Je ne veux pas vivre à genoux.
Il n'avait tout simplement pas pensé que le sort puisse tourner ainsi contre sa volonté...Lui qui n'avait déjà pas vécu une vie facile jusque là, il fallait en plus que Sirius ne soit plus des leurs...Pourquoi lui, Harry Potter, supposé être doué en défense contre les forces du mal, pourquoi lui, supposé être le meneur de l'A.D, pourquoi lui, supposé avoir combattu et échappée tant de fois au seigneur des ténèbres, pourquoi lui, supposé être tout ce que les gens espèrent de lui, n'arrivait tout simplement pas à comprendre ni à appliquer l'occlumancie ? Pourquoi ? C'était pourtant une étape de base dans la défense, une discipline parfaitement adaptée à la définition de cette matière...
Il avait toujours jugé qu'on lui en demandait trop, sans jamais demander son avis. Pourtant, c'était bien lui l'objet de toutes leurs espérances, de tous leurs désirs...Pourquoi Dumbledore s'entêtait-il à toujours accomplir un tas de choses pour le protéger, alors qu'il pourrait vivre une vie tranquille avec ses camarades, protégé ou pas...Qu'est-ce que cela pouvait bien changer ? Ce n'était pas la protection de Dumbledore qui avait empêché les détracteurs de s'introduire dans Privet Drive l'été dernier...Dumbledore n'était pas infaillible, il aurait mieux valu que le vieux sorcier s'en rende compte moins tard, cela aurait évité à Harry d'être toujours le dernier au courant sur les événements de sa propre vie...Mais ça, personne ne semblait trouver cela anormal, voir même inadmissible...Heureusement que ses amis étaient là, autrement cela ferait longtemps qu'il serait devenu fou, et l'image de Dumbledore dont le cou tordu se trouvait dans ses mains, s'imposa alors dans son esprit...Non bien sûr, jamais il n'en arriverait à ce point avec le vieux sorcier, il tenait Dumbledore en grande estime, bien qu'il ait, depuis la fin de sa cinquième année, chuté de quelques échelons dans celle-ci...
Harry, assis sur le bord extérieur de sa fenêtre grande ouverte, laissant ses jambes balancer dans le vide nocturne...Sa tête bouillonnait de centaines de questions et de réflexions, dont il n'arrivait pas à faire le tri. L'image de Rogue s'imposa alors, recouvrant toutes ses questions, et son professeur de potion le regardait d'un œil critique, lui disant "Tous les soirs, Potter, vous devrez vous entraîner à faire le vide dans votre esprit". Il était drôle lui, faire le vide...Il était un des mieux placé, malgré l'aversion qu'il avait envers Harry, pour comprendre ce qu'il ressentait...
Mais Harry était décidé à faire des efforts...C'était après tout son manque de travail qui avait aboutit à la perte de Sirius...Dans un sens, il se sentait tellement coupable, et penser au fait qu'après ses études à Poudlard, il aurait pu vivre en totale liberté avec son parrain, le remplissait d'un sentiment d'injustice si puissant, que sa magie parvenait parfois à s'extérioriser sans qu'il ne la contrôle, comme le soir où la tante Marge s'était mise à enfler comme un ballon ou encore lorsque le verre de vin s'était brisé dans ses mains...
Ruiné par son esprit en ébullition, il décida d'aller prendre l'air dans le parc où Dudley et sa bande avait l'habitude de tenir leurs petites réunions. Sa chambre n'étant qu'au premier étage, Harry s'avança tout au bord du rebord de la fenêtre et se laissa tomber en souplesse dans la pelouse du jardin. Il se releva, se dirigea droit vers la clôture de la maison, sauta par-dessus avec souplesse, et marcha silencieusement vers le parc. La nuit était plutôt claire, et assez chaude. L'air du sud apportait un été vraiment chaud, de telle sorte que la température nocturne ne descendait pas en dessous des vingt degrés, ce qui n'était pas pour déplaire à Harry, qui passait désormais la majorité de ses nuits dehors, allongé sur une balançoire ou dans la pelouse des Dursley, avec pour seule compagnie le clair de lune, et le chant des grillons...Il se laissa tomber contre un arbre à la mine sinistre, et s'adossa contre son tronc, la tête en arrière, les yeux fermés, et il laissait ses pensées déferler dans on esprit, comme un courant d'air, avec l'espoir qu'elles pourraient en sortir, ne serait-ce qu'une heure ou deux, le temps de faire le point, de repartir à zéro avec lui-même...Mais non, cela ne lui était pas permis...Il fut tiré de ses réflexions par des voix provenant d'un peu plus loin. Comme l'été dernier, Dudley rentrait d'une excursion dans les quartiers de Privet Drive avec sa bande de copains. Chacun d'eux se serra la main pour se dire au revoir, après d'être donné rendez-vous le lendemain, même heure, même endroit. Seul au milieu du trottoir, Dudley aperçu soudain Harry assis sous l'arbre, et il se dirigea vers lui, tenant fermement son vélo par le guidon.
_Qu'est-ce que tu fais là ? _Je réfléchis, ça se voit pas ? Ah oui, c'est vrai que toi, tu ne sais pas ce que ça veut dire...
Harry évita de justesse un coup de pied envoyé par son cousin, et il dégaina soudainement sa baguette de sa poche, la pointant sur Dudley.
_Refais ça juste une fois Big D, et ce n'est pas qu'une simple queue en tire-bouchon qui t poussera sur le corps.
Harry avait dit ça étrangement calmement, effrayant encore plus Dudley qui recula d'un pas chancelant.
_Je le dirai à mon père, tu sais très bien que tu ne peux pas t'en servir en dehors de l'école. _Qu'est-ce que tu en sais ? Répondit Harry. Je suis en sixième année maintenant, et c'est devenu légal si tu tiens vraiment à le savoir.
Un silence pesant s'installa entre les deux jeunes, jusqu'à ce que Harry se décide à le rompre.
_Bon ben je sais pas si t'es décidé à prendre racine là et attendre que tu bourgeonnes, mais moi je me tire, je vais faire un tour. _Attends, je viens avec toi ! _Pourquoi ? J'ai pas besoin de toi Dud, faut que je réfléchisse seul. _T'es bizarre depuis la fin Juin...Enfin, je veux dire, encore plus que d'habitude, si tu vois ce que je veux dire...Ta petite amie t'a plaqué ?
Un sourire moqueur apparut sur les lèvres de Dudley, alors que Harry lui jetait un regard de pitié.
_Qu'est-ce qui te prouve qu'elle m'a plaqué ? _Ah, parce que t'as vraiment une petite amie ? _Mais qu'est-ce que ça peut bien te faire Dud ? Tu peux pas me lâcher cinq minutes ? _Non, je veux savoir où tu vas comme ça. _Eh bien ne compte pas sur moi pour te le dire. _Je m'en fiche, ce sera répété, transformé et amplifié auprès de mes vieux. _Mais quel boulet tu fais comme mec !! Bon je rentre, j'en ai marre. Faudrait peut être que tu apprennes à grandir Dud, ça devient inquiétant comme tu régresses.
Dudley essaya de répliquer, mais aucun mot assez intelligent et cassant ne parvint à sortir de sa bouche pour lui permettre de remettre son cousin à sa place. Pour compenser, il commença à lever la main pour le frapper derrière la tête, mais Harry sortit sa baguette et la pointa à nouveau sur Dudley avant même que la main de celui-ci ait atteint sa tête.
_Tu veux vraiment que je le fasse Duddy ? _Non, c'est bon...Range ça...Ce truc...
Harry toisa Dudley du regard, puis rangea doucement sa baguette dans la poche de sa veste. Le silence les replongea dans un mutisme, et tous deux marchèrent en regardant droit devant eux, côte à côte. Dudley observait Harry du coin de l'œil. Il avait changé, Harry. Il était beaucoup plus mûr que tout autre jeune de seize ans, et on avait pu observer une évolution frappante chez lui, au cours de la dernière année. Bien sûr, il était toujours aussi mince, c'était dans sa personnalité, mais cela ne lui allait pas mal. Il n'était pas maigre, seulement mince. Une silhouette un peu inquiétante en fait, pour quelqu'un qui ne le connaîtrait pas, et une silhouette mystérieuse pour une personne de son entourage...Il n'était pas très grand, peut-être dans les un mètre soixante-cinq pas plus, et cela le rendait assez attirant du côté des filles...Son style vestimentaire avait changé aussi. En fait, depuis que l'oncle Vernon avait eu une augmentation et avait eu l'honneur de signer un contrat qui lui assurait une belle petite fortune pour le restant de sa vie, les Dursley avaient décidé de faire des efforts envers Harry. Celui-ci pouvait enfin manger normalement, et il avait le droit de choisir ses vêtements dans les magasins...Mais c'était aussi dû à la menace que Maugrey avait proférée devant l'oncle Vernon sur le quai de la gare Kings Cross...En fait, maintenant Harry avait l'air d'un adolescent tout à fait normal aux yeux des moldus, un adolescent suivant le style vestimentaire des jeunes de la mode, mais en restant simple, naturel. Ce soir là, il était habillé d'une chemise noire aux manches lui arrivant aux coudes, et d'un jean assez large, beaucoup trop grand pour lui, qui lui descendait bas sur les hanches, lui donnant un style de "débraillé" comme sa tante lui disait si souvent, mais aussi une allure assez classe, d'un jeune naturel. Niveau chaussures, il portait des chaussures très larges, noires, que les moldus appelaient des "Vans". Son visage aussi avait un peu changé. Ses yeux étaient toujours aussi verts, électrisants, si ce n'était encore plus qu'avant, mais ses cheveux s'étaient un peu affinés. Certes, ils étaient toujours aussi impossibles à coiffer, mais ils brillaient plus, et le fait qu'ils ne soient pas en ordre lui donnait une apparence rebelle, sauvage...Il avait légèrement bronzé cet été, renforçant un peu plus l'éclat de ses yeux. Ses lunettes rondes avaient disparu également, laissant place à une monture plus discrète et plus sérieuse, de forme rectangulaire aux angles arrondis. Bref Harry avait beaucoup changé, provoquant au fond de son cousin une jalousie naissante...Mais Harry s'en fichait complètement, et cela rendait Dudley malade... Dudley s'arrêta soudain,, cherchant quelque chose dans sa poche, et s'appuya contre la clôture d'un pavillon. Il sortit de sa poche une sorte de cigarette, mais blanche et beaucoup plus étrange...
_Tu touches à ça, toi ? Lui demanda Harry avec étonnement. _Faut bien essayer, un jour où l'autre...C'est Pierre qui me l'a filé, c'était son dernier. A ce qui paraît, quand on en fume, on décolle pendant une bonne heure et on rigole pour rien. _C'est de la merde ces trucs là, faut pas y toucher. _Oh allez, Potter, fais pas ta fillette, juste un petit coup, ça peut pas faire de mal... _Tu parles, tu seras encore plus con qu'avant, et ça, c'est pas à ton avantage...
Dudley fit comme s'il n'avait rien entendu.
_Ils appellent ça un pétard, dit-il en regardant le bout de son joint...Tu veux essayer ? _... _Oh allez, juste pour voir, tires juste une fois, pour voir. _T'es fou, Dursley, complètement taré. _Ohoo, le Harrychouchou à peur de fumer un petit joint !! _Très bien ! Donne-moi ça !!
Il s'empara du joint en question, l'alluma et tira deux fois dessus, sous les yeux étonnés de Dudley. Il toussota deux ou trois fois, puis s'adressa à son cousin.
_Voilà, t'es content ? Maintenant tu tires deux fois pas plus, et on se tire. J'en ai marre de tes conneries, c'est vraiment de la merde ton truc. De toute façon, si tu veux ruiner ta santé, c'est ton problème, moi ça me fera des vacances après tout...
Dudley s'étouffa à moitié avec la fumée, sous les yeux amusés de Harry.
_Pourquoi tu rigoles ? Demanda Dudley en toussant. _Parce que tu veux faire les grands durs, et que tu ne tiens même pas à un simple petit joint. _C'est pas parce que t'as bien tenu que tu dois te vanter. _Tu sais, c'est pas plus mal que tu tiennes pas, parce que quand j'ai vu l'état de Ron l'année dernière, c'était assez dur de le raisonner et de le ramener au dortoir sans qu'il n'aille vraiment faire toutes les choses qu'il prétendait. _T'as déjà fumé un joint à l'école des fous ? _Deux pour être exact. Mais ça n'a pas les mêmes effets sur les sorciers que sur les moldus, je tiens à te le préciser. Chez les sorciers, on rajoute de la fleur de méthylène dedans, et ça fait encore plus "décoller" comme tu dis. Mais l'avantage, c'est que ça n'a aucun effet néfaste sur la santé...Mais c'est mal vu d'en fumer, très mal vu...Alors on était monté dans la tour d'astronomie, pour être tranquille, et s'on était assis sur le rebord de la plus grande fenêtre...Halala, dans l'état qu'il était Ron, il rigolait pour rien...Heureusement que Hermione n'est arrivée que trois heures après, parce que une heure plus tôt et on aurait encore eu droit à la leçon de moral.
Harry rit à la pensée de ce souvenir avec Ron...Ils avaient fait un pacte le soir là tous les deux, se promettant de tout se dire, et de faire la plupart de leurs bêtises ensemble. Dudley observa Harry, ahuri, et lui demanda :
_Vous avez vraiment des joints chez les sorciers ?? _Evidemment, mais comme je te l'ai dit, ils ne sont pas néfastes à la santé, mais c'est mal vu, et c'est comme pour les moldus, c'est un peu illégal... L'autre fois, quand on faisait nos devoirs à la bibliothèque avec Hermione, elle m'a demandé c'était quoi mes convictions pour devenir auror plus tard, et quand je lui ai répondu "Le travail c'est l'opium du peuple, je ne veux pas mourir drogué", je crois qu'elle m'a prit pour un taré...Mais c'était pour rire, et avec Ron on a explosé de rire. Et c'est le soir même qu'on a essayé...Mais toi je te conseille de pas trop toucher à cette merde, c'est vraiment mauvais, et c'est dégradant comme truc. _Mais toi tu le fais bien !! _Oui, mais moi, c'est pas pareil.
Harry tira une troisième et dernière fois sur le joint, le jeta et l'écrasa. Allez viens, on rentre, il est déjà minuit passé. Dudley le suivit sans rien dire. Ils ne parlèrent plus pendant tout le reste du chemin, seul les cliquetis du dérailleur du vélo de Dudley les accompagnant.
Une fois rentrés, chacun se dirigea sans faire de bruit vers sa chambre, les Dursley étant déjà couchés. Harry s'introduit silencieusement dans sa chambre, sous les yeux encore ébahis de Dudley. Si un jour il avait pensé que Harry puisse être normal dans son anormalité, il se serait pris pour un fou.
***************************************************************************
Quand Pétunia se réveilla, elle trouva un mot griffonné à la hâte sur un morceau de parchemin jauni, d'une écriture allongée et rapide. "Je suis parti au chemin de Traverse pour la journée, je ne rentrerai ce soir que sur les coups de 21h00...Harry" Le fait qu'elle laisse plus de liberté qu'avant à son neveu frustrait Pétunia, c'était au départ contraire à ses convictions. Mais ils avaient eu une discussion, lui, elle et Vernon, et avec un élan d'extrême bonne volonté, ils en avaient conclu que Harry méritait autant de liberté que Dudley, mais sous conditions de participer aux tâches de la maison, ce qui ne dérangeait pas Harry, du fait qu'il les avait toujours faites, les tâches de la maison.
Il s'était levé tôt ce matin, sur les coups de cinq heures, malgré qu'il se soit couché très tard la nuit. Mais depuis la mort de Cédric, il avait le sommeil très léger, et il n'avait pas besoin de longues nuits pour être en forme. Alors après avoir pris une douche et s'être habillé, il était sorti dehors, avait fait un bref signe de sa baguette magique, et avait embarqué alors à bord du Magicobus, pour aller directement au chemin de Traverse, où il devait retrouver Hermione, la famille Weasley, Neville, Seamus, Dean, et la plupart des membres de l'AD. En fait, vu le beau temps qui régnait sur le mois d'août, la plupart des élèves de Poudlard allaient se retrouver là bas.
***************************************************************************
Pendant ce temps, au 12 Square Grimmaurd, la maison se réveillait doucement. Ron était le premier à se réveiller. Il était à peine six heures, et tout le monde, à part lui, dormait d'un sommeil paisible. Ginny remuait légèrement dans son sommeil à côté de lui. La raison pour laquelle elle ne dormait pas dans sa chambre était qu'il y avait plus de monde qu'à l'accoutumée dans la maison des Black...Bien sûr, Percy était encore absent, mais les jumeaux avaient invité Lee Jordan pour une semaine, Ginny allait recevoir deux de ses amies aujourd'hui, Ron avait invité Hermione, et Harry devrait arriver le lendemain, Mr Weasley était accompagné du professeur Lupin, Maugrey, Tonks et Shaklebot, Rogue qui allait rester encore une semaine, au plus grand damne des jeunes Weasley, ainsi que Bill et Charlie qui avaient décidé de passer toutes les vacances avec leur famille. Ce qui allait, en tout, remplir la maison d'une petite vingtaine de personnes. Il se leva donc, en évitant de faire du bruit, et il descendit doucement les escaliers baignés de rayons ocres et dorés, et se dirigea vers la cuisine. Pattenrond le regardait de ses yeux jaunes et miaula de contentement à son approche. Alors qu'il se servait un café froid, il d'adressa directement au chat.
_Ca te change ici, pas vrai ?
Il eut pour toute réponse un simple ronronnement.
_Tu verras, demain on sera un de plus, Maman va devenir complètement folle...Ca commence à faire beaucoup de monde à gérer, mais bon, ça met de l'ambiance à la maison...Qu'est-ce que t'en dis ?
Le chat sauta souplement de la table sur le carrelage et s'en alla en trottinant par la porte- fenêtre ouverte... Ron se retrouva alors seul devant sa tasse, avec pour seule compagnie le tic-tac régulier de la trotteuse de l'horloge familiale. Contemplant d'un regard vide le contenu de sa tasse qui continuait à tournoyer autour de sa cuillère, ses pensées divergèrent vers Poudlard...Harry...Leur amitié... Il se rappela alors leurs bêtises de l'année dernière...Avant la perte de Sirius, évidemment...Malgré la menace de Voldemort qui planait au-dessus d'aux, ils avaient profité au maximum de leur année scolaire, loin du regard réprobateur que Hermione aurait pu leur porter, loin de la surveillance de Dumbledore...En fait, Ron pensait que c'était toujours resté entre Harry et lui, ces expériences d'adolescent, mais Sirius lui avait dit pendant les vacances de Noël, que lui seul en dehors des deux jeunes, était au courant...Evidemment, Sirius ne pouvait pas protester, et même ses disputes protectrices avec Harry n'avaient eu aucun effet sur le jeune sorcier, Sirius en ayant fait autant durant sa propre scolarité avec Lupin et James. Il se souvint leur premier verre d'alcool, leur premier "joint", comme les moldus disaient, leur première dispute, en quatrième année...Leurs différences les rapprochaient, tous comme leurs points communs les éloignaient...Ils étaient à la fois tellement semblables, et tellement différents...Harry, lui était, plutôt impulsif, et depuis ses quinze ans, plutôt réactif aux différentes provocations qu'on pouvait lui porter. Il avait aussi tendance à s'attacher énormément aux gens qui lui étaient chers, et cela mettait Ron d'accord sur le fait que cette année, Harry serait loin d'avoir le moral de s'amuser autant que l'année dernière...Il était de toute façon complètement sûr, que lorsque Harry arriverait au Terrier demain, il serait moralement transformé...Mais ce qui avait le plus choqué Ron, c'était les propos de Harry envers Dumbledore...Il en avait eu vent, de part les discussions jasantes entre les différents portraits de l'école, mais il le comprenait...Lui-même aurait été révolté si on l'avait maintenu dans l'ignorance pendant tant d'années...D'ailleurs, Harry n'était pas révolté, il était survolté...Mais lui Ron, était là pour le soutenir, tout comme l'ensemble des gens présent au Terrier en ce moment...Mais soudain, il repensa à leur amitié à tous les deux...Ils étaient un peu comme deux frères...En quelques sortes, en fait...Ils se complétaient, et toutes leurs plus grosses bêtises d'adolescent, ils les avaient faites ensemble...Mais qu'est-ce que signifiait réellement le mot "amitié" ? Ils étaient peut-être plus soudés qu'ils ne le pensaient, mais comparé à Sirius et James, était-ce pareil ? Non, bien sûr que non, ce n'était pas pareil...Une amitié pareille à celle des maraudeurs, ce n'est ni courant, ni réellement recommandé...Comment une telle amitié avait-elle pu aboutir à une dislocation aussi violente ?? Une amitié telle, qu'elle avait donné naissance à la mort d'un de ses membres...Une amitié telle, qu'elle avait donné naissance à la plongée d'un autre de ses membres dans les ténèbres...Une amitié telle que l'avant-dernier membre avait lui aussi perdu la vie, et ce il y avait légèrement plus d'un mois...Une amitié telle, qui par contre, restait gravée dans toutes les mémoires, aussi bien professeurs que connaissances, ennemis ou amis, inconnus ou parents...Une amitié telle que tout le monde trouvait inconcevable, le fait que la cruauté humaine et la personnalité de plusieurs personnes, que ces personnes aient voulu bien faire ou non, aient pu la détruire en si peu de temps...Pourquoi, les Potter, avaient-ils dû subir cela ? Pourquoi eux ? La question subsistait dans l'esprit de Ron depuis un petit moment déjà, mais il n'arrivait pas à décrocher son esprit de ce sujet. Pourquoi Sirius Black, l'ami le plus loyal de la famille Potter, ancien Gryffondor, et excellent élève de Poudlard, avait-il eu à subir la perte de son meilleur ami, presque la perte de son frère, et pourquoi avait-il dû passer douze ans de sa vie à Azkaban, pour un crime qu'il n'avait pas commis ? Pourquoi, n'avait-il pas eu droit à un procès comme une personne normale ? Meurtrier ou pas, on lui devait ce procès. La faiblesse du Ministère s'était dévoilée plus de fois en seize années que depuis sa création. L'histoire qui semblait lier l'ensemble des Maraudeurs semblait être enchaînée par un même destin...Depuis leur rencontre, le chemin des Maraudeurs semblait mener aussi loin que possible dans la destruction. Pourquoi, l'un après l'autre, les Maraudeurs semblaient être condamnés à tomber ? Ils avaient marqué leur existence à Poudlard, et tout le monde se souvenait d'eux...Hagrid...Mac Gonagall...Dumbledore...Maugrey...Les parents de leurs amis, les anciens amis de Maraudeurs...Mais eux, tout ceux-là, étaient encore vivants...Et les Maraudeurs s'étaient effondrés...Il n'en restait plus que d'eux, ou plutôt devrait-il dire plus qu'un, l'autre n'en étant plus un à part entière...Mais s'ils suivaient le même chemin que les deux autres, bientôt il n'en resterait plus un seul... Hagrid avait dit à Harry que Sirius était parti comme il l'aurait souhaité...Mais comme l'avait dit Harry, il n'aurait pas du tout voulu partir...Chacun des Maraudeurs disparus était parti bien trop tôt... Dépité, il se leva, n'ayant pas bu la moitié de son café, puis il se dirigea à l'extérieur, la chaleur matinale du soleil le frappant de plein fouet, et ils se laissa glisser contre le mur, dans l'herbe encore humide de rosée, la tête appuyée au creux de sa main.
***************************************************************************
De son côté, dans son bureau frais de la clarté du matin, le professeur Mac Gonagall semblait, elle aussi, plongée dans les mêmes pensées que Ron. Elle se souvenait parfaitement de James Potter et Sirius Black. Ils avaient devancé de loin les jumeaux Weasley dans le domaine des ennuis causés. Les parents des élèves de Serpentard actuels, devaient s'en souvenir des Maraudeurs, et la rencontre de chacun d'eux avec la mort semblait les combler de bonheur. Mais ce que Minerva Mac Gonagall, sous-directrice de Poudlard, se demandait en ce moment, c'était pourquoi le sort continuait-il de s'acharner sur les Maraudeurs et sur leur entourage ? Les Londubat étaient hors-course, ceci était évident...Les Prewett étaient carrément morts, donc autant ne pas se faire d'illusion. Tant de familles avaient été déchirées et détruites, il y a de cela plus de seize ans, et cela allait continuer c'était certain...Dumbledore ne lui avait pas donné de détails sur la Prophétie. Simplement que l'un des deux devrait mourir...Il n'avait pas précisé qui étaient les deux en question, mais elle n'était pas née de la dernière pluie...Ou bien ils allaient devoir assister à la résistance des sorciers contre la montée en puissance du Seigneur des Ténèbres, et par conséquent à la chute du monde moldu, des sans pouvoirs, des non magiques et des créatures inférieures...Et donc évidemment, à la mort du dernier des Potter. Tiens à propos, il voulait devenir Auror, et elle lui avait promis qu'elle l'aiderait. Mais était-ce une bonne idée ? En fait, la question devait plutôt être interprétée dans ce sens : "allait-il y arriver" ? Tiendrait-il jusque là ? Ce pourquoi l'Ordre du Phénix existait était non seulement pour détruire les forces du mal, mais le but premier, c'était de maintenir Potter en vie...Tout le monde doit logiquement penser que protéger quelqu'un doit être plus facile que de détruire toute une force...Mais dans leur cas, il était difficile de choisir lequel des deux cas était le plus difficile à accomplir. Potter semblait voué à la mort, tout comme son père l'était. Lui seul, Harry, avait surmonté et vécu plus d'épreuves horrifiantes que la plupart des membres de l'Ordre. Pour un gosse de seize, cela constituait un lourd passé et une existence difficile et pénible...Une existence que tout le monde s'efforçait de maintenir le plus longtemps possible, mais dans quel but ? Et si c'était lui, Harry Potter, qui devait mourir ? Elle avait beau reconsidérer la question sous tous les angles possibles, Minerva Mac Gonagall en arrivait toujours à la même réponse. Voldemort ne pouvait pas tomber face à un gamin de seize ans...Et même s'il ne devait pas tomber tout de suite, même si Harry devait vivre jusqu'à vingt ans, même plus, Voldemort ne tomberait pas. Les autres oui, mais pas Voldemort. Pourtant, Harry avait déjà montré à plusieurs reprises l'exceptionnel développement de ses pouvoirs pour un jeune de cet âge...Etre capable de matérialiser un Patronus corporel à l'âge de treize ans relevait de l'exploit...Avoir été vainqueur, à un niveau égal à celui de Cédric Diggory, élève de septième année, du tournoi des trois sorciers était également une performance respectable...De plus, avoir à ses dépens affronté quatre fois le Seigneur des Ténèbres sans y être resté imposait le devoir de se poser quelques questions pour le moins simplistes...Mais Albus Dumbledore en avait déjà parlé...Harry tenait ce don de défense de son père, mais malheureusement il ne semblait pas tenir que cela de son père...Pourquoi Elle-savait-qui s'acharnait-il sur les Potter...A cause, peut-être...De cette fichue prophétie...Toute la vie d'un gosse de seize ans ne semblait tenir qu'à cette prédiction, pourtant brisée, il y avait un peu plus d'un mois. Bien sûr, Dumbledore possédait l'original, dans sa pensine et son esprit. Mais si Dumbledore disparaissait ? Oh...Qu'elle était stupide...Potter la connaissait. Mais Potter, selon ses convictions, si l'on n'était pas vigilant, pouvait subir le même sort que ses parents, d'un moment à l'autre, sous les yeux pourtant bien ouverts de l'Ordre...Potter était en danger, plus que jamais, mais ça, tout le monde le savait et essayait d'agir. Mais maintenant que Sirius Black était mort, Harry lui-même serait moins vigilant. Peut-être que même sa peur de la Mort serait complètement dissipée...Peut-être que le jour où il devrait affronter Voldemort, et qu'il aura à faire ce choix, tuer ou être tué, il ne cherchera pas plus loin...Peut-être se laissera-t-il aller au bon vouloir de Voldemort, guidé par la simple envie de vouloir revoir Sirius...James...Lily.
Minerva Mac Gonagall était dépassée. Ces temps étaient si durs. Les personnes vivantes ou mortes, semblait pourtant avoir un si grand rôle à jouer dans cette histoire...La mort des Potter avait été emblématique. Voldemort avait ainsi franchi une barrière de plus, sans la moindre difficulté. L'ironie du sort qui enrobait Sirius Black, était que Voldemort n'aie pas eu à fournir un seul effort pour se débarrasser des Potter. Sirius lui avait livré le moyen sur un plateau d'argent...Pettigrow. L'arme idéale. Tellement faible, que personne ne penserait s'en méfier ne serait- ce qu'une seule seconde.
Elle soupira bruyamment, reposant brutalement la tasse de thé qu'elle tenait sans boire, se leva et se dirigea vers la plus grande fenêtre de son bureau. Le monde était tellement instable, et Harry Potter était leur seule issue.
***************************************************************************
Hermione émergea doucement de son sommeil, les paupières encore lourdes de la petite nuit de sommeil qu'elle venait de passer. A côté d'elle, Ginny dormait encore profondément, il n'était que six heures trente...Lentement, elle s'étira, et s'aperçut que le sac de couchage de Ron était vide. C'était bizarre, lui qui faisait d'habitude des grosses nuits. Plusieurs personnes à Poudlard lui avaient dit que Ron et elle feraient un beau couple, mais elle ne le pensait pas. Ce n'était pas Ron qu'elle aimait. Ron était pour elle un véritable ami, sur cette affirmation aucun doute ne pesait dans sa tête. Mais elle n'était pas amoureuse de lui. Non...Celui qui hantait ses pensées depuis maintenant quelques mois n'était pas Ron... Elle sortit de sons sac de couchage en faisant bien attention à ne pas réveiller Ginny, puis elle s'habilla, enfilant un T-shirt blanc, large, et une jupe en Jean qui lui couvrait les genoux. Elle se dirigea à tâtons dans l'obscurité, et alors que ses doigts touchaient enfin la clenche de la porte, elle entendit sous ses pieds le bruit d'un papier froissé. Lentement, sans lâcher la clenche, son bras gauche descendit vers le sol, et en frôlant le sol du bout des doigts, elle rencontra enfin le papier, qu'elle ramassa. Elle l'observa dans un rayon de lumière orangé, qui filtrait à travers les volets fermés. S'apercevant qu'il s'agissait en réalité d'une photo, elle l'examina plus attentivement. Un groupe de personnes lui faisait signe de la main en affichant des sourires pour certains inquiets, pour d'autres heureux, pour d'autres faux, pour d'autres francs...Elle reconnut Maugrey, qui avait encore son nez entier, mais déjà son œil magique...Les parents de Neville étaient là également, le visage jovial et heureux..."s'ils savaient..." pensa Hermione. Un jeune homme maigre qui tenait le bras d'une jeune femme riait joyeusement, semblant taquiner la jeune femme qui souriait jusqu'aux oreilles. L'homme proprement dit avait des cheveux noirs, en bataille, des yeux noisette et était vêtu d'un T-shirt des Bizarr's Sisters, étrangement le même que Tonks portait sur le quai fin Juin, et un Jean noir...La jeune femme quant à elle était vêtue d'une robe légère, rosâtre, et ses cheveux auburn tombaient souplement sur ses épaules nues. Elle avait des yeux verts, électrisants...Ceux de Harry.
_Poussez-vous un peu, chuchota Hermione. Je veux voir tout le monde.
Et ainsi, les personnages de la photo se bousculèrent pour faire place à ceux qui ne rentraient pas dans le cadre. Un jeune homme, aux cheveux noirs, souples, d'une allure assez séduisante bouscula tout le monde et se hissa jusqu'aux côtés de l'homme aux cheveux en bataille, suivi d'un autre jeune homme aux cheveux châtains et au visage jeune, mais dont les yeux étaient cernés. Albus Dumbledore était présent, souriant malicieusement aux côtés du professeur Mac Gonagall, qui paraissait moins décontractée...Les parents Weasley étaient présents, ainsi que plusieurs membres de l'Ordre du Phénix actuel... En dessous de la photo, elle lut la légende "l'Ordre du Phénix, Septembre 1981". Soudain, sur la photo, la jeune femme aux yeux verts baissa les yeux, et souleva dans ses bras un petit garçon qui paraissait âgé d'un an, environ...Harry. La mère de Neville aussi portait son fils, en le regardant tendrement...Il paraissait à peu près avoir le même âge que Harry. La gorge de Hermione se serra, sans se douter que Harry, un an plus tôt, ait éprouvé la même sensation de malaise quand il avait observé exactement la même photo dans la main droite de Maugrey. Toutes ses personnes, qui semblaient être si heureuses...Toutes condamnées à mort...Voldemort les voulait, et il en avait déjà eu un certain nombre. Les Prewett avaient été assassinés dans d'atroces conditions, les Londubat étaient condamnés à Sainte-Mangouste au service des malades perpétuels, incapable de reconnaître leur propre fils, incapable de retrouver la raison...Les Potter, étaient morts un mois après la prise de cette photo...Sirius, jovial et en bonne santé sur cette photo, sera condamné un peu plus d'un mois plus tard, à douze ans de supplice, sans procès, pour la trahison des Potter...Foutaises. C'est alors qu'elle le remarqua. Le nez pointu, les yeux brillants, plus petit que les autres Maraudeurs, Peter Pettigrow souriait. Etait-il déjà au service d'Elle-savait-qui ? Savait-il déjà qu'il allait être la cause d'une famille détruite ? Bien sûr, il le savait déjà...A un mois de la mort des Potter, il ne pouvait qu'être déjà leur gardien du secret...Une famille si belle, une telle amitié semblait régner entre chacun des membres de ce groupe...de cet Ordre...Qui sera disloqué comme on déchire une feuille de parchemin...Une larme coula le long de la joue d'Hermione, alors que les personnes de l'Ordre du Phénix de 1981 s'adonnaient à une pause, amusante...Cette photo, pour un individu ignorant, pourrait paraître belle, rassurante...Mais non, pas du tout. Dans le contexte où la suite des évènements s'étaient déroulés, elle ne pouvait pas être rassurante. Allaient-ils tous finir comme ça ? Les parents Weasley...morts ? Lupin...mort aussi ? Et Maugrey, Mac Gonagall...Et tous les membres de l'Ordre actuel ? Allaient-ils tous finir comme ceux qui avaient péri auparavant ? Assassinés ? Torturés ? Fous...Quoi d'autre encore...Et Harry dans tout ça ? Lui aussi, devrait-il mourir ? Elle ne savait pas ce que racontait cette prophétie exactement, mais elle n'avait fait que miner un peu plus le moral du dernier des Potter...
Dépitée, elle rangea la photo dans une poche de sa veste, puis elle descendit les escaliers, et se dirigea vers la cuisine. Aujourd'hui, ils allaient tous au chemin de Traverse, cela leur changera les idées...Sûrement. Et puis elle allait revoir Harry... Elle se dirigea, pieds nus, vers la cuisine en traînant les pieds par- terre. Elle se servit un café froid, n'ayant pas le courage de se le faire chauffer, puis se rendit dehors par la porte-fenêtre du salon. Là, dans un rayon de soleil matinal, elle aperçut Ron, la tête dans les mains, plongé en pleine réflexion.
_Tu es déjà levé ? Lui demanda-t-elle. _C'est une question ou une affirmation ? Répliqua-t-il.
Un sourire s'étira sur les lèvres de Hermione.
_Plutôt une constatation.
Elle se laissa glisser contre le mûr à côté de Ron, en prenant bien garde à ne pas renverser son café. Elle le regarda attentivement, les yeux plissés par les premiers rayons du soleil qui l'aveuglaient.
_Tu penses à quoi ?
Ron la regarda à son tour.
_A Harry, répondit-il. Tu sais ce qu'elle raconte, cette...
Hermione lui coupa la parole.
_Prophétie ? Non, je ne sais pas. _Papa et Dumbledore me l'on dit...Elle dit que...
Une boule se forma au creux de sa gorge, l'empêchant de continuer, mais il avala sa salive et continua, en regardant droit devant lui.
_Elle dit que l'un des deux devra mourir, que les deux ne peuvent pas vivre, tant qu'ils sont ensemble...Mais de qui ça parle ? C'est qui les deux...
Hermione lui recoupa la parole.
_Ron, ouvre les yeux, tu sais très bien de quoi ça parle réellement. Tu sais aussi bien que moi de qui il s'agit dans cette stupide prophétie, c'était de toute façon marqué dessus, sur la boule en verre, quand tu l'as prise au département des mystères... _Tu veux quand même pas dire que Ha...et...Tu-sais... _Malheureusement si... _Il finira comme ses parents...On ne peut pas vaincre Tu-sais-qui... _C'est ce que je me disais, mais...
Une larme coula sur sa joue.
_Il y a toujours un espoir, non ? Après tout, Harry a échappé plusieurs fois à V-Voldemort, sans y rester... _Ouvre les yeux Hermione !! Tu-sais-qui a retrouvé ses pouvoirs, et il dispose presque à volonté de ceux de Harry. Il a utilisé son sang pour renaître...Il a franchi la barrière la plus puissante qui pouvait protéger Harry...Tu sais, la protection de Lily...Papa m'en a vaguement parlé, il ne veut pas que l'on comprenne toute l'histoire, ça pourrait être dangereux pour tout le monde...Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que nous en connaissons bien plus que ce qu'il pense...Il n'avait pas jugé que les oreilles à Rallonge de Fred et George puissent nuire à la confidentialité de leurs réunions, importantes ou non... Hermione soupira. _Tant que Dumbledore est là, il n'y a pas trop de souci à se faire...pas vrai ? _J'espère...
***************************************************************************
Une heure plus tard, la maison entière était réveillée. Personne ne voulait être trop tard sur le chemin de Traverse, et tout le monde avait hâte de retrouver Harry. Mrs Weasley, malgré sa joie, était sans cesse sur les nerfs. Une vingtaine de personnes à gérer n'était pas de tout repos, sans compter les idioties de Fred, George et Lee, qui, chaque jour, testait une de leurs nouvelles inventions. Aujourd'hui, c'était l'escalier entier qui avait explosé. Ginny était en équilibre précaire sur une des seules marches branlantes qui tenaient encore, et elle se contentait d'essayer de ne pas tomber, alors que Mrs Weasley faisait déferler toute sa colère sur les trois garçons.
_NON MAIS VOUS ETES COMPLETEMENT FOUS OU QUOI ??? _On est désolés Mam... _OH BIEN SUR !! C'EST FACILE DE REAGIR COMME CA !! _Maman on n'a pas fait ex... _CA SUFFIT !! JE NE VEUX PLUS VOUS ENTENDRE !! VOUS AURIEZ PU TUER VOTRE SŒUR !! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE !! _C'est bon Maman je n'ai... _NE TE MELLE PAS DE CA GINNY !! N'essaye pas de couvrir tes frères !! _Non, vraiment, on est désolés Mrs Weas... _AH !! DESOLES !! Et bien pas tant que moi !! Vous avez détruit LA MOITIE du pallier de l'ETAGE !! _On va réparer Maman... _HEUREUSEMENT QUE VOUS ALLEZ REPARER, BANDE DE PETITS MONSTRES !!
C'est à ce moment que choisi Tonks pour sortir précipitamment de sa chambre, encore en chemise de nuit. Elle trébucha vivement dans le grand tapis, et dégringolant les escaliers, ses genoux heurtèrent Giny, et toutes les deux se retrouvèrent emmêlées, deux mètres plus bas, après être tombées de la marche qui avait cédé sous leur poids.
Toutes les deux étaient secouées, d'après ce que Mrs Weasley pouvait voir, d'un sanglot. Les épaules de Ginny tremblaient. Elle se précipita alors vers sa fille et Tonks, plus inquiète que jamais, et saisit Ginny dans ses bras.
_Oh, ma chérie, tu n'as rien ? C'est de la faute de tes idiots de frères !!
Mais elle s'aperçut soudain que Ginny et Tonks ne pleuraient pas...En fait toutes les deux étaient secouées d'un véritable fou rire, et à en entendre les bruits provenant derrière elle, George, Fred et Lee étaient dans le même état. Ginny réagit la première.
_Oh ! allez Maman, rigole !! Tu es toujours sur les nerfs !! Tu vois, il n'y a rien de grave...
Mrs Weasley la regarda d'un œil sombre, mais ce fut le fou rire incontrôlable de Tonks, qui réussit à lui arracher un éclat de rire.
***************************************************************************
Harry marchait lentement, en traînant les pieds. Il venait de descendre du Magicobus, sous le regard encore tout émerveillé de Stan Rocade, le contrôleur du bus, qu'il avait déjà eu l'occasion de rencontrer, il y avait trois ans, lorsqu'il s'était enfui de chez les Dursley...C'était d'ailleurs la première fois qu'il avait aperçu Sirius...
Secouant la tête pour faire partir ses mauvaises pensées, il marcha plus vivement encore, et il atteignit la porte d'entrée du Chaudron Baveur. Il le traversa rapidement, ne prêtant pas attention aux regards que lui portaient les clients assis, franchit la porte à l'arrière du bar, et se dirigea vers le mur. Il tapa trois fois sur les briques en diagonale, à gauche de la poubelle, comme le lui avait montré Hagrid, il y a six ans. Les briques bougèrent alors, puis se réarrangèrent pour former une arcade assez grande pour laisser passer un homme adulte. Il se dirigea droit vers la terrasse du glacier Florian Fortarôme, et commanda un diabolo citrouille. Sa montre sonna onze heures... Un sourire étira ses lèvres : il allait enfin retrouver tout le monde...
Bon ben voilà...Si ça vous a plu, vous pouvez laisser une petite review, comme ça je pourrai connaître votre avis, et puis, ça m'encouragera à continuer d'écrire cette fic. C'est ma première, alors n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez, soyez francs. Même si vous ne l'aimez pas spécialement, c'est pas grave, c'est toujours bien d'avoir un avis.
Bye tout le monde, à la prochaine !! ^^ Sophie Potter...
Il n'avait tout simplement pas pensé que le sort puisse tourner ainsi contre sa volonté...Lui qui n'avait déjà pas vécu une vie facile jusque là, il fallait en plus que Sirius ne soit plus des leurs...Pourquoi lui, Harry Potter, supposé être doué en défense contre les forces du mal, pourquoi lui, supposé être le meneur de l'A.D, pourquoi lui, supposé avoir combattu et échappée tant de fois au seigneur des ténèbres, pourquoi lui, supposé être tout ce que les gens espèrent de lui, n'arrivait tout simplement pas à comprendre ni à appliquer l'occlumancie ? Pourquoi ? C'était pourtant une étape de base dans la défense, une discipline parfaitement adaptée à la définition de cette matière...
Il avait toujours jugé qu'on lui en demandait trop, sans jamais demander son avis. Pourtant, c'était bien lui l'objet de toutes leurs espérances, de tous leurs désirs...Pourquoi Dumbledore s'entêtait-il à toujours accomplir un tas de choses pour le protéger, alors qu'il pourrait vivre une vie tranquille avec ses camarades, protégé ou pas...Qu'est-ce que cela pouvait bien changer ? Ce n'était pas la protection de Dumbledore qui avait empêché les détracteurs de s'introduire dans Privet Drive l'été dernier...Dumbledore n'était pas infaillible, il aurait mieux valu que le vieux sorcier s'en rende compte moins tard, cela aurait évité à Harry d'être toujours le dernier au courant sur les événements de sa propre vie...Mais ça, personne ne semblait trouver cela anormal, voir même inadmissible...Heureusement que ses amis étaient là, autrement cela ferait longtemps qu'il serait devenu fou, et l'image de Dumbledore dont le cou tordu se trouvait dans ses mains, s'imposa alors dans son esprit...Non bien sûr, jamais il n'en arriverait à ce point avec le vieux sorcier, il tenait Dumbledore en grande estime, bien qu'il ait, depuis la fin de sa cinquième année, chuté de quelques échelons dans celle-ci...
Harry, assis sur le bord extérieur de sa fenêtre grande ouverte, laissant ses jambes balancer dans le vide nocturne...Sa tête bouillonnait de centaines de questions et de réflexions, dont il n'arrivait pas à faire le tri. L'image de Rogue s'imposa alors, recouvrant toutes ses questions, et son professeur de potion le regardait d'un œil critique, lui disant "Tous les soirs, Potter, vous devrez vous entraîner à faire le vide dans votre esprit". Il était drôle lui, faire le vide...Il était un des mieux placé, malgré l'aversion qu'il avait envers Harry, pour comprendre ce qu'il ressentait...
Mais Harry était décidé à faire des efforts...C'était après tout son manque de travail qui avait aboutit à la perte de Sirius...Dans un sens, il se sentait tellement coupable, et penser au fait qu'après ses études à Poudlard, il aurait pu vivre en totale liberté avec son parrain, le remplissait d'un sentiment d'injustice si puissant, que sa magie parvenait parfois à s'extérioriser sans qu'il ne la contrôle, comme le soir où la tante Marge s'était mise à enfler comme un ballon ou encore lorsque le verre de vin s'était brisé dans ses mains...
Ruiné par son esprit en ébullition, il décida d'aller prendre l'air dans le parc où Dudley et sa bande avait l'habitude de tenir leurs petites réunions. Sa chambre n'étant qu'au premier étage, Harry s'avança tout au bord du rebord de la fenêtre et se laissa tomber en souplesse dans la pelouse du jardin. Il se releva, se dirigea droit vers la clôture de la maison, sauta par-dessus avec souplesse, et marcha silencieusement vers le parc. La nuit était plutôt claire, et assez chaude. L'air du sud apportait un été vraiment chaud, de telle sorte que la température nocturne ne descendait pas en dessous des vingt degrés, ce qui n'était pas pour déplaire à Harry, qui passait désormais la majorité de ses nuits dehors, allongé sur une balançoire ou dans la pelouse des Dursley, avec pour seule compagnie le clair de lune, et le chant des grillons...Il se laissa tomber contre un arbre à la mine sinistre, et s'adossa contre son tronc, la tête en arrière, les yeux fermés, et il laissait ses pensées déferler dans on esprit, comme un courant d'air, avec l'espoir qu'elles pourraient en sortir, ne serait-ce qu'une heure ou deux, le temps de faire le point, de repartir à zéro avec lui-même...Mais non, cela ne lui était pas permis...Il fut tiré de ses réflexions par des voix provenant d'un peu plus loin. Comme l'été dernier, Dudley rentrait d'une excursion dans les quartiers de Privet Drive avec sa bande de copains. Chacun d'eux se serra la main pour se dire au revoir, après d'être donné rendez-vous le lendemain, même heure, même endroit. Seul au milieu du trottoir, Dudley aperçu soudain Harry assis sous l'arbre, et il se dirigea vers lui, tenant fermement son vélo par le guidon.
_Qu'est-ce que tu fais là ? _Je réfléchis, ça se voit pas ? Ah oui, c'est vrai que toi, tu ne sais pas ce que ça veut dire...
Harry évita de justesse un coup de pied envoyé par son cousin, et il dégaina soudainement sa baguette de sa poche, la pointant sur Dudley.
_Refais ça juste une fois Big D, et ce n'est pas qu'une simple queue en tire-bouchon qui t poussera sur le corps.
Harry avait dit ça étrangement calmement, effrayant encore plus Dudley qui recula d'un pas chancelant.
_Je le dirai à mon père, tu sais très bien que tu ne peux pas t'en servir en dehors de l'école. _Qu'est-ce que tu en sais ? Répondit Harry. Je suis en sixième année maintenant, et c'est devenu légal si tu tiens vraiment à le savoir.
Un silence pesant s'installa entre les deux jeunes, jusqu'à ce que Harry se décide à le rompre.
_Bon ben je sais pas si t'es décidé à prendre racine là et attendre que tu bourgeonnes, mais moi je me tire, je vais faire un tour. _Attends, je viens avec toi ! _Pourquoi ? J'ai pas besoin de toi Dud, faut que je réfléchisse seul. _T'es bizarre depuis la fin Juin...Enfin, je veux dire, encore plus que d'habitude, si tu vois ce que je veux dire...Ta petite amie t'a plaqué ?
Un sourire moqueur apparut sur les lèvres de Dudley, alors que Harry lui jetait un regard de pitié.
_Qu'est-ce qui te prouve qu'elle m'a plaqué ? _Ah, parce que t'as vraiment une petite amie ? _Mais qu'est-ce que ça peut bien te faire Dud ? Tu peux pas me lâcher cinq minutes ? _Non, je veux savoir où tu vas comme ça. _Eh bien ne compte pas sur moi pour te le dire. _Je m'en fiche, ce sera répété, transformé et amplifié auprès de mes vieux. _Mais quel boulet tu fais comme mec !! Bon je rentre, j'en ai marre. Faudrait peut être que tu apprennes à grandir Dud, ça devient inquiétant comme tu régresses.
Dudley essaya de répliquer, mais aucun mot assez intelligent et cassant ne parvint à sortir de sa bouche pour lui permettre de remettre son cousin à sa place. Pour compenser, il commença à lever la main pour le frapper derrière la tête, mais Harry sortit sa baguette et la pointa à nouveau sur Dudley avant même que la main de celui-ci ait atteint sa tête.
_Tu veux vraiment que je le fasse Duddy ? _Non, c'est bon...Range ça...Ce truc...
Harry toisa Dudley du regard, puis rangea doucement sa baguette dans la poche de sa veste. Le silence les replongea dans un mutisme, et tous deux marchèrent en regardant droit devant eux, côte à côte. Dudley observait Harry du coin de l'œil. Il avait changé, Harry. Il était beaucoup plus mûr que tout autre jeune de seize ans, et on avait pu observer une évolution frappante chez lui, au cours de la dernière année. Bien sûr, il était toujours aussi mince, c'était dans sa personnalité, mais cela ne lui allait pas mal. Il n'était pas maigre, seulement mince. Une silhouette un peu inquiétante en fait, pour quelqu'un qui ne le connaîtrait pas, et une silhouette mystérieuse pour une personne de son entourage...Il n'était pas très grand, peut-être dans les un mètre soixante-cinq pas plus, et cela le rendait assez attirant du côté des filles...Son style vestimentaire avait changé aussi. En fait, depuis que l'oncle Vernon avait eu une augmentation et avait eu l'honneur de signer un contrat qui lui assurait une belle petite fortune pour le restant de sa vie, les Dursley avaient décidé de faire des efforts envers Harry. Celui-ci pouvait enfin manger normalement, et il avait le droit de choisir ses vêtements dans les magasins...Mais c'était aussi dû à la menace que Maugrey avait proférée devant l'oncle Vernon sur le quai de la gare Kings Cross...En fait, maintenant Harry avait l'air d'un adolescent tout à fait normal aux yeux des moldus, un adolescent suivant le style vestimentaire des jeunes de la mode, mais en restant simple, naturel. Ce soir là, il était habillé d'une chemise noire aux manches lui arrivant aux coudes, et d'un jean assez large, beaucoup trop grand pour lui, qui lui descendait bas sur les hanches, lui donnant un style de "débraillé" comme sa tante lui disait si souvent, mais aussi une allure assez classe, d'un jeune naturel. Niveau chaussures, il portait des chaussures très larges, noires, que les moldus appelaient des "Vans". Son visage aussi avait un peu changé. Ses yeux étaient toujours aussi verts, électrisants, si ce n'était encore plus qu'avant, mais ses cheveux s'étaient un peu affinés. Certes, ils étaient toujours aussi impossibles à coiffer, mais ils brillaient plus, et le fait qu'ils ne soient pas en ordre lui donnait une apparence rebelle, sauvage...Il avait légèrement bronzé cet été, renforçant un peu plus l'éclat de ses yeux. Ses lunettes rondes avaient disparu également, laissant place à une monture plus discrète et plus sérieuse, de forme rectangulaire aux angles arrondis. Bref Harry avait beaucoup changé, provoquant au fond de son cousin une jalousie naissante...Mais Harry s'en fichait complètement, et cela rendait Dudley malade... Dudley s'arrêta soudain,, cherchant quelque chose dans sa poche, et s'appuya contre la clôture d'un pavillon. Il sortit de sa poche une sorte de cigarette, mais blanche et beaucoup plus étrange...
_Tu touches à ça, toi ? Lui demanda Harry avec étonnement. _Faut bien essayer, un jour où l'autre...C'est Pierre qui me l'a filé, c'était son dernier. A ce qui paraît, quand on en fume, on décolle pendant une bonne heure et on rigole pour rien. _C'est de la merde ces trucs là, faut pas y toucher. _Oh allez, Potter, fais pas ta fillette, juste un petit coup, ça peut pas faire de mal... _Tu parles, tu seras encore plus con qu'avant, et ça, c'est pas à ton avantage...
Dudley fit comme s'il n'avait rien entendu.
_Ils appellent ça un pétard, dit-il en regardant le bout de son joint...Tu veux essayer ? _... _Oh allez, juste pour voir, tires juste une fois, pour voir. _T'es fou, Dursley, complètement taré. _Ohoo, le Harrychouchou à peur de fumer un petit joint !! _Très bien ! Donne-moi ça !!
Il s'empara du joint en question, l'alluma et tira deux fois dessus, sous les yeux étonnés de Dudley. Il toussota deux ou trois fois, puis s'adressa à son cousin.
_Voilà, t'es content ? Maintenant tu tires deux fois pas plus, et on se tire. J'en ai marre de tes conneries, c'est vraiment de la merde ton truc. De toute façon, si tu veux ruiner ta santé, c'est ton problème, moi ça me fera des vacances après tout...
Dudley s'étouffa à moitié avec la fumée, sous les yeux amusés de Harry.
_Pourquoi tu rigoles ? Demanda Dudley en toussant. _Parce que tu veux faire les grands durs, et que tu ne tiens même pas à un simple petit joint. _C'est pas parce que t'as bien tenu que tu dois te vanter. _Tu sais, c'est pas plus mal que tu tiennes pas, parce que quand j'ai vu l'état de Ron l'année dernière, c'était assez dur de le raisonner et de le ramener au dortoir sans qu'il n'aille vraiment faire toutes les choses qu'il prétendait. _T'as déjà fumé un joint à l'école des fous ? _Deux pour être exact. Mais ça n'a pas les mêmes effets sur les sorciers que sur les moldus, je tiens à te le préciser. Chez les sorciers, on rajoute de la fleur de méthylène dedans, et ça fait encore plus "décoller" comme tu dis. Mais l'avantage, c'est que ça n'a aucun effet néfaste sur la santé...Mais c'est mal vu d'en fumer, très mal vu...Alors on était monté dans la tour d'astronomie, pour être tranquille, et s'on était assis sur le rebord de la plus grande fenêtre...Halala, dans l'état qu'il était Ron, il rigolait pour rien...Heureusement que Hermione n'est arrivée que trois heures après, parce que une heure plus tôt et on aurait encore eu droit à la leçon de moral.
Harry rit à la pensée de ce souvenir avec Ron...Ils avaient fait un pacte le soir là tous les deux, se promettant de tout se dire, et de faire la plupart de leurs bêtises ensemble. Dudley observa Harry, ahuri, et lui demanda :
_Vous avez vraiment des joints chez les sorciers ?? _Evidemment, mais comme je te l'ai dit, ils ne sont pas néfastes à la santé, mais c'est mal vu, et c'est comme pour les moldus, c'est un peu illégal... L'autre fois, quand on faisait nos devoirs à la bibliothèque avec Hermione, elle m'a demandé c'était quoi mes convictions pour devenir auror plus tard, et quand je lui ai répondu "Le travail c'est l'opium du peuple, je ne veux pas mourir drogué", je crois qu'elle m'a prit pour un taré...Mais c'était pour rire, et avec Ron on a explosé de rire. Et c'est le soir même qu'on a essayé...Mais toi je te conseille de pas trop toucher à cette merde, c'est vraiment mauvais, et c'est dégradant comme truc. _Mais toi tu le fais bien !! _Oui, mais moi, c'est pas pareil.
Harry tira une troisième et dernière fois sur le joint, le jeta et l'écrasa. Allez viens, on rentre, il est déjà minuit passé. Dudley le suivit sans rien dire. Ils ne parlèrent plus pendant tout le reste du chemin, seul les cliquetis du dérailleur du vélo de Dudley les accompagnant.
Une fois rentrés, chacun se dirigea sans faire de bruit vers sa chambre, les Dursley étant déjà couchés. Harry s'introduit silencieusement dans sa chambre, sous les yeux encore ébahis de Dudley. Si un jour il avait pensé que Harry puisse être normal dans son anormalité, il se serait pris pour un fou.
***************************************************************************
Quand Pétunia se réveilla, elle trouva un mot griffonné à la hâte sur un morceau de parchemin jauni, d'une écriture allongée et rapide. "Je suis parti au chemin de Traverse pour la journée, je ne rentrerai ce soir que sur les coups de 21h00...Harry" Le fait qu'elle laisse plus de liberté qu'avant à son neveu frustrait Pétunia, c'était au départ contraire à ses convictions. Mais ils avaient eu une discussion, lui, elle et Vernon, et avec un élan d'extrême bonne volonté, ils en avaient conclu que Harry méritait autant de liberté que Dudley, mais sous conditions de participer aux tâches de la maison, ce qui ne dérangeait pas Harry, du fait qu'il les avait toujours faites, les tâches de la maison.
Il s'était levé tôt ce matin, sur les coups de cinq heures, malgré qu'il se soit couché très tard la nuit. Mais depuis la mort de Cédric, il avait le sommeil très léger, et il n'avait pas besoin de longues nuits pour être en forme. Alors après avoir pris une douche et s'être habillé, il était sorti dehors, avait fait un bref signe de sa baguette magique, et avait embarqué alors à bord du Magicobus, pour aller directement au chemin de Traverse, où il devait retrouver Hermione, la famille Weasley, Neville, Seamus, Dean, et la plupart des membres de l'AD. En fait, vu le beau temps qui régnait sur le mois d'août, la plupart des élèves de Poudlard allaient se retrouver là bas.
***************************************************************************
Pendant ce temps, au 12 Square Grimmaurd, la maison se réveillait doucement. Ron était le premier à se réveiller. Il était à peine six heures, et tout le monde, à part lui, dormait d'un sommeil paisible. Ginny remuait légèrement dans son sommeil à côté de lui. La raison pour laquelle elle ne dormait pas dans sa chambre était qu'il y avait plus de monde qu'à l'accoutumée dans la maison des Black...Bien sûr, Percy était encore absent, mais les jumeaux avaient invité Lee Jordan pour une semaine, Ginny allait recevoir deux de ses amies aujourd'hui, Ron avait invité Hermione, et Harry devrait arriver le lendemain, Mr Weasley était accompagné du professeur Lupin, Maugrey, Tonks et Shaklebot, Rogue qui allait rester encore une semaine, au plus grand damne des jeunes Weasley, ainsi que Bill et Charlie qui avaient décidé de passer toutes les vacances avec leur famille. Ce qui allait, en tout, remplir la maison d'une petite vingtaine de personnes. Il se leva donc, en évitant de faire du bruit, et il descendit doucement les escaliers baignés de rayons ocres et dorés, et se dirigea vers la cuisine. Pattenrond le regardait de ses yeux jaunes et miaula de contentement à son approche. Alors qu'il se servait un café froid, il d'adressa directement au chat.
_Ca te change ici, pas vrai ?
Il eut pour toute réponse un simple ronronnement.
_Tu verras, demain on sera un de plus, Maman va devenir complètement folle...Ca commence à faire beaucoup de monde à gérer, mais bon, ça met de l'ambiance à la maison...Qu'est-ce que t'en dis ?
Le chat sauta souplement de la table sur le carrelage et s'en alla en trottinant par la porte- fenêtre ouverte... Ron se retrouva alors seul devant sa tasse, avec pour seule compagnie le tic-tac régulier de la trotteuse de l'horloge familiale. Contemplant d'un regard vide le contenu de sa tasse qui continuait à tournoyer autour de sa cuillère, ses pensées divergèrent vers Poudlard...Harry...Leur amitié... Il se rappela alors leurs bêtises de l'année dernière...Avant la perte de Sirius, évidemment...Malgré la menace de Voldemort qui planait au-dessus d'aux, ils avaient profité au maximum de leur année scolaire, loin du regard réprobateur que Hermione aurait pu leur porter, loin de la surveillance de Dumbledore...En fait, Ron pensait que c'était toujours resté entre Harry et lui, ces expériences d'adolescent, mais Sirius lui avait dit pendant les vacances de Noël, que lui seul en dehors des deux jeunes, était au courant...Evidemment, Sirius ne pouvait pas protester, et même ses disputes protectrices avec Harry n'avaient eu aucun effet sur le jeune sorcier, Sirius en ayant fait autant durant sa propre scolarité avec Lupin et James. Il se souvint leur premier verre d'alcool, leur premier "joint", comme les moldus disaient, leur première dispute, en quatrième année...Leurs différences les rapprochaient, tous comme leurs points communs les éloignaient...Ils étaient à la fois tellement semblables, et tellement différents...Harry, lui était, plutôt impulsif, et depuis ses quinze ans, plutôt réactif aux différentes provocations qu'on pouvait lui porter. Il avait aussi tendance à s'attacher énormément aux gens qui lui étaient chers, et cela mettait Ron d'accord sur le fait que cette année, Harry serait loin d'avoir le moral de s'amuser autant que l'année dernière...Il était de toute façon complètement sûr, que lorsque Harry arriverait au Terrier demain, il serait moralement transformé...Mais ce qui avait le plus choqué Ron, c'était les propos de Harry envers Dumbledore...Il en avait eu vent, de part les discussions jasantes entre les différents portraits de l'école, mais il le comprenait...Lui-même aurait été révolté si on l'avait maintenu dans l'ignorance pendant tant d'années...D'ailleurs, Harry n'était pas révolté, il était survolté...Mais lui Ron, était là pour le soutenir, tout comme l'ensemble des gens présent au Terrier en ce moment...Mais soudain, il repensa à leur amitié à tous les deux...Ils étaient un peu comme deux frères...En quelques sortes, en fait...Ils se complétaient, et toutes leurs plus grosses bêtises d'adolescent, ils les avaient faites ensemble...Mais qu'est-ce que signifiait réellement le mot "amitié" ? Ils étaient peut-être plus soudés qu'ils ne le pensaient, mais comparé à Sirius et James, était-ce pareil ? Non, bien sûr que non, ce n'était pas pareil...Une amitié pareille à celle des maraudeurs, ce n'est ni courant, ni réellement recommandé...Comment une telle amitié avait-elle pu aboutir à une dislocation aussi violente ?? Une amitié telle, qu'elle avait donné naissance à la mort d'un de ses membres...Une amitié telle, qu'elle avait donné naissance à la plongée d'un autre de ses membres dans les ténèbres...Une amitié telle que l'avant-dernier membre avait lui aussi perdu la vie, et ce il y avait légèrement plus d'un mois...Une amitié telle, qui par contre, restait gravée dans toutes les mémoires, aussi bien professeurs que connaissances, ennemis ou amis, inconnus ou parents...Une amitié telle que tout le monde trouvait inconcevable, le fait que la cruauté humaine et la personnalité de plusieurs personnes, que ces personnes aient voulu bien faire ou non, aient pu la détruire en si peu de temps...Pourquoi, les Potter, avaient-ils dû subir cela ? Pourquoi eux ? La question subsistait dans l'esprit de Ron depuis un petit moment déjà, mais il n'arrivait pas à décrocher son esprit de ce sujet. Pourquoi Sirius Black, l'ami le plus loyal de la famille Potter, ancien Gryffondor, et excellent élève de Poudlard, avait-il eu à subir la perte de son meilleur ami, presque la perte de son frère, et pourquoi avait-il dû passer douze ans de sa vie à Azkaban, pour un crime qu'il n'avait pas commis ? Pourquoi, n'avait-il pas eu droit à un procès comme une personne normale ? Meurtrier ou pas, on lui devait ce procès. La faiblesse du Ministère s'était dévoilée plus de fois en seize années que depuis sa création. L'histoire qui semblait lier l'ensemble des Maraudeurs semblait être enchaînée par un même destin...Depuis leur rencontre, le chemin des Maraudeurs semblait mener aussi loin que possible dans la destruction. Pourquoi, l'un après l'autre, les Maraudeurs semblaient être condamnés à tomber ? Ils avaient marqué leur existence à Poudlard, et tout le monde se souvenait d'eux...Hagrid...Mac Gonagall...Dumbledore...Maugrey...Les parents de leurs amis, les anciens amis de Maraudeurs...Mais eux, tout ceux-là, étaient encore vivants...Et les Maraudeurs s'étaient effondrés...Il n'en restait plus que d'eux, ou plutôt devrait-il dire plus qu'un, l'autre n'en étant plus un à part entière...Mais s'ils suivaient le même chemin que les deux autres, bientôt il n'en resterait plus un seul... Hagrid avait dit à Harry que Sirius était parti comme il l'aurait souhaité...Mais comme l'avait dit Harry, il n'aurait pas du tout voulu partir...Chacun des Maraudeurs disparus était parti bien trop tôt... Dépité, il se leva, n'ayant pas bu la moitié de son café, puis il se dirigea à l'extérieur, la chaleur matinale du soleil le frappant de plein fouet, et ils se laissa glisser contre le mur, dans l'herbe encore humide de rosée, la tête appuyée au creux de sa main.
***************************************************************************
De son côté, dans son bureau frais de la clarté du matin, le professeur Mac Gonagall semblait, elle aussi, plongée dans les mêmes pensées que Ron. Elle se souvenait parfaitement de James Potter et Sirius Black. Ils avaient devancé de loin les jumeaux Weasley dans le domaine des ennuis causés. Les parents des élèves de Serpentard actuels, devaient s'en souvenir des Maraudeurs, et la rencontre de chacun d'eux avec la mort semblait les combler de bonheur. Mais ce que Minerva Mac Gonagall, sous-directrice de Poudlard, se demandait en ce moment, c'était pourquoi le sort continuait-il de s'acharner sur les Maraudeurs et sur leur entourage ? Les Londubat étaient hors-course, ceci était évident...Les Prewett étaient carrément morts, donc autant ne pas se faire d'illusion. Tant de familles avaient été déchirées et détruites, il y a de cela plus de seize ans, et cela allait continuer c'était certain...Dumbledore ne lui avait pas donné de détails sur la Prophétie. Simplement que l'un des deux devrait mourir...Il n'avait pas précisé qui étaient les deux en question, mais elle n'était pas née de la dernière pluie...Ou bien ils allaient devoir assister à la résistance des sorciers contre la montée en puissance du Seigneur des Ténèbres, et par conséquent à la chute du monde moldu, des sans pouvoirs, des non magiques et des créatures inférieures...Et donc évidemment, à la mort du dernier des Potter. Tiens à propos, il voulait devenir Auror, et elle lui avait promis qu'elle l'aiderait. Mais était-ce une bonne idée ? En fait, la question devait plutôt être interprétée dans ce sens : "allait-il y arriver" ? Tiendrait-il jusque là ? Ce pourquoi l'Ordre du Phénix existait était non seulement pour détruire les forces du mal, mais le but premier, c'était de maintenir Potter en vie...Tout le monde doit logiquement penser que protéger quelqu'un doit être plus facile que de détruire toute une force...Mais dans leur cas, il était difficile de choisir lequel des deux cas était le plus difficile à accomplir. Potter semblait voué à la mort, tout comme son père l'était. Lui seul, Harry, avait surmonté et vécu plus d'épreuves horrifiantes que la plupart des membres de l'Ordre. Pour un gosse de seize, cela constituait un lourd passé et une existence difficile et pénible...Une existence que tout le monde s'efforçait de maintenir le plus longtemps possible, mais dans quel but ? Et si c'était lui, Harry Potter, qui devait mourir ? Elle avait beau reconsidérer la question sous tous les angles possibles, Minerva Mac Gonagall en arrivait toujours à la même réponse. Voldemort ne pouvait pas tomber face à un gamin de seize ans...Et même s'il ne devait pas tomber tout de suite, même si Harry devait vivre jusqu'à vingt ans, même plus, Voldemort ne tomberait pas. Les autres oui, mais pas Voldemort. Pourtant, Harry avait déjà montré à plusieurs reprises l'exceptionnel développement de ses pouvoirs pour un jeune de cet âge...Etre capable de matérialiser un Patronus corporel à l'âge de treize ans relevait de l'exploit...Avoir été vainqueur, à un niveau égal à celui de Cédric Diggory, élève de septième année, du tournoi des trois sorciers était également une performance respectable...De plus, avoir à ses dépens affronté quatre fois le Seigneur des Ténèbres sans y être resté imposait le devoir de se poser quelques questions pour le moins simplistes...Mais Albus Dumbledore en avait déjà parlé...Harry tenait ce don de défense de son père, mais malheureusement il ne semblait pas tenir que cela de son père...Pourquoi Elle-savait-qui s'acharnait-il sur les Potter...A cause, peut-être...De cette fichue prophétie...Toute la vie d'un gosse de seize ans ne semblait tenir qu'à cette prédiction, pourtant brisée, il y avait un peu plus d'un mois. Bien sûr, Dumbledore possédait l'original, dans sa pensine et son esprit. Mais si Dumbledore disparaissait ? Oh...Qu'elle était stupide...Potter la connaissait. Mais Potter, selon ses convictions, si l'on n'était pas vigilant, pouvait subir le même sort que ses parents, d'un moment à l'autre, sous les yeux pourtant bien ouverts de l'Ordre...Potter était en danger, plus que jamais, mais ça, tout le monde le savait et essayait d'agir. Mais maintenant que Sirius Black était mort, Harry lui-même serait moins vigilant. Peut-être que même sa peur de la Mort serait complètement dissipée...Peut-être que le jour où il devrait affronter Voldemort, et qu'il aura à faire ce choix, tuer ou être tué, il ne cherchera pas plus loin...Peut-être se laissera-t-il aller au bon vouloir de Voldemort, guidé par la simple envie de vouloir revoir Sirius...James...Lily.
Minerva Mac Gonagall était dépassée. Ces temps étaient si durs. Les personnes vivantes ou mortes, semblait pourtant avoir un si grand rôle à jouer dans cette histoire...La mort des Potter avait été emblématique. Voldemort avait ainsi franchi une barrière de plus, sans la moindre difficulté. L'ironie du sort qui enrobait Sirius Black, était que Voldemort n'aie pas eu à fournir un seul effort pour se débarrasser des Potter. Sirius lui avait livré le moyen sur un plateau d'argent...Pettigrow. L'arme idéale. Tellement faible, que personne ne penserait s'en méfier ne serait- ce qu'une seule seconde.
Elle soupira bruyamment, reposant brutalement la tasse de thé qu'elle tenait sans boire, se leva et se dirigea vers la plus grande fenêtre de son bureau. Le monde était tellement instable, et Harry Potter était leur seule issue.
***************************************************************************
Hermione émergea doucement de son sommeil, les paupières encore lourdes de la petite nuit de sommeil qu'elle venait de passer. A côté d'elle, Ginny dormait encore profondément, il n'était que six heures trente...Lentement, elle s'étira, et s'aperçut que le sac de couchage de Ron était vide. C'était bizarre, lui qui faisait d'habitude des grosses nuits. Plusieurs personnes à Poudlard lui avaient dit que Ron et elle feraient un beau couple, mais elle ne le pensait pas. Ce n'était pas Ron qu'elle aimait. Ron était pour elle un véritable ami, sur cette affirmation aucun doute ne pesait dans sa tête. Mais elle n'était pas amoureuse de lui. Non...Celui qui hantait ses pensées depuis maintenant quelques mois n'était pas Ron... Elle sortit de sons sac de couchage en faisant bien attention à ne pas réveiller Ginny, puis elle s'habilla, enfilant un T-shirt blanc, large, et une jupe en Jean qui lui couvrait les genoux. Elle se dirigea à tâtons dans l'obscurité, et alors que ses doigts touchaient enfin la clenche de la porte, elle entendit sous ses pieds le bruit d'un papier froissé. Lentement, sans lâcher la clenche, son bras gauche descendit vers le sol, et en frôlant le sol du bout des doigts, elle rencontra enfin le papier, qu'elle ramassa. Elle l'observa dans un rayon de lumière orangé, qui filtrait à travers les volets fermés. S'apercevant qu'il s'agissait en réalité d'une photo, elle l'examina plus attentivement. Un groupe de personnes lui faisait signe de la main en affichant des sourires pour certains inquiets, pour d'autres heureux, pour d'autres faux, pour d'autres francs...Elle reconnut Maugrey, qui avait encore son nez entier, mais déjà son œil magique...Les parents de Neville étaient là également, le visage jovial et heureux..."s'ils savaient..." pensa Hermione. Un jeune homme maigre qui tenait le bras d'une jeune femme riait joyeusement, semblant taquiner la jeune femme qui souriait jusqu'aux oreilles. L'homme proprement dit avait des cheveux noirs, en bataille, des yeux noisette et était vêtu d'un T-shirt des Bizarr's Sisters, étrangement le même que Tonks portait sur le quai fin Juin, et un Jean noir...La jeune femme quant à elle était vêtue d'une robe légère, rosâtre, et ses cheveux auburn tombaient souplement sur ses épaules nues. Elle avait des yeux verts, électrisants...Ceux de Harry.
_Poussez-vous un peu, chuchota Hermione. Je veux voir tout le monde.
Et ainsi, les personnages de la photo se bousculèrent pour faire place à ceux qui ne rentraient pas dans le cadre. Un jeune homme, aux cheveux noirs, souples, d'une allure assez séduisante bouscula tout le monde et se hissa jusqu'aux côtés de l'homme aux cheveux en bataille, suivi d'un autre jeune homme aux cheveux châtains et au visage jeune, mais dont les yeux étaient cernés. Albus Dumbledore était présent, souriant malicieusement aux côtés du professeur Mac Gonagall, qui paraissait moins décontractée...Les parents Weasley étaient présents, ainsi que plusieurs membres de l'Ordre du Phénix actuel... En dessous de la photo, elle lut la légende "l'Ordre du Phénix, Septembre 1981". Soudain, sur la photo, la jeune femme aux yeux verts baissa les yeux, et souleva dans ses bras un petit garçon qui paraissait âgé d'un an, environ...Harry. La mère de Neville aussi portait son fils, en le regardant tendrement...Il paraissait à peu près avoir le même âge que Harry. La gorge de Hermione se serra, sans se douter que Harry, un an plus tôt, ait éprouvé la même sensation de malaise quand il avait observé exactement la même photo dans la main droite de Maugrey. Toutes ses personnes, qui semblaient être si heureuses...Toutes condamnées à mort...Voldemort les voulait, et il en avait déjà eu un certain nombre. Les Prewett avaient été assassinés dans d'atroces conditions, les Londubat étaient condamnés à Sainte-Mangouste au service des malades perpétuels, incapable de reconnaître leur propre fils, incapable de retrouver la raison...Les Potter, étaient morts un mois après la prise de cette photo...Sirius, jovial et en bonne santé sur cette photo, sera condamné un peu plus d'un mois plus tard, à douze ans de supplice, sans procès, pour la trahison des Potter...Foutaises. C'est alors qu'elle le remarqua. Le nez pointu, les yeux brillants, plus petit que les autres Maraudeurs, Peter Pettigrow souriait. Etait-il déjà au service d'Elle-savait-qui ? Savait-il déjà qu'il allait être la cause d'une famille détruite ? Bien sûr, il le savait déjà...A un mois de la mort des Potter, il ne pouvait qu'être déjà leur gardien du secret...Une famille si belle, une telle amitié semblait régner entre chacun des membres de ce groupe...de cet Ordre...Qui sera disloqué comme on déchire une feuille de parchemin...Une larme coula le long de la joue d'Hermione, alors que les personnes de l'Ordre du Phénix de 1981 s'adonnaient à une pause, amusante...Cette photo, pour un individu ignorant, pourrait paraître belle, rassurante...Mais non, pas du tout. Dans le contexte où la suite des évènements s'étaient déroulés, elle ne pouvait pas être rassurante. Allaient-ils tous finir comme ça ? Les parents Weasley...morts ? Lupin...mort aussi ? Et Maugrey, Mac Gonagall...Et tous les membres de l'Ordre actuel ? Allaient-ils tous finir comme ceux qui avaient péri auparavant ? Assassinés ? Torturés ? Fous...Quoi d'autre encore...Et Harry dans tout ça ? Lui aussi, devrait-il mourir ? Elle ne savait pas ce que racontait cette prophétie exactement, mais elle n'avait fait que miner un peu plus le moral du dernier des Potter...
Dépitée, elle rangea la photo dans une poche de sa veste, puis elle descendit les escaliers, et se dirigea vers la cuisine. Aujourd'hui, ils allaient tous au chemin de Traverse, cela leur changera les idées...Sûrement. Et puis elle allait revoir Harry... Elle se dirigea, pieds nus, vers la cuisine en traînant les pieds par- terre. Elle se servit un café froid, n'ayant pas le courage de se le faire chauffer, puis se rendit dehors par la porte-fenêtre du salon. Là, dans un rayon de soleil matinal, elle aperçut Ron, la tête dans les mains, plongé en pleine réflexion.
_Tu es déjà levé ? Lui demanda-t-elle. _C'est une question ou une affirmation ? Répliqua-t-il.
Un sourire s'étira sur les lèvres de Hermione.
_Plutôt une constatation.
Elle se laissa glisser contre le mûr à côté de Ron, en prenant bien garde à ne pas renverser son café. Elle le regarda attentivement, les yeux plissés par les premiers rayons du soleil qui l'aveuglaient.
_Tu penses à quoi ?
Ron la regarda à son tour.
_A Harry, répondit-il. Tu sais ce qu'elle raconte, cette...
Hermione lui coupa la parole.
_Prophétie ? Non, je ne sais pas. _Papa et Dumbledore me l'on dit...Elle dit que...
Une boule se forma au creux de sa gorge, l'empêchant de continuer, mais il avala sa salive et continua, en regardant droit devant lui.
_Elle dit que l'un des deux devra mourir, que les deux ne peuvent pas vivre, tant qu'ils sont ensemble...Mais de qui ça parle ? C'est qui les deux...
Hermione lui recoupa la parole.
_Ron, ouvre les yeux, tu sais très bien de quoi ça parle réellement. Tu sais aussi bien que moi de qui il s'agit dans cette stupide prophétie, c'était de toute façon marqué dessus, sur la boule en verre, quand tu l'as prise au département des mystères... _Tu veux quand même pas dire que Ha...et...Tu-sais... _Malheureusement si... _Il finira comme ses parents...On ne peut pas vaincre Tu-sais-qui... _C'est ce que je me disais, mais...
Une larme coula sur sa joue.
_Il y a toujours un espoir, non ? Après tout, Harry a échappé plusieurs fois à V-Voldemort, sans y rester... _Ouvre les yeux Hermione !! Tu-sais-qui a retrouvé ses pouvoirs, et il dispose presque à volonté de ceux de Harry. Il a utilisé son sang pour renaître...Il a franchi la barrière la plus puissante qui pouvait protéger Harry...Tu sais, la protection de Lily...Papa m'en a vaguement parlé, il ne veut pas que l'on comprenne toute l'histoire, ça pourrait être dangereux pour tout le monde...Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que nous en connaissons bien plus que ce qu'il pense...Il n'avait pas jugé que les oreilles à Rallonge de Fred et George puissent nuire à la confidentialité de leurs réunions, importantes ou non... Hermione soupira. _Tant que Dumbledore est là, il n'y a pas trop de souci à se faire...pas vrai ? _J'espère...
***************************************************************************
Une heure plus tard, la maison entière était réveillée. Personne ne voulait être trop tard sur le chemin de Traverse, et tout le monde avait hâte de retrouver Harry. Mrs Weasley, malgré sa joie, était sans cesse sur les nerfs. Une vingtaine de personnes à gérer n'était pas de tout repos, sans compter les idioties de Fred, George et Lee, qui, chaque jour, testait une de leurs nouvelles inventions. Aujourd'hui, c'était l'escalier entier qui avait explosé. Ginny était en équilibre précaire sur une des seules marches branlantes qui tenaient encore, et elle se contentait d'essayer de ne pas tomber, alors que Mrs Weasley faisait déferler toute sa colère sur les trois garçons.
_NON MAIS VOUS ETES COMPLETEMENT FOUS OU QUOI ??? _On est désolés Mam... _OH BIEN SUR !! C'EST FACILE DE REAGIR COMME CA !! _Maman on n'a pas fait ex... _CA SUFFIT !! JE NE VEUX PLUS VOUS ENTENDRE !! VOUS AURIEZ PU TUER VOTRE SŒUR !! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE !! _C'est bon Maman je n'ai... _NE TE MELLE PAS DE CA GINNY !! N'essaye pas de couvrir tes frères !! _Non, vraiment, on est désolés Mrs Weas... _AH !! DESOLES !! Et bien pas tant que moi !! Vous avez détruit LA MOITIE du pallier de l'ETAGE !! _On va réparer Maman... _HEUREUSEMENT QUE VOUS ALLEZ REPARER, BANDE DE PETITS MONSTRES !!
C'est à ce moment que choisi Tonks pour sortir précipitamment de sa chambre, encore en chemise de nuit. Elle trébucha vivement dans le grand tapis, et dégringolant les escaliers, ses genoux heurtèrent Giny, et toutes les deux se retrouvèrent emmêlées, deux mètres plus bas, après être tombées de la marche qui avait cédé sous leur poids.
Toutes les deux étaient secouées, d'après ce que Mrs Weasley pouvait voir, d'un sanglot. Les épaules de Ginny tremblaient. Elle se précipita alors vers sa fille et Tonks, plus inquiète que jamais, et saisit Ginny dans ses bras.
_Oh, ma chérie, tu n'as rien ? C'est de la faute de tes idiots de frères !!
Mais elle s'aperçut soudain que Ginny et Tonks ne pleuraient pas...En fait toutes les deux étaient secouées d'un véritable fou rire, et à en entendre les bruits provenant derrière elle, George, Fred et Lee étaient dans le même état. Ginny réagit la première.
_Oh ! allez Maman, rigole !! Tu es toujours sur les nerfs !! Tu vois, il n'y a rien de grave...
Mrs Weasley la regarda d'un œil sombre, mais ce fut le fou rire incontrôlable de Tonks, qui réussit à lui arracher un éclat de rire.
***************************************************************************
Harry marchait lentement, en traînant les pieds. Il venait de descendre du Magicobus, sous le regard encore tout émerveillé de Stan Rocade, le contrôleur du bus, qu'il avait déjà eu l'occasion de rencontrer, il y avait trois ans, lorsqu'il s'était enfui de chez les Dursley...C'était d'ailleurs la première fois qu'il avait aperçu Sirius...
Secouant la tête pour faire partir ses mauvaises pensées, il marcha plus vivement encore, et il atteignit la porte d'entrée du Chaudron Baveur. Il le traversa rapidement, ne prêtant pas attention aux regards que lui portaient les clients assis, franchit la porte à l'arrière du bar, et se dirigea vers le mur. Il tapa trois fois sur les briques en diagonale, à gauche de la poubelle, comme le lui avait montré Hagrid, il y a six ans. Les briques bougèrent alors, puis se réarrangèrent pour former une arcade assez grande pour laisser passer un homme adulte. Il se dirigea droit vers la terrasse du glacier Florian Fortarôme, et commanda un diabolo citrouille. Sa montre sonna onze heures... Un sourire étira ses lèvres : il allait enfin retrouver tout le monde...
Bon ben voilà...Si ça vous a plu, vous pouvez laisser une petite review, comme ça je pourrai connaître votre avis, et puis, ça m'encouragera à continuer d'écrire cette fic. C'est ma première, alors n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez, soyez francs. Même si vous ne l'aimez pas spécialement, c'est pas grave, c'est toujours bien d'avoir un avis.
Bye tout le monde, à la prochaine !! ^^ Sophie Potter...
