Ch. 12 : Si je pouvais mourir...

Je ne parvins pas à libérer Hitomi, malgré mes nombreux essais. La guerre faisait rage dehors, et je décidais de partir pour aider les blessés, d'où qu'ils viennent. Tout était atroce, les corps jonchaient le sol. Une lueur verte se répandit, et la guerre continua, avec encore plus d'acharnement. Etait-ce donc cela ? Dornkirk m'avait dit que la Machine du Destin devait réaliser les rêves et les envies des habitants de cette planète. Leur rêve, leur désir était-il de s'entretuer ? Pendant une période, j'avais été comme eux. Je tuais sans pitié, et maintenant que j'avais changé, il était bien trop tard. Mon rêve à moi ne se réalisait pas. La paix n'arrivait pas.

Un an déjà que cela durait. Je croisais un soldat de mon escadron.

-Jayz, que fais-tu ? hurlais-je.

-Je me bats pour que notre maître arrive à...

-Arrêtes ! Tu ne vois pas que ça ne veut rien dire ? Regardes ces morts ! Tu crois vraiment que tant de vies doivent être sacrifier pour un pauvre fou ?

-Ne parles pas de notre Empereur ainsi ! Et puis, tu peux parler, combien de vies as-tu prises ? Peux-tu seulement les compter, tant elles sont nombreuses ?

-Oui, j'ai tué, et je le regrette amèrement ! Si je pouvais mourir pour que tous ceux qui sont morts de ma main revivent, je me tuerais sur le champ ! Dornkirk n'est plus, lâche ton arme et aide-moi à faire cesser cette guerre sans raison !

-Sophia, c'est trop tard maintenant. La guerre est commencé, et il faudrait me tuer pour que j'arrête de combattre.

-Jayz, arrêtes, je t'en prie ! Ca ne veut rien dire !

-Laisse-moi, pauvre idiote. Je ne sais pas ce qu'il t'es arrivé, mais ta bonne conscience ne changera rien. Ce n'est pas en étant triste que l'on peut décider de la fin d'une guerre. Zaïbacher vaincra !

-Jayz ! Jayz, arrêtes !

Il partit, l'épée au poing, pour se faire tuer quelques mètres plus loin. Je courrais me réfugier ailleurs. J'avais abandonné mon armure, ne supportant plus de la porter, et avait mis ce que j'avais trouvé, ce qui signifiait un pantalon et une chemise, les deux en tissu plutôt fins. Je ne portais même pas d'armes, j'avais laissé Cristal dans la forteresse où j'avais juré de ne jamais remettre les pieds.

Quelque chose s'abattit sur moi, une certitude, un pressentiment comme j'en avait déjà senti : je n'aurais plus que sept nuits à vivre. Je passais plusieurs jours dans la grotte où j'avais trouvé refuge. Je pleurais, j'en avais assez, je voulais retourner chez moi, revoir ma famille et mes amis. Lorsque j'en sortie enfin, la septième nuit, je poussais un hurlement. Van se battait farouchement, mais je ne pus pas croire que son adversaire était lui. Dilandau, plus terrible que jamais. Alors que Van allait lui porter le coup de grâce, quelque chose d'inespéré se produisit. Allen arriva et se mit entre les deux. Je ne comprenais plus rien. Van et Allen étaient en train de se battre, et le guymelef de Dilandau laissa apparaître une frêle jeune fille, trop frêle pour porter cette lourde armure. Séréna, ma si chère Séréna. Je reportais mon attention sur le combat, mais il semblait que ce soit trop tard pour Allen. L'épée de Van s'enfonça dans son guymelef. Puis il stoppa net, et sortit. Allen descendit et alla serrer la jeune fille dans ses bras, je compris alors qu'ils étaient frère et sœur, et me sentais stupide de ne pas l'avoir vu plus tôt. Allen et Van parlèrent un court moment, puis le roi déploya des ailes, semblables à celle de son frère avant qu'elles ne deviennent noires, et s'envola vers la château de Zaïbacher, vers Hitomi.

Les soldats levèrent la tête vers cet ange, et d'autres continuèrent de se battre. J'apercevais deux hommes qui se battaient, deux hommes que j'avais connu et qui étaient amis. Je me jetais entre eux pour les séparer. Ils reculèrent de quelques pas, surpris.

-Sophia, dégage ! siffla Birn. Ca ne te regarde pas.

Et ils coururent l'un vers l'autre, épée en main. Pétrifiée, entre les deux, je les regardais approcher dangereusement. Si près... trop près. Une lame s'enfonça dans mon ventre. Birn lâcha son épée. Je basculais en arrière, en proie à une terrible douleur. Une larme roula sur ma joue, mais j'esquissais un sourire.

-Si je pouvais mourir pour que tous ceux qui sont morts de ma main revivent, murmurais-je. Il y eu une brillante lumière dans le ciel, Van et Hitomi apparurent, et puis je ne vis plus que le noir. Je n'avais plus mal. Je ne sentais plus rien. J'avais perdu la vie ici.