Chapitre 7

Plusieurs semaines passèrent durant lesquelles Aragorn et Thurinhìl apprirent à se connaître. Legolas se sentait un peu soulagé de voir que son compagnon l'incluait souvent dans leurs discussions, mais l'angoisse qui étreignait son cœur était toujours présente et se faisait de plus en plus forte. Un matin, au déjeuner, Aragorn fit une proposition qui réjouit son fils :
- J'aimerais te présenter au Roi Eomer du Rohan. Nous pourrions aller à Edoras, tous les trois. Qu'en dis-tu ?
- J'en serais ravi, Père. Quand partons-nous ?
- Ce matin, si tu es d'accord.
Puis, il se tourna vers Legolas qui n'avait encore rien dit.
- Si toi aussi, tu es d'accord, bien sûr !
- J'irai où bon te semble, tu le sais bien.
Aragorn sourit. C'est ce moment que choisirent Célia et Gandalf pour entrer dans la pièce. Leur ami leur expliqua son projet.
- C'est une excellente idée, approuva le Magicien.
- Vous venez avec nous ? Demanda Thurinhìl d'une voix pleine d'espoir.
- Non, mon enfant. J'ai encore à faire ici. Mais, tu seras en de bonnes mains.
- Je le sais. Vous me manquerez.
- A nous aussi, sourit Célia.
- Il faut se préparer. La route est longue jusqu'à Edoras, lança Aragorn.
Ils finirent leur déjeuner et partirent préparer leurs bagages. Puis, ils se dirigèrent vers les écuries. Alors que Legolas et Thurinhìl sellaient leurs chevaux, Aragorn les laissa pour se diriger vers la sortie de la Cité.
- Où va t'il ? Interrogea le jeune homme, surpris.
L'Elfe sourit.
- Votre père ne vous a pas encore présenté l'un de ses plus fidèles amis. Suivez-moi !
Legolas prit la bride de son cheval et suivit le même chemin que son amant, quelques instants plus tôt. Curieux, Thurinhìl le suivit avec son propre cheval. Ils arrivèrent à la porte principale au moment où Aragorn lançait un long sifflement en direction de l'horizon. Le jeune Rôdeur jeta un regard interrogatif à Legolas qui lui désigna une ombre qui approchait à vive allure. Au bout d'un moment, Thurinhìl vit que c'était un cheval qui galopait vers eux, sa longue crinière noire flottant derrière lui. Arrivé devant Aragorn, l'animal s'arrêta et posa son museau contre la joue de l'Homme. Celui-ci lui caressa l'encolure, murmurant quelques paroles elfiques à son oreille. Puis, il se tourna vers le jeune homme en souriant.
- Mon fils, je te présente Brego. Il est l'un des Mearas.
- Il est magnifique ! S'enthousiasma Thurinhìl. Vous croyez que je pourrai le monter un jour ?
- Cela ne dépend que de lui. Mais, pour l'instant, nous devrions nous préparer à partir.
Ils rentrèrent dans la Cité où leurs amis les attendaient pour les saluer.
- Merci encore de votre aide, Aragorn, sourit Faramir.
- Je suis ravi d'avoir pu vous aider à sauver la vie de votre épouse.
Celle-ci s'approcha et déposa un rapide baiser sur la joue de l'ancien Roi. Puis, le jeune Prince Eomir vint s'incliner devant lui.
- Je vous remercie également. J'espère que vous reviendrez bientôt nous rendre visite.
- Je l'espère aussi.
Legolas salua ses amis, puis se tourna vers Thurinhìl qui parlait avec Célia et Gandalf. La Magicienne tendit un petit sac au jeune homme.
- Ce sont quelques herbes guérisseuses, pour le cas où vous en auriez besoin.
- Merci. J'espère que nous nous reverrons bientôt !
- J'en suis sûre.
Elle l'embrassa, puis ce fut au tour de Gandalf de lui donner ses recommandations.
- Je vous confie à votre père, mon enfant. Nous viendrons vous rejoindre à Edoras dans quelques semaines.
- Nous vous attendrons, lança Aragorn qui venait de les rejoindre.
Puis, il se tourna vers son fils.
- Nous devons y aller si nous voulons avoir fait une bonne partie du chemin avant la nuit.
- Allons-y !

Ils chevauchèrent toute la journée, puis, à la nuit tombante, ils s'arrêtèrent pour se reposer. Aragorn alluma un feu. Ils mangèrent en silence, puis les deux Hommes allèrent se coucher. Legolas insista pour monter la garde, malgré les protestations de son amant qui aurait bien aimé profiter de la chaleur de l'Elfe. Au bout d'un moment, celui-ci se leva et rejoignit Aragorn, s'allongeant près de lui, tout en continuant à écouter les bruits de la nuit. L'Homme, souriant, l'attira contre lui, mais Legolas lui murmura :
- Je te rappelle que nous ne sommes pas seuls.
- Dommage, souffla Aragorn. Mais, tu peux tout de même rester ici. On ne risque rien.
Poussant un long soupir, l'Elfe acquiesça.
- Puisque tu insistes, fit-il d'un air boudeur, alors qu'il mourrait d'envie de se retrouver dans les bras de son amant.
Ils se serrèrent l'un contre l'autre et Aragorn finit par s'endormir.

Thurinhìl n'arrivait pas à fermer l'œil. Il avait entendu toute la conversation entre son père et Legolas, mais n'avait pas bougé pour ne pas les mettre mal à l'aise. Il avait beau se dire que cela ne le gênait pas qu'ils soient ensemble, il se sentait tout de même très mal.
Pourquoi est-ce que mon cœur se serre à chaque fois que je les vois ensemble ? Je suis pourtant heureux qu'ils soient si amoureux l'un de l'autre… enfin, je le pensais jusque là… J'aimerais tellement connaître un amour aussi fort, aussi absolu… J'aimerais tellement rencontrer quelqu'un qui soit aussi beau que Legolas, aussi parfait et aussi désirable… Mais, qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi ai-je ces pensées ?
Il soupira, ouvrant les yeux et contemplant les étoiles quelques minutes.
Il faut que je dorme. Il faut que je fasse honneur à mon père, demain, à Edoras. Je veux qu'il soit fier de moi !
Sur ces mots, il referma les yeux. Quelques instants plus tard, il dormait.

Le lendemain matin, lorsque le jeune homme ouvrit les yeux, il vit que son père dormait encore, mais il n'y avait aucune trace de Legolas. Thurinhìl se leva et se dirigea vers un ruisseau tout proche pour aller se laver un peu. Il y trouva l'Elfe qui regardait le soleil levant, immobile. Il se retourna en entendant le jeune Rôdeur approcher.
- Bonjour, Thurinhìl. Vous avez bien dormi ?
- Oui… Legolas, je peux vous poser une question ?
- Bien sûr.
- Comment sait-on que l'on est amoureux ?
L'Elfe sourit.
- Je pense que vous devriez poser cette question à votre père. Les émotions des Hommes sont assez différentes de celles de mon peuple. Je crains de ne pas pouvoir beaucoup vous aider.
Le jeune homme baissa la tête en soupirant, puis alla s'agenouiller au bord de l'eau pour faire ses ablutions. L'Elfe resta là quelques secondes, puis retourna vers le campement pour voir si Aragorn était réveillé. Celui-ci était justement en train de replier sa couverture et de ranger ses affaires en vue du départ.
- Mon amour, je crois que ton fils est amoureux.
- Amoureux ? S'étonna Aragorn. Comment le sais-tu ?
Legolas sourit.
- Quand quelqu'un demande "Comment sait-on que l'on est amoureux ?", en général, cette personne l'est.
- Est-ce qu'il t'a dit de qui ?
- Non, répondit l'Elfe. Mais, je pense qu'il va venir t'en parler. Je n'ai pas répondu à cette question car je ne savais pas quoi lui dire… Je sais que je t'aime, mais je ne saurais pas expliquer comment je le sais. Je le sais, c'est tout.
Aragorn sourit à son tour et prit son amant dans ses bras pour l'embrasser tendrement.
- Mélan tye, Legolas.

Thurinhìl les trouva dans les bras l'un de l'autre. Il eut un moment d'hésitation, sentant son cœur se serrer. Pourtant, lorsque son regard croisa celui de son père, il s'arrangea pour ne pas laisser transparaître ses émotions.
- Si tu es prêt, nous allons partir tout de suite, proposa Aragorn. Nous allons devoir chevaucher toute la journée, mais, avec un peu de chance, nous serons arrivés à Edoras avant la nuit.
Le jeune homme acquiesça silencieusement et ramassa ses affaires avant de monter sur son cheval. Legolas lui jeta un discret coup d'œil. L'angoisse qui l'avait tourmenté à Minas Tirith et qui s'était tue pendant le voyage revenait en force. Il soupira, puis sauta sur son cheval. Quelques secondes plus tard, ils étaient tous trois repartis en direction de la capitale du Rohan.