Chapitre 5
Gandalf et Dame Célia étaient en grande discussion avec Faramir
lorsqu'un page vint les interrompre.
- Messire Gandalf, un jeune homme vous demande à la porte principale.
Il dit qu'il ne peut entrer dans le château sans votre permission.
Le Magicien lança un coup d'œil complice à sa compagne, puis partit
à la rencontre du nouveau venu. Arrivant à la porte, il vit le
jeune homme qui attendait, appuyé contre le mur.
Il ressemble tant à son père !
- Thurinhìl ?
Le jeune homme se retourna et sourit.
- Bonjour, Père.
Ils s'embrassèrent, puis le nouveau venu demanda :
- Est-il ici ?
- Oui. Je viens de lui parler de toi. Et, je suis certain qu'il meurt d'envie
de te rencontrer.
- J'ai peur…
- De quoi, mon enfant ?
- De le décevoir…
- Tu ne le décevras pas, je te le promets. Viens !
Ils se dirigèrent vers la salle principale et entrèrent sous les
regards surpris d'Aragorn et Legolas, et celui, attendri, de Célia. Le
jeune homme hésita à avancer, intimidé. Gandalf le poussa
doucement dans le dos avant d'aller rejoindre Aragorn.
- Mon ami, j'aimerai vous présenter quelqu'un. Thurinhìl, approche
s'il te plait.
Lorsque le jeune homme fut arrivé à côté de lui,
le Magicien lui enleva sa capuche, découvrant ainsi sa chevelure sombre
et bouclée. Ses yeux d'un bleu profond se posèrent sur Aragorn,
puis sur Legolas qui se tenait légèrement en retrait. Alors qu'il
se tournait à nouveau vers l'ancien Rôdeur, ses cheveux dégagèrent
son oreille, laissant apparaître la pointe caractéristique du peuple
Elfe.
- Mon fils… souffla Aragorn d'une voix teintée par l'émotion.
- Oui, mon ami. Voici votre fils, Thurinhìl. Mon enfant, voici ton père,
le Seigneur Aragorn, fils d'Arathorn.
Les deux hommes se jaugèrent quelques instants, hésitants sur
la conduite à tenir. Puis, le jeune prit la décision et avança
vers son père, la main tendue. Celui-ci la serra, puis, submergé
par l'émotion, attira son fils à lui pour le serrer dans ses bras.
Thurinhìl hésita quelques secondes avant de rendre l'étreinte
de cet homme qu'il ne connaissait que de nom. Il se sentait extrêmement
intimidé de se retrouver enfin devant son géniteur. Lorsque Aragorn
le lâcha et s'éloigna un peu pour le contempler, le jeune homme
se sentit rougir jusqu'à la pointe des oreilles.
- Tu ressembles tant à ta mère… souffla l'Homme.
Thurinhìl détourna le regard, gêné. Ses yeux se posèrent
sur Legolas dont l'expression peinée le troubla encore plus que les mots
de son père. Il savait par Gandalf que l'Elfe était le compagnon
d'Aragorn depuis de nombreuses années, mais n'aurait jamais imaginé
que son existence puisse être un obstacle à leur relation. Le jeune
homme avait déjà rencontré quelques Elfes et il savait
que leur amour était intemporel et d'une force telle qu'ils pouvaient
mourir d'un chagrin d'amour. Et, aujourd'hui, il se retrouvait dans la position
de celui qui pouvait briser involontairement un couple, ce qui le déchirait.
- Mon fils… Je veux que tu me racontes tout de ta vie…
- Je… Je le ferais avec plaisir, mais je suis fatigué par mon voyage.
Puis-je aller me reposer avant de vous conter ma vie ?
Aragorn parut surpris, puis acquiesça :
- Bien entendu !
Le jeune homme prit alors congé de l'assistance et se dirigea vers la
porte. Il se força à marcher normalement, résistant à
l'envie de fuir en courant. Une fois dehors, il se dirigea vers les remparts,
ayant besoin de solitude.
Lorsque Thurinhìl fut sorti, Aragorn se tourna vers Gandalf.
- Je vous en veux toujours, sachez-le, mais… merci.
Le Magicien sourit.
- Je suis heureux d'avoir pu vous apporter la joie de retrouver votre fils,
même si, pour cela, j'ai du vous faire du mal. Je m'en excuse encore une
fois, mon ami…
Puis, il sortit. Il avait senti le trouble de son protégé et voulait
lui parler avant qu'il ne revoie son père. Il le trouva sur les remparts,
le regard plongé dans le vide.
- Thurinhìl… Nous devons parler…
- Je ne veux pas que le Prince Legolas souffre par ma faute, soupira le jeune
homme qui avait remis sa capuche pour dissimuler son héritage elfique
aux regards des curieux.
- Tu n'y es pour rien. Aragorn ne se détournera pas de lui pour toi,
tu le sais.
- Oui. Mais, est-ce que lui le sait ? Je ne veux pas qu'il ait peur que je l'éloigne
de lui… Je ne sais que faire…
- Sois toi-même… Et, ne cherche pas à contenter tout le monde,
tu n'y arriveras jamais. Legolas est intelligent, il comprendra vite que tu
n'es pas une menace pour lui…
Thurinhìl soupira.
Je suis troublé… Je retrouve aujourd'hui un père que je n'ai
jamais connu… Je rencontre son compagnon, un Elfe dont l'honneur et la bravoure
sont légendaires, qui, je l'ai vu dans ses yeux, semble me considérer
comme une menace… Pourquoi a t'il fallu que Gandalf nous présente ? Finalement,
ma vie était parfaite jusqu'ici… Mon existence ne dérangeait personne…Je
veux qu'il m'aime… Je ne veux pas briser leur couple… Je voudrais n'être
jamais venu ici…
Le jeune homme ne put empêcher des larmes de couler sur ses joues.
Gandalf, le cœur serré, sourit à son protégé en
disant :
- Tu as eu trop d'émotions pour une journée… Tu devrais aller
te reposer.
- Oui, soupira Thurinhìl. Vous avez raison.
Il faut que je me ressaisisse… Je dois faire comprendre au Prince Legolas
que je ne serais jamais une menace pour lui…
Le jeune homme partit en direction de sa chambre, sous le regard inquiet
de Gandalf.
Pourquoi dois-je tout savoir ? Ils vont souffrir, tous les trois, mais je
ne peux rien y faire… Je n'avais pas le choix… Leur destin est en marche… La
force de leurs sentiments devra surpasser tout le reste…
