Chapitre 7

Quand il sortit de sous les couvertures, le lendemain matin, la jeune femme était encore endormie. C'était prévisible, vu qu'elle n'avait trouvé le sommeil que longtemps après lui. Elle n'avait pas bougé pendant ce temps, ou très peu, mais il la connaissait assez pour deviner à sa respiration si elle était endormie ou pas.

 Il lui adressa un regard protecteur avant de l'embrasser sur la joue, doucement pour ne pas la réveiller. Puis il attrapa un jean, un tee-shirt noir et un pull avant de rentrer dans la salle de bain.

Sous la douche, il laissa ses pensées vagabonder librement.

Ce qui s'était passé la veille avait été très difficile. Scully s'était imposé comme un test, et elle avait échoué. Elle avait voulu se prouver à elle-même et sans doute à lui aussi qu'elle serait capable de faire face.

Pourtant, tout se passait si bien depuis quelques mois. Elle était souriante, ses cauchemars étaient de plus en plus rares. Et avec lui, elle était de plus en plus joueuse, au risque quelquefois de le rendre fou. Elle le touchait de plus en plus, s'autorisait des mains sous le tee-shirt ou dans le pantalon de plus en plus souvent. Une fois, elle l'avait même embrassé passionnément dans l'ascenseur alors qu'ils avaient été convoqués par Skinner.

Et hier, dans ses bras, les yeux inondés de larmes, elle avait paru si frêle, si…

Elle qui ne s'autorisait jamais, ou si rarement, à avoir peur, doutait comme jamais d'elle-même et du reste du monde.

Il se demanda si ce n'était pas sa faute. S'il n'avait pas fait quelque chose de mal, hier soir.

Mais d'une certaine façon, c'était la solution de facilité de se dire ça. Et il savait bien, au fond de lui, que ce n'était pas le cas. Et même s'il avait un peu honte de se l'avouer, leur essai de la veille lui avait fait un sacré bien. Après une relation platonique de presque six ans avec sa partenaire, six mois sans lui faire l'amour avaient paru 'torturesement' longs…

Il fut tiré de ses pensées par un coup de vent sur sa peau nue. Il sursauta et sourit à la jeune femme qui venait d'entrer.

Scully se glissa près de lui sous sa douche et se colla contre son torse. Il embrassa les cheveux roux qui effleuraient son menton, passa un bras autour de sa taille pour l'attirer plus près contre lui.

- Bonjour, murmura-t-il. Ca va ?

Elle releva la tête et lui adressa un sourire qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Serein et confiant.

- Oui. Et toi ?

Il hocha la tête et elle se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un long baiser sur ses lèvres. Il resserra son étreinte autour d'elle et en profita pour caresser son dos.

Après quelques minutes, elle se dégagea à peine pour le regarder dans les yeux.

- J'ai pas mal réfléchi, cette nuit, commença-t-elle d'une voix douce. Et j'ai décidé de bouger. On va faire ce qu'il faut pour retrouver Sangood et ensuite se dépêcher de passer à autre chose.

Elle pressa ses lèvres sur son épaule, ses mains caressèrent presque inconsciemment ses hanches. Puis elle ajouta :

- Il n'est pas digne d'une seule heure d'insomnie ou de quoi que ce soit d'autre d'ailleurs.

Il sourit, emplit de fierté, l'embrassa à nouveau.

- Content de te retrouver.

Elle hocha la tête, les yeux brillants.

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Le lendemain matin, les deux agents étaient dans le bureau de Skinner.

D'une voix ferme, Scully avait demandé qu'ils soient affectés à l'enquête dont elle avait effectué l'autopsie deux jours auparavant. L'A-D, d'abord dubitatif, avait essayé de les convaincre de prendre plutôt quelques jours de congé pour y réfléchir calmement.

Ils s'y opposèrent, objectant qu'ils avaient assez perdu de temps, et finirent par avoir ce qu'ils voulaient.

Skinner, qui se sentait encore coupable de leur avoir caché les évènements, ne se sentait de toute façon pas la force de débattre ce sujet épineux pendant des heures, ni d'affronter le regard encore plein de reproches de Mulder et celui d'un bleu si assuré de sa partenaire.

Et puis, d'un autre côté, il était soulagé que ses deux agents soient redevenus eux-mêmes, aussi étonnant que cela puisse paraître vu ce qu'ils lui avaient fait voir.

Il les regarda sortir de son bureau, la main de Mulder comme à l'accoutumée posée sur le bas du dos de la jeune femme, et un petit sourire détendit son visage.

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Dana Scully's diary

Emma m'a appelée hier, pour qu'on sorte boire un café un de ces jours. Je lui ai proposé demain. Je pense qu'elle a été un peu surprise de mon empressement, mais j'ai un tas de choses à lui raconter…

Je viens d'avoir un coup de fil du commissariat du #5. Ils l'ont eu, c'est fait. Je n'ai pas bien saisi comment, je dois dire que seuls les premiers mots ont eu un semblant de sens pour moi. Mais je fais confiance à Mulder pour avoir tous les détails rapidement. Il est comme ça, il veut toujours toute la vérité.

Ces derniers jours ont été très éprouvants pour lui, même s'il a essayé de me le cacher. Il a dû 'rentrer dans sa tête', comme il dit. Ca a été pénible pour lui, je pense que ça lui faisait un peu peur… Mais il l'a fait. Et c'est grâce à lui qu'on l'a eu, j'en suis convaincue. Il avait prévu ses prochaines actions. 

Je ne sais pas comment j'aurais pu m'en sortir s'il n'avait pas été là. Ou plutôt si je ne m'en serais pas sortie. Il a été la seule chose à laquelle j'ai pu me raccrocher ces derniers mois. Lui et ma famille. Mais c'est différent ma mère a une façon si particulière de me prendre dans ses bras, tellement intense que cela en est terrorisant c'est comme si je sentais sa peur et sa peine, qu'elles irradiaient par tous les pores de sa peau.

Alors que quand Mulder me serre contre lui… Je me sens en sécurité, plus que nulle part ailleurs. Je me souviens de sa réaction quand je le lui ai dit, ce soir-là. Il a semblé si heureux… Comme quand je l'ai appelé « mon amour »… Je crois que je viens de trouver l'écho de 'mon ange'.

Dans tous les cas, j'ai décidé de tourner la page. Pas d'oublier, je crois avoir compris que c'était peine perdue, mais à passer à autre chose. Et mon premier but est de rendre Mulder heureux. S'il l'est, je le serai aussi.

Je me demande s'ils auront besoin que j'aille l'identifier… J'espère que non, mais je le ferai s'il le faut. Pas question de prendre le moindre risque qu'il s'en tire à si bon compte. Je ne supporterais pas qu'il s'en prenne à d'autres femmes. Et puis je sais que Mulder voudra m'accompagner. C'est notre philosophie maintenant : tous les moments difficiles s'affrontent à deux. Je lui ai fait promettre que ça marcherait dans les deux sens.

On est plus fort que tout tous les deux plus fort qu'une conspiration mondiale, qu'un cancer noir, ou qu'un schizophrène. Plus fort que lui.

Plus forte que lui. Je suis plus forte que lui. Je l'ai toujours été, et ça ne changera jamais. Je l'avais juste oublié pendant un moment…

FIN