Le jeu en vaut la chandelle
Même si Harry avait voulu prendre du temps pour lui en s'installant en France, ce n'était pas pour autant qu'il ne se tenait pas au courant de ce qui se passait dans son pays natal. Il était donc abonné à tous les journaux et donnait en fonction de sa lecture des directives précises à sa représentante au Magenmagot, Stéphanie Lawrence, qui cumulait les tares selon les grands pontes de l'assemblée : femme, célibataire, sorcière de première génération, avocate dans le monde sorcier et magique donc connaissant ses droits et surtout, incorruptible. Harry l'adorait depuis qu'il lui avait fait confiance huit ans plus tôt et ne regrettait pas un seul instant qu'elle secoue ces vieux croulants.
Ce jour-là, le jeune homme de vingt-six ans fut attiré par une annonce parue dans la Gazette du Sorcier. Il la relut plusieurs fois, pour être sûr que ses yeux ne le trompaient pas, avant de s'emparer de son téléphone et de contacter un ami.
-Neville Longbottom, j'écoute, fit son interlocuteur.
-Bonjour Neville, c'est Harry, sourit le brun. Tu es occupé ?
-Jamais quand tu appelles, assura Neville. Vu l'heure, tu es en train d'admirer la prose de nos journalistes locaux, je me trompe ?
-Absolument pas, rit Harry. D'ailleurs, en parlant de cela, la Gazette du Sorcier, page quinze, en bas de page, ça pourrait t'intéresser.
-Laisse-moi regarder ça … fit Neville. Page quinze, tu m'as dit ?
-C'est ça, confirma Harry.
Il y eut quelques instants de silence.
-Ils plaisantent, n'est-ce pas ? hoqueta Neville
-Si on se fie à ce qu'ils ont fait ces dernières années, non, je n'en ai pas l'impression, sourit Harry.
-C'est une occasion à ne pas laisser passer, déclara Neville. Tu viens ou je viens ?
-J'arrive, répondit Harry. Autant que je sois sur place, non ?
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Malgré son jeune âge, Hermione Granger était ravie de son poste de ministre de la magie. En fait, sa vie ne pouvait pas être meilleure, puisqu'elle était mariée à l'homme qu'elle aimait depuis l'âge de quinze ans, elle avait deux enfants superbes de quatre et deux ans qu'elle avait réussi à avoir avant d'obtenir ce poste merveilleux et elle était en bonne voie pour remettre définitivement le pays sur les bons rails.
-Madame la ministre ?
-Entrez, Jonas, autorisa Hermione.
Quand elle avait pris ses fonctions voilà un an, Jonas Alston avait été d'une aide précieuse, à un tel point qu'elle ne pouvait pas se passer de lui. Quand elle avait découvert la fonction d'assistant du ministre à travers Percy Weasley, elle ne s'était jamais douté à quel point ce poste était essentiel pour pouvoir réaliser tous ses projets. Jonas préparait absolument tout son emploi du temps, tenait d'une main ferme ses rendez-vous et allait même jusqu'à lui faire un résumé de toutes les situations qu'elle pouvait rencontrer et un premier jet des discours qu'elle devrait prononcer. A sa plus grande honte, la brune avait plus d'une fois pris tel quel le projet pour le lire à sa prise de parole, étant submergée par toutes les tâches à faire.
-Madame, vos conseillers sont arrivés, annonça Jonas.
-Qu'ils entrent, fit Hermione.
Les postes de conseillers avaient également eu sa réprobation quand elle était devenue ministre, se souvenant de Lucius Malfoy qui détournait méthodiquement le regard de Cornelius Fudge sur les sujets brûlants de l'époque. Toutefois, après avoir été convaincue par Jonas, elle s'était constituée une équipe dont certains membres étaient issus de familles ouvertement mangemortes. Elle avait fait ce choix pour bien montrer qu'elles avaient payé leur dette à la société et que ce n'était plus une raison de les isoler.
Quand les deux sorcières et les deux sorciers furent installés, Hermione ouvrit la réunion.
-Commençons par le premier sujet, l'interdiction d'accès à l'école de magie aux sorcières et aux sorciers de première génération, déclara la ministre. Mon avis est de maintenir cette interdiction …
§§§§§
La visite avait été organisée sans problème et les deux amis avaient tenu à se faire accompagner, en plus de l'agent immobilier – dont ils avaient arraché le secret de leur identité jusqu'à ce que la procédure soit réalisée ou abandonnée – d'un gobelin et d'un nain – sous glamour pour éviter les mauvaises langues – pour établir un devis pour les travaux à prévoir.
-Est-ce que cela vous intéresse ? demanda l'agent
-Bien sûr, sourit Neville. Même si le prix est un peu élevé, si on prend en compte les travaux de restauration.
-Le prix est pourtant très honnête, contesta l'agent.
-Si vous le dites, fit Neville en haussant des épaules. Nous prendrons contact avec l'agence dès que nous aurons pris notre décision.
Ils se séparèrent à l'entrée du domaine et Neville convia ses accompagnateurs dans son bureau.
-Alors ? demanda Neville. Que pouvez-vous nous dire sur les travaux à prévoir ?
-Le château est assez lourdement ensorcelé, annonça le gobelin Priren. Il va falloir faire le tri entre les enchantements initiaux, ce qui a été ajouté pour la protection des lieux et ce qui a été fait à l'encontre des habitants. Heureusement, les fondateurs ont été prévoyants et ont déposé à Gringotts les plans originaux qui sont scellés pour éviter les problèmes. Le rituel d'identification prendra un cycle lunaire à être mis en place et tout autant pour être réalisé. Celui de purification devra être impérativement fait lors d'une célébration magique. Les seules inconnues resteront le temps de traitement des données récupérées par l'identification, le choix des enchantements que vous voudrez réinstaller et le temps de les installer.
-La bâtisse parait assez délabrée malgré les sorts de préservation, déclara le nain Nichen. Cela me fait dire que quelque chose a altéré les sorts. Je ne pourrais établir de devis qu'après que les sorts non essentiels à la structure aient été retirés.
-J'imagine que le budget va être conséquent, commenta Harry.
-Il faudrait consulter les gestionnaires de patrimoine mais il est possible qu'ils aient une solution pour le financement, proposa Priren.
-Nous verrons avec eux, promit Neville.
-Concernant la protection des lieux le temps des travaux ? demanda Harry
-Les barrières basiques contre le vol, la dégradation par les éléments ou le vandalisme seront installées, assura Nichen. Mais j'imagine que vous avez quelque chose de plus précis en tête ?
-Dès qu'on saura ce que nous projetons, des sorciers voudront y mettre le nez dedans, confirma Harry. Je préfère interdire les lieux à toute personne qui ne ferait pas partie de vos équipes respectives pour éviter les accidents. C'est possible ?
-Totalement, assura Nichen. Cela est inclus dans le prix final.
-Également, abonda Priren.
-Pouvons-nous avoir un ordre d'idée de la somme totale à débourser ? demanda Neville
Les deux artisans s'isolèrent quelques instants pour faire leurs calculs puis présentèrent leurs devis respectifs, sous couvert des éléments qui leur manquaient à ce jour.
-Tu te lances ? fit Neville
-Plutôt deux fois qu'une, sourit Harry.
§§§§§
Ce fut une discussion énervée qui accueillit Hermione ce jour-là dans son bureau, ce qui la mit d'emblée dans de mauvaises dispositions. Elle avait déjà indiqué à Jonas qu'elle détestait qu'on entre dans son bureau en son absence et à chaque fois, son assistant passait outre, au point où elle avait décidé d'enchanter ses notes personnelles ainsi que ses affaires pour qu'elles ne soient pas consultées sans son autorisation et en était venue à transporter dans son sac sans fond datant de la quête des horcruxes ses dossiers les plus sensibles.
Avec difficulté, Hermione se fraya un chemin dans son propre bureau et s'installa sans tenir compte de la discussion vive. Mais sa patience ayant largement diminué avec l'accueil qu'elle avait reçu, elle ne tarda pas à prendre sa baguette et à lancer un sort de mutisme sur tout le groupe. Ils mirent un moment pour comprendre ce qui se passait et encore un peu pour comprendre ce qu'elle attendait. Quand tout le monde fut calme, elle retira le sort et prit la parole.
-Quel est le problème ? demanda froidement Hermione
-Est-ce que vous vous souvenez d'avoir proposé de vendre quelques biens du ministère pour renflouer les coffres ?
-Oui, confirma Hermione. Et donc ?
-Les propriétés ont très vite trouvé preneurs et à un bon prix, enfin pour la plupart. Mais est-ce que vous avez eu le temps d'examiner attentivement cette liste ?
-Pas vraiment, j'ai entièrement confiance en Walden pour faire au mieux, assura Hermione.
-Le problème, coupa le dénommé Walden, c'est qu'un château millénaire a été donné gratuitement ! Et vous l'avez validé !
-J'avais entièrement confiance en vous pour ce travail donc j'ai signé l'acte de cession dès qu'il m'a été présenté, protesta Hermione.
Elle prit la feuille que lui présentait l'un de ses conseillers pour connaître le nom de la propriété qui faisait tant parler. Elle ne put qu'écarquiller des yeux en le découvrant et pire encore, pour aucune noise.
Elle avait vendu Poudlard.
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La stupeur s'était emparée de la Grande Bretagne sorcière quand elle apprit que Poudlard, leur mythique école, avait été vendue par le ministère de la magie. Bien que l'école ait dû fermer deux ans après la guerre, faute d'élèves après les choix peu judicieux en matière de professeurs comme de programme scolaire du ministère après la mort du dernier directeur, Severus Snape, il était impensable pour la population que le château passe dans le domaine privé, quitte à le laisser se délabrer pendant qu'elle restait les bras croisés. En apprenant la nouvelle, donc, de nombreuses sorcières et de nombreux sorciers s'étaient rassemblés à Pré-au-Lard pour marcher vers Poudlard et, si possible, tenir les lieux jusqu'à ce que l'école revienne dans le domaine public.
Ce n'était ni le problème d'Harry, ni celui de Neville.
Les manifestants s'étaient fait arrêter à mi-chemin entre le village sorcier et le portail de l'école par les barrières de protection installées par les entreprises de rénovation. Certains malins avaient pensé passer par la forêt interdite mais la présence des centaures leur avait fait réviser leurs intentions. Une pétition avait été lancée mais même la ministre de la magie, Hermione Granger, avait dû avouer son désarroi et son incompétence face à la situation.
Les travaux n'ayant pas laissé filtrer ni le nom des repreneurs – Harry comme Neville n'avaient pas eu besoin de cacher leurs noms grâce à une petite subtilité – tout le petit monde à l'intérieur du domaine avait été laissé relativement tranquille. Ils avaient fait retirer toutes les œuvres d'art pour restauration, le mobilier avait été trié puis réparé si possible ou jeté le cas échéant, les passages secrets comme les salles secrètes avaient été examinées puis nettoyées de fond en comble … bref, Poudlard faisait enfin peau neuve. Les artefacts dangereux avaient été placés dans un coffre ensorcelé pour être ensuite envoyés vers des spécialistes pour examen voire, si le besoin s'en faisait sentir, neutralisation.
Comme ce jour-là.
-Tu t'en doutais ? demanda Neville en remarquant l'absence de surprise de la part d'Harry devant la découverte
-Oui, avoua Harry. Je me suis toujours dit qu'on ne pouvait pas être omniscient sans quelques petits artifices et surtout, que c'était suspect qu'il sache jusqu'au moindre ragot en circulation sans discuter avec les élèves.
L'équipe chargée de démanteler les sorts dit « nuisibles » avaient appelé les nouveaux propriétaires pour les informer de leurs trouvailles dans le bureau et les appartements d'Albus Dumbledore. Outre les grimoires et artefacts appartenant à des familles décimées par Voldemort, de nombreux objets servaient de support à des sorts de surveillance aux quatre coins du château et parfois, dans des lieux incongrus comme les sanitaires, ce qui laissait que très peu d'intimité, aussi bien pour les élèves que pour les professeurs. L'équipe avait également signalé une concentration de ces sorts d'espionnage sur l'un des dortoirs de la tour Gryffondor et sans surprise, c'était celui des deux amis.
Le brun se tourna vers l'équipe qui attendait leurs consignes.
-Répertoriez et cataloguez tous les sorts et artefacts qui se trouvent ici, pria Harry. Ceux qui appartiennent de manière sûre à Poudlard seront purifiés avant d'être remis en place. Ceux dont la propriétaire n'est pas l'école devront être restitués à leurs propriétaires légitimes et pour cela, vous pourrez vous aider de Gringotts. Quant à ceux dont les propriétaires sont incertains, placez-les dans l'un des coffres de la banque ouverts pour ce cas de figure et nous nous y pencherons plus tard.
Il jeta un coup d'œil à Neville pour savoir s'il n'avait rien oublié et quand celui-ci hocha la tête, il confirma ses demandes avant de partir pour les laisser travailler.
Les deux sorciers décidèrent de se promener dans le parc, estimé sûr par les équipes de rénovation.
-Hermione cherche encore à récupérer Poudlard ? railla Neville
-Ça fait plus de six mois mais elle essaie encore de comprendre comment elle a pu laisser passer ça, ricana Harry. Elle pense encore que ses conseillers sont totalement hors de cause.
-Elle ne voit pas qu'elle se fait manipuler dans les grandes largeurs ? s'étonna Neville
-Nan, assura Harry. Elle pense encore qu'elle est la meilleure pour être ministre sans se douter que celles et ceux qui dirigent réellement le pays n'avaient besoin que d'une marionnette pour se cacher. Qu'elle croit sans réserve leurs mensonges n'est qu'un bonus.
-Parce qu'en plus, elle ne te croit pas quand tu lui dis que quelque chose ne va pas ? s'indigna Neville
-J'ai arrêté de le lui dire quand elle a voté favorablement à la création d'une nouvelle école, renifla Harry. Bref, qu'elle se débrouille avec les problèmes qu'elle a créés, ça me fera des vacances.
Pour toute réponse, Neville éclata de rire.
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Une année complète fut nécessaire pour réhabiliter Poudlard.
Harry comme Neville avaient attentivement surveillé les travaux, notamment quand des sorciers devaient intervenir, mais heureusement, tout avait été fait pour que rien ne filtre à l'extérieur.
Pendant ce temps, les deux amis se délectaient de ce qui se passait hors des murs du château. La perte de Poudlard au profit d'investisseurs privés avait eu pour conséquence de révéler ce qui se passait exactement dans la nouvelle école ouverte par le ministère de la magie. Choix de matières restreints, cours bâclés quand ils n'étaient pas inexistants, professeurs peu voire pas qualifiés, internat livré à lui-même … Si la première année, l'école avait été pleine à craquer à la suite de la fermeture de Poudlard, les années suivantes, il y avait de moins en moins d'élèves au point qu'à ce jour, seuls les sorciers de première génération et les enfants de familles qui avaient entièrement confiance dans le ministère y étaient scolarisés, les autres préférant opter pour des précepteurs voire tenter leurs chances en candidats libres en étudiant seuls, choix conforté par le fait qu'ils obtenaient de meilleurs résultats, et de loin, aux examens.
Cette chute de l'école entraîna celle de la confiance de la population envers le ministère et par extension, envers la ministre. C'était triste à dire mais ce fut le départ de son mari du foyer conjugal avec leurs deux enfants qui lui fit ouvrir les yeux quant à la réalité de sa situation. Ron, après avoir aidé un certain temps Georges à sa boutique, était finalement entré dans le programme des aurors, et avait toujours exprimé sa méfiance par rapport aux contacts politiques de sa femme puis ses conseillers une fois ministre. Si le département de la justice, tenu d'une main de fer par Ethan Rowle, était relativement épargné par la politique générale du ministère, ce n'était pas pour autant que les fonctionnaires n'observaient pas d'un œil inquiet la pente glissante sur laquelle ils s'engageaient. Malgré les mises en garde de son mari, Hermione persistait dans cette politique qui n'était pas celle à laquelle elle aspirait à ses débuts. Cette opposition sur leurs points de vue politique impacta fortement leur vie de couple et le point de rupture fut atteint lorsque la jeune femme, sur la suggestion de son équipe, avait voulu utiliser sa réputation d'héroïne de guerre et la renforcer avec celle de son mari et de son meilleur ami le Sauveur. Furieux, Ron avait quitté la maison avec les enfants séance tenante en lui rappelant froidement que ni Harry ni lui ne tenaient à être utilisés comme des marionnettes comme elle l'était et qu'il était hors de question qu'ils soient associés à ses erreurs qui allaient la conduire à sa chute. L'absence de sa famille l'avait alors conduite à examiner ses actes d'un œil neuf et ce fut ainsi qu'elle se rendit compte que ses mesures les plus controversées – et les plus opposées au programme qu'elle comptait suivre à ses débuts – lui avaient été proposées par deux de ses plus proches conseillers et appuyé par son propre assistant qui, comprit-elle rapidement, suivait son propre agenda. Elle avait donc fait le ménage mais le mal était déjà fait et au moins, elle réparait ses erreurs.
Après la restauration de Poudlard, Harry et Neville s'étaient penchés sur l'organisation de l'école et le recrutement du personnel. Puisque l'école devenait – ou plutôt, redevenait – un institut indépendant privé, il était important de rappeler que son but premier était d'enseigner aux nouvelles générations et non faire du profit ou gagner de l'influence sur eux. Ils établirent une charte dans laquelle ils définissaient tous les postes à pourvoir, les qualifications à détenir pour chacun d'entre eux ainsi que leurs prérogatives. Ainsi le poste de directrice/directeur adjoint(e) devint purement administratif pour ne pas faire retomber la charge sur un professeur, ces derniers devraient être agréés par leurs guildes respectives et du personnel supplémentaire avait été engagé pour s'occuper exclusivement de l'internat. Le système des préfets fut entièrement réformé et ils devinrent des délégués de classe, laissant la discipline aux responsables de l'internat et permettant aux préfets de se concentrer sur leurs études. Les classes des professeurs furent réunies autour du hall de l'école pour éviter de perdre les élèves et une zone administrative fut créé pour rassembler les bureaux des différents professeurs et des directeurs.
A leur plus grande surprise, les frais de scolarité furent considérablement réduits alors que le budget de fonctionnement restait conséquent, sous couvert, bien entendu, que les pronostics soient respectés, ce dont ils ne doutaient pas. Ils décidèrent de maintenir l'internat pour tous, ouvrirent les sorties à Pré-au-Lard une fois par mois à tous les élèves de la première à la septième année avec le concours du maire qui réserverait le village exclusivement aux élèves à ces dates-là. Ils envisageaient pour l'année prochaine, si Poudlard retrouvait assez de son prestige, de modifier l'internat pour permettre aux élèves de quitter le château le vendredi soir après les cours pour rentrer chez eux et de revenir le dimanche soir avec un bus de ramassage scolaire similaire au magicobus.
-En fait, il n'y a quasiment rien qui ne ressemble à ce que Dumbledore faisait, remarqua Harry.
-C'est le but, assura Neville. Au lieu de se contenter d'apprendre aux nouvelles générations ce qu'elles devaient savoir, il en a fait un centre de recrutement pour la guerre, aussi bien pour ses troupes que pour celles de Voldemort. Il est temps rappeler que cette école est un lieu neutre et tant pis si c'est un institut indépendant.
-Tout à fait d'accord avec toi, sourit Harry.
§§§§§
La nouvelle eut l'effet d'une bombe.
Poudlard allait rouvrir ses portes.
Quand l'autorisation d'accès aux fichiers de l'enfance et de l'éducation avait été requise pour repérer et identifier les futurs élèves, l'information s'était répandue comme une trainée de poudre. Hermione était descendue en personne pour rencontrer le responsable mais elle avait été trop lente et avait dû se résoudre à lui envoyer une invitation pour discuter de ses projets. Elle fut donc particulièrement surprise quand Kevin Enthwhistle, ancien camarade de promotion à Serdaigle, passa le pas de la porte en tant que directeur adjoint de Poudlard.
-Madame la ministre, salua Kévin.
-Enthwhistle … je devrais plutôt dire monsieur le directeur adjoint, fit Hermione. Installe-toi, je t'en prie. Puisqu'on se connait déjà, est-ce que tu souhaites qu'on continue à se tutoyer ou je dois passer au vouvoiement ?
-On peut continuer à se tutoyer, accepta Kévin en prenant place.
-Tu es donc le directeur adjoint de Poudlard, attaqua Hermione.
-Oui, confirma Kévin. Je détiens plusieurs diplômes non magiques comme sorciers dans le domaine de l'éducation ainsi qu'un en gestion du personnel. Les propriétaires m'ont estimé suffisamment qualifié pour le poste.
-Les propriétaires ? releva Hermione, ne préférant pas s'arrêter sur ses nombreuses qualifications
-Oui, répondit Kévin.
Voyant qu'il n'allait pas s'étendre plus sur le sujet, elle rebondit.
-Ce n'est pas une école publique … commenta Hermione.
-Non, il s'agit d'un institut indépendant, confirma Kévin. Fonctionnant sur des fonds privés et suivant les recommandations du conseil international magique.
Hermione s'inquiéta. Sur les « recommandations » de ses anciens conseillers, la brune avait pris ses distances avec le CIM, comme nombreux de ses prédécesseurs avant elle. Pourtant, elle savait que c'était une mauvaise idée.
-C'est-à-dire ? demanda Hermione
-Mise aux normes de sécurité du bâtiment, qualification du personnel, ce genre de choses … balaya Kévin. Les propriétaires ont veillé à les respecter au maximum de ses capacités.
-Concernant les élèves ? demanda Hermione
-Comme convenu avec le département de l'enfance et de l'éducation, une lettre standardisée sera envoyée à chaque élève le jour de ses dix ans, expliqua Kévin. Ils auront accès jusqu'à la rentrée suivante à des stages d'introduction au monde sorcier, quel que soit le choix de leur école. Des demandes de bourses seront disponibles ainsi que des échéanciers de paiement des frais de scolarité. Je te laisserai une brochure pour que tu te fasses une idée plus précise.
-Pourquoi rouvrir Poudlard alors qu'il y a déjà une école ? grinça Hermione
-Poudlard est une institution dans ce pays, rappela Kévin. Jusqu'à ce dernier siècle, elle rayonnait au-delà de nos frontières. Quand le château est arrivé sur le marché, ils y ont vu une occasion de lui rendre sa splendeur d'antan.
-Pourquoi ne pas s'être associé au ministère pour cela ? grogna Hermione
-Tu plaisantes, j'espère ? ricana Kévin. C'est le ministère qui a fermé Poudlard et pire, qui a voulu le vendre. Actuellement, le ministère n'est pas en odeur de sainteté auprès des propriétaires et ce n'est pas près de changer.
-Ils ne devraient pas ! se vexa Hermione. Si j'avais l'occasion de les rencontrer et de leur expliquer …
-Ils ne veulent pas, coupa Kévin. C'est d'ailleurs pour cette raison que je suis là. Tu n'es pas leur priorité et ils ne veulent pas te rencontrer. Point. Je te conseille fortement de ne pas leur forcer la main parce que tu vas amèrement le regretter.
-Pourquoi ? s'étonna Hermione
-Parce que toute ministre que tu es, tu n'as pas gagné leur respect et le scandale avec ton équipe et le dossier Poudlard ne parlent pas en ta faveur, expliqua Kévin. Est-ce que tu voudrais savoir autre chose ?
-Mes services devront vérifier que tout est en règle donc il y aura des visites … fit Hermione.
-Non, coupa froidement Kévin.
-En quel honneur ? s'indigna Hermione
-L'organisme de référence pour Poudlard est le conseil international magique, déclara Kévin. C'est lui qui est donc légitime pour mener ces vérifications et émettre des recommandations. Il s'agit d'un institut indépendant, c'est-à-dire qu'il est libre de toute tutelle du ministère. Aucun membre de tes services n'a donc vocation à mettre les pieds au château dans ce but.
Hermione commença à s'énerver car elle était en train de comprendre qu'elle n'aurait aucune influence sur la réouverture de Poudlard.
-Qui est le nouveau directeur ? demanda Hermione
-Je ne sais pas, avoua Kévin. Plusieurs profils intéressaient les propriétaires mais ils n'ont pas encore décidé. Mais ils m'ont assuré qu'ils auront un nom à me transmettre au plus tard dans le courant du mois de juin, soit dans deux mois.
La brune nota l'information dans un coin de la tête.
-En avons-nous terminé ? demanda Kévin. Le travail m'appelle et entre les derniers détails d'organisation et la cérémonie de réouverture qui approche, il ne faut pas que je perde de temps.
-Très bien, fit Hermione. Nous aurons l'occasion de discuter un autre jour.
-J'espère bien, sourit Kévin.
Ils se saluèrent puis le jeune homme quitta le bureau avec un sourire … inquiétant.
§§§§§
-Mais où sont-ils ? pesta Hermione
La ministre de la magie se trouvait début août devant Poudlard avec sa délégation pour assister à la cérémonie de réouverture de l'école. Seulement voilà, tout le groupe était littéralement à la porte et les barrières ne permettaient pas de savoir s'ils manquaient les festivités ou pas.
Tous les moyens furent utilisés pour manifester leur présence – l'un d'entre eux retourna même au ministère pour contacter le château par la cheminée – mais le portail resta définitivement clos. Mais après près de trois heures d'attente, Kévin Entwhislte sortit du domaine et fut surpris de les trouver là.
-Bonjour, salua-t-il lentement. Que puis-je faire pour vous ?
-Nous venons assister à l'inauguration de l'école, répondit Hermione, assez agacée.
-L'inauguration ? sursauta Kévin. Qui vous a dit que ce serait aujourd'hui ?
-Tous nos renseignements nous disaient … protesta Hermione.
-Eh ben, vos renseignements étaient faux, coupa Kévin. Tout ce que nous avions prévu aujourd'hui, c'était une réunion pour établir les potentielles activités extrascolaires. Ça fait quatre heures que nous y sommes. Et trois que vous courrez sur le haricot des propriétaires d'ailleurs. Ils n'attendaient personne et détestent quand on vient à l'improviste.
Hermione devint rouge, sa patience ayant été largement entamée au fur et à mesure de l'attente.
-Alors dis-leur qu'on ne fait pas attendre la ministre de la magie ! gronda Hermione
-Sur une propriété privée alors que ton but était de t'imposer à un événement auquel tu n'étais pas invitée ? railla Kévin. Pas sûr que tu gagnes, sur ce coup.
-Je veux les rencontrer ! pesta Hermione
-Alors fais comme les gens bien élevés, tu leur envoies une lettre pour un rendez-vous, grinça Kévin. Après, c'est leur choix d'accepter ou de refuser et tu ne peux pas leur en vouloir.
-Mais nous devions assister à l'inauguration ! protesta l'un des membres de la délégation
-Je ne sais pas d'où vous sortez vos informations mais la cérémonie a déjà eu lieu, ricana Kévin. Et même si ce n'était pas le cas, il vous aurait fallu une invitation pour y assister. Maintenant, même si vous ne me le permettez pas, je retourne travailler. Bonne journée à vous !
Il tourna des talons et retourna à l'intérieur des barrières de Poudlard sans tenir compte des hurlements d'indignation du groupe.
§§§§§
Encore une fois, l'information parvint à la ministre Granger bien trop tard.
Alors qu'elle se rendait aux archives pour demander une information, elle entendait les murmures ravis du personnel. Elle comptait ne pas y prêter attention lorsque le nom de Poudlard ressortit. Elle tendit donc l'oreille pour apprendre que le samedi précédent, une journée portes ouvertes avait été organisée à Poudlard à l'attention des parents des nouveaux élèves. Furibonde, la brune retourna séance tenante à son bureau et appela immédiatement l'école. Après une dizaine de minutes d'attente où sa colère monta crescendo, la tête de Kévin apparut dans l'âtre.
-Granger ? s'étonna Kévin. Il y a un problème ?
-Oui, il y a un problème, s'irrita Hermione. Il y avait une journée portes ouvertes et je n'étais pas conviée ?
-Tu n'as pas d'enfants en âge d'être scolarisé, pointa Kévin. Pourquoi est-ce que tu aurais été invitée ?
-Je suis la ministre de la magie ! pesta Hermione
-Et alors ? renifla Kévin. Ce n'est pas une raison valable pour t'inviter et encore moins pour les propriétaires. Est-ce que tu as vraiment quelque chose à dire ? Parce que tu vois, il y en a qui travaillent et la rentrée ne va pas se faire en un claquement de doigts !
-Je vais vous le faire payer ! promit Hermione
-A tes risques et périls, prévint Kévin. Ne viens surtout pas me dire que je ne t'avais pas prévenu. Bonne journée, madame la ministre.
La conversation fut coupée.
§§§§§
-C'est vraiment pas mal, sourit Ron. C'est comme dans mes souvenirs mais en même temps, ça a changé.
-Tant que ça plait, ça va, rit Harry.
Les deux amis s'étaient éloignés à la fin de la guerre – Ron considérant qu'il allait de soi qu'Harry suive scrupuleusement le plan de vie établi par la population sorcière, c'est-à-dire devenir auror, se marier au plus vite, et avec Ginny de préférence, et œuvrer bêtement pour le plus grand Bien en commençant par haïr les Serpentards – mais la dépression de Georges à cause de la perte de son jumeau et ses problèmes de couple lui avaient ouvert les yeux sur la réalité de la vie et surtout, pour comprendre enfin le point de vue d'Harry. Cela avait renforcé leur amitié et ils se serraient les coudes notamment face aux décisions d'Hermione.
Cela faisait plus d'un an que le roux avait quitté sa femme avec leurs deux enfants Rose et Hugo et tout autant de temps qu'il ne la voyait que quand elle demandait à voir les enfants, ce qui était très peu. D'abord réfugié au Terrier, il avait rapidement migré vers une maison qu'il louait à Harry, notamment pour éduquer ses enfants à sa façon et non celle de sa mère. Il avait fallu quelques ajustements avec son emploi d'auror mais maintenant, ça allait beaucoup mieux.
Si ce jour-là, Ron avait contacté Harry, c'était pour en savoir plus sur les hurlements de sa femme à propos de Poudlard et dans la foulée, le brun lui avait proposé une courte visite des lieux.
-Et elle n'a pas pu voir ça ? s'étonna Ron
-Depuis qu'elle est devenue ministre, elle s'adresse à moi comme si elle m'était supérieure, pas comme un ami, quel que soit le contexte, répondit Harry. Elle a directement œuvré à la fermeture de Poudlard et ne parlons pas de sa vente. Quand elle sera digne de son poste comme de ses amis, on verra, mais en attendant, il est hors de question que je la voie plus que nécessaire.
-Mais comment est-ce que tu as pu te passer de la supervision du ministère ? s'étonna Ron
-C'est une école privée sans subvention du ministère, sourit malicieusement Harry. Les lois de ce pays sont faites de telle sorte que le conseil international magique a le même niveau d'accréditation que le ministère en matière d'éducation. Et puis souviens-toi, Poudlard a été « vendu » …
-En parlant de ça, le château a été vendu, j'ai bien compris, mais ça ne s'est pas passé comme les imbéciles qui entouraient Hermione le pensaient, fit Ron. Pourquoi ?
-Parce que ces crétins du ministère ont oublié plusieurs particularités de Poudlard, ricana Harry. Dont la plus importante, que le domaine n'appartient pas au ministère, loin de là.
-Sérieux ? sursauta Ron
-Poudlard n'est jamais entré dans le domaine public et donc, le ministère ne pouvait le céder à qui que ce soit sans l'accord des véritables propriétaires, expliqua Harry. Quand j'ai repéré l'annonce dans le journal où le ministère annonçait sa mise en vente, les propriétaires ont été prévenus et ont récupéré leur bien en toute légalité. Hermione n'a jamais signé la vente mais uniquement sa renonciation à l'exploitation des lieux au nom du ministère.
-Je ne crois pas qu'elle soit au courant, fronça des sourcils Ron.
-Pas que je sache, confirma Harry. Le ministère grignotait de plus en plus d'influence sur Poudlard depuis qu'il a été associé à sa gestion au quinzième siècle, jusqu'à ce qu'il désigne lui-même le directeur au lieu des enchantements ancestraux.
-Dumbledore ? devina Ron.
-Dumbledore, confirma Harry. Le niveau scolaire a chuté au fur et à mesure qu'il remaniait les programmes et comme les barrières magiques n'étaient pas réparées ni nourries au fil des années, nous en sommes arrivés aux résultats d'aujourd'hui.
-Ah merde, jura Ron. Et dire que tout le monde pense qu'il est le successeur de Merlin …
-Tu ne crois pas si bien dire, fit Harry. Mais peu importe, il est mort grâce à sa propre stupidité et ce n'est pas plus mal.
Ron garda soigneusement sa bouche fermée. Il savait que la mort d'Albus Dumbledore était beaucoup plus complexe qu'une banale chute du haut de la tour d'astronomie à cause de Severus Snape et que son meilleur ami en savait bien plus sur le sujet, sans oublier ce qu'il avait compris plus tard. Si au début, il avait tenté de lui tirer les vers du nez, il comprenait désormais qu'il s'agissait d'un sujet particulièrement douloureux.
-En tout cas, j'imagine bien la tronche des gens quand ils sauront que les propriétaires sont Harry Potter et Neville Longbottom, ricana Ron.
-Harry Potter et Neville Longbottom sont les représentants des propriétaires de Poudlard, corrigea Harry.
-Ce n'est pas la même chose ? fronça des sourcils Ron
-Non, assura Harry. Les propriétaires ne veulent pas que leur identité soit connue.
-D'accord, capitula Ron.
Les deux amis continuèrent leur visite dans l'ignorance de la ministre de la magie.
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Sans grande surprise, dès l'instant où la réouverture de Poudlard avait été annoncée, tous les parents – et les enfants les plus âgés – avaient voulu s'y inscrire, désertant sans aucun scrupule l'école ouverte par le ministère qui avait largement fait ses preuves quant à son incompétence.
Le ministère était encore tombé des nues quand, en voulant empêcher les élèves de gagner le Poudlard Express, les aurors chargés de cette funeste mission se virent interdire l'accès au quai 9 ¾. Il ne fallut pas longtemps pour découvrir que la gare sorcière était également une propriété privée appartenant à Poudlard et donc, que le ministère ne pouvait y exercer aucun droit.
Les élèves avaient pu découvrir les nombreux changements qui avaient eu lieu dans l'école dès le premier pied posé dans le train. Les malles étaient désormais déposées dans un wagon dédié auquel les élèves n'auraient plus accès après le départ, idem pour les animaux de compagnie, les compartiments étaient plus spacieux et surtout, les professeurs étaient présents et faisaient des rondes régulières.
Pour éviter que les élèves ne se couchent à pas d'heure, l'arrivée du train avait été avancée et la traversée du lac de nuit pour les élèves de première année annulée. Ainsi, la répartition avait lieu à 17h00, le banquet de bienvenue commençait vers 19h30 et les élèves, après le discours de leurs directeurs de maison respectifs, étaient dans leurs lits vers 23 heures au plus tard.
Kevin Entwhistle observait la ruche qu'était devenue l'école quitter la Grande Salle. Redonner sa splendeur à Poudlard avait été un travail de longue haleine et encore, il n'était entré en scène que pour la partie administrative et scolaire. D'après Harry Potter et Neville Longbottom, s'occuper du château, du parc et des protections magiques n'avaient pas été une partie de plaisir non plus. Quand tous les élèves furent partis, il se leva à son tour et rejoignit ses collègues dans la salle de réunion.
Si la plupart des professeurs étaient issus des guildes à travers le monde, il y avait parmi eux des britanniques de son âge. Neville Longbottom, notamment, ne s'était pas détourné un seul instant de sa passion botanique et était devenu un maître réputé dans la matière qui avait décidé de se poser pour transmettre son savoir. A la plus grande surprise de ses proches, Charlie Weasley avait accepté de quitter sa réserve chérie de dragons pour enseigner dans le cadre du cours de faune magique et son frère Percy avait accepté le poste de professeur de civilisation sorcière.
-Je t'aurais bien vu en tant que professeur de défense contre les forces du mal, railla Kévin.
-Encore une matière qui ne servait à rien sous Dumbledore, ricana Harry. Nan, je suis très bien à mon poste.
Pour en avoir été témoin, Kévin savait que le poste de directeur de Poudlard avait fait l'objet d'âpres discussions après lesquelles le brun avait finalement abdiqué. Son adjoint avait été surpris d'apprendre que son ancien camarade était devenu instituteur en primaire, sans compter qu'il avait profité d'une faille dans le système pour récupérer tous les enfants de mangemorts des orphelinats moldus où ils avaient été abandonnés sans aucun remords pour qu'ils aient accès à une éducation magique et qu'ils ne soient pas spoliés de leur héritage. L'orphelinat Black Lily, détenant les accréditations du conseil international magique tout comme Poudlard, parcourait les villes et les campagnes depuis trois ans pour identifier les sorcières et les sorciers en devenir et surveiller attentivement leur entourage. L'institution accueillait tous les enfants magiques dans le besoin et les maintenait loin du regard pernicieux du ministère.
-Tu te doutes que quand les élèves vont annoncer à leurs familles que tu es le nouveau directeur de Poudlard, tu vas te faire sauter dessus ? demanda Kévin
-Ce ne sera pas une grande surprise, déclara Harry en haussant des épaules. Les sorciers britanniques sont toujours totalement fous dès que mon nom est mentionné.
-Et Granger ? demanda Kévin
-Tant qu'elle ne se rappellera pas les bonnes manières, je n'ai aucun intérêt à lui accorder de l'attention, sourit malicieusement Harry.
Kévin laissa un sourire machiavélique glisser sur ses lèvres. Les prochains jours allaient être folkloriques.
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Ce qui était bien avec la nouvelle organisation de Poudlard, c'était que tout ce qui se passait en dehors des limites du domaine n'atteignait pas les élèves.
Pendant les différentes réunions de professeurs qui avaient eu lieu tout au long de l'été, l'impact de la réouverture de l'école avait été posé sur la table, indépendamment du nom de son nouveau directeur. Ils avaient donc tous convenu de donner une interview peu avant l'arrivée des élèves pour qu'elle soit publiée dès le lendemain matin dans le but d'éviter toute invention farfelue dans les médias. Le journal choisi fut bien évidemment le Chicaneur – la Gazette du Sorcier ayant continué sa ligne éditoriale diffamante digne des plus grands journaux à scandales – et ils allèrent même jusqu'à autoriser la publication dudit article à l'international, des fois que le ministère tente de les décrédibiliser.
Sans surprise, les beuglantes commencèrent à pleuvoir dès le deuxième jour – le temps que les lettres des élèves partent le lendemain de leur arrivée au château et que leurs familles leur répondent – mais elles n'arrivèrent jamais dans la Grande Salle. En effet, Charlie et Percy, échaudés par les beuglantes à répétition de leur mère pendant leur propre scolarité, avaient préconisé, pour la protection psychologique des élèves, qu'elles soient neutralisées et rendues inoffensives avant d'être transmises aux intéressés. Cela allait dans le sens de la nouvelle gestion du courrier qui était réceptionné par les elfes de maison dans une tour puis vérifié avant d'être distribué sur les tables de chevet des concernés – ou les bureaux des professeurs – à dix-sept heures.
Harry fronça des sourcils en prenant connaissance du courrier virulent qui lui était adressé ce jour-là. Cela faisait deux semaines que les parents d'élèves s'indignaient des nouveautés de l'école, notamment les cours désormais disponibles ou encore l'accès restreint aux élèves. Le brun avait pris l'habitude de le lire intégralement et ensuite, d'en juger la pertinence. Sur un volume d'une centaine de missives journalières, à peine une dizaine valaient la peine de s'arrêter dessus.
Mais une semaine plus tôt, l'annonce de la célébration de Mabon au sein de l'école avait fait l'effet d'une bombe dans la Grande Bretagne sorcière. Les premières protestations étaient rapidement tombées et l'ignorance et les préjugés des sorciers l'irritaient particulièrement. Si les élèves avaient accepté de voir avant de critiquer, ce n'était pas le cas de leurs parents qui parlaient dans le vide pour se rendre intéressants. Heureusement, il pouvait compter sur sa professeure d'Us et coutumes magiques, Anaïs June, qui avait su intéresser ses classes et leur montrer les avantages – comme les inconvénients, à leur plus grande surprise – des célébrations magiques.
-Salut, fit Neville en entrant dans le bureau. Toi, t'as la tête de « Je vais reprendre le flambeau de Voldemort et anéantir la Grande Bretagne sorcière ».
-Les gens sont des cons, cracha Harry en laissant tomber sur le bureau la lettre qu'il tenait entre les mains.
-Ils se plaignent de quoi, cette fois ? demanda Neville en prenant place dans le canapé
-La célébration de Mabon, s'irrita Harry. En gros, ils ne veulent pas que leurs enfants fassent des sacrifices ou soient entraînés dans des orgies sans nom.
-D'où est-ce qu'ils sortent ça ? soupira Neville
-Ce sont des nés de sorciers qui étaient très souvent bercés par la voix de Dumbledore, pour la majorité, grinça Harry. Les seules contestations constructives proviennent des sangs purs qui exigent que leurs enfants ne suivent pas les pans personnalisés du rituel et les parents des nés de moldus qui voudraient une initiation éclairée de ce qu'ils assimilent comme une « nouvelle religion ».
-Ça, on s'y attendait, pointa Neville. Après, on ne peut rien faire pour les crétins qui ne veulent pas réfléchir. Tu as eu notre chère ministre ?
-Tous les jours, railla Harry. Elle a simplement oublié que je n'étais pas son esclave.
Neville éclata de rire. Malgré leur scolarité dans la même année et dans la même maison, le châtain n'avait jamais réellement apprécié sa camarade à cause de son autoritarisme et sa haute opinion d'elle-même, quand elle ne le dénigrait pas. Elle ne s'était même pas rendu compte que si elle avait atteint le poste envié de ministre de la magie, c'était uniquement parce que les véritables arcanes du pouvoir avaient besoin d'une marionnette naïve et non parce qu'elle était la meilleure pour le poste.
-Tu sais qu'elle va finir par débarquer ici, pronostiqua Neville.
-Qu'elle essaie, renifla Harry. Elle ne va pas apprécier le retour de flamme.
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Connaissant la stupidité du monde sorcier, Harry avait prévu de virtuellement fermer Poudlard deux jours avant et deux jours après Mabon.
Oh, et avait avisé le conseil international magique des possibles troubles qui allaient avoir lieu.
La foule qui s'était massée devant le château avait donc eu la surprise de voir apparaître les aurors internationaux de l'autre côté du portail. Elle avait encore moins apprécié la plainte du conseil pour crime contre la magie pour avoir voulu empêcher une célébration magique. Kévin avait fait de nombreux aller-retour entre l'école et le ministère pour répondre de la réprobation mutuelle des deux organismes. Mais rapidement, le directeur adjoint assura que la ministre avait besoin de se faire remettre à sa place. La sorcière se faisait méthodiquement contrer dans toutes ses démarches pour récupérer Poudlard, si ce n'est de l'influence dessus, et perdait de plus en plus patience quand Kévin rapportait des réponses négatives à toutes ses demandes. Tout le monde était conscient que le clash allait bientôt avoir lieu et que l'un des adversaires allait y perdre plus que des plumes.
L'attaque arriva par le biais de l'apprenti de Neville. Emeline Crow, dix-sept ans, avait été convoquée au ministère de la magie et emmenée sans ménagement alors qu'elle profitait de Pré-au-Lard avec ses amis. Une demi-heure plus tard, son maître débarquait directement dans les locaux de la ministre de la magie, une aura de fureur l'entourant. La première chose qu'il fit en retrouvant la kidnappée fut de s'assurer de son bien-être et surtout, qu'on n'avait pas touché à un seul de ses cheveux. La jeune fille était un peu tremblante mais n'avait pas lâché un seul mot sur son maître et ses fonctions. Elle s'était ensuite littéralement caché derrière Neville qui était prêt à cracher du feu.
-On peut savoir de quel droit vous kidnappez mon apprentie ? siffla Neville
-Kidnappé est un bien grand mot … commença Hermione.
-Alors explique-moi comment tu appelles le fait que tes « adjoints » aient forcé une adolescente à peine majeure, actuellement scolarisée à Poudlard et en apprentissage, ce qui veut dire qu'elle est uniquement sous la responsabilité de son maître d'apprentissage, donc moi-même, et du directeur de Poudlard, à quitter Pré-au-Lard où elle avait l'autorisation de se trouver, pour se rendre à Londres, dans ton bureau, sans aucun adulte de confiance, pour être abreuvée de véritasérum dont je sens l'odeur jusqu'ici, cracha Neville.
-Tu exagères … protesta Hermione.
-Tu préfères régler cette histoire avec l'ambassadrice du conseil international magique, peut-être ? persiffla Neville. Je suis persuadé qu'un incident diplomatique majeur avec la mère de mon apprentie ne serait qu'une ligne de plus dans la liste de tes faits d'arme.
-Je ne te permets pas ! gronda Hermione
-Comme je ne te permets pas de kidnapper mon apprentie, renvoya Neville. Maintenant, j'aimerai savoir pourquoi, et vite. Sinon, il n'y aura pas qu'à moi que tu devras rendre des comptes !
-Je suis la ministre de la magie ! rappela sèchement Hermione
-On ne peut pas le manquer, vu comment ça t'est monté à la tête, railla Neville. Et si tu veux mon avis, ce n'est pas pour tes compétences que tu as été nommée à ce poste, si on se fie à tous les scandales dont tu as été la « malheureuse » victime.
Hermione rougit. La perte de Poudlard lui avait fait découvrir le véritable visage de ses conseillers mais également ce qu'elle avait exactement fait à la tête de la Grande Bretagne sorcière, à l'opposé de ses propres désirs.
-Alors ? pressa Neville
-Je voulais savoir comment se passer la scolarité à Poudlard, tenta Hermione.
-Tu te fiches de qui exactement ? grinça Neville. Déjà que la méthode est pathétique, Kévin ne campe pas assez souvent dans ton bureau pour répondre à tes questions ?
-Il t'a menti, affirma Hermione. Parce qu'il n'a répondu à aucune d'entre elles.
-Ça, c'est parce que les questions que tu as posées ne te concernent pas et encore moins le ministère, pointa Neville. Ce n'est pas faute de t'avoir rappelé que Poudlard est un institut indépendant.
Hermione rougit de colère.
-Il est inadmissible que le ministère soit écarté de la scolarité de la nouvelle génération, tonna Hermione.
-Je tiens à te rappeler, à toute fin utile, que le ministère est pleinement impliqué dans l'éducation des nouvelles générations par le biais de l'école qu'il a fondée, musa Neville. Ecole qui a prouvé son inefficacité et qui est actuellement en faillite. Je dis ça, je ne dis rien …
-Effectivement, puisque notre chère ministre ne veut rien entendre, mis à part ce qui lui a été susurré par ses conseillers qui ne cherchent que leur profit et pas le bien commun …
Tous se tournèrent pour découvrir Harry Potter sur le pas de la porte.
-Moi qui pensais avoir été discret en quittant Poudlard, railla Neville.
-Autant qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, railla Harry.
-Tu n'aurais pas dû te déplacer pour « si peu », fit Neville en mimant les guillemets.
-Si le ministère en vient à kidnapper des élèves pour savoir ce qui se passe dans une école alors que le conseil international magique lui transmet tous les mois un rapport, c'est qu'une limite a été franchie, décréta Harry. Je refuse que les élèves sous ma responsabilité puissent être mis en danger par l'incompétence de l'administration. Ramène mademoiselle Crow à l'école, je m'occupe du reste.
Neville tourna immédiatement des talons avec son apprentie mais Hermione ne s'attendait pas à ce qu'Harry prenne le même chemin.
-Je pensais que nous allions en discuter tout de suite, s'étonna Hermione.
-Oh que oui, nous allons en discuter, ricana Harry. Mais à mes conditions.
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Et pour en discuter, ils en avaient discuté …
Devant le conseil international magique.
Harry, en tant que directeur de Poudlard, n'avait pas hésité à trainer en justice le ministère de la magie pour kidnapping. A la plus grande horreur d'Hermione, ce n'était que la dernière plainte d'une très longue liste qui était en attente d'audience et dont, bien évidemment, elle n'était pas au courant, soigneusement caché par ses « précieux » conseillers.
Même démise de ses fonctions par le Magenmagot – procédure menée par Harry et la plupart de ses anciens camarades devenus ladies ou lords qui ne supportaient pas ses manières – Hermione avait dû répondre des actes de son administration. Si elle avait été choquée par les manipulations de son ancien assistant et des conseillers dont elle s'était séparé, elle resta bouche bée devant tous les manquements qui paraissaient avoir son blanc-seing. Elle signait tant de papiers qu'elle ne se rendait pas compte pour la plupart d'entre eux, elle avait aucune légitimité et elle en subissait les conséquences.
Après que le jugement ait été rendu – cinq ans d'emprisonnement dont deux avec sursis pour le kidnapping d'une élève de Poudlard, la famille Crow se réservant le droit de la traîner ultérieurement au tribunal en son nom propre – Hermione se retrouva devant Harry et l'apostropha.
-Je croyais que nous étions amis ! s'écria Hermione
Harry se retourna vers la brune et la toisa du regard.
-Être amis ne signifie pas dire amen à toutes les conneries de l'autre, renifla Harry. Aucun d'entre nous se sont opposés à ta carrière dans la politique mais quand nous avons montré notre scepticisme par rapport à certaines de tes relations, tu nous as envoyés bouler. Ne parlons pas de nous utiliser, Ron et moi, pour promouvoir ton programme et ce, sans notre accord, sans oublier que quand tu es devenue ministre, tu as cru à tort que nous devions obéir au moindre de tes désirs et accepter que tu nous parles comme à des chiens voire, comme des esclaves. Tu as perdu le titre d'amie quand tu as estimé normal que tes enfants se fassent agresser à cause de tes fonctions et qu'ils ne bénéficient pas de protection à chaque fois qu'ils mettaient le nez dehors. Tu n'as même pas daigné te rendre à l'hôpital quand Hugo a eu le bras cassé pendant l'un de tes bains de foule, ni t'enquérir de sa santé pendant sa convalescence. Que tu sois en dessous de tout avec Ron et moi, c'est déjà limite, mais que tu fasses autant défaut à tes propres enfants, non.
Hermione fut choquée.
-Mais Poudlard … protesta Hermione.
-Dès l'époque de mes parents, l'influence du ministère avait déjà montré ses limites dans la gestion des nouvelles générations, avec la bénédiction de Dumbledore, critiqua Harry. Le niveau scolaire n'a fait que baisser au fil des ans, le ministère a refusé le réajustement des protections de l'école alors qu'on leur avait signalé que les mangemorts pouvaient y faire leur marché directement, sans compter ce qui s'est passé pendant notre scolarité ! Et toi, dans ta grande arrogance, tu as continué cette politique de rendre la population sorcière toujours plus ignorante de sa propre nature. Tu as volontairement ignoré toutes les mises en garde de Kévin parce que tu ne voulais pas accepter que le ministère avait failli depuis des années. Maintenant, assume d'avoir préféré écouter des « gens qui savent » plutôt que de faire tes propres recherches. En fait, tu as reproduit exactement le même schéma que pendant notre scolarité : tu as continué de croire aveuglement la plus haute figure d'autorité du coin, sans remettre en cause sa parole, et dans ton cas, puisque tes conseillers étaient en place avant toi, tu as préféré les croire eux plutôt que de mettre en doute leur parole.
Hermione était en larmes, anéantie.
-Au revoir, Hermione, salua Harry. En espérant que tu apprennes réellement la leçon.
Le Sauveur tourna des talons, laissant son ancienne amie à terre.
§§§§§
-Tu n'aurais pas aimé devenir ministre de la magie ? ricana Neville
-Et devenir le nouveau Dumbledore ? renifla Harry. Sans façon, merci. Je n'ai pas l'intention de rassembler toujours plus de pouvoirs et faillir à toutes mes responsabilités. Poudlard me suffit amplement.
-Mais tu as quand même fait basculer le choix du nouveau ministre, pointa Neville.
-Uniquement parce que la population sorcière a été assez bien conditionnée pour suivre aveuglement l'avis de celui qui fait le plus d'étincelles, railla Harry. Ce qui nous arrange actuellement.
Neville hocha la tête et regarda Lucian Bole être intronisé ministre de la magie. La déchéance d'Hermione Granger avait entraîné de nouvelles élections et certains en avaient profité pour essayer de faire croire que si l'ancienne ministre était derrière les barreaux, c'était parce que, comme tous les nés de moldus, elle était une incapable, mais le Magenmagot – enfin, les plus jeunes membres, menés par Neville – s'étaient empressés de révéler l'affaire de corruption qui était à l'origine de la chute de la jeune femme, rendant leurs responsabilités à qui de droit.
Si le Sauveur avait poussé la candidature de Lucian Bole, également né de moldus mais réparti à Serpentard, c'était parce que le brun savait qu'il comptait remettre le pays sur les rails sans se préoccuper des « bien-pensants ». Certes, ça lui coûterait un nouveau mandat mais il y avait trop de choses à faire pour laisser les choses en l'état. De plus, Lucian avait pris le temps de se renseigner sur la politique et ses dessous pour éviter les écueils rencontrés par Hermione qui se croyait plus intelligente que les autres.
-Tu sais ce qu'il compte faire pour Poudlard ? demanda Neville
-J'ai un entretien avec lui sur le sujet la semaine prochaine, répondit Harry. Il se doute qu'il n'aura plus son mot à dire dessus et je compte lui donner quelques pistes pour réformer durablement le département de l'enfance et de l'éducation.
-Ça en a bien besoin, critiqua Neville. J'ai dû établir moi-même un protocole pour que l'apprentissage d'Emeline soit reconnu devant le ministère. Ne parlons pas des bâtons qu'ils nous ont mis dans les roues quand on a voulu mettre en place des cours pour les élèves avant leur entrée à Poudlard …
Harry hocha la tête. La réouverture de Poudlard avait dû surmonter de nombreux obstacles, la majorité dû à la conviction du sorcier lambda que tout ce qui pouvait arriver de travers n'arrivait qu'aux autres. Heureusement, Lucian était conscient des problèmes que pouvaient rencontrer les nés de moldus quand ils n'étaient pas à l'école et avait une bonne idée de ceux que devaient affronter les nés de sorciers. Son programme pour les années à venir dans les principaux domaines était déjà prêt et il pouvait compter sur le Sauveur pour être maintenu en place jusqu'à ce que le pays puisse porter de nouveau le titre de nation magique.
Les deux amis attendirent leur tour pour féliciter le nouveau ministre puis, quand il fut socialement possible, ils s'éclipsèrent pour se rendre à leur rendez-vous à Gringotts. Quand ils se présentèrent au guichet, ils furent immédiatement conduits dans un bureau où ni plus ni moins le directeur de Gringotts Grande Bretagne les accueillit. Tous prirent place et le gobelin prit la parole.
-Je ne pensais pas que les sorciers pouvaient être aussi stupides, critiqua Ragnok. Ils ne savent toujours pas qui sont les véritables propriétaires de Poudlard ?
-Ils pensaient que Poudlard appartenait au ministère alors que ça n'a jamais été le cas, rappela Neville. En s'appuyant sur sa victoire contre Grindelwald, Dumbledore les a conditionnés pour qu'ils ne pensent que ce qu'il voulait qu'il pense. Ils ont du mal à réfléchir à long terme par eux-mêmes mais c'est en bonne voie. Maintenant qu'on a la main sur l'éducation, ça sera beaucoup plus facile.
-Vous êtes attendus au tournant, rappela gentiment Ragnok. Bien, pour poursuivre sur votre lancée, je ne vais plus parler aux lords Potter-Black et Longbottom, représentants des propriétaires de Poudlard, mais aux propriétaires eux-mêmes. Lord Serpentard, lord Gryffondor-Serdaigle, voici ce que la nation vous propose comme partenariat …
Fin
