le lieutenant Xael ?
-Non, je suis déjà mariée avec lui. Mais nous allons faire une vraie cérémonie.
-L'aimes-tu ?
-Je... je crois que oui.
-Tu crois seulement ? Je sens que ton cœur est rempli d'amour...
-Il l'est. Pour Xael, dis-je, effrayée sur ce qu'il était capable de découvrir.
Folken n'était même pas là. Il m'avait accompagné et il était reparti.
-Mmm... dit-il simplement.
-Vous aviez quelque chose à... à me dire ? demandais-je timidement.
-Non. Je voulais seulement te voir.
-Ah... Excusez-moi, Seigneur Dornkirk, mais je dois vous laisser.
-Bien sûr, tu peux disposer.
Je baissais la tête en signe de respect et retournais dans la chambre de Folken. Je me glissais dans le lit et me collais contre lui, pour passer une nouvelle nuit avec lui.
-Celles-ci, qu'en penses-tu ? Sophia, tu m'écoutes ?
Je relevais vivement la tête et regardais autour de moi. C'était Xael qui me parlait de tables à installer pour le banquet qui suivrait la cérémonie. C'était presque hilarant de le voir s'occuper de l'entraînement de ses hommes en leur aboyant dessus et la minutes d'après se questionnant sur la couleur des rubans ou la forme des tables.
-Comme tu veux... marmonnais-je en replongeant la tête dans mes bras, fatiguée.
-Tu ne vas pas bien ma chérie ? Tu devrais peut-être aller te coucher ?
-Non, ça va, t'en fais pas... Oh regarde, des papillons ! Et si on faisait un lâché de papillons la nuit, à la lumière des torches ? suggérais-je, ironique.
-C'est une excellente idée ! Ca sera magnifique ! Sophia, tu es un génie.
-Euh... c'est une blague.
-Vraiment ? Ce n'est pas grave, on le fera quand même.
-Xael, c'était pour me moquer de toi.
-Pourquoi veux-tu te moquer de moi ?
-Parce que tu prends les choses trop au sérieux. Les gens qui viendront n'auront rien à faire de la forme des tables, de la couleur de ton costume ou de la longueur de ma robe ! Ca n'a pas la moindre importance !
Je n'avais même plus envie de l'épouser dans le fond. Je ne savais pas trop quoi faire. Je restais perplexe face aux évènements qui s'enchaînaient un peu trop vite à mon goût.
Je déposais un baiser sur son front et partais pour me balader. Je marchais pendant plus d'une demi-heure, descendant des escaliers et en montant d'autres. Finalement, je trouvais une double porte que je ne connaissais pas. En l'ouvrant, je découvrais une vaste bibliothèque. Folken était assis à une table, travaillant assidûment, le nez encore plongé dans des livres poussiéreux. Il ne s'était pas aperçue de ma présence.
-C'est donc là que tu passes tes journées ? demandais-je d'une voix forte.
Il releva la tête et me regarda un moment.
-Tiens, Sophia, je voulais te voir justement... dit-il.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? demandais-je, intriguée.
-La princesse Marlène d'Astria tient absolument à ce que tu sois à son mariage, qui a lieu dans quelques jours.
-C'est vrai ? m'enthousiasmais-je, heureuse qu'elle ne m'ai pas oublié.
-Oui, répondit-il sobrement.
Je sautais de joie sur place, sous le regard de Folken qui semblait me croire complètement folle.
-Arrête, mon ange, c'est génial ! m'exclamais-je en arrêtant de sauter. Tu viens aussi, non ?
-Tu tiens vraiment à y allé ? me dit-il, effaré.
-Bien sûr ! Ca va être cool ! Et si on y allait que tous les deux mon ange, ça serait chouette non ? En couple... enfin, pas devant tout le monde, mais tu vois ce que je veux dire... Souris bébé, on croirait que t'as vu un fantôme !
Je m'approchais de lui, m'asseyais sur ses genoux, attrapais ses bras et les enroulais autour de ma taille. Il n'opposa pas une grande résistance.
-Imagine un peu... Marlène m'a dit qu'il y avait pleins de plages là-bas... qu'est-ce que ça doit être beau ! Folken, tu pourrais dire quelque chose au moins ! Ca doit vraiment être romantique à souhait...
Il se leva brusquement et je manquais de tomber par terre s'il ne m'avait pas retint au dernier moment.
-Ca va pas ? demandais-je, inquiète. Tu fais une tête bizarre... tu ne veux pas qu'on y aille ?
-Je... on en reparlera plus tard, d'accord ?
-Arrête ! Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu fais cette tête ? Quelque chose ne va pas ? Dis-le moi si tu ne veux pas y aller, je ne vais pas faire une scène !
-Je crois que...
-Tu crois quoi ?
-Que Dilandau était caché derrière la porte.
Je faillis m'étouffer.
-Pardon ? hurlais-je.
-Ca ne peut être que lui ! Ce gamin... souffla t-il.
Je prenais une grande inspiration, l'embrassais tendrement puis me lançait à la poursuite du démon qui, bien que rapide, ne courait tout de même pas aussi vite que moi.
-Tiens, le nain, quel plaisir de te voir ! m'exclamais-je en m'asseyant sur ses jambes après l'avoir fait tomber.
-Sophia, tu es loin d'être légère ! s'énerva t-il.
-Que fais-tu donc à cet étage ? Il n'y a que des bibliothèques, et je parie que tu ne sais pas lire ! Ou alors tu es trop bête pour apprécier la valeur d'un vieux bouquin poussiéreux.
-Tu as vraiment grossi depuis la dernière fois que je t'ai vu.
-Qu'est-ce que tu as vu ?
-Je n'ai rien vu... AÏE ! arrêtes de me pincer Sophia !
-Tu es certain de n'avoir rien vu ? continuais-je et approchant ma main de sa tête, prête à lui mettre des gifles.
Il devait avoir environ douze, treize ans peut-être, et il était à peu près de ma taille maintenant. Nous devions réellement être dans une position comique.
-Arrêtes de me... mais arrêtes enfin ! s'exclama t-il en recevant une pichenette sur la joue. Je n'ai rien vu ! Tu m'écrases vieille folle !
-Vieille ? rugis-je. Je ne suis pas vieille ! et je ne suis pas folle non plus ! sale petit morveux ! Il se dégagea et se massa les chevilles.
-Miguel disait qu'il voulait te voir, dit-il simplement. Il est assez triste en ce moment il m'a semblé.
-Comme si toi tu étais capable de voir les émotions des autres... répliquais- je d'un ton cassant.
Il sembla assez blessé, puis très vite furieux, mais je le renvoyais dans son étage et lui dis que je passerais plus tard pour m'occuper de Miguel.
-J'espère que tout se passe bien entre toi et...
Je retins mon souffle, ne sachant pas ce qu'il allait dire.
-Xael, acheva t-il enfin, un sourire pervers aux lèvres.
Je fus alors certaine qu'il était au courant, mais qu'il attendrait le bon moment pour le retourner contre moi, ou contre Folken. J'allais retrouver mon amant et lui expliquais la situation.
-En fait, on ne peut rien faire, conclut-il.
-Bah non, répondis-je. Enfin si, éviter de faire une gaffe. Alors, on va à Astria ?
J'avais appris à piloter quelques petits vaisseaux après mon admission parmi les hommes de Xael. Pour « raisons diplomatiques », Folken n'eu aucun mal à partir, et comme j'avais été sa suivante la fois précédente, j'étais « obligée » de l'accompagner pour qu'on ne se doute de rien. On nous confia un petit vaisseau rapide, que je savais parfaitement conduire. Comme le voyage ne devait pas durer longtemps avec cet appareil, on ne nous mit pas plus de personnel. Arrivés à Astria, j'eus presque l'impression de faire un voyage en amoureux, ce qui d'un certain côté était vrai. Folken resta assez distant durant les entretiens mais ne m'obligea pas à rester, ce que je faisais pourtant. Marlène vint me chercher le soir après le dîner et m'emmena dans sa chambre où elle revêtit sa robe de mariée.
-Elle est belle n'est-ce pas ? dit-elle d'une voix dénuée de tous sentiments.
-Quelque chose ne va pas ? Vous semblez plutôt triste.
-Je... Oh, Sophia ! s'exclama-t-elle avant de se mettre à pleurer à chaudes larmes.
D'abord surprise, je finis par l'enlacer pour essayer de la calmer, et elle pleura dans mon épaule.
-Voyons, princesse Marlène, qu'y a t-il ? Vous allez vous marier, vous devriez être heureuse ! Vous deviendrez bientôt la reine d'Astria, et puis je suis certaine que vous serez une épouse, une mère et une reine merveilleuse ! Pourquoi pleurez-vous ? Vous pouvez me le dire, si cela peut vous soulager.
Elle essuya ses joues du revers de la main et me regarda, les yeux rougis.
-Je ne connais même pas l'homme que je dois épouser. Et puis, je ne l'aime pas !
-Vous apprendrez à l'aimer, princesse Marlène. Parfois, on déteste une personne, et on finit par être prêt à mourir pour elle.
-Ce n'est même pas que je le déteste, c'est tout simplement que je ne l'ai vu qu'une seule fois dans ma vie ! Je ne l'aime pas, et je ne l'aimerais jamais !
-Pourquoi ? Vous ne pouvez pas en être sûre. Ca se trouve, ce sera un homme très gentil et vous tomberais sous son charme.
-Non Sophia, non... je... j'en aime un autre !
Je pensais aussitôt à Allen. Elle se remit à pleurer.
-Je ne veux pas épouser le duc de Fleid, sanglota t-elle, ce n'est pas lui que je veux épouser ! Je sais que je dois le faire pour mon peuple... comme j'aurais voulu ne pas naître dans cette famille et pouvoir épouser celui que j'aime ! Pourquoi dois-je me sacrifier ?
-Parce que c'est votre devoir, dis-je tout simplement. Je... je sais que ce que je vais vous dire va probablement vous choquer mais... dans le fond, vous n'avez que deux solutions : soit refuser ce mariage et vous enfuir avec celui que vous aimez, soit épouser ce duc, et gardez l'autre auprès de vous, ne pas arrêter de le voir ou de l'aimer et... enfin, je pense que vous comprenez l'idée.
-Mais c'est une trahison envers mon époux, envers mon peuple ! s'exclama t- elle.
-C'est plus choquant que je ne pensais... écoutez, princesse Marlène, ne vous trahissent-ils pas en vous disant que ce sera un malheur pour le royaume si ce mariage n'a pas lieu, en laissant reposer leur bien-être sur vos épaules ? Vous êtes jeune ! Profitez un peu de votre vie ! On ne vit qu'une fois, princesse Marlène. Et personne n'aura besoin de le savoir.
-Pour vous, c'est tellement plus simple... Pas de mariages arrangés, vous faites ce que vous voulez, vous pouvez épousez qui vous souhaitez, sans que personne ne vous dise quoi que ce soit. Votre vie est tellement plus facile que la mienne...
-Ma vie est beaucoup plus compliquée qu'elle n'en a l'air, répondis-je avec un sourire. Au fait, moi aussi je vais me marier dans peu de temps. Ca sera beaucoup moins intéressant que votre mariage, mais...
-Je serais ravie de venir ! s'exclama t-elle, passionnée.
-Je serais ravie que vous veniez ! Mais ça va être beaucoup mois... grand et pompeux que le vôtre.
-Ce n'est pas grave, ce sera sans doute bien plus charmant, en petit comité. Mon mariage est si impersonnel... Mais j'ai peu d'amis. Je suis très heureuse que vous soyez venue. Votre maître, le Seigneur Folken, lui non plus ne semble pas mécontent d'être là.
-On échappe à la pression de Zaïbacher, ça fait du bien, on peut se détendre un peu... La dernière fois que nous sommes venus, c'était pour je ne sais quoi d'important entre votre père et mon maître.
-Vous allez trouver ça vraiment idiot mais... je trouve que ce Folken et vous iriez vraiment bien ensemble ! Rien qu'en vous voyant arrivés, côte à côte, j'ai pensé que vous formeriez un couple adorable !
-Princesse Marlène, enfin !
-Oh, cela ne vous a jamais traversé l'esprit ? Il faut bien avouer qu'il est séduisant, non ?
Au moins, elle avait retrouvé le sourire, et c'était le plus important, bien que je rougissais pour me transformer en poisson rouge alors qu'elle continuait de ma taquiner sur le sujet.
-Je savais bien que vous y aviez pensé. Il n'y a pas de honte à avoir. Honnêtement, je pense que je préférerais épouser ce général plutôt que mon fiancé actuel !
Je riais jaune. Cette fille avait des vues sur mon petit ami et amant secret. Elle avait des vues sur Folken. Pas sur Folken, sur mon Folken.
Finalement, je retournais dans ma chambre et me couchais, assez fatiguée. Folken ne vint pas me rejoindre, et cela me fit un peu de peine, mais il devait sans doute craindre que notre relation soit découverte. Le lendemain matin, il passa me voir et je lui sautais au cou.
-S'il te plaît Sophia, calmes-toi. Imagines que quelqu'un entre... balbutia t- il.
-M'en fiche ! répliquais en enfouissant mon visage dans son épaule.
-Sophia, voyons, sois raisonnable, il faut que...
-Oui ? demandais-je en décollant mes lèvres de la peau de son cou.
-Ne fais pas ça ! Ils vont le voir ! Sophia, non arrêtes.
-Qu'est-ce que tu peux être ennuyeux et conservateur parfois... marmonnais- je, déçue, en me laissant tomber sur le lit.
-Habille-toi, dit-il simplement.
-Retournes-toi, Monsieur-j'ai-peur-qu'on-découvre-que-je-couche-avec-ma- suivante-qui-en-plus-est-mariée-et-n'est-pas-vraiment-ma-suivante.
-Quel long surnom, dit-il simplement en se retournant.
Je fouillais dans mon sac. Etre avec Folken apportait pas mal d'avantages, comme des tenues correctes par exemple.
-Je vais jamais réussir à ferme cette robe... soupirais-je en l'enfilant malgré tout.
Le jeune homme m'aida à fermer le dos de la robe, et me dit que j'étais parfaite avant de me pousser dehors.
-Tu vas passer la journée avec Marlène, pendant que je règles quelques petits problèmes avec le roi Aston, m'expliqua t-il.
-Des problèmes ? Quels problèmes ? Tu savais que Marlène a des vues sur toi ?
-Ce n'est pas important, c'est au sujet de... des vues sur moi ? Où vas-tu chercher des idioties pareilles ? Elle va se marier !
-C'est elle qui me l'a dit ! Et je suis mariée, et en plus je vais refaire une deuxième cérémonie, alors tu vois que ça ne change pas grand-chose.
-Si tu le dis...
Je regardais à gauche, à droite, pour être sûre qu'il n'y avait personne, puis passaient mes bras autour de son et l'embrassais langoureusement. Puis je le lâchais, lui souriais et partais rejoindre les princesses qui devaient être dans les jardins.
Le lendemain, j'assistais à la cérémonie du mariage où, Marlène resplendissante, épousa le duc de Fleid, qui semblait être un homme très gentil mais loin d'être Allen, qui regardait tristement la scène. Lorsque les anneaux furent échangés, je posais ma main sur la sienne pour l'apaiser. Il me lança un regard triste et sourit faiblement en se rendant compte que je connaissais toute l'histoire.
Marlène partit le lendemain matin, en même temps que nous. Je la serrais très fort dans mes bras avant de regarder le vaisseau décoller et disparaître à l'horizon, puis je regagnais mon propre vaisseau où Folken m'attendait déjà.
-C'est dommage, marmonnais-je. Je voulais aller sur une plage une nuit, mais finalement ça ne s'est pas fait.
-Apparemment non.
Il me regarda et sourit. Je compris ce qu'il voulait dire, et nous passâmes une dernière nuit à Astria.
En revenant à Zaïbacher, Xael me dit qu'il fallait que je me dépêche de trouver une robe car la cérémonie n'était que dans quelques jours. Je payais sans grande conviction les robes que j'avais faites faire par des couturiers. La veille du second mariage, j'allais me réfugier dans la chambre de Folken.
Au milieu de la nuit, je le réveillais sans trop de douceur.
-Qu'est-ce qu'il y a ? marmonna t-il, à moitié endormi, en voyant mon visage inquiet.
-Tu crois que je dois le faire ?
-Faire quoi ?
-L'épouser.
-Sophia...
-Je ne veux plus l'épouser. Folken, je veux rester avec toi, je veux faire annuler ce foutu mariage ! Je t'aime Folken.
Il se releva comme un ressort et me regarda comme si j'étais complètement folle.
-Folken ? murmurais-je, effrayée par sa réaction.
-Tu l'épouseras, dit-il simplement en se recouchant.
-Je ne veux pas ! Je ne veux plus... on a vécu des choses ensembles, toi et moi, je pensais que...
-Tu ne penses rien, ou alors tu te trompes. Tu vas épouser ce lieutenant, et sûrement pas annuler le mariage.
-Mais... pourquoi tu me fais ça ? soufflais-je, atterrée.
-Parce qu'avec lui, tu t'assures un avenir.
Il me tourna le dos et j'élaborais une théorie en silence en me disant qu'il voulait que j'ai une bonne vie, et pas que c'était uniquement pour ne pas à avoir d'engagement envers moi. Je restais une heure allongée sur le dos, le drap remonté jusqu'à mon cou, à fixer le plafond. Le jeune homme dû s'en apercevoir car il se retourna et me regarda.
-Sophia, tu vas l'épouser. Tu ne m'aimes pas. Nous ne sommes pas amoureux l'un de l'autre, c'est une simple attirance physique.
-Comment peux-tu dire une chose pareille ? sanglotais-je. Vous êtes bien tous pareils ! Si j'était encore plus petite, grosse et moche, pas un seul n'aurait fait attention à moi !
-Voyons, Sophia...
Je cherchais à tâtons mes vêtements, enfilais ma chemise et me levais, serrant le reste dans mes bras.
-Sophia, attends, laisse-moi finir.
-Je pensais qu'il y avait quelque chose entre nous, mais je me suis trompée, encore.
-Sophia...
Je ne l'écoutais plus et sortais en claquant la porte. Je m'attendais à ce qu'il me court après, comme dans tout bon film d'amour, mais il ne le fit pas, et je regagnais tristement ma chambre.
Le lendemain, habillée de ma somptueuse robe blanche de mariée, je me faisais l'effet d'une sale garce, idiote en prime. Je ressemblais à un chou à la crème géant, et loin d'être appétissant en fin de compte. Narya et Erya par contre étaient superbes et leurs tenues leur allaient beaucoup mieux, mettant leurs formes parfaites en valeur. Lorsqu'elles entrèrent dans ma chambre, elles m'observèrent étrangement.
-Je ressemble à rien, marmonnais-je.
Elles hochèrent la tête puis Erya prit une paire de ciseaux, ce qui me fit assez peur, tandis que Narya attrapait des pans de tissus en trop. Elles arrangèrent la robe comme elles pouvaient et le résultat était très satisfaisant.
J'étais tout à fait incertaine quant à ce que je devais faire. Je l'attrapais et parlais d'une manière anodine du divorce. Il ne connaissait pas ce mot, mais m'appris que si je refusais ce mariage, le précédent serait annulé en même temps. Tout comme si je décidais d'épouser quelqu'un d'autre, les mariages précédents étaient annulés.
-Mais ça arrive très rarement, conclut-il. Nous n'avons aucune raison pour que ça nous arrive, n'est-ce pas ma chérie ?
-Hum ? Oh, euh... ah, il faut que j'y aille, désolée Xa.
J'embrassais sa joue et me sauvais dehors. Sans que je sache comment, Xael était parvenu à faire notre mariage dans les jardins de la forteresse. Ce devait être Dornkirk qui avait accepté, sans doute.
Une tente en tissu blanc était dressée. Une arche en fleurs roses et blanches attendait les mariés les invités commençaient à arriver, et j'eus peur.
Je remontais en courant et allais dans la chambre de Folken, sans le trouver. Je redescendais alors à la bibliothèque, et il était là, travaillant sagement.
-Folken ?
Il releva la tête et me regarda de haut en bas.
-Jolie robe, lâcha t-il.
-Je vais bientôt me marier, dis-je doucement.
-Je sais.
-C'est avec toi que je vais rester, pas avec lui. C'est toi que j'aime.
-Sophia, on en a déjà parlé.
-Folken ! Je ne suis rien d'autre que ça pour toi ? Je suis tout juste bonne à coucher avec toi ?
-Mais non...
-J'ai été stupide. Après tout, comment un prince pourrait bien vouloir rester avec une pauvre fille dans mon genre... soupirais-je.
-Ca n'a rien à voir, tu le sais très bien.
-J'ai l'impression d'être Bridget Jones, même si je m'en sors mieux qu'elle. Le seul homme que je veux et allergique à l'engagement. Ca me fait une belle jambe...
-Bridget Jones ?
-C'est rien.
Je passais une main dans ses cheveux, songeuse.
-Ca ne te fait rien que j'en épouse un autre ?
-Non. C'est mieux pour toi.
Alors je suis partie, et alors que l'on me demandé si je voulais épouser Xael, je levais la tête et regardais le château. J'aperçue Folken, à la fenêtre de ma chambre, qui regardait la cérémonie. Je regardais ensuite Xael, fier, séduisant dans son costume, qui me souriait tendrement.
-Oui... murmurais-je.
