Pouvoir, Gloire et Méchanceté.
**Rappel des épisodes précédents :
Jack est mis au pied du mur et doit retrouver au plus vite le sorcier métamorphe qui espionne l'organisation pour le compte de l'Ordre du Phénix.
De son côté, Conchita met une touche final au plan qui devrait lui permettre de rattraper son précédent échec où elle avait perdu la trace de l'Ordre du Phénix.
** Episode 275
N'importe qui, n'importe où même si l'endroit est incartable et sous le sceau du secret, un hibou était capable de tout pour trouver le destinataire du courrier dont il était chargé.
C'était de cette constatation qu'était partie Conchita pour établir un plan pour trouver le quartier général de l'Ordre du Phénix. Mais essayer d'obtenir la moindre information par le biais d'un hibou commençait à se révéler être une fausse bonne idée.
Evidement, et dés le début, elle s'était doutée que cela ne serait pas facile et pour expérimenter tranquillement sans risquer d'abîmer la santé du hibou Doré d'Andalousie qui lui servait courement et dont elle était très fière (car il s'agissait d'un animal extrêmement rare donc très onéreux et très facilement identifiable) Conchita avait investi dans un hibou Moyen-Duc, model de base, le plus courant, passe-partout et pas cher. L'animal se nommait Pokus.
Conchita savait déjà qu'il était impossible de suivre un hibou en plein vole. Le volatile était bien trop méfiant, même s'il s'agissait de son propriétaire. Elle avait donc eut l'idée d'aller directement chercher les souvenirs que l'animal gardait de ses voyages, ce qui signifiait lire les pensées de l'oiseau.
Il s'agissait de la plus mauvaise idée que la jeune femme ai jamais eu de toute sa vie. Dorénavant elle savait, grâce au légimens, que les hiboux ont un système de pensée très particulier et très différent de celui des humains. Elle avait cru sur le moment que sa tête allait exposer et elle avait saigné du nez pendant plus d'un demi heure. Cela avait été un expérience horrible qu'elle n'était pas prête de recommencer.
Pokus, lui, en était devenu absolument hystérique et avait dévasté le salon.
Après ce premier échec, Conchita avait changé de stratégie. Elle ne pouvait ni suivre l'animal, ni lire dans ses pensées mais peut-être pouvait-elle trouver une solution entre les deux. Elle avait alors pensé à « posséder » l'esprit de l'animal.
Mais voilà, après l'aventure du légimens, elle se méfiait car si il est à la porter du premier Mange-Mort venu de posséder et manipuler un esprit humain, faire la même chose avec un hibou était un autre paire de manches.
Conchita s'était alors plongée dans la littérature sur le sujet. Recherche mainte fois émaillée par des essaies sur Pokus. Expériences qui s'étaient surtout révélées soit inefficaces soit pires que le légimens. Résultat après trois jours de se traitement. La jeune femme avait de si violentes migraines qu'elle avait du prendre un congé maladie et confier la boutique à son employer pour quelques jours. Elle passait à présent la majeur partie de son temps avec une poche de glace sur le front sous les regards inquiets de sa fille qui ne comprenait pas ce qui se passait.
Après quatre jours supplémentaires de ce traitement, la jeune femme était parvenue à faire entrer son esprit dans le corps du volatil. Elle avait mis un peu de temps à s'habituer à voir et entendre par les yeux et les oreilles du hibou. La perception des choses qu'avait l'oiseau était largement différente de celle dont elle avait l'habitude.
Le temps d'adaptation passé, elle s'était rendu compte que si son esprit à elle était passé dans le corps de l'animal, l'esprit de ce dernier, lui, en avait disparu en la laissant seul dans un corps dont elle ne savait pas se servir. Elle avait alors compris qu'en fait corps et esprit s'étaient seulement échangés. C'est à dire que son esprit à elle était passé dans le corps de l'animal, et celui de l'animal était passé dans son corps à elle. Elle avait compris ce détail en voyant, par ses yeux de hibou, son corps d'humaine faire des bonds dans le salon en agitant les bras comme si c'était des ailes et poussant des cris sur-aiguë.
Depuis cette expérience, Conchita avait testé, au fil des jours, d'autres sortilèges et maléfices pour réussir, finalement, à glisser son esprit avec celui du hibou sans toucher à ce dernier, comme une sorte de passager clandestin mental qui verrait tout, entendrait tout et sentirait tout ce que verrait, entendrait ou sentirait l'oiseau.
Ce n'était pas exactement ce qu'elle avait imaginer à l'origine, c'était encore mieux. En fait c'était parfait !
Bien sûr toutes ces expériences n'étaient pas sans effets secondaires sur la jeune femme, comme une légère envie persistante de manger des souries ou de croire qu'elle avait des ailes à la place des bras. Mais tout ça n'était rien comparé aux séquelles que conservaient Pokus.
Le pauvre oiseau à force de subir les agressions mentales de sa propriétaire avait à présent de graves problèmes psychiques. La plus grave des séquelles sur l'esprit du hibou était une profonde crise identitaire. En effet celui-ci avait dorénavant un légère tendance à oublier quel genre d'animal il était. En trois jours, il s'était pris tour à tour pour un pigeon, un hamster, un poisson-rouge (avec repêchage in-extremis dans le bocal de Bubulle, le piranha de Ruanita, car les hiboux ne savent pas nager et que Bubulle était du genre carnassier et goinfre.) Pokus s'était aussi pris pour un chat, pour une araignée, pour. .. Enfin bref, deviner pour quel animal se prenait Pokus était devenu un loisir distrayant qui faisait beaucoup rire Ruanita. Mais bon, un coup sec sur la tête de l'oiseau lui remettait les idées en place et il se souvenait qu'il était un hibou.
En cette après midi de mi-décembre, Conchita était fin prête, son sort était à présent parfaitement au point et Ruanita était à l'école jusque tard dans la soirée pour préparer la fête de Noël de son école.
La jeune femme alla donner quelques instructions à la boutique, jeta un coup d'œil au chaudron de Polynectar qui bouillonnait doucement dans la cave et alla s'enfermer dans son salon.
Elle récupéra Pokus sous le buffet. L'oiseau rampait sur le sol aplatie sur le ventre en se poussant à l'aide de ses pattes. Cela faisait plusieurs heures qu'il se prenait pour une chenille, il avait au passage assassiné un pot de Maudre à petite feuille, au grand agacement de Conchita.
Elle donna un petit coup sec sur la tête de Pokus. L'oiseau s'ébouriffa les plumes et se souvint qu'il était un hibou. Conchita accrocha à la patte de l'animal une lettre adressée au « Quartier général de l'Ordre du Phénix ». Il n'y avait rien d'écris dans la lettre, seul l'adresse était importante pour son plan. La jeune femme donna ses instructions au hibou et lança le sort. Elle se retrouva dans la tête da l'animal.
Le plan était en route.
Le début du voyage se passa on ne peut mieux. Il n'y avait ni vent ni pluie. Pokus s'éleva dans le ciel, survola le Chemin de Traverse, monta encore plus haut et domina Londres. Utilisant les courants ascendants d'air chaud et les courants descendants d'air froid, l'oiseau survola la ville et déboucha dans la campagne environnante.
Un vent humide se leva, forçant le hibou à voler très haut dans le ciel. Au loin, en dessous, on ne pouvait discerner que le patchwork des champs et des forêts. De temps à autre une rivière boueuse scintillait sous le soleil d'hivers. Dépassant ces zones de turbulence, Pokus redescendit et se mit à faire du rase motte. Il ne reprit de l'altitude qu'à l'approche d'une ville. Il se servit des courants d'air chaud provoquer par la cité pour reprendre une altitude vertigineuse.
L 'animal quitta les régions urbaines et fonça vers les plaines. Volant à toute allure au-dessus les champs, des villages, des forêts, des lacs…
Au loin, le bleu de l'horizon se rapprocha à vive allure. Passant les falaises blanches des Seven-Sister, Pokus déboucha sur la mer.
Quelques points multicolores très loin en contre-bas voguaient sur une mer d'huile. Le hibou, déstabilisé par les vents marins descendit en piqué. Il se redressa à quelques centimètres de l'eau. Frôlant les vagues, l'animal continua sa route.
La ligne d'horizon devint lisse. La terre avait disparu. Il n'y avait rien que le bleu du ciel, le vert de la Manche et l'odeur iodé de la haute-mer.
Conchita se demandait bien où elle allait de la sorte.
Le ciel tourna du bleu à l'orange puis au rouge sang. Au loin une bande blanchâtre de falaise apparut. Pokus accéléra et reprit un peu d'altitude. Il passa comme un boulet de canon dans les escadrons de goélands qui s'agitaient sur le rivage à la recherche d'un endroit où passer la nuit.
Le hibou longea la côte. Le ciel avait pris un teinte bleu sombre où brillait une lune gibbeuse entourée d'une multitude d'étoiles. L'oiseau s'engouffra dans l'embouchure de ce qui devait être un fleuve. Il descendit au ras de l'eau, zigzaguant entre les débris charriés par l'eau glauque et les embarcations. Il traversa plusieurs villages et villes sans reprendre d'altitude ni ralentir.
Remontant toujours le courant, Pokus traversa un zone industriel, croisa des débarcadères. Il arrivait dans une ville importante.
C'est avec Horreur que Conchita reconnu le Tower-Bridge puis le Parlement. Ils étaient revenu à Londres ! Six heures de voyage pour revenir à Londres !
Pokus quitta la Tamise au niveau de Big Ben et survola la ville jouant avec les courants d'air chaud et froid.
C'est totalement horrifiée et furieuse que Conchita comprit que Pokus se dirigeait… retournait… au Chemin de Traverse. Plus de Six heures de voyage pour rien… des semaines de préparation… Elle avait envie de hurler.
Après quelques minutes, les lumières du Chemin de Traverse se dessinèrent. L'oiseau descendit, zigzagua entre les cheminées et se dirigea tranquillement vers la boutique « Magie d'Orient » à l'étage de laquelle une fenêtre était restée ouverte en attente du retour de Pokus.
Retour à la maison.
Pokus frôla la devanture de la boutique mais n'entra pas par la fenêtre. En fait il continua sa route sans s'arrêter. Il reprit de l'altitude et survola trois pâtés de maisons. Il fit des cercles au-dessus d'une petite place. Comme s'il cherchait quelque chose.
Conchita reconnut l'endroit situé à dix minutes à pied de chez elle. Il s'agissait de Grimmault Place.
Pokus sembla se décider enfin et fonça à toute allure vers un coin où il n'y avait rien, juste un emplacement sombre laissé à l'abandon.
L'oiseau avait l'air tellement décidé à foncer vers le néant que Conchita cru bien que Pokus avait définitivement péter les plombs. Mais juste avant de percuter le sol de plein fouet il y eut un flash lumineux et une maison apparut là où quelques instants plus tôt il n'y avait que des mauvaises herbes.
Pokus remonta en logeant le mur. Conchita eut tout juste le temps de repérer le numéro gravé sur une plaque à l'entré de la maison.
Le 12…
Pokus prit un peu d'altitude et replongea vers la maison. Il s'engouffra dans la cheminée.
L'animal avait vraiment une manière étrange de pénétrer chez les gens. Conchita cru qu'il allait se tuer si ce n'était en s'écrasant contre le conduit, se serait en tombant dans le feu.
En fait non. Pokus rétablit son vole et évita les flammes de justesse. Il était couvert de suie mais sain et sauf. De joie, Il fit des acrobaties dans la pièce où il venait d'arriver. Ensuite, comme ce voyage l'avait fatigué, il alla s'accrocher au lustre. La tête en bas. Le passage dans la cheminée l'avait déstabilisé. Il avait oublié ce qu'il était et pensait sincèrement être une chauve-sourie.
Les trois personnes qui se trouvaient dans la pièce à l'arriver de l'oiseau s'étaient tus. Ils regardaient avec une curiosité extrême ce hibou qui se comportait de manière plus que bizarre.
Conchita reconnu un ancien Auror…Maugrey… Il y avait aussi là Remus Lupin… et… Arthur Weasley. Magnifique ! Si l'endroit n'était pas le quartier général de l'Ordre du Phénix elle voulait bien être transformée en Moldue.
Le hibou n'étant pas fait pour rester la tête à l'envers, Pokus eut un vertige et tomba du lustre.
Lupin récupéra la lettre pendant que l'oiseau gisait inconscient sur le sol après s'être assommé.
Pokus reprit rapidement ses esprits. Il remarqua qu'il était à destination, que la lettre n'était plus accrochée à sa patte. Sa mission était donc terminée. Il s'envola et s'engouffra dans le conduit de la cheminée.
S'apercevant qu'il n'y avait rien d'écrit sur la lettre, Maugrey saisit le papier et le jeta dans les flammes. Il ne savait pas ce que signifiait cette mascarade mais ce n'était pas bon signe..
Pokus émergea de la cheminée et s'éleva dans l'air glacial de la nuit.
Conchita était folle de joie, son plan avait réussit… comme sur des roulettes.. Splendide ! Magnifique ! Merveilleux !
Le Quartier général de l'Ordre du Phénix pouvait être trouver au numéro 12 Grimmault Place.
Le Maître allait être content.
***
Au même moment, très loin de là, dans son hôtel particulier de Glasgow, Jack Galhaway fixait le ballet des flammes dans la cheminée d'un regard vide. La journée avait été longue. Trop de patients à Saint-Mangouste, pas assez de médecins, pas assez d'infirmiers, pas assez d'elfes… Et en plus un grave accident de potion l'avait contraint à rester plus tard que prévus. Etre médecin là-bas n'était vraiment pas un métier de tout repos.
La maison était calme. Mégara et Thésé, ses deux plus jeunes enfants, étaient directement aller ce coucher en revenant de la répétition de leur spectacle de Noël. Il est vrai que depuis que Thérésia était à Poublard, les deux benjamins étaient beaucoup plus calme. Hénée, pour sa part, n'avait pas eu la force de se lever de toute la journée. L'état de santé de sa femme mettaient Jack dans un état proche de la folie. Sa total impuissance à la soulager le rendait fou.
L'esprit au bord du point de rupture, il ferma les yeux.
Le feu crépita dans l'âtre. Une onde glacial parcourut la pièce. Les flammes dansèrent. Un visage apparut.
Jack se redressa, sur la défensive.
Il reconnut la personne qui cherchait à entrer en contact avec lui. Décidément la journée avait été très longue et la nuit ne faisait que commencer.
Il attendit avec soumission que le Maître lui parle.
… Suite au prochain épisode.
