Disclaimers habituels : les personnages de X ne m'appartiennent (toujours) pas, etc.

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Chapitre Trois

Subaru soupira, se demandant pour la millième fois ce qu'il faisait ici. Les autres Sceaux étaient non loin, observant la silhouette solitaire de leur leader. Aux quatre Dragons que Subaru connaissait déjà était venu s'ajouter un cinquième, un homme d'environ trente ans qui se nommait Aoki Seiichiro. Il était lui aussi apparemment déjà connu des premiers Sceaux. Autrement, ils n'auraient pas pu le contacter aussi facilement.

L'enterrement avait eu lieu dans la matinée. Kamui n'avait pas voulu assister à l'inhumation, et Subaru trouvait que cela valait mieux. Qui sait comment il aurait pu réagir en voyant sa Kotori disparaître pour toujours ? À présent, le jeune homme se trouvait devant la tombe qui n'en était pas vraiment une : la jeune fille avait été enterrée au pied d'un arbre, dans une petite clairière isolée du campus. Il paraît que cela avait été le souhait de Kamui.

- Parfait, songea Subaru, cela veut dire qu'il commence à aller mieux. Et, dans ce cas, ils ne vont plus avoir besoin de moi sous peu. Je vais pouvoir me remettre à sa poursuite.

Un souvenir jaillit soudain de sa mémoire : l'unique fois où il s'était rendu sur la tombe de Hokuto, à Kyoto. Il lui avait fallu des années pour rassembler assez de courage. Cependant, quand il était arrivé devant la tombe, il n'avait ressenti aucun soulagement : il savait pertinemment que sa sœur ne se trouvait pas là. Le sinistre Cerisier retenait l'âme de ses victimes, vivant de leur agonie sans fin. Et Subaru savait qu'il ne pourrait rien faire pour elle, à moins de tuer le Sakurazukamori... Il avait pourtant allumé de l'encens et dit une prière pour l'âme de sa sœur. À son retour, sa grand-mère lui avait seulement dit qu'il ne fallait pas compter l'âge des morts, afin de ne pas retenir inutilement leur âme dans notre monde. Subaru n'avait rien dit, mais il n'en avait pas moins pensé. Toutefois, ce fut à partir de ce moment qu'il cessa de célébrer leur anniversaire. Et puis, quel intérêt de fêter cela lorsque l'on était seul ?

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Le moine s'avança le premier vers le jeune homme. Subaru ne put s'empêcher de songer que c'était là la meilleure idée qu'il ait jamais eu. Kamui avait besoin de quelqu'un d'autre pour le soutenir. Si cet insolent moinillon se portait volontaire, Subaru n'allait pas l'en dissuader. Cela ne ferait que lui apporter sa liberté plus tôt.

Il réprima un rire sarcastique. Il ne serait jamais libre. Le Cerisier avait une énorme influence sur lui. Il ne pensait plus qu'à cela. Mais c'était la vie qu'il avait choisi. Il voulait le revoir une fois encore afin de réaliser son souhait. Et ensuite...

- Je le reverrai sûrement, se dit-il, puisque je suis un Sceau et lui un Ange. C'est bien la seule chose utile que cette charge pourra m'apporter !

Les autres Sceaux se mirent soudain en marche, dans un seul mouvement. Subaru jeta la cigarette qu'il était en train de fumer puis il avança à son tour. Il n'avait prêté aucune attention à la conversation entre Kamui et le moine, mais il vit que Kamui semblait aller mieux. Cela était parfait.

Tout à coup, Subaru sentit une force magique se rapprocher. Il saisit rapidement une poignée d'ofuda sans sa main et attendit, sur le qui-vive. Une voix de femme dans les arbres le fit lever les yeux :

- Puis-je me joindre à vous ?

Elle bondit à terre, près de Kamui. Subaru se tendit. Si jamais elle tentait quoi que ce soit... Elle lui lança un regard amical du coin de l'œil. Il se détendit en voyant que le moine semblait la connaître.

- Alors c'est elle, le dernier Sceau, songea-t-il.

Ainsi ils étaient tous réunis. Il se demanda si les Dragons de la Terre s'étaient eux aussi réunis quelque part, et si Seishiro se trouvait parmi eux. Il se réprimanda légèrement. Décidément, il ne pouvait s'empêcher de penser à lui...

La femme délivra un message magique à Kamui, un message concernant l'épée divine. Subaru savait que l'épée divine devait être mise en lieu sûr jusqu'au jour de la Bataille Finale, mais il ne savait pas où. Apparemment, cela devait être fait au campus Clamp.

- Mais sera-t-elle vraiment en sécurité ici ? se demanda-t-il. L'endroit n'a pas l'air très protégé...

Des bruissements de feuilles attirèrent l'attention de tous les Sceaux. Le directeur du campus et ses deux aides venaient d'arriver.

- Je sais où l'épée doit être cachée, fit Imonoyama.

Subaru sentit encore une fois le lourd destin s'abattre sur lui.

- Je ne pourrais plus retourner en arrière, songea-t-il soudain. Si je les accompagne maintenant, je ne pourrais plus jamais revenir sur ma décision.

Il eut envie de tourner les talons, de quitter le campus une bonne fois pour toute et d'aller retrouver Seishiro pour réaliser son souhait. Il était presque sur le point de partir. Il allait le faire...

Soudain, Kamui se tourna vers lui, hésitant. Subaru se retrouva à nouveau prisonnier de la détresse dans les yeux améthystes et il sut qu'il ne pourrait pas partir. Kamui le retenait encore plus solidement que le Cerisier. Le destin le retenait, se souciant peu de ce qu'il désirait vraiment. Subaru céda. Il était inutile de lutter. S'il y avait une chose qu'il avait apprise pendant ces neuf années de solitude, c'était qu'il valait pas ne pas tenter de se débattre quand le destin avait prévu quelque chose pour vous. Cela ne faisait qu'amener des tragédies encore pires...

Subaru s'avança donc vers le jeune homme, et ce dernier le regarda avec reconnaissance, ses lèvres formant presque un sourire. Subaru ne vit pas le moine échanger un regard amusé avec la prêtresse qui hocha la tête.

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Ils purent bientôt voir la fontaine qui recouvrait la cachette de l'épée. Subaru sentit une magie discrète mais efficace autour de l'endroit. Il rectifia ses précédentes pensées : l'épée serait en sécurité ici. Il n'y avait aucun souci à se faire. De plus, seul Kamui pourrait la libérer. Mais cela n'arriverait pas avant le Jour de la Promesse.

Subaru rejoignit les Sceaux devant la fontaine. Kamui avait l'air d'aller mieux. Peut-être cela venait-il du fait qu'il avait enfin accepté son destin. Les choses allaient beaucoup mieux pour vous quand vous arrêtiez de vous rebeller contre votre destinée. On se sentait comme soulagé d'un grand poids.

- Ainsi, songea-t-il sans amusement, mon destin est d'être parmi les Sceaux. J'espère juste que le destin n'oubliera pas d'exaucer mon souhait dans la foulée.

Il soupira profondément. Mais il ne pouvait rien y changer. Tout avait été décidé bien avant leur naissance, et ils ne pouvaient que suivre la voie qu'on leur avait tracée. Quoi qu'ils pouvaient penser, le destin était déjà écrit. La princesse Hinoto ne leur avait sans doute pas tout dit sur leur destinée, mais Subaru sentait qu'il allait y avoir des morts. Et, au final, ils n'étaient pas sûrs de gagner.

- Je dois aller voir Hinoto-hime, déclara soudain Kamui.

Subaru leva la tête, surpris. Comment se faisait-il que le jeune homme ait pensé à la même personne que lui, et au même moment qui plus est ?

- Il y a des choses que je dois lui demander, continua-t-il.

Les autres Sceaux hochèrent la tête. Subaru soupira à nouveau. Il sentait bien qu'il allait lui aussi être du voyage, qu'il le veuille ou non. Si jamais il tentait à nouveau de s'esquiver, il y aurait encore une paire d'yeux fixés sur lui, des yeux qui savaient toujours où le trouver. Et puis, il y avait aussi ce sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps : culpabilité. Si jamais il abandonnait Kamui maintenant, il se le reprocherait toujours. Il ne pouvait pas laisser le garçon ainsi.

- Toujours mon côté bon Samaritain, se dit-il. Je pensais pourtant en avoir fini avec depuis des années...

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Subaru regarda le jeune homme allongé dans les bras du moine. Kamui s'était effondré juste après avoir touché la main de la liseuse de rêves. Cette dernière devait sans doute répondre à ses questions en lui montrant des visions. Il sentit que Kamui serait à nouveau très perturbé en revenant de ce rêve. Et il se doutait très bien sur qui on comptait pour arranger les choses.

- Enfin, se dit-il avec fatalisme, tel est sans doute mon rôle parmi les Sceaux : sécher les larmes de notre jeune leader.

Inutile de dire qu'il aurait préféré une autre fonction.

- Cela dure depuis longtemps, fit soudain la prêtresse.

Sa remarque augmenta la tension dans l'air.

- Vous croyez que tout va bien ? demanda la jeune fille.

Le plus âgé des Sceaux, Aoki, posa une main réconfortante sur son épaule.

- La princesse a beaucoup de choses à lui dire, c'est tout.

La jeune fille hocha la tête, peu rassuré, tout de même.

Dans un coin isolé de la pièce, Subaru résista à l'envie d'allumer une cigarette. Mais ce serait manquer de respect envers la princesse, et Subaru se souvenait trop bien des leçons de savoir-vivre de sa grand-mère pour manquer à ce point de courtoisie. Pourtant, l'envie était bien là.

Tout à coup, la princesse se réveilla, l'air affolé.

- Le liseur de rêves des Dragons de la Terre est entré en contact avec Kamui ! leur apprit-elle.

Subaru s'approcha, inquiet. Les rêves étaient un territoire sensible. Si jamais ce liseur faisait revivre à Kamui ses pires cauchemars, le gamin serait brisé au-delà de l'inimaginable. Et même Subaru ne pourrait pas aller le sauver, cette fois.

Le moine secoua légèrement Kamui dans l'espoir de le réveiller. Soudain, le jeune homme ouvrit lentement les yeux. Il avait l'air perdu, mais pas désespéré, remarqua Subaru avec soulagement. Le liseur de rêves n'était donc pas venu pour lui briser le moral.

- J'ai rencontré le liseur de rêves des Dragons de la Terre, fit le garçon sur qui reposait le sort du monde. Il a dit s'appeler Kakyô...

Il ajouta ensuite, doucement :

- Je pense que la Terre va être détruite... Mais il est possible que je me trompe. Alors, j'ai décidé que quoi qu'il puisse arriver, je ferai tout pour que Fuuma change d'avis.

Subaru lut la détermination dans les yeux du jeune garçon et, d'un côté, il s'en réjouit. Kamui avait enfin trouvé son souhait, et il vivrait pour le réaliser. Étrangement, Subaru se jura de tout faire pour l'aider...

À suivre...

(Commencé le 12 Septembre 2001, fini le 13 Septembre 2001)