Epilogue

J'avais donc laissé dix ans de ma vie sur cette planète, mais j'étais certaine d'une chose : la paix allait revenir, grâce à ces deux amoureux. L'amour est plus fort que tout, c'était une phrase bien vraie.

Après le noir, et la disparition de la douleur, je rouvris les yeux. J'étais morte là-bas mais ce ne devait pas être mon heure. Je me réveillais dans une chambre d'hôpital, un bandage enroulé autour de la taille et un autre autour du crâne. Un médecin et trois infirmières accoururent.

-Oh mon Dieu ! s'exclama l'une des infirmières. Elle s'est réveillée !

-Vous avez eu bien de la chance, petite demoiselle, déclara le médecin gras et petit que j'avais vu dans mes rêves. Nous ne pensions pas que vous alliez vous réveiller. Ce traumatisme à la tête... c'est fou.

-Depuis combien de temps je... je suis là ? soufflais-je.

-Deux jours ! Jeune fille...

-Jeune fille ? Je ne suis plus une jeune fille...

-A votre âge, on est toujours persuadé d'être une femme, répliqua t-il sèchement.

-J'ai quel âge ? répondis-je.

-Seize ans, voyons ! Combien de doigts ? lança une infirmière en me plantant deux doigts devant les yeux. Vous souvenez-vous de votre prénom ?

-Deux doigts, une jolie bague de fiançailles, et je m'appelle Sophia.

-Elle n'est pas amnésique ! C'est très bien ! Pourquoi ne vous souveniez- vous pas de votre âge ?

-Je... ça n'a pas d'importance. Mes parents ? ma sœur ? mon frère ?

-Bien sûr, nous allons les appeler.

Deux infirmières et le médecin repartirent. La troisième, qui était la plus jeune, resta dans la chambre.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandais-je. Je ne me souviens pas.

-Vous avez été agressée mademoiselle. Dans le parc. Votre agresseur vous a planté un couteau dans le ventre, et vous a jeté contre un arbre.

-Un... un couteau ? dans le ventre ?

-Oui. Un gros couteau sûrement ! Il a fait une grosse entaille... Enfin, ne vous inquiétez pas, rien de vital n'a été touché d'après les médecins, et vous pouvez toujours avoir des enfants.

-Je ne suis pas morte...

-Bien sûr que non, puisque vous me parlez ! Votre petit ami était très inquiet. Il a crût que vous aviez été violée, il voulait tué votre agresseur quand les policiers l'ont retrouvé.

-Pourquoi j'ai été agressée ?

-Vous aviez des vêtements de marque, et un petit sac. C'était un drogué, il était en manque, il a pensé que vous aviez de l'argent, alors... voilà.

-Je n'emmène jamais d'argent avec moi... murmurais-je avec un sourire.

A peine un quart d'heures plus tard, ma famille arrivait.

J'ai eu une seconde chance. Je ne sais pas qui me l'a offerte. Mais je le remercie de tout cœur. Je suis retournée chez moi, j'ai retrouvé ma famille, mes amis, mon monde. Je ne sais pas ce qu'il se passera sur Gaea, dans dix ans. Peut-être se passera t-il la même chose. Peut-être est-ce déjà arrivé. Peut-être vais-je essayer de retrouver Hitomi, mais, si c'est déjà arrivé, peut-être a t-elle préféré rester avec Van, et je le comprendrais.

Je n'oublierais pas ce qu'il s'est passé. J'ai passé dix ans là-bas, et je sais que c'était réel. Folken, Narya, Erya, Jajuka, Séréna, même Dilandau me manque. Je n'aurais pas dis au revoir Xael, que je n'ai jamais revu après être partie sur Biwan.

On peut manier le Destin. On peut décider de ce que l'on veut devenir, on peut faire des choix. Mais quoi qu'il arrive, l'amour est plus fort que tout. Van et Hitomi l'on prouvé. Juste en s'aimant, ils ont rétablit la paix, j'en suis certaine.

La plus dure chose dans ce monde, c'est d'y vivre. C'est ce qu'on dit, pour se donner du courage. Pour moi, ce serait plutôt : La plus dure chose dans ce monde, c'est d'y mourir en se sachant mourir, car alors on s'aperçoit de tout ce que l'on perd, toutes les choses, même les moins importantes, ont tout de même une importance. Rire. S'amuser. Passer du temps avec sa famille, ses amis, son petit ami... tout est important.

Il fait froid cette nuit. Le parc est désert. La lune brille dans le ciel, je suis sur la Terre, je ne vois pas Gaea. Je peux enfin fermer ce journal où j'ai écrit mon histoire.

Je m'appelle Sophia, j'ai seize ans alors que j'écris ces mots. Il y a une semaine, j'en avais vingt-six.