Chapitre 3
Aragorn arriva à Minas Tirith après une journée et demie
de route. Il avait profité du trajet pour demander des nouvelles de son
ancien royaume au messager. Celui-ci, qui se nommait Elberan, se fit une joie
de le renseigner, n'ayant jamais réussi à se faire à l'idée
qu'Aragorn n'était plus son souverain. Le premier soir, lors de leur
halte, il lui demanda :
- Cela ne vous manque pas trop de gouverner ?
- Pas le moins du monde, répondit Aragorn en souriant. En réalité,
je n'ai jamais voulu être Roi. J'ai du assumer mon destin au cours de
la Guerre de l'Anneau, mais, si j'avais eu le choix, je serai resté Grand
Pas, le Rôdeur. Aujourd'hui, je suis pleinement heureux d'avoir pu laisser
le trône à Faramir et Eowyn. A ce sujet, qu'est-il arrivé
exactement à la Reine ?
- Nous ne le savons pas. Elle est tombée malade suite à une promenade
dans la forêt. Personne ne sait de quoi elle souffre, mais elle ne quitte
plus le lit depuis une semaine et ne s'alimente presque plus.
L'image d'Eowyn telle qu'il l'avait vue pour la première fois à
Edoras apparut à Aragorn.
- Le Roi Faramir a tout de suite pensé à vous demander la Pierre
de Guérison.
- Décidément… Cette pierre n'est jamais à l'endroit où
l'on a besoin d'elle, soupira l'ancien Rôdeur.
Le messager ne comprit pas l'allusion, mais, sachant être discret, ne
demanda rien. Il avait vu dans le regard de son ancien souverain une souffrance
qu'il reconnaissait trop bien pour l'avoir vue dans les yeux du Roi Faramir
lorsqu'il lui avait confié sa mission.
Le lendemain, ils arrivèrent à destination en fin de matinée.
Dès qu'ils furent en vue, un page alla prévenir le Roi Faramir
qui sortit à leur rencontre.
- Comment va Eowyn ? Demanda Aragorn en descendant de cheval.
- Mal. Elle est très faible.
- Rassurez-vous, mon ami, je vous amène la Pierre Guérisseuse.
- Suivez-moi !
Ils se dirigèrent rapidement vers la chambre du couple royal. Une fois
devant la porte, Aragorn s'arrêta et donna la Pierre à Faramir
qui entra seul. L'ancien Rôdeur fit les cent pas devant la porte, inquiet.
Il espérait être arrivé à temps pour sauver son amie,
ne pouvant s'empêcher d'imaginer le pire.
Si seulement Legolas était là…Lui seul arrive toujours à
calmer mes inquiétudes… J'aimerais tellement pouvoir lui apporter le
même réconfort… Je vois bien dans ces yeux qu'il est inquiet pour
moi, qu'il a peur de me perdre… Pourquoi est-ce qu'il faut que je pense à
ça maintenant ? Pour l'instant, le plus important est la santé
d'Eowyn… Pourvu que la pierre fonctionne encore !
De longues minutes s'écoulèrent avant que la porte de la chambre
ne s'ouvre à nouveau. Aragorn s'en approcha en voyant Faramir sortir
de la pièce. Le Roi avait l'air épuisé, mais un sourire
illuminait son visage.
- Merci mon ami ! Grâce à vous, mon épouse est sauvée !
- J'en suis ravi.
- Elle voudrait vous voir pour vous remercier.
Ils entrèrent ensemble dans la chambre. Eowyn était assise dans
son lit, ses longs cheveux blonds tombant en cascade sur le couvre-lit. Un jeune
garçon était assis au bord du lit, la regardant avec amour. Aragorn
reconnut le jeune Prince Eomir, qui venait de fêter ses treize ans.
- Seigneur Aragorn, sourit Eowyn en lui tendant la main.
Il effleura la main tendue de ses lèvres et se redressa en souriant.
- Je suis heureux de vous revoir, chère amie.
- Merci, souffla t'elle, rougissante.
Le Prince Eomir se leva, tendant la main à Aragorn qui la serra.
- Je vous remercie d'avoir sauvé ma mère.
- Je vous en prie. Mais, tout le mérite en revient à votre père.
Celui-ci intervint alors :
- Nous devrions laisser Eowyn se reposer. Vous devez avoir faim, mon ami.
Aragorn sourit.
- Même si je n'ai pas l'appétit légendaire des Hobbits,
je ne serais pas contre un bon repas.
- Alors, allons-y !
Les deux hommes sortirent de la chambre, suivis par le jeune Prince qui était
fasciné par leur invité. Celui-ci sentait qu'Eomir ne le quittait
pas des yeux et se tourna vers lui brusquement, le faisant sursauter.
- Auriez-vous une question à me poser, jeune Eomir ?
- Je me demandais juste où se trouvait le Prince Legolas.
- Son père l'a fait demander, répondit Aragorn en soupirant. Thranduil
va se rendre aux Terres Immortelles et il voulait revoir son fils une dernière
fois. Son messager est arrivé en même temps que celui de votre
père et nous avons du nous séparer pour quelques temps.
Je ne pensais pas qu'il me manquerait autant alors que nous ne nous sommes
quittés que depuis deux jours… Dire que depuis des années nous
n'avions pas passé une journée l'un sans l'autre… Si on m'avait
dit ça lors de notre périple en compagnie de Frodon et les autres,
j'aurais bien ri… J'espère qu'il n'a pas eu de problème, mais,
puisque je suis là, je ne partirai pas tant que je n'aurais pas vu Gandalf…
Je me demande bien de quel secret voulait parler ma chère Arwen…
Il se rendit compte que le jeune Prince le regardait avec curiosité
et sourit.
- Excusez-moi, j'étais plongé dans mes pensées.
Puis, il se tourna vers Faramir.
- Savez-vous si Gandalf se trouve dans les environs ?
- Je l'ai fait quérir, mais je n'ai pas eu de nouvelles du messager,
pour l'instant.
Alors qu'ils se dirigeaient vers la cuisine, Aragorn sembla se souvenir d'une
chose importante et interrogea son hôte :
- Savez-vous quel était le mal qui rongeait votre épouse ?
- Non. Elle était partie en promenade dans la forêt avec Eomir.
Au bout de plusieurs heures, ils ne revenaient pas alors j'ai envoyé
des gardes les chercher. Et, ils les ont découverts évanouis.
Eomir s'est vite éveillé en disant qu'il avait été
assommé, mais Eowyn était déjà souffrante. Les gardes
les ont ramenés ici, puis sont partis fouiller les bois pour essayer
de comprendre ce qui était arrivé, mais ils n'ont rien trouvé.
Peut-être que Gandalf pourra nous aider à résoudre ce mystère.
- Peut-être…
Aragorn mangea en silence, sous le regard admiratif d'Eomir. Faramir, qui avait
remarqué l'adoration de son fils pour l'ancien Roi, ne put s'empêcher
de le taquiner :
- Si tu continues à fixer notre invité, il va avaler de travers
et s'étrangler.
Eomir rougit violemment et détourna les yeux, sous les regards amusés
des deux hommes. Puis, il prit congé et partit rejoindre sa mère.
Une fois seul avec Aragorn, Faramir reprit :
- Je vous remercie d'être venu, mais vous n'y étiez pas obligé.
Le messager aurait pu ramener la Pierre.
- J'avais envie de revoir mes amis et mon ancien domaine. Et surtout, je voulais
être certain que le messager arrive sain et sauf jusqu'ici.
- Je reconnais bien là votre générosité.
Gêné, Aragorn détourna la conversation :
- Je vois que votre fils est curieux de tout.
- Oui. Un peu trop, comme vous avez pu le constater.
- Il ressemble beaucoup à sa mère, sur ce point !
Les deux homme se sourirent.
