Chapitre 4 : L'âme de kaori

Kaori se leva et posa une main sur la joue de Ryô. Il était comme paralysé par les yeux de celle qu'il aimait. Sans un mot échangé, elle l'embrassa. Il resta figé, encore incapable de faire le moindre mouvement. Il ne parvenait pas à lutter contre ce désir qui montait en lui. Ses souvenirs, son amour, tout déferlait en lui telle une rivière en furie. Puis elle détacha ses lèvres des siennes et dans un sourire enjôleur elle descendit le long de sa joue pour arriver au cou de Ryô.

Elle y déposa quelques baisers. Sa main droite remonta jusqu'à la base de sa nuque qu'elle tenait fermement. Ryô, instinctivement ferma les yeux ne parvenant plus à contrôler la frénésie de son coeur. Soudain, ses yeux s'écarquillèrent, ses doigts se crispèrent.

Kaori s'écarta de lui et un filet de sang coula le long du cou de Ryô. A la base, deux marques, des morsures. Il parvint à baisser les yeux pour se rendre compte que son propre sang coulait des lèvres de kaori. Elle le regarda dans un sourire démoniaque.

Ryô se réveilla. C'était donc un rêve. Il avait fait un rêve dans un rêve. Et ce rêve révélait l'antagonisme de l'âme de kaori: innocence et froideur, pureté et noirceur, violence et douceur .

Ce n'était pas un de ces rêves anodins. C'était un présage, un sombre présage. Ryô savait alors que s'il n'empêchait pas la transformation de Kaori, il ne pourrait plus rien faire pour elle à part la....

A cette idée son visage s'assombrit. Il n'avait donc plus le choix. Il ferait tout pour la ramener avant qu'il ne soit trop tard.

Il tenta de se rappeler son rêve image par image. Il s'arrêta à la maison. Elle existait belle et bien. Il prit sa voiture et roula à toute allure vers cette demeure. Comme dans son rêve il y pénétra mais là, il n'y avait pas Kaori qui scrutait la lune.

Il entra dans la demeure et fut surpris de n'y voir personne. Apparemment le Comte Villardi comptait trop sur le succès de son plan. Kaori était bel et bien là assise sur une chaise le regard complètement perdu. Tout autour d'elle il y avait des bougies noires. Plongé ainsi dans la pénombre, le visage de Kaori semblait encore plus blafard. Le teint d'une morte. Aux pieds de la chaise il y avait une large coupe de vin en argent. Juste au-dessus le bras de kaori d'où coulait du sang. Le Comte lui avait entaillé les veines. La coupe était presque pleine.

Quelques secondes plus tard, il jugea qu'il y avait suffisamment de sang et arrêta le saignement en bandant la plaie. Kaori n'avait même pas mal. D'ailleurs était-elle encore consciente. Apparemment l'esprit de Catherina avait pris de plus en plus de place dans le corps de la jeune femme. La proximité du Comte avait réveillé le démon en elle.

Il leva le menton de la jeune femme, prononça une phrase en italien et lui fit boire son propre sang. Elle se laissa faire puis soudain saisit la coupe avec précipitation et but le reste comme si ça vie en dépendait. Le Comte fut ravie de voir que dans l'âme de la pure Catherina, se terrait encore le vampire. Il la regarda quelques instants attendant le bon moment.

« Catherina »

Instinctivement elle leva la tête et vit le Comte pencher la sienne pour lui offrir sa nuque. Elle s'approcha de lui et le mordit. Le Comte souffrait et il sentait ses forces s'évanouir à mesure qu'elle s'abreuvait de son sang mais il ne fit rien pour se dégager. Il savait qu'il devait passer par là pour devenir à son tour un mort vivant. Hélas la séance fut interrompue par l'arrivée de Ryô qui assistait avec effroi à la scène.

Il avait peine à reconnaître sa douce partenaire. Devant lui il n'y avait plus que Catherina le vampire. Son comportement trahissait les écrits qui disaient qu'elle avait demandé à ce que l'on la tue, les vampires ne pouvant pas se suicider. Là elle était loin de vouloir disparaître.

Le comte se retourna et décida de s'en prendre à Ryô et de le tuer comme il avait fait tuer le mari de Catherina. Il avait tout de suite vue l'âme de Ryô. Villardi se jeta sur lui mais Ryô parvint à 'esquiver l'attaque. Mais hélas, Villardi n'était plus tout à fait humain. Même si Cathérina fut interrompue, elle lui avait quand même donné les pouvoirs d'un vampire. Sa force n'avait pas d'égale et Ryô le découvrit à ses dépens. Il ne faisaient pas le poids face à un tel monstre. Même falcon ne faisait pas le poids. Il déchargea ses balles sur lui mais rien à faire. Il n'y avait rien à faire et il n'y avait rien dans la pièce pouvant lui transpercer le coeur. Pourtant à bout de forcé il parvint à l'assommer, s'offrant ainsi quelques instant de répit pour reprendre des forces et tenter de ramener l'âme de Kaori.

Depuis le début la jeune femme assistait au combat. Au départ elle fut ravie de ce spectacle puis vient l'inquiétude et la peur. L'âme de Kaori se manifestait gageant toute ses forces pour reprendre le dessus. Mais elle aussi ne faisait pas le poids face à un démon. Ryô la regardait avec douceur et gentillesse. Son sourire répandait tant de chaleur.

« Tu.... tu... ne peux plus rien pour... pour moi.... Sauves-toi Ryô.... »

Il n'avait peine à croire à ces paroles. Mais devant le regard désemparé qu'elle affichait il ne pouvait pas faire autrement que d'essayer de lui transmettre son courage dans un sourire et un clin d'oeil. Il regarda le comte Villardi encore assommé puis regarda à nouveau Kaori.

A ce moment précis le Comte attrapa Ryô et le fit voler à l'autre bout de la pièce. Il s'écrasa contre la seule armoire de la pièce. Le bruit du bois brisé cacha son cri de douleur. Une des planches brisées s'enfonça dans sa cuisse. Avec un courage exemplaire, il se releva et enleva le bout de bois morcelé. Le sang coulait abondamment de sa cuisse mais il s'en fichait presque, ne pensant qu'à sa partenaire.

Le Comte revint à la charge et notre pauvre nettoyeur n'avait plus la force d'esquiver les coups beaucoup trop rapides de ce monstre. Il se retrouva une fois de plus projeter et il s'effondra contre le mur. La fatigue, les blessures l'avaient complètement anéanti. Malgré tout, il tenta de se lever une nouvelle fois comme pour narguer son adversaire mais ses jambes flanchèrent et il s'évanouit.