Texte écrit pour la seconde épreuve du concours Ma plus belle histoire...
Les mots, de la chanson de Barbara le sommeil, à placer étaient :
je, de, silence, loin, oiseaux, la, rêve, le, plus, sommeil, oh, un, fatigue, neige, d, et, me, du, pas, il, des,grands, jour, enfin, long, tout, guette, à, mon, lune, ne, laissez, dormir, vais, mes, pour,, porte, vers, escorte, moi, sable, continent, blanc, puis, laisse, mer, si, ramène, fleurs, géantes, a, ambre, plumes, qui, désert, nuit, merveilles, ses, m, les, éveillez, dune, posent, milliers, sur, navigue, emportée, blancs, où, se, tournoient, lentement, en, effrayez, regardez
Opaline a dix ans, presque onze et elle attend.
Dans son sommeil, elle patiente et elle rêve. Dans ses songes, il y a des fleurs géantes qui viennent des serres de Poudlard, son lac noir aussi immense qu'une mer, l'esquisse d'un château sous la neige comme le lui a décrit Colin et des lettres par centaines ou par milliers qui volent jusqu'à elle. Les oiseaux les lui ramènent à grands tires-d'ailes et repartent tout aussitôt. Ils laissent derrière eux quelques plumes et elle les regarde tournoyer auprès des nuages et prendre la pose devant la lune qui les éclaire.
Le lendemain, quand Opaline se réveillera, elle sait déjà qu'elle attendra encore jusqu'à la dernière lueur du jour. Elle sait qu'elle va guetter, perchée sur le rebord de sa fenêtre. La fatigue finira par la gagner. Elle se postera près de la porte de sa maison passées 17 heures, comme toujours. Et elle patientera, assez pour que ses paupières deviennent lourdes, jusqu'à ce que les murmures inquiets de ses parents se transforment en silence. Puis quand elle refusera d'aller dormir, Colin l'escortera près de son lit. Opaline restera immobile et Colin décidera de rester jusqu'à ce qu'elle soit lentement emportée dans la nuit. Le marchand de sable finira par passer. Comme toujours.
Les Wallergan savent aussi déjà comment cette journée commencera et comment elle se terminera. Ils entendront les voisins dirent « oh regardez-les, les pauvres… Leur gamine n'est pas comme eux. Elle n'est pas comme nous ».
— Ils posent des questions mais on ne leur doit rien. Ni réponse ni explications ! grognera le père.
Pour l'heure du thé, la mère d'Opaline l'emmènera chez les Hartley. Opaline se plaindra parce qu'elle adore se plaindre.
Parfois les choses sont aussi simples que cela…
— Laissez-moi donc ici ! pinaillera-t-elle.
Colin finira par la convaincre de venir et Opaline se fera violence pour aller dans ce manoir où elle regarde ceux de son âge s'amuser entre eux. Elle aura du chagrin de ne pas parvenir à leur faire comprendre qu'elle voudrait jouer avec eux. Mais lorsqu'elle s'y essaiera, Isaak Hartley lui refusera ce droit.
Et elle ne comprendra qu'il a simplement peur qu'elle se fasse mal et qu'il ne fait qu'obéir aux ordres de sa mère, Madame Hartley, effrayée à l'idée qu'Opaline se blesse.
Opaline ne fera pas attention aux bavardages et aux autres sorciers.
Les adultes affronteront ces gens-là et les enfants, eux, feront encore plus de bruit lorsqu'ils joueront dans le jardin. Colin demandera à Isaak de jouer au Quidditch et Isaak, qui aime le bruit et en faire, se donnera pour mission de faire de leur vie un enfer pour leurs regards appuyés et méchants.
— Je vais faire une super frappe ! hurlait-il souvent.
Deux secondes plus tard, le cognard atterrissait souvent sur le toit des Carpenfer ou vers leurs belles plantations. Colin présentera poliment ses excuses et si les voisins se laisseront attendrir et berner par sa gueule d'ange, tout ceux qui le connaissent sauront qu'il n'en pense rien et qu'il les maudit tous.
Opaline s'endormira près de l'arbre qu'elle a planté dans le jardin des Hartley. Adossée le long de son tronc, elle s'autorisera à rêvasser plus d'une heure. Elle s'imaginera avec une baguette dans les mains, à Poudlard avec Colin, à traverser les couloirs avec ses amis.
Elle ne sentira pas son frère la couvrir de peur qu'elle n'attrape froid à rester ainsi immobile sur le sol humide.
— Mon manteau me donne trop chaud, dira-t-il en grelotant.
Elle n'entendra pas les voix inquiètes des jumeaux, turbulents mais pas bien méchants.
— Enfin, on ne va pas la laisser là !
Elle ne verra pas le regard curieux d'Isaak qui ne sait tout simplement pas comment s'y prendre avec cette fille étrange et toujours dans les nuages.
— Mes parents ont encore donné aux tiens des potions qui font dormir…, indiquera-t-il à Colin.
Colin n'aimera pas ça et Isaak non plus.
Le premier, pour chasser la peine de sa sœur, la fera rire. Le second, la taquinera jusqu'à la mettre en colère, parce qu'à son âge, faire rire une autre fille, il ne sait pas faire. Les jumeaux eux, perdront patience lorsqu'Opaline les rejetera, blessée qu'ils aient tous voulu l'exclure en premier lieu. Trop fière pour accepter, elle ouvrira un livre qu'Isaak lui enlèvera des mains. Elle fermera les yeux, essayant de faire de la magie pour le récupérer. Elle imaginera Isaak se mettre à gonfler au point de voler.
Mais ça n'arrivera pas.
— Il m'énerve ! hurlera-t-elle après lui.
— Vous effrayez les gnomes ! s'amuseront les jumeaux Josse en riant des disputes d'Isaak et Opaline.
En rentrant chez elle, Opaline ne restera jamais loin du perchoir.
Et elle continuera d'attendre.
Elle comptera les cheveux blancs de son père, de plus en plus nombreux à cause du souci qu'elle lui cause, et elle retiendra ses larmes.
— Éveillez-moi, demandera Opaline. Maman, papa, racontez-moi une histoire … . Une histoire qui m'aide à comprendre qui je suis.
Et ce que tu n'es pas, penseront-ils le cœur lourd.
Opaline fixera la porte et y retournera. Seul Colin l'en détachera et lui promettra quelques merveilles si elle monte dans sa chambre.
Tous les deux, ils referont le monde.
Cette nuit-là, Opaline se réveille et Colin est toujours dans sa chambre. Elle le réveille et ils inventent un continent où les gens sont tous différents mais où ce n'est pas grave. Les rivières sont faites de chocolats, les chats sont tous rois et les déserts sont en fait d'immenses guimauves sur lesquelles ils font du trampoline. Ils s'imaginent dévaler les dunes de bonbons et s'amuser à cueillir les rubis, les émeraudes, les ambres, des turquoises qui poussent dans les arbres. Ils rient en s'imaginant rapporter les pierres précieuses à leurs parents pour le faire riches.
— Il n'y a pas d'opaline ? demande Opaline.
— Non. Les opalines sont dans le ciel, avec les étoiles. Pour les toucher, il faut aller dans l'espace, répond Colin. Il ne faut pas aller dans les mines pour les opalines. Il faut monter vers le ciel. C'est un autre voyage, tout aussi beau !
— Sûrement plus compliqué !grimace l'enfant.
Il frôle du bout des doigts le bracelet d'Opaline qu'elle a eu à Noël de la part de leur père. Il la sent se rendormir et il espère qu'elle navigue de nouveau dans ses beaux rêves.
— Ta lettre ne viendra pas Opaline, murmure tristement Colin.
Parce qu'il faut bien que quelqu'un lui dise. Il faut bien qu'elle sache mais lui-même n'y arrive pas.
Il veut continuer de la voir attendre avec espoir. Il veut continuer de l'entendre râler après Isaak. Il veut continuer de la voir heureuse.
Il déteste le mensonge.
Alors il récite des vérités dans sa tête.
Opaline n'est pas une sorcière.
Elle est sa sœur et il l'aime.
Du sommeil à mon sommeil
Je guette tout un long jour
A la nuit qui me ramène enfin
Enfin, le sommeil
Le rêve et ses merveilles
Où de grands oiseaux blancs
Tournoient lentement Oh, regardez, il neige
De grands oiseaux de neige
Et de fatigue en fatigue
Emportée, je navigue
Oh, ne m'éveillez pas Des milliers d'oiseaux de lune
Se posent sur la dune
Ne les effrayez pas Oh, laissez-moi dormir
Mes oiseaux pour escorte
Je vais, la fatigue me porte
Plus loin, plus loin
Vers le silence, silence, silence Oh laisse, laissez-moi dormir
Mes oiseaux pour escorte
Je vais, la fatigue me porte
Plus loin, plus loin
Vers le silence, silence, silence De fleurs géantes
Du sable d'ambre
Il neige des plumes
D'oiseaux de lune
Un désert blanc
Un continent
Et puis plus loin
Si loin, la mer Du sommeil à mon sommeil
Je guette tout un long jour
Le rêve
Je rêve
Je rêve
Je rêve
