Disclaimers habituels : les personnages de X ne m'appartiennent (toujours) pas, etc.
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Chapitre Deux
Quand Subaru arriva en bas des escaliers, il vit les deux jeunes gens le regarder avec espoir. Il se sentit comme piégé : désormais, à chaque fois que Kamui ferait une autre crise de culpabilité, ils n'hésiteraient plus à l'appeler en premier.
- Mais on verra s'ils réussiront à me faire venir, se dit-il.
Il n'avait pas l'intention de servir de baby-sitter à un gamin déprimé, même si ce gamin lui rappelait lui-même au même âge.
- Cesse de penser à ça, songea-t-il. Il s'agit de deux cas entièrement différents.
Il arriva donc à la hauteur des deux Sceaux et ne dit pas un mot, se contentant de les fixer du regard. Habituellement, cela mettait toujours les gens mal à l'aise. Mais ces deux-là étaient trop préoccupés par l'état de Kamui pour penser à autre chose.
- Comment va-t-il ? demanda Kishuu.
- Il est parti prendre une douche, l'informa Subaru.
- Une douche ? s'étonna le moine.
Il s'apprêtait visiblement à faire un commentaire grivois mais la fille le coupa dans son élan :
- Cela signifie qu'il a accepté de quitter Kotori ?
Subaru acquiesça.
- Il faudrait songer à évacuer le corps de la jeune fille pendant ce temps, suggéra-t-il, étonné qu'ils n'y aient pas pensé par eux-mêmes.
Si Kamui était entre les mains de tels gens, pas étonnant que son état se soit aggravé à ce point.
- Et si son état empire, se dit-il, ils me rappelleront. Autant éviter cela...
Le moine prévint le directeur du campus. Ce dernier arriva aussitôt avec ses deux aides ainsi qu'avec deux autres personnes chargées de s'occuper de Kotori. Ils montèrent aussitôt à l'étage. Subaru poussa un discret soupir de soulagement. À présent que Kamui n'avait plus la constante présence de la jeune fille devant les yeux, il pourrait se remettre peu à peu de son traumatisme.
- Mais il se débrouillera seul, se dit-il fermement. Je ne veux pas perdre mon temps avec lui.
Kishuu s'approcha de lui.
- Sumeragi-san, fit-elle, resterez-vous pour dîner ?
Subaru acquiesça. Il n'en avait aucune envie, mais il avait promis à Kamui. Et puis, ce ne serait qu'un dîner.
***************************
Les deux employés redescendirent avec un sac qui contenait sans doute la tête de la jeune fille. Il était temps car, peu après, toute la maisonnée put entendre le cri de colère de Kamui. Le moine et la prêtresse reculèrent légèrement à la vue du jeune homme qui descendait les escaliers en courant.
- Où est-elle ? s'écria-t-il. Qu'avez-vous fait de Kotori ?!
Subaru jeta un coup d'œil aux deux Sceaux. Ils ne semblaient pas désireux de donner des explications. Il soupira.
- Kotori a été emmenée pour qu'elle puisse reposer en paix, déclara-t-il.
Kamui se tourna vers lui, le visage rempli de colère.
- Tout était prévu, hein ? accusa-t-il. Tu es juste venu pour détourner mon attention pendant qu'on me l'enlevait une seconde fois !
Il fit un pas en avant, rassemblant son pouvoir. Les deux autres Sceaux reculèrent à nouveau. Mais Subaru ne bougea pas.
- C'est vrai, avoua-t-il finalement.
Il se moquait bien que le garçon lui fasse confiance ou non. Il valait même mieux que Kamui cesse de compter sur lui. Ainsi, il pourrait retourner à ses affaires personnelles.
Kamui s'approcha lentement de lui, son énergie toujours déployée. Il semblait prêt à l'attaquer à tout moment. Subaru sentit une invocation derrière lui. L'un des Sceaux avait finalement décidé de réagir. Mais Subaru savait que ce serait inutile. Kamui n'attaquerait pas. Le jeune homme s'avança encore, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'à un pas de lui. Subaru ne bronchait toujours pas, le regardant simplement droit dans les yeux. Finalement, Kamui se décida à parler :
- Pourquoi as-tu dit que Kotori n'était pas en paix ?
Même si le ton était accusateur, Subaru se sentit soulagé. Kamui ne se mettait pas instinctivement en colère, mais il cherchait à comprendre. C'était déjà un bon signe de guérison.
- En refusant d'accepter sa mort, expliqua-t-il, tu retiens son âme captive ici. Elle ne peut pas trouver le repos car elle s'inquiète pour toi.
Kamui baissa les yeux, accablé. Son énergie se dissipa. Subaru entendit le moine pousser un soupir de soulagement, puis il reporta son attention sur Kamui.
- Je... je souhaite qu'elle... repose en paix, bafouilla le jeune homme, mais... mais... c'est tellement injuste ! Je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir... pour sa mort...
Subaru posa une main sur l'épaule tremblante.
- Personne ne te demande de l'oublier pour toujours ou bien de te comporter comme si elle n'avait jamais existé. Tu as le droit d'être triste, mais cette tristesse doit être une force pour toi, pas une faiblesse. Tu dois réfléchir à ce que tu peux faire pour elle, à présent.
Kamui avait écouté jusqu'au bout dans dire un seul mot, mais il était clair que les mots de Subaru l'ébranlaient jusqu'au plus profond de son cœur. Quand le médium eut achevé, des larmes coulaient sur les joues du jeune homme.
- Je comprends, fit-il. Je suis désolé... pour tout.
Subaru acquiesça. Cela était déjà un bon début. Avec un peu de chance, Kamui n'aurait bientôt plus besoin de lui pour guérir mentalement.
Le moine s'approcha de Kamui et le prit dans ses bras.
- Allez, lui fit-il, pleure un bon coup. Cela t'aidera à libérer ton chagrin.
La jeune fille avança à son tour. Subaru fut rassuré : s'ils prenaient la relève, tout irait encore mieux. Il se tourna, prêt à partir, quand une voix le rappela soudain :
- Subaru...
Il se retourna et croisa le regard de Kamui. C'était mauvais, très mauvais. Vu la façon dont il avait prononcé son nom, il ne le lâcherait pas de si tôt. Évidemment, il aurait dû s'en douter : il avait été le premier à réconforter Kamui. Même si pour lui cela ne signifiait rien, le gamin n'était sans doute pas du même avis. Et il continuerait à compter sur lui pour le soutenir moralement. Tout cela ne lui disait rien et il commençait à regretter sa 'plongée' dans le cœur de Kamui. S'il n'avait rien fait, il n'en serait pas là aujourd'hui, à être le tuteur moral d'un gamin qui semblait l'idolâtrer.
- Enfin, se dit-il, tant que cette idolâtrie ne devient pas autre chose...
Il ne savait que trop bien où cela pouvait mener. Après tout, n'avait-il pas lui-même connu pareille situation ?
- C'est différent, se dit-il. Je n'ai pas l'intention de voir ce garçon plus que nécessaire. Il faudra qu'il se trouve quelqu'un d'autre pour le consoler !
Kishuu rompit le silence qui s'était installé.
- Sumeragi-san, vous ne restez pas pour dîner ?
- Je n'ai pas très faim, répondit-il. De plus, Kamui a besoin de repos.
La déception s'installa dans les yeux améthystes qui le fixaient mais il n'en avait cure.
- Mais Kamui a aussi besoin de manger ! intervint gaiement Arisugawa. Il n'a que la peau sur les os ! D'ailleurs, vous aussi vous feriez mieux de manger plus souvent.
Avant que Subaru n'ait pu répliquer quoi que ce soit, Kamui fit :
- J'ai un peu faim.
Subaru ne pouvait plus rien redire à cela.
***************************
Le dîner fut relativement calme. Ils n'étaient qu'à six, en comptant la jeune fille et son inugami. Subaru se contenta de manger un peu, n'ayant aucun désir de faire la conversation. Kamui se trouvait en face de lui, et il sentait de temps à autres le regard du jeune homme se poser sur lui. Cependant, Subaru ne levait jamais les yeux. Il faisait comme si le gamin n'existait pas. Quelque part en lui, il se sentait en colère contre lui. Après tout, c'était de la faute de Kamui s'il se retrouvait à partager un repas avec des gens dont il se moquait totalement. Il savait bien que cette colère était plutôt irrationnelle, mais il ne pouvait s'empêcher de la ressentir. D'ailleurs, en y repensant bien, cela faisait longtemps qu'il n'avait plus été en colère contre qui que ce soit. Tout cela était plus que troublant. Son instinct lui disait de s'éloigner le plus possible de ces gens avant qu'il ne soit trop tard. Mais trop tard pour quoi ? Il n'en savait rien mais il préférait écouter son instinct. En tout cas, il ne pensait pas revenir au campus avant longtemps.
La soirée s'acheva quand Arisugawa décréta que Kamui avait assez mangé comme ça et qu'il devait aller se coucher. Le jeune homme avait acquiescé sans un mot mais, avant de monter à l'étage, ses yeux avaient à nouveau croisé ceux de Subaru et ce dernier avait pu sentir à quel point le gamin lui était reconnaissant. Il se demanda où il s'était trompé dans sa façon d'agir. Il s'était montré froid, indifférent envers le gamin, et lui semblait en redemander. C'était vraiment curieux...
***************************
Une fois Kamui au lit, Subaru fut entraîné dans le salon où il se retrouva en tête à tête avec le moine et la prêtresse.
- Imonoyama-san vient de nous prévenir, fit Arisugawa. Kotori sera enterrée demain.
Subaru ne dit rien, attendant qu'il continue.
- Il ne sait pas trop où l'enterrer, poursuivit-il. Il faudrait demander son avis à Kamui. Après tout, il est la personne la plus proche d'elle, mis à part...
Le moine ne dit pas un mot de plus. Cependant, Subaru avait très bien compris : le propre frère de Kotori était devenu l'autre 'Kamui'. De plus, c'était lui qui l'avait tuée.
- Quelle tragédie, murmura le moine.
Un lourd silence suivit sa déclaration. Subaru attendait toujours de voir où ils voulaient en venir. Il n'eut pas à attendre plus longtemps.
- Nous pensons qu'il serait bon que vous soyez présent à l'enterrement, fit Kishuu. Kamui a besoin de votre soutien.
Ainsi donc, cela avait commencé. Ils supposaient à présent que Subaru était le seul capable de s'occuper du leader des Dragons du Ciel. Mais ils en seraient pour leur frais.
- J'ai des choses plus importantes à faire, dit-il.
- Comme quoi ? fit insolemment le moine, courir après le Sakurazukamori ?
Subaru le fixa comme s'il allait le tuer. Mais comment ce stupide moine pouvait-il savoir ? En plus, ce dernier souriait comme s'il était satisfait de lui. Mais ce sourire ne dura pas longtemps. Kishuu le frappa sur le crâne et s'inclina devant Subaru pour s'excuser.
- Nous savons que votre temps est très précieux, fit-elle, mais Kamui a vraiment besoin de vous. Venez juste encore demain et ensuite tout devrait aller mieux.
Mais sa voix manquait de conviction. Même sans ça, Subaru savait que s'il commençait ainsi, il n'en finirait plus. Et tout cela pour l'avenir de l'humanité... Dire qu'il s'en moquait totalement ! Quelle ironie que cela tombe sur lui.
- Très bien, accepta-t-il.
Il se doutait bien que les deux Sceaux n'hésiteraient pas à passer par sa grand-mère pour obtenir ce qu'ils voulaient. Et il ne tenait absolument pas à avoir une autre discussion avec elle. Surtout pas.
À suivre...
(Commencé le 4 Août 2001, fini le 11 Août 2001)
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Chapitre Deux
Quand Subaru arriva en bas des escaliers, il vit les deux jeunes gens le regarder avec espoir. Il se sentit comme piégé : désormais, à chaque fois que Kamui ferait une autre crise de culpabilité, ils n'hésiteraient plus à l'appeler en premier.
- Mais on verra s'ils réussiront à me faire venir, se dit-il.
Il n'avait pas l'intention de servir de baby-sitter à un gamin déprimé, même si ce gamin lui rappelait lui-même au même âge.
- Cesse de penser à ça, songea-t-il. Il s'agit de deux cas entièrement différents.
Il arriva donc à la hauteur des deux Sceaux et ne dit pas un mot, se contentant de les fixer du regard. Habituellement, cela mettait toujours les gens mal à l'aise. Mais ces deux-là étaient trop préoccupés par l'état de Kamui pour penser à autre chose.
- Comment va-t-il ? demanda Kishuu.
- Il est parti prendre une douche, l'informa Subaru.
- Une douche ? s'étonna le moine.
Il s'apprêtait visiblement à faire un commentaire grivois mais la fille le coupa dans son élan :
- Cela signifie qu'il a accepté de quitter Kotori ?
Subaru acquiesça.
- Il faudrait songer à évacuer le corps de la jeune fille pendant ce temps, suggéra-t-il, étonné qu'ils n'y aient pas pensé par eux-mêmes.
Si Kamui était entre les mains de tels gens, pas étonnant que son état se soit aggravé à ce point.
- Et si son état empire, se dit-il, ils me rappelleront. Autant éviter cela...
Le moine prévint le directeur du campus. Ce dernier arriva aussitôt avec ses deux aides ainsi qu'avec deux autres personnes chargées de s'occuper de Kotori. Ils montèrent aussitôt à l'étage. Subaru poussa un discret soupir de soulagement. À présent que Kamui n'avait plus la constante présence de la jeune fille devant les yeux, il pourrait se remettre peu à peu de son traumatisme.
- Mais il se débrouillera seul, se dit-il fermement. Je ne veux pas perdre mon temps avec lui.
Kishuu s'approcha de lui.
- Sumeragi-san, fit-elle, resterez-vous pour dîner ?
Subaru acquiesça. Il n'en avait aucune envie, mais il avait promis à Kamui. Et puis, ce ne serait qu'un dîner.
***************************
Les deux employés redescendirent avec un sac qui contenait sans doute la tête de la jeune fille. Il était temps car, peu après, toute la maisonnée put entendre le cri de colère de Kamui. Le moine et la prêtresse reculèrent légèrement à la vue du jeune homme qui descendait les escaliers en courant.
- Où est-elle ? s'écria-t-il. Qu'avez-vous fait de Kotori ?!
Subaru jeta un coup d'œil aux deux Sceaux. Ils ne semblaient pas désireux de donner des explications. Il soupira.
- Kotori a été emmenée pour qu'elle puisse reposer en paix, déclara-t-il.
Kamui se tourna vers lui, le visage rempli de colère.
- Tout était prévu, hein ? accusa-t-il. Tu es juste venu pour détourner mon attention pendant qu'on me l'enlevait une seconde fois !
Il fit un pas en avant, rassemblant son pouvoir. Les deux autres Sceaux reculèrent à nouveau. Mais Subaru ne bougea pas.
- C'est vrai, avoua-t-il finalement.
Il se moquait bien que le garçon lui fasse confiance ou non. Il valait même mieux que Kamui cesse de compter sur lui. Ainsi, il pourrait retourner à ses affaires personnelles.
Kamui s'approcha lentement de lui, son énergie toujours déployée. Il semblait prêt à l'attaquer à tout moment. Subaru sentit une invocation derrière lui. L'un des Sceaux avait finalement décidé de réagir. Mais Subaru savait que ce serait inutile. Kamui n'attaquerait pas. Le jeune homme s'avança encore, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'à un pas de lui. Subaru ne bronchait toujours pas, le regardant simplement droit dans les yeux. Finalement, Kamui se décida à parler :
- Pourquoi as-tu dit que Kotori n'était pas en paix ?
Même si le ton était accusateur, Subaru se sentit soulagé. Kamui ne se mettait pas instinctivement en colère, mais il cherchait à comprendre. C'était déjà un bon signe de guérison.
- En refusant d'accepter sa mort, expliqua-t-il, tu retiens son âme captive ici. Elle ne peut pas trouver le repos car elle s'inquiète pour toi.
Kamui baissa les yeux, accablé. Son énergie se dissipa. Subaru entendit le moine pousser un soupir de soulagement, puis il reporta son attention sur Kamui.
- Je... je souhaite qu'elle... repose en paix, bafouilla le jeune homme, mais... mais... c'est tellement injuste ! Je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir... pour sa mort...
Subaru posa une main sur l'épaule tremblante.
- Personne ne te demande de l'oublier pour toujours ou bien de te comporter comme si elle n'avait jamais existé. Tu as le droit d'être triste, mais cette tristesse doit être une force pour toi, pas une faiblesse. Tu dois réfléchir à ce que tu peux faire pour elle, à présent.
Kamui avait écouté jusqu'au bout dans dire un seul mot, mais il était clair que les mots de Subaru l'ébranlaient jusqu'au plus profond de son cœur. Quand le médium eut achevé, des larmes coulaient sur les joues du jeune homme.
- Je comprends, fit-il. Je suis désolé... pour tout.
Subaru acquiesça. Cela était déjà un bon début. Avec un peu de chance, Kamui n'aurait bientôt plus besoin de lui pour guérir mentalement.
Le moine s'approcha de Kamui et le prit dans ses bras.
- Allez, lui fit-il, pleure un bon coup. Cela t'aidera à libérer ton chagrin.
La jeune fille avança à son tour. Subaru fut rassuré : s'ils prenaient la relève, tout irait encore mieux. Il se tourna, prêt à partir, quand une voix le rappela soudain :
- Subaru...
Il se retourna et croisa le regard de Kamui. C'était mauvais, très mauvais. Vu la façon dont il avait prononcé son nom, il ne le lâcherait pas de si tôt. Évidemment, il aurait dû s'en douter : il avait été le premier à réconforter Kamui. Même si pour lui cela ne signifiait rien, le gamin n'était sans doute pas du même avis. Et il continuerait à compter sur lui pour le soutenir moralement. Tout cela ne lui disait rien et il commençait à regretter sa 'plongée' dans le cœur de Kamui. S'il n'avait rien fait, il n'en serait pas là aujourd'hui, à être le tuteur moral d'un gamin qui semblait l'idolâtrer.
- Enfin, se dit-il, tant que cette idolâtrie ne devient pas autre chose...
Il ne savait que trop bien où cela pouvait mener. Après tout, n'avait-il pas lui-même connu pareille situation ?
- C'est différent, se dit-il. Je n'ai pas l'intention de voir ce garçon plus que nécessaire. Il faudra qu'il se trouve quelqu'un d'autre pour le consoler !
Kishuu rompit le silence qui s'était installé.
- Sumeragi-san, vous ne restez pas pour dîner ?
- Je n'ai pas très faim, répondit-il. De plus, Kamui a besoin de repos.
La déception s'installa dans les yeux améthystes qui le fixaient mais il n'en avait cure.
- Mais Kamui a aussi besoin de manger ! intervint gaiement Arisugawa. Il n'a que la peau sur les os ! D'ailleurs, vous aussi vous feriez mieux de manger plus souvent.
Avant que Subaru n'ait pu répliquer quoi que ce soit, Kamui fit :
- J'ai un peu faim.
Subaru ne pouvait plus rien redire à cela.
***************************
Le dîner fut relativement calme. Ils n'étaient qu'à six, en comptant la jeune fille et son inugami. Subaru se contenta de manger un peu, n'ayant aucun désir de faire la conversation. Kamui se trouvait en face de lui, et il sentait de temps à autres le regard du jeune homme se poser sur lui. Cependant, Subaru ne levait jamais les yeux. Il faisait comme si le gamin n'existait pas. Quelque part en lui, il se sentait en colère contre lui. Après tout, c'était de la faute de Kamui s'il se retrouvait à partager un repas avec des gens dont il se moquait totalement. Il savait bien que cette colère était plutôt irrationnelle, mais il ne pouvait s'empêcher de la ressentir. D'ailleurs, en y repensant bien, cela faisait longtemps qu'il n'avait plus été en colère contre qui que ce soit. Tout cela était plus que troublant. Son instinct lui disait de s'éloigner le plus possible de ces gens avant qu'il ne soit trop tard. Mais trop tard pour quoi ? Il n'en savait rien mais il préférait écouter son instinct. En tout cas, il ne pensait pas revenir au campus avant longtemps.
La soirée s'acheva quand Arisugawa décréta que Kamui avait assez mangé comme ça et qu'il devait aller se coucher. Le jeune homme avait acquiescé sans un mot mais, avant de monter à l'étage, ses yeux avaient à nouveau croisé ceux de Subaru et ce dernier avait pu sentir à quel point le gamin lui était reconnaissant. Il se demanda où il s'était trompé dans sa façon d'agir. Il s'était montré froid, indifférent envers le gamin, et lui semblait en redemander. C'était vraiment curieux...
***************************
Une fois Kamui au lit, Subaru fut entraîné dans le salon où il se retrouva en tête à tête avec le moine et la prêtresse.
- Imonoyama-san vient de nous prévenir, fit Arisugawa. Kotori sera enterrée demain.
Subaru ne dit rien, attendant qu'il continue.
- Il ne sait pas trop où l'enterrer, poursuivit-il. Il faudrait demander son avis à Kamui. Après tout, il est la personne la plus proche d'elle, mis à part...
Le moine ne dit pas un mot de plus. Cependant, Subaru avait très bien compris : le propre frère de Kotori était devenu l'autre 'Kamui'. De plus, c'était lui qui l'avait tuée.
- Quelle tragédie, murmura le moine.
Un lourd silence suivit sa déclaration. Subaru attendait toujours de voir où ils voulaient en venir. Il n'eut pas à attendre plus longtemps.
- Nous pensons qu'il serait bon que vous soyez présent à l'enterrement, fit Kishuu. Kamui a besoin de votre soutien.
Ainsi donc, cela avait commencé. Ils supposaient à présent que Subaru était le seul capable de s'occuper du leader des Dragons du Ciel. Mais ils en seraient pour leur frais.
- J'ai des choses plus importantes à faire, dit-il.
- Comme quoi ? fit insolemment le moine, courir après le Sakurazukamori ?
Subaru le fixa comme s'il allait le tuer. Mais comment ce stupide moine pouvait-il savoir ? En plus, ce dernier souriait comme s'il était satisfait de lui. Mais ce sourire ne dura pas longtemps. Kishuu le frappa sur le crâne et s'inclina devant Subaru pour s'excuser.
- Nous savons que votre temps est très précieux, fit-elle, mais Kamui a vraiment besoin de vous. Venez juste encore demain et ensuite tout devrait aller mieux.
Mais sa voix manquait de conviction. Même sans ça, Subaru savait que s'il commençait ainsi, il n'en finirait plus. Et tout cela pour l'avenir de l'humanité... Dire qu'il s'en moquait totalement ! Quelle ironie que cela tombe sur lui.
- Très bien, accepta-t-il.
Il se doutait bien que les deux Sceaux n'hésiteraient pas à passer par sa grand-mère pour obtenir ce qu'ils voulaient. Et il ne tenait absolument pas à avoir une autre discussion avec elle. Surtout pas.
À suivre...
(Commencé le 4 Août 2001, fini le 11 Août 2001)
